Parc du Thabor
Le parc du Thabor, situé à proximité du centre-ville de Rennes dans le département français d'Ille-et-Vilaine en région Bretagne, est un parc public aménagé sur plus de dix hectares dont la particularité est de mêler un jardin à la française, un jardin à l’anglaise et un important jardin botanique. Son nom fait référence à une montagne dominant le lac de Tibériade en Israël, le mont Thabor.
Parc du Thabor | |
Vue sur l’orangerie du parc du Thabor. | |
GĂ©ographie | |
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Pays | France |
Commune | Rennes |
Quartier | Thabor - Paris |
Altitude | 56 m |
Superficie | 10 ha |
Histoire | |
Création | XVIIIe siècle |
Caractéristiques | |
Type | Jardin botanique, jardin à l’anglaise et jardin à la française. |
Essences | Plus de 3 000. |
Accès et transport | |
Bus | C1 C3 C5 10 12 |
Localisation | |
Coordonnées | 48° 06′ 51″ nord, 1° 40′ 12″ ouest |
Depuis son origine privée, jardin potager et d’agrément des moines de Saint-Melaine, abbaye longtemps en dehors des « murs » de la ville, le parc est devenu, par développements et agrandissements successifs, un des lieux emblématiques de la ville et des plus appréciés. Simple lieu de promenade public avant la Révolution, enrichi d’un jardin botanique ensuite, le parc est mis en valeur entre 1866 et 1868 par les apports de Denis Bühler par aménagement de différents points en boulingrin, « enfer », jardins à la française et jardins à l’anglaise. Au début du XXe siècle, la partie sud du parc, appelée « les Catherinettes », est aménagée en extension du jardin anglais.
Le parc du Thabor est classé Jardin de prestige de type 1 par la ville de Rennes, il bénéficie d’un entretien considérable pour satisfaire aux critères d’un jardin très structuré à la décoration florale élaborée et variée dans les essences utilisées selon les saisons et ainsi combler les attentes des habitués comme des touristes.
Situation
Le parc du Thabor est situé au centre-ville de Rennes, dans le quartier Thabor - Saint-Hélier - Alphonse Guérin. Il est encadré par la rue Martenot et la rue de Paris au sud, le boulevard de la Duchesse-Anne à l’est et la rue de la Palestine au nord. L’ouest du parc est nettement resserré entre Notre-Dame-en-Saint-Melaine au nord et le collège Anne de Bretagne au sud ; on peut y accéder par la place Saint-Melaine, entrée la plus proche du centre de la ville.
L’accès au parc se fait par six entrées ouvertes sur les différentes rues sus-citées. Il notamment est desservi par la ligne C5, arrêt Thabor ; la station de métro la plus proche est Saint-Germain. Le parc est ouvert toute l’année.
Histoire
L’origine du parc
À l’origine, le parc n’était qu’une colline culminant à 56 mètres d’altitude, c’est-à -dire qu’elle dominait une grande partie de Rennes, dont l’altitude varie entre 20 et 74 mètres. Les premières mentions du Thabor dateraient de 1610 selon Paul Banéat, conservateur du musée archéologique au début du XXe siècle. Ce sont les moines bénédictins qui nommèrent le tertre, en référence au mont Thabor de la Bible[1].
Durant le Moyen Âge et l’Ancien Régime, l’enceinte fortifiée ne permettait pas l’extension des jardins : seules les terres des couvents étaient assez étendues pour permettre la création de vergers et de jardins[2]. De plus, Rennes ne s’étendait que peu au-delà de l’abbaye Saint-Melaine à l’est avant la Révolution.
Les terrains de Thabor ont longtemps été une dépendance de l’abbaye Saint-Melaine, où ils étaient principalement utilisés en tant que verger. Au XVIIe siècle, les moines bénédictins ouvrirent leurs jardins, mais ils étaient réservés à la gent masculine[3]. On accédait au Thabor par un passage qui communiquait entre le cloître intérieur de l’abbaye et son potager, puis par une porte cochère[4]. À la suite du grand incendie de 1720, le Thabor devint le siège de l’évêché. Le palais de l’évêché y fut construit et une partie des jardins devinrent ceux de l’évêché[5].
Le Thabor : jardin public
À la Révolution, l’ensemble des domaines ecclésiastiques est rattaché à l’État. Le , Rennes devient propriétaire de ces terrains à la suite d’un échange avec l’État : l’armée désirant créer un arsenal dans l’hospice municipal, la ville « reçoit » Saint-Melaine pour y loger ses vieillards. L’hospice des Catherinettes et les bâtiments de Saint-Melaine ainsi que son potager deviennent l’hospice général. Une promenade publique fut ouverte sur le reste des terrains de l’évêché et des Bénédictins ; la cour de l’évêché en est l’entrée principale[4].
Le décret du 7 ventôse an III () impose la mise en place d’une école centrale dans chaque chef-lieu de département. L’État choisit le palais épiscopal pour héberger l’école centrale d’Histoire naturelle ainsi qu’un Muséum d’histoire naturelle et des Arts et une école de botanique[1]. Une école de botanique est créée et le jardin de l’évêque devient un jardin botanique, et reçoit la nouvelle dénomination de « Jardin des plantes »[4]. La création du jardin botanique ainsi que sa collection de plantes est l’œuvre du professeur Jean Danthon. De 1807 à 1840, le Jardin des plantes est dirigé par le professeur Jean-Vincent-Yves Degland (1787-1856)[2] puis par Pontaillé[4]. Le 11 floréal an X (), une loi supprime les écoles centrales : à la fermeture de la sienne en 1805, la ville récupère la charge du muséum d’histoire naturelle et de l’école de botanique[4].
Lors de la signature du concordat de 1801, l’évêque récupère son palais, mais pas les jardins qui restent la propriété de la ville. Source de longs conflits, le seul accès au jardin reste le palais de l’évêque. La ville ouvre un accès par la rue de Fougères, mais l’évêque se dit gêné par les visiteurs, qui passent juste au niveau de ses fenêtres[4]. En 1812, un accès débouchant sur la rue de la Palestine permet de contourner le problème[1]. De 1811 à 1814, une bataille juridique s’engage entre l’évêché, qui veut récupérer son ancienne propriété, et la ville de Rennes qui souhaite la garder. En 1814, le comte de Ferrières, commissaire extraordinaire envoyé en Bretagne par Louis XVIII, décide que l’évêque peut récupérer son ancien jardin d’agrément[4] : la promenade publique s’en trouve raccourcie.
