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Flouve odorante

Anthoxanthum odoratum

Anthoxanthum odoratum, la flouve odorante, est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae (graminées), sous-famille des Pooideae, originaire des régions tempérées de l'Ancien Monde (Eurasie, Afrique du Nord). Ce sont des plantes herbacées vivaces de hauteur moyenne, aux tiges dressées et aux inflorescences en panicules contractées[2]. Parfois cultivée comme plante fourragère, la flouve odorante communique au foin une odeur agréable due à la présence de coumarine. Largement répandue en dehors de son aire d'origine, l'espèce se comporte comme une mauvaise herbe envahissante dans certaines régions, d'Australie et d'Amérique du Nord notamment.

Flouve odorante, planche botanique.

Étymologie

Son nom scientifique provient du grec anthos (« fleur ») et xanthos (« jaune »), par allusion à ses fleurs jaunes après la floraison. Les termes « odoratum » et « odorant » font référence à son odeur de coumarine après dessiccation.

Cette plante porte différents noms vernaculaires : chiendent-odorant, flouve odorante, foin-dur, foin d'odeur[3].

Description générale

Caractères biologiques

Plante vivace cespiteuse (modules qui semblent soudĂ©s entre eux, les entre-nĹ“uds très courts de la tige faisant qu'ils se touchent) de 15 Ă  60 cm, rarement jusqu'Ă  80 cm. Cette graminĂ©e a la capacitĂ© de coloniser l'espace Ă  grande distance par reproduction sexuĂ©e et pollinisation anĂ©mophile mais aussi Ă  courte distance par reproduction asexuĂ©e ou clonale. Une des formes de croissance clonale existante est le dĂ©veloppement latĂ©ral via des tiges modifiĂ©es (stolons ou rhizomes). Cette croissance se fait de manière lente par un rĂ©seau très agrĂ©gĂ© de modules (stratĂ©gie « phalange » avec occupation durable des sites colonisĂ©s)[4]

La coumarine est un métabolite secondaire de cette plante, la Flouve synthétisant ce composé toxique qui participe à sa défense chimique contre les herbivores. Il correspond à des rhizodépôts allélochimiques aux effets phytotoxiques (inhibition du développement d'autres espèces végétales de la rhizosphère). La concentration en coumarine est si élevée dans les racines que l'odeur de cette substance (agréable à basse concentration) se transforme en une repoussante odeur d'écurie[5]. On a signalé des cas d'intoxication de bovins à la suite d'ingestion d'ensilage ou de foin contenant de la flouve odorante, mal conservés et contenant de ce fait du dicoumarol[6].

Identification rapide

  • Plante cespiteuse et odorante lorsqu'elle est sèche
  • Épi dense et allongĂ©
  • Feuille caulinaire courte ciliĂ©e au sommet de la gaine
  • Ligule est oblongue et assez souvent dĂ©chirĂ©e
  • Fleur verdâtre et jaune en fin de floraison .

Identification poussée

  • Plante glabre ou velue, lĂ©gèrement odorante et cespiteuse
  • Tige simple, dressĂ©e ou genouillĂ©e Ă  la base, portant deux Ă  quatre nĹ“uds renforcĂ©s par des fibres, d'oĂą naissent les feuilles
  • Feuilles larges de 2 Ă  mm, longues de 2 Ă  10 cm en moyenne, ciliĂ©e au sommet de la gaine ; dernière feuille caulinaire très courte
  • Ligule oblongue, assez souvent dĂ©chirĂ©e
  • Panicule contractĂ© en Ă©pis dense, allongĂ© et cylindrique, Ă  surface rĂ©gulière ; fleurs verdâtres et jaunes en fin de floraison (cette floraison s'Ă©tend de mars Ă  juin, rarement juillet). Chaque Ă©pillet porte trois fleurs, de 6 Ă  mm de long, les deux fleurs infĂ©rieures Ă©tant stĂ©riles, la fleur supĂ©rieure fertile Ă©tant protandre (2 Ă©tamines typiquement en forme d'X puis ovaire surmontĂ© de stigmates plumeux
  • Glumes glabres ou velues ; glumelles des fleurs stĂ©riles très velues ; l'infĂ©rieure munie sur le dos d'une arĂŞte droite et courte, la supĂ©rieure portant une arĂŞte genouillĂ©e
  • Caryopse elliptique mesurant environ mm de long.

