Ours brun
Ursus arctos
RĂšgne | Animalia |
---|---|
Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Cohorte | Placentalia |
Ordre | Carnivora |
Sous-ordre | Caniformia |
Famille | Ursidae |
Genre | Ursus |
Répartition géographique
Statut CITES
LâOurs brun (Ursus arctos) est une espĂšce dâours qui peut atteindre une masse corporelle de 130 Ă 700 kg. Le Grizzli, lâOurs kodiak et lâOurs brun mexicain sont des sous-espĂšces nord-amĂ©ricaines dâours brun, l'Ours brun d'Europe est la principale sous-espĂšce eurasienne avec de multiples autres sous-espĂšces comme l'Ours Isabelle.
Cette espĂšce, qui fait localement lâobjet de programmes de protection ou rĂ©introductions, notamment en France, a Ă©tĂ© extirpĂ©e au Liban, en Suisse, aux Ăźles Britanniques, et dans divers pays europĂ©ens, notamment dans les zones de plaine (Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, DanemarkâŠ), parfois depuis de nombreux siĂšcles. L'espĂšce Ă©tait originellement prĂ©sente dans toute l'Europe, et mĂȘme en Afrique du Nord (ours de l'Atlas).
Caractéristiques
L'Ours brun peut vivre trente ans Ă l'Ă©tat sauvage et jusqu'Ă quarante ans en captivitĂ©. L'Ours brun a une fourrure dans les teintes blondes, brunes, noires, ou une combinaison de ces couleurs. Les Ours bruns ont une grande bosse de muscles au-dessus de leurs Ă©paules qui donne la force aux membres antĂ©rieurs pour creuser. Leur tĂȘte est grande et ronde avec un profil facial concave. Debout, cet ours atteint une hauteur de 1,5 Ă 3,5 mĂštres. MalgrĂ© leur taille, ils peuvent courir Ă des vitesses allant jusquâĂ 55 km/h. Pour la marche, lâOurs brun est digitigrade des pattes avant et plantigrade des pattes arriĂšre. Câest-Ă -dire quâil pose en premier les « doigts » puis le talon de ses pattes antĂ©rieures et quâil pose toute la plante de ses pattes postĂ©rieures en mĂȘme temps.
Il est frĂ©quent que deux mĂąles combattent pour une femelle ou lâappropriation d'un territoire. NĂ©anmoins si le vainqueur se voit assurĂ© de pouvoir fĂ©conder l'ourse, cette partenaire ne lui reste pas fidĂšle et Ă©lĂšve seule les oursons.
Avec ses trois paires de mamelles, disposĂ©es sur la poitrine et lâabdomen, la femelle fournit un lait fort nourrissant, riche en graisses, protĂ©ines et vitamines. L'instinct maternel dĂ©veloppĂ© de l'ourse la pousse Ă protĂ©ger ses petits de prĂ©dateurs tels que les pumas et les loups, mais Ă©galement des mĂąles qui nâhĂ©siteraient pas Ă les tuer aux fins de conquĂ©rir leur mĂšre â comportement pareillement observable chez les lions et certains chiens de chasse. Le pĂšre ours peut aussi protĂ©ger ses petits des dangers mĂȘme s'il est trĂšs rare qu'il leur accorde autant d'importance que la femelle qui a un caractĂšre qui l'incite plus Ă Ă©lever seule sa progĂ©niture.
- Ours brun, Parc animalier des Pyrénées.
- Juvénile.
- Un ours brun mĂąle du Domaine des grottes de Han en Belgique.
- Les griffes.
- CrĂąne.
RĂ©partition
Autrefois indigĂšnes en Asie, en Europe et en AmĂ©rique du Nord, les Ours bruns sont maintenant Ă©teints dans de nombreuses rĂ©gions et ont vu leur nombre considĂ©rablement rĂ©duit dans dâautres. L'espĂšce se maintient mieux dans les forĂȘts borĂ©ales et dans certains massifs montagneux.