Les agrandissements successifs du XIXe siècle
Le mandat du maire Louis de Lorgeril (1821-1830) est marqué par l’achat de parcelles permettant d’ouvrir le parc en évitant l’évêché : l’acquisition du terrain du Grosco en 1823 permet un accès plus facile à la promenade[2]. En 1826, la démolition de l’église Saint-Jean se trouvant à côté de Notre-Dame-en-Saint-Melaine, abandonnée depuis la Révolution, permet d’ouvrir l’actuelle entrée Saint-Melaine[4].
En 1845, les projets de réaménagement dans le cadre de la création d’une école d’horticulture présentent l’alignement de plates-bandes rectangulaires caractéristiques de la rigueur de la classification botanique[2].
Le travail d’extension du parc du Thabor se poursuit durant le mandat de Robinot de Saint-Cyr (1861-1867) qui mène une politique d’acquisition très active[1] :
- 1860 : Acquisition de « La Vigne » à M. Deschamps.
- 1864 : les révérends-pères des Carmes vendent un terrain de 9 374 m2 entre la rue de Paris et le Thabor. La même année, le maire acquiert la propriété de Mme Lencé situé à l’est du Thabor le « champ de derrière ».
- 1865 : les terrains au sud du Thabor, appartenant à Esnouf-Ribert et Gougeon Léofanti sont expropriés.
L’aménagement par Denis et Eugène Bühler
À la suite de ces différents agrandissements, l’aménagement fut confié en 1866 et 1868 aux frères Bühler, jardiniers et architectes-paysagistes, introduits à l’hôtel de ville par Charles Oberthür[2].
Outre les jardins à la française expressément demandés par le maire[6], Denis Bühler proposa de créer le premier jardin paysager de Rennes et de déplacer le jardin des plantes, alors à l’ouest de l’orangerie, à l’est du parc[7]. Ce projet de déplacement inclut la réalisation d’une école de botanique, d’une école d’agriculture fruitière, d’une école potagère et d’une école médicinale ; il ne fut réalisé qu’en partie, mais traduit l’idée de l’époque d’un « jardin d’école »[2].
Des conflits d’influence apparurent entre le concepteur des jardins Denis Bühler, le conservateur-professeur du jardin des plantes et Jean-Baptiste Martenot, architecte de la commune. Cette gestion délicate des différents acteurs, et surtout le coût important du projet (100 000 francs-or), incitèrent la mairie à demander en 1867 à Bühler uniquement la conception des plans complets (y compris les plans de terrassement et l’implantation des plantes), la réalisation du projet étant prise en charge par la ville. Cette décision entraîna un ralentissement des travaux d’aménagement[8].
Les serres, la volière, les grilles, l’orangerie et le kiosque à musique sont réalisés sur les plans de l’architecte communal Jean-Baptiste Martenot[9]. Des statues du sculpteur rennais, Charles Lenoir, sont installées entre 1890 et 1895 ainsi que des copies de sculptures de Versailles qui furent présentées à Paris en 1889 avant d’être installées en 1895[10].
Les modifications du XXe siècle
Les derniers agrandissements s’effectuent à la fin du XIXe siècle avec le transfert de l’office des Catherinettes en 1891, puis l’acquisition de la parcelle Perrigault[1]. En 1901, le projet de l’ingénieur de la voirie Blin, adopté par la commission spéciale, permet de profiter de la forte déclivité du terrain pour y intégrer une cascade[2] et aménager une entrée monumentale : on déplace une grande partie de l’ancien escalier de la promenade de la Motte (aujourd’hui square de la Motte)[9].
Les travaux entrepris ne font pas l’unanimité : l’aménagement du parc par un ingénieur et son entretien par un jardinier déplait à une partie du conseil municipal, qui aurait préféré que la création et la gestion des plantations soient entreprises par un paysagiste. Charles Oberthür déclara même que l’esprit de Bühler n’était plus entretenu. De plus, les problèmes financiers ne permettent plus de tels aménagements, et l’extension du Thabor vers la rue de Paris est définitivement arrêtée[11].
À la suite de la mécanisation du matériel, les chevaux qui tiraient les charrettes des jardiniers disparaissent, abandonnant leurs écuries situées au niveau de l’avenue de Grignan près de l’entrée principale[12].
Au cours du XXe siècle, on effectue quelques aménagements mineurs comme l’ajout de grilles en fer forgé à l’entrée de la rue de Paris que l’on doit à Emmanuel Le Ray[13] en 1912 et avenue de Grignan en 1926, mais aussi la création d’une ménagerie en 1930[9]. À la suite du succès du parc de Maurepas créé essentiellement comme une aire de jeu et de détente en 1936, le parc du Thabor reçoit lui aussi ce type équipement[2].
Durant l'occupation de Rennes, des tranchées-abri en cas de bombardement sont aménagées dans le parc. Lors du bombardement du , une bombe tombe dans une de ces tranchées, tuant 25 personnes[14]. Le , ce scénario se répète, tuant à nouveau 25 personnes[15].
Au sud du jardin botanique et de la roseraie, des serres municipales, nommées serres de la Duchesse Anne sont construites en 1936 pour satisfaire les besoins des jardiniers du parc, les serres entre l’orangerie étant bien trop petites pour obtenir les plants nécessaires à l’entretien du parc. En 2002, la ville de Rennes centralise sur le centre horticole de Champeaux la production des plantes de l’ensemble des parcs et jardins de Rennes. Les serres de la Duchesse Anne ont été démolies début 2005 pour libérer le terrain d’implantation des logements sociaux, ainsi qu’une bibliothèque de quartier et une nouvelle entrée vers le parc[16] menant vers le square Lucien-Rose.
Aménagements
Les 10 ha 62 a[17] du jardin public du Thabor sont constitués de deux promenades - le carré Du Guesclin et l’Enfer à l’ouest - d’un jardin à la française en face de l’orangerie au nord, d’un important jardin paysager au centre et au sud, et enfin d’un jardin botanique et d’une roseraie à l’est.
Le carré Du Guesclin
Le carré Du Guesclin fut aménagé en boulingrin en 1825[18]. Il s’agit d’une pelouse de forme trapézoïdale avec une promenade bordée de marronniers. Sur le petit côté, un arc en pierre mettant en valeur une colonne de Juillet permet de surplomber le boulingrin, de cet observatoire, l’observateur a l’impression que le carré du Guesclin est de forme parallélépipédique.
Une statue de Bertrand Du Guesclin est érigée dès la création du boulingrin au centre de celui-ci. Réalisée par Dominique Molknecht, elle n’est pas appréciée de ses contemporains. Certains lui reprochent la maladresse de son exécution, d'autres le choix d'établir une statue de ce personnage contesté, ennemi du duc Jean IV. Elle est déplacée en 1938 à l’ouest du boulingrin puis détruite par des vandales en 1946[18].
