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Invasion du Québec

L'invasion du Québec en 1775 est la première initiative militaire majeure de l'armée continentale américaine nouvellement formée pendant la guerre d'indépendance des États-Unis. L'objectif de la campagne est d'obtenir le contrôle militaire de la province britannique de Québec — dans l'actuel Canada — et de convaincre les Canadiens francophones de se joindre à la révolution aux côtés des Treize colonies. Une première expédition provenant du fort Ticonderoga, sous le commandement de Richard Montgomery, assiège le fort Saint-Jean et s'en empare, et manque de peu de capturer le général britannique Guy Carleton lors de la prise de Montréal. La seconde expédition quitte Cambridge dans le Massachusetts sous le commandement de Benedict Arnold et se rend avec beaucoup de peine du Maine jusqu'à la ville de Québec. Les deux forces s'y rejoignent, mais sont défaites à la bataille de Québec en .

Invasion du Québec
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Date Ă 
Lieu Principalement les vallées du lac Champlain et du fleuve Saint-Laurent, dont les villes de Montréal et de Québec
Issue

Victoire britannique[1] :

  • les expĂ©ditions amĂ©ricaines au QuĂ©bec sont dĂ©faites ;
  • une contre-offensive britannique est lancĂ©e (campagne de Saratoga).
Forces en présence
10 000 soldats[Note 1]700 Ă  10 000 soldats[Note 2]
Pertes
400 tuĂ©s
650 blessĂ©s
1 500 capturĂ©s
100 tuĂ©s
~230 blessĂ©s
600 capturĂ©s

Guerre d'indépendance des États-Unis

Batailles


L'expédition de Montgomery part du fort Ticonderoga à la fin d' et commence à la mi- à assiéger le fort Saint-Jean, le principal point de défense au sud de Montréal. Après la capture du fort en , Carleton abandonne Montréal pour s'enfuir à Québec et Montgomery prend le contrôle de la ville avant de poursuivre vers Québec avec une armée à l'effectif beaucoup plus réduit. Là, il rejoint Arnold, qui quitte Cambridge début pour une traversée pénible à travers la nature sauvage, laissant des troupes sans approvisionnement et manquant de matériel.

Ces forces se rejoignent près de Québec en et attaquent la ville lors d'une tempête de neige le dernier jour de l'année. La bataille est une défaite désastreuse pour l'armée continentale : Montgomery est tué et Arnold blessé, tandis que les défenseurs de la ville subissent peu de pertes. Arnold soutient ensuite un siège inefficace contre la ville, au cours duquel des campagnes de propagande couronnées de succès renforcent les sentiments des loyalistes, tandis que l'administration dure du général David Wooster à Montréal agace les partisans et les détracteurs des Américains.

Les Britanniques envoient plusieurs milliers de soldats, dont le général John Burgoyne et des mercenaires hessiens, pour renforcer ceux de la province en . Le général Carleton lance alors une contre-offensive, renvoyant au fort Ticonderoga les forces continentales affaiblies et désorganisées. L'armée continentale, sous le commandement d'Arnold, parvient à entraver l'avancée britannique de manière à empêcher l'attaque du fort Ticonderoga en 1776. La fin de la campagne prépare le terrain pour la campagne de Burgoyne en 1777 visant à prendre le contrôle de la vallée de l'Hudson.

DĂ©nomination

Carte en couleur de la province de Québec avec les frontières établies ou non selon la zone.
Carte de la province de Québec en 1774.

L'objectif de la campagne militaire américaine est la prise de contrôle de la colonie britannique d'Amérique du Nord appelée alors « province de Québec », entité géographique ainsi dénommée de 1763 à 1791. Or, source de confusion avec les acceptions modernes, en 1775, celle-ci est souvent appelée « Canada » en anglais. Ainsi, l'autorisation donnée par le Second Congrès continental au général Philip Schuyler pour la campagne utilise les mentions « Canadiens » et « Canada »[2]. Cette dénomination se retrouve même dans des documents d'histoire relativement modernes consacrés à la campagne[3].

Dans cet article, ce sont les expressions « Canada » ou « province de Québec » qui sont utilisées, sauf dans les citations qui mentionnent spécifiquement l'expression « le Québec », afin d'éviter toute confusion entre cet usage historique et l'usage correspondant à la nation québécoise moderne. Malgré le nom officiel de « province of Quebec » attribué à la colonie, le nom « Canada » désignait couramment l'ensemble des possessions britanniques de la vallée du Saint-Laurent et de la région des Grands Lacs.

Contexte

Au printemps 1775, la guerre d'indépendance des États-Unis commence avec les batailles de Lexington et Concord, près de Boston. Elle oppose l'armée britannique et l'armée continentale commandée par George Washington. Le conflit marque alors une pause car l'armée britannique, concentrée à Boston, y subit un siège tenu par des milices coloniales[4].

En , les chefs des forces continentales Benedict Arnold et Ethan Allen s'intĂ©ressent aux armes lourdes qui sont concentrĂ©es au fort Ticonderoga[5]. Ils dirigent ainsi une troupe de milices coloniales qui s'emparent du fort puis de celui de Crown Point et attaquent le fort Saint-Jean[5]. Ces prises sont relativement aisĂ©es car les trois forts ne sont alors que lĂ©gèrement dĂ©fendus[5]. En , une garnison de 1 000 miliciens venant du Connecticut occupe Ticonderoga et Crown Point sous le commandement de Benjamin Hinman[6]. Dans le mĂŞme temps, des corsaires amĂ©ricains prennent Ă©galement des ports de l'ocĂ©an Atlantique[7]. En Nouvelle-Écosse, une rĂ©bellion pro-patriot est aussi en cours[7].

Autorisation du Congrès

Portrait du général Philip Schuyler.
Le général Philip Schuyler.

L'année précédente, dans une lettre publique aux Canadiens datée du , le Premier Congrès continental a officiellement invité les Canadiens français à participer à une réunion du congrès prévue en mais sans obtenir de réponse des intéressés. En , le Second Congrès continental envoie une deuxième lettre toujours en vain[8]. L'objectif des Américains est de détacher l'ancienne colonie française du Canada de l'Empire britannique afin de former une quatorzième colonie. Il semble que ces manœuvres des Américains découlent de leur volonté de contrer les libéralités concédées par les Britanniques dans leur acte de Québec de 1774[7]. Or, au grand dam des Américains[9], le clergé canadien-français accorde officiellement son soutien aux Britanniques — la liberté de culte pour les catholiques y étant affirmée —, de même que les propriétaires fonciers et les citoyens influents de la ville, sensibles à la reconnaissance d'une société distincte et à tous les droits afférents au sein de la colonie[7].

