AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

MĂ©tolachlore

Le mĂ©tolachlore (metolachlor en anglais) est un composĂ© organochlorĂ© dĂ©rivĂ© de l’aniline de la famille des chloroacĂ©tanilides utilisĂ© comme herbicide selectif. Son mĂ©lange racĂ©mique (50% de (R)-mĂ©talachlore et 50% de (S)-mĂ©talachlore) appelĂ© mĂ©tolachlore est interdit en France depuis 2003[3]. Il est Ă  nouveau autorisĂ© en 2005 sous forme purifiĂ©e appelĂ©e S-mĂ©tolachlore et contenant au moins 80% de l'Ă©nantiomĂšre actif (S)-mĂ©tolachlore[4].

MĂ©tolachlore
Image illustrative de l’article MĂ©tolachlore
Identification
Nom UICPA (RS)-2-chloro-N-(2-éthyl-6-méthylphényl)-N-(1-méthoxypropan-2-yl)acétamide
No CAS 51218-45-2

178961-20-1 (R)
87392-12-9 (S)

No ECHA 100.051.856
No CE 257-060-8
No RTECS AN3430000
PubChem 4169
11601631 (R)
11140605 (S)
SMILES
InChI
Apparence liquide huileux blanchùtre à légÚrement coloré
Propriétés chimiques
Formule C15H22ClNO2
Masse molaire[1] 283,794 ± 0,016 g/mol
C 63,48 %, H 7,81 %, Cl 12,49 %, N 4,94 %, O 11,28 %,
Propriétés physiques
T° fusion −62,1 °C[2]
T° Ă©bullition 100 °C Ă  0,053 8 mbar[2]
Solubilité 490 mg·l-1 (eau, 25 °C)[2]
Masse volumique 1,12 g·cm-3 à 20 °C[2]
Point d’éclair 190 °C[2]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air min=210 g·m-3[2]
Pression de vapeur saturante 0,000 042 mbar Ă  20 °C[2]
Précautions
SGH
SGH07 : Toxique, irritant, sensibilisant, narcotiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Attention
H302, P261, P272, P280, P321, P302+P352, P333+P313 et P501
Directive 67/548/EEC[2]
Nocif
Xn
Dangereux pour l’environnement
N


Transport[2]
-
Écotoxicologie
DL50 2 200 mg·kg-1 (rat, oral)[2]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le mĂ©tolachlore a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ© en AmĂ©rique du Nord et en Europe. Il Ă©tait l'un des plus utilisĂ©s avec le glyphosate, l'atrazine, et l'acĂ©tochlore. Il a Ă©tĂ© le dĂ©sherbant le plus populaire pour le maĂŻs aux États-Unis jusqu'au dĂ©but des annĂ©es 2000[5]. À la diffĂ©rence du glyphosate, il n'est normalement pas utilisĂ© en jardinage urbain ou dans les parcs et espaces publics, ou pour l'entretien des bords de routes, nĂ©anmoins, il peut y ĂȘtre apportĂ© par l'air, les pluies ou la brume. Avec les 3 autres produits dĂ©jĂ  citĂ©s et la mĂ©tribuzine, il fait partie des pesticides le plus souvent trouvĂ©s dans la nappe phrĂ©atique aux États-Unis[6]). Il est considĂ©rĂ© par l'USGS comme un perturbateur endocrinien potentiel[6], pour la faune sauvage ou domestique dans le milieu naturel, pour l'homme, via l'eau potable ou l'inhalation, ou l'ingestion en tant que rĂ©sidu de pesticides.

Peu Ă  peu depuis 1986, puis lĂ  oĂč il a Ă©tĂ© interdit, il a Ă©tĂ© thĂ©oriquement remplacĂ© par le S-mĂ©tolachlore qui est son Ă©nantiomĂšre actif. C'est la substance active de produits phytosanitaires (ou produit phytopharmaceutique, ou pesticide ; herbicide sĂ©lectif), de la famille des chloroacĂ©tamides (tout comme l'acĂ©tochlore, l'alachlore ou le dimĂ©thĂ©namide).

Le mĂ©tolachlore, bien qu'interdit en 2003 en France Ă©tait encore trouvĂ© dans l'eau et l'air en 2016 sous la forme de ses produits de dĂ©gradation [7]. Au Canada, c'est avec l'atrazine, Ă  l'embouchure de la riviĂšre Yamaska, le premier polluant pesticide (en frĂ©quence et quantitĂ©) trouvĂ© dans l'eau, Ă  cause des cultures de maĂŻs et soja du bassin versant (400 t/an de pesticides y seraient appliquĂ©s[8] - [9]).

