MĂ©tolachlore
Le mĂ©tolachlore (metolachlor en anglais) est un composĂ© organochlorĂ© dĂ©rivĂ© de lâaniline de la famille des chloroacĂ©tanilides utilisĂ© comme herbicide selectif. Son mĂ©lange racĂ©mique (50% de (R)-mĂ©talachlore et 50% de (S)-mĂ©talachlore) appelĂ© mĂ©tolachlore est interdit en France depuis 2003[3]. Il est Ă nouveau autorisĂ© en 2005 sous forme purifiĂ©e appelĂ©e S-mĂ©tolachlore et contenant au moins 80% de l'Ă©nantiomĂšre actif (S)-mĂ©tolachlore[4].
MĂ©tolachlore | |||
Identification | |||
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Nom UICPA | (RS)-2-chloro-N-(2-éthyl-6-méthylphényl)-N-(1-méthoxypropan-2-yl)acétamide | ||
No CAS |
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No ECHA | 100.051.856 | ||
No CE | 257-060-8 | ||
No RTECS | AN3430000 | ||
PubChem | 4169 11601631 (R) 11140605 (S) |
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SMILES | |||
InChI | |||
Apparence | liquide huileux blanchùtre à légÚrement coloré | ||
Propriétés chimiques | |||
Formule | C15H22ClNO2 |
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Masse molaire[1] | 283,794 ± 0,016 g/mol C 63,48 %, H 7,81 %, Cl 12,49 %, N 4,94 %, O 11,28 %, |
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Propriétés physiques | |||
T° fusion | â62,1 °C[2] | ||
T° ébullition | 100 °C à 0,053 8 mbar[2] | ||
Solubilité | 490 mg·l-1 (eau, 25 °C)[2] | ||
Masse volumique | 1,12 g·cm-3 à 20 °C[2] | ||
Point dâĂ©clair | 190 °C[2] | ||
Limites dâexplosivitĂ© dans lâair | min=210 g·m-3[2] | ||
Pression de vapeur saturante | 0,000 042 mbar à 20 °C[2] | ||
Précautions | |||
SGH | |||
Attention |
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Directive 67/548/EEC[2] | |||
Xn N |
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Transport[2] | |||
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Ăcotoxicologie | |||
DL50 | 2 200 mg·kg-1 (rat, oral)[2] | ||
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |||
Le mĂ©tolachlore a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ© en AmĂ©rique du Nord et en Europe. Il Ă©tait l'un des plus utilisĂ©s avec le glyphosate, l'atrazine, et l'acĂ©tochlore. Il a Ă©tĂ© le dĂ©sherbant le plus populaire pour le maĂŻs aux Ătats-Unis jusqu'au dĂ©but des annĂ©es 2000[5]. Ă la diffĂ©rence du glyphosate, il n'est normalement pas utilisĂ© en jardinage urbain ou dans les parcs et espaces publics, ou pour l'entretien des bords de routes, nĂ©anmoins, il peut y ĂȘtre apportĂ© par l'air, les pluies ou la brume. Avec les 3 autres produits dĂ©jĂ citĂ©s et la mĂ©tribuzine, il fait partie des pesticides le plus souvent trouvĂ©s dans la nappe phrĂ©atique aux Ătats-Unis[6]). Il est considĂ©rĂ© par l'USGS comme un perturbateur endocrinien potentiel[6], pour la faune sauvage ou domestique dans le milieu naturel, pour l'homme, via l'eau potable ou l'inhalation, ou l'ingestion en tant que rĂ©sidu de pesticides.
Peu Ă peu depuis 1986, puis lĂ oĂč il a Ă©tĂ© interdit, il a Ă©tĂ© thĂ©oriquement remplacĂ© par le S-mĂ©tolachlore qui est son Ă©nantiomĂšre actif. C'est la substance active de produits phytosanitaires (ou produit phytopharmaceutique, ou pesticide ; herbicide sĂ©lectif), de la famille des chloroacĂ©tamides (tout comme l'acĂ©tochlore, l'alachlore ou le dimĂ©thĂ©namide).