Après la capture du fort Ticonderoga, Arnold et Allen proposent sĂ©parĂ©ment des expĂ©ditions contre la province de QuĂ©bec et, la jugeant mal dĂ©fendue, ils considèrent qu'une force aussi modeste qu'une troupe de 1 200 Ă  1 500 hommes suffirait pour en chasser l'armĂ©e britannique. Dans le mĂŞme temps, ils estiment nĂ©cessaire de tenir Ticonderoga comme dĂ©fense contre les tentatives britanniques de diviser militairement les colonies. NĂ©anmoins, le Congrès ordonne d'abord l'abandon des forts[10], ce qui incite la province de New York et le Connecticut Ă  prendre des mesures proprement dĂ©fensives avec leurs troupes et leur matĂ©riel. Des dĂ©clarations publiques Ă©manant de Nouvelle-Angleterre et de New York appellent le Congrès Ă  changer sa position. C'est ce qu'il fait lorsque le gouverneur britannique de QuĂ©bec, Guy Carleton, fortifie le fort Saint-Jean et tente Ă©galement d'impliquer les Iroquois dans le conflit au nord de la province de New York : une attitude plus agressive est nĂ©cessaire. Le , le Congrès autorise ainsi le gĂ©nĂ©ral Philip Schuyler Ă  Ă©tudier et, si cela semble appropriĂ©, Ă  entamer une invasion[11]. Benedict Arnold, dĂ©signĂ© pour son commandement, se rend Ă  Boston et convainc le gĂ©nĂ©ral George Washington d'envoyer une force de soutien au Canada sous son commandement[12].

Préparations défensives

En rĂ©ponse Ă  la capture du fort Ticonderoga et au raid sur le fort Saint-Jean, le gĂ©nĂ©ral et gouverneur britannique Guy Carleton envoie 700 soldats pour soutenir ce dernier fort sur la rivière Richelieu, au sud de MontrĂ©al, et ordonne la construction de navires destinĂ©s au lac Champlain[13]. Il recrute Ă©galement environ cent guerriers mohawks pour participer Ă  sa dĂ©fense. Il supervise lui-mĂŞme celle de MontrĂ©al. NĂ©anmoins il n'y dĂ©ploie que 150 soldats rĂ©guliers, puisqu'il s'appuie sur le fort Saint-Jean comme point de dĂ©fense avancĂ©[12]. Il laisse la dĂ©fense de la ville de QuĂ©bec sous le commandement du lieutenant-gouverneur Hector Theophilus de CramahĂ©[14].

Richard Montgomery et Benedict Arnold, qui mènent les deux expéditions.

Carleton est tout à fait conscient du danger d'invasion venant du sud. Il demande alors des renforts au général Thomas Gage situé à Boston et en danger moins immédiat. Il entreprend également de former des milices locales pour aider à la défense de Montréal et de la ville de Québec, ce qui rencontre cependant un succès limité[15].

Négociations pour le soutien des Nord-Amérindiens

Du cĂ´tĂ© britannique, le principal interlocuteur avec les Nord-AmĂ©rindiens est Guy Johnson, un agent loyaliste et nord-amĂ©rindien britannique vivant dans la vallĂ©e de la Mohawk dans la province de New York. En effet, il entretient des relations plutĂ´t amicales avec les Iroquois de la rĂ©gion et craint pour sa sĂ©curitĂ© et celle de sa famille après qu'il est devenu Ă©vident que le sentiment pro-patriot devient majoritaire dans la rĂ©gion. Apparemment convaincu qu'il ne peut plus conduire les affaires de la Couronne britannique en toute sĂ©curitĂ©, il quitte sa propriĂ©tĂ© de New York avec environ 200 partisans loyalistes et mohawks. Il se rend d'abord au fort Ontario oĂą, le , il obtient des chefs de tribus nord-amĂ©rindiennes — principalement des Iroquois et des Hurons-Wendats — la promesse d'aider Ă  maintenir ouvertes les lignes d'approvisionnement et de communication dans la rĂ©gion et d'aider les Britanniques Ă  « contrarier l'ennemi »[16]. De lĂ , il se rend Ă  MontrĂ©al oĂą, lors d'une rĂ©union avec le gĂ©nĂ©ral Carleton et 1 500 Nord-AmĂ©rindiens, il nĂ©gocie des accords similaires et fournit du matĂ©riel militaire[17]. Cependant, la plupart des personnes impliquĂ©es dans ces accords sont des Mohawks, les autres tribus de la ConfĂ©dĂ©ration iroquoise ont en grande partie Ă©vitĂ© ces confĂ©rences, cherchant Ă  rester neutres dans ce conflit. Plusieurs Mohawks restent dans la rĂ©gion de MontrĂ©al après la confĂ©rence. Cependant, lorsque l'invasion continentale tarde en 1775, la plupart d'entre eux rentrent chez eux Ă  la mi-[18].

De son côté, le Congrès continental cherche à garder les Iroquois hors de la guerre. En , Samuel Kirkland, un missionnaire influent auprès des Onneiouts, leur apporte une déclaration du Congrès : « Nous souhaitons que vous restiez chez vous et que vous ne rejoigniez aucun des deux camps, [et] que vous gardiez la hache de guerre enfouie profondément[17] ». Les réactions amérindiennes sont variées : si les Onneiouts, à l'image des Tuscaroras, restent formellement neutres, nombre de membres de cette tribu expriment individuellement leur sympathie pour les rebelles[17]. La nouvelle de la réunion de Johnson à Montréal pousse le général américain Schuyler, également influent auprès des Onneiouts, à intervenir : convoquant une conférence à Albany à la mi-, lui et d'autres représentants américains expliquent aux Nord-Amérindiens les problèmes qui divisent les colonies de Grande-Bretagne, soulignant que les colons sont en guerre pour préserver leurs droits et qu'ils ne souhaitent pas se lancer dans une guerre de conquête territoriale[19]. Les chefs présents acceptent de rester neutres, un chef mohawk déclarant par exemple qu'il s'agit d'une « affaire de famille » et qu'ils « resteraient immobiles [en les regardant se] battre »[20]. Ils obtiennent toutefois des concessions des Américains comme la promesse de régler des griefs en cours, tels que l'empiétement de colons blancs sur leurs terres[21].

Expédition de Montgomery

Carte de l'invasion du Canada avec la route des expéditions Arnold et Montgomery schématisée.
Invasion du Canada :

Objectif et composition

Le général Philip Schuyler dirige l'invasion américaine. Son objectif est de descendre le lac Champlain afin d'attaquer Montréal puis Québec. L'expédition est composée de forces venant du New York, du Connecticut et du New Hampshire, ainsi que des Green Mountain Boys dirigés par Seth Warner, avec du matériel et des provisions fournis par New York[22]. Cependant, Schuyler fait preuve de trop de prudence et, à la mi-, les miliciens apprennent que le général britannique Carleton a eu le temps de renforcer les défenses autour de Montréal[23] et que certaines tribus autochtones ont rejoint le camp britannique[24].

