AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Venturon montagnard

Carduelis citrinella

Le Venturon montagnard (Carduelis citrinella) est une espÚce de petits passereaux granivores appartenant à la famille des Fringillidae, dont l'aire de répartition est limitée à certains massifs montagneux européens.

Description

L'espĂšce prĂ©sente un dimorphisme sexuel, le mĂąle Ă©tant nettement plus colorĂ© et chatoyant que la femelle aux couleurs plus sombres. Le mĂąle a une apparence gĂ©nĂ©rale verdĂątre, mais le ventre, la gorge, la face, les flancs, sont jaunes avec des nuances de vert, tandis que le dos est vert olive, la tĂȘte et la nuque sont grises. Deux barres alaires jaunes sont visibles sur les ailes, plus sombres.

Les juvéniles n'ont pas de jaune, et présentent une dominante brune avec des tons roux dessus et verts dessous.

Le bec est court et conique, typique des petits granivores.

Le Venturon Ă  une longueur d'environ 13 cm pour un poids de 13 g.

Il est possible de confondre le Venturon avec des espÚces voisines, le Serin cini et le Tarin des aulnes mais il se distingue par une livrée beaucoup moins rayée, gris et brunùtre dessus et vert jaunùtre dessous.

Comportement

Alimentation

Selon Fouarge, la consommation rĂ©guliĂšre de graines du pin Ă  crochets, le picorage de ses inflorescences et la quĂȘte au sol de petites graines et de capsules de mousses sont des comportements observĂ©s dans les PyrĂ©nĂ©es[1]. À deux reprises, il a aussi observĂ© des Venturons picorant du mortier sur des murs d’habitations.

Förschler a Ă©tudiĂ© le rĂ©gime alimentaire d’avril Ă  sur le site de nidification du mont Schliffkopf dans le nord de la ForĂȘt Noire. En dĂ©but de saison (d’avril Ă  mai), les graines de pin et de GermandrĂ©e Teucrium scorodania sont privilĂ©giĂ©es. À mesure qu’avance la saison de reproduction, la proportion de graines de plantes herbacĂ©es augmente. Les plantes les plus importantes pendant l’élevage des jeunes sont le pissenlit dĂ©but juin, l’oseille commune et d’autres astĂ©racĂ©es de fin juin Ă  dĂ©but juillet, et la flouve odorante Anthoxanthum odoratum fin juillet. Les insectes semblent constituer un complĂ©ment consĂ©quent pendant cette pĂ©riode[2]. De juin-juillet Ă  octobre, les plantes herbacĂ©es sont toujours bien reprĂ©sentĂ©es avec une large gamme d’espĂšces. De novembre Ă  mars, peu de plantes sont rĂ©pertoriĂ©es sauf des graines de germandrĂ©e et de pins. L’auteur conclut que la sĂ©lection des plantes coĂŻncide avec les pĂ©riodes de disponibilitĂ© et les conditions climatiques.

L’importance des graines de pins a Ă©tĂ© soulignĂ©e dans les PyrĂ©nĂ©es espagnoles[3].

Vol nuptial

Plusieurs mĂąles, dont certains chantant en vol avec des notes rappelant celles du Bec-croisĂ© des sapins, du Serin cini ou encore du Chardonneret Ă©lĂ©gant, ont Ă©tĂ© observĂ©s dans les PyrĂ©nĂ©es[1]. Le vol de parade nuptiale ressemble aussi Ă  celui du Serin cini, du Verdier d'Europe ou du Bec-croisĂ© des sapins avec les lents battements d’ailes typiquement papillonnants. Le mĂąle dont la femelle Ă©tait occupĂ©e Ă  construire un nid, Ă©mettait invariablement son chant Ă  chaque retour sur le site de nidification. TrĂšs souvent, le chant Ă©tait Ă©mis en mĂȘme temps que le vol papillonnant. Il Ă©tait aussi assez rĂ©guliĂšrement entendu sur les lieux de prĂ©lĂšvement de matĂ©riaux mais le vol nuptial Ă©tait alors bien moins frĂ©quent.

Reproduction

ƒufs de Venturon montagnard MusĂ©um de Toulouse

La femelle construit une coupe avec des tiges sĂšches, du lichens et des radicelles, puis elle la garnit de duvets vĂ©gĂ©taux, de crins et de plumes. Elle pond 2 Ă  5 Ɠufs brillants, bleuĂątres, tachetĂ©s de brun rougeĂątre, de la fin du mois de fĂ©vrier Ă  la fin du mois de juillet. La couvaison est faite par la femelle et dure 13 ou 14 jours. Elle peut faire une ou deux pontes annuelles. Les jeunes quittent le nid entre le 17e et le 18e jour[4].

