Massif du Pedraforca
Le massif du Pedraforca, ou simplement Pedraforca, est un massif de montagne de la chaßne des Pyrénées dans les provinces de Lérida et Barcelone, en Catalogne, en Espagne. Il mesure 5,6 km de long pour 5,6 km de large, et culmine au Pollegó Superior à 2 506 mÚtres[2]. à cause de la nature sédimentaire de ses roches et de sa position avancée par rapport à la zone centrale des Pyrénées, le massif du Pedraforca fait partie du contrefort pré-pyrénéen. Géologiquement parlant, le massif se situe dans la zone sud-pyrénéenne[3].
Massif du Pedraforca | |
Localisation du massif du Pedraforca en Catalogne[1]. | |
GĂ©ographie | |
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Altitude | 2 506 m, PollegĂł Superior[2] |
Massif | Pyrénées |
Longueur | 5,6 km |
Largeur | 5,6 km |
Superficie | 17,5 km2 |
Administration | |
Pays | Espagne |
Communauté autonome | Catalogne |
Provinces | LĂ©rida, Barcelone |
GĂ©ologie | |
Ăge | environ 40 Ma |
Roches | Calcaires |
Le Pedraforca est une montagne emblĂ©matique de la Catalogne : il a une forme trĂšs particuliĂšre, formĂ©e par deux crĂȘtes parallĂšles reliĂ©es au milieu par un col, l'Enforcadura (2 356 m). Sur la premiĂšre crĂȘte, le PollegĂł Superior a une altitude de 2 506 m (avec un sommet secondaire, le Calderer, de 2 497 m), et sur la deuxiĂšme crĂȘte le PollegĂł Inferior atteint 2 445 m. La singularitĂ© de sa forme, sa base ronde, et le fait qu'il soit isolĂ© des autres chaĂźnes de montagnes environnantes, a fait de ce massif l'un des plus cĂ©lĂšbres du territoire catalan, dĂ©clarĂ© « lieu naturel d'intĂ©rĂȘt national »[4].
L'ensemble du massif de Pedraforca fait partie du parc naturel de CadĂ-MoixerĂł. Les villes environnantes sont GĂłsol Ă l'ouest et Saldes Ă l'est, dans la comarque de BerguedĂ de la province de Barcelone.
Toponymie
En catalan, pedra signifie « pierre » mais aussi « roc » ou « rocher ». Quant à forca, elle peut prendre le sens de « fourchette » mais aussi la « fourche » des paysans (ancienne fourche à deux dents). La meilleure traduction serait donc le « roc-fourche » ou la « fourche en pierre », allusion explicite à la forme de son double sommet.
Le col d'Enforcadura, entre les deux crĂȘtes, peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© en langue catalane de la mĂȘme façon, littĂ©ralement le col « dans la fourche dure ».
Les deux crĂȘtes ensemble prennent le nom local de Pollegons au pluriel, PollegĂł est le singulier et dĂ©signe un sommet des crĂȘtes.
GĂ©ographie
Le massif de Pedraforca se situe au nord-ouest de la comarque de Berguedà dans la province de Barcelone. Il est accessible par la route B-400 qui part d'un petit col, au kilomÚtre 113 de l'autoroute C-16 d'Abrera à Bellver de Cerdagne (axe de la vallée du Llobregat). La petite route C-563 traverse Tuixén, Josa de Cadà et Gósol.
Un point de vue suspendu à une falaise au sanctuaire de Gresolet, à 1 566 m d'altitude, offre, si le temps est dégagé, un panorama sur le massif.
Principaux sommets
Sommet | Altitude[2] (mĂštres) |
---|---|
PollegĂł Superior | 2 506 |
PollegĂł Inferior | 2 444 |
Roc Roig | 2 052 |
Roca Roja | 2 038 |
GĂ©ologie
Le relief actuel s'est formĂ© entre â40 et â20 Ma (ĂocĂšne et OligocĂšne), consĂ©quence de la formation des PyrĂ©nĂ©es : les strates gĂ©ologiques de type sĂ©dimentaire[3], dĂ©posĂ©es principalement depuis le MĂ©sozoĂŻque (Ă partir de â256 Ma) jusqu'Ă l'ĂocĂšne (vers â35 Ma), sont remontĂ©es en altitude entre â40 et â20 Ma par la collision entre la plaque ibĂ©rique au sud et la plaque eurasiatique au nord.
