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Ours noir

L'Ours noir (Ursus americanus), aussi appelĂ© baribal, est l'ours le plus commun en AmĂ©rique du Nord. Il se rencontre dans une aire gĂ©ographique qui s'Ă©tend du nord du Canada et de l'Alaska au nord du Mexique, et des cĂ´tes atlantiques aux cĂ´tes pacifiques de l'AmĂ©rique du Nord. Il est prĂ©sent dans un bon nombre d'États amĂ©ricains et dans toutes les provinces canadiennes. Il prĂ©fère les forĂŞts et les montagnes oĂą il trouve sa nourriture et peut se cacher. La population d'ours noirs Ă©tait sans doute de deux millions d'individus autrefois. Aujourd'hui, l'on estime qu'il existe entre 500 000 et 750 000 ours noirs sur ce continent. Longtemps chassĂ© pour sa fourrure, il subit aujourd'hui la rĂ©duction de son milieu naturel par l'homme. La population de l'Ours noir est gĂ©nĂ©ralement stable[1].

Plus petit que l'Ours brun et l'Ours blanc, cet animal présente une couleur de fourrure plus ou moins foncée selon les régions, allant du noir au blanc (la fourrure blanche est provoquée par un caractère récessif) en passant par le rougeâtre et le gris argenté. On le nomme donc à tort « ours noir ». Seize sous-espèces, dont certaines sont menacées, sont reconnues. L'Ours noir n'hiberne pas au sens strict, mais passe l'hiver dans un état de somnolence en vivant sur ses réserves de graisses accumulées pendant l'automne. Il est omnivore, même si son régime alimentaire est dominé par les végétaux. Contrairement aux idées reçues, l'Ours noir est un bon nageur et il grimpe facilement aux arbres pour échapper à un danger.

Ursus americanus

Caractéristiques physiques

L’Ours noir mesure gĂ©nĂ©ralement entre 140 et 200 cm de longueur[2]. Sa taille au garrot est comprise entre 100 et 120 cm[3].

L’Ours noir est plus petit que l’Ours blanc et l’Ours brun. Sa masse dĂ©pend de l’âge, du sexe de l’animal et de la saison : en automne, l’Ours noir grossit et fait des rĂ©serves de graisse afin de passer l’hiver. Les femelles pèsent entre 40 kg et 180 kg (moyenne de 70-80 kg[4] - [3]), alors que les mâles font entre 115 et 275 kg (moyenne de 120 kg[4]). Un mâle de 400 kg a Ă©tĂ© trouvĂ© dans le comtĂ© de Craven en Caroline du Nord[5].

La couleur du pelage varie du noir au blanc, en passant par de nombreuses nuances : chocolat, brun, cannelle, blond sont des couleurs plus fréquentes dans les forêts de l’ouest américain et du Canada[4] - [2] que dans les régions de l’est. Au sud de l’Alaska et en Colombie-Britannique vit l’Ours Kermode, une sous-espèce dont de nombreux individus, les spirit bears[6] (« ours-esprits[1] ») ont un pelage blanc crème. Des ours d’un gris bleuté occupent la baie des Glaciers en Alaska[7]. Tous ces animaux appartiennent bien à l’espèce de l’Ours noir américain. Les albinos sont très rares. Certains individus portent une ou plusieurs taches blanches sur le cou ou sur la poitrine[3] - [2]. L’Ours noir mue et son épaisse fourrure le protège contre les piqûres des insectes et contre les rigueurs de l’hiver.

L’Ours noir possède un museau brun

Les ours noirs sont capables de se tenir debout et de marcher sur leurs pattes arrière : celles-ci sont lĂ©gèrement plus longues (13 Ă  18 cm[8]) que les pattes avant. Chaque patte est dotĂ©e de cinq doigts avec des griffes non rĂ©tractiles utilisĂ©es pour dĂ©chirer, creuser, gratter le sol et grimper aux arbres. Un coup d’une patte avant suffit Ă  tuer un cerf adulte.