Depuis l'interdiction de l'atrazine, le S-métolachlore est devenu l'un des produits les plus vendus pour le désherbage chimique du maïs (ceci implique que l'analyse de ces produits passe par une quantification des proportions de différents isomÚres).

Caractéristiques chimiques

Le métolachlore possÚde un atome de carbone asymétrique et se présente donc sous la forme de deux énantiomÚres (R)- et (S)-métolachlore, la forme (S) étant la plus active comme herbicide. Ainsi, pendant un certain temps, les méthodes de fabrication ont été améliorées pour augmenter la proportion de l'isomÚre (S). Finalement, le produit vendu comme (S)-métolachlore contient plus de 80 % de l'énantiomÚre S.

Une particularitĂ© du mĂ©tolachlore est que ces deux Ă©pimĂšres sont en outre atropisomĂšres, du fait du blocage de la rotation autour de la liaison C-N, C aryle Ă  cause de l'encombrement stĂ©rique des substituants en ortho sur le cycle aromatique et de ceux sur l'atome d'azote. Il y a donc 4 stĂ©rĂ©oisomĂšres du mĂ©tolachlore : deux atropoisomĂšres du (S)-mĂ©tolachlore, les isomĂšres (Ra,S) et (Sa,S) qui ont le mĂȘme effet herbicide[10] d'une part. D'autre part, les deux atropoisomĂšres du (R)-mĂ©tolachlore, (Ra,R) et (Sa,R) qui sont inactifs comme herbicide[11].

Par ailleurs :

  • C'est un produit considĂ©rĂ© comme assez dĂ©gradable[12], mais trĂšs utilisĂ©, trĂšs soluble dans l'eau (solubilitĂ© : 530 mg l−1 Ă  20 °C) et assez mobile voire trĂšs mobile dans les milieux basiques. Ceci en fait un polluant potentiellement important pour les cours d'eau et la nappe phrĂ©atique.
  • Sa pression de vapeur est de 0,001 7 pascal (Ă  20 °C)[13], pour une Constante de Henry de 0,000 91 pascal m−3 mole−1 ; il migre donc Ă©galement facilement dans l'air, oĂč les pluies peuvent Ă  nouveau le solubiliser et le transporter.
  • DJA (dose journaliĂšre acceptable) :
    • 0,03 mg kg−1 de poids corporel/jour pour le mĂ©tolachlore.
    • 0,10 mg kg−1 de poids corporel/jour pour le S-mĂ©tolachlore.

Histoire

Ce dĂ©sherbant a Ă©tĂ© mis sur le marchĂ© par la multinationale Ciba-Geigy, notamment sous la marque Dual Magnum comme dĂ©sherbant du maĂŻs. Il est maintenant interdit dans certains pays, mais largement remplacĂ© par le S-mĂ©tolachlore, qui fait lui-mĂȘme en 2023 l'objet d'un processus de renouvellement d'autorisation pour une utilisation sur le maĂŻs et le tournesol dans l'Union europĂ©enne, avec un avis trĂšs mitigĂ© de l'Agence europĂ©enne de sĂ©curitĂ© des aliments (Efsa) en raison « de prĂ©occupations critiques » liĂ©es au fait que la molĂ©cule mĂšre et/ou certains de ses mĂ©tabolites sont trop souvent retrouvĂ©s Ă  des seuils dĂ©passant les normes dans l'eau potable[14].

Mode d'action

C'est un inhibiteur des élongases et des géranyl-pyrophosphate (GGPP) cyclases, enzymes participant à la biosynthÚse des gibbérellines (famille de phytohormones dont le composé actif est l'acide gibbérellique).

Le métolachlore tel qu'originellement formulé (mélange racémique) est de moins en moins commun. L'énantiomÚre R étant inactif en tant que désherbant, les méthodes de production (catalyse asymétrique[15]) permettent désormais de produire du (S)-métolachlore plus pur.

Toxicologie, Ă©cotoxicologie

Du mĂ©tolachlore a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© dans les eaux souterraines et de surface Ă  des concentrations allant de 0,08 Ă  4,5 parties par million (ppm) un peu partout aux États-Unis[16]. Il est aussi dĂ©tectĂ© dans l'eau potable en France, prĂšs de la Loire en 2017 [17]. On a montrĂ© qu'il Ă©tait bioaccumulable chez plusieurs espĂšces comestibles de poissons et ses effets prĂ©judiciables sur la croissance et le dĂ©veloppement des animaux qui y sont exposĂ©s soulĂšvent des prĂ©occupations quant Ă  d'Ă©ventuels effets sur la santĂ© humaine.