Cette flouve peut ĂŞtre confondue avec la flĂ©ole des prĂ©s mais cette dernière possède une inflorescence cylindrique et plus longue en moyenne (6 Ă  15 cm).

Taxinomie

L'espèce Anthoxanthum odoratum a été décrite par Linné et publiée en 1753 dans son Species plantarum 1: 28. 1753[7].

Synonymes

Selon Catalogue of Life (9 mars 2018)[8] :

  • Anthoxanthum asperum W.Mann ex Opiz, nom. nud.
  • Anthoxanthum maderense H.Teppner
  • Anthoxanthum nebrodense Lojac.
  • Anthoxanthum odoratum var. altissimum Eaton & Wright
  • Anthoxanthum odoratum var. corsicum (Briq.) Rouy
  • Anthoxanthum odoratum var. effusum Gray
  • Anthoxanthum odoratum var. laxum Wimm. & Grab.
  • Anthoxanthum odoratum f. montanum (Asch. & Graebn.) A.Nyár., nom. illeg.
  • Anthoxanthum odoratum var. montanum Pancic
  • Anthoxanthum odoratum var. nanum DC.
  • Anthoxanthum odoratum var. pilosum Döll
  • Anthoxanthum odoratum var. pubescens Gray
  • Anthoxanthum odoratum var. ramosum Hausskn.
  • Anthoxanthum odoratum var. subramosum DC.
  • Anthoxanthum odoratum f. tenerum (Asch. & Graebn.) A.Nyár.
  • Anthoxanthum odoratum f. villosum (Loisel.) Bolzon
  • Anthoxanthum odoratum subsp. villosum (Loisel.) Dumort.
  • Anthoxanthum odoratum var. villosum Loisel.
  • Anthoxanthum odoratum var. vulgare Alef.
  • Anthoxanthum ovatum var. montanum Asch. & Graebn.
  • Anthoxanthum ovatum var. strictum Asch. & Graebn.
  • Anthoxanthum ovatum var. tenerum Asch. & Graebn.
  • Anthoxanthum pauciflorum Adamovic
  • Anthoxanthum pilosum Döll
  • Anthoxanthum sommierianum Ricci
  • Anthoxanthum villosum (Loisel.) Tinant
  • Phalaris ciliata Pourr.
  • Xanthonanthos odoratus (L.) St.-Lag.

Liste des sous-espèces

Selon The Plant List (9 mars 2018)[1] :

  • Anthoxanthum odoratum subsp. furumii (Honda) T.Koyama
  • Anthoxanthum odoratum subsp. nipponicum (Honda) Tzvelev

Photographies

  • Anthoxanthum odoratum, vue gĂ©nĂ©rale
    Anthoxanthum odoratum, vue générale
  • Anthoxanthum odoratum, Feuille ciliĂ©e au sommet de la gaine
    Anthoxanthum odoratum, Feuille ciliée au sommet de la gaine
  • Anthoxanthum odoratum, Épis et feuille caulinaire
    Anthoxanthum odoratum, Épis et feuille caulinaire
  • Anthoxanthum odoratum, Ligule courte et dĂ©chirĂ©e
    Anthoxanthum odoratum, Ligule courte et déchirée
  • Anthoxanthum odoratum, Ă©pis en fleur
    Anthoxanthum odoratum, Ă©pis en fleur
  • Anthoxanthum odoratum, Ă©pis en fleur
    Anthoxanthum odoratum, Ă©pis en fleur
  • Anthoxanthum odoratum, Fleurs
    Anthoxanthum odoratum, Fleurs
  • Anthoxanthum odoratum, DĂ©tails de la partie fructifiĂ©e
    Anthoxanthum odoratum, Détails de la partie fructifiée

Aire de répartition

Distribution française

La Flouve odorante est commune dans presque toute la France, Corse comprise. Sa distribution s'Ă©lève Ă  jusqu'Ă  3 000 m d'altitude, de l'Ă©tage collinĂ©en Ă  l'Ă©tage alpin et de l'Ă©tage mĂ©so-mĂ©diterranĂ©en Ă  l'Ă©tage supra-mĂ©diterranĂ©en.

Écologie

La Flouve odorante est une espèce héliophile ou de demi-ombre. Elle affectionne les sols plus ou moins pauvres en bases dont le pH est légèrement à franchement acide. Elle apprécie les sols assez secs à frais.

