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Ouvrage du Cap-Martin

L'ouvrage du Cap-Martin[2], appelé aussi ouvrage de Cap-Martin[3], est une fortification faisant partie de la ligne Maginot alpine, située sur la commune de Roquebrune-Cap-Martin, dans le département des Alpes-Maritimes.

Ouvrage du Cap-Martin
La Cloche GFM du bloc 1.
La Cloche GFM du bloc 1.

Type d'ouvrage Gros ouvrage d'artillerie
Secteur
└─ sous-secteur
secteur fortifié des Alpes-Maritimes
└─ sous-secteur des Corniches,
quartier Menton
Numéro d'ouvrage EO 15
Année de construction 1930-1933
RĂ©giment 96e BAF et 157e RAP
Nombre de blocs 3
Type d'entrée(s) Entrée mixte
Effectifs 353 hommes et 7 officiers
CoordonnĂ©es 43° 45′ 23,59″ nord, 7° 28′ 48,88″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France

Il s'agit du dernier ouvrage à l'extrémité sud de la ligne, avec la mer Méditerranée en contrebas. Le site fortifié du cap Martin protégeait le reste du territoire français d'une invasion italienne passant par la route littorale et la ville de Menton, en croisant ses tirs avec ceux de l'ouvrage de Roquebrune.

Lors des combats de , l'ouvrage tira sur Menton, interdisant le passage aux troupes italiennes, mais fut lui-même largement bombardé.

Description

L'ouvrage a Ă©tĂ© construit dans la partie mĂ©ridionale de la commune de Roquebrune-Cap-Martin, Ă  environ 27 mètres d'altitude, sur le versant oriental du cap Martin dont la crĂŞte atteint 74 mètres juste au sud-sud-ouest de l'ouvrage. Cette position Ă  mi-pente lui offre des vues sur la baie, le quartier de Carnolès et l'agglomĂ©ration de Menton, mais l'expose aux tirs d'artillerie venant de l'est.

Position sur la ligne

L'ouvrage avait pour but de défendre le territoire français contre l'armée italienne, débouchant de Menton. La partie la plus méridionale de la ligne Maginot, le secteur fortifié des Alpes-Maritimes, était subdivisée en cinq sous-secteurs : Cap-Martin se trouve dans celui le plus au sud, le « sous-secteur des Corniches », qui comprenait deux lignes successives de fortifications dont la plus puissante est appelée la « ligne principale de résistance ».

Dans le sous-secteur des Corniches, elle se situe en retrait Ă  cinq kilomètres de la frontière franco-italienne, le long des hauteurs bordant Ă  l'ouest de la vallĂ©e du CareĂŻ, avec un succession d'ouvrages bĂ©tonnĂ©s, s'appuyant mutuellement avec des mitrailleuses et de l'artillerie sous casemates : les ouvrages du Col-des-Banquettes (EO 7), de Castillon (EO 8), de Sainte-Agnès (EO 9), du Col-de-Garde (EO 10), du Mont-Agel (EO 11), de Roquebrune (EO 13), de la Croupe-du-RĂ©servoir (EO 14) et de Cap-Martin (EO 15). Ce dernier croise ses feux d'artillerie et d'infanterie avec l'ouvrage de Roquebrune Ă  1 800 m au nord-ouest, le tout renforcĂ© par plusieurs blockhaus d'infanterie dans le quartier du cap Martin.

En avant de cette ligne principale, une seconde ligne a Ă©tĂ© construite pour donner l'alerte, retarder au maximum une attaque brusquĂ©e et couvrir un peu les trois communes se trouvant Ă  l'est des ouvrages (du nord au sud Castillon, Castellar et Menton). Cette ligne est composĂ©e d'« avant-postes », qui sont beaucoup plus petits (et beaucoup moins cher) que les ouvrages de la ligne principale ; sur les 29 avant-postes alpins (AP), sept ont Ă©tĂ© construits dans le sous-secteur des Corniches. Six de ces avant-postes barrent les diffĂ©rents chemins descendant de la ligne de crĂŞtes marquant la frontière : du nord au sud l'AP de la Baisse-de-Scuvion (Ă  1 154 m d'altitude, sous le mont Roulabre), l'AP de Pierre-Pointue (Ă  1 156 m), l'AP de Fascia-Founda (dans la Baisse de FaĂŻche-Fonda, Ă  environ 1 000 m d'altitude), l'AP de la PĂ©na (sur le rocher de la Penna, Ă  727 m), l'AP de La Colletta (sur le chemin de l'OrmĂ©a, Ă  466 m), l'AP du Collet-du-Pillon (sur le chemin des Granges de Saint-Paul, Ă  400 m, aujourd'hui sous les remblais d'un terrain de sport) et l'AP de Pont-Saint-Louis (barrant la route littorale).

