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Indes orientales néerlandaises

ancienne colonie néerlandaise

Pour les articles homonymes, voir Indes orientales.

Ne doit pas ĂȘtre confondu avec Inde nĂ©erlandaise.

Indes orientales néerlandaises
(nl) Nederlandsch-Indië
(ms) Hindia-Belanda

1800–1949

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
En rouge et orange, les Indes orientales néerlandaises.
DĂ©mographie
Population (1930) 60 727 233 hab.
Superficie
Superficie 1 919 440 km2
Histoire et événements
1er janvier 1800 Nationalisation de la VOC.
1942 – 1945 Occupation japonaise.
17 août 1945 Proclamation d'indépendance.
27 décembre 1949 Reconnaissance par les Pays-Bas.

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Les Indes orientales néerlandaises, souvent abrégées en Indes néerlandaises (néerlandais : Nederlands-Indië ; indonésien : Hindia Belanda), est le nom que les Pays-Bas donnaient à l'ensemble des ßles qu'ils contrÎlaient en Asie du Sud-Est de 1800 jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Le , celles-ci proclament leur indépendance sous le nom de république d'Indonésie. Les Pays-Bas ne reconnaissent cette indépendance que le , au terme d'une période de conflit armé et diplomatique que les Indonésiens appellent Revolusi.

Histoire

Avant 1602

Au XVIe siĂšcle, en Europe, un gramme de clou de girofle vaut plus qu’un gramme d’or. Les EuropĂ©ens, dont l'approvisionnement en Ă©pices dĂ©pend du Moyen-Orient, cherchent un accĂšs direct aux Ăźles qui les produisent.

Les Portugais sont les premiers Ă  trouver la route maritime qui relie l'Europe Ă  l'Asie en contournant le Cap. En 1511, Afonso de Albuquerque prend Malacca, le plus important port d'Asie du Sud-Est. À partir de cette base, les Portugais s'installent progressivement aux Moluques, les Ăźles aux Ă©pices tant convoitĂ©es.

Les NĂ©erlandais ne tardent pas Ă  dĂ©couvrir la route par le Cap. En 1596, une premiĂšre expĂ©dition, dirigĂ©e par Cornelis de Houtman et Gerrit van beuningen atteint le sultanat producteur de poivre de Banten dans l’Ouest de l'Ăźle de Java. Ce premier voyage ne permet pas de faire de bĂ©nĂ©fices, ni de nouer une quelconque alliance politique avec les pouvoirs javanais[1].

Compagnie néerlandaise des Indes orientales (1602-1798)

Les possessions et les échanges commerciaux de la Compagnie des Indes néerlandaises aux XVIIe et XVIIIe siÚcles.
Carte des Indes orientales de William Dampier, 1697.

Le la « Compagnie unie des Indes Orientales » (Vereenigde Ooste Indishe Compagnie, VOC) est fondĂ©e Ă  l’initiative d’Oldenbarnevelt, avec un capital de 6 440 millions de florins rĂ©partis en actions. Les États gĂ©nĂ©raux lui octroient une charte lui donnant le monopole du commerce dans l’ocĂ©an Indien[2]. La Compagnie peut traiter avec les souverains locaux, faire la guerre, lever des troupes, possĂ©der des navires de commerce et de guerre, construire des forts. Elle est administrĂ©e par l’« AssemblĂ©e des Dix-sept » (de Heeren Zeventien), reprĂ©sentant les six chambres de commerce des Provinces-Unies. En 1605, elle occupe un premier fort portugais aux Moluques. DĂ©sireuse de contrĂŽler le commerce du poivre vers l'Europe, la VOC prend Jayakarta, une petite place forte vassale de Banten, en 1619 et la rebaptisent « Batavia » en l'honneur de leurs ancĂȘtres, les Bataves.

En 1641, les NĂ©erlandais prennent Malacca aux Portugais. Ils occupent Kupang, un Ă©tablissement portugais dans l'Ouest de Timor, en 1653. Les Portugais se maintiennent dans l'Est de l'Ăźle.

Batavia en 1740.

Au XVIIe siĂšcle, le royaume de Gowa dans le Sud de Sulawesi menace l'hĂ©gĂ©monie que les NĂ©erlandais veulent imposer dans l'Est de l'archipel indonĂ©sien. Gowa finit par ĂȘtre vaincue. Au cours du XVIIIe siĂšcle, Java est le thĂ©Ăątre de guerres de successions qui poussent la VOC Ă  intervenir. Elle impose aux princes javanais de signer en 1755 le traitĂ© de Giyanti, qui consacre la souverainetĂ© nĂ©erlandaise sur Java.

Vers 1750, toute l’üle de Java est ainsi dominĂ©e par la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes orientales. Ailleurs, les NĂ©erlandais gouvernent par l’intermĂ©diaire des princes locaux, qui vivent des tributs prĂ©levĂ©s sur les paysans. À Sumatra, la Compagnie les utilise comme intermĂ©diaires de son commerce par les comptoirs de Padang et de Palembang. Le Sud de BornĂ©o attire Ă©galement la compagnie en raison de ses ressources en poivre, diamants et or. À cause des Ă©pices, les Moluques connaissent le rĂ©gime le plus dur. Les quotas fixĂ©s Ă  la baisse par la Compagnie sur le girofle et la muscade provoquent la misĂšre des habitants qui dĂ©pendent de la Compagnie pour leur ravitaillement et cela entraĂźne la chute de la population. Quand les marchĂ©s europĂ©ens rĂ©clament plus d’épices et que les prix montent, la Compagnie impose d’accroĂźtre la production. Mais les populations refusent, craignant de devoir plus tard arracher leurs plantations. MalgrĂ© l’interdiction du transport des semences, les Britanniques et les Français introduisent alors clous de girofles et muscades dans leurs colonies, compromettant le monopole nĂ©erlandais.

La quatriĂšme guerre anglo-nĂ©erlandaise (1780-1784) affaiblit la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes orientales, qui a nĂ©gligĂ© d’entretenir la flotte et l’armĂ©e. Les princes et la population de l’archipel mettent Ă  profit les difficultĂ©s des Provinces-Unies pour tenter de s'Ă©manciper et des expĂ©ditions difficiles Ă  BornĂ©o et Ă  Sulawesi sont engagĂ©es par les NĂ©elandais. Des mouvements insurrectionnels Ă©clatent Ă  Java. La route des dĂ©troits est menacĂ©e. Le sultan de Riouw, archipel au sud de la pĂ©ninsule malaise, forme avec le sultan de Johore et d’autres princes une vĂ©ritable coalition. Malacca, investie en 1784, est sauvĂ©e de justesse.

Pendant les trois ans de guerre, les relations commerciales avec la mĂ©tropole sont interrompues[3]. À Java, on manque de monnaie d’argent et de cuivre, et les administrateurs doivent vendre Ă  bas prix aux Ă©trangers les marchandises qui s’accumulent dans les magasins. Ils doivent crĂ©er un papier-monnaie. En mĂ©tropole, la Compagnie n’évite la faillite qu’en sollicitant l’aide de la province de Hollande et des États GĂ©nĂ©raux. La paix de 1784 lui porte un nouveau coup en ouvrant les mers indonĂ©siennes aux Britanniques qui occupent Penang en 1786. Les Français s’intĂ©ressent Ă  la vieille route de Suez, qui menace la route du Cap. Les commissions d’enquĂȘtes (1780 et 1791) comme les plans de rĂ©formes ne changent rien aux mĂ©thodes anciennes de colonisation.

