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Ursidae

Les Ours forment la famille de mammifĂšres des UrsidĂ©s (Ursidae), de l'ordre des Carnivores (Carnivora). Le Grand panda, dont la classification a longtemps prĂȘtĂ© Ă  dĂ©bat, est aujourd'hui considĂ©rĂ© comme un ours herbivore au sein de cette famille[1] - [2]. Il n'existe que huit espĂšces d'ours vivantes rĂ©parties dans une grande variĂ©tĂ© d'habitats, Ă  la fois dans l'hĂ©misphĂšre Nord et dans une partie de l'hĂ©misphĂšre Sud. Les ours vivent sur les continents d'Europe, d'AmĂ©rique, et en Asie.

Les ours modernes ont comme caractéristiques un corps grand, trapu et massif, un long museau, un pelage dense, des pattes plantigrades à cinq griffes non rétractiles et une queue courte. L'ours blanc est principalement carnassier. Le panda géant se nourrit presque exclusivement de bambou. Les six autres espÚces sont omnivores, leur alimentation variée comprend essentiellement des plantes et des animaux. Sauf en période de reproduction et d'éducation des jeunes, les ours sont solitaires. Généralement diurnes, ils sont aussi éventuellement actifs la nuit ou au crépuscule, en particulier autour des zones d'habitation humaine. On les dit parfois « nocto-diurnes ». Les ours peuvent, malgré leur corpulence, courir rapidement, nager et escalader certaines parois ou des arbres. Cavernicoles, ils se réfugient volontiers dans des grottes, cavernes et taniÚres. La plupart des espÚces y passent la saison froide à dormir (hivernation[3]).

Les ours sont chassĂ©s depuis la prĂ©histoire pour leur viande et leur fourrure. Ils ont jouĂ© un rĂŽle de premier plan dans la culture (mythologie, lĂ©gendes, etc.) et les arts. À l'Ă©poque moderne, les populations d'ours sont victimes de pressions (comme celles des Ă©leveurs dans les PyrĂ©nĂ©es), de l’empiĂ©tement de l'humain sur leur habitat naturel, de l'artificialisation et de la fragmentation des forĂȘts, ainsi que du commerce illicite, notamment le marchĂ© asiatique de la bile d'ours. L'UICN a classĂ© six espĂšces d'ours comme vulnĂ©rables ou menacĂ©es d'extinction. L'ours brun pourrait disparaĂźtre dans certains pays europĂ©ens. Le braconnage et le commerce international des populations les plus en danger sont interdits, mais se pratiquent toujours illĂ©galement.

Ursidés, Ours

Histoire

L'ours a largement marquĂ© la culture humaine Ă  travers des rites et des traditions attestĂ©s de l'Europe aux AmĂ©riques et en Asie, et a donnĂ© lieu Ă  une abondante culture populaire. ThĂ©ophraste, dans son traitĂ© Des odeurs, dit que la chair de l'animal croĂźt si on la conserve, mĂȘme cuite, pendant le temps de leur retraite. Il dit encore que, lors de l'hivernation, on ne trouve en lui aucune trace d'aliments et que son ventre ne contient qu'une trĂšs petite quantitĂ© de liquide ; de mĂȘme dans leur cƓur pour le sang[4], et que le reste du corps n'en contient pas du tout. À leur sortie, au printemps, ils consomment une certaine herbe nommĂ©e aron (en grec ancien áŒ„ÏÎżÎœ[5]).

Caractéristiques physiques et biologiques

Tous les ours ont un grand corps trapu et massif, des membres puissants, un pelage dense et hirsute, une queue courte, des oreilles rondes, un long museau ou truffe, de grandes capacités olfactives (lui permettant de détecter une présence à 50 mÚtres) et d'audition, de larges pattes plantigrades à cinq griffes non rétractiles. Un ours vit de 25 à 40 ans.

Il a Ă©tĂ© constatĂ©, notamment grĂące aux techniques de pĂȘche, que les ours se servent plutĂŽt de la patte gauche, laissant supposer une latĂ©ralitĂ© du comportement de l'animal. Michel Pastoureau remarque : « Deux auteurs, l'un mĂ©diĂ©val, l'autre moderne[6] ont en effet remarquĂ© que l'ours se servait plus frĂ©quemment de sa patte gauche que de sa droite et en ont conclu — un peu rapidement — qu'il Ă©tait gaucher »[7].