Toutefois, le massif de Pedraforca est complexe gĂ©ologiquement, ce qui en fait un site d'intĂ©rĂȘt : dans une zone de quelques kilomĂštres carrĂ©s convergent de haut en bas, la nappe supĂ©rieure de Pedraforca (au-dessus de 1 500 m en moyenne), la nappe infĂ©rieure de Pedraforca (sous la nappe supĂ©rieure), et la nappe de Cadi Ă l'est, tĂ©moins de la montĂ©e des PyrĂ©nĂ©es au cours de l'orogenĂšse alpine[5]. La nappe supĂ©rieure est un assemblage de diffĂ©rentes strates sĂ©dimentaires provenant, respectivement du sud au nord, du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur, d'une Ă©paisseur considĂ©rable de sĂ©diments du CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur (formant les crĂȘtes sommitales), du Jurassique et du Trias supĂ©rieur (voir figure), le tout sur quelques mĂštres du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur[5]. Sous cette nappe composite se trouve la nappe infĂ©rieure faite de matĂ©riaux du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieure, celle-ci est plus rĂ©cente et pourtant se trouve en dessous; cette observation peut ĂȘtre expliquĂ©e par le phĂ©nomĂšne de charriage qui permet, Ă l'aide d'une faille inverse, de faire passer des couches plus anciennes sur des plus rĂ©centes. Enfin, dans le paysage, la nappe de CadĂ affleure au nord-est dans la zone des falaises de Gresolet. En suivant la route aux environs de la riviĂšre des Mulleres, on voit clairement le contact entre la base de CadĂ et les roches de la nappe supĂ©rieure de Pedraforca[6] - [5].
Lâobservation du Pedraforca depuis le village de Saldes permet dâidentifier clairement sa structure gĂ©ologique constituĂ©e en trois nappes : la nappe de Cadi se trouve dans la zone nord du Pedraforca oĂč commence la chaĂźne de CadĂ, la pente sud de ce dernier Ă©tant plus ou moins identique aux couches de la nappe de CadĂ. Plus au sud, une sĂ©rie de matĂ©riaux de la nappe infĂ©rieure commence au lieu-dit de Gresolet, principalement des marnes avec des calcaires qui se dĂ©tachent sur le relief. La nappe supĂ©rieure est celle des sommets nommĂ©s Pollegons (littĂ©ralement « polygones ») correspondant Ă deux barres verticales de calcaire datant du CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur, avec un niveau intermĂ©diaire fait de marnes (col de l'Enforcada). L'Ă©rosion diffĂ©rentielle des marnes, friables, vis-Ă -vis du calcaire, plus dur, a façonnĂ© ce relief si particulier[5]. Enfin, tout au sud se trouvent des argiles carbonĂ©es et rouges du PalĂ©ocĂšne (dit garumnien dans la rĂ©gion)[5].
Formation
Voici la trame chronologique des principaux événements[7] - [5] - [6] - [8] :
- Entre -230 et -144 millions dâannĂ©es, des matĂ©riaux sĂ©dimentaires du Trias et du Jurassique se dĂ©posent sur des roches du Permien plus anciennes.
- Entre -144 et -99 millions d'années, au cours du Crétacé inférieur, une série de fractures dans le sol est responsable de l'enfoncement de blocs de sédiments datant de cette époque, principalement calcaires et marnes.
- Entre -99 et -75 millions d'années, les premiers sédiments du Crétacé supérieur se déposent au-dessus des blocs précédents qui colmatent les fractures.
- Entre -75 et -69 millions d'années, à la fin du Crétacé supérieur, la collision entre les plaques tectoniques ibérique et européenne commence. à mesure que les deux plaques se rapprochent, une faille inverse se forme : les matériaux plus anciens du Crétacé inférieur se retrouvent au-dessus des sédiments plus modernes du Crétacé supérieur, produisant une nappe de charriage. Ainsi se forme la nappe supérieure du Pedraforca formée de calcaires du Crétacé inférieur.
