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Roi des animaux

Le roi des animaux est l'espèce animale qui est placée, dans l'univers symbolique d'une culture, au sommet ou au-dessus de la faune connue de cette culture. Il s'agit habituellement de l'animal réputé pour ne pouvoir être vaincu par aucun autre, ce qui réduit l'éventail des animaux bénéficiant de ce statut. La supériorité qui est attribuée au roi des animaux peut inciter à des formes de vénération et de superstition, mais au cours du temps, l'occupant du trône peut aussi déchoir et être remplacé.

Par continent

Par continent, les rois des animaux communs sont :

Lion

Le grade de roi des forêts offert au lion remonte au bestiaire antique écrit en grec au IIe ou IIIe siècle de notre ère à Alexandrie, puis traduit en latin au IVe siècle. Le lion est le premier animal décrit, ce qui lui confère sa place de roi des animaux. Assimilé au Christ durant le Moyen Âge, c'est du même Physiologus que sont issues les trois caractéristiques attribuées au lion au Moyen Âge[2] : il se tient en haut des montagnes, ses yeux sont ouverts même lorsqu'il dort et réanime ses lionceaux mort-nés au bout de trois jours.

Le lion est assimilé à la royauté dès les premières civilisations indo-européennes. Le lion prend l'image de la royauté et du soleil et se développe dans tout le Proche-Orient. Cette association se retrouve autant dans les lions sculptés sur le trône des monarques hittites, que ceux figurant sur les bas-reliefs de l'art de Suse et de Persépolis. Dans l’art assyrien, de nombreuses chasses aux lions visaient à glorifier le roi, maître des bêtes[Note 1] - [3]. En Égypte antique, le sphinx est en analogie avec le soleil qui se lève toujours à l'Est c'est à d'ailleurs dans cette direction cardinale qu'a été taillé le Sphinx. Lors du début de l'année égyptienne du calendrier nilotique qui avait lieu vers le soit lors de la crue du Nil, le Soleil avance de son point le plus haut dans le ciel vu de la Terre. Cette crue équivaut en quelque sorte au solstice d'été. Le soleil redescendait mais était plus intense que les autres mois de l'année. À cette époque de l'année égyptienne, avant la précession des équinoxes le soleil était visible dans la constellation du Lion . De fait, étant le premier personnage visible dans le ciel, au début du calendrier égyptien, les anciens égyptiens, férus aussi d'astronomie, l'ont symbolisé comme étant celui qui apporte la prospérité et veille sur l'Égypte, à l'instar du pharaon. Le lion à tête d'homme, est aussi une représentation du pharaon qu'il garde et protège[4].

Le lion a été mis en scène comme roi des animaux dans le Roman de Renart, les fables de Jean de La Fontaine et plus récemment dans Le Roi lion des Studios Disney.

Tigre

À l'image du lion dans la culture occidentale, le tigre est considéré comme le roi des animaux en Chine[5].

Ours

Chez les peuples germaniques et scandinaves à l'époque du paganisme nordique, l'ours est célébré pour sa force, son courage et son invincibilité, considéré comme le roi des animaux, mais aussi attribut des puissants et objet de rituels[6], et même intermédiaire entre les mondes humain et animal en raison de ses ressemblances avec l'homme[7].

Au VIIIe siècle, les cultes et vénérations de l'ours étaient qualifiés de « frénétiques » et « démoniaques » en Saxe et dans les régions avoisinantes[8] - [9]. Saint Boniface, évangélisateur de la Germanie, a ainsi mentionné avec horreur à son retour de Saxe ces rituels païens consistant à se déguiser en ours, à boire le sang de cet animal et à manger sa chair avant les batailles, afin de voir sa puissance transmise symboliquement[10]. Michel Pastoureau défend une thèse selon laquelle l'ours fut considéré comme le roi des animaux partout en Europe jusqu'au XIIe siècle, notamment chez les Celtes, Germains, Slaves, Scandinaves et Baltes, avant sa diabolisation par les autorités chrétiennes qui installèrent le lion sur le trône animal à sa place, dans le but de lutter contre les pratiques païennes associées à l'ours, mais aussi pour effacer un animal qui « se posait en rival du Christ »[11].

« De l'ours et de toute sa nature » par Gaston Fébus dans le Livre de chasse, au début du XVe siècle. À gauche, deux ours s'accouplent « à la manière des hommes ».

LĂ©opard

Le léopard est préféré au lion comme le roi des animaux par certains peuples africains. Comme le lion, il est ridiculisé dans les légendes par des animaux plus faibles, comme la tortue, le lièvre ou la gazelle[12].

Dans le royaume de Dahomey, le souverain était nommé « le léopard » et portait des peaux de léopards. Le commerce de ces peaux était très actif. D'autres chefs de tribus gardaient des léopards captifs auprès d'eux et pouvaient en apprivoiser pour les garder auprès d'eux lors des séances publiques[12].

Dans certaines peuples bantous et particulièrement au Congo-Kinshasa, le léopard était considéré comme un animal rusé, puissant et résistant. C'est la raison pour laquelle le président Mobutu Sese Seko portait la toque et certains attributs de léopard qui le rendaient puissant aux yeux de la population. Mobutu Sese Seko était d'ailleurs surnommé « Le léopard de Kinshasa ». Un léopard fait maintenant partie des armoiries du pays.