Comparaison des mensurations de quelques ours[8]
Nom Longueur (cm) Poids du mĂąle
adulte (kg)
Poids de la femelle
adulte (kg)
Ours Ă  collier 130 - 190 100 - 200 50 - 125
Ours lippu 140 - 190 80 - 140 55 - 95
Ours Ă  lunettes 140 - 190 100 - 155 64 - 82
Ours noir 150 - 200 120 - 270 75 - 120
Ours brun 170 - 280 135 - 390 95 - 205
Ours blanc 190 - 260 300 - 730 98 - 450
Parties caractéristiques de l'ours blanc, brun et noir :
A : tĂȘte d'un ours blanc
B : patte avant
C : patte arriĂšre

D : tĂȘte d'un ours brun
E : patte avant
F : patte arriĂšre

G : tĂȘte d'un ours noir
H : patte avant
I : patte arriĂšre

Taxinomie

Formule dentaire
mùchoire supérieure
2 2-4 1 3 3 1 2-4 2
3 2-4 1 3 3 1 2-4 3
mùchoire inférieure
Total : 32-40
Dentition des ursidae

Cette famille a été décrite pour la premiÚre fois en 1817 par le naturaliste saxon Gotthelf Fischer von Waldheim (1771-1853)[9].

Liste des genres et espĂšces actuelles

CrĂąne d'ours des cavernes, Ursus spelaeus
Ours brun (Ursus arctos arctos).
Dessin d'un Ours blanc (Ursus maritimus).

Genres et espĂšces actuelles selon ITIS (4 juillet 2015)[10] et Mammal Species of the World (version 3, 2005) (4 juillet 2015)[11]:

Diverses Ă©tudes classent les genres actuels en trois sous-familles distinctes[12] - [13]:

  • Sous-famille Ailuropodinae GrevĂ©, 1894
    • Genre Ailuropoda Milne-Edwards, 1870
  • Sous-famille Tremarctinae Merriam & Stock, 1925
    • Genre Tremarctos Gervais, 1855
  • Sous-famille Ursinae Fischer von Waldheim, 1817
    • Genre Helarctos Horsfield, 1825
    • Genre Melursus Meyer, 1793
    • Genre Ursus Linnaeus, 1758

Liste des taxons Ă©teints

Sous-familles et genres fossiles d'aprÚs Paleobiology Database (novembre 2015)[14]: A transférer dans la future page du genre Ailuropoda

En 2011, des chercheurs espagnols annoncent la découverte d'une nouvelle espÚce d'ailuropodinés anciens baptisée Agriarctos beatrix[15] rebaptisé Kretzoiarctos beatrix dans un nouveau genre[16] qui aurait vécu en Espagne au MiocÚne.

Phylogénie

Les ursidĂ©s sont une famille d'Ă©volution tardive, ils partagent un ancĂȘtre commun avec les canidĂ©s, et un plus rĂ©cent avec les mustĂ©lidĂ©s et les pinnipĂšdes.

L'ancĂȘtre des mustĂ©lidĂ©s et des pinnipĂšdes a divergĂ© de celui des ours il y a environ 30 Ma. L'ours Ă  lunettes s'est sĂ©parĂ© des autres ours il y a environ 13 millions d'annĂ©es. Les six espĂšces distinctes d'ursinĂ©s sont apparues il y a environ 6 millions d'annĂ©es. Les tĂ©moignages fossiles et l'analyse de leurs ADN ont montrĂ© que l'ours blanc a divergĂ© de l'ours brun il y a environ 200 000 ans.

Phylogénie des espÚces actuelles d'ours, d'aprÚs Yu et al. (2007)[17] et Nyakatura et al. (2012)[18] :

Répartition géographique

Comportement

L'ours est gĂ©nĂ©ralement diurne, mais peut ĂȘtre actif la nuit ou au crĂ©puscule, notamment prĂšs des habitations.

Les ours sont aidés par leur excellent sens de l'odorat, et malgré leur forte corpulence et une démarche maladroite, ils peuvent courir rapidement (jusqu'à 50 km/h) et sont des grimpeurs habiles comme d'excellents nageurs. Leurs dents sont utilisées pour la défense et comme outils et dépendent du régime de l'ours. Leurs griffes sont employées pour déchirer, creuser et attraper. Sur leurs pattes arriÚre, ils peuvent avoir une démarche bipÚde.

