Accueil🇫🇷Chercher

Ouvrage du Monte-Grosso

L'ouvrage du Monte-Grosso est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située à cheval sur la limite entre les communes de Sospel et de Breil-sur-Roya, dans le département des Alpes-Maritimes.

Ouvrage du Monte-Grosso
Le bloc 3 de l'ouvrage.
Le bloc 3 de l'ouvrage.

Type d'ouvrage Gros ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de Sospel,
quartier Brouis
Numéro d'ouvrage EO 2
Année de construction 1931-1935
RĂ©giment 85e BAF et 158e RAP
Nombre de blocs 7
Type d'entrée(s) Entrée mixte
Effectifs 10 officiers et 373 hommes
CoordonnĂ©es 43° 54′ 49″ nord, 7° 27′ 53″ est

Composé de sept blocs (un huitième fut ajourné), c'est le plus puissant des ouvrages des Alpes. Pendant les combats de contre l'armée italienne, le rôle de l'ouvrage se limita à quelques tirs d'artillerie. Abandonné par l'Armée, il est depuis 2015 restauré par une association.

Description

L'ouvrage a Ă©tĂ© construit Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord-est de la commune de Sospel, au sommet du mont Gros (le montĂ© Grosso). Cette hauteur culmine Ă  1 273 mètres d'altitude, dominant du cĂ´tĂ© sud la vallĂ©e de la BĂ©vĂ©ra oĂą se trouve la petite ville de Sospel, et du cĂ´tĂ© est la vallĂ©e de la Roya oĂą se trouve la route descendant du col de Tende (les communes de Tende et de La Brigue sont alors italiennes, jusqu'au traitĂ© de paix de 1947).

Position sur la ligne

L'ouvrage a pour but de défendre le territoire français contre l'armée italienne, débouchant du col de Tende ou des sentiers muletiers franchissant la frontière franco-italienne. La partie la plus méridionale de la ligne Maginot, le secteur fortifié des Alpes-Maritimes, était subdivisée en cinq sous-secteurs : Monte-Grosso se trouve dans le « sous-secteur de Sospel ».

La défense y était organisée sous la forme d'une la « ligne principale de résistance », composée d'une succession d'ouvrages bétonnés, s'appuyant mutuellement avec des mitrailleuses et de l'artillerie sous casemates : dans le sous-secteur de Sospel, il s'agit des ouvrages du Col-de-Brouis, du Monte-Grosso, de l'Agaisen, de Saint-Roch et du Barbonnet. Le relief très montagneux ne nécessite pas une ligne continue avec tirs croisés de mitrailleuses, mais l'artillerie de l'Agaisen couvre les environs du Monte-Grosso.

En avant de cette ligne principale, quelques « avant-postes » et points d'appui ont été construits pour donner l'alerte et retarder au maximum une attaque brusquée. Ils sont beaucoup plus petits (et beaucoup moins chers) que les ouvrages de la ligne principale. Le sous-secteur de Sospel compte deux de ces avant-postes, celui de la Croix-de-Cougoule, installé sur l'éperon à l'est de la cime du Bosc (surplombant la vallée de la Roya et la petite ville de Breil), et celui de Castès-Ruines au sud-est de Sospel.

Souterrains

Les souterrains de l'ouvrage.

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui du Monte-Grosso est conçu pour rĂ©sister Ă  un bombardement d'obus de très gros calibre. Les organes de soutien sont donc amĂ©nagĂ©s en souterrain, creusĂ©s au minimum sous douze mètres de roche (au Monte-Grosso, la profondeur atteint les 70 mètres), tandis que les organes de combat, dispersĂ©s en surface sous forme de blocs, sont protĂ©gĂ©s par d'Ă©pais cuirassements en acier et des couches de bĂ©ton armĂ©.

La caserne de temps de guerre, la salle des filtres Ă  air, les PC, le central tĂ©lĂ©phonique, les magasins Ă  munitions, le centre de secours, les rĂ©servoirs d'eau, de gazole et de nourriture sont tous en souterrain, reliĂ©s entre eux par une galerie Ă©quipĂ©e d'une voie ferrĂ©e Ă©troite de 60 cm oĂą roulent des wagonnets poussĂ©s Ă  bras (les caisses d'obus font de 80 Ă  105 kg). L'entrĂ©e est de plain-pied, tandis que l'accès aux blocs de combat se fait par des puits (avec escaliers et monte-charge). Les diffĂ©rents magasins Ă  munitions (un par bloc) abritent une dotation rĂ©glementaire totale de 2 000 obus de 135 mm, 8 000 obus de 75 mm, 8 000 obus de 81 mm et quelques centaines de milliers de cartouches de 7,5 mm[1].