Souterrains

La cloche VDP du bloc 2.

Comme tous les autres ouvrages de la ligne Maginot, celui de Cap-Martin est conçu pour résister à un bombardement d'obus de très gros calibre. Les organes de soutien sont donc aménagés en souterrains, creusés au minimum sous douze mètres de roche, tandis que les organes de combat, dispersés en surface sous forme de blocs, sont protégés par d'épais cuirassements en acier et des couches de béton armé.

La caserne de temps de guerre, la salle des filtres à air, les PC, le central téléphonique, le poste de secours, la cuisine, les latrines, les magasins à munitions, les réservoirs d'eau, de gazole et de nourriture sont tous en souterrain, reliés entre eux par des galeries.

L'ouvrage Ă©tait approvisionnĂ© en Ă©lectricitĂ© (du 310 volts alternatif, nĂ©cessaire Ă  l'Ă©clairage, Ă  la ventilation et aux monte-charges) par le rĂ©seau civil, mais en cas de coupure le relais Ă©tait pris par deux groupes Ă©lectrogènes (trois furent prĂ©vus, mais seulement deux furent livrĂ©s), chacun composĂ© d'un moteurs Diesel Renault quatre cylindres de 77 ch couplĂ© Ă  un alternateur, complĂ©tĂ©s par un petit groupe auxiliaire (un moteur CLM 1 PJ 65[n 1], de 8 ch) servant Ă  l'Ă©clairage d'urgence et au dĂ©marrage pneumatique des gros moteurs, le tout installĂ© dans l'usine souterraine de l'ouvrage. Le refroidissement des moteurs se fait par circulation d'eau. Pour les alimenter, l'usine avait quatre citernes de gazole (soit une rĂ©serve totale de 37 500 litres, de quoi tenir de deux Ă  trois mois sans ravitaillement), deux bacs d'huile (total de 2 000 litres) et trois citernes d'eau de refroidissement (soit 48 500 litres). S'y rajoutent les quatre citernes d'eau potable (de 25 000 litres chacune)[4].

Blocs

En surface, trois blocs s'alignent sur un axe presque nord-sud. Chaque bloc de combat dispose d'une certaine autonomie, avec ses propres magasins Ă  munitions (le M 3 Ă  cĂ´tĂ© de la chambre de tir et le M 2 en bas du bloc), sa salle de repos, son PC, ainsi que son système de ventilation et de filtration de l'air. L'ensemble des blocs est ceinturĂ© par un rĂ©seau de fils de fer barbelĂ©s, toute la zone est battue par les fusils mitrailleurs installĂ©s dans les diffĂ©rents crĂ©neaux et cloches, se soutenant mutuellement. L'accès Ă  chaque façade est bloquĂ© par un fossĂ© diamant, qui sert aussi Ă  recevoir les dĂ©bris de bĂ©ton lors des bombardements. Étant donnĂ© que les positions de mise en batterie pour de l'artillerie lourde sont rares, le niveau de protection est moins important que dans le Nord-Est (les ouvrages construits en Alsace, en Lorraine et dans le Nord). Dans le Sud-Est, les dalles des blocs font 2,5 mètres d'Ă©paisseur (thĂ©oriquement Ă  l'Ă©preuve de deux coups d'obus de 300 mm), les murs exposĂ©s 2,75 m, les autres murs, les radiers et les planchers un mètre. L'intĂ©rieur des dalles et murs exposĂ©s est en plus recouvert de mm de tĂ´le pour protĂ©ger le personnel de la formation de mĂ©nisque (projection de bĂ©ton Ă  l'intĂ©rieur, aussi dangereux qu'un obus).