La biologie de reproduction a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par Förschler sur le mont Schliffkopf dans le nord de la ForĂȘt Noire entre 950 m et le sommet (1 055 m). La densitĂ© de population sur l’ensemble de l’aire d'Ă©tude Ă©tait de 1,3 couple pour 10 hectares avec un maximum de 6 couples pour 10 hectares au centre. La plus courte distance entre deux nids occupĂ©s n’était que de 25 m. 19 nids furent dĂ©couverts dans des Ă©picĂ©as, 16 dans des pins et un seul dans un sapin. La plupart des nids Ă©taient placĂ©s prĂšs du tronc et Ă  proximitĂ© de la cime de l’arbre, et de prĂ©fĂ©rence exposĂ©s au sud-est. Ils Ă©taient situĂ©s entre 1,60 et plus de 30 m de hauteur. Ses observations sur la rĂ©partition des couples nicheurs et la synchronisation de la reproduction suggĂšrent l’existence d’un systĂšme de nidification de type colonial, probablement plus complexe que prĂ©vu[5].

Les variations locales de la taille des Ɠufs ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es Ă  Port del Comte dans les prĂ©-PyrĂ©nĂ©es catalanes dans deux sites diffĂ©rents, toujours par Förschler. Il a remarquĂ© que les Ɠufs sont plus gros dans le site Ă  habitat de bonne qualitĂ© que dans celui de moindre qualitĂ©[6]. Ces donnĂ©es concordent avec celles de prĂ©cĂ©dentes Ă©tudes ayant Ă©galement montrĂ© une meilleure survie, condition physique, vitesse de mue, sĂ©lection alimentaire et rĂ©ussite de reproduction.

RĂ©partition et habitat

Habitat

Son habitat est l'Ă©tage montagnard supĂ©rieur (Ă  partir de 700 m environ), dans les milieux de prĂ©-bois oĂč les rĂ©sineux dominent. Selon les massifs forestiers, ce seront tantĂŽt les pinĂšdes (Pin Ă  crochets) ou les pessiĂšres, ou des boisements mixtes, ou le mĂ©lĂ©zin, qui seront prĂ©fĂ©rĂ©s. Ces milieux semi-ouverts rĂ©sultent la plupart du temps d'une gestion sylvo-pastorale. La densitĂ© des oiseaux nicheurs est toujours faible. En hiver, l'espĂšce descend volontiers en plaine et est alors grĂ©gaire.

RĂ©partition

L'espĂšce est endĂ©mique en Europe(prĂ©sente strictement sur ce continent). Elle est localement prĂ©sente en France (PyrĂ©nĂ©es, Alpes, Massif central, Jura et sud des Vosges), en Suisse, en Allemagne (ForĂȘt-Noire), en Autriche (Tyrol), Italie (Alpes et Apennins) et Espagne (PyrĂ©nĂ©es, monts Cantabriques et montagnes du centre).

Systématique

L'espÚce Carduelis citrinella a été décrite par le naturaliste allemand Peter Simon Pallas en 1764, sous le nom initial de Serinus citrinella. Elle présente trÚs peu de différence avec le Venturon corse, qui fut longtemps considéré comme une sous-espÚce du Venturon montagnard. Carduelis corsicana est désormais distingué comme une espÚce à part entiÚre, endémique des ßles de Corse, de Sardaigne et de l'archipel toscan.

Synonymie

Noms vernaculaires

À la diffĂ©rence du français et de l'italien (Venturone europeo) qui tirent le mot venturon du nom vernaculaire occitan dĂ©signant cette espĂšce et le Tarin des Aulnes[8], les autres langues europĂ©ennes insistent sur la couleur jaune du plumage : Citronsisken en danois, Zitronenzeisig en allemand, StehlĂ­k citrĂłnovĂœ en slovaque, Citronsiska en slovĂšne... Les Espagnols quant Ă  eux le voient vert : VerderĂłn serrano (Verdier de montagne).

Statut

En France, l'espÚce est strictement protégée.

Le Venturon montagnard prĂ©sente des signes d’extinction dans la rĂ©gion la plus septentrionale de son aire. Entre 1995 et 2009, l’évolution d’une population en ForĂȘt Noire permet de constater un dĂ©clin dramatique durant cette courte pĂ©riode qui pourrait aboutir Ă  une extinction dans les 10 ans. Ce recul peut s’expliquer par l’abandon du pĂąturage extensif, provoquant la disparition des riches associations de plantes Ă  fleurs nĂ©cessaires Ă  l'espĂšce au profit un haut tapis herbacĂ©[9].