Approche et siège du fort Saint-Jean

DĂ©but , Richard Montgomery prend la dĂ©cision d'attaquer QuĂ©bec sans en attendre l'autorisation du Congrès. En effet, le , il a appris que les navires en construction au fort Saint-Jean sont presque terminĂ©s et dĂ©sire profiter de l'absence de Schuyler, alors Ă  la confĂ©rence avec les Nord-AmĂ©rindiens. Aussi, le , il conduit une troupe de 1 200 soldats Ă  partir au fort Ticonderoga jusqu'Ă  une position avancĂ©e Ă  l'Ă®le aux Noix sur la rivière Richelieu[25]. Schuyler, pourtant tombĂ© malade, rattrape les troupes en chemin. Il fait alors parvenir un courrier Ă  un Canadien alliĂ©, James Livingston, afin qu'il encourage la population Ă  se mobiliser en faveur des AmĂ©ricains au sein de la milice locale[26].

Le lendemain, la troupe américaine atteint le fort Saint-Jean. Après une brève escarmouche qui occasionne des blessés des deux côtés, elle se retire sur l'île aux Noix[26].

Néanmoins, chez les défenseurs, l'essentiel de l'effort a été fait par les Nord-Amérindiens, ce qui les encourage à se retirer du conflit[26]. Par ailleurs, les défenseurs perdent l'espoir de voir arriver tout soutien supplémentaire, car un groupe de guerriers mohawks, allié aux Britanniques, a été intercepté sur le chemin entre son village de Kahnawake et le fort Saint-Jean par l'arrivée rapide d'Onneiouts dans la région. La rencontre est l'occasion d'âpres négociations : ces derniers réussissent à convaincre les Mohawks de retourner dans leur village et y rencontrent Guy Johnson, un loyaliste — qui était accompagné de Daniel Claus et Joseph Brant pour tenter d'obtenir l'aide des Mohawks. Ils expliquent à Brant et aux Mohawks les termes de l'accord conclu à Albany[27]. Les trois Britanniques repartent sans aucune promesse de soutien[28].

Ă€ la suite de cette première escarmouche, le gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain Schuyler est trop malade pour diriger la troupe ; il passe donc son commandement Ă  Montgomery et part, quelques jours plus tard, pour le fort Ticonderoga[29]. Pendant ce temps, 800 Ă  1 000 autres hommes du Connecticut, du New Hampshire et de New York, ainsi que certains des Green Mountain Boys arrivent[30]. Montgomery commence enfin Ă  assiĂ©ger le fort Saint-Jean le . La communication et l'approvisionnement entre le fort et MontrĂ©al sont suspendus[31].

La semaine suivante a lieu la bataille de Longue-Pointe. À cette occasion, le chef américain Ethan Allen est capturé car outrepassant les instructions visant à ne soulever que des milices locales, il tente de s'emparer de Montréal avec une petite force d'hommes[31]. Cet événement entraîne une brève augmentation du soutien de la milice aux Britanniques mais les effets sont relativement de courte durée, beaucoup désertant à nouveau dans les jours suivants[32]. Après que le général Carleton tente de lever le siège le , le fort se rend finalement le [33].

Occupation de Montréal et fuite de Carleton

Portrait de Guy Carleton.
Guy Carleton, général britannique et gouverneur de la province de Québec.

Montgomery dirige ensuite ses troupes vers le nord et occupe l'île des Sœurs sur le fleuve Saint-Laurent le . Le lendemain, il est accueilli à Pointe-Saint-Charles en libérateur[34]. Montréal tombe sans affrontement notable le : subissant une désertion importante des miliciens à la suite de la chute du fort Saint-Jean, Carleton a estimé que la ville était indéfendable et a fui. Il échappe de peu à la capture car des Américains ont traversé la rivière en aval de la ville et les vents empêchent la flotte britannique de rapidement lever l'ancre. Lorsque la flotte de Carleton est en approche de Sorel, située en aval de Montréal, elle est rejointe par un bateau porteur d'un drapeau blanc. Son capitaine présente une demande de reddition dans laquelle il est affirmé que des batteries d'armes à feu sont stationnées en aval et détruiraient les navires britanniques. Ne sachant pas si ces batteries existent bien[Note 3], Carleton décide de quitter son navire, après avoir ordonné la destruction de la poudre et des munitions si cela s'avérait nécessaire. Le , la flotte britannique se rend et Carleton gagne Québec sous des vêtements civils[35]. Des prisonniers capturés par les Britanniques sont détenus dans les navires saisis. Parmi eux, se trouve Moses Hazen, un expatrié né dans le Massachusetts et possédant une propriété près du fort Saint-Jean ; il s'était rebellé après des mauvais traitements infligés par les Britanniques. Hazen, vétéran de la guerre de la Conquête a ensuite dirigé le 2e Régiment canadien (aussi connu comme le Congress' Own Regiment) pendant toute la guerre et rejoint l'armée de Montgomery[36].

Avant de quitter MontrĂ©al pour la ville de QuĂ©bec, Montgomery informe les habitants de la demande du Congrès aux Canadiens de les rejoindre. Il entame des discussions avec des sympathisants amĂ©ricains dans le but de tenir un congrès provincial afin d'Ă©lire des dĂ©lĂ©guĂ©s. Il Ă©crit Ă©galement au gĂ©nĂ©ral Schuyler pour demander qu'une dĂ©lĂ©gation du Congrès soit envoyĂ©e pour entreprendre des activitĂ©s diplomatiques[37]. Montgomery peut partir : il laisse environ 200 hommes sur place sous le commandement du gĂ©nĂ©ral David Wooster[38], puis, le , il utilise certains des bateaux capturĂ©s pour son dĂ©placement avec environ 300 soldats. Son armĂ©e n'est plus aussi fournie car nombre de ses hommes ont quittĂ© leur poste en raison de l'expiration de la durĂ©e de leur enrĂ´lement[38]. Mais heureusement, en cours de route, le 1er RĂ©giment canadien se joint Ă  lui : sous le commandement de James Livingston, nouvellement crĂ©Ă©, il est composĂ© d'environ 200 hommes[39].

Expédition d'Arnold

Carte montrant des zones détaillées au milieu de la terra incognita.
Carte de l'ingénieur britannique John Montresor datant de 1760 et qui sert de guide à Arnold.