Les moteurs de l'usine Ă©lectrique de l'ouvrage en 1983.

Pour fournir du courant Ă©lectrique (du 210 volts alternatif) nĂ©cessaire Ă  l'Ă©clairage, Ă  la ventilation, aux monte-charges et aux tourelles, l'usine disposait de quatre groupes Ă©lectrogènes (la plupart des autres ouvrages alpins n'en disposent que de trois, ayant des besoins moindres en Ă©lectricitĂ©), composĂ©s chacun d'un moteur Diesel SMIM 6 SR 19 (six cylindres, fournissant 150 ch Ă  600 tr/min)[2] couplĂ© Ă  un alternateur, complĂ©tĂ©s par un petit groupe auxiliaire (un moteur CLM 1 PJ 65, de 8 ch Ă  1 000 tr/min)[3] servant Ă  l'Ă©clairage d'urgence de l'usine et au dĂ©marrage pneumatique des gros diesels. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau. Pour les alimenter, l'usine de l'ouvrage avait quatre citernes de gazole (soit une rĂ©serve totale de 109 000 litres, de quoi tenir de deux Ă  trois mois sans ravitaillement), deux bacs d'huile (total de 8 000 litres) et trois citernes d'eau de refroidissement (soit 160 000 litres). S'y rajoutent les cinq citernes d'eau potable (de 33 000 litres chacune)[4].

Blocs

En surface, les sept blocs sont dispersĂ©s autour du sommet. Chaque bloc de combat dispose d'une certaine autonomie, avec ses propres magasins Ă  munitions (le M 3 Ă  cĂ´tĂ© de la chambre de tir et le M 2 en bas du bloc), sa salle de repos, ses PC, ainsi que son système de ventilation et de filtration de l'air. Le baraquement lĂ©ger (en bois), qui a comme fonction d'accueillir l'Ă©quipage en temps de paix, Ă©tait construit sur la dalle du bloc d'entrĂ©e (sur le toit). Le casernement pour l'hivernage (avec deux Ă©tages en maçonnerie) est encore en construction en 1940 : la toiture n'a jamais Ă©tĂ© montĂ©e. L'ensemble des blocs est ceinturĂ© par un rĂ©seau de fils de fer barbelĂ©s, toute la zone est battue par les fusils mitrailleurs installĂ©s dans les diffĂ©rents crĂ©neaux et cloches, se soutenant mutuellement. L'accès Ă  chaque façade est bloquĂ© par un fossĂ© diamant, qui sert aussi Ă  recevoir les dĂ©bris de bĂ©ton lors des bombardements. Étant donnĂ© que les positions de mise en batterie pour de l'artillerie lourde sont rares en montagne, le niveau de protection est moins important que dans le Nord-Est (les ouvrages construits en Alsace, en Lorraine et dans le Nord). Dans le Sud-Est (les Alpes), les dalles des blocs font 2,5 mètres d'Ă©paisseur (thĂ©oriquement Ă  l'Ă©preuve de deux coups d'obus de 300 mm), les murs exposĂ©s 2,75 m, les autres murs, les radiers et les planchers un mètre. L'intĂ©rieur des dalles et murs exposĂ©s est en plus recouvert de mm de tĂ´le pour protĂ©ger le personnel de la formation de mĂ©nisque (projection de bĂ©ton Ă  l'intĂ©rieur, aussi dangereux qu'un obus). Pour les blocs-tourelles, les dalles passent Ă  une Ă©paisseur de 3,5 mètres de bĂ©ton.

L'entrée de l'ouvrage (bloc 1), en 1969.

Le bloc 1 se situe sur le versant occidental : c'est l'entrĂ©e de l'ouvrage, devant laquelle se termine la route d'accès. Il s'agit d'une entrĂ©e mixte, regroupant l'entrĂ©e du matĂ©riel, qui se fait par un pont-levis ajourĂ© (oĂą peut entrer un petit camion) et l'entrĂ©e du personnel, par une porte blindĂ©e. La façade est dĂ©fendue par un fossĂ© diamant, deux crĂ©neaux pour fusil-mitrailleur assurant un tir croisĂ©, une cloche GFM (guetteur et fusil-mitrailleur) et une cloche LG (lance-grenades). Une fois passĂ© le pont-levis, le dĂ©but de la galerie sert de garage, fermĂ© d'un cĂ´tĂ© par le pont-levis et de l'autre par une porte blindĂ©e roulante. Ce garage sert au dĂ©chargement du camion ou des mulets (en cas de fort enneigement) sur des wagonnets, le tout dĂ©fendu par trois autres crĂ©neaux pour fusil mitrailleur. Les fusils mitrailleurs (FM) de l'ouvrage Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[5]. Les armes Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[6]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 14 000 par cloche GFM, 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte ou de dĂ©fense intĂ©rieure[4]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute[7] - [1].

