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Luc Tuymans

Luc Tuymans, nĂ© le , est un artiste belge vivant et travaillant Ă  Anvers. Il est une figure clĂ© de la gĂ©nĂ©ration des peintres figuratifs europĂ©ens ayant acquis leur renom Ă  une Ă©poque oĂč beaucoup pensaient que le mĂ©dium de la peinture avait perdu de sa pertinence au sein d'un monde dominĂ© par la nouvelle Ăšre numĂ©rique. Ses sujets de prĂ©dilection couvrent autant des Ă©vĂ©nements historiques ou sociaux majeurs tels que l'Holocauste, la colonisation, la religion, la maladie, la mort, que des thĂ©matiques apparemment sans importance, voire banales : vĂȘtements, papier peint, broderie, lampes, jouets, dĂ©corations de NoĂ«l ou encore objets du quotidien.

Luc Tuymans
Luc Tuymans au vernissage de son exposition Against the Day au Wiels, avril 2009, Bruxelles.
Naissance
Période d'activité
Nationalité
Activités
Formation
LUCA, campus Saint-Lukas Brussel (d)
Académie royale des beaux-arts d'Anvers
Représenté par
Galerie David Zwirner (en), Zeno X (en)
Lieux de travail
Mouvement
Distinction

Luc Tuymans est nĂ©anmoins rĂ©putĂ© pour ses peintures Ă  l'huile qui examinent notre relation avec l'histoire et confrontent notre tendance apparente Ă  l'ignorer. La Seconde Guerre mondiale, la colonisation ou l'empire Disney sont, pour exemples, des thĂšmes rĂ©currents dans son Ɠuvre. Une grande partie de son travail traite ainsi de la complexitĂ© morale, en particulier de la coexistence du « bien » et du « mal »[1].

Luc Tuymans peint Ă  partir d'images photographiques ou cinĂ©matographiques tirĂ©es des mĂ©dias ou de la sphĂšre publique, ainsi que de ses propres photographies prises au Polaroid ou, aujourd'hui, au tĂ©lĂ©phone portable[2] - [3]. Parfois ces images de dĂ©part sont ensuite retravaillĂ©es Ă  la photocopie ou Ă  l'imprimante. L’artiste produit Ă©galement un grand nombre de dessins et d'aquarelles qui servent de prĂ©paration Ă  ses oeuvres[4]. Le premier jet de chaque tableau, traitĂ© Ă  coups de pinceau rapides de peinture mouillĂ©e, est executĂ© sur une seule journĂ©e[5]. Ses peintures sont, le plus souvent, intentionnellement brouillĂ©es ou floues[6] - [7] - [3], ou, en relation avec la photographie, presque surexposĂ©es ou sous-exposĂ©es. Ces effets picturaux inĂ©dits sont le rĂ©sultat de coups de pinceau dĂ©libĂ©rĂ©s et savamment Ă©tudiĂ©s, et non pas selon une technique « d'essuyage » comme chez d'autres artistes[8].

Les oppositions formelles et conceptuelles sont rĂ©currentes dans le travail de Tuymans, qui prĂ©cise Ă  ce propos « la maladie doit apparaĂźtre dans la façon dont le tableau est peint, mais il existe toutefois un plaisir Ă  le rĂ©aliser, une sorte de caresse de la toile ». Cette remarque reflĂšte la forme sĂ©mantique que l’artiste apporte au contenu philosophique de son Ɠuvre[9]. FrĂ©quemment allĂ©goriques, ses titres ajoutent une couche supplĂ©mentaire d'interprĂ©tations Ă  son Ɠuvre - une strate existant au-delĂ  du visible. Dans son travail, le sens n'est ainsi jamais figĂ© ; ses peintures incitent Ă  la rĂ©flexion dans l'esprit du spectateur.

Une autre caractĂ©ristique du travail de Tuymans rĂ©side dans le fait qu’il travaille souvent en sĂ©rie, mĂ©thode qui permet Ă  une oeuvre d'en gĂ©nĂ©rer une autre, et par laquelle leurs reprĂ©sentations peuvent ĂȘtre formulĂ©es et reformulĂ©es Ă  l'infini. Chaque image de dĂ©part ets donc analysĂ© et distillĂ© Ă  plusieurs reprises.

Biographie

Luc Tuymans, Antichambre, 1985
Huile sur toile, 69.9 × 80.1 cm, collection MuHKA musĂ©e d'Art contemporain d'Anvers - Collection de la CommunautĂ© flamande de Belgique
Luc Tuymans, Body, 1990
Huile sur toile, 48.5 × 38.5 cm, collection du S.M.A.K Stedelijk Museum voor Actuele Kunst, Gand
Luc Tuymans, Der diagnostische Blick IV, 1992
Huile sur toile, 57 × 38.2 cm, collection privĂ©e, prĂȘt de longue durĂ©e au De Pont Museum of Contemporary Art, Tilburg.

Famille et jeunesse

Luc Tuymans naĂźt Ă  Mortsel, prĂšs d’Anvers, le 14 juin 1958, d’un pĂšre, Antoon Tuymans, Belge flamand, et d’une mĂšre, Elisabeth Dam, nĂ©erlandaise[10].

Durant la Seconde Guerre mondiale, la famille de sa mĂšre rejoint la RĂ©sistance nĂ©erlandaise et cache des rĂ©fugiĂ©s, alors que certains membres de la famille de son pĂšre auraient sympathisĂ© avec l'idĂ©ologie nazie[11] - [12] - [13]. Ce fait troublant se retrouve frĂ©quemment au cƓur des conversations familiales, soulevant maintes questions morales et sentiments de culpabilitĂ©. Avant de jouer un rĂŽle clĂ© dans la peinture de Tuymans, ce sujet est source de fascination et de peur[14].

DĂ©buts

L’intĂ©rĂȘt de Tuymans pour l'art se manifeste dĂšs son plus jeune Ăąge. Son talent est reconnu pour la premiĂšre fois durant les vacances d'Ă©tĂ© Ă  Zundert, lorsque le jeune garçon remporte un concours de dessin. Par la suite, Tuymans dĂ©clarera frĂ©quemment que cet Ă©vĂ©nement lui a fait entrevoir le chemin qu'il allait suivre. Lorsqu’il a huit ou neuf ans, son oncle l'emmĂšne au musĂ©e d'Art de La Haye, oĂč il dĂ©couvre un tableau de Mondrian. Beaucoup plus tard, lors d’une conversation, il expliquera :

« j’ai vĂ©cu ma premiĂšre expĂ©rience artistique lorsque j’ai vu cette peinture abstraite... J'y ai ressenti toute la magie de l'art... J'ai compris la monumentalitĂ© de cette Ɠuvre[15]. »

Études

À dix-huit ans, Tuymans entame des Ă©tudes d'art aux Ă©coles supĂ©rieures des arts Saint-Luc oĂč il reste de 1976 Ă  1979. Durant cette pĂ©riode, il se rend Ă  Budapest et y dĂ©couvre les peintures du Greco au musĂ©e des beaux-arts de la ville. Lors d'une interview rĂ©alisĂ©e en 2020, il dĂ©crit la vision de ces peintures comme un choc, Ă©voquant la fascination que Le Greco exerce encore sur lui aujourd’hui[16].