Il est classé comme un pesticide de catégorie C par l'EPA, ce qui indique des indices de cancérogénicité[18].

Aux États-Unis, il n'y a pas encore de niveau maximal de contamination (Maximum Contaminant Level (en) ou MCL) pour le mĂ©tolachlore dont la prĂ©sence est donc autorisĂ©e dans l'eau potable. L'EPA a toutefois Ă©tabli un niveau prĂ©occupant pour la santĂ© (HAL [19]) de 0,525 mg l−1.

Aux Ă©chelles cellulaires, on a montrĂ© que le mĂ©tolachlore a - in vitro - des effets cytotoxiques et gĂ©notoxiques chez les lymphocytes humains[20]. Ces effets gĂ©notoxiques ont Ă©galement Ă©tĂ© observĂ©s chez des tĂȘtards de la grenouille Rana catesbeiana[21].

  • In vitro, sans avoir un rĂ©el effet fongicide, le mĂ©tolachlore altĂšre Ă©galement la croissance cellulaire et rĂ©duit la division cellulaire chez la levure Saccharomyces cerevisiae[22].
  • Des embryons de poulet exposĂ©s au mĂ©tolachlore prĂ©sentaient une diminution significative de la masse corporelle moyenne par rapport aux tĂ©moins[23].

Devenir dans l'environnement

Les mĂ©tabolites du mĂ©tolachlore ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans diffĂ©rents niveaux des plantes traitĂ©es. Les plantes conservent toutefois leurs mĂ©tabolites mĂ©tolachlore mĂȘme si les animaux qui consomment ces plantes sont capables de dĂ©composer et d'Ă©liminer le produit chimique rapidement. Certaines parties de plantes, comme les feuilles de coton peuvent conserver des niveaux Ă©levĂ©s de rĂ©sidus de mĂ©tolachlore par rapport Ă  d'autres parties des plantes telles que les graines.

La répartition de métolachlore dans le sol est affectée par un certain nombre de facteurs comme l'humidité, la température, l'activité microbienne, le type de sol, la concentration de l'oxygÚne et de la nitrification et est mobile et facilement lessivé dans le sol. L'effet des changements de la teneur en humidité et de température liées à l'activité microbienne affecte également sa ventilation.

Contamination des aliments

Au Canada, la limite maximale de résidus[24] (ou apport alimentaire maximal de métolachlore) est de 0,026 mg/jour[25]. Lors d'essais (avec taux d'épandage non noté), selon l'OMS, dans les années 1980, le taux résiduel moyen dans divers végétaux destinés à la vente était de 0,046 mg·kg-1 (environ deux fois la limite canadienne), avec une teneur maximale, de 0,08 mg·kg-1 dans des pommes de terre (environ 3 fois la limite max ministérielle)[25].

Contamination de l'eau, cinétique dans l'environnement

Le mĂ©tolachlore est rĂ©putĂ© facilement adsorbĂ© sur la matiĂšre organique (MO) du sol, au point d'ĂȘtre peu lixiviĂ© dans les sols trĂšs riche en humus[26] - [27] et plus facilement relarguĂ© dans les sols pauvres et acides[28].

Il s'adsorbe également sur l'argile du sol ; un taux élevé d'argile dans le sol freine aussi sa lixiviation[26], mais on sait mal ce qui se passe dans la nature lors des épisodes de sécheresse et réhydratation de l'argile, ou lors des phénomÚnes d'érosion éolienne ou hydrique.

  • Il est soluble dans l'eau et on retrouve Ă©galement ses mĂ©tabolites dans les eaux de surfaces et souterraines[29] - [30].
  • De plus, au Canada, lĂ  oĂč on l'a cherchĂ© (en Ontario) au dĂ©but des annĂ©es 1980, sur 440 Ă©chantillons prĂ©levĂ©s dans 3 bassins fluviaux Ă©tudiĂ©s entre 1981 et 1985, il Ă©tait prĂ©sent dans 21 Ă©chantillons, avec une teneur moyenne variant de 0,7 Ă  4,1 ”g/l selon les annĂ©es.

On en utilisait alors dans ce pays plus de 300 T/an[31].