- Entre -69 et -66 millions d'années, la nappe supérieure du Pedraforca continue de se déplacer au-dessus des matériaux du Crétacé supérieur qui forment alors la nappe inférieure du Pedraforca.
- Entre -66 et -33 millions d'annĂ©es, principalement Ă l'ĂocĂšne infĂ©rieur et moyen (de l'Ilerdien Ă -55,8 Ma au LutĂ©cien infĂ©rieur vers -46 Ma), une couche de sĂ©diments se dĂ©pose dans une mer peu profonde qui formera la nappe de CadĂ. Ă la fin de la pĂ©riode, le dĂ©but de la surrection des PyrĂ©nĂ©es ferme cette mer et les deux nappes de Pedraforca remontant du sud entrent en contact avec la nappe de CadĂ au nord.
- Entre -33 et -25 millions d'annĂ©es, avec une nouvelle faille inverse, les nappe supĂ©rieures et infĂ©rieures de Pedraforca passent sur la nappe de CadĂ. On a ainsi trois nappes inversĂ©es : en haut la nappe supĂ©rieure de Pedraforca (la plus ancienne du Trias, Jurassique et CrĂ©tacĂ© infĂ©rieur), au milieu la nappe infĂ©rieure de Pedraforca (d'Ăąge intermĂ©diaire du CrĂ©tacĂ© supĂ©rieur), et au-dessous la nappe de CadĂ (la plus rĂ©cente de l'ĂocĂšne), le tout reposant sur le socle mĂ©sozoĂŻque et palĂ©ozoĂŻque sous la nappe de CadĂ.
- Au cours des derniers millions d'annĂ©es, l'Ă©rosion des reliefs prĂ©cĂ©dents, en prĂ©sence de calcaires durs (au niveau des deux crĂȘtes sommitales) et de marnes plus tendres (au niveau du col de l'Enforcadura entre les deux crĂȘtes), donne Ă la montagne la silhouette typique d'une fourche, ainsi que les Ă©boulis caractĂ©ristiques situĂ©s au milieu sous le col de l'Enforcadura.
Climat
Deux zones climatiques sont clairement différentiées, en fonction de l'altitude dans le massif :
- en dessous de 1 500 Ă 1 700 m, on trouve un climat typique de l'Ă©tage montagnard ;
- au-dessus de 1 700 m commence le domaine climatique de l'Ă©tage subalpin puis alpin.
Les précipitations sont concentrées pendant les mois d'été, avec des moyennes annuelles supérieures à 1 100 mm. Les chutes de neige ne sont pas abondantes, bien que les sommets du massif restent enneigés pendant l'hiver. Dans les vallées, la température moyenne annuelle est comprise entre 10 et 12 °C, moyenne qui se réduit considérablement à mesure que l'altitude augmente[7].
Flore
Ă l'Ă©tage montagnard (en dessous de 1 700 m) pousse le chĂȘne pubescent (Quercus pubescens) qui occupe une grande partie des pentes, accompagnĂ© de l'Ă©rable Ă feuilles d'obier (Acer opalus), le buis commun (Buxus sempervirens), l'amĂ©lanchier Ă feuilles ovales (Amelanchier ovalis), le noisetier (Corylus avellana), l'aubĂ©pine monogyne (Crataegus monogyna), le GenĂ©vrier commun (Juniperus communis), l'hellĂ©bore fĂ©tide (Helleborus foetidus), le rosier des chiens (Rosa canina) et l'anĂ©mone (Anemone hepatica), entre autres. Dans les secteurs ombragĂ©s et humides de la forĂȘt de Gresolet, le hĂȘtre commun (Fagus sylvatica) cĂŽtoie le sapin commun (Abies alba). Quant au pin sylvestre (Pinus sylvestris), il est assez rĂ©pandu et peut se rencontrer partout du fait de lâexploitation de son bois. La forĂȘt de Gresolet est le protagoniste de l'une des premiĂšres campagnes de conservation menĂ©es en Catalogne dans les annĂ©es 1920 et 1921.