La démolition de l’église Saint-Jean a permis d’aménager une entrée menant directement au Carré Du Guesclin en 1826[9]. Donnant sur la place Saint-Melaine, ancien parvis de l’abbaye, l’entrée est marquée par un portail monumental, portant les armes de Rennes. Il s’agit d’une œuvre de Jean-Baptiste Martenot qui remplaça la grille précédemment exécutée par Vincent Boullé, architecte communal de Rennes durant la Restauration. L’ancienne grille était appuyée à deux piliers couronnés de vases en fonte. Un muret s’étendait de part et d’autre des piliers, rythmé par six pilastres de faible saillie ornés eux aussi de vases en fonte[9]. La construction de la nouvelle grille, « version miniature » de celle du parc Monceau réalisée par Davioud, débuta en 1873 et ne se termina que trois ans plus tard[10].
Une colonne de Juillet, réalisée par Jean-Baptiste Barré, est élevée en 1835 à la mémoire de deux Rennais, Louis Vaneau[19], polytechnicien, et François Papu, chirurgien, fils d’une dentiste exerçant à Rennes, morts à Paris en 1830 lors des Trois Glorieuses. La colonne Vanneau-Papu doit son érection au poète Hippolyte Lucas qui se chargea d’émouvoir la population sur le sort des deux Rennais. La première pierre fut posée le sur les plans de l’architecte communal Charles Millardet. Bien que solennellement érigée en 1835, durant la Troisième République la colonne était jugée inesthétique[18]. Ce monument est constitué d’un socle ainsi que d’une colonne surmontée d’une petite statue représentant la Liberté. La colonne est restaurée et terminée en . La statue trop altérée a été remplacée par une copie en pierre de Lavoux réalisée à partir d'un moulage en plâtre et, pour les détails du visage, par extrapolation d'autres œuvres de Jean-Baptiste Barré[20].
Les terrasses, le long de Notre-Dame-en-Saint-Melaine, sont bordées de mosaïques de fleurs. À partir de 1950, ces mosaïques étaient à thèmes et pouvaient représenter des personnages de bandes dessinées (Astérix, les Schtroumpfs…) ou les fables de La Fontaine. Cela demandait un important soutien financier pour la ville de Rennes, et depuis 1975, les massifs floraux représentent des motifs plus simples[18].
Le carré Du Guesclin est bordé dès l’origine d’une allée de marronniers, régulièrement replantée pour des conditions de sécurité (chutes d’arbres) et esthétiques (uniformité des allées). L’allée Nord fut d’abord plantée de marronniers, renouvelés en 1877 puis remplacés en 1950 par des érables laciniés et enfin replanté de marronniers en 1983. L’allée Sud n’a été renouvelée que deux fois vers 1920 puis en 2005. Ce dernier renouvellement a fait l’objet de diagnostics phytosanitaires puis d’une expertise qui mit en évidence vingt-sept marronniers dangereux (troncs nécrosés ou encore menacés par des champignons lignivores par exemple) et une quinzaine d’autres qui le deviendraient à court terme. La direction des Jardins a donc décidé d’effectuer l’abattage et l’arrachage des souches, en une seule fois, de la totalité des arbres, de transplanter les arbres pouvant être récupérés et enfin de replanter de nouveaux arbres[21] - [22].
- Vue de l'Ă©glise Notre-Dame-en-Saint-Melaine depuis le boulingrin, en 1892. La statue de Du Guesclin est visible.
- Vue du portail d’entrée place Saint-Melaine et des mosaïcultures sur les terrasses.
- Le carré Du Guesclin vu de l’arc en pierre en 2008.
L’Enfer
Derrière le carré Du Guesclin, on trouve l’Enfer, un vaste terrain creusé longitudinalement sur l’axe nord-sud.
Après l’incendie qui ravagea Rennes en 1720, la ville projette de construire un grand réservoir d’eau, afin de disposer de réserves suffisantes pour éteindre un hypothétique incendie. Elle obtint l’autorisation des moines d’excaver le site, leur paya une redevance pour que le trou ne soit pas comblé, mais n’y construisit jamais le réservoir[18]. Les moines l’entretinrent et y firent du bateau. Le nom d’« Enfer » viendrait des querelles entre les moines bénédictins et l’évêque : les moines possédaient l’Enfer et l’évêque le terrain jouxtant (appelé par opposition le « Paradis »), or ces premiers faisaient du bateau sur leur parcelle, ce qui irritait l’évêque qui aurait dit « cet endroit là , c’est l’enfer ! »[23].
Après la Révolution, l’« Enfer » est drainé ; il devint au XIXe siècle le lieu où se déroulait les duels[24]. Un duel entre messieurs Lessard et Lecarpentier est resté célèbre, bien que son issue ne fût pas mortelle. Aux alentours de 1815, ces deux bretteurs ont une querelle à propos de politique. Bien qu’amis, ils décident de régler ça dans l’Enfer, témoins à l’appui. Lecarpentier fut blessé assez grièvement et son ami Lessard l’accompagna chez lui, restant avec lui jusqu’à ce que le chirurgien eût déclaré qu’il était hors de danger[25].
Durant le début du XXe siècle, l’Enfer est un lieu de fêtes avec l’installation d’un théâtre de verdure. La Seconde Guerre mondiale stoppe les projets de la ville qui en 1939 souhaitait y construire un théâtre de plein air de 1 320 places. En 1944, les Allemands exécutèrent des résistants dans l’Enfer. On reconstruisit hâtivement un théâtre après la guerre, mais l’idée d’avant-guerre d’en faire un lieu de spectacle fut vite abandonnée[18].
On trouvait dans l’Enfer un arbre âgé de plusieurs siècles, le chêne de Saint-Melaine, qui selon la légende aurait connu le saint en personne. Il ne restait plus qu’une branche vivante en 1980 et l’arbre a été arraché le [18].
L’Enfer accueillait un « espachien » où le visiteur peut laisser son chien en liberté jusqu’à la fin des années 2000. Certains jours de glissades, l'Enfer croyait devoir son nom aux exquises fragrances qui s'y concentraient : L'espachien fut déplacé au sud du carré Duguesclin. L’espace délaissé fait partie d’un projet de création d’une zone de concert[26].
En face de l’Enfer, une place très arborée abrite un manège pour enfants. Différents modèles furent construits depuis le premier installé en 1906. Un bassin à bateaux, carré d’une vingtaine de mètres carrés, se trouvait à côté et fut détruit en 1982. Une promenade en surplomb est aménagée sur le pourtour de l’espachien. On y trouve notamment un baby-foot, une table de tennis de table en pierre et deux sculptures réalisées entre 1889 et 1895 par les étudiants des Beaux-Arts de Rennes qui se font face sur le côté est de la promenade :
- L’amour prenant un papillon sur une rose, copie d’une statue L’amour prenant un papillon se trouvant au musée du Louvre, commencée par Antoine-Denis Chaudet et terminée par Pierre Cartellier au début du XIXe siècle[27].