L’Ours noir possède de petits yeux gĂ©nĂ©ralement de couleur noire ou marron, des oreilles arrondies, un long museau pointu de couleur brune, des naseaux allongĂ©s et une queue relativement courte (8-14 cm[2]). Sa vision n’est pas particulièrement bonne mais les expĂ©riences montrent qu’elle lui permet de distinguer les couleurs[5]. En revanche, son ouĂŻe et son odorat, sept fois plus affĂ»tĂ© que celui d'un chien limier[1], sont très dĂ©veloppĂ©s ; sa langue agile et ses lèvres mobiles lui permettent de manger de petites baies et des fourmis. Enfin, son profil facial droit et son museau pointu le diffĂ©rencient du Grizzli qui vit aussi en AmĂ©rique du Nord[3]. L’Ours noir est en outre plus petit et ne possède pas de bosse entre les Ă©paules[3].


Parties caractéristiques de l’Ours blanc, brun et noir
A : tête d’un ours blanc B : patte avant C : patte arrière
D : tête d’un ours brun E : patte avant F : patte arrière
G : tête d’un ours noir H : patte avant I : patte arrière

RĂ©partition et habitat

  • RĂ©partition actuelle
  • RĂ©partition historique

L’Ours noir occupe un espace compris entre les rĂ©gions septentrionales de l’Alaska et le Mexique. Il est rĂ©parti sur seulement trois pays, le Mexique, les États-Unis et le Canada, alors qu'il comporte deux fois plus d'individus que toutes les autres espèces d'ours connues. Il se rencontre du littoral de l’Atlantique aux cĂ´tes du Pacifique[9]. MĂŞme s’il prĂ©fère les forĂŞts et les zones plantĂ©es d’arbustes, il peut s’adapter Ă  des climats et des milieux naturels très variĂ©s : il frĂ©quente aussi bien les marĂ©cages et les forĂŞts pinifères subtropicales du sud-est des États-Unis (Louisiane, Alabama, Floride, etc.) que les hautes montagnes du sud-ouest, entre 900 et 3 000 mètres d’altitude[2], ou encore la toundra du Labrador[6]. Il habite aussi dans les forĂŞts mixtes du sud-est du Canada et du nord-est des États-Unis, mais Ă©galement dans le sud des montagnes Appalaches. L'Ours noir est Ă©galement trouvĂ© partout dans des habitats convenables Ă  l'ouest. Ces habitats comprennent souvent les zones arides chapparal montagnes couvertes en Californie du Sud, les forĂŞts tempĂ©rĂ©es de l'Oregon et de Washington, sur toute la longueur des montagnes Rocheuses, et mĂŞme des parties du dĂ©sert de Sonora. Il est en revanche quasiment absent des zones arides du continent nord-amĂ©ricain.

L’hiver passé, l’Ours noir quitte son abri et se met en quête de nourriture à des altitudes moyennes et dans les vallées exposées au soleil. À mesure que l’été approche, il regagne des altitudes plus élevées[9]. La forêt constitue un milieu favorable pour l’Ours noir qui peut s’y cacher et se protéger du soleil.

Comportement

L’ours est capable de nager

Malgré leur taille et leur masse, les ours noirs sont étonnamment agiles dans leurs mouvements.

Ils se déplacent en fonction des saisons pour rechercher leur nourriture. Ils grimpent facilement aux arbres pour échapper au danger, grâce à leurs muscles dorsaux puissants et à leurs griffes. Ils peuvent courir jusqu’à 55 km/h[3]. L’ours est un animal plantigrade, c’est-à-dire qu’il marche en posant entièrement la plante des pieds sur le sol. Il utilise la démarche à l’amble. Il est en outre un excellent nageur et est capable de traverser un lac pour rejoindre une île.

Ours noir

L’Ours noir est la plupart du temps un animal solitaire sauf pendant la période de rut et dans la relation qu’entretient la mère avec ses oursons. Les ours peuvent se rassembler occasionnellement dans les zones d’abondance alimentaire. Ils sortent généralement le jour, sauf dans les secteurs où il y a beaucoup d’humains : ils préfèrent alors la nuit pour les éviter. Contrairement aux idées reçues, les attaques d’ours noirs contre les humains sont rares : moins de 36 attaques mortelles ont été recensées tout au long du XXe siècle[2]. Si la femelle grizzly n’hésite pas à défendre ses petits, l’ourse noire ne s’en prend pas aux humains pour protéger sa progéniture[2].