Hivernation

Les ours sont des semi-hibernants. L'hivernation, contrairement Ă  l'hibernation, n’entraĂźne pas une interruption de toutes les activitĂ©s physiologiques. La tempĂ©rature de leur corps descend relativement bas, mais ils peuvent se rĂ©veiller facilement. Les organes vitaux restent Ă  une tempĂ©rature normale pour rĂ©agir en cas de danger et l’ourse donne naissance aux petits pendant l’hiver. Beaucoup d'ours des rĂ©gions nordiques hivernent ; ils se rĂ©fugient dans des grottes, cavernes et taniĂšres, qui sont occupĂ©es par la plupart des espĂšces au cours de l'hiver pour cette longue pĂ©riode de sommeil.

RĂ©gime alimentaire

Les ours sont principalement omnivores[19], bien que certains aient un régime plus spécialisé, comme les ours blancs, essentiellement carnivores. Ils mangent des lichens, des racines, des noix et des baies. Ils peuvent également aller à un fleuve ou à toute autre eau de surface pour capturer des poissons. Des animaux comme les brebis constituent également une source de nourriture. L'ours est une espÚce méliphage (il aime le miel et les larves d'abeille quand il en trouve). Les ours voyageront généralement loin des sources de nourriture. Ils pratiquent habituellement la chasse au crépuscule, sauf quand des humains se trouvent dans le voisinage.

Reproduction

Ourse brune allaitant

À l'exception des pĂ©riodes de reproduction et de l'Ă©ducation des jeunes animaux, les ours sont solitaires. La pĂ©riode de reproduction de l'ours est brĂšve. Il se reproduit saisonniĂšrement, habituellement aprĂšs l'hivernation. Les oursons viennent au monde Ă©dentĂ©s, aveugles et chauves. Habituellement en portĂ©es de 1 Ă  3, ils resteront avec la mĂšre pendant six mois. D'abord nourris du lait maternel, ils commenceront Ă  chasser avec la mĂšre aprĂšs trois mois. Puis, ils sont sevrĂ©s. Cependant, ils resteront dans les parages pendant trois ans. Les jeunes animaux atteignent leur maturitĂ© sexuelle Ă  l'Ăąge de sept ans.

Territoire

Territoire adaptĂ© Ă  l'ours, Un matin dans une forĂȘt de pins peint par Ivan Chichkine en 1886.

L'ours a besoin d'un vaste territoire Ă  haut degrĂ© de naturalitĂ©. Ce type de milieu devient de plus en plus rare en Europe et rĂ©gresse en SibĂ©rie et en AmĂ©rique du Nord. Dans les forĂȘts secondaires proches de zones urbaines ou de zones d'agriculture, mĂȘme extensive, l'ours est sans cesse effrayĂ© ou chassĂ©. Les parcs nationaux lui convenant en Europe sont rares.

Les ours vivent dans les continents d'Europe, d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et en Asie.

Amérique et Asie

Ours noir Ă  Whistler, Colombie Britannique, Canada

L'occupation par les ours bruns du continent amĂ©ricain et leur diffĂ©renciation en Kodiak et Grizzli est trĂšs rĂ©cente. La sĂ©paration d'avec les ours des rĂ©gions tropicales est plus ancienne, l'ours Ă  lunette d'AmĂ©rique du Sud Ă©tant le plus Ă©loignĂ© gĂ©nĂ©tiquement. L'ours brun reste encore assez abondant en SibĂ©rie (120 000 animaux dans les annĂ©es 2000) et en AmĂ©rique du Nord (environ 50 000), surtout en Alaska et au Canada, sous la forme dite de l'ours grizzly, qui n'est qu'une forme gĂ©ante de l'ours brun). Plus au sud, des populations se rencontrent au Proche-Orient, dans l'Himalaya, au Japon (environ 3 000 animaux sur l'Ăźle d'Hokkaido) et dans l'Ouest des États-Unis. Les Indiens d'AmĂ©rique du Nord qui portaient des crĂȘtes iroquoises se raidissaient les cheveux avec de la graisse d'ours ou de l'huile de noix pour les rassembler en une sorte de corne.

Europe

On peut signaler la prĂ©sence au cours du MĂ©solithique d'un ours « domestique » — dont les dents prĂ©sentent des indices de liens — en grotte Ă  Sassenage (IsĂšre)[20].