En 1795, devant l'invasion des troupes françaises, le stadhouder Guillaume V d'Orange-Nassau se rĂ©fugie en Angleterre et demande Ă  ses administrateurs de cĂ©der les territoires nĂ©erlandais Ă  l'Angleterre pour qu'ils ne tombent pas aux mains des Français. Les administrateurs nĂ©erlandais de l’IndonĂ©sie hĂ©sitent entre leur crainte du jacobinisme et leur haine de la Grande-Bretagne. Ils dĂ©cident de reconnaĂźtre la RĂ©publique batave mais de gĂ©rer seul les affaires indonĂ©siennes[3].

Les Britanniques occupent Malacca le [4], puis certains Ă©tablissements nĂ©erlandais (cĂŽte occidentale de Sumatra, Amboine (), Ăźles Banda (), Ternate)[5]. Les NĂ©erlandais tiennent Java, Makassar, Banjarmasin et Palembang, et parviennent Ă  chasser les Britanniques de la forteresse de Kupang Ă  Timor dont ils s’étaient emparĂ©s en [6].

Le , les directeurs abandonnent l’administration de la Compagnie nĂ©erlandaise des Indes orientales Ă  un « ComitĂ© pour les affaires orientales » nommĂ©s par le gouvernement. En 1798, la VOC tombe en faillite, minĂ©e par la corruption et la mauvaise gestion, et le dĂ©cret de sa suppression prend effet le [3]. Ses actifs sont repris par le gouvernement de la RĂ©publique batave.

Esclavage

La colonie nĂ©erlandaise du Cap importe des esclaves venant d’IndonĂ©sie dĂšs le XVIIe siĂšcle[7]. Mais des esclaves africains sont aussi envoyĂ©s vers l’IndonĂ©sie[8]. La VOC a organisĂ© une traite pour les plantations de muscades Ă  Sulawesi et des mines d’or de Sumatra[9].

AprĂšs 1799, l’État nĂ©erlandais exploite directement ses possessions et cherche Ă  dĂ©finir une nouvelle politique coloniale. Le ComitĂ© pour les affaires orientales informe les autoritĂ©s de Batavia qu’il faut songer Ă  introduire progressivement les idĂ©es nouvelles de libertĂ© et d’égalitĂ© dans les Indes. Batavia rĂ©pond que les nouveaux principes ne lui sont pas trĂšs bien connus et que l’on ne saurait bouleverser les relations Ă©tablies entre les peuples et les princes indigĂšnes. Le gouvernement nĂ©erlandais assure qu’il n’est pas question d’appliquer les principes de libertĂ© et d’égalitĂ© dans les possessions indiennes tant qu’elles se trouveront « dans l’état nĂ©cessaire de subordination ». L’esclavage ne saurait ĂȘtre aboli « jusqu’à ce qu’un ordre plus Ă©levĂ© de civilisation gĂ©nĂ©rale permette l’amĂ©lioration du sort des esclaves avec la coopĂ©ration de toutes les nations europĂ©ennes qui ont des possessions outre-mer » ()[10].

XIXe siÚcle

Les NĂ©erlandais rĂ©cupĂšrent toutes leurs colonies sauf Ceylan Ă  la paix d'Amiens du mais les perdent Ă  nouveau quand la paix est rompue. Les autoritĂ©s de Batavia entendent mener une politique indĂ©pendante vis-Ă -vis de la France et du Royaume-Uni. Java connaĂźt alors une pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© et Ă©coule sa production (cafĂ©, sucre, Ă©pices) en direction des neutres (Danois et AmĂ©ricains), jusqu’en 1807, annĂ©e oĂč le Danemark entre en guerre et oĂč Thomas Jefferson interdit Ă  ses compatriotes de quitter les ports amĂ©ricains[11].

La Grande Route postale.

Le , le gouverneur-gĂ©nĂ©ral Daendels, « patriote » ralliĂ© au roi Louis Bonaparte, arrive Ă  Batavia alors que l’économie est florissante mais les paysans sont dans la misĂšre ; le commerce est encore actif mais aux mains des Ă©trangers ; les fonctionnaires ont gardĂ© les anciennes habitudes de la Compagnie des Indes ; la menace britannique pĂšse sur l’üle et les princes locaux n’attendent qu’une occasion pour se rĂ©volter. Il procĂšde Ă  d’importantes rĂ©formes : tous les fonctionnaires reçoivent un rang dans la hiĂ©rarchie militaire et un salaire appropriĂ©. Les princes indigĂšnes (« les rĂ©gents ») perdent toute autonomie et ne sont plus que des reprĂ©sentants des Pays-Bas. Daendels prĂ©voit une justice pour les IndonĂ©siens rendue par les tribunaux composĂ©s d’IndonĂ©siens selon les coutumes de Java. Les Ă©trangers (EuropĂ©ens, Chinois, Arabes et IndonĂ©siens non-javanais) relĂšveront des cours de justice de Batavia, Semarang et Surabaya selon les codes nĂ©erlando-indonĂ©siens. Il rĂ©organise l’armĂ©e, crĂ©e des fabriques de poudre, de munition et d’armes, amĂ©nage une Ă©cole d’artillerie Ă  Semarang, un hĂŽpital militaire et dĂ©veloppe les fortifications. Daendels fait construire la « Grande Route postale (nl) », qui relie Anyer, sur la cĂŽte ouest de Java, Ă  Panarukan sur la cĂŽte est. Il impose aux paysans le rĂ©gime de la corvĂ©e et gĂ©nĂ©ralise la pratique du travail forcĂ©, notamment dans la culture du cafĂ©. Il favorise la colonisation privĂ©e et vend de grandes Ă©tendues de terres Ă  l’ouest et Ă  l’est de Batavia, avec libertĂ© totale d’exploiter les paysans.

Guerres coloniales

Guerre anglo-néerlandaise de Java (1810-1811)
Article détaillé : Guerre anglo-néerlandaise de Java.

Du au , les Britanniques occupent les Moluques[12]. Gilbert Elliot entre en relation avec les princes indigÚnes, joue au libérateur et provoque des révoltes, particuliÚrement dans le sultanat de Banten. Le , apprenant que le royaume de Hollande a été annexé par Napoléon Ier le , Daendels hisse le drapeau français à Batavia. Quelques mois plus tard, il est rappelé et remplacé par Jan Willem Janssens comme gouverneur de Batavia.

En aoĂ»t-, Java est conquise par les Britanniques de sir Thomas Stamford Raffles, devenu lieutenant-gouverneur de Java : Batavia est occupĂ©e le . Les soldats indonĂ©siens font dĂ©fection et le gouverneur gĂ©nĂ©ral Janssens doit capituler le . L’archipel indonĂ©sien est rattachĂ© au gouvernement gĂ©nĂ©ral des Indes britanniques. Les princes javanais qui ont soutenu les Britanniques sont déçus, car Raffles intervient dans leurs affaires intĂ©rieures et procĂšde Ă  des annexions. Le procĂ©dĂ© des livraisons forcĂ©es est abandonnĂ© sauf pour le cafĂ©. Raffles compte introduire Ă  Java le systĂšme Ă©tabli dans le Bengale : la terre appartenant au gouvernement de Batavia, les terres non cultivĂ©es peuvent ĂȘtre cĂ©dĂ©es Ă  des colons Ă©trangers, celles dĂ©jĂ  cultivĂ©es sont louĂ©es par l’intermĂ©diaire des chefs de village aux cultivateurs qui la travaillent. Ces paysans, dans l’impossibilitĂ© de s’acquitter du loyer (landrente), empruntent et passent sous le joug des usuriers, qui sont souvent les chefs de village eux-mĂȘmes. En mĂȘme temps, le commerce libre est encouragĂ©. Raffles songe Ă  exporter des cotonnades anglaises, ce qui implique la disparition des industries locales et la crĂ©ation d’un marchĂ© colonial.