Ă l'Ă©tage subalpin (entre 1 700 et 2 300 m) se trouvent des forĂȘts clairsemĂ©es qui poussent au milieu des Ă©boulis. La vĂ©gĂ©tation se compose de conifĂšres comme le pin Ă crochets (Pinus uncinata) et le sapin commun (Abies alba), d'arbustes Ă feuilles persistantes comme le buis commun (Buxus sempervirens), le rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum), et de plantes comme l'hellĂ©bore vert (Helleborus viridis), l'anĂ©mone des Alpes (Pulsatilla alpina) et la croisette de printemps (Cruciata glabra).
Ă l'Ă©tage alpin (au-dessus de 2 300 m), les rudes conditions climatiques rendent impossible toute prĂ©sence d'arbres et d'arbustes. Une vĂ©gĂ©tation adaptĂ©e Ă un environnement froid et rocheux se dĂ©veloppe, certaines endĂ©miques du massif pyrĂ©nĂ©en comme la ramondie des PyrĂ©nĂ©es (Ramonda myconi), prĂ©sente depuis environ 25 millions dâannĂ©es, la saxifrage des PyrĂ©nĂ©es (Saxifraga longifolia), qui est arrivĂ©e lors des premiĂšres glaciations il y a un million dâannĂ©es et qui aime les substrats calcaires, et le chĂšvrefeuille des PyrĂ©nĂ©es (Lonicera pyrenaica). D'autres espĂšces remarquables sont la Globulaire rampante (Globularia cordifolia subsp. repens) et des fougĂšres de haute montagne (Woodsia glabella subsp. pulchella)[9] - [7].
Faune
La diversitĂ© des forĂȘts et des prairies abrite une faune riche dans laquelle dominent clairement les espĂšces typiques des Ă©tages alpins et montagnards. La proximitĂ© des serra de CadĂ et MoixerĂł met Ă la disposition de ces espĂšces des surfaces importantes, vitales pour rĂ©pondre Ă leurs besoins territoriaux.
- Oiseaux : on en trouve une grande variĂ©tĂ© et en grand nombre, le massif Ă©tant d'ailleurs une zone de protection spĂ©ciale pour les oiseaux. Ă l'Ă©tage montagnard, on trouve la sittelle torchepot (Sitta europaea), le pipit des arbres (Anthus trivialis), le bruant jaune (Emberiza citrinella), le bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) et la bĂ©casse des bois (Scolopax rusticola), qui vivent dans les sapins, les pinĂšdes et les hĂȘtraies du milieu forestier. Un autre habitant des forĂȘts facile Ă entendre et Ă reconnaĂźtre est le pic noir (Dryocopus martius), au contraire du grand TĂ©tras (Tetrao urogallus) trĂšs difficile Ă voir Ă cause de ses habitudes solitaires et de son habitat dans les sous-bois montagnards profonds. Enfin, dans le fond des petites vallĂ©es, on peut entendre la nuit pendant les mois d'Ă©tĂ© le hibou petit-duc (Otus scops) et un grand nombre de chouettes hulottes (Strix aluco). Ă l'Ă©tage alpin, parmi les autres espĂšces dâoiseaux sĂ©dentaires, on trouve le venturon montagnard (Serinus citrinella), le bec-croisĂ© des sapins (Loxia curvirostra), le crave Ă bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) et le chocard Ă bec jaune (Pyrrhocorax graculus). Les oiseaux de proie comme le faucon crĂ©cerelle (Falco tinnunculus) et le circaĂšte Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) nichent de prĂ©fĂ©rence dans les falaises les plus inaccessibles. Dans les falaises plus fraĂźches et humides, on trouve le tichodrome Ă©chelette (Tichodroma muraria), petit oiseau insectivore qui se dĂ©place le long des parois de maniĂšre Ă©tonnamment agile. Quant au merle Ă plastron (Turdus torquatus) et au merle de roche (Monticola saxatilis), ils se reproduisent aussi Ă haute altitude, mais abandonnent le massif aprĂšs l'Ă©tĂ©.
- MammifĂšres : la plus grande espĂšce de la faune sauvage est l'isard (Rupicapra pyrenaica), herbivore qui domine les sommets du massif. Les autres mammifĂšres de taille plus petite sont le lapin commun (Oryctolagus cuniculus), lâĂ©cureuil roux (Sciurus vulgaris), le campagnol des bois (Clethrionomys glareolus) et la musaraigne commune (Sorex araneus). En ce qui concerne les carnivores, on trouve le renard roux (Vulpes vulpes), la martre des pins (Martes martes), la belette (Mustela nivalis) et le chat sauvage (Felis silvestris).