Le bloc 1 Ă  l'extrĂ©mitĂ© sud sert d'entrĂ©e mixte Ă  l'ouvrage, regroupant l'entrĂ©e du matĂ©riel, qui se fait par un pont-levis ajourĂ© (par lequel peut entrer un petit camion) et l'entrĂ©e du personnel, par une porte blindĂ©e. L'accès se fait par un tronçon de route en tranchĂ©e. Ce bloc a la particularitĂ© d'ĂŞtre en puits (et non de plain-pied comme les autres ouvrages alpins) et de servir en mĂŞme temps de casemate d'artillerie pour deux mortiers de 81 mm modèle 1932 (cadence de 12 Ă  15 coups par minute Ă  une portĂ©e maximale de 3 600 m). Sa dĂ©fense rapprochĂ©e est assurĂ©e par un crĂ©neau pour fusil mitrailleur, deux cloches GFM (pour guetteur ou fusil mitrailleur) et une cloche LG (lance-grenades). Les fusils mitrailleurs Ă©taient chacun protĂ©gĂ© par une trĂ©mie blindĂ©e et Ă©tanche (pour la protection contre les gaz de combat). Ils tirent la mĂŞme cartouche de 7,5 mm Ă  balle lourde (modèle 1933 D de 12,35 g au lieu de g pour la modèle 1929 C)[5]. Ces FM Ă©taient des MAC modèle 1924/1929 D, dont la portĂ©e maximale est de 3 000 mètres, avec une portĂ©e pratique de l'ordre de 600 mètres[6]. L'alimentation du FM se fait par chargeurs droits de 25 cartouches, avec un stock de 14 000 par cloche GFM, 7 000 par FM de casemate et 1 000 pour un FM de porte ou de dĂ©fense intĂ©rieure[4]. La cadence de tir maximale est de 500 coups par minute, mais elle est normalement de 200 Ă  140 coups par minute[7] - [8].

Le bloc 2 au milieu est une casemate d'artillerie servant de « bloc de barrage » car prĂ©vu pour du tir frontal vers Menton. Il est Ă©quipĂ© d'un crĂ©neau pour canon-obusier de 75 mm modèle 1929 (le tube de 2,2 m de long dĂ©passe du cuirassement ; portĂ©e maximale thĂ©orique de 12 km Ă  la cadence de 12 Ă  13 coups par minute), trois crĂ©neaux chacun pour un jumelage de mitrailleuses (l'un devait ĂŞtre sous forme d'arme mixte avec un canon antichar de 25 mm, mais ne fut pas livrĂ© ; un autre JM assure le flanquement vers l'ouvrage de Roquebrune) et une cloche observatoire VDP (« vue directe et pĂ©riscopique », couvrant Menton et la corniche italienne, indicatif O 1). La visière en bĂ©ton limitait l'angle de pointage du canon, pour empĂŞcher les tirs sur le territoire italien ; sa rĂ©paration au dĂ©but de la guerre froide a fait disparaĂ®tre cette particularitĂ©. Les mitrailleuses Ă©taient des MAC modèle 1931 F, montĂ©es en jumelage (JM) pour pouvoir tirer alternativement, permettant le refroidissement des tubes. La portĂ©e maximale avec cette balle (Vo = 694 m/s) est thĂ©oriquement de 4 900 mètres (sous un angle de 45°, mais la trĂ©mie limite le pointage en hausse Ă  15° en casemate), la hausse est graduĂ©e jusqu'Ă  2 400 mètres et la portĂ©e utile est plutĂ´t de 1 200 mètres. Les chargeurs circulaires pour cette mitrailleuse sont de 150 cartouches chacun, avec un stock de 50 000 cartouches pour chaque jumelage[4]. La cadence de tir thĂ©orique est de 750 coups par minute[9], mais elle est limitĂ©e Ă  450 (tir de barrage, avec trois chargeurs en une minute), 150 (tir de neutralisation et d'interdiction, un chargeur par minute) ou 50 coups par minute (tir de harcèlement, le tiers d'un chargeur)[10]. Le refroidissement des tubes est accĂ©lĂ©rĂ© par un pulvĂ©risateur Ă  eau ou par immersion dans un bac.