  • En 1985 dans le sud-Ontario, 15 % de 351 puits privĂ©s Ă©tudiĂ©s pour vĂ©rifier si on y trouvait de l'alachlore en contenaient aussi[32].
  • Du mĂ©tolachlore avait contaminĂ© l'eau de 125 des 917 Ă©chantillons venant de rĂ©serves d'eau municipales et privĂ©es de la rĂ©gion canadienne de l'Atlantique (de 1985 Ă  1986), du QuĂ©bec (de 1984 Ă  1985), de l'Ontario (de 1979 Ă  1986) et de l'Alberta (1986). En Ontario, une rĂ©serve d'eau en contenait mĂȘme 1 800 Â”g/l [32]

Les deux principaux métabolites connus du métolachlore sont :

  • [2-[(2-Ă©thyl-6-mĂ©thylphĂ©nyl)(2-mĂ©thoxy-1-mĂ©thylĂ©thyl)amino]-2-acide oxoacĂ©tique] (AO) ;
  • [2-[(2-Ă©thyl-6-mĂ©thylphĂ©nyl)(2-mĂ©thoxy-1-mĂ©thyleĂ©thyl-1)amino]-2-acide oxoĂ©thanesulfonique] (AOES).

Dissous dans l'eau, le métolachlore donne le [2-chloro-N-(2-éthyl-6-méthylphényl)-N-(méthoxy-1-méthyléthyl) acétamide]. Cette molécule est plus ou moins bien adsorbée selon le type de sol[33] - [34] sur certains supports (feuillets d'argile par exemple) , absorbée par les racines ou certains mycéliums ou emportée par le ruissellement de surface[35].

  • De premiĂšres Ă©tudes et indices laissaient penser que cette phase dissoute Ă©tait significativement retenue (par adsorption sur le complexe argilo-humique et microbien[36] du sol et des racines) par des bandes enherbĂ©es filtrantes[37] plantĂ©es par certains agriculteurs ou riverains des champs, mieux que les deux principaux mĂ©tabolites (acide oxanilique ou l'acide Ă©thane mĂ©tolachlore), peut-ĂȘtre en raison d'une augmentation des complexes argilo-humiques et des organismes fongiques dans ces bandes enherbĂ©es[38].
  • Une Ă©tude[39] a montrĂ© les capacitĂ©s d'adsorption et de relargage (dissolution ou dĂ©sorption[40] - [41] - [42]) pour des bandes enherbĂ©es exposĂ©es Ă  des doses courantes de mĂ©tolachlore. Cette Ă©tude a mesurĂ© la cinĂ©tique de trois molĂ©cules : la phase dissoute du mĂ©tolachlore, et ses 2 principaux mĂ©tabolites. Le coefficient de sorption du mĂ©tolachlore a effectivement Ă©tĂ© 88 % plus Ă©levĂ© dans les bandes enherbĂ©es que dans les sols cultivĂ©s, mais les mĂ©tabolites n'y Ă©taient pas du tout mieux retenus que dans le sol cultivĂ© (coefficient de sorption 79 % infĂ©rieure Ă  celui du mĂ©tolachlore dans les deux types de sols). Quant au coefficient de dĂ©sorption, il Ă©tait pour le mĂ©tolachlore en solution 59 % plus Ă©levĂ© dans le sol de la bande enherbĂ©e que dans un sol Ă©quivalent cultivĂ©. Le coefficient de dĂ©sorption des deux mĂ©tabolites Ă©tait au moins 66 % infĂ©rieur Ă  celui du mĂ©tolachlore (en sol cultivĂ© ou dans la bande enherbĂ©e). Les bandes enherbĂ©es limitent donc significativement le transfert de la molĂ©cule mĂšre dissoute, mais non celui de ses mĂ©tabolites[39].

Biodégradation

Elle se fait par oxydation du groupement acétyle, en passant par la formation d'un dérivé d'acide oxalique[26] (OXA métolachlore) et d'acide sulfonique (ESA métolachlore)[43].