Les mâles griffent et mordent les arbres pour communiquer pendant la saison de l’accouplement[3] et peut-ĂŞtre pour marquer leur territoire. Ils se grattent le dos sur les arbres[1]. Ils utilisent Ă©galement leurs odeurs. Ces territoires varient entre 20 et 100 km2[6] et couvrent ceux de plusieurs femelles. En cas de menace, les ourses poussent des plaintes ; les oursons Ă©mettent des cris ressemblant Ă  des pleurs lorsqu’ils ont peur. Les adultes claquent des dents lorsqu’ils sont effrayĂ©s[5]. L’Ours noir communique Ă©galement par des expressions faciales et des positions particulières. Lorsqu’il se dresse sur ses pattes arrière, c’est pour flairer un danger, une odeur intrigante ou avoir un meilleur point de vue.

Les ours noirs figurent parmi les mammifères les plus intelligents[5] : ils sont souvent dressés pour réaliser des numéros de cirque. Leur cerveau est relativement gros comparé à la taille de leur corps.

Les ours noirs passent l’hiver dans un état de somnolence : cela signifie qu’ils peuvent réagir à une attaque d’un autre animal. Lorsque les jours diminuent, ils sécrètent une hormone qui agit comme un somnifère. Leur rythme cardiaque passe alors de 50 à 10 pulsations par minute[10]. La température du corps diminue légèrement (moins de 31 °C, soit 6,8 °C en dessous de la température corporelle d’été[5]) car leur masse est imposante (ils perdent donc moins facilement leur chaleur que les petits mammifères qui hibernent). Ils passent tout l’hiver sans manger, ni boire, ni uriner, ni déféquer[4] - [5] et ressortent au printemps. Cet état de dormance dure de quatre à sept mois entre octobre et mai[9] - [4] - [10]. Cette durée varie en fonction du climat : plus l’hiver est long, plus la période de somnolence se prolonge. Aussi, celle-ci n’existe pas dans les régions du sud sauf pour les ourses enceintes[4]. Un ours noir peut perdre jusqu’à 30 % de sa masse pendant l’hiver[3].

RĂ©gime alimentaire

Les ours noirs sont omnivores : les végétaux représentent 75 % de leur alimentation[6]. Ils mangent des graminées, des herbes, des fruits (noisettes, noix, baies, pignons, fruits d’églantiers, pommes…), des glands et des faînes[11] - [9] - [1]. Ils mangent également, de temps en temps, des insectes, des larves, des poissons et des charognes. Il leur arrive de chasser des mammifères[1]. Ils sont opportunistes et mangent parfois dans des poubelles et d'autres restes de nourriture laissés dans des campements[1].

Reproduction

Oursons (Ursus americanus)
Un jeune ours noir, indépendant de sa mère, dans le parc national de Shenandoah.

Les femelles atteignent leur maturité sexuelle entre 2 et 9 ans contre 3 ou 4 ans pour les mâles[2]. L’Ours noir mène une vie essentiellement solitaire, sauf pour le lien étroit qui unit la femelle à ses petits et durant l’accouplement qui a lieu à l’époque du rut, soit en juin ou au début de juillet. Alors que le mâle continue de grandir jusqu’à l’âge de sept ans, la femelle cesse de se développer plus tôt. Les ours noirs s’accouplent tous les deux ou trois ans environ[9] au cours des mois de mai et juin[9], et jusqu’en août dans les forêts de feuillus de l’est[5].

La gestation dure gĂ©nĂ©ralement 6 ou 7 mois[9]. Le dĂ©veloppement de l’embryon commence dix semaines après l’accouplement[2] : cette implantation diffĂ©rĂ©e, qui est commune chez toutes les espèces d’ours, permet d’éviter les naissances en automne[12]. L’embryon arrĂŞte de croĂ®tre quelques jours après la fertilisation et s’implante dans l’utĂ©rus uniquement au dĂ©but de la pĂ©riode d’hibernation, les premiers jours de novembre. Ă€ la fin de l’étĂ© et en automne, la femelle de l'Ours noir mange tout ce qui lui tombe sous la dent pour prendre le plus de poids possible. Si elle pèse au moins 70 kg quand elle s’installe dans sa tanière, il y a de bonnes chances que les embryons s’implantent et que la gestation se poursuive.

