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Jumelage de mitrailleuses Reibel

Le jumelage de mitrailleuses (souvent abrégé en JM) est une arme composée de deux mitrailleuses montées ensemble sur le même axe de tir (jumelées). Il s'agit d'une arme adaptée aux fortifications car capable de tirer en continu sur une longue durée. Ce système fut utilisé en France pour servir d'arme principale à la ligne Maginot.

Jumelage de mitrailleuses monté sur un créneau (ouvrage de l'Immerhof).
Tourelle de mitrailleuses en batterie (bloc 1 du gros ouvrage du Hackenberg).

Historique

La ligne Maginot est avant tout une ligne de casemates assurant une ligne de feu continue avec des mitrailleuses le long d'une double ligne de barbelĂ©s et de rails enterrĂ©s, le tout couvert par des tirs d'artillerie. Le dĂ©but de la construction des ouvrages de la ligne Ă  partir de 1928 a donc entraĂ®nĂ© le dĂ©veloppement d'un nouveau modèle de mitrailleuse, bĂ©nĂ©ficiant des avancĂ©es technologiques dans le domaine de la mĂ©canique des armes Ă  feu (reprenant le système de fonctionnement par emprunt de gaz) et les Ă©tudes menĂ©es pour la nouvelle munition de 7,5 mm (celle du FM 24/29).

Le résultat fut adopté le sous le nom de mitrailleuse MAC 31 (Manufacture d'armes de Châtellerault modèle 1931), surnommée « mitrailleuse Reibel » du nom du colonel Reibel directeur de la MAC. Les premiers essais de tir sont faits le à la casemate du Bois-de-Kanfen-Est (numéro C 43, dans le secteur fortifié de Thionville)[1]. La ligne Maginot est équipée avec plusieurs centaines de ces jumelages.

Après la campagne de France de 1940, les forces d'occupation allemandes firent démonter plusieurs de ces jumelages pour les stocker ou les installer sur le Mur de l'Atlantique.

Un peloton de jeep blindées utilisa des jumelages de ces mitrailleuses, plus rarement en solo au sein de la Légion étrangère en Indochine durant le conflit pour les escortes de convois de ravitaillement et ouvertures de route sur les RC (routes coloniales).

Versions

Intérieur d'une casemate, avec le jumelage de mitrailleuses en position et le canon antichar en équilibre sur le rail (ouvrage de Schœnenbourg).

Les mitrailleuses sont montées sur des modèles de trémies[2] couvrant les canons des mitrailleuses presque jusqu'à leur extrémité. Selon la position de la mitrailleuse dans le jumelage, elle a sa fenêtre d'alimentation à droite ou à gauche. La majorité des jumelages installés dans des casemates sont montés avec un canon antichar sur le même créneau, dit alors créneau mixte JM/AC, les deux armes étant permutables entre elles.

La MAC 31 de forteresse (d'autres versions existent pour les chars de combat et pour l'infanterie) est livrée en trois versions, la MAC 31 F, la MAC 31 T et la MAC 31 TM. Le modèle F (« fortification ») est un jumelage avec une poignée par mitrailleuse, un carter de ventilation et un collecteur d'évacuation des douilles. Les modèles T (« tourelle ») et TM (« tourelle mixte ») n'ont pas de poignée ni de crosse, un câble servant de détente[3].

La MAC 31 F a été montée sous casemate ainsi que sous cloche (modèles JM et AM), la MAC 31 T servait sur la tourelle modèle pour mitrailleuses 1935, tandis que la MAC 31 TM était montée sur les tourelles modèle pour AM et modèle pour AM et mortier[4].

  • Les trois emplacements possibles pour un jumelage de mitrailleuses
  • Jumelage sous casemate (bloc 7 de SchĹ“nenbourg).
    Jumelage sous casemate (bloc 7 de Schœnenbourg).
  • Jumelage sous cloche.
    Jumelage sous cloche.
  • Jumelage sous tourelle.
    Jumelage sous tourelle.

Chaque jumelage est livré avec quatre tubes de rechange et deux cylindres à gaz de rechange.

Caractéristiques

vue écorchée d'une cloche JM (musée de Fermont).

Le jumelage est basĂ© sur le principe du tir par alternance des tubes, permettant ainsi Ă  une des deux mitrailleuses de se refroidir, simplement par air, mais aussi par eau injectĂ©e en cas d'urgence (pulvĂ©risateur Vermorel par buse dans le canon). Le tir ne se fait que par rafales, il n'y a pas de sĂ©lecteur[5]. Les cadences de tir prĂ©vues sont dits de harcèlement (lent : 50 coups par minute, soit un tiers de chargeur) d'interdiction (normal : 150 cp/min, soit un chargeur) ou de barrage (accĂ©lĂ©rĂ© : 450 cp/min, soit trois chargeurs). En cas de besoin, il est prĂ©vu un tir rapide (tir accĂ©lĂ©rĂ© avec les deux mitrailleuses Ă  la fois, mais très court avec un demi-chargeur chacune)[3].

Ces cadences de tir assez faibles sont prĂ©vues pour limiter l'usure des tubes : leur espĂ©rance de vie, thĂ©oriquement un maximum de 15 000 coups (usure des rayures et dĂ©formation par la chaleur)[6], Ă©tant augmentĂ©e grâce au principe du tir alternĂ© et grâce au système de refroidissement par eau. La dotation en stock Ă©tait de 40 000 coups par jumelage pour une casemate d'intervalle[7], de 140 000 par jumelage sous cloche ou crĂ©neau dans un ouvrage et de 200 000 par tourelle de mitrailleuses[8].

  • Calibre : 7,5 mm modèle 1929 ;
  • longueur totale : 105 cm ;
  • longueur du canon : 60 cm ;
  • Masse sans chargeur : 10,7 kg (F), 10,3 (TM) ou 10,4 (T) ;
  • Masse avec chargeur : 18,47 kg (F), 18,07 (TM) ou 18,17 (T) ;
  • PortĂ©e pratique : 1 200 m
  • PortĂ©e maximale : 4 900 m (hausse Ă©tablie jusqu'Ă  2 400 m)[1] ;
  • Cadence de tir maximale : 750 coups par minute ;
  • Alimentation : chargeur-camembert de 150 cartouches[9].

La munition est la mĂŞme que celle des fusils-mitrailleurs 24/29 D servant Ă  la dĂ©fense rapprochĂ©e : la 7,5 mm (x 54) modèle 1929, avec cinq types :

  • la 1929 D Ă  balle lourde (vitesse de 694 m/s), portant plus loin ;
  • la 1929 C Ă  balle lĂ©gère (vitesse de 840 m/s) ;
  • la 1929 P Ă  balle perforante, contre les vĂ©hicules ;
  • la 1929 T Ă  balle traceuse ;
  • la 1929 TP Ă  balle traceuse perforante[3].

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Philippe Truttmann (ill. FrĂ©dĂ©ric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'Ă©volution des systèmes fortifiĂ©s d'Europe occidentale de 1880 Ă  1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (rĂ©impr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X).
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 1, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2), (rĂ©impr. 2001 et 2005), 182 p. (ISBN 2-908182-88-2).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 3 : Le destin tragique de la ligne Maginot, Paris, Histoire et collections, , 246 p. (ISBN 2-913903-88-6).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Articles connexes

Liens externes

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