  • Demi-vie de biodĂ©gradation dans le sol cultivĂ© : initialement (en 1986) estimĂ©e entre 6 et 10 semaines[44], une Ă©tude plus rĂ©cente rĂ©alisĂ©e Ă  partir de marquage isotopique au carbone 14 a dĂ©montrĂ© une forte rĂ©manence dans les phases solides Ă  hauteur de 95 % aprĂšs 12 semaines, ce qui conduirait Ă  une accumulation d'Ă  peu prĂšs 80 % de la quantitĂ© initialement Ă©pandue dans les sols d'une annĂ©e sur l'autre[45].
  • Dans un sol riche en matiĂšres organiques et en champignons microscopiques (ce qui est rarement le cas des sols d'agriculture industrielle, Ă  cause de l'emploi de fongicides et d'un dĂ©ficit frĂ©quent en matiĂšre organique), la biodĂ©gradation peut ĂȘtre plus rapide, avec 5 mĂ©tabolites trouvĂ©s dans le cas d'une expĂ©rimentation avec une communautĂ© de deux champignons ; Aspergillus flavus, Aspergillus terricola isolĂ©s Ă  partir d'un sol agricole « acclimatĂ© » au mĂ©tolachlore. Dans ce cas, la demi-vie du mĂ©tolachlore en culture de laboratoire n'Ă©tait que de 3,5 jours ; cinq mĂ©tabolites ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dans ce cas. La dĂ©chloration hydrolytique, une N-dĂ©salkylation et le clivage de la liaison amide semblent ĂȘtre les transformations dominantes appliquĂ©es au mĂ©tolachlore par ces champignons qui ont produit 2 mĂ©tabolites jamais auparavant signalĂ©s dans des cultures mixtes ou purement microbiennes (6-mĂ©thyl acĂ©tanilide 2-Ă©thyl et 6-mĂ©thyl aniline 2-Ă©thyl). Selon les auteurs de l'Ă©tude, une culture mixte en laboratoire pourrait dĂ©grader 99 % du mĂ©tolachlore, mĂȘme Ă  un niveau d'enrichissement aussi Ă©levĂ© que 100 mg·ml-1 [46]. En termes de bilan Ă©cotoxicologique, il reste Ă  vĂ©rifier l'innocuitĂ© des mĂ©tabolites produits.

SynthĂšse

Le métolachlore est dérivé de l'aniline qui est un composé organique aromatique toxique et écotoxique, dérivé du benzÚne.

Il est aujourd'hui produit Ă  partir de 2-Ă©thyl-6-mĂ©thylaniline (MEA) par condensation avec du mĂ©thoxy-acĂ©tone. La molĂ©cule rĂ©sultante (une imine) est hydrogĂ©nĂ©e pour donner principalement la S- amine stĂ©rĂ©oisomĂ©rique, par hydrogĂ©nation Ă©nantiosĂ©lective catalysĂ©e par un composĂ© d'iridium (procĂ©dĂ© testĂ© Ă  partir de 1986 et commercialement opĂ©rationnel depuis 1996[15]). Cette amine secondaire est alors acĂ©tylĂ©e avec du chlorure de chloracĂ©tyle. Les effets stĂ©riques de l'aniline 2,6-disubstituĂ©e freinent la rotation autour de la liaison N – aryl-C. Donc, Ă  la fois les Ă©nantiomĂšres R et S existent en tant qu'atropo-isomĂšres. Les deux atropo-isomĂšres du (S)-mĂ©tolachlore prĂ©sentent la mĂȘme activitĂ© biocide en interagissant nĂ©gativement avec le systĂšme phytohormonal des plantes qui l'absorbent[15].

Utilisation comme herbicide

Le S-métolachlore est surtout utilisé, seul ou en combinaison avec d'autres herbicides, pour le désherbage sélectif du maïs en prélevée (avril-juin ; de mars à mai surtout) et parfois sur le tournesol et le sorgho, les arachides, la fÚve, le soja ou contre les dicotylédones dans d'autres cultures. Il cible les graminées et dicotylédones considérées comme des « mauvaises herbes ».

  • À titre d'exemple, la vente rĂ©gionale moyenne en zones agricoles en 2000 pour la rĂ©gion Poitou-Charentes Ă©tait de 3,07 kg/kmÂČ[47].
  • On en utilisait dĂ©jĂ  plus de 1.000.000 kg/an au Canada dans les annĂ©es 1980[48].

RĂ©glementation

Sur le plan de la réglementation des produits phytopharmaceutiques :

  • pour l’Union europĂ©enne :
  • pour la France : interdit,
  • au Canada, la concentration maximale acceptable provisoire (CMAP) de mĂ©tolachlore dans l'eau potable est de 0,05 mg·l-1 (50 ”g/l).

Les fonds de bidons non utilisĂ©s ne doivent pas ĂȘtre Ă©liminĂ©s dans la nature, ni brĂ»lĂ©s (sous peine de produire des dioxines, PCB ou furanes ou d'autres organochlorĂ©s toxiques). Plusieurs pays ou rĂ©gions ont mis en place des systĂšmes d'aides et de participation volontaire Ă  l'Ă©limination sĂ©curisĂ©e des stocks de pesticides dĂ©suets ou interdits (ex : Programme de gestion des produits dĂ©suets de pesticide d'Environnement-Canada).