Du 5 au a lieu l'éruption volcanique du volcan Tambora, de l'ßle de Sumbawa, 90 % de la population de l'ßle meurt : on dénombre plus de 50 000 morts. L'éruption cause des perturbations climatiques sur l'ensemble de la planÚte, donnant lieu à l'année sans été.

En 1816, les Britanniques rĂ©trocĂšdent Java aux Pays-Bas. Les NĂ©erlandais installent une administration directe sur l’ensemble de leurs possessions.

Le Traité de Londres est signé en 1824 entre les Britanniques et les Néerlandais. Le contrÎle des territoires revendiqué par les Européens au sud de Singapour revient aux Néerlandais. Courant 1825, les Britanniques rendent aux Néerlandais Sumatra, Bali, le Sud de Bornéo, et divers autres iles et archipels. Cependant, ils restent trÚs présents économiquement, surtout à Sumatra.

Guerre des Padri (1821-1837)
Article détaillé : guerre des Padri.
Guerre de Java (1825-1830)
Arrestation du prince Diponegoro le 28 mars 1830.
Article détaillé : guerre de Java.

De 1825 à 1830, la rébellion du prince Diponegoro de Yogyakarta se traduit par la guerre de Java.

Le XIXe siĂšcle voit le dĂ©but de l’exploitation Ă©conomique de Java et la soumission des autres États princiers. La « guerre de Java » a ruinĂ© la colonie, qui s’est endettĂ©e. Une partie de l’opinion nĂ©erlandaise devient hostile au systĂšme colonial. La population de Java a terriblement souffert de la guerre, de la famine et des Ă©pidĂ©mies. On estime Ă  plus de 200 000 le nombre de victimes.

Le traitĂ© de Sumatra, signĂ© entre le Royaume-Uni et les Pays-Bas en 1871, entĂ©rine l'extension de la domination nĂ©erlandaise dans l'Ăźle de Sumatra. L’ouverture du canal de Suez en 1869 a augmentĂ© l’intĂ©rĂȘt du dĂ©troit de Malacca (auparavant, les navires empruntant la route du Cap utilisaient plutĂŽt le dĂ©troit de la Sonde). Les Britanniques, prĂ©sent Ă  Singapour, laissent les NĂ©erlandais intervenir dans le sultanat d’Aceh Ă  condition qu’ils garantissent la sĂ©curitĂ© le long du dĂ©troit de Malacca.

Guerre d'Aceh (1873-1904)
Article détaillé : guerre d'Aceh.

Le , le gouvernement nĂ©erlandais dĂ©clare officiellement la guerre au sultanat d'Aceh dans le nord de Sumatra, qui rĂ©siste au pouvoir colonial des Pays-Bas. Les NĂ©erlandais ne parviennent Ă  contrĂŽler que les rĂ©gions cĂŽtiĂšres. En 1908 s'achĂšve la conquĂȘte de Bali et officiellement la guerre d'Aceh. Des rĂ©voltes perdurent cependant jusqu’en 1939. En ce dĂ©but du XXe siĂšcle le mouvement nationaliste prend son essor.

Le temps du Cultuurstelsel

Pour redresser la colonie aprĂšs la guerre de Java, le gouverneur nĂ©erlandais Johannes van den Bosch impose le systĂšme des cultures (Cultuurstelsel) qui oblige les paysans javanais Ă  consacrer un cinquiĂšme de la terre et de leur travail aux cultures d’exportation (thĂ©, cafĂ©, Ă©pices, sucre, indigo) imposĂ©es par le gouvernement. Les produits ainsi obtenus sont la propriĂ©tĂ© de l’État.

Le Cultuurstelsel aboutit Ă  une exploitation sans prĂ©cĂ©dent des populations indigĂšnes en IndonĂ©sie. Les limites fixĂ©es au dĂ©part ne seront pas respectĂ©es, et le prĂ©lĂšvement d’un cinquiĂšme des terres cultivĂ©es peut aller jusqu’au tiers, voire la moitiĂ© dans les rĂ©gions de canne Ă  sucre. Au cinquiĂšme du temps de travail fournit au gouvernement pour la culture des terres (60 Ă  70 jours), qui peut atteindre 90 jours voire 240, s’ajoute un systĂšme de corvĂ©es pour les travaux d’amĂ©nagement (routes, ports, magasins, urbanisme, fortifications). Les corvĂ©ables reçoivent une maigre rĂ©tribution, qui payĂ©e en retard les met Ă  la merci des usuriers. L’impĂŽt foncier continue d’ĂȘtre prĂ©levĂ© (il double en quinze ans). Les frais d’administration sont rĂ©duits au minimum. La sociĂ©tĂ© Ă©volue. Les rĂ©gents (prĂ©fets) javanais sont intĂ©ressĂ©s au systĂšme des cultures et se conduisent en despotes. Dans les villages, l’administration communautaire se renforce et est utilisĂ©e par les NĂ©erlandais pour faciliter la mise en application du systĂšme des cultures et freiner le dĂ©veloppement de la propriĂ©tĂ© individuelle.

Pour la mĂ©tropole, les rĂ©sultats du systĂšme sont positifs. Entre 1830 et 1877, « l’excĂ©dent colonial » reprĂ©sente 800 millions de florins, dont les quatre cinquiĂšmes sont dus au cafĂ©. Les chiffres culminent entre 1860 et 1864. La population, si elle connaĂźt un accroissement constant, souffre du systĂšme qui privilĂ©gie les cultures d’exportation au dĂ©triment de la production vivriĂšre[13].

Le Cultuurstelsel provoque de grandes famines et de nombreuses rĂ©voltes dans certaines rĂ©gions de Java entre 1843 et 1850. En 1843, la famine Ă©clate dans la rĂ©gion de Cheribon Ă  Java, Ă  la suite de la dĂ©cision d’ajouter le riz Ă  la liste des cultures d’État[14].

Wolter Robert van HoĂ«vell, pasteur Ă  Batavia, a fondĂ© en 1838 un journal, qui en 1848 prend un caractĂšre politique. Il demande plus de dĂ©mocratie et l’abolition de l’esclavage. Revenu aux Pays-Bas et membre de la seconde Chambre en , il critique la politique coloniale du gouvernement[15].

La Constitution promulguĂ©e le oblige Guillaume II (roi des Pays-Bas) Ă  faire « prĂ©senter aux États GĂ©nĂ©raux un rapport circonstanciĂ© sur l’administration » des colonies et possessions « et sur l’état dans lequel elles se trouvent ». Le , un rĂšglement gouvernemental, sans modifier le systĂšme des cultures, tient compte des modifications constitutionnelles qui ont prĂ©vu le contrĂŽle du Parlement sur les Colonies nĂ©erlandaises et rappelle qu’un des devoirs les plus impĂ©ratifs du gouverneur gĂ©nĂ©ral est « la protection de la population indigĂšne contre les actes arbitraires de qui que ce soit ». Le rĂšglement prĂ©cise que « le gouverneur gĂ©nĂ©ral Ă  soin de fonder des Ă©coles pour la population indigĂšne ». En fait, seuls 60 000 IndonĂ©siens seront scolarisĂ©s Ă  la fin du siĂšcle[11].

En 1852, il y a 17 285 EuropĂ©ens Ă  Java et il y en a 4 832 dans les possessions extĂ©rieures des Indes nĂ©erlandaises. Ce sont presque tous des fonctionnaires (administrateurs, contrĂŽleurs des cultures de l’État, militaires). En 1900, ils sont 62 477 à Java et 13 556 dans les possessions extĂ©rieures. Outre les fonctionnaires, beaucoup sont des planteurs et des commerçants[16].