Notes et références

  1. Fouarge, J. (1980) Note sur la biologie du Venturon Carduelis citrinella dans les Pyrénées. Nos Oiseaux 35 : 373-375.
  2. Förschler, M. I. (2001) Brutzeitliche Nahrungswahl des Zitronengirlitzes Serinus citrinella im Nordschwarzwald. Vogelwelt 122: 265-272.
  3. Borras, A., Cabrera, T., Cabrera, J. & Senar, J. C. (2003) The diet of the Citril Finch in the Pyrenees and the role of Pinus seeds as a key resource. Journ. fĂŒr Orn. 144 (3): 345-353.
  4. Jean-François Dejonghe, Oiseaux Passion, Hachette, 24 mars 2004, 272 pages (ISBN 2-01-236961-8), p. 165.
  5. Förschler, M. I. (2002) Brutbiologie des Zitronengirlitzes Serinus citrinella im Nordschwarzwald. Der Ornithologische Beobachter 99: 19-32.
  6. Förschler, M. I. (2007b) Local variation in egg size of Citril Finches Carduelis citrinella in the Catalan Pre-Pyrenees. Revista Catalana d’Ornitologia, 23: 48-51.
  7. Pasquet & Thibault 1997, Sangster 2000, Sangster et al. 2002, Zamora et al. 2006, Arnaiz-Villena et al. 2008
  8. Dictionnaire franco-occitan
  9. Förschler, M. I. & Dorka, U. (2010) Le Venturon montagnard Carduelis citrinella montre des signes d’extinction dans la rĂ©gion la plus septentrionale de son aire de rĂ©partition. Alauda, 78 (2) : 131-136.

Annexes

Liens externes

Bibliographie

  • Arnaiz-Villena, A., Moscoso, J., RuĂ­z-del-Valle, V., Gonzalez, J., Reguera, R., Ferri, A., Wink, M. & Serrano-Vela, J. I. (2008) Mitochondrial DNA Phylogenetic Definition of a Group of ‘Arid-Zone’ Carduelini Finches. The Open Ornithology Journal, 1: 1-7.
  • Borras, A., Cabrera, T., Cabrera, J. & Senar, J. C. (2003) The diet of the Citril Finch in the Pyrenees and the role of Pinus seeds as a key resource. Journ. fĂŒr Orn, 144 (3): 345-353.
  • Förschler, M. I. (2001) Brutzeitliche Nahrungswahl des Zitronengirlitzes Serinus citrinella im Nordschwarzwald. Vogelwelt, 122: 265-272.
  • Förschler, M. I. (2002) Brutbiologie des Zitronengirlitzes Serinus citrinella im Nordschwarzwald. Der Ornithologische Beobachter, 99: 19-32.
  • Förschler, M. I. (2007a) Seasonal variation in the diet of citril finches Carduelis citrinella: are they specialists or generalists? Eur. J. Wildl. Res, 53: 190-194.
  • Förschler, M. I. (2007b) Local variation in egg size of Citril Finches Carduelis citrinella in the Catalan Pre-Pyrenees. Revista Catalana d’Ornitologia, 23: 48-51.
  • Förschler, M. I. & Dorka, U. (2010) Le Venturon montagnard Carduelis citrinella montre des signes d’extinction dans la rĂ©gion la plus septentrionale de son aire de rĂ©partition. Alauda, 78 (2) : 131-136.
  • Fouarge, J. (1980) Note sur la biologie du Venturon Carduelis citrinella dans les PyrĂ©nĂ©es. Nos Oiseaux, 35 : 373-375.
  • Ottaviani, M. (2011) Monographie des Fringilles (carduĂ©linĂ©s) – Histoire Naturelle et photographies, volume 2. Éditions Prin, IngrĂ©, France, 286 p.
  • Pasquet, E. & Thibault, J.-C. (1997) Genetic differences among mainland and insular forms of the Citril Finch Serinus citrinella. Ibis, 139: 679-684.
  • Sangster, G. (2000) Genetic distance as a test of species boundaries in the Citril Finch Serinus citrinella: a critique and taxonomic reinterpretation. Ibis, 142 : 487-490.
  • Sangster, G., Knox, A. G., Helbig, A. J. & Parkin, D. T. (2002) Taxonomic recommendations for European birds. Ibis, 144: 153-159.
  • Zamora, J., Moscoso, J., Ruiz-del-Valle, V., Lowy, E., Serrano-Vela, J. I., Ira-Cachafeiro, J. & Arnaiz-Villena, A. (2006) Conjoint mitochondrial phylogenetic trees for Canaries Serinus spp. and Goldfinches Carduelis spp. show several specific polytomies. Ardeola 53(1): 1-17.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.