Les oursons naissent de la fin novembre Ă  fĂ©vrier, donc de 5 Ă  8 mois après l'accouplement qui se fait entre le mois de mai et de juin[9], dans la tanière. Chaque portĂ©e compte en moyenne un ou deux ou trois oursons[9] - [1] et jusqu’à 6 dans l’est des États-Unis[5]. Seules les femelles en très bonne santĂ© donneront toutefois naissance Ă  plus de trois oursons. La quantitĂ© de nourriture prĂ©sente dans l’habitat dĂ©terminera donc essentiellement la probabilitĂ© de mise bas et la grosseur des portĂ©es. Ils pèsent chacun entre 200 et 450 grammes[4] - [2], en moyenne 350 grammes[6]. Comparativement Ă  d’autres mammifères, cette masse est très faible par rapport aux 70 kg de la mère. Les petits mesurent 15 Ă  20 cm Ă  la naissance[3]. Les petits viennent au jour sans poils, avec les yeux bleus et sont aveugles[5]. Ils sont nourris au lait maternel et tenus propres dans la tanière pendant l’hiver. Les femelles allaitent en position assise.

Lorsqu’ils sortent de la tanière au printemps, les jeunes pèsent entre 2 et kg[2] - [6] ; ils sont sevrĂ©s au bout de 6 Ă  8 mois[2]. Ă€ un an, ils pèsent entre 13 et 27 kg, mais guère plus Ă  deux ans. Normalement, 80 % des oursons atteindront la maturitĂ©, contre 30 % seulement dans le cas de ceux qui perdent leur mère durant leur premier Ă©tĂ©.

Ils ne quittent leur mère qu’à l’âge de 16 ou 17 mois[3], parfois 29 mois[5]. Leur survie dépend de l’aptitude de la mère à leur enseigner à chasser et à trouver un repaire. La mère apprend à ses oursons à grimper aux arbres pour échapper aux prédateurs. Elle s’occupe aussi de la tanière qui permet de passer l’hiver. Il faut beaucoup d’énergie pour allaiter et élever des oursons, et les femelles en mauvaise santé pourraient être incapables de se reproduire.

Les mâles vivent Ă  l’écart et parcourent des territoires de 50 Ă  150 km2, englobant ceux oĂą vivent les femelles ; ils ne participent pas Ă  l’éducation des oursons.

Menaces et conservation

Histoire

Jeune ours noir

Avant l’arrivĂ©e des EuropĂ©ens, les AmĂ©rindiens chassaient l’ours pendant l’hiver, profitant de la pĂ©riode de dormance. L’animal leur fournissait de la viande, de la graisse et de la fourrure. Les guerriers portaient des colliers de griffes autour de leur cou ; par superstition, ils ne prononçaient jamais son nom[13] et le chasseur devait demander pardon avant de tuer un ours. L’art amĂ©rindien reprĂ©sentait cet animal vĂ©nĂ©rĂ© sur les totems. Au cours de certaines cĂ©rĂ©monies, ils pratiquaient la danse de l’ours. Ă€ la fin du XVIIe siècle, la Compagnie de la Baie d’Hudson encourageait les AmĂ©rindiens Ă  faire le commerce des fourrures d’ours : ils Ă©changeaient des couvertures de laine contre des peaux d’ours noirs[14]. L’Ours noir fut Ă©galement chassĂ© pour confectionner les cĂ©lèbres chapeaux de la garde britannique et de certains rĂ©giments de l’armĂ©e canadienne et de l’armĂ©e britannique. L’utilisation de la fourrure des ours pour ces couvre-chef, des animaux tuĂ©s dans des collisions avec des automobiles ou des prises de chasse, est critiquĂ©e par des associations de protection des animaux comme PETA. Des essais de chapeaux en fourrure synthĂ©tique ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s. Enfin, les pattes et la bile du plantigrade sont aujourd’hui encore très recherchĂ©es en Asie : un gramme de bile, utilisĂ©e dans la pharmacopĂ©e chinoise, coĂ»te 155 dollars[15].

Prédateurs et mortalité

Dans la nature, l’espĂ©rance de vie moyenne du mammifère est d’environ 10 ans ; il peut parfois vivre jusqu’à 30 ans[9] - [3]. Aujourd’hui, on estime entre 500 000[3] et 750 000[5] - [13] le nombre d’ours noirs sur le continent amĂ©ricain. Leur faible fĂ©conditĂ© et leur maturitĂ© sexuelle tardive constituent des menaces Ă  la survie de l’espèce.

Les principales causes de mortalité sont les collisions avec les automobiles, sur des routes qui sont une cause de fragmentation forestière[16]. La chasse, également facilitée par les routes, est une autre source de mortalité.