Le métolachlore, bien qu'interdit en 2003 en France était encore trouvé dans l'eau et l'air en 2016 sous la forme de ses produits de dégradation [7]. Au Canada, c'est avec l'atrazine, à l'embouchure de la riviÚre Yamaska, le premier polluant pesticide (en fréquence et quantité) trouvé dans l'eau, à cause des cultures de maïs et soja du bassin versant (400 t/an de pesticides y seraient appliqués[8] - [9]).
Depuis l'interdiction de l'atrazine, le S-métolachlore est devenu l'un des produits les plus vendus pour le désherbage chimique du maïs (ceci implique que l'analyse de ces produits passe par une quantification des proportions de différents isomÚres).
Caractéristiques chimiques
Le métolachlore possÚde un atome de carbone asymétrique et se présente donc sous la forme de deux énantiomÚres (R)- et (S)-métolachlore, la forme (S) étant la plus active comme herbicide. Ainsi, pendant un certain temps, les méthodes de fabrication ont été améliorées pour augmenter la proportion de l'isomÚre (S). Finalement, le produit vendu comme (S)-métolachlore contient plus de 80 % de l'énantiomÚre S.
Une particularitĂ© du mĂ©tolachlore est que ces deux Ă©pimĂšres sont en outre atropisomĂšres, du fait du blocage de la rotation autour de la liaison C-N, C aryle Ă cause de l'encombrement stĂ©rique des substituants en ortho sur le cycle aromatique et de ceux sur l'atome d'azote. Il y a donc 4 stĂ©rĂ©oisomĂšres du mĂ©tolachlore : deux atropoisomĂšres du (S)-mĂ©tolachlore, les isomĂšres (Ra,S) et (Sa,S) qui ont le mĂȘme effet herbicide[10] d'une part. D'autre part, les deux atropoisomĂšres du (R)-mĂ©tolachlore, (Ra,R) et (Sa,R) qui sont inactifs comme herbicide[11].
Par ailleurs :
- C'est un produit considĂ©rĂ© comme assez dĂ©gradable[12], mais trĂšs utilisĂ©, trĂšs soluble dans l'eau (solubilitĂ© : 530 mg lâ1 Ă 20 °C) et assez mobile voire trĂšs mobile dans les milieux basiques. Ceci en fait un polluant potentiellement important pour les cours d'eau et la nappe phrĂ©atique.
- Sa pression de vapeur est de 0,001 7 pascal (Ă 20 °C)[13], pour une Constante de Henry de 0,000 91 pascal mâ3 moleâ1 ; il migre donc Ă©galement facilement dans l'air, oĂč les pluies peuvent Ă nouveau le solubiliser et le transporter.
- DJA (dose journaliĂšre acceptable) :
- 0,03 mg kgâ1 de poids corporel/jour pour le mĂ©tolachlore.
- 0,10 mg kgâ1 de poids corporel/jour pour le S-mĂ©tolachlore.
Histoire
Ce dĂ©sherbant a Ă©tĂ© mis sur le marchĂ© par la multinationale Ciba-Geigy, notamment sous la marque Dual Magnum comme dĂ©sherbant du maĂŻs. Il est maintenant interdit dans certains pays, mais largement remplacĂ© par le S-mĂ©tolachlore, qui fait lui-mĂȘme en 2023 l'objet d'un processus de renouvellement d'autorisation pour une utilisation sur le maĂŻs et le tournesol dans l'Union europĂ©enne, avec un avis trĂšs mitigĂ© de l'Agence europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments (Efsa) en raison « de prĂ©occupations critiques » liĂ©es au fait que la molĂ©cule mĂšre et/ou certains de ses mĂ©tabolites sont trop souvent retrouvĂ©s Ă des seuils dĂ©passant les normes dans l'eau potable[14].
Mode d'action
C'est un inhibiteur des élongases et des géranyl-pyrophosphate (GGPP) cyclases, enzymes participant à la biosynthÚse des gibbérellines (famille de phytohormones dont le composé actif est l'acide gibbérellique).