Une campagne des libĂ©raux nĂ©erlandais contre le systĂšme de cultures forcĂ©es rĂ©ussit Ă  en faire disparaĂźtre les aspects les plus injustes. Le Cultuurstelsel est progressivement abandonnĂ© dans les annĂ©es 1860 ; en 1863 pour les cultures de poivre, girofle et de noix de muscade, et 1865 pour les cultures d’indigo, de thĂ© et de cannelle et l’élevage de cochenilles, en 1866 pour les cultures de tabac[17].

Une loi agraire du interdit aux indigĂšnes d’aliĂ©ner leurs terres hĂ©rĂ©ditaires, les protĂ©geant de la famine en leur assurant la terre indispensable aux cultures vivriĂšres. Toutes les terres incultes sont la propriĂ©tĂ© du gouvernement et peuvent ĂȘtre remise Ă  bail emphytĂ©otique pour la durĂ©e maximale de 75 ans, ce qui permet l’implantation de colons et de sociĂ©tĂ©s. La loi sur le sucre du prĂ©voit la disparition progressive de cette culture d’État entre 1878 et 1891. Le cafĂ© et le sucre reprĂ©sentent alors les trois quarts de la valeur totale des exportations. La derniĂšre plantation d’État de cafĂ© disparait en 1918[18].

En 1873, le thĂ©ier d’Assam est introduit Ă  Java. Cette culture connait un grand essor dans les monts Pranger[19]. Celle de l’hĂ©vĂ©a, implantĂ©e en 1877, se dĂ©veloppe aprĂšs 1890[20].

En 1883 est crĂ©Ă©e la Royal Dutch pour exploiter une concession pĂ©troliĂšre Ă  Sumatra dans la zone de Langkat Ă  Telega SaĂŻd. Alors une petite sociĂ©tĂ©, elle s'associe en 1890 avec la sociĂ©tĂ© britannique, Shell Transport and Trading Company, spĂ©cialisĂ©e dans le transport de produits pĂ©troliers, puis en 1907 les deux sociĂ©tĂ©s fusionnent dans le groupe Royal Dutch Shell, qui ne dispose jusqu’en 1910 que des pĂ©troles indonĂ©siens[21].

Une grave crise agricole Ă©clate en 1885. Des maladies atteignent les plantations de thĂ© et de cafĂ© (dont la valeur des exportations tombe de 59,9 millions de florins en 1880 Ă  19,7 en 1885). Les prix s’effondrent en raison de la concurrence. De nombreuses entreprises individuelles, dĂ©jĂ  fortement endettĂ©es, sont rĂ©duites Ă  la faillite. Les solutions Ă  la crise demandent des investissements (modernisation, construction de voies ferrĂ©es). Il s’effectue un mouvement de concentration dans l’économie[22].

À partir de 1898, les NĂ©erlandais imposent des Korte Verklaringen (« dĂ©clarations succinctes ») faisant des princes des « États indigĂšnes » de simples exĂ©cutants aux ordres du pouvoir colonial[20].

XXe siÚcle

La « politique éthique »

Lors de son discours du TrĂŽne de , la reine Wilhelmine Ă©voque « le devoir Ă©thique que les Pays-Bas, en tant que nation chrĂ©tienne, avaient d’amĂ©liorer les conditions de vie des chrĂ©tiens indigĂšnes, d’allouer aux activitĂ©s missionnaires les fonds dont elles avaient besoin, et d’informer l’ensemble de l’administration [coloniale] que les Pays-Bas avaient une obligation morale Ă  remplir envers les populations [des Indes orientales nĂ©erlandaises] ». La reine ordonne qu’une commission enquĂȘte sur la condition des paysans javanais[23].

En , van Heutsz (nl) devient gouverneur gĂ©nĂ©ral de l’IndonĂ©sie. Il met en application la « politique Ă©thique » ou « de la voie morale » (1900-1913). Elle vise Ă  dĂ©velopper l’agriculture et les services sociaux et Ă©ducatifs, ainsi que les chemins de fer, les routes et les services maritimes entre les Ăźles. Elle entraĂźne des progrĂšs dans le domaine de la santĂ© publique, mais est insuffisante face Ă  la sous-alimentation. Les mesures les plus complĂštes se limitent aux quartiers europĂ©ens ou aux rĂ©gions oĂč de gros intĂ©rĂȘts europĂ©ens sont en cause : le dĂ©veloppement de l’irrigation est conçu en fonction des plantations de canne Ă  sucre et les indigĂšnes n’en profitent que lorsqu’il y a une alternance du riz et la canne Ă  sucre.

En 1905 est crĂ©Ă© le premier syndicat pour les employĂ©s europĂ©ens des chemins de fer de l’État, puis en 1908 « l’Union des employĂ©s des chemins de fer de l’État » (Vereeniging van Spoor en Tram Personeel) est ouvert aux cheminots indonĂ©siens, qui sont majoritaires dĂšs 1910[24].

Dans les annĂ©es 1920 sont crĂ©Ă©s des instituts supĂ©rieurs, accessibles aux IndonĂ©siens : l’Institut des sciences techniques (1920), l’Institut de droit (1924), l’Institut de mĂ©decine (1927). La facultĂ© des lettres et l’Institut d’agriculture sont Ă©tablis en 1940. En 1942, les cinq facultĂ©s sont rĂ©unies dans l’universitĂ© de Batavia[25].

Le [26], la nouvelle Constitution des Pays-Bas supprime le mot « colonies » pour l’expression « territoires d’outre-mer » mais les IndonĂ©siens demeurent des « sujets » nĂ©erlandais. La politique de dĂ©centralisation se renforce, dans le but de faciliter le travail de l’administration, d’y associer l’élite indonĂ©sienne pour la dĂ©tacher du mouvement nationaliste et de diversifier les rĂ©gimes locaux afin de laisser aux NĂ©erlandais le rĂŽle d’arbitres. En dehors des communes villageoises anciennes (desas), il apparaĂźt des conseils locaux : conseils municipaux, de rĂ©gence, de province. Le corps Ă©lectoral est extrĂȘmement rĂ©duit en ce qui concerne les IndonĂ©siens[27]. En 1927, 1928 et 1938, la rĂ©glementation concernant les territoires autonomes est rĂ©visĂ©e. Les droits de l’État nĂ©erlandais sont accrus, et dans l’ensemble, ces territoires passent du protectorat au statut d’États « intĂ©grĂ©s »[20]. En 1939, on compte 269 souverains indigĂšnes hĂ©rĂ©ditaires dont deux seulement Ă  Java[28].

Le « Réveil national » (1908-1942)

Le , des marchands de batik javanais, conduits par Samanhudi, dĂ©sireux d'unir leurs forces face aux grossistes chinois, fondent Ă  Surakarta l’Association des marchands musulmans (« Sarekat Dagang Islam »)[29], qui devient le Sarekat Islam le [30]. Son but de dĂ©part est de protĂ©ger le commerce javanais de la concurrence chinoise et europĂ©enne. Elle prend rapidement un caractĂšre politique avec des objectifs nationaux. Elle aura plus de deux millions d’adhĂ©rents dans tout l’archipel dĂšs 1918. En 1919, il mĂšne une campagne pour que l’on rĂ©duise la superficie des champs de canne Ă  sucre au profit des riziĂšres[31].

Le , R. M. Wahidin Soedirohoesodo (1852–1917), un mĂ©decin javanais Ă  la retraite, fonde le Boedi Oetomo (en javanais pour : « l'intelligence suprĂȘme »), avec comme ambition d'Ă©lever la condition des Javanais Ă  la fois par l'acquisition des connaissances occidentales et l'Ă©tude de leur propre culture. Le gouvernement indonĂ©sien a dĂ©clarĂ© cette date « jour du rĂ©veil national » (Hari Kebangkitan Nasional).