Le bloc 2, ajournĂ© et finalement non construit, devait ĂŞtre juste au sud du bloc d'entrĂ©e, sous forme d'une casemate d'artillerie pour deux canons-mortiers de 75 mm tirant vers le sud, couvert par une cloche GFM.

Le bloc 3 et ses deux canons-obusiers de 75, en 1969.

Le bloc 3 est au nord du bloc d'entrĂ©e. C'est une casemate d'artillerie flanquant vers le nord, avec deux crĂ©neaux pour canons-obusiers de 75 mm modèle 1929 (portĂ©e maximale thĂ©orique de 12 km Ă  la cadence de 12 coups par minute), un crĂ©neau pour arme mixte JM/AC 25 (pour assurer la dĂ©fense de la route d'accès, mais l'arme mixte ne fut jamais livrĂ©e), une cloche GFM et un crĂ©neau FM/observatoire (indicatif O 56). Une issue de secours se trouve dans le fossĂ© diamant. Les mitrailleuses tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm que les FM. C'Ă©taient des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15° en casemate), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[4]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[8], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[9]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac.

Vue du bloc 4 en 1983.

Le bloc 4 se trouve juste au-dessus et Ă  l'est du bloc d'entrĂ©e. C'est une casemate d'artillerie pour quatre mortiers de 81 mm (cadence de 12 Ă  15 coups par minute Ă  une portĂ©e maximale de 3 600 m), deux tirant vers le nord et deux autres vers le sud-est, surmontĂ©s d'une cloche GFM. Une issue de secours se trouve Ă  l'arrière. Le puits reliant les deux Ă©tages du bloc Ă  la galerie fait 51 mètres de haut, d'oĂą l'installation du magasin Ă  munitions M 2 Ă  15 m dessous et non pas tout en bas.

La tourelle de 75 du bloc 5.

Le bloc 5 est sur la crĂŞte, encore plus Ă  l'est que le bloc 4. Il consiste en une tourelle pour canons de 75 mm modèle 1933 (de quatre mètres de diamètre, Ă©clipsable ; thĂ©oriquement chaque canon peut tirer 12 Ă  13 coups/minute Ă  maximum 12 km de distance) ainsi qu'une cloche GFM. Le puits reliant les deux Ă©tages du bloc Ă  la galerie fait 44 mètres de haut : trop profond pour garantir un approvisionnement rĂ©gulier en munitions : le magasin M 2 se trouve donc Ă  mi-hauteur, Ă  19 mètres sous le bloc. Un blockhaus de dĂ©fense intĂ©rieur avec un crĂ©neau pour FM se trouve dans la galerie au pied du bloc, pour dĂ©fendre le casernement en cas de prise des blocs occidentaux.

Le bloc 6 et sa tourelle de 135.

Le bloc 6 est juste au-dessus du bloc 5, au nord-est de celui-ci. Son armement est composĂ© d'une tourelle pour lance-bombes de 135 mm (la seule de tout le Sud-Est, elle aussi Ă©clipsable : chaque tube peut dĂ©livrer six coups par minute Ă  une portĂ©e maximale de six km) et d'une cloche LG.

Le bloc 7.

Le bloc 7 est sur le versant oriental du sommet. C'est une casemate d'infanterie tirant vers le nord, avec un créneau pour jumelage de mitrailleuses, une cloche JM, une cloche GFM et une cloche observatoire VDP (« vue directe et périscopique », indicatif O 56).

Le bloc 8 et ses deux cloches en 1983 (la cloche GFM a été reconstruite en béton).

Le bloc 8 est juste à côté du bloc 7, un peu plus au nord. C'est une casemate d'infanterie tirant vers le sud-est, avec un créneau pour jumelage de mitrailleuses, une cloche GFM et une cloche observatoire VDP (indicatif O 57)[10] - [11].

