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Ouvrage de Flaut

L'ouvrage de Flaut est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située sur la limite entre les communes de Belvédère et de La Bollène-Vésubie, dans le département des Alpes-Maritimes.

Ouvrage de Flaut
L'entrée de l'ouvrage.
L'entrée de l'ouvrage.

Type d'ouvrage Gros ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de la Tinée-Vésubie,
quartier Tournairet-VĂ©subie
Année de construction 1931-1935
RĂ©giment 94e BAF et 167e RAP
Nombre de blocs 5
Type d'entrée(s) Entrée mixte
Effectifs 296 hommes et 7 officiers
CoordonnĂ©es 44° 00′ 10,94″ nord, 7° 19′ 51,35″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes-Maritimes

Il s'agit d'un ouvrage d'artillerie, interdisant avec son voisin l'ouvrage de Gordolon l'accès des vallées de la Vésubie et de la Gordolasque.

Description

L'ouvrage est construit sur le contrefort occidental du mont PĂ©la (qui culmine Ă  1 465 mètres d'altitude) dominant la vallĂ©e de la VĂ©subie. Juste au-dessus du hameau de Flaut se trouvent les blocs 4 et 5 de part et d'autre d'un premier sommet Ă  867 mètres d'altitude ; les blocs 1 et 2 sont sur le versant mĂ©ridional, Ă  respectivement environ 840 et 865 mètres ; le bloc 3 est sur le versant septentrional Ă  environ 900 mètres.

Souterrains

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui de Flaut est conçu pour rĂ©sister Ă  un bombardement d'obus de très gros calibre. Les organes de soutien sont donc amĂ©nagĂ©s en souterrain, creusĂ©s au minimum sous douze mètres de roche (au Monte-Grosso, la profondeur atteint les 70 mètres), tandis que les organes de combat, dispersĂ©s en surface sous forme de blocs, sont protĂ©gĂ©s par d'Ă©pais cuirassements en acier et des couches de bĂ©ton armĂ©.

La caserne de temps de guerre, la salle des filtres Ă  air, les PC, le central tĂ©lĂ©phonique, les magasins Ă  munitions, le centre de secours, les rĂ©servoirs d'eau, de gazole et de nourriture sont tous en souterrain, reliĂ©s entre eux par une galerie Ă©quipĂ©e d'une voie ferrĂ©e Ă©troite de 60 cm oĂą roulent des wagonnets poussĂ©s Ă  bras (les caisses d'obus font de 80 Ă  105 kg). L'entrĂ©e est de plain-pied, tandis que l'accès aux blocs de combat se fait par des puits (avec escaliers et monte-charge).

L'Ă©lectricitĂ© Ă©tait produite par trois groupes Ă©lectrogènes, composĂ©s chacun d'un moteur Diesel SMIM 6 SR 19 (six cylindres, fournissant 150 ch Ă  600 tr/min)[1] couplĂ© Ă  un alternateur, complĂ©tĂ©s par un petit groupe auxiliaire (un moteur CLM 1 PJ 65, de 8 ch Ă  1 000 tr/min)[2] servant Ă  l'Ă©clairage d'urgence de l'usine et au dĂ©marrage pneumatique des gros diesels. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau.

Blocs

En surface, les cinq blocs sont dispersĂ©s pour rĂ©duire leur vulnĂ©rabilitĂ© aux bombardements. Chaque bloc de combat dispose d'une certaine autonomie, avec ses propres magasins Ă  munitions (le M 3 Ă  cĂ´tĂ© de la chambre de tir et le M 2 en bas du bloc), sa salle de repos, ses PC, ainsi que son système de ventilation et de filtration de l'air. toute la zone autour des blocs est battue par les fusils mitrailleurs installĂ©s dans les diffĂ©rents crĂ©neaux et cloches, se soutenant mutuellement. L'accès Ă  chaque façade est bloquĂ© par un fossĂ© diamant, qui sert aussi Ă  recevoir les dĂ©bris de bĂ©ton lors des bombardements. Étant donnĂ© que les positions de mise en batterie pour de l'artillerie lourde sont rares en montagne, le niveau de protection est moins important que dans le Nord-Est (les ouvrages construits en Alsace, en Lorraine et dans le Nord). Dans le Sud-Est (les Alpes), les dalles des blocs font 2,5 mètres d'Ă©paisseur (thĂ©oriquement Ă  l'Ă©preuve de deux coups d'obus de 300 mm), les murs exposĂ©s 2,75 m, les autres murs, les radiers et les planchers un mètre. L'intĂ©rieur des dalles et murs exposĂ©s est en plus recouvert de mm de tĂ´le pour protĂ©ger le personnel de la formation de mĂ©nisque (projection de bĂ©ton Ă  l'intĂ©rieur, aussi dangereux qu'un obus).

