ForĂȘt de Bouconne
La forĂȘt de Bouconne est un massif forestier situĂ© dans le sud-ouest de la France, principalement dans le dĂ©partement de la Haute-Garonne et plus marginalement du Gers, Ă une vingtaine de kilomĂštres Ă l'ouest de Toulouse.
ForĂȘt de Bouconne | |||||
Chemin en ForĂȘt de Bouconne Ă l'automne | |||||
Localisation | |||||
---|---|---|---|---|---|
CoordonnĂ©es | 43° 38âČ 29âł nord, 1° 13âČ 19âł est[1] | ||||
Pays | France | ||||
RĂ©gion | Occitanie | ||||
DĂ©partement | Haute-Garonne et Gers | ||||
GĂ©ographie | |||||
Superficie | 2 700 ha | ||||
Altitude · Maximale · Minimale |
292 m 180 m |
||||
Compléments | |||||
Protection | ForĂȘt de protection | ||||
Statut | ForĂȘt domaniale et forĂȘts communales | ||||
Administration | Office national des forĂȘts | ||||
Essences | ChĂȘne rouvre, ChĂȘne pĂ©donculĂ©, ChĂȘne pubescent et ChĂȘne-liĂšge, Pin maritime | ||||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-Garonne
GĂ©olocalisation sur la carte : Gers
GĂ©olocalisation sur la carte : Occitanie
| |||||
Situation
La forĂȘt s'Ă©tale sur les territoires des communes de Pibrac, Brax, LĂ©guevin, Lasserre, Daux, LĂ©vignac-sur-Save, MĂ©renvielle, Mondonville, Montaigut-sur-Save en Haute-Garonne et Pujaudran dans le Gers.
OrientĂ©e sur environ 10 km de sud-ouest vers nord-est, elle est traversĂ©e en son milieu par la route dĂ©partementale D24 qui relie Pibrac et Brax Ă LĂ©vignac, par la D42 qui relie LĂ©guevin Ă Lasserre et MĂ©renvielle et par la ligne ferroviaire de Toulouse Ă Auch. L'itinĂ©raire Ă grand gabarit ayant Ă©tĂ© empruntĂ© par les convois d'Airbus A380 de 2004 Ă 2020 contourne la forĂȘt au nord.
Des parkings sont amĂ©nagĂ©s en milieu de forĂȘt, le principal sur la D24 (entrĂ©e de LĂ©vignac) et un second sur la D42 (entrĂ©e de Lasserre), ou en bordure de forĂȘt Ă Mondonville (entrĂ©e de Mondonville), Lasserre (maison forestiĂšre), Pujaudran (maison forestiĂšre Saint-Louis), Montaigut-sur-Save ou Daux (entrĂ©e de Bichou) et Ă la base de loisir.
La via Tolosana (GR 653) traverse la forĂȘt entre Pibrac et L'Isle-Jourdain.
Description
D'une surface de 2 700 hectares, le massif forestier est gĂ©rĂ© principalement par l'Office national des forĂȘts (forĂȘt domaniale de 2 000 hectares). Il comprend Ă©galement des parties privĂ©es et d'autres communales. Il accueille une base de loisirs et un centre aĂ©rĂ©, gĂ©rĂ©s par le Syndicat mixte pour l'amĂ©nagement de la forĂȘt de Bouconne. La forĂȘt de Bouconne est parcourue par de nombreux chemins empruntĂ©s Ă pied ou Ă vĂ©lo tout terrain.
Son massif a une altitude qui varie de 180 (au nord-est) à 290 mÚtres (au sud-ouest). Son sol lourd et mal drainé, est composé de cailloux roulés, de graviers et d'argile. Le climat est celui de la région toulousaine, doux et humide avec ses écarts accusés et fortement venté parfois de vent d'autan qui dessÚche tant la terre[2].
Massif
La forĂȘt de Bouconne est installĂ©e sur les trois terrasses les plus anciennes du systĂšme alluvionnaire de la Garonne. Ces terrasses situĂ©es Ă des altitudes croissantes au-dessus de la vallĂ©e proprement dite, sont reliĂ©es entre elles par des talus Ă pente modĂ©rĂ©e[3]. Dans les limites de la forĂȘt de Bouconne, il ne persiste de la premiĂšre terrasse que deux petits plateaux situĂ©s Ă 269 m d'altitude au sud-ouest prĂšs de Pujaudran. La deuxiĂšme terrasse entre LĂ©guevin et Lasserre est constituĂ©e essentiellement par des plateaux horizontaux dont l'altitude moyenne est de 235 mĂštres. La troisiĂšme terrasse vers le nord-est dâune altitude moyenne de 185 mĂštres, large de 8 Ă 9 kilomĂštres, est la plus vaste et la plus importante des terrasses de la Garonne ; elle prĂ©sente une surface plane dâenviron 1000 ha presque parfaite.