Les oursons meurent parfois sous-alimentés, ou d'une chute depuis un arbre. Ils constituent des proies pour les prédateurs tels que le loup, le puma, le lynx, le coyote[17] - [9], l’Ours brun et les autres ours noirs, notamment les mâles en manque de nourriture[3]. Les jeunes séparés accidentellement de leur mère meurent rapidement.

Les ours noirs continuent d’être chassĂ©s pour finir comme trophĂ©e, descente de lit mais aussi pour leur viande, au Canada et en Alaska[3]. Environ 30 000 ours noirs par an sont tuĂ©s dans toute l’AmĂ©rique du Nord[2], mais cette chasse est très rĂ©glementĂ©e. Les principaux parasites de l’Ours noir sont le tĂ©nia, l’ascaris et les vers du genre trichinella[3]. Ils peuvent Ă©galement souffrir de tuberculose, d’arthrite et de broncho-pneumonie[18].

Les populations de l’ouest des États-Unis sont encore nombreuses, alors que celles de l’est du pays ont tendance à se réduire dangereusement. Ces dernières vivent essentiellement dans les montagnes, les forêts ainsi que dans les parcs nationaux et les réserves naturelles. Les régions à l’est du Mississippi sont en effet les plus anthropisées alors que de larges zones des Montagnes Rocheuses des hauts plateaux et du Grand Bassin demeurent sauvages. L’animal est absent de onze États sur 50 dont Hawaii, les deux Dakota, les États très urbanisés comme le Maryland ou le Delaware, et plusieurs États du centre-est dans lesquels montagnes et forêts sont inexistantes[9].

La situation de l’Ours noir varie selon les sous-espèces et les rĂ©gions. Ainsi, l’Ours noir de Floride (Ursus americanus floridanus) est classĂ© comme espèce menacĂ©e[9]. Une Ă©tude menĂ©e en Californie en 1998 Ă©value entre 17 000 et 23 000 le nombre d’ours noirs dans cet État de l'ouest des États-Unis[19]. Cette population est actuellement stable, voire en très lĂ©gère progression[19].

Dans le parc national de Yosemite en Californie, la population des ours noirs est estimée entre 300 et 500 individus[20]. Les rangers en dénombrent une quinzaine dans la vallée de Yosemite[21], c’est-à-dire le secteur le plus fréquenté par les touristes. L’Ours noir s’adapte facilement à la présence des hommes et ne néglige pas leur nourriture. Il peut alors pénétrer dans les campings et dans les véhicules stationnés sur les parkings. Autrefois, les ours étaient nourris par l'homme, ce qui provoqua des attaques et de nombreux blessés. Aujourd’hui, de nombreux panneaux d’information et des messages de prévention déconseillent de nourrir les animaux sauvages, en particulier les plantigrades. Les poubelles du parc ont été consolidées et fermées hermétiquement ; des box ont été aménagés dans les campings pour entreposer la nourriture. Les incidents sont en baisse, pourtant deux à trois ours agressifs doivent être abattus chaque année dans le Yosemite.

Dans un autre parc national amĂ©ricain, au Yellowstone, on nourrissait aussi les ours, ce qui constituait une attraction apprĂ©ciĂ©e des touristes. Aujourd’hui, le parc a abandonnĂ© cette habitude. On compte actuellement 10 000 ours noirs au Yellowstone[22].

À l’est des États-Unis, il y a une population de 400 à 600 ours noirs dans le Parc national des Great Smoky Mountains[23]. C’est au cours des années pauvres en faînes que les incidents avec les visiteurs se sont multipliés. Dans cette région, l’Ours noir subit la concurrence d’espèces invasives telles que le Sanglier d’Europe, qui est un important consommateur de glands. Les rangers endorment les ours mâles les plus dangereux et les déplacent vers des secteurs sauvages.

Dans le New Hampshire, le naturaliste Ken Killian a ouvert un Ă©tablissement qui recueille et soigne les ours noirs blessĂ©s ou les oursons Ă©garĂ©s[15]. Une expĂ©rience similaire est menĂ©e dans le Minnesota oĂą 3 000 ours noirs vivent dans la Superior National Forest[22].

Des corridors biologiques et des écoducs ont été aménagés pour l’Ours noir de Floride pour empêcher son extinction.