Il poursuit ensuite ses Ă©tudes Ă  La Cambre, Ă©cole nationale supĂ©rieure des arts visuels (ENSAV), Ă  Bruxelles (1979-80) avant d’entrer Ă  l'AcadĂ©mie royale des beaux-arts d'Anvers (1980-82), oĂč il met temporairement la peinture de cĂŽtĂ© pour se concentrer sur le cinĂ©ma[17].

Au terme de ses Ă©tudes artistiques, Tuymans s'inscrit Ă  l’UniversitĂ© libre de Bruxelles (VUB) en vue d’obtenir une licence en histoire de l'art (1982-86)[18].

Vie privée

Tuymans vit et travaille Ă  Anvers.

En 1995, il rencontre l'artiste vénézuélienne Carla Arocha alors qu'il travaille sur sa premiÚre exposition américaine à la Renaissance Society à Chicago. Quatre ans plus tard, en 1999, ils se marient[19].

Parcours artistique

Premiùres Ɠuvres, 1972–94

Durant la premiĂšre phase dĂ©cisive de son dĂ©veloppement artistique, la peinture de Tuymans Ă©volue rapidement et il participe Ă  ses premiĂšres expositions individuelles et collectives. D’aprĂšs le catalogue raisonnĂ©[20], il crĂ©e prĂšs de 200 peintures sur toile ou sur carton au cours de cette pĂ©riode. Sa premiĂšre peinture connue date de 1972. En 1977, alors qu’il est encore aux Ă©tudes, il peint son premier tableau exposĂ© au public, Autoportrait. Tuymans soumet cette toile au concours national de peinture en Belgique et le remporte[21].

Entre 1979 et 1980, Tuymans collabore avec Marc Schepers sur deux projets rĂ©gionaux intitulĂ©s Morguen. Les artistes demandent Ă  des familles d'un quartier d'Anvers de leur fournir des photographies sur l’histoire de leurs familles, enrichissant cette collection de documentation qu’ils ont eux-mĂȘmes glanĂ©s sur le quartier. L'annĂ©e suivante, le projet est publiĂ© dans le Tijdschrift voor levende Volkskunst (Journal de l'art populaire vivant) sous la forme d'un journal calquĂ© sur le magazine historique Volksfoto. Six mois plus tard, les deux artistes se lancent dans un second projet photographique, se concentrant cette fois sur le quartier des travailleurs autour de l'Ă©glise Saint-AndrĂ© d’Anvers[22].

Entre 1980 et 1985, Tuymans décide de mettre la peinture entre parenthÚses et se consacre au cinéma expérimental. Il réalise entre autres Feu d'artifice[23] et prépare un long métrage semi-documentaire qui ne fut jamais réalisé. Certains extraits de film de cette époque lui serviront plus tard d'inspiration pour des peintures[24]. Lorsque Tuymans reprend ses pinceaux en 1985, il change de technique. Depuis lors, il ne passe jamais plus d'une journée sur le premier jet d'une toile[25].

À partir de 1978, les peintures de Tuymans se focalisent sur la mĂ©moire europĂ©enne de la Seconde Guerre mondiale, confrontant la cĂ©lĂšbre question d'Adorno sur l'impossibilitĂ© de l'art aprĂšs l'holocauste et « l'effondrement de toute tradition cohĂ©rente en peinture » dĂ©crit par Peter Schjeldahl[26]. L'un des tableaux que Tuymans peint en 1986, intitulĂ© Gaskamer (Chambre Ă  gaz), reprĂ©sente la chambre Ă  gaz de Dachau. Cette peinture est basĂ©e sur une aquarelle qu'il a rĂ©alisĂ©e sur place[27]. Comme l'a Ă©crit J.S. Marcus du Wall Street Journal, cette peinture « a simplifiĂ© les mĂ©thodes de peindre... a aplati la perspective, a attĂ©nuĂ© la couleur et le sens de la composition... Pour sauver la peinture, il la fait presque entiĂšrement disparaĂźtre[28]. »

Parmi d’autres peintures de cette pĂ©riode, citons le polyptyque de 1988 Die Zeit (Le Temps) oĂč Tuymans combine un portrait [PC1] du chef de file nazi Reinhard Heydrich avec deux tablettes d'Ă©pinards et un paysage urbain[29], et sa peinture de 1989 Die Wiedergutmachung (La rĂ©paration) reprĂ©sentant les yeux d'enfants tsiganes soumis aux expĂ©rimentations mĂ©dicales nazies[30].

À la fin des annĂ©es 1970, Tuymans commence Ă  peindre des autoportraits et des portraits imaginaires, des individus anonymes et des personnages historiques et publics. À premiĂšre vue, la plupart de ces images ressemblent Ă  des portraits traditionnels ; l'approche est impartiale et non psychologique. Ses portraits ĂŽtent toute individualitĂ©, laissant le corps tel un coquillage ; le visage devient pareil Ă  un masque[31].

Un autre exemple de ses portraits figuratifs est Der diagnostische Blick (Le Regard diagnostique), une sĂ©rie de dix peintures de 1992 d’aprĂšs des images cliniques d’anatomie et de parties du corps que le peintre trouve dans un manuel de mĂ©decine sur les maladies physiques[32].

Comme l'Ă©crit Meyer-Hermann dans le catalogue raisonnĂ©, l'artiste a d'abord Ă©lucidĂ© sa dĂ©marche thĂ©orique dans une proposition – non rĂ©alisĂ©e – d'exposition de groupe intitulĂ©e Virus of the Vanities (Virus des vanitĂ©s). Il y dĂ©finit des termes clĂ©s et dĂ©veloppe une dialectique entre le « virus » comme reprĂ©sentatif du « culte », et la « vanitĂ© » en tant que projection de la « culture », opposant Ă©galement « l'anecdotique » (que l’on retrouve dans des portraits ou natures mortes) au « symbolique » (que l’on retrouve dans les reprĂ©sentations du temps ou de la mort). Pour appuyer ses idĂ©es, Tuymans fait rĂ©fĂ©rence Ă  neuf de ses peintures datant de 1978 Ă  1990[20].