Hydrographie
Le rĂ©seau hydrographique du massif de Bouconne est des plus rudimentaires. De petits ruisselets le traversent. Pendant les pĂ©riodes pluvieuses, ces ruisseaux recueillent une partie des eaux de ruissellement, mais ils n'ont que peu d'influence sur le drainage des vastes surfaces horizontales de la forĂȘt[3]. Des retenues ont permis dâamĂ©nager des Ă©tangs ou lacs.
SâĂ©coulant vers le nord dans la Save, le ruisseau de SĂšre ou CĂ©rĂšs[4] et le ruisseau de la Croix[5]. Le ruisseau de SĂšre sâĂ©coule en bordure nord de forĂȘt dans le lac de Sainte-Anne et le lac de Macau. Le lac de la Croix est proche de lâentrĂ©e Bichou.
SâĂ©coulant vers le sud vers lâAussonnelle, le Rieu Tort ou ruisseau du Paradis[6] longe le talus reliant la premiĂšre et la deuxiĂšme terrasses et la Bordette ou ruisseau du Gajea[7] longe le talus reliant la deuxiĂšme et la troisiĂšme terrasses. Le Rieu Tort traverse les Ă©tangs de la Chaume (ou de La Venauze) et lâĂ©tang de Belloc. Le lac de Bordette proche du parking principal est trĂšs frĂ©quentĂ©.
Le laquet de Lutché prÚs maison forestiÚre Saint-Louis, servait pour l'alevinage de gardons dans l'entre deux guerres.
- Lac de Bordette
- Lac de la Croix
- Lac de Macau
- Lac de Sainte-Anne
- Laquet de Lutché
Flore et faune
Les principales essences indigĂšnes de la forĂȘt de Bouconne[8] sont les chĂȘnes sessiles et pĂ©donculĂ©s, plus rarement les chĂȘnes pubescents et liĂšges et le pin maritime. D'autres feuillus tels que chĂątaigniers, charmes, tilleuls, et frĂȘnes sont Ă©galement prĂ©sents en mĂ©lange. Quelques essences exotiques comme les chĂȘnes rouges et les sapins de Nordmann sont prĂ©sentes, gĂ©nĂ©ralement en plantation.
Cette forĂȘt est le seul grand massif boisĂ© proche de l'agglomĂ©ration de Toulouse, mais en dĂ©pit de sa forte frĂ©quentation, elle abrite sangliers et chevreuils. D'autres espĂšces plus discrĂštes y sont prĂ©sentes comme la genette, le renard et le blaireau. Le circaĂšte Jean-le-Blanc chasse sur ses lisiĂšres.
Protections
Par dĂ©cret du , ce massif a Ă©tĂ© classĂ© forĂȘt de protection sur une superficie d'environ 2 830 hectares (dont 300 dans le Gers), sur le territoire des communes de Brax, Daux, Lasserre-PradĂšre, LĂ©guevin, LĂ©vignac-sur-Save, MĂ©renvielle, Mondonville, Montaigut-sur-Save et Pibrac (dans la Haute-Garonne) et Pujaudran (dans le Gers)[9].
Depuis 2010, la forĂȘt est un site inscrit et rĂ©pertoriĂ© en ZNIEFF de type 1[10].
En juillet 2020, 1 854 hectares de la forĂȘt domaniale situĂ©s en Haute-Garonne ont Ă©tĂ© classĂ©s Espace naturel sensible[11] pour la richesse de la biodiversitĂ© (reptiles, mammifĂšres et oiseaux dans des landes ou des rĂ©seaux de mares et de zones humides).
Formation
Le massif repose sur d'anciennes terrasses alluviales de la Garonne formĂ©es dans la 1re pĂ©riode interglaciaire, de GĂŒnz-Mindel.
Activités
Une base de loisirs y est implantée avec une piscine, des courts de tennis, un minigolf, une aire de pique-nique, des sentiers balisés pour la randonnée pédestre, dont le Chemin de Compostelle GR 653 ou le VTT.