Une cause du dĂ©clin de l'ours en Europe a Ă©tĂ© celui de son habitat, qui s'est accĂ©lĂ©rĂ© au XVIIe siĂšcle puis XIXe siĂšcle ; dans son encyclopĂ©die, Les Merveilles de la nature, parue en 1868, Alfred Brehm a Ă©crit : « Les beaux temps de l'ours sont passĂ©s. L'espĂšce ne peut plus demeurer que dans les lieux que l'homme n'a pas encore envahis. (...) L'extension toujours croissante de l'homme sur la terre chasse l'ours et finira par le dĂ©truire complĂštement dans l'Europe centrale et mĂ©ridionale ». Aujourd'hui leur territoire s'est considĂ©rablement rĂ©duit, du moins en Europe de l'Ouest avec quelques-uns dans les PyrĂ©nĂ©es, une centaine en Espagne, en Italie dans les Abruzzes et une trentaine en Autriche. Il est encore relativement nombreux dans les forĂȘts de Scandinavie, les Carpates, les Balkans et la Russie d'Europe (la population de ces quatre rĂ©gions regroupe environ 12 000 animaux, soit l'essentiel de la population europĂ©enne).

Ours brun présent dans une réserve autrichienne

En France, le Parc national des PyrĂ©nĂ©es n'a pas Ă©tĂ© crĂ©Ă© sur un territoire vraiment idĂ©al pour les ours, mais lĂ  oĂč les promoteurs, bergers et forestiers ont jugĂ© qu'il serait le moins gĂȘnant pour eux. Aucune population viable d'ours ne s'y est donc jamais spontanĂ©ment et durablement installĂ©e.

L'ourse Cannelle conservée au Muséum de Toulouse aprÚs sa naturalisation.

Dans les PyrĂ©nĂ©es françaises la derniĂšre ourse de souche, Cannelle a Ă©tĂ© abattue par un chasseur en 2004, ce qui a provoquĂ© une vague de protestations et d'indignation de la part d'associations de protection de la nature et de dĂ©fense des animaux (SEPANSO-BĂ©arn, FIEP Groupe Ours PyrĂ©nĂ©es, Nature Midi-PyrĂ©nĂ©es, SNPN, ASPAS, One Voice, FNE, 30 Millions d'Amis, Fondation assistance aux animaux, Fondation Brigitte Bardot, SPA, WWF, Pays de l'Ours - Adet, Ferus). Alors que la lignĂ©e pyrĂ©nĂ©enne Ă©tait condamnĂ©e, cinq ours en provenance de SlovĂ©nie ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©s en 2006, soulevant une controverse notamment chez les bergers et les Ă©leveurs. La premiĂšre ourse introduite, Palouma, a Ă©tĂ© retrouvĂ©e morte en au bas d'une barre rocheuse Ă  2 100 m d'altitude. La deuxiĂšme ourse introduite, Franska, a Ă©tĂ© percutĂ©e mortellement par une voiture le . En 2021, lors d'une battue aux sangliers, une ourse en compagnie de deux oursons a attaquĂ© un chasseur et le blessant griĂšvement, celui-ci a abattu l'ourse[21]. Cet accident a relancĂ© la polĂ©mique entre les chasseurs et tenants de la protection des ours. Bien que les sondages montrent qu'une large majoritĂ© de la population est favorable au maintien d'une population ursine en France, l'espĂšce est toujours au bord de l'extinction dans ce pays qui abritait encore une centaine d'ours au dĂ©but du XXe siĂšcle ; dans les Alpes françaises, le dernier ours abattu avait toutefois Ă©tĂ© tuĂ©, selon les sources, Ă  la veille de 1914-18[22] ou en 1921, le dernier ours vu ayant quant Ă  lui fait l'objet d'un tĂ©moignage en 1937[23].

En Roumanie, des sociĂ©tĂ©s de chasse offrent la possibilitĂ© d'abattre un ours pour un peu plus d'un millier d'euros au cours de « safaris » controversĂ©s par les militants de la cause animale qui arguent que mĂȘme quand un ours a un comportement familier (parce qu'il s'est habituĂ© Ă  l'homme par exemple), on peut l'effaroucher ou le capturer sans le stress occasionnĂ© par les battues ou les chasses traditionnelles. Un nouveau tourisme naturaliste d'observation du loup, de l'ours, du lynx ou du castor se dĂ©veloppe, mais qui n'a pas assez de reconnaissance pour induire une vĂ©ritable protection des habitats de ces espĂšces.