Pollution, surveillance

DÚs les années 1980, ce produit était devenu trÚs présent dans l'environnement de toutes les régions cultivées de l'hémisphÚre nord (dans l'air et dans l'eau). On recherche dans l'eau la molécule-mÚre qu'on détecte aussi dans l'air ambiant[49] mais aussi deux de ses produits de dégradation (qui sont par ailleurs communs au métolachlore et à l'acétochlore) :

  • le "2-Ă©thyl, 6-mĂ©thyl, 2-chloro acĂ©tanilide" (recherchĂ© dans les eaux superficielles depuis 2003 et dans les eaux souterraines depuis 2005) ;
  • le "2-Ă©thyl, 6-mĂ©thylaniline" (recherchĂ© dans les eaux superficielles depuis 2004 et dans les eaux souterraines depuis 2005).

Dosage

Plusieurs méthodes[50] sont proposées par le fabricant :

  • extraction au chloroforme, puis sĂ©paration par chromatographie gaz-liquide et dĂ©tection par conductivitĂ© Ă©lectrolytique, mode azote (limite de dĂ©tection : 0,02 ”g/l)[51] ;
  • extraction au dichloromĂ©thane, puis sĂ©paration par chromatographie en phase gazeuse et suivie d'un dosage au moyen d'un dĂ©tecteur spĂ©cifique de l'azote et du phosphore (limite de dĂ©tection approximative : de 0,1 Ă  2,0 ”g/l)[52].

Autre méthode :

  • extraction par sĂ©paration de phase solide puis dilution au mĂ©thanol [53].

Traitement de l'eau potable

Ce produit peut ĂȘtre adsorbĂ© par un filtre Ă  charbon activĂ© (qui en Ă©liminerait 99,5 pour cent d'eaux usĂ©es en contenant en moyenne 16,4 mg·l-1)[54].

Articles connexes

Bibliographie

  • Aga, D.S., E.M. Thurman, M.E. Yockel, L.R. Zimmerman, and T.D. Williams. 1996. Identification of a new sulfonic acid metabolite of metolachlor in soil. Environ. Sci. Technol. 30:592–597
  • Al-Khatib, K., J.B. Unland, B.L.S. Olson, and D.W. Graham. 2002. Alachlor and metolachlor transformation pattern in corn and soil. Weed Sci. 50:581–586.
  • Arora, K., S.K. Mickelson, J.L. Baker, D.P. Tierney, and C.J. Peters. 1996. Herbicide retention by vegetative buffer strips from runoff under natural rainfall. Trans. ASAE 39:2155–2162
  • Avis de l’ANSES relatif Ă  la dĂ©termination de valeurs sanitaires maximales pour des acides sulfonique (ESA) et oxanilique (OXA) de l’alachlore et du mĂ©tolachlore sur www.ANSES.fr, Maisons-Alfort, .