- Le Tireur d’épine, copie d’une statue du Louvre ou de Versailles.
Entre l'Enfer et les jardins à la française, un bar-restaurant se situe le long de la rue de la Palestine. Les archives disponibles à propos de ce bâtiment sont très parcellaires. Le plus ancien document trouvé par Louis-Michel Nourry est une demande de permis de construire déposée par Jean-Baptiste Martenot en 1895, sans aucune preuve que celui-ci ait été utilisé. Le style architectural du bâtiment est proche des serres du jardin à la française, reconstruite après la Seconde Guerre mondiale, ce qui pourrait être un indice de la date de construction. Selon le service des bâtiments communaux de la ville de Rennes, le bâtiment servait de logement au gardien du parc à partir des années 1950, puis de local technique pour France Télécom à partir de 1980[28]. Le bâtiment est une buvette de 1994 à 2010 ; à la suite d'un appel d'offres, un nouveau gérant Frédéric Bideau est choisi par la ville de Rennes, propriétaire des locaux : la Buvette du Thabor devient le bar-restaurant La Terrasse[29]. En 2011, des travaux de rénovation sont menés par la ville de Rennes et le nouveau gérant afin d'agrandir et de moderniser les locaux. En accord avec les bâtiments de France, d'anciennes ouvertures sur la rue de la Palestine, découvertes lors des travaux, sont à nouveau percées, la toiture et les menuiseries sont modifiées afin d'apporter de la lumière. Les travaux d'un coût total de 138 000 € s'achèvent en 2013[30].
- L’Enfer en 2008.
- Le Tireur d’épine.
- L’Amour prenant un papillon sur une rose.
- Promenade Est de l’Enfer. On aperçoit le babyfoot.
- Le manège se trouvant en face de l’Enfer.
- La terrasse près de l'Enfer
Les jardins à la française
Les jardins à la française furent conçus par Denis Bühler à la demande explicite du maire de la ville. Il s’agit du seul jardin à la française créé par ce paysagiste, et du seul parc du XIXe siècle à posséder une partie à la française[6].
Les figures géométriques des différents massifs floraux sont calquées sur les serres et l’orangerie conçues par Martenot, afin d’en préserver l’harmonie. Le notable rennais lui rendra la politesse en disposant le kiosque à musique et la volière en des points stratégiques du parc, afin de s’adapter et d’améliorer les tracés conçus par Bühler[6].
Le jardin à la française respecte les préceptes de Le Nôtre : on y retrouve chapeaux de gendarme, parterres de broderie et bassins[6]. Il est constitué de quatre massifs qui s’organisent symétriquement autour de deux bassins de forme ovale. Les motifs formés sont toujours de forme ronde, ovale ou elliptique, et présentent un grand choix dans les variétés florales. Au sud du kiosque se trouve un petit jardin à l’italienne. La ville de Rennes s’attache à garder intacte la disposition imaginée par Bühler : seules quelques modifications d’ordre technique sont entreprises en 1982 avec l’installation d’un arrosage automatique et la mise en place d’un système de recyclage des eaux des bassins[8].
Un cèdre du Liban, dit cèdre de Jussieu, était auparavant présent sur le rond-point au centre du jardin. La légende raconte que c’est De Jussieu qui aurait ramené d’Égypte trois jeunes plants cachés dans son chapeau. Il en aurait offert un au jardin du Thabor, un au jardin des plantes à Paris et le dernier au parc de la Tête d’Or à Lyon. En réalité, c’est le professeur Degland, alors directeur du jardin botanique, qui en acheta six plants en 1830 avec ses deniers personnels et l’un d’entre eux fut implanté dans le jardin. Le , le cèdre de Jussieu est arraché par une tempête malgré ses dimensions impressionnantes (4,45 m de circonférence pour 29 m de haut) ; il sera remplacé par un cèdre bleu de l’Atlas[31].
En plus du parc floral, la partie française se démarque aussi par sa décoration et sa mise en valeur par des fabriques, des statues et par le mobilier urbain. Dans un premier lieu, les bancs publics ne l’étaient pas : il fallait payer un droit d’usage, et ce n’est qu’à partir de 1938 que la ville de Rennes rachète l’ensemble des fauteuils, chaises et bancs à la société parisienne qui en avait la gestion et décide de les rendre gratuits[10].
Le kiosque à musique, stratégiquement placé dans l’alignement des massifs du jardin français, sur sa partie est, est construit par Martenot en 1875. Celui-ci entreprit des voyages avant de concevoir le kiosque, notamment demanda des conseils en matière d’acoustique, et s’inspira très largement du kiosque du bois de Boulogne[10]. Les parties en fonte commençant à rouiller et à casser, une expertise concernant l’état de conservation du kiosque et des travaux à mettre en œuvre est en cours : le montant des travaux s’élèveraient à 800 000 euros[32]. Au début du XXe siècle, le kiosque recevait les musiciens militaires de la garnison. En , le kiosque est démonté pour être restauré par six entreprises différentes pendant six mois pour un coût total de 460 000 euros[33] - [34].
Les statues
Les statues ont été ajoutées à la fin du XIXe siècle. L’Enlèvement d’Eurydice, réalisée en 1890 et La Chasse de Diane, réalisée en 1894 par Charles Lenoir se trouvent dans l’alignement est-ouest des jardins. Cette dernière sculpture, du fait de la nudité des seins de Diane, dut faire face à la censure du XIXe siècle. Le poète Tiercelin rehaussa le débat en déclarant que « La sculpture, c’est la ligne, et la ligne en sculpture, c’est le nu »[6]. Plusieurs copies du Louvre ou de Versailles exécutées par les étudiants des Beaux-Arts de Rennes sont réparties sur l’ensemble du jardin français. On trouvait originellement cinq bustes (les bustes d’un faune, d’Ariane, de Jupiter, de Bacchus et d’Alexandre) mais il ne reste actuellement que le buste d’un homme barbu selon le plan à l’entrée du carré Du Guesclin, probablement le buste de Jupiter. En effet, les statues très dégradées sont en réfection. À l’ouest de l’orangerie, un Faune flûteur et un Faune au chevreau trônent au centre d’un massif floral, tandis qu’un Femme en pied disparaît dans les feuillages à l’est de l’orangerie. À l’extrémité du jardin à la française, à la limite avec le jardin botanique, on trouve une allée arborée dans l’axe nord-sud avec à chaque extrémité l’enfant à l’oie, copie du Louvre.