Benedict Arnold, qui n'est pas retenu pour diriger la première expĂ©dition dans la vallĂ©e du lac Champlain, retourne Ă  Cambridge, dans le Massachusetts, et contacte George Washington avec l'idĂ©e d'une force d'invasion complĂ©mentaire Ă  destination de la ville de QuĂ©bec[40]. Washington approuve l'idĂ©e et donne Ă  Arnold 1 100 hommes, dont les fusiliers de Daniel Morgan[41]. Les forces d'Arnold naviguent de Newburyport, dans le Massachusetts, jusqu'Ă  l'embouchure de la rivière Kennebec, puis en amont du fort Western près de la ville d'Augusta, dans le Maine[41].

L'expédition d'Arnold est un succès car il parvient à amener des troupes aux portes de la ville de Québec. Cependant, l'expédition connait des ennuis dès qu'elle quitte les derniers avant-postes dans le Maine actuel : de nombreuses difficultés surgissent liées aux portages lors de la remontée de la Kennebec ; de plus, les bateaux prennent fréquemment l'eau, ce qui gâche de la poudre à canon et les vivres. Les variations d'altitudes entre la Kennebec et la rivière Chaudière ainsi que la succession de lacs et de ruisseaux rendent la traversée compliquée. Les cartes erronées et la nature sauvage de la région renforcent les difficultés[7]. De plus, le mauvais temps est un facteur aggravant et finalement un quart des troupes doivent rebrousser chemin. La descente de la Chaudière provoque la destruction de plusieurs bateaux et la perte de leurs fournitures tandis que les troupes, inexpérimentées, sont incapables de contrôler les bateaux dans les rapides[42].

Après avoir parcouru près de 650 kilomètres Ă  travers une nature vierge, Arnold aborde le fleuve Saint-Laurent en . Ses effectifs sont rĂ©duits Ă  600 hommes affamĂ©s. En atteignant les plaines d'Abraham le , il envoie un Ă©missaire pour exiger la reddition de QuĂ©bec. Les dĂ©fenseurs refusent. Les armĂ©es sont dĂ©sĂ©quilibrĂ©es : alors que les AmĂ©ricains sont sans canons et Ă  peine aptes au combat, QuĂ©bec, qui est fortifiĂ©e, est alors dĂ©fendue par une garnison d'environ cent hommes (commandĂ©e par le lieutenant-colonel Allan Maclean) et peut aussi compter sur l'appoint de plusieurs centaines de miliciens[43].

Arnold décide le de se retirer à Pointe-aux-Trembles — Neuville — après avoir appris qu'un déploiement militaire britannique est prévu pour sortir de la ville. Là il décide d'attendre Montgomery, qui vient de s'emparer de Montréal[44]. Pendant ce temps, le général britannique Guy Carleton se dirige vers Québec par voie fluviale après sa défaite à Montréal[45].

Le , Montgomery descend finalement le fleuve depuis MontrĂ©al avec 500 soldats. En outre, il apporte avec lui du matĂ©riel britannique capturĂ© et des vĂŞtements chauds. Les deux forces armĂ©es amĂ©ricaines s'unissent et des plans sont Ă©laborĂ©s pour une attaque sur la ville[46]. Trois jours plus tard, l'armĂ©e continentale se dresse de nouveau sur les plaines d'Abraham et commence Ă  assiĂ©ger la ville de QuĂ©bec[47].

Siège et bataille de Québec

Peinture montrant un affrontement armé entre deux factions sur un sol neigeux.
Peinture de Charles William Jefferys montrant les Britanniques et des miliciens repoussant les Américains à Sault-au-Matelot lors de la bataille de Québec.

Alors que Montgomery prépare l'attaque de la ville, Christophe Pélissier, un Français habitant près de Trois-Rivières, vient lui proposer ses services. Pélissier exploite les forges du Saint-Maurice à Saint-Maurice et soutient politiquement la cause américaine. Montgomery discute de l'idée de tenir le congrès provincial avec lui. Pélissier recommande de ne pas tenir un congrès avant la prise de la ville de Québec car, autrement, les habitants ne s'en sentiraient pas libres[48]. Les deux hommes s'entendent sur la fourniture par les usines de Pélissier de munitions pour le siège.

Montgomery rejoint Arnold et James Livingston lors d'un assaut sur la ville de Québec le . Néanmoins, attaquant lors d'une tempête de neige[7], en infériorité numérique et sans aucun avantage tactique, les Américains sont complètement défaits par Carleton. Montgomery est tué, Arnold est blessé et de nombreux hommes sont blessés[7] ou faits prisonniers. Daniel Morgan[49] et Ethan Allen sont parmi eux. Après la bataille, Arnold envoie Moses Hazen et Edward Antill, un autre expatrié américain pour informer Wooster à Montréal et le Congrès à Philadelphie de la défaite et leur demander de l'aide[50].

De son cĂ´tĂ©, Carleton choisit de ne pas poursuivre les AmĂ©ricains, mais de rester plutĂ´t dans les fortifications de la ville : des renforts doivent en effet arriver lors du dĂ©gel du fleuve, au printemps. Arnold soutient un siège peu efficace sur la ville jusqu'en , date Ă  laquelle il est envoyĂ© Ă  MontrĂ©al et remplacĂ© par le gĂ©nĂ©ral Wooster. Au cours de ces mois, les assiĂ©geants souffrent de conditions hivernales difficiles et subissent une Ă©pidĂ©mie de variole. Les pertes sont compensĂ©es mensuellement par des petits groupes de renforts[51]. Le , Jean-Baptiste Chasseur, un meunier vivant en aval de la ville, rejoint QuĂ©bec et informe Carleton de la prĂ©sence de 200 hommes au sud du fleuve prĂŞts Ă  agir contre les AmĂ©ricains[52]. Ces hommes et d'autres sont mobilisĂ©s, mais une avant-garde a Ă©tĂ© dĂ©faite lors de la bataille de Saint-Pierre par un dĂ©tachement de milices locales pro-amĂ©ricaines stationnĂ©es du cĂ´tĂ© sud du Saint-Laurent[53].

Gravure d'un portrait de John Thomas.
Le major général John Thomas.

Avant mĂŞme d'avoir appris la dĂ©faite, le Congrès avait autorisĂ© 6 500 soldats Ă  rejoindre QuĂ©bec[54]. Tout au long de l'hiver, les troupes arrivent Ă  MontrĂ©al et dans le camp en dehors de la ville de QuĂ©bec si bien qu'Ă  la fin du mois de , l'armĂ©e de siège atteint près de 3 000 soldats. NĂ©anmoins, près du quart d'entre eux sont inaptes au service, principalement Ă  cause de la variole. En outre, James Livingston et Moses Hazen, qui commandent les 500 Canadiens, doutent de la loyautĂ© de leurs hommes et de la coopĂ©ration de la population en raison de la propagande loyaliste[55].