Amérique du Nord
En AmĂ©rique du Nord, lâOurs brun est rĂ©parti de lâEst de lâAlaska aux territoires du Nord-Ouest, et plus au sud se trouve en Colombie-Britannique et dans la moitiĂ© occidentale de lâAlberta. Des populations isolĂ©es existent dans le Nord-Ouest de lâĂtat de Washington, dans le Nord de lâIdaho, dans le Montana, et dans le Nord-Ouest du Wyoming, mais il existe des preuves que ces populations sont en croissance[1] ; ils rĂ©cupĂšrent l'habitat[2]. La sous-espĂšce Ursus arctos horribilis (le Grizzli) est lâOurs brun commun de lâAmĂ©rique du Nord continentale ; la sous-espĂšce Ursus arctos middendorffi (dâOurs kodiak), la plus grande de toutes les espĂšces dâours avec lâOurs polaire, vit en Alaska dans les Ăźles de l'archipel Kodiak (Kodiak, Afognak et Shuyak). La sous-espĂšce Ursus arctos nelsoni habitait dans le Nord du Mexique.
Asie
En Asie, l'espÚce reste assez bien représentée, comprenant de nombreuses sous-espÚces : l'Ours brun de l'Oussouri (Sibérie orientale, Japon), l'Ours brun du Kamtchatka (Kamtchatka), l'Ours de Gobi (trÚs menacé, désert de Gobi), l'Ours brun de Syrie (Proche-Orient), et enfin l'Ours bleu du Tibet et l'ours Isabelle (Himalaya).
Europe
Lâhabitat des Ours bruns du Vieux Continent coĂŻncide avec les reliquats des forĂȘts de la prĂ©histoire, quâelles soient nordiques ou montagnardes. La Russie et la Scandinavie abritent aujourdâhui avec les Balkans et les Carpates leurs principales populations. L'ours dans les Alpes a une population situĂ©e principalement en SlovĂ©nie liĂ©e Ă la petite population des Alpes italiennes qui commence Ă s'Ă©tendre dans les Alpes suisses[3]. Dans les PyrĂ©nĂ©es françaises et espagnoles, des rĂ©introductions d'ours capturĂ©s en SlovĂ©nie ont permis d'Ă©viter l'extinction d'une population relictuelle, autrefois continue avec celle des monts Cantabriques[4].
L'Ours brun marsicain est endémique des Apennins en Italie.
DĂ©mographie
La population totale des Ours bruns est estimĂ©e Ă environ 200 000 dans le monde. Les plus grandes populations vivent en Russie, avec 120 000 ours, aux Ătats-Unis avec 32 500 ours et au Canada avec 21 750 ours. En Europe, il y en a environ 14 000, sĂ©parĂ©s en dix populations distinctes. On trouve de petites populations d'ours bruns isolĂ©es dans plusieurs pays dâEurope, de lâEspagne Ă la Bulgarie. En Italie, entre 1999 et 2002, sept femelles et trois mĂąles capturĂ©s en SlovĂ©nie ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©s dans le Trentin oĂč subsistaient trois ours
En rĂ©duction depuis lâĂ©poque romaine, lâOurs brun Ă©tait encore prĂ©sent vers lâan mille dans toutes les forĂȘts de montagne françaises mais les zones dâhabitat se rĂ©duisirent au XVIe siĂšcle aux parties les plus inaccessibles des Vosges, du Jura, du Massif central, des Alpes et des PyrĂ©nĂ©es. Ă la fin du XVIIIe siĂšcle, le dĂ©veloppement des activitĂ©s humaines comme le pastoralisme, lâexploitation des forĂȘts ou lâutilisation des armes Ă feu accentua sa disparition et au milieu du XIXe siĂšcle sa prĂ©sence ne fut plus constatĂ©e que dans quatorze dĂ©partements du Jura, des Alpes et des PyrĂ©nĂ©es. Il disparut dâabord du massif jurassien vers 1860 puis des Alpes (estimations : 300 ours en 1800, 70 en 1860, 20 en 1900, derniĂšre observation en 1937 dans le Vercors) pour ne subsister que dans les PyrĂ©nĂ©es oĂč sa population atteignit quasiment lâextinction Ă la fin du XXe siĂšcle[5]. Lâours a marquĂ© les traditions orales et de nombreuses excavations ont conservĂ© le souvenir de sa prĂ©sence (« grotte de lâours » dans le dĂ©partement du Jura Ă Chaux-des-Crotenay, Foncine-le-Bas, Rosay)[6]
Au massif du mont Pilat (Loire), les derniers Ours bruns furent observés entre 1881 et 1885.