L’Ours noir américain est protégé par la loi dans plusieurs États américains du Sud comme la Louisiane, le Mississippi ou le Texas. Tuer illégalement un ours noir est puni par une importante amende et une peine de prison.

Classification et sous-espèces

Ours noir en Louisiane
L’Ours Kermode n’est pas un albinos mais une sous-espèce dont certains spécimens sont très clairs (Leucisme).

Nom commun

En anglais, l’Ours noir est couramment appelé American Black Bear, Black bear ou encore Cinnamon Bear (cinnamon signifie « cannelle ») pour les animaux de coloration brun-roux. Il porte également le nom de « Baribal ».

Taxonomie

Les relations phylogĂ©niques avec les autres espèces de la famille des ursidĂ©s ne sont pas clairement dĂ©finies[24]. L’Ours noir est cependant très proche des ours Ă  collier, blancs et bruns[25]. Toutefois, il est beaucoup plus petit que l’Ours blanc dont la masse peut atteindre 700 kg pour un mâle[25].

Seize sous-espèces sont recensées sur le continent nord-américain[26] - [9] - [5] :

  • Ursus americanus altifrontalis (Ours bleu) : cĂ´te nord-ouest du Pacifique, depuis la Colombie-Britannique au nord de la Californie et au nord de l’Idaho ;
  • Ursus americanus amblyceps : Colorado, Mexique, Texas occidental et moitiĂ© orientale de l’Arizona, sud-est de l’Utah ;
  • Ursus americanus americanus : du Montana oriental jusqu’à l’ocĂ©an Atlantique, du sud et de l’est de l’Alaska et du Canada jusqu’à l’ocĂ©an Atlantique et au sud vers le Texas ;
  • Ursus americanus californiensis (Ours noir de Californie) : vallĂ©e centrale de la Californie et sud de l’Oregon ;
  • Ursus americanus carlottae (Ours noir de HaĂŻda Gwaii) : Alaska ;
  • Ursus americanus cinnamomum (Ours noir cannelle) : Idaho, Montana occidental, Wyoming, est du Washington, Oregon et nord-est de l’Utah ;
  • Ursus americanus emmonsii (Ours noir argentĂ©) : sud-est de l’Alaska ;
  • Ursus americanus eremicus (Ours noir du Mexique) : nord-est du Mexique ;
  • Ursus americanus floridanus (Ours noir de Floride) : Floride, GĂ©orgie mĂ©ridionale et Alabama ;
  • Ursus americanus hamiltoni (Ours noir de Terre-Neuve) : Ă®le de Terre-Neuve ;
  • Ursus americanus kermodei : cĂ´te centrale de la Colombie-Britannique ;
  • Ursus americanus luteolus (Ours noir de Louisiane) : Texas oriental, Louisiane, Mississippi mĂ©ridional ;
  • Ursus americanus machetes : Mexique ;
  • Ursus americanus perniger : PĂ©ninsule Kenai en Alaska ;
  • Ursus americanus pugnax : Archipel Alexander en Alaska ;
  • Ursus americanus vancouveri (Ours noir de Vancouver) : ĂŽle de Vancouver en Colombie-Britannique.

Dans la culture

Clifford K. Berryman, Drawing the Line in Mississippi : Theodore Roosevelt et l’Ours noir
  • Les AmĂ©rindiens OjibwĂ©s ont fait du baribal leur totem.
  • En 1902, le prĂ©sident amĂ©ricain Theodore Roosevelt se rendit dans le Mississippi afin de rĂ©gler un conflit portant sur le tracĂ© des limites sĂ©parant les États de Louisiane et du Mississippi. Lors de son sĂ©jour, il participa Ă  une partie de chasse au cours de laquelle il dĂ©cida d’épargner un ours noir blessĂ©. L’épisode fut relatĂ© dans un article du Washington Post. Clifford K. Berryman l’illustra par un dessin appelĂ© Drawing the Line in Mississippi (voir l’image) qui reprĂ©sentait le PrĂ©sident et l’ours noir en question[27]. Rapidement, l’anecdote devint populaire. Deux Ă©migrants russes, Rose et Morris Mictchom, créèrent un ours en peluche qu’ils baptisèrent « Teddy », le diminutif du prĂ©nom Theodore, en hommage au 26e PrĂ©sident des États-Unis.
  • En 1950, les rangers de la Lincoln National Forest dans l’État du Nouveau-Mexique sauvèrent un jeune ours noir d’un incendie qui ravageait les Montagnes Capitan. L’animal dut ĂŞtre soignĂ© pour ses brĂ»lures mais il survĂ©cut et inspira la crĂ©ation de l’ours Smokey, la mascotte de la prĂ©vention des feux de forĂŞt aux États-Unis.
  • L’Ours noir est, en outre, l’emblème de l’universitĂ© du Maine; l’une des trois mascottes des Jeux olympiques d’hiver de 2002 Ă  Salt Lake City Ă©tait un ours noir du nom de Coal (« charbon »).
  • Valentin est un ours noir dressĂ©.
  • L'un des antagonistes principaux du film d'animation Nos voisins, les hommes est un ours noir.