Le Congrès décide, à la suite des demandes d'Arnold, qu'un officier plus expérimenté dirigera les troupes assiégeantes. Le choix se porte d'abord sur Charles Lee, un général vétéran de l'armée britannique, mais, une semaine plus tard, Lee est envoyé dans les États du Sud pour y contrer une attaque britannique prévue[56] - [Note 4]. C'est finalement le major général John Thomas, qui a servi dans l'armée assiégeant Boston, qui est désigné en . Lorsque Thomas arrive pour assurer le commandement américain, il trouve des hommes affaiblis par l'hiver et la variole et décide de l'abandon des opérations[56]. Les Américains se retirent en et Pélissier s'enfuit en France[57].

Mécontentements à Montréal

Lorsque le général Montgomery quitte Montréal pour Québec, il laisse l'administration de la ville aux mains du brigadier général du Connecticut, David Wooster. Après des débuts encourageants, la population locale commence à regretter la présence militaire américaine à la suite de mesures coercitives de Wooster à l'encontre des loyalistes ou de ceux qui seraient amenés à les aider, contrevenant avec les idéaux américains pourtant promis à la population[58] : il désarme ainsi plusieurs communautés et tente de forcer les membres de la milice locale à abandonner leurs engagements vis-à-vis de la Couronne ; par ailleurs, ceux qui refusent sont arrêtés et emprisonnés au fort Chambly[59] ; de plus, de nombreux pillages et exactions ont lieu[9]. Enfin le fait que les Américains paient leurs fournitures et leurs services avec reconnaissances de dette en papier plutôt que des pièces « sonnantes et trébuchantes » achève de jeter le discrédit dans l'esprit de la population locale sur l'ensemble de l'entreprise américaine. Le , Wooster part prendre le commandement des forces à Québec, laissant Moses Hazen, responsable du 2e Régiment canadien, commander Montréal jusqu'à l'arrivée d'Arnold le [60].

Le , une délégation composée de trois membres du Congrès continental, d'un prêtre jésuite américain, John Carroll[Note 5], de Fleury Mesplet, un imprimeur canadien de Philadelphie, et surtout de Benjamin Franklin, déjà réputé, arrive à Montréal. Le Congrès continental la charge d'évaluer la situation au Canada et de tenter d'attirer l'opinion publique à sa cause. Cette délégation échoue néanmoins car les relations avec la population sont déjà gravement altérées ; de plus, elle n'apporte aucun argent pour alléger les dettes qui s'accumulent envers la population. Enfin elle échoue dans ses efforts visant à gagner le clergé catholique : les prêtres locaux indiquent qu'ils avaient déjà obtenu tout ce qu'ils souhaitaient dans l'acte de Québec adopté par le parlement de Grande-Bretagne[Note 6]. La délégation échoue avant même que Fleury Mesplet n'ait le temps de produire quoi que ce soit à Montréal avec sa presse qu'il y a installé[61]. Ce dernier s'installera tout de même au Canada et fondera en La Gazette du commerce et littéraire, premier journal francophone de Montréal[9]. Franklin et Carroll quittent la ville le , après l'annonce de la retraite paniquée des forces américaines à Québec[62], et retournent à Philadelphie. Samuel Chase et Charles Carroll de Carrollton, les deux autres délégués, analysent pendant ce temps la situation militaire dans les régions situées au sud et à l'est de Montréal et constatent qu'il s'agit d'un bon endroit pour mettre en place une défense. Le , ils écrivent un rapport au Congrès sur la situation et repartent à leur tour dans le sud[63].

Les Cèdres

Carte montrant les mouvements précédant la bataille.
Mouvements précédant la bataille des Cèdres.

En amont de Montréal, subsiste une série de petites garnisons britanniques dont les Américains ne se sont pas préoccupés pendant leur occupation. L'une d'elles, Oswegatchie, est lieu de rassemblement pour des bandes de guerriers provenant des tribus Cayugas, Sénécas et Mississaugas venues à l'appel du colonel britannique George Forster qui voit en elles une force capable de semer le trouble chez les Américains[64]. Forster avait agi sur la recommandation d'un loyaliste qui s'était échappé de Montréal[62].

Du cĂ´tĂ© amĂ©ricain, le gĂ©nĂ©ral Wooster prend la dĂ©cision d'empĂŞcher le commerce avec les Nord-AmĂ©rindiens en amont, de crainte que ce matĂ©riel ne soit utilisĂ© par les forces britanniques. Cette dĂ©cision contrarie Ă  la fois les marchands patriotes et loyalistes. Devant l'indignation, la dĂ©lĂ©gation du Congrès dĂ©savoue Wooster : les approvisionnements commencent donc Ă  sortir de la ville en remontant le fleuve[65]. NĂ©anmoins, afin d'empĂŞcher le ravitaillement des forces britanniques en amont et en rĂ©ponse aux rumeurs de rassemblement de guerriers, Moses Hazen envoie un dĂ©tachement menĂ© par le colonel Timothy Bedel de 390 hommes Ă  un point nommĂ© Les Cèdres. LĂ  ils construisent des ouvrages dĂ©fensifs[65]. InformĂ© de ces mouvements par des espions nord-amĂ©rindiens et des loyalistes le , le colonel Forster va Ă  leur rencontre avec une force mixte d'environ 250 autochtones, miliciens et soldats. Au terme d'une Ă©trange sĂ©rie d'accrochages connus sous le nom de bataille des Cèdres, le subordonnĂ© de Bedel, le lieutenant Isaac Butterfield, se rend avec l'ensemble de ses forces sans se battre le ; de mĂŞme, le , 100 autres hommes amenĂ©s comme renforts se rendent Ă©galement après une brève escarmouche[66].

Quinze-ChĂŞnes

Quand il apprend la capture de Butterfield, Arnold rassemble immĂ©diatement une troupe pour les rĂ©cupĂ©rer puis se retranche Ă  Lachine, juste en amont de MontrĂ©al. Les captifs sont dĂ©tenus aux Cèdres. Forster se rapproche de MontrĂ©al avec une force d'environ 500 personnes jusqu'au . Ce jour-lĂ , un rapport d'espions lui apprend la position d'Arnold et l'arrivĂ©e de forces ennemies supplĂ©mentaires. Comme ses effectifs sont moins importants, il nĂ©gocie un accord afin d'Ă©changer ses captifs contre des prisonniers britanniques capturĂ©s lors du siège du fort Saint-Jean. Après un bref Ă©change de tirs de canon Ă  Quinze-ChĂŞnes (près de l'actuelle ville de Vaudreuil-Dorion), Arnold accepte la transaction qui se dĂ©roule du au [67].

Arrivée des renforts à Québec

Portrait de John Burgoyne en uniforme militaire rouge.
Le général John Burgoyne par Joshua Reynolds.