La premiĂšre exposition de Tuymans aux États-Unis, intitulĂ©e Superstition, se tient en 1994 chez David Zwirner Ă  New York (avant d’ĂȘtre prĂ©sentĂ©e plus tard Ă  la Art Gallery of York University Ă  Toronto, Ă  la Renaissance Society de l'UniversitĂ© de Chicago et Ă  l'ICA Institute of Contemporary Arts de Londres). Superstition reflĂ©tait le scepticisme et l'indiffĂ©rence spirituelle de l'humanitĂ© tels qu'ils se manifestent dans notre attitude face aux Ă©vĂ©nements historiques rĂ©cents[33].

1995–2006

Depuis 1995, la renommĂ©e internationale de Tuymans ne cesse de croitre. Il a participĂ© Ă  plus de 140 expositions de groupe et a eu 47 expositions individuelles en Europe, en AmĂ©rique du Nord et en Asie. Entre 1995 et 2006, Tuymans a crĂ©Ă© 198 Ɠuvres qu'il ordonne en peintures, peintures murales et tapisseries murales[34].

OrganisĂ©e en 1995 Ă  la galerie Zeno X d'Anvers et au musĂ©e des beaux-arts de Nantes, l’exposition Heimat offre une rĂ©ponse directe aux Ă©vĂ©nements politiques de l’époque en Flandre et cible directement le nationalisme flamand. Peintes cette annĂ©e-lĂ , les piĂšces prĂ©sentĂ©es incluent The Flag, A Flemish Village (Le Drapeau, Un Village flamand), le mĂ©morial flamand Ijzertoren (Tour de l'Yser), un portrait de l'Ă©crivain flamand Ernest Claes intitulĂ© A Flemish Intellectuel (Un intellectuel flamand), et Home Sweet Home. Plusieurs des tableaux exposĂ©s dans l’exposition Heimat sont prĂ©sentĂ©es l’annĂ©e suivante (1996-97) dans l'exposition Face Ă  l'histoire, au Centre Georges-Pompidou Ă  Paris, qui s'attache aux rĂ©ponses d’artistes modernes aux grands Ă©vĂ©nements historiques et politiques des soixante derniĂšres annĂ©es. Dans une interview accordĂ©e Ă  De Witte Raaf en 2014 au sujet de la sĂ©rie Heimat, Tuymans relate sa rĂ©pulsion pour le parti politique flamand sĂ©paratiste d'extrĂȘme droite, le Vlaams Blok (Bloc flamand), parti qui remporta son meilleur rĂ©sultat Ă©lectoral Ă  Anvers jamais atteint en 1994. Tuymans dĂ©clare sans ambages : « J'avais honte d'ĂȘtre anversois[35]. »

En 1996, l'exposition Heritage organisĂ©e chez David Zwirner Ă  New York propose dix nouvelles peintures du mĂȘme titre, toutes inspirĂ©es de l'ambiance qui rĂ©gnait aux États-Unis aprĂšs l'attentat d'Oklahoma City. La sĂ©rie dĂ©peint une imagerie amĂ©ricaine traditionnelle, presque stĂ©rĂ©otypĂ©e : une peinture de deux casquettes de baseball (Heritage I) ; le mont Rushmore (Heritage VII) ; un homme au travail (Heritage VIII) ; un portrait et un gĂąteau d'anniversaire (Heritage IX). La sĂ©rie inclut Ă©galement un portrait de Joseph Milteer, riche membre du Ku Klux Klan (HĂ©ritage VI)[36].

En 2000, Tuymans suscite l'attention avec sa sĂ©rie de peintures politiques Mwana Kitoko (Beautiful Boy), inspirĂ©e de la visite d'État du roi Baudouin de Belgique au Congo dans les annĂ©es 1950. AprĂšs avoir Ă©tĂ© montrĂ©es en 2000 chez David Zwirner Ă  New York, les toiles sont exposĂ©es l’annĂ©e suivante dans le pavillon belge Ă  la Biennale de Venise.

Lors de la Documenta 11 (2002) qui met Ă  l’honneur les Ɠuvres d'art politiques ou sociales, beaucoup s'attendent Ă  ce que Tuymans prĂ©sente de nouvelles Ɠuvres crĂ©Ă©es en rĂ©ponse aux attaques du 11-Septembre. Au lieu de cela, il montre une simple nature morte exĂ©cutĂ©e Ă  grande Ă©chelle, ignorant dĂ©libĂ©rĂ©ment toute rĂ©fĂ©rence aux Ă©vĂ©nements mondiaux[37], ce qui conduit inĂ©vitablement Ă  des critiques nĂ©gatives[38]. Toutefois, l'artiste dĂ©crit sa dĂ©cision comme une stratĂ©gie dĂ©libĂ©rĂ©e de « sublimation » qu'il justifie ainsi :

« Dans Still-Life, l'idĂ©e de banalitĂ© devient plus grande que la vie, elle est poussĂ©e Ă  un extrĂȘme impossible. Il ne s'agit en fait que d'une icĂŽne, d'une peinture presque purement cĂ©rĂ©brale, plus comme une projection de lumiĂšre. Les attentats du 11 septembre 2001 visaient Ă©galement l'esthĂ©tique, ce qui m'a donnĂ© l'idĂ©e de rĂ©agir avec une sorte d'anti-image, une idylle, bien qu'intrinsĂšquement tordue[39]. »

En 2004, la Tate Modern de Londres, et en 2006, le musée Serralves de Porto consacrent des expositions monographiques au travail de Tuymans.

Depuis 2007

Depuis 2007, Tuymans a participĂ© Ă  plus de 200 expositions collectives et eu plus de 30 expositions individuelles en Europe, en AmĂ©rique du Nord et en Asie. Au cours de cette pĂ©riode (2007-19), il a produit 180 Ɠuvres qu'il a regroupĂ©es en peintures, peintures murales et tapisseries murales[39].

OrganisĂ©e en 2007 Ă  la galerie Zeno X d'Anvers, l’exposition Les Revenants aborde le thĂšme de l'influence sociale des jĂ©suites dans l'Ă©ducation. En 2007, une grande rĂ©trospective est organisĂ©e par la Kunsthalle (MƱcsarnok) de Budapest (2007-08) avant de voyager sous l’intitulĂ© Luc Tuymans : Wenn der FrĂŒhling kommt Ă  la Haus der Kunst de Munich en 2008 et, sous le titre Come and See, Ă  la Zachęta National Gallery of Art de Varsovie. Chaque lieu accueillant l’exposition prĂ©sentait un ensemble diffĂ©rent de peintures.