Histoire

Construction et Ă©quipage

En 1927, les discours de Benito Mussolini rĂ©clamant le rattachement de Nice, de la Savoie et de la Corse, ainsi que des incidents de frontière, ont pour consĂ©quences le retour des garnisons françaises dans les anciens forts de haute montagne, puis en 1928 le dĂ©but de la construction de nouvelles fortifications : la ligne Maginot. Le chantier de l'ouvrage du Monte-Grosso est confiĂ© Ă  l'entreprise Borie (qui construit aussi les ouvrages de Gordolon, de Flaut, du Col-de-Brouis, du Barbonnet, de Castillon, de Sainte-Agnès et de Cap-Martin). Les travaux commencent en et se terminent en . La construction de l'ouvrage a coĂ»tĂ© un total de 40,4 millions de francs (valeur de )[12], dont 4,5 millions rien que pour la route d'accès : il s'agit de l'ouvrage le plus cher de tout le Sud-Est[13] (les plus gros du Nord-Est atteignent les 100 Ă  120 millions). En , il est estimĂ© que l'ouvrage reprĂ©sente un total de 70 000 m3 de terrassements (dont 30 600 m3 en souterrain), 15 220 m3 de bĂ©ton armĂ©, 12 250 m3 de maçonnerie et 640 tonnes d'acier rien que pour les cuirassements, dont les pièces sont hissĂ©es au câble Ă  partir de la RN 204 (actuelle D 2204) au pied des pentes est du mont[14] (la diffĂ©rence d'altitude y est de 400 mètres).

La garnison de l'ouvrage (à l'époque on parle d'équipage) est interarmes, composée de fantassins, d'artilleurs et de sapeurs. En temps de paix, elle est fournie par des unités de la 15e région militaire : le , le 4e bataillon du 3e régiment d'infanterie alpine (le 3e RIA) est créé pour fournir les équipages du sous-secteur, avec garnison à Sospel. En , le bataillon est renommé en 75e bataillon alpin de forteresse (le 75e BAF), dépendant de la 58e demi-brigade alpine de forteresse (la 58e DBAF), cette dernière ayant la charge de tous les ouvrages du secteur fortifié des Alpes-Maritimes[15]. Les artilleurs sont depuis avril 1935 ceux de la 5e batterie du 157e régiment d'artillerie à pied (157e RAP, présent aussi au Col-de-Brouis et à l'Agaisen), renommé en 157e régiment d'artillerie de position[16], tandis que les sapeurs sont issus des 7e (pour les électromécaniciens) et 28e (pour les télégraphistes) régiments du génie[17].

Officiers de la garnison devant l'entrée en 1939.

Lors de la mise sur pied de guerre d', l'application du plan de mobilisation fait gonfler les effectifs avec l'arrivée des réservistes (des frontaliers et des Niçois) et entraine le triplement des bataillons les 24 et : la 2e compagnie du 75e BAF donne naissance au 85e BAF, au sein de la 40e DBAF nouvellement formée[18]. Ce 85e BAF a la charge du quartier Brouis, c'est-à-dire les ouvrages du Col-de-Brouis et du Monte-Grosso, l'avant-poste de La Croix-de-Cougoule et quelques petits blockhaus[19]. Les artilleurs sont désormais ceux de la 10e batterie du 158e RAP (créé autour du IIe groupe du 157e RAP)[20], tandis que les sapeurs sont regroupés depuis le dans le 215e bataillon du génie de forteresse (commun à tout le secteur)[21]. Pour l'ouvrage du Monte-Grosso, l'équipage total est de 363 soldats et sous-officiers, encadrés par dix officiers.

Combats de 1940

Le Royaume d'Italie déclare la guerre à la République française et au Royaume-Uni le . Étant donné l'enneigement tardif pour la saison, les Italiens retardent leur attaque.

Le , des mortiers italiens positionnĂ©s au col de l'Arpette tirent sur la section d'Ă©claireurs skieurs du 85e BAF installĂ© sur le mont AinĂ©. La tourelle de 75 mm du Monte-Grosso riposte et dĂ©truit les mortiers, d'oĂą des tirs d'artillerie italiens (par des canons de 149 mm (it) Skoda et des obusiers de 210 mm (it) Ansaldo) sur l'ouvrage, rĂ©glĂ©s par avion : environ 300 obus frappent les dessus, blessant un guetteur de cloche. Les 16 et , quelques tirs du Monte-Grosso entraĂ®nent de nouveaux bombardements[22].

Trace de l'impact d'un obus de 149 italien sur la tourelle de 75 (bloc 5).