Les ours et les humains

Menace pour les humains

Quelques grandes espĂšces, telles l'ours des cavernes (Ă©teint depuis 10 000 ans environ), l'ours blanc et le grizzly Ă©taient ou sont dangereuses pour les humains particuliĂšrement dans les secteurs oĂč elles se sont habituĂ©es Ă  la prĂ©sence humaine, mais la plupart du temps, les ours sont timides et sont facilement effrayĂ©s par les humains. Cependant, comme de nombreuses autres espĂšces, ils dĂ©fendront vigoureusement leur progĂ©niture s'ils la sentent menacĂ©e.

L'ours de l'Atlas a récemment disparu (début XIXe siÚcle). Et en 2007, six des huit espÚces reconnues par l'UICN sont menacées[24].

Souvent dĂ©rangĂ© et effrayĂ© par l'humain et obligĂ© de se cacher le jour, il doit se nourrir, plus difficilement, la nuit ou par mauvais temps. Mal nourri Ă  l'automne, il se rĂ©veille plus tĂŽt et peut ĂȘtre plus encore tentĂ© par les moutons ou ruches non surveillĂ©s ou mal protĂ©gĂ©s.

Dans les pays d'Amérique du Nord, en particulier au Canada, il est arrivé parfois de voir des ours dans les plus petites villes ou à proximité. Ils sont attirés par la nourriture et attaquent parfois les humains. Les Rangers tentent de les repousser chaque jour.

Art et culture populaire

La place de l'ours est de tout temps particuliĂšre, cet animal fut peut-ĂȘtre divinisĂ© dĂšs l'Ă©poque prĂ©historique oĂč il partageait son biotope avec les humains. L'ours occupe une place importante (mythologie, blason, folklore, onomastique), partout oĂč il Ă©tait prĂ©sent. On le retrouve dans l'ours en peluche. Le culte de l'ours symbolise : puissance, renouveau, royautĂ©.

Le nom indo-europĂ©en de l'ours (correspondant Ă  grec ancien ጄρÎșÏ„ÎżÏ‚ (ĂĄrktos) et latin ursus) semble avoir fait l'objet d'un tabou chez les peuples slaves, baltiques et germaniques, qui Ă©taient de ceux qui avaient le plus de contacts avec l'ours ; ils usaient pour le dĂ©signer de pĂ©riphrases ou de qualificatifs, du type « le mangeur de miel », « le lĂ©cheur », « le grogneur ». Antoine Meillet[25] remarque que des peuples non indo-europĂ©ens voisins (Estoniens, Finlandais, Lapons) Ă©vitent aussi d'appeler l'ours par son nom et rappelle que « l'un des tabous de vocabulaire les plus frĂ©quents porte, durant la saison de chasse, sur le nom de la bĂȘte qu'on chasse ». En Europe, le tabou portant sur le nom de l'ours pourrait remonter au PalĂ©olithique[26].

Ainsi, tandis que le nom de l'ours (karhu) en finnois devient kontio ou mesikĂ€mmen (mains de miel) dĂšs qu'on rentre dans la forĂȘt, le verbe tuer (tappaa) ou chasser (metsĂ€stÀÀ) n'est pas utilisĂ© en association avec le nom de l'ours mais l'expression pĂ©riphrasique kaataa (renverser)

Des poĂšmes de chasse existent Ă©galement en finnois dans le Kalevala pour expliquer Ă  l'Ăąme de l'ours que son dĂ©cĂšs relĂšve en fait d'un accident et non d'un acte de chasse dĂ©libĂ©rĂ© : «En minĂ€ sinua kaannut : itse vierit vempeleltÀ» («Je ne t'ai pas abattu : c'est toi-mĂȘme qui est tombĂ© d'un arbre courbé»)

Citations et proverbes

L'ours a donné naissance à une grande variété d'expressions.

  • « Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tuĂ© », popularisĂ© par la fable de La Fontaine L'Ours et les deux compagnons, mais se retrouve auparavant (chez Commynes), et dans les proverbes populaires[27].
  • Proverbe polonais : « Un ours grogne quand une branche lui tombe sur la tĂȘte, mais il se tait sous le poids d’un arbre. »
  • « Être un ours mal lĂ©chĂ© » signifie ĂȘtre bourru, dĂ©sagrĂ©able.