L’exposition personnelle de Tuymans en 2008 chez David Zwirner Ă  New York, intitulĂ©e The Management of Magic, explore la « fascination Disney » de la sociĂ©tĂ© de consommation. De 2009 Ă  2011, cette exposition voyage dans quatre villes d'AmĂ©rique du Nord : le Wexner Center for the Arts, le musĂ©e d'Art moderne de San Francisco, le musĂ©e d'Art de Dallas et le musĂ©e d'Art contemporain de Chicago avant d’arriver Ă  sa destination finale en Belgique Ă  Palais des beaux-arts de Bruxelles[40].

En 2012, l'artiste polonais MirosƂaw BaƂka invite Tuymans Ă  participer Ă  un projet dans la ville oĂč il a grandi, Otwock. Le projet consiste Ă  interprĂ©ter l'histoire de la ville Ă  travers des Ɠuvres d'art rĂ©parties sur plus de vingt sites. Tuymans y prĂ©sente le tableau Die Nacht (2012),qui fait rĂ©fĂ©rence Ă  l'installation cinĂ©matographique Ă©pique de Hans-JĂŒrgen Syberberg de 1985 sur l'histoire allemande. Au cours de la deuxiĂšme saison de 2012, ce tableau est accrochĂ© dans la chambre d'enfant de BaƂka. Tuymans installe Ă©galement des centaines de ballons noirs dans les ruines de ZofiĂłwka, un ancien asile psychiatrique. En 1940, ce bĂątiment faisait partie du ghetto d'Otwock et, en 1942, durant l'occupation nazie de la Pologne, ses habitants y moururent de faim, furent abattus ou envoyĂ©s au camp d'extermination de Treblinka.

Lors de l'exposition rĂ©trospective intitulĂ©e Intolerance organisĂ©e par QM Gallery Al Riwaq Ă  Doha en 2016, Tuymans prĂ©sente une nouvelle Ɠuvre intitulĂ©e The Arena I – VI qui dĂ©peint la violence de 1942.

« Avec des similitudes visuelles avec The Third of May 1808, 1814 de Goya, la forte mise en évidence par Tuymans de personnages centraux entourés d'une vignette noircie et délabrée suggÚre une diaspora, une révolution ou une foule statique inquiÚte. Il y a un sentiment d'agression refoulée qui se cache sous la surface des formes ethniquement ambiguës et androgynes[41]. »

Violation des droits d’auteur

En janvier 2015, un tribunal civil belge juge Tuymans coupable de plagiat aprĂšs que l’artiste ait utilisĂ© une photographie prise par Katrijn Van Giel comme source de son tableau de 2011, A Belgian Politician (Un homme politique belge)[42] - [43], un portrait de Jean-Marie Dedecker[44].

Tuymans fait appel de cette dĂ©cision, insistant que le tableau est une parodie — une critique du conservatisme belge. En octobre 2015, Van Giel et Tuymans parviennent Ă  un rĂšglement confidentiel Ă  l'amiable.

Durant ce litige, le journal britannique The Guardian soutient fermement l'artiste, commentant la maniĂšre dont Tuymans ne peint jamais de reprĂ©sentations photo-rĂ©alistes d'images originales. Par ailleurs, le journal dĂ©crit la maniĂšre dont « son travail a tĂ©moignĂ© d'une Ă©tude de l’image tout au long de sa carriĂšre[45]. »

Autres Ɠuvres

ƒuvres sur papier

Le dessin fait partie intĂ©grante de la pratique artistique de Tuymans depuis ses dĂ©buts. Croquis, aquarelles et autres piĂšces de petite taille forment le socle de son Ɠuvre et constituent pour l’artiste une façon d'Ă©laborer les idĂ©es et les solutions plastiques sous-jacentes Ă  chaque tableau. On retrouve ainsi toutes les caractĂ©ristiques importantes de la dĂ©marche artistique de Tuymans dans ces travaux prĂ©paratoires, comme le choix dĂ©libĂ©rĂ© de matĂ©riaux de pauvre qualitĂ©, l'incorporation d'Ă©lĂ©ments trouvĂ©s ou la disparition de l'image au profit de sa persistance dans l'oeil et l'esprit du regardeur. Ces dessins d'Ă©tude sont ainsi des prĂ©parations visuelles pour des peintures ultĂ©rieures autant que des extĂ©riorisations du processus de pensĂ©e de l’artiste. Comme le dit Tuymans dans une interview avec Josef Helfenstein en 1997 : « Le dessin est particuliĂšrement important parce que je m'implique mentalement dans le travail et dans l'image. Ce qui est important pour moi, c'est l'idĂ©e de penser pendant que je dessine, en particulier dans les petits dessins. Cela m’aide Ă  tout garder sous contrĂŽle »[46].

Dans ce mĂȘme entretien, Tuymans explique qu'il dessine surtout de mĂ©moire et qu'il prĂ©fĂšre de ne pas immĂ©diatement commencer Ă  dessiner lorsqu'il voit quelque chose, choisissant plutĂŽt de dessiner « sur base d'une mĂ©moire fragmentaire ». Chaque dessin va donc au-delĂ  d'un archivage visuel et fait dĂšs lors partie d'un processus de rĂ©flexion plus vaste.

Une premiĂšre rĂ©trospective des dessins et autres Ɠuvres sur papier de Tuymans couvrant les annĂ©es 1975-96 est prĂ©sentĂ©e dans le cadre d'une exposition Ă  la Kunsthalle de Berne, au Berkeley Art Museum de Berkeley et au CAPC MusĂ©e d'art contemporain de Bordeaux (en 1997-98).

Peintures murales

DĂšs le milieu des annĂ©es 1990, Tuymans rĂ©alise une cinquantaine de peintures murales sur des sites spĂ©cifiques, dont cinq permanentes et les autres temporaires crĂ©Ă©s spĂ©cifiquement pour des expositions. Le type de technique est soit la peinture acrylique, soit la peinture murale appliquĂ©e directement sur des murs existants. Comme il le dit dans une interview vidĂ©o sur le triptyque S. Croce (2010), ces peintures murales sont toujours connectĂ©es Ă  « l'espace brut ». « Avec les peinture murales, l’approche est l’élĂ©ment clĂ© (
), quand je travaille sur un mur, je me sens plus libre que sur une toile ». De temps en temps, Tuymans rĂ©alise des oeuvres murales textiles basĂ©es sur des dessins scannĂ©s et produits mĂ©caniquement.