En 1995, la France comptait une population dâours brun relictuelle de cinq individus dans les PyrĂ©nĂ©es occidentales. Sans la capture en SlovĂ©nie et le relĂącher de deux femelles en 1996 et dâun mĂąle en 1997 dans le cadre du programme de rĂ©introduction en PyrĂ©nĂ©es centrales, lâOurs brun Ă©tait condamnĂ© Ă une disparition certaine. Mais en 1997 et en 2004, deux ourses suitĂ©es, Mellba dâorigine slovĂšne et Cannelle la derniĂšre ourse de souche pyrĂ©nĂ©enne, ont Ă©tĂ© abattues par des chasseurs. La rĂ©introduction a permis de faire remonter la population Ă une quinzaine dâindividus en 2005 mais ne pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme viable Ă long terme, pour cause de nombre trop faible de femelles, et de problĂšmes de consanguinitĂ©. Il sâest avĂ©rĂ© que les deux femelles rĂ©introduites sâĂ©taient accouplĂ©es sur leur territoire dâorigine avec le mĂąle lui aussi rĂ©introduit. Cette situation a conduit le gouvernement français Ă mettre en Ćuvre un plan de renforcement avec un apport de quatre nouvelles femelles et d'un mĂąle au printemps 2006. Un nouveau plan de rĂ©introduction Ă©tait Ă l'Ă©tude pour la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ce plan n'a finalement pas abouti, ce qui, en 2012, a conduit la commission europĂ©enne Ă adresser une mise en demeure au gouvernement français afin de relancer sa politique en faveur de la biodiversitĂ©[7]. Ceci Ă©tant, le nombre d'ours dans les PyrĂ©nĂ©es augmente. En 2016, par exemple, 39 individus ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©s (dont trois sont morts dans l'annĂ©e), soit sept ours de plus qu'en 2015[8]. Les 4 et , deux ourses slovĂšnes ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©es par l'office national de la chasse et de la faune sauvage dans les PyrĂ©nĂ©es occidentale, oĂč ne subsistaient plus que deux ours mĂąles dont Cannellito, le dernier de souche pyrĂ©nĂ©enne[9] et l'une d'elles a eu une portĂ©e de deux oursons durant l'hiver[10].
En 2018, la population est estimée à au moins 40 individus[11].
Mode de vie et alimentation
LâOurs brun est principalement diurne surtout en AmĂ©rique du Nord.
En Ă©tĂ© il accumule jusqu'Ă 180 Ă 200 kg de graisse, rĂ©serve dans laquelle il puise pour tenir lâhiver, pĂ©riode durant laquelle il devient lĂ©thargique. Bien quâil ne soit pas un vrai animal hibernant et quâil puisse ĂȘtre rĂ©veillĂ© facilement, il aime sâabriter dans des endroits protĂ©gĂ©s telle quâune caverne ou une crevasse pendant les mois dâhiver.
Omnivore, il se nourrit de plantes, dont les baies, les racines, et les pousses, champignons et surtout poissons, insectes et petits mammifĂšres comme le renard. LâOurs brun est en grande partie vĂ©gĂ©tarien, tirant jusqu'Ă 75 % de ses calories des matiĂšres vĂ©gĂ©tales. Il adapte son rĂ©gime alimentaire aux ressources locales et saisonniĂšres (ainsi certains ours mangent un Ă©norme nombre de papillons nocturnes (mites) en Ă©tĂ©, parfois jusqu'Ă 40 000 par jour, pouvant retirer jusqu'Ă un tiers de leurs calories de ces papillons[12]).
Normalement solitaires, les ours se rassemblent Ă cĂŽtĂ© des cours dâeau et des fleuves pendant la remontĂ©e et le frai du saumon. Tous les deux ans les femelles mettent au monde un Ă quatre jeunes qui pĂšsent seulement 500 grammes Ă la naissance. Ce phĂ©nomĂšne devient plus rare en raison d'une rarĂ©faction du saumon sauvage.