Le métolachlore tel qu'originellement formulé (mélange racémique) est de moins en moins commun. L'énantiomÚre R étant inactif en tant que désherbant, les méthodes de production (catalyse asymétrique[15]) permettent désormais de produire du (S)-métolachlore plus pur.
Toxicologie, Ă©cotoxicologie
Du mĂ©tolachlore a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans les eaux souterraines et de surface Ă des concentrations allant de 0,08 Ă 4,5 parties par million (ppm) un peu partout aux Ătats-Unis[16]. Il est aussi dĂ©tectĂ© dans l'eau potable en France, prĂšs de la Loire en 2017 [17]. On a montrĂ© qu'il Ă©tait bioaccumulable chez plusieurs espĂšces comestibles de poissons et ses effets prĂ©judiciables sur la croissance et le dĂ©veloppement des animaux qui y sont exposĂ©s soulĂšvent des prĂ©occupations quant Ă d'Ă©ventuels effets sur la santĂ© humaine.
Il est classé comme un pesticide de catégorie C par l'EPA, ce qui indique des indices de cancérogénicité[18].
Aux Ătats-Unis, il n'y a pas encore de niveau maximal de contamination (Maximum Contaminant Level (en) ou MCL) pour le mĂ©tolachlore dont la prĂ©sence est donc autorisĂ©e dans l'eau potable. L'EPA a toutefois Ă©tabli un niveau prĂ©occupant pour la santĂ© (HAL [19]) de 0,525 mg lâ1.
Aux Ă©chelles cellulaires, on a montrĂ© que le mĂ©tolachlore a - in vitro - des effets cytotoxiques et gĂ©notoxiques chez les lymphocytes humains[20]. Ces effets gĂ©notoxiques ont Ă©galement Ă©tĂ© observĂ©s chez des tĂȘtards de la grenouille Rana catesbeiana[21].
- In vitro, sans avoir un réel effet fongicide, le métolachlore altÚre également la croissance cellulaire et réduit la division cellulaire chez la levure Saccharomyces cerevisiae[22].
- Des embryons de poulet exposés au métolachlore présentaient une diminution significative de la masse corporelle moyenne par rapport aux témoins[23].
Devenir dans l'environnement
Les mĂ©tabolites du mĂ©tolachlore ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans diffĂ©rents niveaux des plantes traitĂ©es. Les plantes conservent toutefois leurs mĂ©tabolites mĂ©tolachlore mĂȘme si les animaux qui consomment ces plantes sont capables de dĂ©composer et d'Ă©liminer le produit chimique rapidement. Certaines parties de plantes, comme les feuilles de coton peuvent conserver des niveaux Ă©levĂ©s de rĂ©sidus de mĂ©tolachlore par rapport Ă d'autres parties des plantes telles que les graines.
La répartition de métolachlore dans le sol est affectée par un certain nombre de facteurs comme l'humidité, la température, l'activité microbienne, le type de sol, la concentration de l'oxygÚne et de la nitrification et est mobile et facilement lessivé dans le sol. L'effet des changements de la teneur en humidité et de température liées à l'activité microbienne affecte également sa ventilation.
Contamination des aliments
Au Canada, la limite maximale de résidus[24] (ou apport alimentaire maximal de métolachlore) est de 0,026 mg/jour[25]. Lors d'essais (avec taux d'épandage non noté), selon l'OMS, dans les années 1980, le taux résiduel moyen dans divers végétaux destinés à la vente était de 0,046 mg·kg-1 (environ deux fois la limite canadienne), avec une teneur maximale, de 0,08 mg·kg-1 dans des pommes de terre (environ 3 fois la limite max ministérielle)[25].
Contamination de l'eau, cinétique dans l'environnement
Le mĂ©tolachlore est rĂ©putĂ© facilement adsorbĂ© sur la matiĂšre organique (MO) du sol, au point d'ĂȘtre peu lixiviĂ© dans les sols trĂšs riche en humus[26] - [27] et plus facilement relarguĂ© dans les sols pauvres et acides[28].