Tuymans rĂ©alise sa premiĂšre peinture murale permanente en 1995 au CafĂ© Alberto d’Anvers[47]. En 2007, il en peint une autre d’aprĂšs Bloodstains (Taches de sang) (1993) sur le plafond de la salle de bal de l'ancien Ringtheater. Cette annĂ©e-lĂ , le bĂątiment est rĂ©cupĂ©rĂ© par Troubleyn/Laboratorium, une compagnie scĂ©nique dirigĂ©e par l’artiste et dramaturge belge Jan Fabre[48]. En fĂ©vrier 2012, Tuymans utilise le motif de l'Ange pour une peinture murale permanente crĂ©Ă©e dans le deuxiĂšme foyer du balcon du Concertgebouw de Bruges. En 2013, Tuymans offre deux peinture murales permanentes crĂ©Ă©es pour les escaliers principaux du bĂątiment de la Theaterstrasse au Staatsschauspiel de Dresden. Ces deux peintures murales reprennent des Ă©lĂ©ments des peintures Peaches (2012) et Technicolor (2012)[49]. Arena (2017) est la peinture murale la plus rĂ©cente crĂ©Ă©e par l’artiste pour le MusĂ©e des Beaux-Arts de Gand. Peinte au bout d'une galerie arrondie dans le hall du musĂ©e, cette peinture murale se compose de trois panneaux.

MosaĂŻques

Luc Tuymans, Dead Skull, 2010
MAS Museum aan de Stroom, Anvers

CommandĂ©e par le MAS Museum aan de Stroom d’Anvers, la premiĂšre mosaĂŻque rĂ©alisĂ©e par Tuymans en 2010, Dead Skull (le CrĂąne mort) est installĂ©e sur la place du musĂ©e de la Hanzestedenplaats Ă  Anvers. Cette mosaĂŻque de pierre de 40 m2 Ă©voque le tableau du mĂȘme nom crĂ©Ă© en 2002, qui fait Ă  son tour rĂ©fĂ©rence Ă  une plaque commĂ©morative dĂ©diĂ©e au peintre anversois du XVIe siĂšcle Quinten Metsys sur la façade de la CathĂ©drale Notre-Dame d'Anvers[39]. La mosaĂŻque composĂ©e de 96 569 pierres de 11 couleurs diffĂ©rentes est rĂ©alisĂ©e en utilisant cette image et une technique de conversion numĂ©rique spĂ©cialement conçue pour ce projet[50]. L'installation dĂ©bute Ă  l'hiver 2009 et se termine Ă  l'Ă©tĂ© 2010. Quand on la regarde Dead Skull du rez-de-chaussĂ©e, l’image est Ă  peine reconnaissable. Au plus haut on monte dans le MAS, au plus le crĂąne devient visible[51].

La seconde mosaĂŻque de Tuymans, Schwarzheide, est rĂ©alisĂ©e Ă  l'occasion de l’exposition de l’artiste au Palazzo Grassi en 2019, La Pelle. Produite par Fantini Mosaici Ă  Milan et inspirĂ©e de l'huile sur toile Ă©ponyme de Tuymans datĂ©e de 1989, cette mosaĂŻque reprĂ©sente un camp de travaux forcĂ©s allemand. Dans son entiĂšretĂ©, l'image n’est visible que depuis les balustrades donnant sur l'atrium du Palazzo Grassi. La mosaĂŻque sera dĂ©mantelĂ©e Ă  la suite des inondations ayant frappĂ© Venise en fĂ©vrier 2020[52].

ƒuvres graphiques

À la fin des annĂ©es 1980, Tuymans entame un travail d’expĂ©rimentations graphiques qui compte environ 90 Ɠuvres traitant – Ă  l’instar de ses peintures – la mĂ©diation et la traduction des images dans les mĂ©dias de masse. Tuymans explore plĂ©thore de mĂ©thodes d'impression y compris la photocopie, le jet d'encre, l'offset, le monotype, la sĂ©rigraphie, la lithographie, la gravure et les Ă©preuves Ă  la gĂ©latine argentique, utilisant des supports insolites tels le papier peint, le verre de sĂ©curitĂ© et le PVC[53]. Souvent basĂ©es sur des photographies ou des photos de tournage que l'artiste photographie et re-photographie jusqu'Ă  ce qu'une grande partie des dĂ©tails originaux disparaisse[54], les images imprimĂ©es de Tuymans apparaissent souvent floues ou rĂ©duites. Par exemple, la gravure en quadrichromie Isabel, Diorama, Scramble, Twenty Seventeen (2017) se base sur des photos prises par l’artiste sur son iPhone alors qu’il peint. Ces images rĂ©vĂšlent un stade prĂ©coce et inachevĂ© de l'Ɠuvre. Les coups de pinceau dans la marge du tableau et sur les bords de la toile sont Ă©galement incorporĂ©s dans l'image imprimĂ©e[55].

Sous le titre Prémonitions[56], ce travail d'expérimentations graphiques a fait l'objet d'une exposition au LaM Lille Métropole musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut situé à Villeneuve-d'Ascq.

Tuymans réalise la plupart de ses impressions en collaboration avec Roger Vandaele, maßtre-imprimeur basé à Anvers, et Edition Copenhagen.

Autres activités

Commissaire d’expositions

Luc Tuymans est Ă©galement commissaire d’expositions. Dans un entretien avec Artzip, Tuymans explique Ă  propos de la premiĂšre exposition dont il a Ă©tĂ© le commissaire en 1999, Trouble Spot: Painting au Museum van Hedendaagse Kunst Antwerpen et au NICC - New International Centre Ă  Anvers que « l’idĂ©e derriĂšre l'exposition consistait Ă  explorer les limites de la peinture » et que son approche curatoriale Ă©tait de « donner la prioritĂ© au visuel afin d’initier un dialogue entre les diffĂ©rentes Ɠuvres ». Ce exposition comprenait des Ɠuvres d'une cinquantaine d'artistes, dont Gerhard Richter, Ellsworth Kelly, Raoul De Keyser, Marlene Dumas et Andy Warhol[34]. En 2002, l’artiste est commissaire de Kamers. een keuze van Luc Tuymans (Rooms. A choice by Luc Tuymans) Ă  la Ruimte Morguen d’Anvers[57]. Le 5 octobre 2006, Tuymans organise Sirene/Alarm, un Ă©vĂ©nement qui fit le tour de nombreux musĂ©es et institutions culturelles en Belgique. Pour cet Ă©vĂ©nement, tous les musĂ©es participants sont invitĂ©s Ă  rĂ©gler leur systĂšme alarme pour qu'il se dĂ©clenche Ă  15 heures, Ă  la suite de quoi le personnel, les artistes, les Ă©tudiants et autres visiteurs Ă©vacuent les bĂątiments concernĂ©s pendant quinze minutes. L'Ă©vĂ©nement est un plaidoyer pour la tolĂ©rance, une dĂ©claration contre l'extrĂ©misme politique, le racisme et la violence.