Faits divers

En , un ours noir sauvage a été trouvé ivre après avoir bu 36 canettes de bière dans l’État de Washington, au nord-ouest des États-Unis. L’ours avait ouvert la glacière d’un campeur et utilisé ses griffes et ses dents pour perforer les canettes.

Notes et références

  1. (fr) Vie sauvage : EncyclopĂ©die visuelle des animaux continent par continent [« Wildlife of the world »] (trad. de l'anglais par Aubert Defoy, prĂ©f. Chris Packham, photogr. Gary Ombler.), Paris, Groupe Flammarion, , L.01EPMN000839.N001 Ă©d. (1re Ă©d. 2015), 405 p., 30 Ă— 25 cm (ISBN 978-2-08-137860-5), « AmĂ©rique du nord », p. 55..
  2. (en) « Ursus americanus », Université du Michigan (consulté le ).
  3. (fr) « L’ours noir », Faune et flore du pays (consulté le ).
  4. (en) « Ursus americanus », National Museum of Natural History de Washington DC (consulté le ).
  5. (en) « Black Bear Facts », Bear.org (consulté le ).
  6. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 36.
  7. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 38.
  8. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 41.
  9. (en) « WILDLIFE SPECIES: Ursus americanus », Service national des forêts aux États-Unis (consulté le ).
  10. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 40.
  11. (en) Charles Jonkel, « Black, brown (grizzly) and polar bears », dans John L. Schmidt, Douglas L. Gilbert (éd), Big game of North America, Harrisburg, PA, Stackpole Books, 1978, p. 227-248.
  12. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 16.
  13. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 39.
  14. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 21.
  15. Kiki Marmori, Les Ours, Paris, Nathan, 2003, p. 91.
  16. Brody. A.J. & Pelton, M.R. (1989) Effects of roads onBlack Bear movements in western North Carolina. Wilcl.Soc: Biill. 17. 5-10.
  17. (en) Charles Jonkel, « Black, brown (grizzly) and polar bears, » dans John L. Schmidt, Douglas L. Gilbert (éd), Big game of North America, Harrisburg, PA, Stackpole Books, 1978, p. 227-248.
  18. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 17.
  19. (en) « Ursus americanus », Zoo de San Diego (consulté le ).
  20. (en) « Bears », site officiel du parc, (page consultée le ).
  21. « Au cœur des parcs américains », dans Terre sauvage no 223, décembre 2006-janvier 2007, p. 16.
  22. Kiki Marmori, Les Ours, Paris, Nathan, 2003, p. 16.
  23. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 53.
  24. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 10.
  25. Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, p. 11.
  26. (en) Michael R. Pelton, « Black bear », dans : Joseph A. Chapman, George A. Feldhamer (éd.), Wild mammals of North America, Baltimore, Johns Hopkins Press, 1987, p. 504-514.
  27. (en) Mary Bellis, « History of the Teddy Bear » (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • P. Dubois, « L’ours noir. Une vieille connaissance encore mal connue », dans ForĂŞt Conservation, magazine de l’AFQ et des clubs 4-H du QuĂ©bec. QuĂ©bec, 1992, (59)6:24–27.
  • Walker’s Mammals of the World, 4th Ed. Nowak, Ronald, M. and John L. Paradiso. 1983. Johns Hopkins University Press, Baltimore, MD.
  • Catherine et RĂ©my Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997, (ISBN 2-09-260872-X) (BNF 36169696)
  • Tom Anderson, Black Bear : Seasons in the Wild, Voyageur Press, 1992, (ISBN 0896582035)
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  • Dave Taylor, Black Bears: A Natural History, Fitzhenry and Whiteside, 2006, (ISBN 1550418491)
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