Troupes américaines

En raison des conditions hivernales sur le lac Champlain, le gĂ©nĂ©ral John Thomas ne peut se dĂ©placer vers le nord avant la fin [68]. PrĂ©occupĂ© par les difficultĂ©s rencontrĂ©es par ses troupes, il demande que Washington profite de la pĂ©riode de mauvais temps pour lui faire parvenir des renforts. Ă€ son arrivĂ©e Ă  MontrĂ©al, il apprend que nombre de ses hommes dĂ©cident de partir après le pour retourner chez eux. Ă€ cela s'ajoute un recrutement difficile pour les rĂ©giments destinĂ©s au Canada. Ainsi, un rĂ©giment navigue vers le nord composĂ© de seulement 75 hommes sur les 750 enregistrĂ©s[69], soit dix fois moins que prĂ©vu. Ces carences amènent le Congrès Ă  ordonner Ă  George Washington d'envoyer plus de troupes vers le nord. Fin , Washington ordonne donc Ă  dix rĂ©giments, dirigĂ©s par les gĂ©nĂ©raux William Thompson et John Sullivan, de se rendre au nord de la province de New York. Cela rĂ©duit considĂ©rablement les forces de Washington qui se prĂ©parent Ă  une attaque britannique sur ce front[70]. Cela met Ă©galement au jour des problèmes de transport : la navigation sur les lacs George et Champlain Ă©tant insuffisante pour dĂ©placer aisĂ©ment tous ces hommes. De plus, il y a une pĂ©nurie de matĂ©riel et de provisions au Canada et une grande partie du transport est mobilisĂ© Ă  leur effet, ce qui limite la capacitĂ© de transport d'hommes[71]. En consĂ©quence, les hommes de Sullivan sont bloquĂ©s Ă  fort Ticonderoga et Sullivan ne peut atteindre Sorel avant le dĂ©but du mois de [72].

Le gĂ©nĂ©ral Wooster arrive dans le camp amĂ©ricain Ă  l'extĂ©rieur de la ville de QuĂ©bec dĂ©but avec des renforts. D'autres hommes continuent d'arriver du sud en petit nombre, jusqu'Ă  l'arrivĂ©e du gĂ©nĂ©ral Thomas Ă  la fin du mois d'. Il assume ainsi le commandement d'une force supĂ©rieure Ă  2 000 hommes. NĂ©anmoins, cet effectif est considĂ©rablement rĂ©duit par la variole et l'hiver canadien. Des rumeurs commencent Ă  circuler le selon lesquelles des navires britanniques remontent le fleuve. Le , Thomas dĂ©cide donc d'Ă©vacuer les malades vers Trois-Rivières et prĂ©voit de retirer le reste des forces dès que possible. Plus tard, le mĂŞme jour, il apprend en effet que quinze navires se trouvent Ă  environ 220 kilomètres de lĂ . Ils attendent des conditions favorables pour effectuer la remontĂ©e du fleuve. Le rythme de l'Ă©vacuation du camp devient donc une urgence et tĂ´t le lendemain, les mâts de navires sont repĂ©rĂ©s : le vent ayant changĂ©, trois navires de la flotte ont atteint la ville[73].

Troupes britanniques

Gravure colorisée de deux soldats hessois en uniforme.
Soldats hessois sur une illustration du XIXe siècle.

Après l'arrivĂ©e Ă  Londres des mauvaises nouvelles des batailles de Lexington et Concord, le gouvernement de Frederick North, rĂ©alise qu'un soutien de troupes Ă©trangères pour lutter contre la rĂ©bellion est nĂ©cessaire. Il commence Ă  nĂ©gocier avec ses alliĂ©s europĂ©ens pour une assistance militaire en AmĂ©rique du Nord. Un prĂŞt de ses troupes est refusĂ© par Catherine II de Russie, mais certaines principautĂ©s allemandes acceptent. En 1776, la Grande-Bretagne rĂ©ussit ainsi Ă  rassembler 50 000 soldats, dont un tiers sont issus d'une poignĂ©e de ces principautĂ©s. Les troupes originaires du Landgraviat de Hesse-Cassel et de Hesse-Hanau sont collectivement surnommĂ©es les « Hessiens »[74]. De ces 50 000 hommes, environ 11 000 sont envoyĂ©s au Canada[75]. Les troupes de Hesse-Hanau et du DuchĂ© de Brunswick-Lunebourg s'embarquent pour Cork en , oĂą elles rejoignent un convoi de troupes britanniques. Ce dernier part dĂ©but pour l'AmĂ©rique du Nord[76].

InformĂ© des difficultĂ©s de son adversaire, Carleton dĂ©cide de se hâter : les renforts dĂ©barquent immĂ©diatement des navires et, avec une force d'environ 900 soldats, il marche Ă  la rencontre des AmĂ©ricains. Ces derniers, paniquĂ©s, procèdent Ă  une retraite dĂ©sorganisĂ©e. Heureusement pour eux, Carleton dĂ©cide de ne pas pousser son avantage car il espère les gagner avec une attitude magnanime[77]. Carleton se contente ainsi d'envoyer des navires le long du fleuve pour les harceler et Ă©ventuellement les diviser. Il en capture Ă©galement un certain nombre qui sont pour la plupart malades et blessĂ©s ; il s'empare Ă©galement d'un dĂ©tachement isolĂ© du cĂ´tĂ© sud du Saint-Laurent. Les AmĂ©ricains, pressĂ©s de fuir, laissent derrière eux du matĂ©riel militaire prĂ©cieux, notamment des canons et de la poudre[77]. Ils se regroupent le Ă  Deschambault, Ă  environ 65 kilomètres en amont de QuĂ©bec. Le major gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain John Thomas y tient un conseil de guerre : la plupart des officiers se dĂ©clarent favorables Ă  une retraite. Thomas choisit de laisser 500 hommes Ă  Deschambault et d'envoyer le reste Ă  Sorel. Il demande Ă©galement assistance Ă  MontrĂ©al car bon nombre de soldats n'ont que des vĂŞtements et des rations pour quelques jours[78].

En entendant cette nouvelle, la délégation du Congrès à Montréal en conclut qu'il n'est plus possible de tenir le Saint-Laurent et elle n'envoie que quelques soldats à Deschambault. Thomas, après avoir attendu six jours des nouvelles de Montréal, se retire vers Trois-Rivières après avoir dû repousser des tirailleurs débarqués de navires britanniques sur le fleuve. Il atteint Trois-Rivières le . Il doit y abandonner les malades sous la protection d'un détachement de troupes du New Jersey. Le , ce qui reste des troupes rejoint les renforts du général Thompson à Sorel. Le , un conseil se réunit avec les délégués du Congrès. Ayant contracté la variole, Thomas meurt le . Il est remplacé par Thompson[79].