En 2007, Tuymans est commissaire de l'exposition The Forbidden Empire: Visions of the World by Chinese and Flemish Artists au BOZAR - Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. L'exposition, organisĂ©e conjointement avec Yu Hui, s’est rendue au MusĂ©e national du palais Ă  PĂ©kin, institution qui a recueilli les collections du palais impĂ©rial de la CitĂ© interdite de PĂ©kin[58]. L'exposition suivante dont il est commissaire, Reconsidered. Luc Tuymans: Selected Works from the StĂ€del Collection, se tient au StĂ€del Museum de Francfort-sur-le-Main en 2009[59]. En 2010, aprĂšs l'exposition sino-flamande The Forbidden Empire, Luc Tuymans est commissaire de l'exposition The State of Things, Brussels/Beijing, une exposition interculturelle combinant art belge et chinois. AprĂšs son ouverture Ă  BOZAR - Centre des Beaux-Arts de Bruxelles, l’exposition prend ensuite la direction du MusĂ©e d’Art national de Chine Ă  PĂ©kin.

En 2011, l'artiste belge Angel Vergara invite Tuymans Ă  ĂȘtre le commissaire de Angel Vergara : Feuilleton dans le Pavillon belge lors de la 54e Biennale internationale de Venise. Cette mĂȘme annĂ©e, Tuymans organise l'exposition A Vision of Central Europe pour Brugge Centraal. Comme on peut lire sur le site web de l’éditeur Phaidon, le point de dĂ©part pour cette exposition est la diffĂ©rence entre les villes de Bruges et de Varsovie : en effet, l’une a survĂ©cu Ă  la Seconde Guerre mondiale relativement indemne, alors que l’autre a Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©e avant d’ĂȘtre scrupuleusement reconstruite[60].

Deux ans plus tard, Tuymans est commissaire de l'exposition The Gap: Selected Abstract Art from Belgium Ă  la London Parasol Unit Foundation for Contemporary Art Ă  Londres. Cette mĂȘme annĂ©e, il collabore avec le Dr Ulrich Bischoff pour l'exposition Constable, Delacroix, Friedrich, Goya. A Shock to the Senses Ă  l'Albertinum de Dresde, une exposition retraçant l'histoire de la peinture europĂ©enne de 1800 Ă  nos jours par le biais d’une juxtaposition d’Ɠuvres majeures du romantisme europĂ©en et d’Ɠuvres d’art moderne et contemporain ultĂ©rieures. En 2016, Tuymans est commissaire de l'exposition 11 Artists Against the Wall, Ă  la Leopold Place 5 Ă  Anvers, dans le cadre de Born in Antwerp[61], et de James Ensor by Luc Tuymans Ă  la Royal Academy of Arts de Londres. InaugurĂ©e en 2018 au MusĂ©e d'art contemporain d'Anvers[62] puis prĂ©sentĂ©e Ă  la Fondazione Prada Ă  Milan, la derniĂšre exposition dirigĂ©e par Tuymans, Sanguine/Bloedrood se focalise sur le baroque[63].

Enseignement et Conférences

TrĂšs engagĂ© dans l’enseignement, Luc Tuymans a Ă©tĂ© professeur invitĂ© Ă  l'institut nĂ©erlandais Rijksakademie van beeldende kunsten, oĂč il a encadrĂ© et influencĂ© des peintres Ă©mergents tels que l'artiste polonaise Paulina Olowska, et l'artiste serbe Ivan Grubanov. En 2008, Tuymans prend la chaire de la Fondation Max Beckmann Ă  la StĂ€delschule, un rĂŽle prĂ©cĂ©demment tenu par William Kentridge[39]. Tout au long de cette pĂ©riode, Tuymans prend part Ă  des symposiums et confĂ©rences internationaux et donne des interviews et des confĂ©rences sur son travail et sur la peinture en gĂ©nĂ©ral dans diverses universitĂ©s et musĂ©es de par le monde.

En 1995, Tuymans donne une confĂ©rence sur son travail Ă  l'universitĂ© de Chicago et prend part Ă  une conversation dirigĂ©e par le conservateur et Ă©crivain Hamza Walker. En 2000, il participe au symposium The Persistence of Painting (la persistance de la peinture) Ă  la Rijksakademie van beeldende kunsten d’Amsterdam avec Carel Blotkamp, Ferdinand van Dieten, BenoĂźt Hermans, Frank Reijnders et Jeroen Stumpel. AprĂšs le dĂ©crochage de l'exposition de Tuymans Signalat au Hamburger Bahnhof en 2001, un symposium intitulĂ© Gesichtsbilder est organisĂ© en prĂ©sence de l'artiste, d’Eugen Blume (directeur du Hamburger Bahnhof), de l'historienne de l'art Anne-Marie Bonnet et de Norbert Kampe (directeur du site de confĂ©rence, du mĂ©morial et de l’éducation Wannsee Ă  la Villa Marlier) (Conference, Memorial and Educational Site). À la demande de Tuymans, la sĂ©ance de clĂŽture du symposium a lieu Ă  la Villa Marlier Ă  Berlin. La SS allemande utilisa cette ancienne villa privĂ©e ayant appartenu Ă  une famille d’industriels comme maison d'hĂŽtes et centre de confĂ©rence de 1941 Ă  1945. La demeure servit de cadre pour les discussions durant lesquelles la dĂ©portation et le meurtre des Juifs europĂ©ens en 1942 furent planifiĂ©s par les nazis[34].

Lors du symposium organisĂ© pour l'exposition Painting on the Move Ă  la Fondation Beyeler Ă  BĂąle, Between Senses, Strukturen und Strategien del Malerei im 20. Jahrhundert, Tuymans participe Ă  une table ronde sur l'importance de la peinture par rapport aux nouveaux mĂ©dias, modĂ©rĂ©e par l'historien de l'art Beat Wyss, avec le philosophe Hubert Damisch, les historiens de l'art Yve-Alain Bois, Bruno Haas et Denys Zacharopoulos, et l'artiste et historien de l'art Hans-Dieter Huber. En 2003, Tuymans collabore Ă  une confĂ©rence publique au Kunstverein Hannover Ă  Hanovre, et en 2004 donne des confĂ©rences au Museo Tamayo Ă  Mexico (avec Gerrit Vermeiren), au Mauritshuis de La Haye oĂč il donne une confĂ©rence intitulĂ©e On Peter Paul Rubens, au deSingel d’Anvers dans le cadre du programme Curating the Library, et Ă  la Dresdner Bank Ă  Berlin lors de la confĂ©rence Europa eine Seele geben: Berliner Konferen fĂŒr europaĂŻsche Kulturpolitik. En 2006, il participe Ă  un panel d'artistes au MoMA de New York avec Brice Marden, Francesco Clemente et Christopher Wool et en 2008, il donne une confĂ©rence Ă  la Haus der Kunst Ă  Munich (Luc Tuymans: Arbeit und Praxis) ainsi que la confĂ©rence inaugurale au Neues Museum Weserburg de BrĂȘme lors du symposium Arbeit der Bilder: Die PrĂ€zens der Bilde sim Dialog zwischen Psychoanalyse, Philosophie und Kunstwissenschaft. En 2009, il participe Ă  la confĂ©rence interdisciplinaire du PRN de BĂąle, le Coloquim Abschied und Gegenstand dans le cadre du projet Platform au Wiels Ă  Bruxelles et Ă  la Lambert Family Lecture en dialogue avec T.J. Clark au Wexner Center Ă  Columbus.