En 1908 est crĂ©Ă© Ă  Leyde, aux Pays-Bas, parmi les Ă©tudiants indonĂ©siens, l’Indische Vereeniging (id) qui devient « Indonesische Vereniging » en 1922 et « Perhimpunan Indonesia » (l’Union indonĂ©sienne) en 1923[32]. Il rĂ©unit et forme des hommes comme Mohammad Hatta, Sutan Sjahrir et Ali Sastroamidjojo.

Le , est fondé à Yogyakarta le mouvement musulman Muhammadiyah qui veut renforcer l'islam par un enseignement islamique moderne, qui évite cependant le terrain politique[30].

Le est crĂ©Ă© Ă  Surabaya, sous l’influence du socialiste nĂ©erlandais Henk Sneevliet, l’Union social-dĂ©mocrate indonĂ©sienne, Ă  l’origine du premier parti communiste asiatique, le « Partai Kommunis di Hindia », fondĂ© le , devenu parti communiste indonĂ©sien (PKI) en 1924[30].

Inauguration du Volksraad (« Conseil du peuple ») en 1930.

Sous la pression du mouvement national un Conseil du Peuple ou Volksraad est crĂ©Ă© le . Il se rĂ©unit pour la premiĂšre fois le . Une partie des conseillers (la moitiĂ©, puis le tiers aprĂšs 1927) est nommĂ©e. Les membres des conseils locaux forment le corps Ă©lectoral, divisĂ© en 1927 en trois collĂšges (NĂ©erlandais, sujets nĂ©erlandais d’origine Ă©trangĂšre, IndonĂ©siens). Peu reprĂ©sentatif, il est purement consultatif jusqu’en 1925[33].

En , lors de son sixiĂšme CongrĂšs national Ă  Surabaya, le Sarekat Islam dĂ©cide de la rupture avec les communistes, ce qui accentue le caractĂšre religieux du mouvement. Il collabore avec la Mouhammadyah (musulmans rĂ©formistes) et organise le premier congrĂšs panislamiste d’IndonĂ©sie tenu du au Ă  Cirebon[34].

En 1921-1922, des grĂšves Ă©clatent dans les tramways et les chemins de fer, les imprimeries, l’industrie sucriĂšre et parmi les employĂ©s des monts-de-piĂ©tĂ©. Le gouvernement rĂ©agit en procĂ©dant Ă  l’arrestation des communistes au moment des grĂšves[31].

Le est Ă©tablie une Constitution coloniale des Indes nĂ©erlandaises (Indische Staatsregeling). Le Volksraad reçoit un certain pouvoir lĂ©gislatif (statut appliquĂ© en 1927) qui ne peut se traduire dans les faits que s’il y a accord entre le gouverneur et le Volksraad. Les reprĂ©sentants indonĂ©siens soumettent des motions pour accroĂźtre leurs droits. Elles seront repoussĂ©es par le gouvernement mais le fait qu’elles aient Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es et discutĂ©es encourage les nationalistes, dans un contexte de vie politique rĂ©duite (les assemblĂ©es politiques sont interdites en dehors des pĂ©riodes Ă©lectorales, les statuts des partis sont soumis Ă  l’approbation gouvernementale et les arrestations se multiplient dĂšs que des troubles Ă©clatent ou menacent d’éclater[35].

C’est ainsi que le , face Ă  l’augmentation du nombre des grĂšves et de la violence armĂ©e, le gouvernement dĂ©cide de suspendre le droit de rĂ©union dans presque toute l’IndonĂ©sie pour le Parti communiste, le Sarekat Islam, et la plupart des organisations syndicales contrĂŽlĂ©es par les communistes. En dĂ©cembre, le congrĂšs du Parti communiste indonĂ©sien rĂ©unit Ă  Prambanan dĂ©cide un soulĂšvement armĂ©[36]. L’insurrection commence le Ă  Banten et Ă  Batavia, oĂč les insurgĂ©s s’emparent pendant quelques heures du central tĂ©lĂ©phonique, puis gagne la cĂŽte occidentale de Sumatra en . La rĂ©pression arrĂȘte 13 000 personnes dont 4 700 sont condamnĂ©s, des milliers d’autres sont transfĂ©rĂ©es sans jugement dans les camps d’internement de Digul en Nouvelle-GuinĂ©e. Le Parti communiste indonĂ©sien, affaibli par des luttes internes, est interdit[37].

Soekarno lors de son procĂšs en 1930.

Le , un jeune ingĂ©nieur formĂ© Ă  Bandung, Soekarno, et d’anciens adhĂ©rents du Perhimpunan Indonesia (id), partisans de l’indĂ©pendance totale et de la crĂ©ation d’un gouvernement dĂ©mocratique, fondent le Parti national indonĂ©sien, qui devient le « Partai Nasional Indonesia », ou PNI en [38]. Le PNI travaille en accord avec le Sarekat Islam et devient rapidement le parti nationaliste le plus important. Le , Soekarno est arrĂȘtĂ© avec sept autres dirigeants du PNI et condamnĂ© Ă  quatre ans de dĂ©tention ; il est libĂ©rĂ© en [39].

Le , Ă  Batavia, les participants Ă  un congrĂšs d’organisation de jeunes inlanders (« indigĂšnes ») font le serment d’Ɠuvrer pour une nation indonĂ©sienne (l’ensemble des populations du territoire qui subissent le joug colonial nĂ©erlandais), une langue indonĂ©sienne (qui est en fait le malais), une patrie indonĂ©sienne[40].

Le , le PNI est dissout et le Sartono, qui assure l’intĂ©rim de Soekarno, annonce la crĂ©ation du Partindo (« Partai Indonesia ») qui regroupe les membres les plus radicaux du PNI. Soekarno les rejoint Ă  sa sortie de prison en . Estimant que toute action de masse est pour l’instant vouĂ©e Ă  l’échec et que l’essentiel est de poursuivre un travail d’éducation, Sutan Sjahrir et le docteur Mohammad Hatta crĂ©ent en le Golongan Merdeka (« Groupe indĂ©pendant »), futur « Club Pendidikan Nasional Indonesia » (Club de l’éducation nationale indonĂ©sienne)[41]. Dans la mĂȘme pĂ©riode, une scission se produit au sein du Sarekat Islam (PSII) : un groupe dirigĂ© par le docteur Sukiman Wirjosandjojo et Abikusno Tjokrosujono (en) est surtout inspirĂ© par des prĂ©occupations religieuses et Hadji Agus Salim (en) fonde le « Penjedar Barisan PSII »[39].

Hatta et Sjahrir sont arrĂȘtĂ©s en et exilĂ©s sans procĂšs dans le camp de concentration de Boven-Digoel, en Nouvelle-GuinĂ©e, puis dans l'Ăźle de Banda oĂč ils restent jusqu’à l’invasion japonaise en 1942[42].

Le , le docteur Raden Sutono (Soetomo) fonde le Parindra (« Partai Indonesia Raya ») qui s’efforce d’organiser l’aide aux paysans (coopĂ©ratives, institution de crĂ©dit, asile pour les orphelins, etc.) et de combattre l’analphabĂ©tisme (Ă©coles). Il fait voter par le Volksraad une rĂ©solution demandant la formation d’un rĂ©gime de self government dans le cadre du royaume des Pays-Bas. Le gouvernement nĂ©erlandais rejette cette proposition. AprĂšs l’échec du Parindra, un nouveau parti se constitue le , le Gerindo (« Gerakan Rakjat Indonesia », Mouvement du peuple indonĂ©sien) qui adopte un programme dĂ©mocratique sur le plan d’une lutte internationale contre le fascisme[43],[39].