- Amphibiens et serpents : l'euprocte des Pyrénées (Calotriton asper), la salamandre commune (Salamandra salamandra), la grenouille rousse (Rana temporaria), le grenouille de Pérez (Rana perezi), le crapaud commun (Bufo bufo), la couleuvre verte et jaune (Coluber viridiflavus) et la coronelle girondine (Coronella girondica). La seule espÚce venimeuse présente est la vipÚre aspic (Vipera aspis), assez répandue dans les Pyrénées.
- Papillons : le Tristan (Aphantopus hyperantus), le GazĂ© (Aporia crataegi), le Tabac d'Espagne (Argynnis paphia), le Moyen nacrĂ© (Fabriciana adippe), le SilĂšne (Brintesia circe), le SoufrĂ© (Colias hyale), le Citron (Gonepteryx rhamni), le Citron de Provence (Gonepteryx cleopatra), le Paon-du-jour (Aglais io), le Petit sylvain (Limenitis camilla), le Sylvain azurĂ© (Limenitis reducta), le Cardinal (Argynnis pandora), l'Apollon (Parnassius apollo), la PiĂ©ride de la rave (Pieris rapae), la ThĂšcle du chĂȘne (Neozephyrus quercus).
Enfin, une espĂšce d'escargot endĂ©mique et rare des PyrĂ©nĂ©es est Pyrenaearia parva[10]. Il n'a Ă©tĂ© identifiĂ© qu'en Andorre et dans le parc naturel de CadĂ-MoixerĂł, spĂ©cialement la zone de Pedraforca[10], c'est une espĂšce vulnĂ©rable et protĂ©gĂ©e.
Histoire
On trouve des traces au nord de l'homme de Néandertal (Paléolithique moyen) et de l'homme anatomiquement moderne (Paléolithique supérieur) au nord en Cerdagne. Les premiÚres traces archéologiques certaines dans le massif remontent au Néolithique avec le dolmen de Molers.
Patrimoine
On dénombre les éléments du patrimoine historique et culturel suivants :
- de nombreuses églises d'architecture romane sont disséminées dans la plupart des villages ou dans des endroits cachés du massif : le sanctuaire de Gresolet (Saldes), Santa Maria del Castell (Saldes), Sant Martà (Saldes), Sant Andreu de l'Espà (Saldes), Sant Sebastià del Sull (Saldes), Sant Ponç de Molers (Saldes), Santa Maria del Castell (Gósol), Santa Margarida de Gósol (Gósol) et Santa Eulà lia de Bonner (Gósol)[11] - [7] ;
- fortifications : au cours du Moyen Ăge, la rĂ©gion du massif de Pedraforca et ses environs Ă©taient contrĂŽlĂ©s par les comtes de Cerdagne, qui utilisaient les chĂąteaux de Saldes et de GĂłsol pour protĂ©ger leurs territoires. Ces fortifications ont Ă©tĂ© Ă l'origine des deux villages, mais elles sont actuellement partiellement en ruine[11] - [7] ;
- plusieurs sentiers traditionnels qui traversent la région, notamment les chemins de l'élevage, car dans la région et ses environs il existe d'importantes zones d'alpage. Ces routes conservent des annexes remarquables telles que des murs de pierre, des parcelles, des ponts, des auberges et des cortals[11] ;
- peinture : Pablo Ruiz Picasso passa l'Ă©tĂ© 1906 Ă GĂłsol, oĂč il transforma son style et devint trĂšs productif. AprĂšs l'Ă©tĂ©, Picasso quitta GĂłsol en traversant la serra del CadĂ par le Pas dels Gosolans pour rentrer Ă Paris, oĂč il dĂ©veloppa alors son style cubiste. Le souvenir de sa visite est restĂ© chez les Gosolans, qui disposent d'une salle Picasso avec des reproductions des Ćuvres peintes par l'artiste dans cette ville[11] - [7].