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. EntrĂ©e « 2-Ethyl-6-methyl-1-N-(2-methoxy-1-methylethyl)chloroacetanilide Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais) (JavaScript nĂ©cessaire)
  3. Date limite d'utilisation : 30/12/2003 ; Texte référent : avis JORF du 18/08/2002 p13961
  4. ANSES, « Non-conformités dans les eaux destinées à la consommation humaine dues aux métabolites du métolachlore », , p. 27
  5. Kiely, T., D. Donaldson, and A. Grube. 2004. Pesticide industry sales and usage: 2000 and 2001 market estimates (Ventes de l'industrie des pesticides et l'utilisation: 2000 et prévisions 2001 du marché) ; Programmes de l'Agence américaine de protection de l'environnement, Office des pesticides, Washington, DC.
  6. Endocrine Disrupting Compounds ; A Report to the Minnesota Legislature ; Minnesota Pollution Control Agency; 2008/01/15 - Voir p56/181
  7. rapport de l'Agence régionale de santé des Pays de la Loire sur la qualité de l'eau distribuée par l'unité de distribution de Saint-Georges-sur-Loire en 2016
  8. Poissant, L., C. Beauvais, P. Lafrance et C. Deblois. 2008. « Pesticides in fluvial wetlands catchments under intensive agricultural activities ». Science of the Total Environment , 404 (1) : 182-195. ; cités par Des pesticides voyagent jusqu'au fleuve Saint-Laurent par ses tributaire (Environnement Canada, consulté 2010/0/12)
  9. Pham, T.T., B. Rondeau, H. Sabik, S. Proulx et D. Cossa. 2000. « Lake Ontario: The predominant source of triazine herbicides in the St. Lawrence River ». Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques, vol. 57, p. 78-85.*
  10. H.-U. Blaser, The chiral switch of (S)-metolachlor: A personal account of an industrial odyssey in Asymmetric Catalysis, Advanced Synthesis and Catalysis, 2002, vol. 344, pp. 17–31.
  11. Hans-Ulrich Blaser, Industrielle asymmetrische Hydrierung „Made in Switzerland“, Nachrichten aus der Chemie, 2010, vol. 58, pp. 864−867.
  12. Braverman, M.P., T.L. Lavy, and C.J. Barnes. 1986. The degradation and bioactivity of metolachlor in soil. Weed Sci. 34:479–484.
  13. Agriculture Canada. Guide to the chemicals used in crop protection. 7e Ă©dition. Publication d'Agriculture Canada no 1093 (1982)
  14. « Autorisation du S-métolachlore : l'Efsa relÚve deux points préoccupants », sur Actu-Environnement (consulté le ).
  15. H.U.-Blaser “The Chiral Switch of (S)-Metolachlor: A Personal Account of an Industrial Odyssey in Asymmetric Catalysis” Advanced Synthesis and Catalysis 2002, 344, 17-31. (RĂ©sumĂ©)
  16. Pothuluri, J.V., Evans, F.E., Doerge, D.R., Churchwell, M.I., Cerniglia, C.E. (1997). Metabolism of metolachlor by the fungus Cunninghamella elegans. Arch. Environ. Contam. Toxicol. 32,117-125.
  17. Rapport d'analyse de l'eau potable de l'année 2017 consultable en mairie d'Erdre-en-Anjou.
  18. USEPA, 1987. Metolachlor Pesticide Registeration Standard. Springfield, IL: Natl. Tech. Info. Serv.
  19. health advisory level (HAL) ; niveau préoccupant pour la santé, pour l'EPA, aux USA
  20. Rollof, B., Belluck, D., Meiser, L. (1992). Cytogenic effects of cyanazine and metolachlor on human lymphocytes exposed in vitro. Mut. Res. Lett. 281: 295-298.
  21. Clements, C., Ralph, S., Petras, M. (1997). Genotoxicity of select herbicides on Rana catesbeiana tadpoles using alkaline single-cell gel DNA electrophoresis (Comet) assay. Env. Mol. Mut. 29: 277-288.
  22. Echeverrigaray, S., Gomes, L.H., Taveres, F.C.A.(1999). Isolation and characterization of metolachlor resistant mutants of Saccharomyces cerevisiae. World Journal of Micro and Biotech. 15: 679-681.
  23. Varnargy, L., Budai, P., Fejes, S., Susan, M., Francsi, T., Keseru, M., Szabo, R.(2003). Toxicity and degradation of metolachlor (Dual 960EC)in chicken embryos. Commun. Agric. Appl. Biol. Sci.68:807-11.
  24. source : Direction des aliments du ministĂšre de la SantĂ© nationale et du Bien-ĂȘtre social
  25. Organisation mondiale de la santé. Document de travail sur le métolachlore. DeuxiÚme consultation sur les herbicides dans l'eau potable, Rome, du 13 au 18 juillet (1987)
  26. Weed Science Society of America. Herbicide handbook. 5e Ă©dition. Champaign, IL (1983)
  27. Rutheford, D.W., C.T. Chiou, and D.E. Kile. 1992. Influence of soil organic matter composition on the partition of organic compounds. Environ. Sci. Technol. 26:336–340.
  28. Graham, J.S., and J.S. Conn. 1992. Sorption of metribuzin and metolachlor in Alaskan sub-arctic agricultural soils. Weed Sci. 40:155–160.
  29. Kalkhoff, S.J., D.W. Kolpin, E.M. Thurman, I. Ferrer, and D. Barcelo. 1998. Degradation of chloroacetanilide herbicides: The prevalence of sulfonic and oxanilic acid metabolites in Iowa groundwaters and surface waters. Environ. Sci. Technol. 32:1738–1740.