La forĂȘt de Bouconne comprend Ă©galement un parcours de santĂ© (proche de l'entrĂ©e de LĂ©vignac, de l'autre cĂŽtĂ© de la D24) ainsi qu'un sentier Ă©cologique (Ă proximitĂ© de la base de loisirs).
La forĂȘt a Ă©tĂ© utilisĂ©e en 1965 pour des essais d'atterrissage court du Breguet 941.
La forĂȘt est exploitĂ©e par l'ONF pour la production de bois de chauffage ou de papier selon un plan de coupe dĂ©fini en 2011 pour 20 ans[12]. Les rĂ©coltes annuelles sont 2,3 m3 par ha, soit moins que la production naturelle de bois.
Historique
Des fouilles prĂ©ventives menĂ©es en 2003 lors de la construction de l'itinĂ©raire Ă grand gabarit ont permis de dĂ©couvrir des vestiges archĂ©ologiques sur le site de Bichou sur la commune de Montaigut-sur-Save. Au PalĂ©olithique infĂ©rieur, un peuple de chasseurs-cueilleurs a laissĂ© des traces dâoutils fabriquĂ©s Ă partir des galets de la Garonne de type acheulĂ©en. Puis son successeur, l'Homme de NĂ©andertal a laissĂ© des outils plus sophistiquĂ©s de type moustĂ©rien. Au NĂ©olithique, l'homme chasseur-cueilleur devenu agriculteur, dĂ©foreste pour gagner des terres arables.
Ă l'Ă©poque romaine, la forĂȘt, domaine des tĂ©nĂšbres, nâappartient Ă personne, c'est-Ă -dire Ă tout le monde, les riverains exploitent le bois pour construire leurs maisons, leurs outils, se chauffer, faire fonctionner les fours Ă pain, produire du charbon de bois et faire paĂźtre les animaux domestiques.
L'itinéraire de l'Anonyme de Bordeaux passe dans la région et mentionne le site de Bucconis.
La forĂȘt de Bouconne qui s'Ă©tend alors sur 30 km jusqu'Ă Rieumes sur les hautes terrasses alluviales de la rive gauche de la Garonne, est une frontiĂšre plurisĂ©culaire entre Gascons et Languedociens[13]. TraversĂ©e par la route qui reliait l'Aquitaine au Languedoc, c'Ă©tait un lieu de passage trĂšs important dĂšs que le lit de la Garonne s'Ă©loigna vers l'est[2].
Au Moyen Ăge, les seigneurs puis comtes de L'Isle-Jourdain, par la force, les alliances, les hĂ©ritages, prennent possession des forĂȘts et accordent des droits aux communes riveraines contre avantages ou rĂ©munĂ©rations. Pacage, glandĂ©e, affouage sont accordĂ©s aux communes environnantes et aussi certains droits Ă la ville de Toulouse. Les restrictions de ces droits dâusage provoqueront au cours des siĂšcles de nombreux conflits entre paysans riverains et seigneurs. Ces droits d'usage nuisent malheureusement Ă la vĂ©gĂ©tation et toute l'histoire de la forĂȘt va se rĂ©sumer dans la lutte entre le seigneur qui veut protĂ©ger les arbres, et les usagers qui veulent en tirer le maximum de profit immĂ©diat.
Sous Henri IV, la forĂȘt de Bouconne devient royale et les tentatives dâorganisation de l'exploitation forestiĂšre pour l'Ătat se heurtent Ă l'opposition des paysans, qui revendiquent leurs droits dâusage ancestraux. Sous le rĂšgne de Louis XIV, Colbert entreprend la rĂ©forme des forĂȘts françaises, pour une exploitation rationnelle[14].
En 1833, le nouveau code forestier est mis en application : le rĂ©gime d'exploitation adoptĂ© est celui de taillis sous futaie avec rĂ©volution de 25 ans. Un large chemin nord-est - sud-ouest, la Grande-TranchĂ©e, traverse la forĂȘt dans toute sa longueur et permet l'Ă©vacuation facile des bois, qui sont surtout dirigĂ©s sur Toulouse[15]. Des maisons forestiĂšres sont construites et des gardes forestiers sont mis en place pour combattre les actes malveillants. Ă partir de la tranchĂ©es, des parcelles dĂ©limitent la forĂȘt en lots de coupe de 20 ha. En 1872, on dĂ©cide de redĂ©couper en 2 ces lots, on retrouve donc toujours ces parcelles dâenviron 10 ha numĂ©rotĂ©s de 1 Ă 200 en partant du nord-est et en tournant dans le sens inverse des montres.