Il s'adsorbe également sur l'argile du sol ; un taux élevé d'argile dans le sol freine aussi sa lixiviation[26], mais on sait mal ce qui se passe dans la nature lors des épisodes de sécheresse et réhydratation de l'argile, ou lors des phénomÚnes d'érosion éolienne ou hydrique.
- Il est soluble dans l'eau et on retrouve également ses métabolites dans les eaux de surfaces et souterraines[29] - [30].
- De plus, au Canada, lĂ oĂč on l'a cherchĂ© (en Ontario) au dĂ©but des annĂ©es 1980, sur 440 Ă©chantillons prĂ©levĂ©s dans 3 bassins fluviaux Ă©tudiĂ©s entre 1981 et 1985, il Ă©tait prĂ©sent dans 21 Ă©chantillons, avec une teneur moyenne variant de 0,7 Ă 4,1 ”g/l selon les annĂ©es.
On en utilisait alors dans ce pays plus de 300 T/an[31].
- En 1985 dans le sud-Ontario, 15 % de 351 puits privés étudiés pour vérifier si on y trouvait de l'alachlore en contenaient aussi[32].
- Du mĂ©tolachlore avait contaminĂ© l'eau de 125 des 917 Ă©chantillons venant de rĂ©serves d'eau municipales et privĂ©es de la rĂ©gion canadienne de l'Atlantique (de 1985 Ă 1986), du QuĂ©bec (de 1984 Ă 1985), de l'Ontario (de 1979 Ă 1986) et de l'Alberta (1986). En Ontario, une rĂ©serve d'eau en contenait mĂȘme 1 800 ”g/l [32]
Les deux principaux métabolites connus du métolachlore sont :
- [2-[(2-éthyl-6-méthylphényl)(2-méthoxy-1-méthyléthyl)amino]-2-acide oxoacétique] (AO) ;
- [2-[(2-éthyl-6-méthylphényl)(2-méthoxy-1-méthyleéthyl-1)amino]-2-acide oxoéthanesulfonique] (AOES).
Dissous dans l'eau, le métolachlore donne le [2-chloro-N-(2-éthyl-6-méthylphényl)-N-(méthoxy-1-méthyléthyl) acétamide]. Cette molécule est plus ou moins bien adsorbée selon le type de sol[33] - [34] sur certains supports (feuillets d'argile par exemple) , absorbée par les racines ou certains mycéliums ou emportée par le ruissellement de surface[35].
- De premiĂšres Ă©tudes et indices laissaient penser que cette phase dissoute Ă©tait significativement retenue (par adsorption sur le complexe argilo-humique et microbien[36] du sol et des racines) par des bandes enherbĂ©es filtrantes[37] plantĂ©es par certains agriculteurs ou riverains des champs, mieux que les deux principaux mĂ©tabolites (acide oxanilique ou l'acide Ă©thane mĂ©tolachlore), peut-ĂȘtre en raison d'une augmentation des complexes argilo-humiques et des organismes fongiques dans ces bandes enherbĂ©es[38].
- Une étude[39] a montré les capacités d'adsorption et de relargage (dissolution ou désorption[40] - [41] - [42]) pour des bandes enherbées exposées à des doses courantes de métolachlore. Cette étude a mesuré la cinétique de trois molécules : la phase dissoute du métolachlore, et ses 2 principaux métabolites. Le coefficient de sorption du métolachlore a effectivement été 88 % plus élevé dans les bandes enherbées que dans les sols cultivés, mais les métabolites n'y étaient pas du tout mieux retenus que dans le sol cultivé (coefficient de sorption 79 % inférieure à celui du métolachlore dans les deux types de sols). Quant au coefficient de désorption, il était pour le métolachlore en solution 59 % plus élevé dans le sol de la bande enherbée que dans un sol équivalent cultivé. Le coefficient de désorption des deux métabolites était au moins 66 % inférieur à celui du métolachlore (en sol cultivé ou dans la bande enherbée). Les bandes enherbées limitent donc significativement le transfert de la molécule mÚre dissoute, mais non celui de ses métabolites[39].