L'ours dans la littérature

 Ours noir avec un saumon
Ours noir avec un saumon

De nombreuses Ɠuvres font mention d'ours, mis en scĂšne plus ou moins Ă  leur avantage ou dĂ©savantage dans la littĂ©rature classique. Un exemple remarquable nous est donnĂ© par le Guerre et Paix de LĂ©on TolstoĂŻ, qui donne Ă  voir au lecteur l'ours Michka, mascotte d'une coterie de jeunes nobles militaires. D'abord, TolstoĂŻ outre son lecteur en nous montrant l'ourson Michka enchaĂźnĂ© et apparemment maltraitĂ© par les jeunes officiers, qui, ayant trop bu, badinent avec l'ours.

Plus loin, dans le troisiĂšme salon, au milieu du tohu-bohu gĂ©nĂ©ral des rires et des cris, le grognement d’un ours se faisait entendre. Huit jeunes gens se pressaient anxieusement autour d’une fenĂȘtre ouverte ; trois d’entre eux jouaient avec un ourson, que l’un d’eux traĂźnait Ă  la chaĂźne en l’excitant contre son camarade pour lui faire peur[28].

Un peu plus tard, l'ours apparaßt comme un compagnon régulier du badinage des jeunes gens :

– Allons ! s’écria Pierre, allons, et en avant Michka ! » Il saisit l’ourson, l’entoura de ses bras, le souleva de terre et se mit Ă  valser avec lui tout autour de la chambre[28].

Non loin dans le mĂȘme chapitre apparaĂźt la conclusion des avanies oursines :

– Mais qu’ont-ils donc fait ? demanda la comtesse.

– Ce sont de vĂ©ritables brigands, Dologhow surtout, reprit Mme Karaguine : il est le fils de Marie Ivanovna Dologhow, une dame si respectable
 Croiriez-vous qu’à eux trois ils se sont emparĂ©s, je ne sais oĂč, d’un ourson, qu’ils l’ont fourrĂ© avec eux en voiture et menĂ© chez des actrices. La police a voulu les arrĂȘter. Alors
 qu’ont-ils imaginĂ© ?
 Ils ont saisi l’officier de police ; et, aprĂšs l’avoir attachĂ© sur le dos de l’ourson, ils l’ont lĂąchĂ© dans la MoĂŻka, l’ourson nageant avec l’homme de police sur son dos.

- Ce Dologhow est une bien vile truffe, rétorqua la comtesse, et coupable de bien noires ourseries !

Mme Karaguine secoua son Ă©ventail, murmurant :

- Oui, c'est assez outrant. Que devenir si tant d'hommes se comportent dans le monde comme ce Pierre et ce Dologhow ?

Menaces pour les ours

L'ours souffre de la chasse et du commerce illicite, notamment le marché asiatique de la bile d'ours, mais aussi de la fragmentation écologique de son habitat, du roadkill et du dérangement.

Conséquence de l'industrialisation

À l'Ă©poque moderne, les populations d'ours sont victimes de pressions (comme celles des Ă©leveurs dans les PyrĂ©nĂ©es), de l'empiĂštement de l'homme sur son habitat naturel. L'ours polaire est lui menacĂ© par le recul rapide des glaces qui constituent son habitat naturel.

Les ours Ă©tant omnivores, mais volontiers consommateurs de cadavres et vivant longtemps, sans ĂȘtre au sommet de la pyramide alimentaire, ils accumulent de nombreux polluants (radioactivitĂ© dans les zones de retombĂ©es du nuage de Tchernobyl, mĂ©taux lourds, organochlorĂ©s, pesticides, etc. particuliĂšrement l'ours blanc).

Animal volontiers cavernicole, il entre aussi facilement dans les tunnels ferroviaires oĂč il peut ĂȘtre blessĂ© ou tuĂ© par les trains.

Chasse

Chasse à l'ours Eau-forte (A. Hirschvogel (1503–1553)

Les humains sont entrĂ©s en conflit avec l'ours, prĂ©dateur et rival direct, dĂšs la PrĂ©histoire. L'Ă©limination de l'ours des cavernes par l'homme Ă  la fin de la derniĂšre glaciation est discutĂ©e (Des facteurs climatiques et/ou gĂ©nĂ©tiques pourraient ĂȘtre en cause, mais cette espĂšce avait supportĂ© deux glaciations prĂ©cĂ©dentes). L'ours a Ă©tĂ© intensivement chassĂ©, pour dĂ©fendre le bĂ©tail, de maniĂšre rituelle (par les inuits) pour sa chair ou plus rĂ©cemment pour le « sport ». Le moine AbĂ©lard a signĂ© un document interdisant Ă  ses moines de chasser l'ours plus de deux jours par semaine, et un menu prĂ©cise que 300 oursons farcis ont Ă©tĂ© servis Ă  un seul banquet donnĂ© par le roi Louis XIV.