Biotope

Anthoxanthum odoratum se plait au sein des prairies sèches, fauchées et pâturées, les landes à Callune, les chemins, les lisières forestières et les forêts ouvertes acidiphiles : Chênaies (Chêne pédonculé et Chêne sessile), Pineraies et Pessières à myrtille.

Usages et propriétés

  • Plante fourragère Ă  prĂ©cocitĂ© intĂ©ressante, la flouve odorante n'est plus beaucoup cultivĂ©e en France en agriculture conventionnelle Ă  cause de sa valeur alimentaire moyenne. Elle est par contre très rĂ©pandue et apprĂ©ciĂ©e dans les prairies permanentes[9]. Des semences sont disponibles souvent destinĂ©es aux mĂ©langes pour prairies de longue durĂ©e ou comme semences paysannes surtout destinĂ©es Ă  l'agriculture biologique.
  • Cette graminĂ©e a une utilisation condimentaire. Elle est en effet cousine de l'herbe au Bison de la Vodka et possède des propriĂ©tĂ©s et un parfum très proches, tout en Ă©tant beaucoup plus courante. L'herbe au bison dĂ©gage « un arĂ´me dĂ©licat de noix de coco, de vanille et d'amande, puis laisse une impression sirupeuse, Ă©paisse en bouche, due Ă  sa très fine astringence[10] ». La flouve odorante prĂ©alablement sĂ©chĂ©e dĂ©gage le mĂŞme parfum que l'aspĂ©rule odorante, qui est plus utilisĂ©e en gastronomie. Elle peut ĂŞtre utilisĂ©e pour parfumer des sauces, comme le propose le chef suisse Ă©toilĂ© Carlo Crisci. Par exemple, il ajoute 50 grammes de flouve sĂ©chĂ©e Ă  une ballotine de rognons de veau, emballĂ©e dans une feuille d'aluminium, puis passĂ©e au four[11].
  • Restrictions d'usage. Toute la plante contient de la coumarine Ă  la dessiccation qui lui donne son odeur de vanille, d'oĂą son utilisation pour aromatiser les tisanes. Moisie, elle contient du dicoumarol, une antivitamine K pouvant provoquer de graves hĂ©morragies.

La plante entière aurait des propriétés médicinales : sédative et anti-inflammatoire. Elle entrerait dans les soins liés aux insuffisances veineuses, aux œdèmes circulatoires et à la circulation capillaire.

Bibliographie et sources

Notes et références

  1. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 9 mars 2018
  2. Luc Brouillet et al., « Anthoxanthum odoratum Linnaeus », sur VASCAN, la Base de données des plantes vasculaires du Canada, 2010+ (consulté le )
  3. Gaston Bonnier et Robert Douin (ill. Julie Poinsot), La grande flore en couleurs de Gaston Bonnier : France, Suisse, Belgique et pays voisins, t. 4, Belin, , 1400 p. (ISBN 978-2-7011-1300-5), p. 1246.
  4. (en) Lesley Lovett Doust, « Population dynamics and local specialization in a clonal perennial (Ranunculus Repens): I. The dynamics of ramets in contrasting habitats », Journal of Ecology, vol. 69, no 3,‎ , p. 743-755 (DOI 10.2307/2259633).
  5. Marc-André Selosse, Les Goûts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'écologie à la santé, Actes Sud, , p. 71
  6. (en) Bartol JM, Thompson LJ, Minnier SM, Divers TJ., « Hemorrhagic diathesis, mesenteric hematoma, and colic associated with ingestion of sweet vernal grass in a cow », Journal of the American Veterinary Medical Association, vol. 216, no 10,‎ , p. 1605-1608, 1569-1570. (lire en ligne).
  7. (en) « Anthoxanthum odoratum », sur Tropicos.org., Jardin botanique du Missouri (consulté le ).
  8. Catalogue of Life Checklist, consulté le 9 mars 2018
  9. « Les espèces prairiales », sur GNIS (consulté le )
  10. Marc-André Selosse, Les Goûts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'écologie à la santé, Actes Sud Nature, , p. 87
  11. Carlo Crisci, François Couplan et Jack Varlet, Vertiges des saveurs: cueillir & cuisiner les plantes sauvages, Éd. du Belvédère, (ISBN 978-2-88419-273-6)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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