Le , un comitĂ© de coordination, le Gabungan Politik Indonesia (GAPI), est constituĂ© entre huit opĂ©rations nationalistes, qui rĂ©clame le self gouvernement, un rĂ©gime dĂ©mocratique dans le cadre de l’unitĂ© nationale et affirme son dĂ©sir de prendre part Ă  la lutte antifasciste. En dĂ©cembre, le GAPI convoque Ă  Jakarta un CongrĂšs du Peuple indonĂ©sien qui adopte le Bahasa Indonesia comme langue nationale, le drapeau rouge et blanc et le chant Indonesia Raya comme hymne national.

En fĂ©vrier 1940, sous l’impulsion du GAPI, le Volksraad demande la crĂ©ation d’un gouvernement autonome indonĂ©sien. En mai, les Pays-Bas sont envahis par l'Allemagne nazie. Le gouvernement nĂ©erlandais de Londres dĂ©clare qu’on ne saurait envisager de rĂ©formes avant la fin de la guerre (), ce qui est confirmĂ© par le discours de la reine Wilhelmine du . En septembre 1941, un congrĂšs du peuple indonĂ©sien se rĂ©unit Ă  Yogyakarta. Il organise une direction permanente comprenant des membres du GAPI (id), du MIAI (id) (FĂ©dĂ©ration d’Organisations musulmanes non politique) et du PVNN (FĂ©dĂ©ration de Syndicats de Fonctionnaires)[44].

Occupation japonaise

Campagne des Indes orientales néerlandaises.

Le , le lendemain de l'attaque japonaise de la base amĂ©ricaine de Pearl Harbor, le gouvernement des Indes nĂ©erlandaises dĂ©clare la guerre au Japon. La veille, les troupes japonaises ont dĂ©barquĂ© dans la partie britannique de BornĂ©o et dans le nord de la presqu’üle de Malacca qui est entiĂšrement occupĂ©e Ă  la fin du mois de janvier 1942[44].

Le les Japonais dĂ©barquent Ă  Tarakan, dans le Nord-Est de BornĂ©o, et Ă  Manado, dans le Nord-Est des CĂ©lĂšbes[45] dans les Indes nĂ©erlandaises, dĂ©sireux de se rendre maĂźtres de leurs matiĂšres premiĂšres dont ses ressources pĂ©troliĂšres. Le Palembang tombe et la flotte nĂ©erlandaise est mise hors de combat[46]. Le , les forces alliĂ©es capitulent sans condition Ă  Bandung[45] (les NĂ©erlandais avaient refusĂ© l’offre des nationalistes de constituer des milices pour participer Ă  la dĂ©fense de l’archipel indonĂ©sien). Le , le dirigeant nationaliste indonĂ©sien Soekarno, emprisonnĂ© depuis deux ans, est libĂ©rĂ© par le colonel japonais Fujiyama qu’il rencontre Ă  Bukittinggi et qui lui promet l’indĂ©pendance de l’IndonĂ©sie en Ă©change de sa collaboration pour maintenir le calme dans la population[47].

Le , les Japonais tentent de former une organisation de masse, le « Mouvement des trois A » (le Japon leader de l’Asie, protecteur de l’Asie, lumiĂšre de l’Asie). C’est un Ă©chec rapide et total[48]. D’abord accueillis en libĂ©rateurs, les Japonais s’aliĂšnent la population en rĂ©quisitionnant des centaines de milliers d’ouvriers, les romushas, dont beaucoup pĂ©rissent de malnutrition et d’épuisement. Ils accumulent des stocks de marchandises et de denrĂ©es alimentaires qu’ils payent en monnaie d’occupation. On Ă©value le nombre de victimes entre trois et quatre millions de personnes parmi la population civile indonĂ©sienne pendant les trois annĂ©es de l’occupation japonaise[49].

En octobre 1942, une commission est constituĂ©e pour rĂ©diger une grammaire de l'indonĂ©sien et crĂ©er une terminologie technique et scientifique. L’interdiction du nĂ©erlandais favorise les progrĂšs de l’usage de cette langue[50].

Les Japonais favorisent les plantations d’arbres Ă  quinquina, introduisent le soja pour l’exporter vers le Japon et maintiennent la production de tabac. Les plantations de canne Ă  sucre sont abandonnĂ©es (la production tombe de 1 400 000 tonnes en 1938 Ă  84 000 en 1945), les plantations d’hĂ©vĂ©a sont rĂ©duites de 600 000 ha Ă  250 000, les plantations de thĂ© du tiers. Les Japonais ordonnent en la destruction de la moitiĂ© des plantations de cafĂ©iers (30 % seront dĂ©truites effectivement)[51].

Le gouvernement nĂ©erlandais Ă  Londres annonce qu’aprĂšs l’évacuation du pays une Table Ronde serait organisĂ©e pour mettre au point les rĂ©formes nĂ©cessaires outre-mer. Le la reine Wilhelmine des Pays-Bas dĂ©clare Ă  Radio Londres qu’il faut s’orienter « vers l’idĂ©e d’une communautĂ© entre les Pays-Bas, l’IndonĂ©sie, Suriname et Curaçao (
) avec libertĂ© pour chacun dans les affaires intĂ©rieures »[52].

Au dĂ©but de 1943, le mouvement nationaliste laĂŻque profite des offres du gouvernement japonais, qui libĂšre ses dirigeants. Le , Soekarno et Hatta organisent un mouvement de masse, le Putera qui diffuse les idĂ©aux nationalistes. En octobre 1943, les Japonais acceptent la formation d’une milice nationaliste, la Peta, qui formera le noyau de la future armĂ©e indonĂ©sienne[53]. En , le gouvernement militaire dissout le Putera qui leur Ă©chappe et se tournent vers les notables musulmans et l’aristocratie javanaise, pour mettre sur pied, en mars 1944, un nouveau mouvement de masse multiethnique et multi-religieux, le Jawa Hokokai qu’ils contrĂŽlent directement[54]. Le , face Ă  l’impossibilitĂ© d’obtenir une paix de compromis, le gouvernement japonais promet l’indĂ©pendance. Sur le terrain, les militaires traĂźnent des pieds et renforcent leur emprise sur le Jawa Hokokai. Les difficultĂ©s des forces de l’Axe favorisent l’organisation d’un mouvement antijaponais.

AprĂšs la libĂ©ration des Pays-Bas, les NĂ©erlandais installent le Ă  Brisbane un gouvernement provisoire des Indes orientales nĂ©erlandaises et rassemblent fonctionnaires et troupes pour partir en IndonĂ©sie[55]. Le gouvernement de la reine reconnaĂźt « le droit lĂ©gitime de l’IndonĂ©sie d’avoir une existence nationale propre » mais ne prĂ©voit pas la disparition des liens de dĂ©pendance.

Le , les occupants japonais acceptent la formation d’une Commission d’enquĂȘte pour la prĂ©paration de l’indĂ©pendance ; le est rĂ©digĂ©e la « Charte de Jakarta ». Durant l’étĂ©, les mouvements de rĂ©sistance contrĂŽlent Java Ă  l’exception des villes. AprĂšs la conquĂȘte des Philippines par les AlliĂ©s, le commandement japonais accepte la mise en place d’un comitĂ© pour l’indĂ©pendance et le , annonce aux dirigeants nationalistes rĂ©unis Ă  Đà LáșĄt en Indochine l’indĂ©pendance pour le [56].

Revolusi (1945-1949)

Article détaillé : Révolution nationale indonésienne.
Signature en 1946 d'une Korte Verklaring entre les autorités néerlandaises et le roi de Gowa.