Un monument à la mémoire de Charles Lenoir se trouve en face de La chasse de Diane. Il s’agissait auparavant d’un buste du peintre rennais, mais celui-ci fut fondu en 1942, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux[10].
- Buste d’un homme barbu, copie du Louvre ou de Versailles.
- Femme en pied, copie du Louvre ou de Versailles.
- Le Faune flûteur, copie du Louvre ou de Versailles.
- L’Enlèvement d’Eurydice, Charles Lenoir.
- La Chasse de Diane, Charles Lenoir.
- Stèle à la mémoire de Charles Lenoir.
L’orangerie et les serres
En 1807, l’orangerie et deux serres chaudes furent construites, mais ces dernières furent remplacées presque soixante ans plus tard (en 1862 et 1863) par les serres conçues par Martenot. Deux projets plus onéreux proposés par Leroy en 1844 et Aristide Tourneux en 1851 furent successivement rejetés par la ville. Les élégantes serres de verre et d’acier de Martenot s’inspirent largement des serres du jardin botanique de Bordeaux. Trois pavillons à pans coupés appelés palmerium, surmontés d’un balcon et d’une coupole couronnée d’une lanterne sont reliés par des petites serres galeries, les palegonium. Le , les serres de Martenot sont touchées par les bombardements : de nouvelles, "de facture plus classique" selon leurs thuriféraires et se voulant intégrées aux bâtiments de l’orangerie furent construites après la guerre par Georges Lefort[10]. Ce sont en réalité de lourdes constructions basses en béton armé qui tranchent singulièrement avec la fine élégance des serres d'origine dont il ne reste que les pavillons latéraux.
Les serres contenaient des plantes tropicales qui ont désormais presque totalement disparu en raison de problèmes budgétaires (les locaux devaient être chauffés à 25 °C) et physiosanitaires : il ne reste à présent qu’une collection de cactées dans le pavillon Ouest[10].
L’orangerie est constituée de deux bâtiments qui encadrent les serres à l’est et à l’ouest. L’orangerie, percée de fenêtres de tous les côtés sauf au nord, est décorée par des bas-reliefs et des inscriptions commémorant les grands noms de la botanique et de l’horticulture : le fronton est orné de noms de botanistes ; Linné et De Jussieu sont représentés sur la partie ouest et La Quintinie et Le Nôtre sur la partie est. De nos jours, les 85 m2 de l’orangerie ouest servent de salle d’exposition et une étude pour utiliser les serres presque vide de la même façon est en cours[32].
Le jardin botanique et la roseraie
Lors de l’aménagement du parc par Denis Bühler, le jardin botanique qui se trouvait à l’ouest de l’orangerie est déplacé à l’est du parc. La construction du jardin botanique est longue, notamment parce que le conseil municipal et les apothicaires de Rennes sont assez peu motivés par sa mise en place. De plus, le conservateur-professeur du jardin des plantes et Denis Bühler sont en désaccord sur la représentation de la classification botanique dans le jardin des plantes : c’est finalement le maire Robinot de Saint-Cyr qui trancha en faveur de la représentation circulaire que proposait le conservateur[7].
Le jardin botanique est organisé de manière circulaire en onze plates-bandes où poussent plus de 3 000 espèces[35]. Son organisation obéit à la classification de Candolle, comme à la Tête d’Or : ces deux parcs restent les seuls témoignages de ce genre de présentation botanique. Afin de comprendre cette organisation, le visiteur devrait parcourir le jardin botanique en partant des acotylédones (champignons, mousses et fougères), puis en remontant vers le centre du cercle en tournant dans le sens horaire jusqu’aux angiospermes. Ainsi, les plantes deviennent de plus en plus imposantes, et on passe des herbes aux arbustes[6].
Chaque plante est identifiée avec un petit panneau rappelant sa classification scientifique. Un code de couleur permet d’identifier les plantes selon leur propriété principale : rouge pour les plantes officinales, blanc pour les plantes alimentaires, jaune pour les plantes à utilisation industrielle, noir pour les plantes toxiques et enfin vert pour le reste des plantes[7] - [36].
Le jardin botanique par l’intermédiaire de son ancien responsable Louis Diard a participé à la création de l’Atlas de flore d’Ille-et-Vilaine réalisé en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle et le Conservatoire botanique national de Brest. Cet inventaire, qui répertorie presque 1 500 espèces de plantes[37], a été officiellement lancé en 1985[38].
De 1998[24] à 2005[39], le jardin botanique est agréé par la Charte des Jardins botaniques de France et des pays francophones. Il abrite 3 120 espèces différentes et échange de graines avec d’autres parcs[24] - [36]. Cent-vingt-cinq jardins botaniques dans trente-cinq pays différents reçoivent des graines du parc du Thabor : en 2007, environ 1 800 graines ont été envoyées et le parc a quant à lui reçu 92 catalogues différents et plus de cinq cents échantillons de graines[36]. Ces échanges sont une pratique ancienne et la ville édite un catalogue des graines depuis plus d’un siècle[7]. Les graines récoltées servent aussi à ensemencer les autres parcs de Rennes[36].
Entre la roseraie, le jardin botanique et le jardin à la française, un espace de 300 m2 est isolé du public à l’aide de grillages. Il s’agit du lieu d’expérimentation du programme de recherche Ecorurb, dont l’objectif est de comprendre les effets de l’urbanisation sur la biodiversité. La parcelle de terrain grillagée doit principalement permettre de comprendre le processus de recolonisation des végétaux sur un terrain vierge avec ou sans apport préalable de graines. Pour cela, le terrain a été stérilisé puis isolé du reste du parc[40].
La roseraie est riche de nombreuses variétés de rosiers tige, demi-tige, grimpant ou buisson. Une grande partie des rosiers grimpants sont présentés sur le mur nord séparant le jardin de la rue de la Palestine, mais aussi sur des tonnelles et des pergolas. Dans le Carré des nouveautés, une exposition de rosiers ayant été créée durant les dix années précédentes se trouve autour de la statue La Pensée, copie du Louvre ou de Versailles. On y trouve notamment la « rose de Rennes » créée par Michel Adam, lauréate du prix de la Rose 1995 décerné par l’AJJH[41]. La roseraie commémore le bicentenaire de la Révolution par la plantation d’un rosier « Révolution française »[42].
Le côté du mur bordant la rue de la Palestine est un lieu d’observation où l’adaptation des rosiers créés il y a moins de cinq ans aux conditions climatiques et de sol est testée pendant deux à trois ans par la Société nationale d’horticulture de France afin de concourir au Grand Prix de la rose SNHF[43].