Les méthodes classique d'évaluation des populations sous-estiment probablement la taille de la métapopulation ursine. Les méthodes dites non invasives basées sur la photo automatique en infrarouge et sur l'analyse de l'ADN (de poils ou de fÚces) permettent, à moindre coût, depuis peu, de mieux évaluer les populations locales, et aussi de mieux comprendre la génétique des populations de l'Ours brun, sans interférer avec l'espÚce et avec moins de stress pour les individus (par rapport à la pose de radiobalises). C'est ainsi qu'on a évalué une population d'ours suédois à 550 individus environ (482-648) dans une aire de 49 000 km2 et 223 (188-282) ours étaient présents dans une aire de 7 328 km2[13]. Comme les autres méthodes, elles impliquent cependant un effort d'échantillonnage suffisant.
Depuis 2011, l'utilisation récente de nouveaux colliers émetteurs (intégrant une caméra enregistrant des séquences de 10 secondes toutes les 5 à 15 minutes durant plus d'un mois) a apporté des données nouvelles sur le comportement d'une petite population nord-américaine d'Ours bruns de mi-mai à fin juin (période choisie car les petits d'orignaux et de caribous y sont les plus disponibles pour les ours) : 100 heures de film exploitable (36 376 clips) ont permis de décrire l'emploi du temps des ours ainsi suivis[14]. 60,5 % de leur temps était consacré au repos, 21,3 % aux déplacements, pour seulement 6,3 % consacrés à l'alimentation[14]. Dans cette région au printemps plus de la moitié des repas étaient de la chair d'Orignal ou de Caribou, avec 20 % environ de nourriture végétale en complément, et 12 % de viande d'orignal adulte, plus quelques liÚvres d'Amérique, cygnes[14]. Et un cas de cannibalisme a été documenté : un ours mùle de dix ans a tué et mangé une femelle de six ans[14]. Cette étude a permis de réévaluer (à la hausse) le nombre de proies tués par les ours dans cette région. Il a aussi montré que certains ours tuent beaucoup plus de proies que les autres (l'un a tué quarante-quatre jeunes herbivores en 25 jours pendant qu'un autre en tuait seulement sept en 27 jours)[14].
En saison de reproduction les mùles se montrent trÚs agressifs envers les petits des femelles. Ils cherchent à les tuer. à ce moment, certaines femelles se rapprochent des habitations de l'homme, semble-t-il, pour se protéger des mùles. Ce phénomÚne, appelé "Bouclier humain", a aussi été observé chez une espÚce d'antilope menacée qui se rapproche chaque nuit de troupeaux de pasteurs, sans doute pour mieux échapper à la prédation par les hyÚnes qui se savent en danger prÚs de ces troupeaux[15].
Systématique
L'espÚce Ursus arctos a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758[16]. La localité type est Type "Sylvis EuropÊ frigidÊ" réduite par le zoologiste Thomas (1911) au Nord de la SuÚde.
Taxonomie
Les sous-espĂšces de lâOurs brun ont Ă©tĂ© Ă©numĂ©rĂ©es comme suit ; cependant, il y a peu d'accord sur la classification.
- Ursus arctos arctos, Ours brun d'Europe ;
- Ursus arctos beringianus, Ours brun du Kamtchatka ;
- Ursus arctos crowtheri, Ours de l'Atlas â [17] ;
- Ursus arctos gobiensis, Mazaalai ou Ours de Gobi ;
- Ursus arctos horribilis, Grizzli ;
- Ursus arctos isabellinus, Ours isabelle ;
- Ursus arctos marsicanus, Ours brun de l'Apennin ;
- Ursus arctos middendorffi, Ours kodiak ;
- Ursus arctos lasiotus, Ours brun de l'Oussouri ;
- Ursus arctos nelsoni, Grizzli mexicain (probablement Ă©teint) ;
- Ursus arctos pruinosus, Ours bleu du Tibet ;
- Ursus arctos syriacus, Ours brun de Syrie.