Le bloc 3 Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord est une casemate d'artillerie flanquant vers le nord, avec des crĂ©neaux pour deux canons-obusiers de 75 mm modèle 1929, deux mortiers de 81 mm, ainsi que deux cloches GFM. Ă€ la suite des destructions Ă  l'explosif en 1944 par les Allemands, car il Ă©tait orientĂ© vers le nord, le bĂ©ton est fissurĂ© et une cloche a basculĂ©.

Armement en toiture Armement en façade
Cloches GFM cloche VDP Cloche LG Jumelages de mitrailleuses Canons de 75 mm Mortiers de 81 mm
4 1 1 3 3 4

Histoire

Construction et Ă©quipage

En 1927, les discours de Benito Mussolini rĂ©clamant le rattachement de Nice, de la Savoie et de la Corse, ainsi que des incidents de frontière, ont pour consĂ©quences le retour des garnisons françaises dans les anciens forts de haute montagne, puis en 1928 le dĂ©but de la construction de nouvelles fortifications : la ligne Maginot. En prioritĂ© doivent ĂŞtre construits dans les Alpes deux couples d'ouvrages (avec un ouvrage sur une hauteur et l'autre en contrebas, se soutenant mutuellement) : d'une part l'Agaisen et Saint-Roch barrant la route descendant du col de Tende Ă  Sospel, d'autre part Roquebrune et Cap-Martin barrant la route du littoral. Ă€ l'origine, le projet d'ouvrage prĂ©vu au cap Martin comprenait deux tourelles, l'une pour deux canons de 75 mm, l'autre pour deux mortiers de 81 mm, mais elles furent remplacĂ©es sur les plans dès 1930 pour faire des Ă©conomies et stratĂ©giques par des tubes sous casemates en action frontale[11]. La construction est confiĂ©e Ă  l'entreprise Borie (qui se charge aussi des ouvrages de Sainte-Agnès, de Castillon, du Monte-Grosso, etc.) en . Le chantier commence dès la fin d' et se termine en , pour un coĂ»t total de 17 millions de francs (valeur de )[n 2], dont 1,6 million rien que pour le terrain[12] (bien plus cher sur la cĂ´te d'Azur qu'en montagne). Pour faire des Ă©conomies, les terrains avoisinants ne furent pas achetĂ©s, d'oĂą l'absence des rĂ©seaux barbelĂ©s[11].

La garnison de l'ouvrage (à l'époque on parle d'équipage) est interarmes, composée de fantassins, d'artilleurs et de sapeurs. En temps de paix, elle est fournie par des unités de la 15e région militaire : le , le 5e bataillon du 3e régiment d'infanterie alpine (le 3e RIA) est créé pour fournir les équipages du sous-secteur, avec garnison à Nice. En , le bataillon est renommé en 76e bataillon alpin de forteresse (le 76e BAF), dépendant de la 58e demi-brigade alpine de forteresse (la 58e DBAF), cette dernière ayant la charge de tous les ouvrages du secteur fortifié des Alpes-Maritimes[13]. Les artilleurs sont depuis avril 1935 ceux du Ier groupe du 157e régiment d'artillerie à pied (157e RAP), renommé en 157e régiment d'artillerie de position[14], tandis que les sapeurs sont issus des 7e (pour les électromécaniciens) et 28e (pour les télégraphistes) régiments du génie[15].

Lors de la mise sur pied de guerre d', l'application du plan de mobilisation fait gonfler les effectifs avec l'arrivée des réservistes (des frontaliers et des Niçois) et entraine le triplement des bataillons les 24 et : la 2e compagnie du 76e BAF donne naissance au 96e BAF, au sein de la 58e DBAF[16]. Ce 96e BAF a la charge du quartier Menton, c'est-à-dire les ouvrages de Roquebrune, de la Croupe-du-Réservoir et de Cap-Martin, ainsi que les avant-postes de Collet-du-Pilon et de Pont-Saint-Louis[17]. Les artilleurs sont désormais ceux de la 11e batterie du 157e RAP (créé autour des Ier et IVe groupes du 157e RAP)[18], tandis que les sapeurs sont regroupés depuis le dans le 215e bataillon du génie de forteresse (commun à tout le secteur)[19]. Pour l'ouvrage de Cap-Martin, l'équipage total est de 353 soldats et sous-officiers, encadrés par sept officiers.