Le , les tourelles des ouvrages du Monte-Grosso et de l'Agaisen envoient près de 500 obus de 75 mm sur des troupes approchant par l'est de Breil, forçant les Italiens Ă  se replier. Le , la tourelle de 75 mm du Monte-Grosso frappe la batterie italienne repĂ©rĂ©e sur le mont Alto. Les 22, 23 et , la tourelle rĂ©alise encore d'autres tirs au profit des avant-postes encerclĂ©s du sous-secteur des Corniches, ainsi que sur tout ce qui est repĂ©rĂ© dans la vallĂ©e de la Roya[23]. Du jusqu'au 25 Ă  0 h 35 (horaire d'application de l'armistice), c'est un total de 1 624 obus qui sont tirĂ©s par la tourelle[24], le seul organe de l'ouvrage qui participe aux combats. En rĂ©compense, l'ouvrage reçoit environ 3 000 obus italiens, notamment sur les blocs 1, 3, 4, 5 et 6 ; un coup tombe sur la toiture de la tourelle de 75 mm (en position Ă©clipsĂ©e), Ă©caillant la peinture[25].

Occupation et libération

L'ouvrage est évacué par son équipage le , emportant avec lui un maximum de matériel[23], car toute la partie alpine de la ligne Maginot se trouvant intégralement dans la zone démilitarisée en avant de la petite zone d'occupation italienne. En , l'occupation italienne s'étend jusqu'au Rhône (invasion de la zone libre), puis le les troupes allemandes remplacent celles italiennes (conséquence de l'armistice de Cassibile).

Après le dĂ©barquement de Provence en , des combats ont lieu en septembre plus au sud, notamment autour de l'ouvrage de Castillon. Sospel est Ă©vacuĂ©e par les troupes allemandes dans la nuit du 27 au , remplacĂ©s par les AmĂ©ricains Ă  partir du 29[26]. Pour accĂ©der plus facilement Ă  l'ouvrage, les troupes amĂ©ricaines firent sauter la cloche GFM du bloc 8[11]. La tourelle de 75 mm, remise en Ă©tat par les troupes françaises, effectua de nouveau des tirs lors de la reconquĂŞte du massif de l'Authion.

Pendant la guerre froide, l'ouvrage est entretenu et la cloche décapitée du bloc 8 bétonnée.

État actuel

L'ouvrage, Ă©tant abandonnĂ©, fut pillĂ© et les câbles Ă©lectriques brĂ»lĂ©s par les pilleurs pour rĂ©cupĂ©rer le cuivre. L'ouvrage a aussi servi pour rĂ©cupĂ©rer du matĂ©riel pour les associations qui entretiennent les autres ouvrages de la rĂ©gion : par exemple, pour les deux tubes de 75 mm modèle 1929 du bloc 3, le premier est au musĂ©e de Fermont et le second dans le bloc 3 du Barbonnet.

En , l'association SOCCA a commencé des travaux de restauration pour sauvegarder l'ouvrage[27].

Notes et références

  1. Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 374.
  2. La SMIM, SociĂ©tĂ© des moteurs pour l'industrie et la marine, est basĂ©e Ă  Paris, construisant des moteurs sous licence Körting. Les SMIM 6 SR 19 ont six cylindres Ă  quatre temps, chacun avec 7 000 cm3 de cylindrĂ©e (alĂ©sage de 190 mm, pour 260 mm de course).
  3. Le nom du petit moteur Diesel CLM 1 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installĂ©e Ă  Fives-Lille), au nombre de cylindres (un seul fonctionnant en deux temps, mais avec deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriquĂ© sous licence Junkers ») et Ă  son alĂ©sage (65 mm de diamètre, soit 700 cm3 de cylindrĂ©e).
  4. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  5. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  6. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  7. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  8. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  9. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  10. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 57.
  11. « MONTE GROSSO - MG - E02 », sur http://wikimaginot.eu/.
  12. Pour une conversion d'une somme en anciens francs de 1936 en euros, cf. « Convertisseur franc-euro : pouvoir d'achat de l'euro et du franc », sur http://www.insee.fr/.
  13. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 29.
  14. Philippe Truttmann, « ouvrage mixte dit ouvrage du Monte Grosso », sur http://dossiersinventaire.regionpaca.fr/gertrude-diffusion.
  15. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 108.
  16. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 171.
  17. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 75 et 76.
  18. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 118.
  19. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 150.
  20. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 174.
  21. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 77.
  22. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 108.
  23. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 109.
  24. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 114.
  25. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 109 et 110.
  26. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 145.
  27. « Ouvrage du Monte Grosso association SOCCA », sur https://www.facebook.com/.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Lien externe

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.