- Ursus arctos arctos.
- Ursus arctos beringianus.
- Ursus arctos horribilis.
- Ursus arctos isabellinus.
- Ursus arctos lasiotus.
- Ursus arctos marsicanus.
- Ursus arctos middendorffi.
- Ursus arctos syriacus.
Selon Catalogue of Life[18] :
- Ursus arctos alascensis Merriam, 1896 ;
- Ursus arctos arctos Linnaeus, 1758 ;
- Ursus arctos beringianus Middendorff, 1851 ;
- Ursus arctos californicus Merriam, 1896 ;
- Ursus arctos collaris F. G. Cuvier, 1824 ;
- Ursus arctos crowtheri Schinz, 1844 ;
- Ursus arctos dalli Merriam, 1896 ;
- Ursus arctos gyas Merriam, 1902 ;
- Ursus arctos horribilis Ord, 1815 ;
- Ursus arctos isabellinus Horsfield, 1826 ;
- Ursus arctos lasiotus Gray, 1867 ;
- Ursus arctos middendorffi Merriam, 1896 ;
- Ursus arctos pruinosus Blyth, 1854 ;
- Ursus arctos sitkensis Merriam, 1896 ;
- Ursus arctos stikeenensis Merriam, 1914 ;
- Ursus arctos syriacus Hemprich & Ehrenberg, 1828.
L'Ours brun et l'homme
Préhistoire
Un squelette de nĂ©andertalien a Ă©tĂ© dĂ©couvert dans la grotte du Regourdou, Ă proximitĂ© de Lascaux, dans une sĂ©pulture datant de 70 000 ans BP sous une dalle monolithe de 850 kg et associĂ© aux restes dâun Ours brun. Il a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme lâun des plus anciens indices dâadoration de lâours mais cette version est discutĂ©e aujourdâhui.
Ă Chauvet, des crĂąnes dâours disposĂ©s en cercle ont Ă©tĂ© dĂ©couverts ; lâun dâeux Ă©tait volontairement posĂ© sur un rocher au centre dâune des salles ornĂ©es de la grotte. Ă Montespan, il y a 17 000 ans, la statue dâun ours Ă©tait façonnĂ©e dans lâargile. Dans la grotte basque dâEkain, toutes les reprĂ©sentations animales sont orientĂ©es vers la niche aux ours (artzei).
LâarchĂ©ologie livre de rares attestations directes de chasse Ă lâours, notamment des impacts de projectiles en silex fichĂ©s dans les restes osseux de plantigrades. La grotte du Bichon (Suisse), datĂ©e du PalĂ©olithique supĂ©rieur (Azilien) en offre un exemple exceptionnel : on y a trouvĂ© deux squelettes entrelacĂ©s d'un homme et d'une ourse, avec un fragment de silex fichĂ© dans une vertĂšbre de cette derniĂšre. Cette dĂ©couverte a Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©e comme un accident de chasse. L'homme chassait l'ourse, qui s'est rĂ©fugiĂ©e dans la cavitĂ©, blessĂ©e. Le chasseur, pensant qu'elle Ă©tait morte, s'engouffra dans la grotte, et se fit attaquer par sa proie qui, en rĂ©alitĂ©, vivait encore. L'homme pĂ©rit de l'attaque de l'ourse et cette derniĂšre, trop blessĂ©e, succomba elle aussi Ă ses blessures. La fouille intĂ©grale du site a Ă©galement rĂ©vĂ©lĂ© un grand nombre d'Ă©clats de silex, notamment des pointes Ă dos courbe et des tĂȘtes de projectiles, qui faisaient probablement partie de l'Ă©quipement du chasseur, ĂągĂ© d'environ 23 ans selon l'Ă©tude anthropologique.
Rencontres et Ă©changes
L'homme et l'ours vivant sur des territoires proches, les rencontres sont nombreuses, surtout autour des troupeaux. La chasse Ă l'ours a Ă©tĂ© une rĂ©alitĂ© en France jusqu'au milieu du XXe siĂšcle. Parfois, les rejetons d'ourses tuĂ©es Ă©taient dressĂ©s par les hommes qui faisaient les « montreurs d'ours » dans les foires et les fĂȘtes, certains voyageront jusqu'en AmĂ©rique avec leur ursidĂ©[19].