Deux jours aprĂšs la capitulation du Japon, le , Soekarno et Hatta proclament l'indĂ©pendance vis-Ă -vis des Pays-Bas Ă  Batavia qui retrouve son nom de Jakarta[56]. Le , une constitution est proclamĂ©e. Soekarno devient prĂ©sident de la rĂ©publique d’IndonĂ©sie ; Hatta, vice-prĂ©sident[57].

Le , les forces britanniques dĂ©barquent sur les Ăźles pour dĂ©sarmer les troupes japonaises et libĂ©rer les prisonniers europĂ©ens dĂ©tenus dans les camps[56]. Faute de troupes, les Britanniques confient aux Japonais le soin de maintenir l’ordre dans les rĂ©gions oĂč ils ne peuvent pas intervenir, mais Ă  Java, les fonctionnaires japonais doivent cĂ©der la place Ă  leurs adjoints indonĂ©siens. Les souverains locaux se rallient au gouvernement national qui a promis de respecter leur statut. Des entreprises nĂ©erlandaises rĂ©quisitionnĂ©es par les Japonais sont nationalisĂ©es. Une armĂ©e est crĂ©Ă©e. Mal Ă©quipĂ©e, peu expĂ©rimentĂ©e, elle est nombreuse et s’adapte vite Ă  la guĂ©rilla.

Cette armĂ©e affronte les forces japonaises Ă  Semarang (14-) et les troupes britanniques venues dĂ©sarmer les forces d’occupation japonaise Ă  Surabaya (- )[58].

Devant la rĂ©ticence de l’opinion britannique et les pressions internationales (monde musulman, Australie, États-Unis), le gouvernement de La Haye doit se rĂ©soudre Ă  nĂ©gocier (). Le , le gouverneur gĂ©nĂ©ral des Indes nĂ©erlandaises Van Mook publie un mĂ©morandum en 9 points accordant l’autonomie partielle Ă  l’IndonĂ©sie[56]. Le lendemain est crĂ©Ă© le Masjumi (Conseil consultatif des musulmans d’IndonĂ©sie), parti musulman conservateur rassemblant les grands propriĂ©taires et certains Ă©lĂ©ments de la bourgeoisie (commerçants et entrepreneurs)[59]. Le , Sutan Sjahrir devient chef du gouvernement de la rĂ©publique d’IndonĂ©sie ; il refuse toute nĂ©gociation avec les Pays-Bas sans la reconnaissance prĂ©alable de l’indĂ©pendance[60].

Le , le gouvernement nĂ©erlandais admet l’existence d’une « rĂ©publique d’IndonĂ©sie » limitĂ©e Ă  Java dans le cadre d’un « Commonwealth d’IndonĂ©sie »[61]. Le , Sutan Sjahrir formule des contre-propositions : cessation des hostilitĂ©s, maintient des troupes sur leurs positions actuelles, reconnaissance du gouvernement rĂ©publicain Ă  Java et Ă  Sumatra, crĂ©ation d’un État libre d’IndonĂ©sie qui conclurait une alliance avec les Pays-Bas et participation Ă  la formation de cet État libre des reprĂ©sentants des territoires des autres Ăźles. Les NĂ©erlandais qui veulent reprendre pied dans les autres Ăźles, les refusent. Le , les NĂ©erlandais ouvrent Ă  Malino (Sulawesi du Sud) une confĂ©rence rĂ©unissant 39 dĂ©lĂ©guĂ©s de diffĂ©rentes rĂ©gions de l'archipel qu'ils contrĂŽlent. Leur but est de crĂ©er une entitĂ© fĂ©dĂ©rale qui inclurait la rĂ©publique d’IndonĂ©sie. On prĂ©pare la constitution d’un État de BornĂ©o. La guĂ©rilla se poursuit pendant que les troupes nĂ©erlandaises prennent la relĂšve des Britanniques. Le blocus de Java a des consĂ©quences Ă©conomiques graves[62].

Les NĂ©erlandais tentent de reprendre en main leur ancienne colonie. Tandis que les troupes nĂ©erlandaises dĂ©barquent et que Van Mook arrive Ă  Jakarta, Soekarno demande leur retrait, la suppression de l’administration civile remise en place et la reconnaissance du gouvernement indonĂ©sien.

La Revolusi, pĂ©riode de confrontation militaire et diplomatique avec les Pays-Bas, dure jusqu'au . À la ConfĂ©rence de la Table Ronde de La Haye (aoĂ»t-), les NĂ©erlandais acceptent de transfĂ©rer la souverainetĂ© sur la totalitĂ© de l’IndonĂ©sie, exceptĂ© la Nouvelle-GuinĂ©e occidentale, Ă  la rĂ©publique des États unis d'IndonĂ©sie avant la fin de l’annĂ©e. L’union toute symbolique avec les Pays-Bas sera dissoute officiellement en 1954.

Administration

L'administration des Indes néerlandaises comportait 3 volets :

  1. Le Binnenlands Bestuur (administration de l'intérieur) ;
  2. L' Inlands Bestuur (administration indigÚne) ;
  3. Le Bestuur over Vreemde Oosterlingen (administration sur les orientaux Ă©trangers).

Binnenlands Bestuur

Lithographie de 1889 de Josias Cornelis Rappard représentant la demeure d'un « contrÎleur ».

Les Indes nĂ©erlandaises Ă©taient subdivisĂ©es en 36 ou 37 rĂ©gions (selon l'Ă©poque). Ces rĂ©gions Ă©taient dĂ©coupĂ©s selon les frontiĂšres prĂ©existante Ă  Java et Sumatra, et en suivant les Ă©tats prĂ©existant oĂč il y en avait (Moluques, Aceh, Makassar...). Lorsqu'il n'y en avait pas, les rĂ©gions crĂ©Ă©es Ă©taient des regroupements gĂ©ographiques (Nusa Tenggara, Sulawesi, Papua...). À la tĂȘte de ces rĂ©gions Ă©tait en gĂ©nĂ©ral placĂ© un resident (« rĂ©sident »), qui adossait son autoritĂ© et son administration sur la noblesse locale, rois ou sultans. Sa circonscription s'appelait une residentie.

La relation particuliĂšre d'interdĂ©pendance qu’entretenaient le rĂ©sident et le rĂ©gent sur un mĂȘme territoire est trĂšs bien dĂ©crite dans l'ouvrage Max Havelaar, Ă©crit par un ancien assistant rĂ©sident.

Aceh, l’Oostkust (« cĂŽte orientale » de Sumatra du Nord), Ambon et le nord de Sulawesi avaient un gouverneur. Belitung Ă©tait administrĂ©e par un assistent-resident. Dans tous les cas, ces fonctionnaires Ă©taient chargĂ©s de l'administration, de la justice, de la police et de l'irrigation locale.

Inlands Bestuur

Les fonctionnaires de l’Inlands Bestuur de Kraksaan prùs de Probolinggo (Java oriental, vers 1885).

Le rĂ©sident Ă©tait secondĂ© par des fonctionnaires indigĂšnes. À Java, c'Ă©taient les bupati. Ceux-ci Ă©taient chargĂ©s de l'administration de la population locale. Ce principe Ă©tait nommĂ© soort over soort (« le semblable sur le semblable »). Le bupati Ă©tait la plupart du temps issu de la haute noblesse ou des familles princiĂšres.

L'administration de la population indigĂšne Ă©tait soumise Ă  l’adat, c'est-Ă -dire le droit coutumier.

Vreemde Oosterlingen

Le majoor des Chinois de Batavia et un hÎte néerlandais en 1932.

Le terme Vreemde Oosterlingen, c'est-à-dire « Orientaux étrangers », désignait les habitants des Indes néerlandaises d'origine chinoise, indienne et arabe. Lorsque ceux-ci formaient une importante communauté en une région donnée, ils avaient le droit à une auto-administration semi-autonome.