Contre-offensive de Carleton

Trois-Rivières

Photographie en couleur d'un monument prenant la forme d'une imposante pierre sur laquelle est fixée une plaque commémorative.
Monument du lieu historique national de la bataille de Trois-Rivières.

Le , un petit escadron de navires britanniques sous le commandement du capitaine Charles Douglas arrive pour ravitailler QuĂ©bec en vivres et 3 000 soldats, ce qui conduit les AmĂ©ricains Ă  prĂ©cipiter leur repli[73]. Cependant, de nouveau, le gĂ©nĂ©ral Carleton ne pousse pas son avantage et ce n'est que le qu'il se rend Ă  Trois-Rivières avec les 47e et 29e rĂ©giments. MalgrĂ© le succès de George Forster aux Cèdres, il tourne les talons et, laissant Allen Maclean au commandement Ă  Trois-Rivières, il retourne Ă  QuĂ©bec. Il y rencontre le lieutenant gĂ©nĂ©ral John Burgoyne, qui est arrivĂ© le avec une importante force militaire composĂ©e principalement de recrues irlandaises, d'alliĂ©s hessiens et d'un trĂ©sor de guerre[79].

Ă€ Sorel, les AmĂ©ricains apprennent que seuls 300 hommes gardent Trois-Rivières. Ils en dĂ©duisent avoir l'avantage et dĂ©cident d'envoyer une expĂ©dition pour reprendre Trois-Rivières. Le gĂ©nĂ©ral Thompson conduit 2 000 hommes via un marais au contact d'une armĂ©e britannique renforcĂ©e et retranchĂ©e le car ils ignorent l'arrivĂ©e des importants renforts britanniques et ne connaissent pas la topologie des lieux. La bataille aboutit Ă  une catastrophe pour les AmĂ©ricains : Thompson, plusieurs de ses officiers supĂ©rieurs, 200 hommes et la plupart des navires utilisĂ©s pour l'expĂ©dition sont capturĂ©s. C'est la fin de l'occupation amĂ©ricaine du Canada[7]. Les forces amĂ©ricaines Ă  Sorel, dĂ©sormais sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Sullivan, se replient[80]. Encore une fois, Carleton ne profite pas de son avantage, allant mĂŞme jusqu'Ă  ramener les captifs vers la province de New York, dans un grand confort, en [81].

Retraite Ă  Crown Point

Le , Carleton embarque avec son armĂ©e pour remonter le fleuve jusqu'Ă  Sorel. ArrivĂ©s tard dans la journĂ©e, ils dĂ©couvrent que les AmĂ©ricains ont abandonnĂ© les lieux le matin mĂŞme. Ceux-ci se retirent dans la vallĂ©e de la rivière Richelieu en direction de Chambly et de Saint-Jean. Contrairement Ă  l'Ă©vacuation de QuĂ©bec, les AmĂ©ricains refluent de manière plus ordonnĂ©e. NĂ©anmoins, certaines unitĂ©s sont sĂ©parĂ©es de la force principale par l'arrivĂ©e de la flotte de Carleton et sont forcĂ©es de rejoindre les forces d'Arnold Ă  MontrĂ©al[82]. Carleton ordonne au gĂ©nĂ©ral Burgoyne et Ă  4 000 soldats de remonter la Richelieu après le retrait des AmĂ©ricains et poursuit sa route vers MontrĂ©al[83].

À Montréal, Arnold ignore ce qui se passe en aval, ayant récemment fini de s'occuper de la menace que représente Forster. Un de ses messagers, envoyé le en aval de Sorel à la recherche du général Sullivan, aperçoit la flotte de Carleton et en informe Arnold[83]. En moins de quatre heures, ce dernier et les forces américaines en garnison autour de Montréal abandonnent la ville. Échouant à l'incendier, il la laisse aux mains de la milice locale. La flotte britannique de Carleton jette l'ancre près de la ville le [84].

Les troupes américaines d'Arnold rejoignent l'armée principale près de Saint-Jean le [84]. L'armée de Sullivan n'est pas en état de se battre et, après un bref conseil, il est décidé de se retirer au fort Crown Point. L'armée quitte Saint-Jean juste avant l'arrivée de l'avant-garde de l'armée de Burgoyne[85].

Ce qu'il reste de l'armée américaine en expédition arrive à Crown Point début , mettant fin à une campagne qualifiée par Isaac Senter, un médecin qui a vécu une grande partie de la campagne, de « concaténation hétérogène des rebuffades et des souffrances les plus singulières et sans précédent que l'on puisse trouver dans les annales de toute nation »[86]. La campagne n'est pas tout à fait terminée car les Britanniques sont toujours en mouvement.

Construction de navires et politique

Les Américains prennent soin, à chaque étape de la retraite, lors de la remontée de la Richelieu et de l'autre côté du lac Champlain, de priver les Britanniques de tout transport maritime important. En effet, ils brûlent ou coulent tout navire qu'ils n'utilisent pas. Durant plusieurs mois, les Britanniques sont donc amenés à en construire. Le , le britannique Carleton rapporte à Londres qu'« [il s']attend à ce que [sa] flotte prenne [bientôt le large] dans [un] espoir de succès [au combat] si cela se présente »[87].

De son côté, lorsqu'il avait capturé le fort Ticonderoga avec Ethan Allen, le général américain Arnold avait créé une petite flotte qui patrouillait toujours sur le lac Champlain.

Tandis qu'il rassemble une flotte pour contrecarrer celle d'Arnold, Carleton s'occupe de la question à Montréal. Avant même que les Américains ne se retirent de la ville de Québec, il forme des comités pour traquer et arrêter les sympathisants patriotes locaux[88]. À son arrivée à Montréal, des commissions similaires sont mises en place[87].

ĂŽle Valcour

Carte ancienne montrant la partie sud du lac Saint-Pierre.
Détail d'une carte française de 1777 montrant le lac Champlain. L'île Valcour est en dessous et à gauche de La Grand Isle.

Au dĂ©but du mois de , le gĂ©nĂ©ral Horatio Gates prend le commandement des forces du nord de l'armĂ©e continentale. Il laisse environ 300 hommes Ă  Crown Point, dont la tâche est de constituer une flotte sous la direction d'Arnold, puis il dĂ©place rapidement son armĂ©e Ă  Ticonderoga dont il amĂ©liore les dĂ©fenses. Tout au long de l'Ă©tĂ©, des renforts affluent Ă  Ticonderoga jusqu'Ă  atteindre environ 10 000 hommes[89]. Un ensemble de charpentiers navals travaille Ă  Skenesborough (aujourd'hui Whitehall) pour construire les navires nĂ©cessaires Ă  la dĂ©fense du lac[90].