Mythologie de lâours brun
En Bulgarie, en Roumanie, dans les Balkans, en Asie, en Yougoslavie, chez les Indiens dâAmĂ©rique du Nord comme dans les PyrĂ©nĂ©es, lâours fut longtemps considĂ©rĂ© comme lâancĂȘtre de lâhomme ou encore comme un homme sauvage ; souvent mĂȘme il avait le statut dâun dieu. Son attitude parfois proche de lâhumain lui a valu cet anthropomorphisme. Ainsi, quand il se dresse sur ses pattes arriĂšre tel un homme, les BĂ©arnais le nomment « lo pĂš-descauç », le va-nu-pieds, ou encore « lo Mossur », le Monsieur. Cette apparente ressemblance avec l'homme a donnĂ© naissance dans l'Ouest des PyrĂ©nĂ©es françaises Ă la lĂ©gende de Jean de l'Ours, fruit des amours entre un ours et une femme[19].
Les peuples nordiques et celtes reprĂ©sentaient l'ours comme le roi des animaux et comme un symbole de puissance. L'Ăglise a cependant diabolisĂ© cet animal durant le Moyen Ăge afin de combattre le paganisme, et son statut de monarque des animaux en Europe a Ă©tĂ© peu Ă peu cĂ©dĂ© au lion, animal traditionnel du christianisme.
Pour les Basques, câest « Hartza[20] ». Il a Ă©galement laissĂ© son nom dans lâappellation de grandes figures historiques, chez des divinitĂ©s ou en anthroponymie et en toponymie : Arthur, ArtĂ©mis, Artehe, Artahe, Artio, lâArctique, Bernard, Madrid (pour le blason), Berlin ou Berne, peut-ĂȘtre aussi GarcĂa.
Dans la Russie, l'image de l'ours est trÚs utilisée pour représenter symboliquement la nation, au moins depuis le XIXe siÚcle[21].
Lâours Ă©tant autrefois un symbole de rĂ©surrection et de fertilitĂ©, l'Ăglise sâest efforcĂ©e de faire la guerre Ă ces anciens cultes animistes[22].
Dans la culture populaire
Petit Ours brun met en scÚne une famille d'ours brun dans une série de livres illustrés qui sera par la suite adaptée à la télévision.
Le redoutable animal peut également se déguster sous la forme d'une sucrerie à base de guimauve trÚs prisée des petits enfants.
Notes et références
- (en) « Grizzly Population Growth in Montana », sur The Conservation Fund (consulté le ).
- https://www.rmef.org/elk-network/grizzlies-expand-range-in-idaho-and-wyoming/
- « L'ours faisait son grand retour sur territoire suisse il y a 10 ans », rts.ch,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « L'Ours brun en Europe de l'Ouest », sur paysdelours.com (consulté le )
- « Disparition de lâours brun des Alpes françaises »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?).
- Jura Speleo.
- « Blog Féminin », sur Carre d'info (consulté le ).
- Deux ourses slovÚnes réintroduites pour sauvegarder l'espÚce dans le Béarn, Laurent Radisson, 8 octobre 2018, site m.actu-environnement.com.
- Pyrénées : l'ourse slovÚne Sorita a donné naissance à deux oursons pendant l'hiver, France 3 Nouvelle Aquitaine, 30 avril 2019, site france3-regions.francetvinfo.fr.
- Le point sur la population d'ours dans les Pyrénées en 2018, site paysdelours.com.
- Yellowstone Grizzly Bears Eat 40,000 Moths a Day In August, Yellowstonepark.com. Page archivée le 15 juillet 2010.