La tour du tĂ©lĂ©graphe Chappe est une tour ronde Ă trois Ă©tages datant de 1834 et qui servit jusquâen 1850 Ă transmettre les signaux Chappe de Paris Ă Toulouse et Narbonne via Bordeaux. Les informations circulaient de tour en tour distantes environ de 5 Ă 8 km. Elle a Ă©tĂ© restaurĂ©e en 1994 par Georges Bastien, maire de Brax.
Au moment de la révolution industrielle, avec l'utilisation du pétrole et du gaz, l'énergie bois perd de son importance.
La Seconde Guerre mondiale en augmentant subitement les besoins de bois, a bouleversé l'exploitation pour la production intensive de bois de chauffage et de bois pour gazogÚnes.
Lieu de la Résistance intérieure française, François Verdier (Forain), chef régional de la Résistance dirigeant le réseau MUR, y est exécuté le 27 janvier 1944 par la gestapo. Une stÚle a été érigée au lieu de l'assassinat.
- Croix Sainte-Dominique
- Télégraphe Chappe de Lévignac
- StĂšle Ă la mĂ©moire de François Verdier dans la forĂȘt de Bouconne
- Tests du Breguet 941 en mai 1965
En 2019 une victime de meurtre est retrouvĂ©e dans la forĂȘt de Bouconne en bordure de route[16].
Références
- Coordonnées relevées à l'aide de Google Maps au carrefour de Lévignac
- « L'Histoire au cĆur de l'Ă©crin vert toulousain », La DĂ©pĂȘche,â (lire en ligne)
- J. Mallet et J. Liwerand, « Revue forestiĂšre française - Novembre 1956 : Bouconne, chĂȘnaie dĂ©gradĂ©e du pays toulousain »
- Sandre, « Fiche cours d'eau - Le Ruisseau de CérÚs (O2550500) » (consulté le )
- Sandre, « Fiche cours d'eau - Le Ruisseau de la Croix (O2550530) » (consulté le )
- Sandre, « Fiche cours d'eau - Le Ruisseau du Paradis (O2120540) » (consulté le )
- Sandre, « Fiche cours d'eau - Le Ruisseau du Gajea (O2130520) » (consulté le )
- « L'histoire de la forĂȘt », sur le site du Syndicat mixte pour l'amĂ©nagement de la forĂȘt de Bouconne.
- DĂ©cret du 11 septembre 2009 portant classement comme forĂȘt de protection de la forĂȘt de Bouconne sur le territoire des communes de Brax, Daux, Lasserre-PradĂšre, LĂ©guevin, LĂ©vignac-sur-Save, MĂ©renvielle, Mondonville, Montaigut-sur-Save et Pibrac dans le dĂ©partement de la Haute-Garonne et sur le territoire de la commune de Pujaudran dans le dĂ©partement du Gers, JORF no 212 du 13 septembre 2009, p. 15076, texte no 8, NOR AGRT0913921D, sur LĂ©gifrance.
- « INPN, ZNIEFF 730010255 - ForĂȘt de Bouconne », INPN - Inventaire National du Patrimoine Naturel,â (lire en ligne)
- « Pibrac. La forĂȘt de Bouconne vient dâĂȘtre classĂ©e Espace Naturel Sensible », La DĂ©pĂȘche,â (lire en ligne)
- « ForĂȘt de Bouconne : "Pas d'intensification de l'exploitation forestiĂšre" », La DĂ©pĂȘche,â (lire en ligne)
- Serge Brunet, « Perceptions identitaires et nationales dans la France de la premiĂšre modernitĂ© : de la francitĂ© et de lâhispanitĂ© des Gascons », sur Academia.edu (consultĂ© le ), p. 64-65
- « Bouconne : une histoire turbulente », La DĂ©pĂȘche,â (lire en ligne)
- Simone Henry, « La forĂȘt de Bouconne », Revue gĂ©ographique des PyrĂ©nĂ©es et du Sud-Ouest. Tome 13, fascicule 2-3,â annĂ©e 1942 (lire en ligne)
- https://www.ladepeche.fr/2022/06/15/toulouse-cour-dassises-18-ans-requis-pour-la-tentative-dassassinat-10367407.php