Combats de 1940

Le Royaume d'Italie dĂ©clare la guerre Ă  la RĂ©publique française et au Royaume-Uni le . Le mauvais temps retarde l'attaque quelques jours ; les opĂ©rations commencent le , avec le franchissement des diffĂ©rents points de passage frontaliers. Le premier ouvrage Ă  ouvrir le feu est celui du Cap-Martin, dès 5 h 7, sur ordre du sous-secteur pour soutenir la ligne des avant-postes : le bloc 2 envoie une rafale de huit obus de 75 mm devant l'avant-poste de Pont-Saint-Louis[20]. Le littoral redevient calme.

Le Ă  8 h 15, l'avant-poste de Pont-Saint-Louis est attaquĂ©, car il bloque la route littorale par ses tirs. L'avant-poste prĂ©vient l'ouvrage du Cap-Martin, qui dĂ©clenche son tir d'arrĂŞt, les obus arrivant dès 8 h 16[21]. Toujours le , l'ouvrage est bombardĂ© de 9 h 30 Ă  11 h avec une centaine d'obus italiens. En dĂ©but d'après-midi, l'observatoire de Roquebrune aperçoit une batterie sur voie ferrĂ©e. Il s'agit d'un des trains blindĂ©s italiens (Treni armati della Regia Marina) dĂ©pendants de la marine italienne et basĂ©s Ă  La Spezia : ils tirent avec chacun quatre canons de 120 mm (it) Ă  partir de la ligne ferroviaire près du cap Mortola[22]. Le , l'ouvrage est de nouveau bombardĂ©, ce qui n'empĂŞche pas les tirs d'arrĂŞt en soutien de l'avant-poste. L'un des trains est de nouveau repĂ©rĂ© le au matin alors qu'il tire de nouveau sur Cap-Martin : l'artillerie de soutien française exĂ©cute un tir de contre-batterie Ă  9 h 20, mais rate de 50 m l'objectif qui se rĂ©fugie dans un des tunnels[23]. L'observatoire du Cap-Martin surveille dĂ©sormais la sortie du tunnel de la Mortola, en communication directe avec la tourelle de l'ouvrage du Mont-Agel. Ă€ 10 h 10, le train sort et les artilleurs sont prĂ©venus ; Ă  partir de 10 h 12, 144 obus de 75 mm tombent en quatre minutes, dĂ©truisant trois canons italiens et tuant une partie du personnel. Le , un autre train italien se fait arroser au mĂŞme endroit par une batterie de 155 mm[24].

Le , les troupes italiennes pĂ©nètrent dans Menton (la population civile a Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©e dès le ) en passant par les chemins de l'arrière-pays et la voie ferrĂ©e. Ă€ 17 h 50, l'artillerie du Cap-Martin (y compris les mortiers), Roquebrune, Mont-Agel et Sainte-Agnès tirent sur Menton. Vers 18 h, les observateurs (trompĂ©s par le brouillard et la pluie) signalent Ă  tort des Italiens s'approchant de la ligne de dĂ©fense : les jumelages de mitrailleuses du Cap-Martin et de Roquebrune dĂ©clenchent une feu croisĂ©, renforcĂ© par les tirs d'artillerie de tous les ouvrages et batteries Ă  portĂ©e[25] (y compris les trois batteries de 155 mm du IIe groupe du 157e RAP). Le 24, Cap-Martin continue de tirer sur les Italiens se trouvant dans Menton, jusqu'Ă  l'entrĂ©e en application de l'armistice entre l'Italie et la France le Ă  0 h 35.

Du 14 au , l'ouvrage a tirĂ© 893 obus de 75 mm et 1 095 obus de 81 mm[26]. L'ouvrage a Ă©tĂ© bombardĂ© pendant les cinq derniers jours, recevant environ 1 500 obus, avec un pic de densitĂ© le (300 obus en 45 minutes), ravageant les villas voisines. Le bloc 2 a plusieurs impacts, creusant un peu de bĂ©ton ; un obus a mĂŞme frappĂ© le tube du canon de 75 mm, sans dĂ©gât[27].