Mythes
Beaucoup de légendes circulent autour du Pedraforca, longtemps considéré comme une montagne magique. L'une des légendes dit que dans la nuit de la Saint-Sylvestre (le ), les sorciÚres se réunissent au Pedraforca pour danser et voler avec leur balai[12]. Une autre légende explique pourquoi la montagne a cette caractéristique : une nuit de Saint-Sylvestre, les sorciÚres ont célébré un Sabbat au sommet de l'ancienne montagne. Les sorciÚres étaient divisées en deux parties et se battaient entre elles, faisant tellement de bruit que la terre en tremblait. Les habitants de Saldes furent tellement effrayés qu'ils commencÚrent à se confier à saint Michel par des priÚres. Ce dernier les écouta, descendit du ciel avec une épée, et fendit la montagne en deux parties afin de séparer les deux clans de sorciÚres. De plus, la cime de la vieille montagne fut brisée en millions de morceaux ce qui donna naissance à tous les éboulis du Pedraforca.
Activités humaines
Protection
En 1932, la premiĂšre proposition officielle de protection de l'espace figure dĂ©jĂ dans les prĂ©visions de l'amĂ©nagement du territoire de la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne de l'Ăšre rĂ©publicaine. Les extractions de lignite Ă ciel ouvert, effectuĂ©es dans le secteur sud du massif depuis le XIXe siĂšcle et intensifiĂ©es par le dĂ©veloppement industriel entamĂ© en 1950, ont Ă©galement contribuĂ© Ă l'urgence de prĂ©server le site. En 1963, le plan de planification provincial de Barcelone, qui Ă©tait prĂ©vu pour le potentiel parc naturel CadĂ-Pedraforca, est de nouveau examinĂ©.
Le , une loi promulgue la crĂ©ation de la rĂ©serve nationale de chasse de CadĂ, qui comprend actuellement le Port del Comte. Cette loi, toujours en vigueur, prĂ©voit que les ressources de la faune et son utilisation Ă des fins de chasse puissent rester une source de revenus pour les populations habitant sur le site. Le statut d'autonomie de la Catalogne ouvre les portes Ă la protection dĂ©finitive de l'espace. En 1980, la Commission d'urbanisme de Catalogne approuve une liste d'espaces prĂ©sentant un intĂ©rĂȘt naturel particulier, parmi lesquels les massifs de CadĂ-MoixerĂł-Pedraforca ; l'ensemble de cette proposition est adoptĂ© par le parlement de Catalogne et incorporĂ© sous la forme d'une annexe Ă la loi du , Ă©tablissant des rĂšgles supplĂ©mentaires pour la protection des espaces prĂ©sentant un intĂ©rĂȘt naturel particulier et que pourraient affecter les activitĂ©s d'extraction.
Par la suite, une loi catalane du crĂ©e le « parc naturel dâintĂ©rĂȘt national du massif de Pedraforca »[4]. Puis, le , le parc naturel de CadĂ-MoixerĂł est crĂ©Ă© par dĂ©cret et regroupe en une seule zone au statut de parc naturel le massif de Pedraforca, le massif de CadĂ et le massif de MoixerĂł[4]. En 2004, l'administration du parc naturel dâintĂ©rĂȘt national de Pedraforca fusionne avec celle du parc naturel de CadĂ-MoixerĂł.
Au niveau europĂ©en, en , conformĂ©ment Ă la directive 79/409 de la CommunautĂ© Ă©conomique europĂ©enne, le parc naturel CadĂ-MoixerĂł est dĂ©clarĂ© zone de protection spĂ©ciale pour les oiseaux. Puis, des annĂ©es plus tard, par une dĂ©cision de la Commission europĂ©enne du , cette zone intĂšgre le rĂ©seau Natura 2000 au sein des rĂ©gions biogĂ©ographiques dite « alpines ».