Autorité

Le rĂ©sident Ă©tait responsable envers le gouverneur gĂ©nĂ©ral des Indes nĂ©erlandaises. Le bupati Ă©tait surnommĂ© le « petit frĂšre » du rĂ©sident. On entendait par lĂ  que le pouvoir reposait en dernier ressort dans les mains du rĂ©sident. Le bupati Ă©tait ainsi au mĂȘme niveau que l' assistent-resident.

En effet, une residentie Ă©tait subdivisĂ©e en trois Ă  cinq circonscriptions, Ă  la tĂȘte de chacune desquelles Ă©tait placĂ© un assistent-resident.

Nouvelle-Guinée

La situation était différente en Nouvelle-Guinée néerlandaise. Cette colonie était subdivisée en 6 circonscriptions, dont chacune était dirigée par un résident.

Aspect Ă©conomique et politique de la colonisation

Entre 1932 et 1935, l'extraction de pétrole brut aux Indes néerlandaises passe de 5 millions à 6 millions de tonnes par an[63].

Européens des Indes

Une famille néerlandaise « des Indes » vers 1890.
Couple d'Européens des Indes au début du XXe siÚcle. Comme la plupart des femmes européennes à l'époque, la femme porte la tenue traditionnelle javanaise, le chemisier kebaya et le kain en batik.

En 1938, il y avait 355 000 Européens et 9 300 Américains dans les Indes néerlandaises. Le gros des Européens étaient de souche néerlandaise, avec des familles souvent installées dans les ßles de la Sonde depuis 1619, et qui travaillaient surtout dans de grandes exploitations, mais la plus grande partie des Néerlandais étaient ceux arrivés aprÚs 1880. Certains Néerlandais étaient des expatriés, qui avaient le plus souvent des contrats de trois à cinq ans, comme les enseignants, surtout aprÚs 1915. On considérait aussi comme Européens des indigÚnes métis, assimilés.

Les Européens néerlandais vont donner naissance à deux types de dialecte créole en Indonésie : le petjo et le javindo (en). Il y avait aussi environ 10 000 résidents britanniques, surtout présents à Sumatra et à Bornéo.

Pendant l'occupation japonaise de l'Indonésie entre 1942 et 1945, plus de 25 000 Européens et métis meurent.

AprĂšs 1945, les EuropĂ©ens et mĂ©tis assimilĂ©s commencĂšrent Ă  quitter l'IndonĂ©sie. Plus de 300 000 EuropĂ©ens et mĂ©tis assimilĂ©s quittent l'IndonĂ©sie pour les Pays-Bas, l'Australie, la Nouvelle-ZĂ©lande, les États-Unis ou l'Afrique du Sud entre 1947 et 1956, soit plus de 95 % des blancs et mĂ©tis en IndonĂ©sie. Le prĂ©sident indonĂ©sien Soekarno accĂ©lĂ©rera les dĂ©parts aprĂšs 1954.

En 1964 et 1965, ce qui restait des mĂ©tis nĂ©erlandophones et rares blancs nĂ©erlandais dut fuir des suites de la brutale rĂ©pression anti-communistes qui fit plus de 1 000 000 morts en IndonĂ©sie, et les mĂ©tis, souvent lettrĂ©s, figurent dans les premiĂšres victimes. Presque Ă  la mĂȘme Ă©poque, en 1962-1963, Ă  cause de l'annexion de la Nouvelle-GuinĂ©e Occidentale NĂ©erlandaise par l'IndonĂ©sie, des mĂ©tis, colons, et administrateurs nĂ©erlandais furent expulsĂ©s. En 1964, la totalitĂ© des NĂ©erlandais prĂ©sents en Nouvelle-GuinĂ©e Occidentale, et occupĂ©e par l'armĂ©e indonĂ©sienne, sont expulsĂ©s. Certains partirent pour l'Australie et la Nouvelle-ZĂ©lande.

En 1968, il ne restait plus que moins de 4 000 Néerlandais (Hollandais), et assimilés, en Indonésie, soit moins de 2 % des Hollandais-Néerlandais, et assimilés de 1939. Donc, plus de 98 % des anciens colonisateurs ont fui l'Indonésie entre 1945 et 1965.

De nos jours, il y a moins de 3 200 NĂ©erlandais en IndonĂ©sie, qui souvent sont en IndonĂ©sie pour un travail, pour des raisons professionnelles, ou de coopĂ©rations, et la plupart n'ont pas d'attaches en IndonĂ©sie. La langue nĂ©erlandaise a considĂ©rablement dĂ©cliné : dĂ©jĂ  peu parlĂ©e avant 1942, le nĂ©erlandais a laissĂ© place Ă  l'anglais, de nos jours, aprĂšs la disparition des rares personnes des anciennes gĂ©nĂ©rations qui savaient parler nĂ©erlandais, et les crĂ©oles nĂ©erlandais, le petjo et le javindo, sont en voie de disparition. Le nĂ©erlandais Ă©tait encore parlĂ© par environ 35 000 IndonĂ©siens en 1985, souvent ĂągĂ©s de plus de 70 ans, et a chutĂ© Ă  moins de 5 000 locuteurs, souvent mĂ©tis, en 2010. Mais le nĂ©erlandais est restĂ© une langue d'intĂ©rĂȘt culturel et historique en IndonĂ©sie : c'est la langue de l'ancien colonisateur, et les archives laissĂ©es en hĂ©ritage sont souvent rĂ©digĂ©es en nĂ©erlandais.

De nos jours, les descendants des colons nĂ©erlandais et les mĂ©tis se retrouvent surtout aux Pays-Bas, et en Australie. Aux Pays-Bas, ils sont dĂ©signĂ©s par le nom d'Indos, mais avec le temps, ils se sont intĂ©grĂ©s Ă  la population nĂ©erlandaise. Aux Pays-Bas, ils seraient quelque 300 000 reprĂ©sentants. En 2010, il y avait plus de 100 000 descendants de colons nĂ©erlandais en Australie, et plus de 30 000 en Nouvelle-ZĂ©lande. Le reste des groupes importants vit aux États-Unis (ou il y aurait au moins 100 000 descendants des "Indos"), en Afrique du Sud, et au Canada, et plus rarement en Belgique. Ils sont Ă©valuĂ©s dans le monde entre 300 000 Ă  500 000 personnes qui sont biens intĂ©grĂ©es dans leurs nouveaux pays.

Une famille métisse vers 1930.

Notes et références

  1. Romain Bertrand, L'Histoire Ă  parts Ă©gales. RĂ©cits d'une rencontre Orient-Occident (XVIe – XVIIe siĂšcle), Paris, Le Seuil, , 670 p. (ISBN 978-2-02-105017-2 et 2-02-105017-3) .
  2. Abraham Jean Arnaud Gerlach, Fastes militaires des Indes-Orientales néerlandaises, J. Norman & fils, (présentation en ligne) .
  3. Benoit et Pain 1989, p. à préciser.
  4. William Milburn, Oriental commerce, vol. 2, Black, Parry & co., (présentation en ligne) .
  5. Victoires, conquĂȘtes, revers et guerres civiles des Français, vol. 7, Paris, Panckoucke, (prĂ©sentation en ligne) .
  6. Muridan Satrio Widjojo, The Revolt of Prince Nuku : Cross-Cultural Alliance-Making in Maluku, C. 1780-1810, vol. 12, Brill, , 280 p. (ISBN 978-90-04-17201-2, présentation en ligne) .
  7. Fauvelle-Aymar 2006, p. 54 et 144.
  8. Fauvelle-Aymar 2006, p. 54.
  9. Fauvelle-Aymar 2006, p. 145.
  10. Bruhat 1976, p. 45.
  11. Bruhat 1976, p. 57.
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Annexes

Bibliographie

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