En 2010, il participe au symposium History, Violence, Disquiet organisĂ© au MCA Museum of Contemporary Art de Chicago, et en 2011, il prend part Ă  une conversation avec Rem Koolhaas Ă  La Loge de Bruxelles intitulĂ©e Construction EuropĂ©enne. En 2012, Tuymans est invitĂ© aux Frieze Talks et en 2015, il dirige une conversation avec Colin Chinnery Ă  la Talbot Rice Gallery. En 2016, il donne une allocution dans le cadre de la sĂ©rie de confĂ©rences Slade Contemporary Art Lecture Series 2015-16 Ă  la Slade School of Fine Art de Londres et, la mĂȘme annĂ©e, il participe Ă  la table ronde What About Painting Today au Lille MĂ©tropole musĂ©e d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut de Villeneuve-d'Ascq, et prend Ă©galement part Ă  une discussion publique avec Kerry James Marshall Ă  MontrĂ©al. En 2017, il donne des confĂ©rences au MusĂ©e Migros d'art contemporain de Zurich et aux cĂŽtĂ©s de Gilane Tawadros au Royal College of Art de Londres. En 2018, il donne une confĂ©rence publique sur Andrzej WrĂłblewski Ă  la David Zwirner Gallery de Londres[39].

Expositions personnelles

Entre 1985 et 2006, plus de 100 expositions individuelles de peintures de Tuymans sont organisĂ©es, dont plus de 70 expositions individuelles internationales[64] - [65] - [66]. La premiĂšre exposition de peintures de Tuymans pour la Belgian Art Review (1985) se tient Ă  Ostende dans une piscine dĂ©serte du prestigieux Palais des Thermes[67]. Tuymans choisit cette ville pour son rapport avec James Ensor et de Leon Spilliaert, deux peintres ayant profondĂ©ment influencĂ© son dĂ©veloppement artistique et dont le lien avec la ville lui transmet une signification spirituelle[68]. Outre ses parents et une poignĂ©e d'amis, peu de gens visitent l'exposition qui reste un moment charniĂšre dans sa carriĂšre, puisque c’est la premiĂšre fois que Tuymans voit son travail en dehors de l'atelier[69].

L’exposition publique suivante des peintures de Tuymans se tient Ă  Ruimte Morguen Ă  Anvers en 1988[64] alors que les premiĂšres expositions musĂ©ales consacrĂ©es exclusivement Ă  son Ɠuvre ont lieu en 1990 au PMMK Provinciaal Museum voor Moderne Kunst d’Ostende et au S.M.A.K. Stedelijk Museum voor Actuele Kunst de Gand. La mĂȘme annĂ©e, Tuymans expose pour la premiĂšre fois chez Zeno X, galerie anversoise avec laquelle il travaille toujours Ă  ce jour.

L’annĂ©e 1992 marque la percĂ©e internationale de la carriĂšre de Luc Tuymans. Plusieurs expositions majeures de son travail (Ă  la Kunsthalle de Berne par exemple) et sa participation Ă  Documenta 9 contribuent Ă  Ă©tendre sa rĂ©putation au niveau mondial[70]. Tuymans achĂšve cette premiĂšre pĂ©riode de sa carriĂšre par une rĂ©trospective au musĂ©e Haus Lange, Krefelder Kunstmuseen Ă  Krefeld en 1993 dans deux maisons d'habitation transformĂ©es en musĂ©es d'art contemporain, la Haus Lange et la Haus Esters. En 1994, son travail est prĂ©sentĂ© au Portikus de Francfort-sur-le-Main et l’exposition voyage chez David Zwirner Ă  New York , galerie internationale avec laquelle il travaille toujours Ă  ce jour. La mĂȘme annĂ©e, Tuymans expose son travail Ă  la galerie d'art de l'universitĂ© de York Ă  Toronto, puis Ă  la Renaissance Society de l'universitĂ© de Chicago, Ă  l'Institut d'art contemporain de l'ICA Institute of Contemporary Art Ă  Londres et Ă  la Goldie Paley Gallery du Moore College of Art and Design Ă  Philadelphie. En 2001, Tuymans reprĂ©sente la Belgique Ă  la Biennale de Venise[71].

Entre 2004 et 2008, plusieurs lieux consacrent des expositions Ă  Tuymans : la Tate Modern Ă  Londres en 2004[72], le Museu Serralves de Porto[73], la MƱcsarnok Kunsthalle Ă  Budapest en 2007-2008[74], la Zachęta National Gallery of Art Ă  Varsovie[75] et la Haus der Kunst Ă  Munich en 2008.

La premiĂšre rĂ©trospective amĂ©ricaine complĂšte de l'artiste est inaugurĂ©e en septembre 2009 au Wexner Center for the Arts Ă  Columbus, avant de se rendre au San Francisco Museum of Modern Art[76], au Dallas Museum of Art et au MCA Museum of Contemporary Art de Chicago[77]. Cette rĂ©trospective dĂ©passe les frontiĂšres des États-Unis et achĂšve son parcours Ă  BOZAR Palais des beaux-arts Ă  Bruxelles[78].

En 2009 Ă©galement, une exposition d'Ɠuvres inspirĂ©es par l'un des auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s de Tuymans, Thomas Pynchon, intitulĂ©e Against the Day, est organisĂ©e au centre d’art contemporain Wiels, Ă  Bruxelles, avant de se rendre au Baibakov Art Projects de Moscou, et au Moderna Museet de Malmö en SuĂšde. Une grande exposition personnelle, intitulĂ©e Intolerance, est organisĂ©e en 2015 Ă  la QM Gallery Al Riwaq, Ă  Doha. En 2019, une exposition majeure incorporant 80 peintures peintes par Tuymans de 1986 Ă  2019, La Pelle, est prĂ©sentĂ©e au mythique Palazzo Grassi[79] de Venise.