  30. Kolpin, D.W., E.M. Thurman, and D.A. Goolsby. 1996. Occurrence of selected pesticides and their metabolites in near-surface aquifers of the Midwestern United States. Environ. Sci. Technol. 30:335–340.
  31. Frank, R. et Logan, L. Pesticide and industrial chemical residues at the mouth of the Grand, Saugeen and Thames rivers, Ontario, Canada, 1981-85. Arch. Environ. Contam. Toxicol., 17 : 741 (1988)
  32. Hiebsch, S.C. The occurrence of thirty-five pesticides in Canadian drinking water and surface water. Rapport non publiĂ© prĂ©parĂ© pour la Direction de l'hygiĂšne du milieu, ministĂšre de la SantĂ© nationale et du Bien-ĂȘtre social (1988)
  33. Obrigawitch, T., F.M. Hons, J.R. Abernathy, and J.R. Gipson. 1981. Adsorption, desorption and mobility of metolachlor in soils. Weed Sci. 29:332–336
  34. Patakioutas, G., and T.A. Albanis. 2002. Adsorption-desorption studies of alachlor, metolachlor, EPTC, chlorothalonil and pirimiphos-methyl in contrasting soils. Pest Manage. Sci. 58:352–362.
  35. Phillips, P.J., G.R. Wall, E.M. Thurman, D.A. Eckhardt, and J. Vanhoesen. 1999. Metolachlor and its metabolites in tile drain and stream runoff in the Canajoharie Greek watershed. Environ. Sci. Technol. 33:3531–3537
  36. Staddon, W.J., M.A. Locke, and R.M. Zablotowicz. 2001. Microbiological characteristics of a vegetative buffer strip soil and degradation and sorption of metolachlor. Soil Sci. Soc. Am. J. 65:1136–1142 (En ligne)
  37. Tingle, C.H., D.R. Shaw, M. Boyette, and G.P. Murphey. 1998. Metolachlor and metribuzin losses in runoff as affected by width of vegetative filter strips. Weed Sci. 46:475–479.
  38. Mersie, W., C.A. Seybold, C. McNamee, and J. Huang. 1999. Effectiveness of switchgrass filter strips in removing dissolved atrazine and metolachlor from runoff. J. Environ. Qual. 28:816–821 (Voir)
  39. L. J. Krutz, S. A. Senseman, K. J. McInnes, D. W. Hoffman and D. P. Tierney ; Adsorption and Desorption of Metolachlor and Metolachlor Metabolites in Vegetated Filter Strip and Cultivated Soil ; TECHNICAL REPORTS ; Organic Compounds in the Environment ; J. Environ. Qual. 33:939-945 (2004).
  40. Calvet, R. 1980. Adsorption-desorption phenomena. p. 1–30. In R.J. Hance (ed.) Interactions between herbicides and the soil. Academic Press, New York
  41. Ding, G., J.M. Novak, S. Herbert, and B. Xing. 2002. Long-term effects on soil metolachlor sorption and desorption behavior. Chemosphere 48:897–904
  42. Seybold, C.A., and W. Mersie. 1996. Adsorption and desorption of atrazine, deethylatrazine, deisopropylatrazine, hydroxyatrazine, and metolachlor in two soils from Virginia. J. Environ. Qual. 25:1179–1185. (Texte en ligne)
  43. DĂ©termination des valeurs sanitaires maximales pour des acides sulfonique (ESA) et oxanilique (OXA) de l’alachlore et du mĂ©tolachlore dans les EDCH : avis de l'Anses
  44. Senes Consultants. Drinking water criteria reviews for alachlor and metolachlor. Rapport préparé pour le ministÚre de l'Environne-ment de l'Ontario (1986).
  45. Aurore ANDRIAMALALA, Devenir du S-métolachlore dans les sols : impact i) d'un apport sous forme de cocktails de pesticides et ii) de la formulation, Université Pierre et Marie Curie (Paris 6) ; Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l'Environnement, (lire en ligne)
  46. D. Sanyal and G. Kulshrestha ; Metabolism of Metolachlor by Fungal Cultures ; J. Agric. Food Chem., 2002, 50 (3), pp 499–505 ; DOI:10.1021/jf010850d
  47. Observatoire des pesticides en poitou-Charente
  48. Métolachlore / Santé de l'environnement et du milieu de travail Canada
  49. Information et cartographie sur le métolachlore en Poitou-Charentes, dans l'eau et dans l'air (version 2007)
  50. Yokley, R.A., L.C. Mayer, S.B. Huang, and J.D. Vargo. 2002. Analytical method for the determination of metolachlor, acetochlor, alachlor, dimethenamid, and their corresponding ethanesulfonic and oxanillic acid degradates in water using SPE and LC/ESI-MS/MS. Anal. Chem. 74:3754–3759.En ligne/Medline
  51. Frank, R. et Logan, L. Pesticide and industrial chemical residues at the mouth of the Grand, Saugeen and Thames rivers, Ontario, Canada, 1981-85. Arch. Environ. Contam. Toxicol., 17 : 741 (1988).
  52. U.S. Environmental Protection Agency. Health advisory--Metolachlor. Office of Drinking Water (1987).
  53. (en)Analysis of S-Metolachlor, Metolachlor ESA, and Metolachlor OXA in Well Water, California Department of Food and Agriculture, 2001 révisé en 2015.
  54. Holiday, A.D. et Hardin, D.P. Activated carbon removes pesticides from wastewater. Chem. Eng., 88 : 88 (1981), cité au renvoi 8, et cité par Environnement-Canada dans sa fiche sur le métolachlore (mise à jou 2009-03-09, consultée 2010 06 12)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.