Le britannique Carleton entame son mouvement le . Le , sa flotte est sur le lac Champlain. Au cours d'une opération navale entre l'île Valcour et la côte ouest, qui a débuté le , les Britanniques infligent de lourds dommages à la flotte d'Arnold, l'obligeant à se retirer à Crown Point. Mais Crown Point offre une protection insuffisante contre une attaque britannique soutenue et il décide de se retirer à Ticonderoga. Le , les forces britanniques occupent Crown Point[91].

Les troupes de Carleton restent Ă  Crown Point pendant deux semaines. Certaines d'entre elles avancent jusqu'Ă  moins de 5 kilomètres de Ticonderoga, apparemment pour tenter d'attirer l'armĂ©e de Gates. Le , elles se retirent de Crown Point pour intĂ©grer les quartiers d'hiver de QuĂ©bec[92].

Bilan

L'invasion de la province de Québec finit en déroute pour les Américains. Néanmoins, les actions d'Arnold lors de son retrait du Canada et de sa marine improvisée sur le lac Champlain retardent grandement toute contre-attaque britannique d'envergure jusqu'en 1777[93].

De son côté, Burgoyne reproche vivement à Carleton de ne pas avoir été plus agressif avec les Américains lors de leur retrait du Canada[94]. Ces critiques additionnées au mépris de George Germain — secrétaire d'État aux Colonies britanniques et chargé par le gouvernement du roi George III de diriger la guerre — envers Carleton conduisent à ce que le général Burgoyne prenne le commandement de l'offensive de 1777. En conséquence, Carleton présente sa démission du titre de gouverneur du Québec[95].

Une partie importante des forces de l'armée continentale stationnées à fort Ticonderoga est envoyée dans le sud sous la direction des généraux Gates et Arnold en . L'objectif est de renforcer la défense alors en mauvaise posture du New Jersey par George Washington. Ce dernier a récemment perdu la ville de New York et, début , il est amené à laisser les Britanniques libres d'exercer leur contrôle dans le New Jersey pour pouvoir effectuer sa traversée du Delaware en Pennsylvanie[96]. La conquête du Canada et d'autres colonies britanniques demeure un objectif du Congrès américain tout au long de la guerre. Cependant, George Washington, qui a soutenu cette invasion, considère toute expédition ultérieure comme une priorité peu importante, qui détournerait trop d'hommes et de ressources de la guerre principale dans les Treize colonies. Ainsi de nouvelles tentatives d'expédition au Québec ne seront jamais pleinement mises en œuvre[97].

Tout de même, à la suite de la retraite de 1776, quelques centaines d'hommes d'ascendance française et britannique continuent de combattre dans l'armée continentale. Sous les ordres des colonels Livingston et Hazen, ces hommes servent dans divers théâtres d'opérations dont le siège de Yorktown. Ayant perdu leurs terres et leurs biens dans la Province de Québec en raison de leur pari politique, ils se trouvent dans la nécessité de demeurer dans l'armée et attendent une pension qui leur a été promise pour leurs services. À la fin du conflit, ces Canadiens se trouvent réunis à leurs familles immédiates, qui ont vécu la guerre en tant que réfugiés à Albany et à Fishkill dans l'état de New York; certains vétérans acceptent l'offre de lots dans le nord de l'état qui ont été réservés spécifiquement pour les combattants étrangers et leurs familles[98].

Lors des pourparlers de paix à Paris, les négociateurs américains demandent sans succès à l'ensemble de la province de Québec de faire partie du butin de guerre. En effet, Benjamin Franklin, principalement intéressé par la vallée de l'Ohio, qui avait été intégré au Québec par l'Acte de Québec de 1774, suggère lors de ces pourparlers que le Québec soit livré aux États-Unis, mais seule la vallée de l'Ohio est cédée.

La rĂ©volution amĂ©ricaine, sur toute la durĂ©e, provoque l'Ă©migration massive hors des États-Unis de plus de 80 000 rĂ©fugiĂ©s loyalistes vers le Canada — dont la moitiĂ© Ă©migre au QuĂ©bec et dans les provinces maritimes : ceux-ci contribueront Ă  façonner politiquement et culturellement leur nouvelle patrie[7]. Lors de la guerre anglo-amĂ©ricaine de 1812, les AmĂ©ricains lanceront une autre attaque sur l'AmĂ©rique du Nord britannique et attendront de nouveau et en vain un soutien de la population locale. De fait, cette invasion manquĂ©e est considĂ©rĂ©e comme un Ă©vĂ©nement important de l'histoire du Canada et marque la naissance de l'identitĂ© canadienne moderne[99].

Notes et références

Notes

  1. Il est difficile de compter les effectifs de l'armĂ©e continentale en raison du nombre de fois oĂą des renforts ont Ă©tĂ© envoyĂ©s et du nombre de malades renvoyĂ©s chez eux ou morts. En mai 1776, l'armĂ©e Ă©tait estimĂ©e Ă  5 000 hommes, dont un pourcentage important inapte au service (Smith 1907), mais cela n'inclut pas les forces rentrĂ©es chez elles pour cause de maladie ou mettant fin Ă  leurs engagements, ayant Ă©tĂ© tuĂ©es ou capturĂ©es dans les combats prĂ©cĂ©dents. En juin 1776, John Sullivan arriva Ă  Sorel avec plus de 3 000 hommes (Smith 1907). Étant donnĂ© que l'expĂ©dition d'Arnold a perdu 500 hommes (Smith 1907) et que plus de 400 ont Ă©tĂ© capturĂ©s lors de la bataille de QuĂ©bec et qu'au moins 900 hommes ont Ă©tĂ© renvoyĂ©s malades chez eux pendant le siège du fort Saint-Jean, 10 000 est une estimation raisonnable du nombre de troupes envoyĂ©es au Canada.
  2. Les forces britanniques au dĂ©but de l'invasion comptaient 700 militaires (Thayer 1867). Celles-ci ont Ă©tĂ© renforcĂ©es par le soutien des milices au fort Saint-Jean et Ă  QuĂ©bec, portant le total des effectifs Ă  1 800 pour les actions majeures (Smith 1907 et Alden 1989). Les renforts arrivĂ©s en juin 1776 de Charles Douglas et John Burgoyne portèrent Ă  10 000 le nombre total de soldats, plus les milices et les Indiens (Smith 1907).
  3. Il y a bien des batteries américaines en place, mais pas aussi puissantes que celles revendiquées par les Patriots. (Stanley 1973, p. 67-70)
  4. La tentative britannique sera contrecarrée lors de la bataille de Sullivan's Island en .
  5. John Carroll sera plus tard le premier évêque catholique aux États-Unis.
  6. L'acte de Québec assure une liberté religieuse pour les catholiques et restaure le droit civil français dans la colonie conquise sur la France. Il élargit également le territoire de la province de Québec en y ajoutant, entre autres, les terres « libres » de la vallée de l'Ohio.

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