Expositions collectives

Entre 1985 et 2016, Tuymans a Ă©galement pris part Ă  plus de 350 expositions collectives, dont plus de 300 expositions internationales[64]. En 1992, il est invitĂ© Ă  exposer pour la premiĂšre fois Ă  la documenta de Cassel et en 2002, il participe Ă  la documenta 11. Les Ɠuvres de Tuymans ont Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es dans des expositions de groupe telles que Infinite Painting: Contemporary Painting and Global Realism, organisĂ©e Ă  la Villa Manin Centro d'Arte Contemporanea, Codroipo en Italie (2006) ; Essential Painting, au musĂ©e national d'art, Osaka, Japon (2006) ; Fast Forward: Collections for le Dallas Museum of Art, au MusĂ©e d'Art de Dallas, Dallas, Texas (2007) ; What is painting? Contemporary Art From the Collection au Museum of Modern Art de New York (2007) ; The Painting of Modern Life Ă  la Hayward Gallery de Londres et au chĂąteau de Rivoli, Turin, Italie (2007) ; Doing it My Way: Perspectives in Belgian Art au Museum KĂŒppersmĂŒhle fĂŒr Moderne Kunst, Duisburg, Allemagne (2008) ; Collecting Collections: Highlights from the Permanent Collection of the Museum of Contemporary Art, Los Angeles au MusĂ©e d'Art contemporain de Los Angeles, Californie (2008) ; Mapping the Studio: Artists from the François Pinault Collection au Palais Grassi, Venise, Italie (2009) et Compass in Hand: Selections from The Judith Rothschild Foundation Contemporary Drawings Collection au Museum of Modern Art, New York (2009-10)[64].

Selection de musées et de collections publiques

Catalogue raisonné

En 2019, David Zwirner et Yale University Press publient un catalogue raisonnĂ© complet sous la direction Ă©ditoriale de l'historienne de l'art Eva Meyer-Hermann. Les peintures de Tuymans datant de 1972 Ă  2018 – soit 564 au total – sont rĂ©parties en trois volumes. Volume I couvre les 186 peintures rĂ©alisĂ©es sur toile ou sur panneau dur entre 1972 et 1994[80], Volume II traite 198 peintures sur toile ou – occasionnellement – sur polyester ou vinyle rĂ©alisĂ©es entre 1995 et 2006[81], et Volume III englobe 180 Ɠuvres sur toile datant de 2007 Ă  2018[82].

Position sur le marchĂ© de l’art / Cote

La Galerie Zeno X reprĂ©sente Tuymans Ă  Anvers et la David Zwirner Ă  New York. Selon un article publiĂ© par Artprice en 2019, la moitiĂ© du chiffre d'affaires de l’artiste est rĂ©alisĂ© aux États-Unis et 36% au Royaume-Uni[83]. En mai 2005, Sculpture (2000), qui fait partie de la sĂ©rie Mwana Kitoko (Beautiful White Man) de Tuymans, est vendue aux enchĂšres par Christie's New York Ă  un prix record. En 2005, Tuymans figure parmi les 184 artistes du « Top 500 » des ventes dans un classement Ă©tabli par Artprice[84]. Le record de vente de Tuymans remonte Ă  la cĂ©lĂšbre vente d'art contemporain de Christie's New York en mai 2013, oĂč Rumour (2001) suscite une attention sans prĂ©cĂ©dent. Il s'agit du meilleur rĂ©sultat jamais obtenu pour un artiste belge contemporain (c'est-Ă -dire nĂ© aprĂšs 1945). Depuis lors, ses peintures ont rapportĂ© des sommes toujours plus importantes. Ainsi, en 2016, Tuymans est classĂ© 60e dans la liste ArtReview des 100 personnes les plus puissantes du monde de l'art[85]. En 2019, Tuymans bĂ©nĂ©ficie d’une grande visibilitĂ© avec son exposition La Pelle au Palazzo Grassi Ă  Venise. Le marchĂ© rĂ©agi en consĂ©quence et ses Ɠuvres gĂ©nĂšrent alors un chiffre d'affaires encore plus Ă©levĂ© sur le marchĂ© secondaire, une annĂ©e record pour l'artiste[86]. Cette annĂ©e-lĂ , il est classĂ© 75e au « Top 500 » des artistes les plus vendus au monde. Tuymans entre dĂšs lors dans le top 100 des artistes les plus performants sur le marchĂ© secondaire mondial. Aujourd’hui, il est considĂ©rĂ© comme l'un des artistes europĂ©ens les plus cĂ©lĂšbres, aux cĂŽtĂ©s des artistes italiens Rudolf Stingel et Maurizio Cattelan, de l'artiste belge Harold Ancart et de huit artistes allemands, dont Albert Oehlen[87].

Honneurs et distinctions

En 2007, le roi Albert II[88] nomme Tuymans Commandeur de l'Ordre de LĂ©opold de Belgique. En 2013, l’artiste est fait membre honoraire Ă©tranger de l'AcadĂ©mie amĂ©ricaine des arts et des lettres Ă  New York[89] et de l'AcadĂ©mie des arts (Akademie der KĂŒnste) Ă  Berlin. En 2019, il reçoit la mĂ©daille d'honneur du ICOCEP CongrĂšs international de peinture contemporaine Ă  Porto. Tuymans dĂ©tient plusieurs distinctions acadĂ©miques, dont un doctorat honorifique pour le mĂ©rite culturel global dĂ©cernĂ© par le Royal College of Art en 2015[90] un doctorat honorifique dĂ©cernĂ© par l'UniversitĂ© des Arts Ă  PoznaƄ en 2014, ainsi qu’un doctorat honorifique pour le mĂ©rite culturel global dĂ©cernĂ© par l'UniversitĂ© d'Anvers en 2006[91]. En 2008, Tuymans reçoit le prix de la Fondation Max Beckmann Ă  la StĂ€delschule. En 2000, il est finaliste pour le prix de la Biennale Vincent van Gogh pour l'art contemporain en Europe et remporte le prix de la Fondation Coutts pour l'art contemporain Ă  Zurich. En 2013, Tuymans reçoit le prix de la culture flamande pour les arts visuels et en 2020 le prix Ultima pour le « MĂ©rite culturel gĂ©nĂ©ral »[92]. En 1998, il obtient le prix culturel bisannuel Blanlin-Evrart de l'UniversitĂ© catholique de Louvain[93]. En 2013, il reçoit le prix d'excellence pour sa contribution artistique dans la lutte contre le sida de l'AmfAR, une fondation amĂ©ricaine parmi les plus importantes au monde pour le financement de la prĂ©vention et la recherche mĂ©dicale contre le sida[94].

Notes et références

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Annexes

Bibliographie

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  • Uta Grosenick, Burkhard Riemschneider, Art Now. 137 Artists at the Rise of the New Millenium, Cologne, Taschen, 2002, pp. 512-515.
  • (fr) Premonition - Luc Tuymans, CAPC musĂ©e d'art contemporain de Bordeaux, Bordeaux, 1998 (ISBN 3-906628-13-2)

Liens externes

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