Les ours sont chassés depuis la préhistoire pour leur viande et leur fourrure. Les produits tirés de l'ours ont longtemps été réputés dans diverses pharmacopées, sa bile, sa peau, son cuir, sa graisse, ses dents et ses griffes se virent attribuer de nombreuses vertus, et ce, dans toutes les cultures. Sa viande semble avoir été au contraire peu appréciée, et considérée taboue en Europe orientale[P 1]. La chasse est principalement liée au commerce international illicite de leur fourrure, griffes mais aussi leur vésicule biliaire[29]. Le braconnage et le commerce international d'ours appartenant aux populations les plus menacées est interdit, mais se pratique toujours. En Asie, dans certains élevages d'ours pour la pharmacopée traditionnelle chinoise, les cruelles conditions d'extraction (de bile notamment) sont sujettes à controverse[30].

Captivité

Ours dressĂ© pour la danse photographiĂ© en 1900 aux États-Unis
Montreur d'ours Ă  Luchon (1895) par EugĂšne Trutat - PhotothĂšque du Museum de Toulouse

Des ours ont été gardés dans des ménageries de princes ou de saltimbanques en Europe et Asie. Le dressage d'ours était trÚs populaire, et continue à se perpétuer jusqu'à nos jours ; ces spectacles sont de plus en plus controversés eu égard à la souffrance des animaux, dressés dans des conditions violentes (à l'aide de fouets, tisons enflammés, etc.), et certains pays (comme la Turquie, la GrÚce ou la Bulgarie[31], mais pas la France à ce jour) ont interdit l'exhibition d'ours « savants ».

Les ours sont aussi des hÎtes fréquents des zoos ; toutefois, il est devenu trÚs rare que des animaux soient prélevés dans la nature pour peupler de tels établissements (la reproduction des ours en captivité est trÚs aisée, du moins chez l'ours brun), et leurs conditions de vie se sont souvent améliorées depuis une vingtaine d'années. Les ours sont progressivement retirés des fosses archaïques comme celles du Jardin des Plantes à Paris, et ils sont de plus en plus souvent présentés dans de grands parcs boisés qui leur offrent des conditions de vie un peu plus proches de la nature (par exemple Thoiry, le CERZA, le parc animalier de Sainte-Croix, etc.) ; il est significatif de noter que les ours recouvrent alors fréquemment des comportements « naturels » comme la léthargie hivernale.

Notes et références

  1. p. 127-129
  1. « Encyclopédie Larousse en ligne - ours latin ursus », sur larousse.fr (consulté le ).
  2. « Encyclopédie Larousse en ligne - grand panda », sur larousse.fr (consulté le ).
  3. « Hibernation ou hivernation (semi hibernation) chez l'ours », sur www.ursides.com (consulté le )
  4. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (XI, 91, 224)
  5. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (VIII, 54, 129)
  6. Thomas de Cantimpré, Liber de natura rerum, éd. Helmut Boese (de), Berlin/New York, Walter de Gruyter, 1973, livre IV, chapitre 105, p. 169 ; Marcel A.-J. Couturier, L'Ours brun, Grenoble, 1954, p. 433
  7. L'Ours. Histoire d'un roi déchu, Seuil, 2007, p. 56
  8. D'aprÚs les données de Catherine et Rémy Marion, Cap sur les ours, Paris, Nathan, 1997
  9. (fr+en) Référence ITIS : Ursidae Fischer de Waldheim, 1817 (consulté le ).
  10. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 4 juillet 2015
  11. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 4 juillet 2015
  12. J. Krause, « Mitochondrial genomes reveal an explosive radiation of extinct and extant bears near the Miocene-Pliocene boundary », BMC Evolutionary Biology, vol. 8,‎ , p. 220 (PMID 18662376, PMCID 2518930, DOI 10.1186/1471-2148-8-220)
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Annexes

Bibliographie

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  • Michel Pastoureau, L'ours. Histoire d'un roi dĂ©chu, Seuil, 2007.
  • Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l'article intitulĂ© « Ours » (voir la liste des auteurs).

Articles connexes

Références taxinomiques

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