Biodégradation
Elle se fait par oxydation du groupement acétyle, en passant par la formation d'un dérivé d'acide oxalique[26] (OXA métolachlore) et d'acide sulfonique (ESA métolachlore)[43].
- Demi-vie de biodégradation dans le sol cultivé : initialement (en 1986) estimée entre 6 et 10 semaines[44], une étude plus récente réalisée à partir de marquage isotopique au carbone 14 a démontré une forte rémanence dans les phases solides à hauteur de 95 % aprÚs 12 semaines, ce qui conduirait à une accumulation d'à peu prÚs 80 % de la quantité initialement épandue dans les sols d'une année sur l'autre[45].
- Dans un sol riche en matiĂšres organiques et en champignons microscopiques (ce qui est rarement le cas des sols d'agriculture industrielle, Ă cause de l'emploi de fongicides et d'un dĂ©ficit frĂ©quent en matiĂšre organique), la biodĂ©gradation peut ĂȘtre plus rapide, avec 5 mĂ©tabolites trouvĂ©s dans le cas d'une expĂ©rimentation avec une communautĂ© de deux champignons ; Aspergillus flavus, Aspergillus terricola isolĂ©s Ă partir d'un sol agricole « acclimatĂ© » au mĂ©tolachlore. Dans ce cas, la demi-vie du mĂ©tolachlore en culture de laboratoire n'Ă©tait que de 3,5 jours ; cinq mĂ©tabolites ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dans ce cas. La dĂ©chloration hydrolytique, une N-dĂ©salkylation et le clivage de la liaison amide semblent ĂȘtre les transformations dominantes appliquĂ©es au mĂ©tolachlore par ces champignons qui ont produit 2 mĂ©tabolites jamais auparavant signalĂ©s dans des cultures mixtes ou purement microbiennes (6-mĂ©thyl acĂ©tanilide 2-Ă©thyl et 6-mĂ©thyl aniline 2-Ă©thyl). Selon les auteurs de l'Ă©tude, une culture mixte en laboratoire pourrait dĂ©grader 99 % du mĂ©tolachlore, mĂȘme Ă un niveau d'enrichissement aussi Ă©levĂ© que 100 mg·ml-1 [46]. En termes de bilan Ă©cotoxicologique, il reste Ă vĂ©rifier l'innocuitĂ© des mĂ©tabolites produits.
SynthĂšse
Le métolachlore est dérivé de l'aniline qui est un composé organique aromatique toxique et écotoxique, dérivé du benzÚne.
Il est aujourd'hui produit Ă partir de 2-Ă©thyl-6-mĂ©thylaniline (MEA) par condensation avec du mĂ©thoxy-acĂ©tone. La molĂ©cule rĂ©sultante (une imine) est hydrogĂ©nĂ©e pour donner principalement la S- amine stĂ©rĂ©oisomĂ©rique, par hydrogĂ©nation Ă©nantiosĂ©lective catalysĂ©e par un composĂ© d'iridium (procĂ©dĂ© testĂ© Ă partir de 1986 et commercialement opĂ©rationnel depuis 1996[15]). Cette amine secondaire est alors acĂ©tylĂ©e avec du chlorure de chloracĂ©tyle. Les effets stĂ©riques de l'aniline 2,6-disubstituĂ©e freinent la rotation autour de la liaison N â aryl-C. Donc, Ă la fois les Ă©nantiomĂšres R et S existent en tant qu'atropo-isomĂšres. Les deux atropo-isomĂšres du (S)-mĂ©tolachlore prĂ©sentent la mĂȘme activitĂ© biocide en interagissant nĂ©gativement avec le systĂšme phytohormonal des plantes qui l'absorbent[15].
Utilisation comme herbicide
Le S-métolachlore est surtout utilisé, seul ou en combinaison avec d'autres herbicides, pour le désherbage sélectif du maïs en prélevée (avril-juin ; de mars à mai surtout) et parfois sur le tournesol et le sorgho, les arachides, la fÚve, le soja ou contre les dicotylédones dans d'autres cultures. Il cible les graminées et dicotylédones considérées comme des « mauvaises herbes ».