Randonnées et escalade
Le Pedraforca est une randonnée mythique des Pyrénées, surtout pour les grimpeurs, en référence aux origines de l'escalade en Catalogne : au début du XXe siÚcle, Louis Estasen et ses collÚgues reconnaissent les itinéraires d'escalade les plus évidents, comme la brÚche occidentale du Pollegó inférieur ou encore le chemin Roja et la voie Grallera du Pollegó supérieur. La voie Estasen, ouverte le , constitue la premiÚre ascension du mur nord du Pollegó supérieur et des murs du Pollegó inférieur. Cette premiÚre est considérée comme l'élément fondateur de l'escalade en Catalogne. L'ascension du mur nord du Pollegó supérieur en hiver reste comparable en difficulté à celles situées dans les Alpes.
Il existe Ă©galement des itinĂ©raires de randonnĂ©es plus faciles jusqu'aux sommets principaux. Le sommet le plus visitĂ© est le point culminant PollegĂł superior, ses principales voies dâascension Ă©tant :
- de GĂłsol, par la forĂȘt de La Tossa et La Tartera, puis le long du sentier de la falaise ;
- Ă©galement de GĂłsol, suivre le GR 107 jusqu'Ă Font-Terrers puis en passant par Set-Fonts et le chemin du Verdet (Canal del Verdet) ;
- du refuge LluĂs Estasen, Ă©galement par le chemin du Verdet.
Toutefois, ces excursions Ă Pedraforca restent des randonnĂ©es de haute montagne et doivent ĂȘtre prĂ©parĂ©es : bonne condition physique, matĂ©riel appropriĂ© (chaussures, nourriture et boissons), conditions mĂ©tĂ©orologiques et tempĂ©ratures trĂšs changeantes.
Ăconomie
Les activitĂ©s traditionnelles liĂ©es au massif sont principalement l'agriculture et le pĂąturage des bovins. On trouve de petites exploitations du bois liĂ©es Ă la gestion de la forĂȘt. La mine Clara d'extraction de lignite a cessĂ©, aprĂšs que 34 personnes y ont trouvĂ© la mort le Ă la suite dâun coup de grisou ; c'est le plus grave accident minier de l'histoire de la rĂ©gion catalane[13]. Les autoritĂ©s misent sur l'essor du tourisme par l'attrait culturel (sites architecturaux citĂ©s plus haut, musĂ©e Picasso), naturel (randonnĂ©es et parc naturel) et sportif (escalade, vĂ©los tout terrain, voitures 4 Ă 4) du site[7].
Notes et références
- Google Maps, « Carte en relief du massif du Pedraforca » (consulté le ).
- (ca) Institut géographique et géologique de Catalogne, « Carte topographique de Catalogne » (consulté le ).
- (ca) Institut géographique et géologique de Catalogne, « Cartes géologiques de Catalogne » (consulté le ).
- (ca) Généralité de Catalogne, « La planification stratégique des parcs naturels protégés de Catalogne » [PDF] (consulté le ).
- Parcs de Catalogne (GĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne), « IntĂ©rĂȘt gĂ©ologique : massif du Pedraforca » [PDF] (consultĂ© le ).
- Parcs de Catalogne (GĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne), « IntĂ©rĂȘt gĂ©ologique : chaĂźne du Cadà » [PDF] (consultĂ© le ).
- Parcs de Catalogne (GĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne), « Site naturel d'intĂ©rĂȘt national de la Pedraforca » [PDF] (consultĂ© le ).
- Pierre Birot, « Essai sur la morphologie des Pyrénées catalanes », Annales de géographie, volume 249, pages 238-253, 1935 (consulté le ).
- Parcs de Catalogne (GĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne), « Faune et flore du Parc Naturel du CadĂ-MoixerĂł » [PDF] (consultĂ© le ).
- (en) Union internationale pour la conservation de la nature, « Pyrenaearia parva » (consulté le ).
- (ca) Parcs de Catalogne (Généralité de Catalogne), « Massif du Pedraforca: culture et histoire » (consulté le ).
- (ca) Réseau de télématique éducative de Catalogne, « La montagne magique » (consulté le ).
- Parcs de Catalogne (GĂ©nĂ©ralitĂ© de Catalogne), « IntĂ©rĂȘt gĂ©ologique : zone de LâEspĂ et de Saldes » [PDF] (consultĂ© le ).
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Institut géographique et géologique de Catalogne, « Carte topographique de la Catalogne » (consulté le ).
- (ca) Généralité de Catalogne, « Parcs naturelles de Catalogne » (consulté le ).