Un carré des roses anciennes inauguré en 1990 au sud du jardin botanique permet de découvrir les premières variétés de rosiers « thé » et leurs hybrides[6]. Des pas japonais permettent d’accéder au Jeune savoyard pleurant sa marmotte, une statue réalisée en 1835 par Julien Gourdel[44], mais aussi d’entrer au cœur de la roseraie ancienne. Au nord-est du jardin botanique, on trouve une exposition de dahlias.
La nouvelle entrée du Thabor, accessible aux personnes à mobilité réduite par une rampe, a été posée le : il s’agit d’un portail du XIXe siècle entièrement restauré en utilisant les techniques d’époque de construction. La restauration a duré deux mois et demi et couté 47 000 €. Le portail et les grilles ont été conçus par Jean-Baptiste Martenot entre 1869 et 1870 pour la grande halle de la place des Lices, ils ont par la suite été démontés puis stockés par la ville de Rennes en 1985 ; la décision de sa réimplantation a été prise en 1998[45].
Le jardin paysager
Le jardin paysager se divise sommairement en deux zones : tout d’abord le jardin imaginé par Denis Bühler, offrant de plus grands espaces gazonné et aménageant des ouvertures permettant la création de paysages pittoresques, puis celui de l’ingénieur Blin, plus confiné. Toutefois, le jardin paysager reste le lieu de l’idéalisation de la nature.
La volière imaginée par Martenot et située vers l’ouest du parc, dans le prolongement du jardin français, est constituée d’un premier niveau circulaire de cages pour oiseaux exotiques surmonté en sa partie centrale d’un pigeonnier. Un peu plus au sud, la troisième statue de Charles Joseph Lenoir, Le Repos de Diane, disparaît sous les arbres et les arbustes.
Le jardin paysager abrite de nombreuses espèces d’arbres, et notamment des séquoias qui sont en quelque sorte la signature des frères Bühler. On en retrouve notamment au parc de la Tête d’Or, au parc Borély à Marseille et sur le plateau des poètes à Béziers[31].
La partie la plus élaborée du parc paysager est la mosaïculture représentant le blason de Rennes encadré par deux hermines. Il s’agit de la seule partie de l’enceinte du parc largement ouverte à l’extérieur, grâce à une longue grille, afin que les passants et automobilistes parcourant la rue de Paris puissent l’apprécier.
Peu de modifications furent apportées aux plans initiaux de Bühler. La partie dite des Catherinettes fut créée au début du XXe siècle, notamment pour satisfaire la bourgeoisie du quartier du square de La Motte qui réclamait une ouverture sur le Thabor. Elle s’étend de l’ancien jardin paysager des frères Bühler à l’entrée de la rue de Paris[11].
Divers aménagements et fabriques sont installés dans cette partie romantique du parc : une fausse rivière, que le visiteur peut enjamber par de petits ponts, aboutit sur une haute cascade romantique. Une grotte ainsi qu’une ménagerie y sont aménagées.
La fontaine monumentale conçue par Charles Millardet en 1829 pour l’aménagement du square de La Motte est démontée et installée à l’entrée de la rue de Paris en 1901[46]. Il s’agit d’un grand escalier séparé par un palier : en partie haute, il est divisé en trois parties par des fontaines en escalier et suit un plan semi-circulaire ; en partie basse, l’escalier, désormais rectiligne, est séparé en deux parties par une grosse fontaine à plusieurs vasques. L’alimentation en eau de la fontaine est assurée par le réseau urbain de Rennes.
La cascade est bordée de rochers issus de la forêt de Saint-Aubin, bien que lors de la construction des Catherinettes, des rochers de forme pittoresque furent fabriqués à l’aide de ciment. La cascade est une copie en miniature de celle du bois de Boulogne. Lors de la conception de la fausse rivière qui se termine en cascade, les eaux sont directement amenées par une conduite, puis rejetées dans la Vilaine ; ce n’est qu’à partir des travaux menés en 1984 qu’un circuit fermé de recyclage permet de remonter l’eau de la cascade à l’entrée de la rivière[11]. En 1991 est prise la décision de ne plus faire fonctionner la cascade, dont le système de pompage présentait de nombreuses fuites. La cascade est donc restée vide d’eau jusqu'au , où le système hydraulique de la cascade est entièrement revu, notamment son étanchéité[20], et ses abords restaurés[47]. Les travaux, pris en charge par la ville de Rennes, ont coûté 307 000 euros, partiellement subventionnés par la région Bretagne à hauteur de 98 000 euros[20]. Depuis sa création en 1907, et jusqu’au début des années 1980, le circuit hydraulique en eau perdue, consommait 600 000 m3 par an. Maintenant, le système hydraulique fonctionne de nouveau, en circuit fermé, mais avec des pompes, à débit programmable, en fonction de la fréquentation du parc[48].
La ménagerie fut aménagée en 1930 au sud-est des Catherinettes[9]. Elle abritait à l’origine des daims, des mouflons et quelques oiseaux comme des canards et des oies de Guinée, mais plusieurs plaintes du voisinage, du vandalisme et aussi une nourriture inadaptée aux espèces présentes conduisirent à la transformation de la ménagerie en simple enclos à canards en 1978[11].
En 1968, l’aire de jeu pour les enfants est installée au sud-est du parc paysager[11]. Elle contient actuellement plusieurs toboggans et balançoires mis en valeur par de vastes entourages circulaires de pierre. Une pelouse située à côté de l’aire de jeu est autorisée au public à la fin du XXe siècle, à l’inverse des autres pelouses, toujours interdites. Une déviation de certaines allées est réalisée en 2010 autour du cèdre près de la ménagerie, afin d’en préserver les racines. Un monument en hommage au poète breton Glenmor agrémente la jonction entre le jardin anglais, l’enfer et le boulingrin le [49].
Biodiversité
Espèces animales
On retrouve de nombreux oiseaux captifs au Thabor. De nombreuses espèces de canard de surface et de perruches sont exposées au public dans l’enclos des canards et la volière. Des panneaux en bois représentant chaque oiseau installés à proximité de ces installations permettent d’informer le public des différentes espèces présentées.
