Accueil🇫🇷Chercher

Ouvrage de Gordolon

L'ouvrage de Gordolon est une fortification faisant partie de la ligne Maginot, située sur la commune de Roquebillière, dans le département des Alpes-Maritimes.

Ouvrage de Gordolon
Type d'ouvrage Petit ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur de la Tinée-Vésubie,
quartier Tournairet-VĂ©subie
Année de construction 1931-1935
RĂ©giment 94e BAF et 167e RAP
Nombre de blocs 3
Type d'entrée(s) Entrée mixte
Effectifs 246 hommes et 5 officiers
CoordonnĂ©es 43° 59′ 42,66″ nord, 7° 18′ 39,26″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes-Maritimes

Il s'agit d'un petit ouvrage d'artillerie qui avait pour but d'interdire la vallée de la Vésubie et de contrôler le débouché du vallon de la Gordolasque avec l'ouvrage de Flaut.

Description

Position sur la ligne

L'ouvrage faisait partie de ligne principale de défense.

Souterrains

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui de Gordolon est conçu pour résister à un bombardement d'obus de gros calibre. Les organes de soutien sont donc aménagés en souterrain, creusés sous plusieurs mètres de roche, tandis que les organes de combat, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé.

Le casernement de temps de guerre (un bout de galerie amĂ©nagĂ© en dortoir), le système de ventilation, le PC, le central tĂ©lĂ©phonique, la cuisine, le poste de secours, les rĂ©serves d'eau, de nourriture, de gazole et de munitions sont tous en souterrain, reliĂ©s entre eux par une galerie voĂ»tĂ©e. L'ouvrage disposait d'une petite usine produisant de l'Ă©lectricitĂ©, avec trois groupes Ă©lectrogènes (un seul suffisait en rĂ©gime normal)[1], composĂ©s chacun d'un moteur Diesel SMIM 4 SR 19 (quatre cylindres, fournissant une puissance de 100 ch[2] Ă  600 tr/min)[3] couplĂ© Ă  un alternateur, complĂ©tĂ©s par un petit groupe auxiliaire (un moteur CLM 1 PJ 65, de 8 ch Ă  1 000 tr/min)[4] servant Ă  l'Ă©clairage d'urgence de l'usine et au dĂ©marrage pneumatique des gros moteurs.

Blocs

L'ouvrage a en surface un bloc d'entrée et deux blocs de combat.

Le bloc 1 est un bloc d'entrĂ©e mixte, une entrĂ©e typique des Alpes oĂą l'entrĂ©e des hommes et celle du matĂ©riel sont regroupĂ©es au mĂŞme endroit. L'entrĂ©e Ă©tait dĂ©fendu par un crĂ©neau pour fusil mitrailleur et une cloche GFM (pour « guetteur et fusil mitrailleur », armĂ©e en plus avec un mortier de 50 mm).

Le bloc 2 avait comme Ă©quipement principal un crĂ©neau pour jumelage de mitrailleuses ou canon antichar de 47 mm (les deux Ă©tant permutables), un crĂ©neau pour FM de dĂ©fense vers le vallon en arrière de l'ouvrage, ainsi que dans le fossĂ© diamant deux crĂ©neaux pour mortier de 81 mm modèle 1932. S'y rajoutent sur la dalle une cloche GFM, une cloche JM et une cloche LG. Il y a un sortie de secours au fond du fossĂ©.

Le bloc 3 est lui aussi une casemate, avec deux mortiers de 81 mm, deux mortiers de 75 mm modèle 1931, il avait aussi trois crĂ©neaux pour FM pour la dĂ©fense de façade, ainsi que sur la dalle-de-ciel il y a une cloche GFM, deux cloches JM et une cloche observatoire VDP[5]. Tout comme le bloc 2 il a une sortie de secours dans le fossĂ©.

Armement

Les mitrailleuses et fusils mitrailleurs de l'ouvrage Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[6].

Les mitrailleuses Ă©taient des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en Ă©lĂ©vation Ă  15° en casemate et Ă  17° dans une cloche GFM), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[7]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[8], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[9]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac.

Les fusils mitrailleurs (FM) Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[10]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 14 000 par cloche GFM, 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte ou de dĂ©fense intĂ©rieure[7]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute[11] - [12].

Histoire

La construction de l'ouvrage a coûté un total de 21,4 millions de francs[13] (valeur de )[14].

Il joua grand rôle lors des combats de juin 1940 lors de la défense pour stopper l'offensive italienne dans la vallée de la Vésubie.

État actuel

En 2000, il est ouvert à tout vent et le pillage commença. En 2011, il fut repris par une association qui se charge de sa sauvegarde.

Notes et références

  1. « L'ouvrage de Gordolon - usine », sur http://www.alsacemaginot.com/.
  2. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 67.
  3. La SMIM, SociĂ©tĂ© des moteurs pour l'industrie et la marine, est basĂ©e Ă  Paris, construisant des moteurs sous licence Körting. Les SMIM 4 SR 19 ont quatre cylindres, chacun avec 7 000 cm3 de cylindrĂ©e (alĂ©sage de 190 mm, pour 260 mm de course).
  4. Le nom du petit moteur Diesel CLM 1 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installĂ©e Ă  Fives-Lille), au nombre de cylindre (un seul fonctionnant en deux temps, mais avec deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriquĂ© sous licence Junkers ») et Ă  son alĂ©sage (65 mm de diamètre, soit 700 cm3 de cylindrĂ©e).
  5. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 50.
  6. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  7. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  8. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  9. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  10. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  11. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  12. Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 374.
  13. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 29.
  14. Pour une conversion d'une somme en anciens francs de 1936 en euros, cf. « Convertisseur franc-euro : pouvoir d'achat de l'euro et du franc », sur http://www.insee.fr/.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.