Le bloc 1 sert d'entrĂ©e mixte Ă  l'ouvrage, regroupant l'entrĂ©e du matĂ©riel, qui se fait par un pont-levis ajourĂ© (par lequel peut entrer un petit camion) et l'entrĂ©e du personnel, par une porte blindĂ©e. Le bloc est en plus Ă©quipĂ© d'un crĂ©neau pour jumelage de mitrailleuses (avec un canon antichar de 25 mm, mais cette arme mixte n'a pas Ă©tĂ© installĂ©e) dans l'axe de la route d'accès, ainsi que deux crĂ©neaux pour fusil mitrailleur (FM), une cloche GFM (GFM : « guetteur et fusil mitrailleur ») et une cloche lance-grenades.

Le bloc 2 est Ă©quipĂ© de deux crĂ©neaux pour mortier de 81 mm (avec une cadence de tir de 12 Ă  15 coups par minute Ă  une portĂ©e maximale de 3 600 m) tirant vers le nord-ouest alors que le bloc est Ă  contre-pente, ainsi que d'une cloche GFM.

Le bloc 3 est une casemate d'artillerie d'action frontale tirant vers le nord-ouest, avec deux crĂ©neaux pour canon-obusier de 75 mm modèle 1933 (12 Ă  13 coups par minute Ă  une portĂ©e de 12 km), chacun protĂ©gĂ© par une plaque de 200 mm de blindage avec orifice obturĂ© par deux petits volets, deux cloches pour jumelage de mitrailleuses, deux cloches GFM et une cloche observatoire VDP (VDP : « vision directe et pĂ©riscopique », indicatif O 76). Une issue de secours se trouve dans le fossĂ© diamant, avec un crĂ©neau FM de dĂ©fense des abords. Le bloc 3 est remarquable car il possède cinq cloches blindĂ©es et deux prises d'air, prĂ©sentant ainsi les diffĂ©rents modèles utilisĂ©s sur les ouvrages Maginot.

Le bloc 4 est une casemate tirant vers le nord-est, avec deux crĂ©neaux pour mortier de 81 mm, un crĂ©neau pour jumelage de mitrailleuses et une cloche JM. Sa dĂ©fense rapprochĂ©e est assurĂ©e par deux crĂ©neaux pour FM en façade et une cloche GFM. Une issue de secours se trouve au fond du fossĂ©.

Le bloc 5 est une petite casemate d'infanterie, avec un créneau pour jumelage de mitrailleuses tirant vers l'ouest, une cloche GFM et une cloche VDP (indicatif O 77). La façade est défendu par un créneau FM, auquel se rajoute un créneau optique pour communiquer avec l'ouvrage de Gordolon[3].

Les mitrailleuses et fusils mitrailleurs de l'ouvrage Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[4]. Les mitrailleuses Ă©taient des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15° en casemate et Ă  17° dans une cloche GFM), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[5]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[6], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[7]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac. Les fusils mitrailleurs (FM) Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[8]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 14 000 par cloche GFM, 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte ou de dĂ©fense intĂ©rieure[5]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute pour Ă©conomiser les munitions Ă©tant limitĂ© dans les ouvrages[9] - [10].

Histoire

Le premier projet du Ă©tait de construire un ouvrage avec seulement deux blocs, soit une entrĂ©e et une puissante casemate : celle-ci devait ĂŞtre Ă©quipĂ©e avec deux canons-obusiers de 75 mm, deux mortiers de 75, huit mitrailleuses et deux observatoires, le tout sous crĂ©neaux, surmontĂ© par deux cloches GFM. Face au refus de la Commission d'organisation des rĂ©gions fortifiĂ©es (CORF), les projets suivant morcèlent l'armement en plusieurs blocs.

Le bloc 6 n'a pas Ă©tĂ© construit, faute de crĂ©dit (report en second cycle) ; il devait comporter une tourelle pour deux canons de 75 mm. Sa position aurait Ă©tĂ© soit Ă  cĂ´tĂ© du bloc 3, soit du bloc 4. L'ouvrage a Ă©tĂ© construit par l'entreprise Borie, de Ă  , pour un coĂ»t total de 23,5 millions de francs[11] (valeur de )[12].

Il s'opposa en à l'avance des troupes alpines du 3e corps d'armée italien[13].

Notes et références

  1. La SMIM, SociĂ©tĂ© des moteurs pour l'industrie et la marine, est basĂ©e Ă  Paris, construisant des moteurs sous licence Körting. Les SMIM 6 SR 19 ont six cylindres Ă  quatre temps, chacun avec 7 000 cm3 de cylindrĂ©e (alĂ©sage de 190 mm, pour 260 mm de course).
  2. Le nom du petit moteur Diesel CLM 1 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installĂ©e Ă  Fives-Lille), au nombre de cylindres (un seul fonctionnant en deux temps, mais avec deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriquĂ© sous licence Junkers ») et Ă  son alĂ©sage (65 mm de diamètre, soit 700 cm3 de cylindrĂ©e).
  3. « FLAUT ( Ouvrage d'artillerie ) », sur http://wikimaginot.eu/.
  4. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  5. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  6. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  7. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  8. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  9. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  10. Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 374.
  11. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 29.
  12. Pour une conversion d'une somme en anciens francs de 1936 en euros, cf. « Convertisseur franc-euro : pouvoir d'achat de l'euro et du franc », sur http://www.insee.fr/.
  13. (fr) Jean Puelinckx, « Description sur le site de fortiff.be », fortiff.be, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Liens externes

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