Éléphant

Dans certaines cultures africaines, l'éléphant est parfois considéré comme le roi des animaux, en lieu et place du lion. Mais cette royauté symbolise plus un rôle de patriarche que de véritable monarque absolu, une sorte de sage qui en impose par sa carrure mais n'attaque qu'en cas d’extrême nécessité, plus pour maintenir l'ordre social que pour dominer. L'éléphant roi est aussi un symbole d'invulnérabilité et par sa taille, de transcendance.

Il a également perdu son statut à cause des humains montés sur son dos : domestiqué, il ne pouvait plus garder la couronne.

Aigle

L'Aigle est considéré comme le roi des oiseaux dans beaucoup de cultures. Dans l'occident chrétien médiéval, la chasse à l'aigle était réservée au prince le plus puissant. Cet oiseau a souvent été choisi comme symbole par les empereurs. L'Empire romain, l'empire Aztèque, l'empire de Napoléon, l'Allemagne, voire les États-Unis d'Amérique[Note 2] sont souvent représentés par un aigle.

Dans le domaine militaire, l'aigle est l'emblème des corps d'élite, par exemple, les guerriers-aigles Aztèques ou les aviateurs anglais de la Seconde Guerre mondiale.

Rhinocéros

Le rhinocĂ©ros est considĂ©rĂ© par certains spĂ©cialistes comme le roi des animaux au Zimbabwe. Cette idĂ©e s'appuie sur la dĂ©couverte, dans la tombe d'un dignitaire de la ville de Mapungubwe du XIIIe siècle, d'une statuette de rhinocĂ©ros plaquĂ©e de feuilles d'or, qui depuis est devenue le symbole de cette civilisation. Dans le paysage chaotique et majestueux du parc national de Matopos, au sud du Zimbabwe, le roi-lion a cĂ©dĂ© son trĂ´ne au rhinocĂ©ros blanc, vĂ©ritable seigneur de ces lieux. PrĂ©sentant un paysage très variĂ©, de bois, prairies ou marĂ©cages, avec des collines culminant Ă  1,547 mètres, ce parc national crĂ©Ă© en 1953 ne correspond pas Ă  l'habitat traditionnel du rhinocĂ©ros, la savane herbeuse, oĂą vivent traditionnellement les deux espèces africaines de rhinocĂ©ros, le noir et le blanc (gris en rĂ©alitĂ©). Le rhinocĂ©ros blanc a pourtant trouvĂ© Ă  Matopos un havre de paix susceptible de contribuer Ă  sauvegarder cette sous-espèce, encore plus menacĂ©e que le rhinocĂ©ros blanc. Au Zimbabwe, 140 rhinocĂ©ros blancs seraient encore recensĂ©s contre 300 Ă  500 noirs, selon les sources. Les rhinocĂ©ros blancs de Matopos se sont parfaitement adaptĂ©s Ă  leur nouveau milieu, oĂą ils trouvent toutes les variĂ©tĂ©s de plantes dont ils se nourrissent, l'eau et les salines prĂ©sentes en abondance sur le site leur apportant le complĂ©ment en sels minĂ©raux dont ils ont besoin.

Notes et références

Notes

  1. Et permettaient également de représenter la défaite de l'ennemi
  2. Le symbole des États-Unis est la Pygargue à tête blanche, qui n'est pas un aigle, mais est considéré comme tel dans l'imagerie populaire

Références

  1. « Bestiaire du Moyen Âge: L'ours », Exposition du 11 octobre 2005 au 8 janvier 2006, Bibliothèque nationale de France
  2. Robert Favreau, « Le thème iconographique du lion dans les inscriptions médiévales », Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 135, no 3,‎ , p. 613-636 (lire en ligne)
  3. Marcel Brion, Les animaux, un grand thème de l'Art, Paris, Horizons de France,
  4. A. Dessenne, « Le Sphinx », Syria, vol. 35, no 35,‎ , p. 361-363 (lire en ligne)
  5. (en) « Tiger Culture », sur english.savechinastigers.org (consulté le )
  6. (en) Hilda Roderick Ellis Davidson, Myths and symbols in pagan Europe : early Scandinavian and Celtic religions, Manchester, Manchester University Press ND, , 268 p. (ISBN 978-0-7190-2579-2, lire en ligne), p. 79-80
  7. Pastoureau 2007, p. 13.
  8. Pastoureau 2007, p. 11.
  9. Pastoureau 2007, p. 12.
  10. (de) Michaël Tangl, Die Briefe des heiligen Bonifatius und Lullus, Berlin, , p. 130
  11. Pastoureau 2007, p. 14.
  12. Christine et Michel Denis-Huot, Les princes de la savane : Léopards & Guépards, White Star, (ISBN 978-88-6112-013-6), « L'ère des pards », p. 14–27.

Bibliographie

  • Michel Pastoureau, L’Ours. Histoire d’un roi dĂ©chu, Paris, Éditions du Seuil, , 430 p. (ISBN 978-2-02-021542-8)
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