- Ă titre d'exemple, la vente rĂ©gionale moyenne en zones agricoles en 2000 pour la rĂ©gion Poitou-Charentes Ă©tait de 3,07 kg/kmÂČ[47].
- On en utilisait déjà plus de 1.000.000 kg/an au Canada dans les années 1980[48].
RĂ©glementation
Sur le plan de la réglementation des produits phytopharmaceutiques :
- pour lâUnion europĂ©enne :
- pour la France : interdit,
- au Canada, la concentration maximale acceptable provisoire (CMAP) de métolachlore dans l'eau potable est de 0,05 mg·l-1 (50 ”g/l).
Les fonds de bidons non utilisĂ©s ne doivent pas ĂȘtre Ă©liminĂ©s dans la nature, ni brĂ»lĂ©s (sous peine de produire des dioxines, PCB ou furanes ou d'autres organochlorĂ©s toxiques). Plusieurs pays ou rĂ©gions ont mis en place des systĂšmes d'aides et de participation volontaire Ă l'Ă©limination sĂ©curisĂ©e des stocks de pesticides dĂ©suets ou interdits (ex : Programme de gestion des produits dĂ©suets de pesticide d'Environnement-Canada).
Pollution, surveillance
DÚs les années 1980, ce produit était devenu trÚs présent dans l'environnement de toutes les régions cultivées de l'hémisphÚre nord (dans l'air et dans l'eau). On recherche dans l'eau la molécule-mÚre qu'on détecte aussi dans l'air ambiant[49] mais aussi deux de ses produits de dégradation (qui sont par ailleurs communs au métolachlore et à l'acétochlore) :
- le "2-éthyl, 6-méthyl, 2-chloro acétanilide" (recherché dans les eaux superficielles depuis 2003 et dans les eaux souterraines depuis 2005) ;
- le "2-éthyl, 6-méthylaniline" (recherché dans les eaux superficielles depuis 2004 et dans les eaux souterraines depuis 2005).
Dosage
Plusieurs méthodes[50] sont proposées par le fabricant :
- extraction au chloroforme, puis séparation par chromatographie gaz-liquide et détection par conductivité électrolytique, mode azote (limite de détection : 0,02 ”g/l)[51] ;
- extraction au dichlorométhane, puis séparation par chromatographie en phase gazeuse et suivie d'un dosage au moyen d'un détecteur spécifique de l'azote et du phosphore (limite de détection approximative : de 0,1 à 2,0 ”g/l)[52].
Autre méthode :
- extraction par séparation de phase solide puis dilution au méthanol [53].
Traitement de l'eau potable
Ce produit peut ĂȘtre adsorbĂ© par un filtre Ă charbon activĂ© (qui en Ă©liminerait 99,5 pour cent d'eaux usĂ©es en contenant en moyenne 16,4 mg·l-1)[54].
Articles connexes
- Perturbateur endocrinien
- Biocide
- Pesticide
- DĂ©sherbant
- Substance active d'un produit phytopharmaceutique
- Liste de substances actives de produits phytosanitaires
- Liste de substances actives de produits phytopharmaceutiques autorisées par l'Union européenne
- Liste de substances actives de produits phytopharmaceutiques interdites par l'Union européenne
Bibliographie
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- Avis de lâANSES relatif Ă la dĂ©termination de valeurs sanitaires maximales pour des acides sulfonique (ESA) et oxanilique (OXA) de lâalachlore et du mĂ©tolachlore sur www.ANSES.fr, Maisons-Alfort, .
Notes et références
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Entrée « 2-Ethyl-6-methyl-1-N-(2-methoxy-1-methylethyl)chloroacetanilide » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais) (JavaScript nécessaire)
- Date limite d'utilisation : 30/12/2003 ; Texte référent : avis JORF du 18/08/2002 p13961
- ANSES, « Non-conformités dans les eaux destinées à la consommation humaine dues aux métabolites du métolachlore », , p. 27
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- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Metolachlor » (voir la liste des auteurs).