Ainsi, dans l’étang des canards, on trouve les espèces suivantes[50] :
- Canard Ă collier noir (Callonetta leucophrys)
- Sarcelle du Cap (Anas capensis)
- Siffleur du Chili (Anas sibilatrix)
- Canard pilet (Anas acuta)
- Canard mandarin (Aix galericulata)
- Canard carolin (Aix sponsa)
- Peposaca (Netta peposaca)
- Pilet des Bahamas (Anas bahamensis)
- Canard Labrador
- Siffleur d’Europe (Anas penelope)
Et dans la volière (qui fait aussi office de colombier)[50] :
- Serin des Canaries (Serinus canaria)
- Colombe diamant (Geopelia cuneata)
- Moineau du Japon
- Diamant mandarin (Taeniopygia guttata)
- Caille de Chine (Coturnix chinensis)
- Inséparable à joues noires (Agapornis nigrigenis)
- Inséparable de Fischer (Agapornis fischeri)
- Perruche Ă collier (Psittacula krameri)
- Perruche Ă croupion rouge (Psephotus haematonotus)
- Perruche ondulée (Melopsittacus undulatus)
- Colombe
En dehors d’oiseaux très communs tels que (pies, merles, moineaux), le parc permet d’observer plusieurs oiseaux sauvages, passereaux et rapaces essentiellement (chouette hulotte, épervier d’Europe). L’écureuil roux est également présent. Longtemps, jusqu’au milieu des années 1970, un ou deux paons allant et venant à leur guise ne manquaient pas d’exposer leur roue au regard des visiteurs généralement ravis de ce spectacle insolite. Les quelques cervidés visibles dans l’animalerie jusque dans les années 1980 ont été déplacés dans le parc des Gayeulles pour qu’ils y soient davantage à leur aise, laissant leur abri et leur enclos à des canards[12].
Afin de protéger le parc, et notamment la roseraie, des pucerons et autres insectes nuisibles, l’installation des prédateurs naturels de ces espèces (coccinelles, syrphes, et chrysopes) est favorisée par l’installation de refuges pour insectes auxiliaires. La présence du jardin botanique est d’ailleurs très favorable car il fournit aussi un abri à ces espèces[51].
Espèces végétales
Le parc est constitué de 52 000 m2 de gazon, 5 800 m2 de massifs d’arbustes et 700 arbres dont 200 conifères. Le parc, et notamment le parc paysager, est agrémenté de nombreuses espèces d’arbres : séquoias, cèdre du Liban, hêtre tricolore, tulipier de Virginie, chêne-liège, magnolias, arbre aux cloches d’argent, chêne pyramidal, sapin d’Algérie, sapin bleu du Colorado, etc[24]. Surlignant le goût de l’exotisme des frères Bühler, deux ginkgos bilobas, un mâle et une femelle, se trouvent dans le parc.
La roseraie fleurit en juin tandis que la collection de dahlias se montre en août et en septembre. À l’automne, le parc est orné par des chrysanthèmes. En hiver et au printemps, ce sont surtout les plantes bisannuelles et les bulbeuses qui fleurissent le parc, accompagnées des camélias et des rhododendrons[24].
Le parc représente 59 000 plantes annuelles, 54 000 plantes bisannuelles, 18 500 plantes bulbeuses, 500 chrysanthèmes, 1 000 dahlias de 78 variétés différentes et 2 100 rosiers de 980 variétés différentes[24].
Le jardin botanique abrite quelques espèces de plantes rares et protégées en France[52] (Adonis printanier, Germandrée arbustive, Ail doré, Valériane grecque…) ou en Bretagne[53] (Ciboulette, Adénocarpe…). Le jardin botanique abrite 3 120 plantes différentes[24] dont 800 sont plantées chaque année[36] ; la famille la plus représentée est celle des marguerites (Asteraceae)[36].
Contexte et impact de la création du parc du Thabor
La création des jardins du Thabor est le résultat d’un engouement pour la nature qui commença dès le XVIIe siècle, où le retour à la paix permit aux citadins de sortir hors des enceintes et de prendre part à des cérémonies de cour qui consistait essentiellement à « se montrer ». Les jardins deviennent le lieu où la bourgeoisie s’affiche, et malgré leur fonction publique, sont réservés aux personnes aisées. Le second Empire est particulièrement propice à la création des jardins : Napoléon III est en effet très sensible à l’horticulture, et développe un goût prononcé pour les jardins paysagers. L’engouement de cette époque pour les jardins s’illustre notamment par la création du bois de Boulogne en 1852[6]. Les règlements régulièrement promulgués permettent de voir respecter le code de savoir-vivre de la haute société (et notamment le respect de la propriété, par exemple en instaurant des pelouses interdites).
Sous le Premier Empire et sous la Restauration, le quartier Thabor - Saint-Hélier - Alphonse Guérin se transforme : la construction d’hôtels particuliers est entreprise et le parc devient celui des notables rennais[2]. Acteur de la rénovation des faubourgs de Rennes, le parc attire les gens aisés comme le révèle les phases successives de construction urbaine en corrélation avec l’agrandissement du parc et l’ouverture des nouvelles entrées : on peut prendre comme exemple la construction de l’hôtel Maulion sis au 2, rue de Paris qui suivit l’aménagement de l’entrée dans cette rue[54].
Entretien
L’ensemble de l’entretien et de la protection du parc emploie quatorze agents municipaux[32] dont trois au jardin botanique[24] et cinq à la roseraie[55]. Le parc du Thabor utilise la moitié des plants du centre horticole de Champeaux, établissement fournissant l’ensemble des espaces verts de Rennes. Les jardiniers montrent un savoir-faire horticole dans les mosaïcultures des massifs floraux saisonniers dont le renouvellement s’effectue deux fois par an de mi-mai à mi-juin et de mi-octobre à mi-novembre : 60 000[32] végétaux sont replantés en l’espace de cinq semaines.
Le patrimoine végétal légué par Denis Bühler est remplacé à l’identique : lorsqu’un arbre meurt, un nouveau de la même essence est replanté[56]. Toutefois, les allées sont régulièrement replantées : comme ce fut le cas en 2005 dans le carré Du Guesclin, les arbres abritant la buvette du jardin français vont eux aussi être remplacés en 2012 ainsi que des tilleuls jouxtant le jardin botanique en 2018[32]. En , un cèdre de l’Atlas vieillissant âgé de 140 ans, est élagué et haubané afin d’augmenter son espérance de vie de quelques décennies : il s’agit d’un des plus vieux cèdre de l’Atlas de France[57]. Courant 2010, les rosiers de la roseraie circulaire sont progressivement remplacés ou greffés par des plants plus jeunes et plus florifères[55].
Les espaces verts de la ville de Rennes bénéficient d’une gestion différenciée qui permet de fixer un planning d’entretien adapté. Le parc du Thabor est classé comme Jardin de prestige de type 1, c’est-à -dire comme un jardin très structuré à la décoration florale élaborée et variée dans les essences utilisées. L’entretien de ce type de parc nécessite des moyens importants en main d’œuvre (coupe des haies, désherbage manuel, tonte du gazon, arrosage régulier, etc.) et bénéficie d’une stratégie de développement durable faible : c’est avant tout la beauté du parc qui est privilégiée[58]. L’utilisation d’insectes auxiliaires tel que les coccinelles est par exemple favorisé[55].