Occupation et libération

Vue du bloc 3 depuis le contrebas : on voit la cloche GFM soulevée par l'explosion de 1944.

La garnison française évacue l'ouvrage pendant les premiers jours de juillet, la partie alpine de la ligne Maginot se trouvant intégralement dans la zone démilitarisée en avant de la petite zone d'occupation italienne (Menton est occupée, quasi annexée). En , l'occupation italienne s'étend jusqu'au Rhône (invasion de la zone libre), puis le , les troupes allemandes remplacent celles italiennes (conséquence de l'armistice de Cassibile), jusqu'à l'arrivée des forces américaines le (après le débarquement de Provence). Les Allemands firent exploser les blocs 2 et 3 pour éviter qu'ils puissent leur tirer dessus.

Après-guerre, le bloc 2 fut reconstruit, mais pas le 3. L'armée a assuré l'entretien jusqu'aux années 1970 ; il fut abandonné et pillé jusqu'en 1998, jusqu'à ce que l'association AMICORF prenne en charge sa mise en valeur.

l'une des 2 cloches GFM du bloc 1 en 1989

État actuel

L'ouvrage est entretenu par l'association AMICORF[28] de Menton, fondée en 1994. Des visites sont organisées par l'AMICORF tous les weekends et le mercredi en été.

Notes et références

Notes

  1. Le nom du petit moteur Diesel CLM 1 PJ 65 correspond au fabricant (la Compagnie lilloise de moteurs, installĂ©e Ă  Fives-Lille), au nombre de cylindres (un seul fonctionnant en deux temps, mais avec deux pistons en opposition), au modèle (PJ pour « type Peugeot fabriquĂ© sous licence Junkers ») et Ă  son alĂ©sage (65 mm de diamètre, soit 700 cm3 de cylindrĂ©e).
  2. Pour une conversion d'une somme en anciens francs de 1936 en euros, cf. « Convertisseur franc-euro : pouvoir d'achat de l'euro et du franc », sur http://www.insee.fr/.

Références

  1. Amicorf, plan du génie http://wikimaginot.eu/_documents/2015/_wiki_docs/96-1437492811.pdf
  2. On dit « du » car il est basé sur le cap Martin et non sur le nom de la commune de Roquebrune-Cap-Martin[1].
  3. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 72-73.
  4. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 58.
  5. « Munitions utilisées dans la fortification », sur http://wikimaginot.eu/.
  6. « Armement d'infanterie des fortifications Maginot », sur http://www.maginot.org/.
  7. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 107.
  8. Philippe Truttmann (ill. Frédéric Lisch), La Muraille de France ou la ligne Maginot : la fortification française de 1940, sa place dans l'évolution des systèmes fortifiés d'Europe occidentale de 1880 à 1945, Thionville, Éditions G. Klopp, (réimpr. 2009), 447 p. (ISBN 2-911992-61-X), p. 374.
  9. Stéphane Ferrard, France 1940 : l'armement terrestre, Boulogne, ETAI, , 239 p. (ISBN 2-7268-8380-X), p. 58.
  10. Mary et Hohnadel 2001, tome 2, p. 110.
  11. « CAP MARTIN », sur http://wikimaginot.eu/.
  12. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 29.
  13. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 108.
  14. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 171.
  15. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 75 et 76.
  16. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 121.
  17. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 155.
  18. Mary et Hohnadel 2009, tome 4, p. 173.
  19. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 77.
  20. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 110.
  21. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 111.
  22. (it) « Treni armati della Marina », sur http://www.marina.difesa.it/.
  23. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 112.
  24. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 112 et 113.
  25. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 114.
  26. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 92 et 114.
  27. Mary et Hohnadel 2009, tome 5, p. 115.
  28. Site de l'association

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernard Cima, Raymond Cima et Michel Truttmann, Ouvrage du Cap Martin : OTCF type 1939, Menton, R. Cima, , 23 p. (ISBN 2-9508505-3-7).
  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2) :
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 2 : Les formes techniques de la fortification Nord-Est, Paris, Histoire et collections, , 222 p. (ISBN 2-908182-97-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4 : la fortification alpine, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1) ;
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).

Articles connexes

Liens externes

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