- thÚse d'Eva Bellemain, Genetics of the Scandinavian brown bear (Ursus arctos): implication for biology and conservation, 2004, Université Joseph-Fourier, Grenoble I [lire en ligne]
- Joshua Rapp Learn (2017) Bears are bigger killers than thought, gruesome video footage reveals, mardi 17 mars 2017
- Joshua Rapp Learn (2017) Mama Bears Use Humans To Keep Their Cubs Safe ; During mating season, humans might stress female bears out, but male bears stress them out more, Smithsonian mag, 27 juin 2016
- Carl von LinnĂ©; Systema Naturae per regna tria naturĂŠ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. HolmiĂŠ: impensis direct. Laurentii Salvii. iâii, 1â824 pp doi: 10.5962/bhl.title.542
- Il est également considéré comme une espÚce distincte (Ursus crowtheri) par certains auteurs.
- Catalogue of Life Checklist, consulté le 26 octobre 2020
- Jacques Luquet, La chasse dans le Sud-Ouest autrefois, Sud-Ouest, , 189 p.
- Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010), p. 99
- « La symbolique soviétique russe » (consulté le )
- Xan de lâOurs, la lĂ©gende de lâhomme sauvage de Marc Large, prĂ©face de Renaud, Cairn Editions, 2008.
Voir aussi
Bibliographie
- Ouvrage collectif : L'ours brun des Pyrénées, disparition ou cohabitation ?, illustrations de Roger Reboussin, S.F.E.P.M., 1985.
- ÄelechovskĂĄ, O., LiterĂĄk, I., OndruĆĄ, S., & PospĂĆĄil, Z. (2006). Heavy metals in brown bears from the Central European Carpathians. Acta Veterinaria Brno, 75(4), 501-506.
- Etienne P& Lauzet J (2009), L'ours brun, Biologie et histoire, des Pyrénées à l'Oural, Biotope, (ISBN 978-2-914817-17-2)
- Leonard JA, Wayne RK, Cooper A, (2000) Population genetics of ice age brown bears. Proceedings of the National Academy of Sciences, USA, 97, 1651â1654.
- Lazarus, M., JurasoviÄ, J., Huber, Ä., ReljiÄ, S., & Zec, D. (2010). Mercury in tissues of brown bears in Croatia: age, sex and seasonal differences.
- Pastoureau M, L'ours, histoire d'un roi déchu, Seuil, 2007, (ISBN 2-02-021542-X)
- Rigg, R., & Adamec, M. (2007). Status, ecology and management of the brown bear (Ursus arctos) in Slovakia. Slovak Wildlife Society, LiptovskĂœ HrĂĄdok, 128.
- Solgi E & Ghasempouri S.M (2015). Application of brown bear (Ursus arctos) records for retrospective assessment of mercury. Journal of Toxicology and Environmental Health, Part A, 78(5), 342-351 résumé.
Articles connexes
Liens externes
Bases de référence taxinomiques :
- (en) Référence Animal Diversity Web : Ursus arctos (consulté le )
- (en) Référence Catalogue of Life : Ursus arctos Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence CITES : espÚce Ursus arctos Linnaeus, 1758 (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (fr) RĂ©fĂ©rence CITES : taxon Ursus arctos (sur le site du ministĂšre français de l'Ăcologie) (consultĂ© le )
- (en) Référence Fauna Europaea : Ursus arctos Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Ursus arctos Linnaeus, 1758 (TAXREF) (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Ursus arctos Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Ursus arctos Linnaeus, 1758 (consulté le )
- (en) Référence North American Mammals : Ursus arctos (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Ursus arctos (taxons inclus) (consulté le )
- (fr) Référence SeaLifeBase : (consulté le )
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Ursus arctos (consulté le )
- (en) Référence Paleobiology Database : Ursus arctos Linnaeus 1758 (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (en) Référence UICN : espÚce Ursus arctos Linnaeus, 1758 (consulté le )
Autres liens externes :
- « Le programme ours brun des Pyrénées », sur ours.ecologie.gouv.fr, (version du 3 août 2009 sur Internet Archive)
- Site du parc national des Pyrénées
- (en) « Distribution and Status of Brown Bears of the World », sur grizzlybear.org, (version du 13 mai 2010 sur Internet Archive)
- « Dossier thématique : L'ours brun » sur le site du Museum et BibliothÚque Requien (Fondation Calvet)
- « Disparition de l'ours brun dans les Alpes françaises », sur carnivores-rapaces.org, (version du 20 décembre 2014 sur Internet Archive)