Le parc est néanmoins vieillissant et de nombreux travaux de réfection sont en cours, ou en étude. La grotte, la cascade des Catherinettes et le pont des Catherinettes sont respectivement condamnée, à sec et interdit[59]. Le mur au nord du jardin botanique était en travaux durant l’été et l’automne 2008, et une partie des toilettes va être rénovée. L’escalier fontaine n’est plus alimenté en eau, pour cause de consommation trop importante[32]. En , les fontaines du parc à la française sont arrêtées, en raison des fuites trop nombreuses dans les bassins et les tuyaux[59]. La remise en eau de deux bassins a eu lieu en 2010 et s’est accompagné d’une mise en peinture de la volière et la grotte mise en sécurité[34]. La cascade est remise en eau le après d'importants travaux[47].
Espace culturel
Outre le lieu de flânerie et de pause pour un grand nombre de Rennais de par sa position proche du centre-ville, le parc du Thabor est utilisé par la ville comme un point de rencontre, comme lors de l’éclipse de soleil de 1999 où 12 000 personnes se sont réunies autour des animateurs de l’Espace des sciences[60].
C’est aussi un lieu d’exposition, notamment grâce à l’orangerie où différents artistes ont été exposés : photographies d’Eddi El Boughammi sur le thème de Cuba en 2000[61], photographies de Yann Derais (pseudonyme du photographe Yann Levy) sur le thème « Palestine : au-delà du mur » en 2004[62], exposition de flip books de Pascal Fouché en 2007[63], photographies d’Adeline Keil en 2008[64]. Des expositions moins conventionnelles sont parfois mise en place comme l’installation de plus d’une soixantaine de tentes sur la pelouse du Thabor lors de l’exposition Camping surround organisée par Het Pakt, une compagnie belge, en 2007[65].
En 2005, dans le cadre de l'exposition collective Chantier public #2[66] organisée par le centre d'art 40mcube, l'orangerie a accueilli des œuvres du duo d'artistes Daniel Dewar et Grégory Gicquel.
En 2017, les pelouses du Thabor accueillent l'installation Perspective de fuite Ă l'anglaise[67] de l'artiste Laurence De Leersnyder, sur une proposition de 40mcube.
Le , un olivier est planté en présence d’élus locaux et de la chaîne de télévision Al Jazeera : il s’agit d’un arbre de la paix destiné à la Palestine et à Israël[68].
Le parc est aussi le lieu d’installation du festival Mythos depuis 2008. Chaque été, les mercredis du Thabor offrent tous les mercredis une soirée de musique, de danses et d’animations près du kiosque à musique.
Notes et références
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- Catherine Laurent, Louis-Michel Nourry, George Provost et Yves Lebouc, Histoire(s) de jardin : Usages et paysages Ă Rennes, Rennes, PU Rennes, , 191 p. (ISBN 978-2-7535-0654-1).
- M-C Bietry, Jardins en Bretagne : Ille-et-Vilaine, Connaissance des jardins, , 29 p. (ISBN 2-912454-06-9).
- Jean Ogée, A. Marteville et Pierre Varin, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne, Mollieux, .
- Louis-Michel Nourry, Paysages de Rennes : nature et espaces publics, Rennes, éditions Apogée, , 91 p. (ISBN 2-84398-204-9).
- Louis-Michel Nourry et Michel Ogier, La Bretagne des jardins, Rennes, Éditions Apogée, , 128 p. (ISBN 2-909275-87-6), p. 88-93.
- Louis-Michel Nourry, Le Thabor : Rennes, Siloë, (ISBN 2-908924-00-5), « Le jardin botanique : le parcours de la connaissance », p. 75-82.
- Louis-Michel Nourry, Le Thabor : Rennes, Siloë, (ISBN 2-908924-00-5), « Le jardin à la française : l’harmonie entre l’art et la nature », p. 43-56.
- Jardin public, dit Le Thabor, sur Gertrude, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne..
- Louis-Michel Nourry, Le Thabor : Rennes, Siloë, (ISBN 2-908924-00-5), « Les fabriques et œuvres d’art : la conciliation de l’utilitaire et le décoratif », p. 57-75.
- Louis-Michel Nourry, Le Thabor : Rennes, Siloë, (ISBN 2-908924-00-5), « Le jardin des Catherinettes : l’illusion du pittoresque », p. 107-118.
- « Ô jars, daims du Thabor », Le Rennais, no 418, décembre 2010.
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- Étienne Maignen, Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945, Rennes, Éditions Ouest-France, , 245 p. (ISBN 978-2-7373-6173-9), p. 90
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- 10 ha 62 a selon Louis-Michel Nourry, Paysages de Rennes.
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- Note : il existe deux orthographes pour le nom de Louis Vaneau, celle-ci pour la rue et l’école situées à Rennes mais aussi la station de métro et une rue à Paris, et Vanneau, pour le monument du Thabor.
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- « Laurence De Leersnyder – Perspective de fuite à l’anglaise », sur 40mcube (consulté le )
- « Un arbre pour la paix planté dans le parc du Thabor à Rennes », sur Ouest-France, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
- Les différents types de jardins rencontrés dans le parc :
- Parcs et jardins de Rennes
- Acteurs principaux de la mise en place du parc :
- Notre-Dame-en-Saint-Melaine
Liens externes
- Ressource relative au tourisme :
- Ressource relative Ă l'architecture :
- Rennes - Jardin public, dit Le Thabor, sur le site de l'inventaire du patrimoine culturel en Bretagne
- Cartes anciennes du Thabor aux archives municipales de la ville de Rennes
- Données ouvertes sur les différentes emprises du parc
- Cartographie des arbres du parc du Thabor Ă Rennes sur le Wiki Rennes
- Le Jardin Botanique de Rennes au parc du Thabor
Bibliographie
- Louis-Michel Nourry, Le Thabor : Rennes, Éditions Siloë, (ISBN 2-908924-00-5).
- Catherine Laurent, Louis-Michel Nourry, George Provost et Yves Lebouc, Histoire(s) de jardin : Usages et paysages Ă Rennes, Rennes, PU Rennes, , 191 p. (ISBN 978-2-7535-0654-1).
- Louis-Michel Nourry et Michel Ogier, La Bretagne des jardins, Gaillon/Gaillon/Rennes, Éditions Apogée, , 128 p. (ISBN 2-909275-87-6).
- Jardin botanique de la ville de Rennes, Catalogue des graines, spores et parties de plantes offertes en Ă©change, Rennes, Ville de Rennes, .
- L’artiste Muriel Moreno (ex-Niagara) est spécialiste du parc du Thabor, et y a consacré un travail de recherche lors de sa maîtrise d’histoire de l’art.