AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

FĂȘte de la Saint-Jean

La fĂȘte de la Saint-Jean, traditionnellement accompagnĂ©e de grands feux de joie (Ignes jucunditatis en latin) ou Nied Fyr (« Feux de Joie » dans le dialecte des Francs) ou encore feux de la Saint-Jean dans la tradition chrĂ©tienne, est la fĂȘte de Jean le Baptiste, le 24 juin.

Jules Breton, La FĂȘte de la Saint-Jean, 1875, musĂ©e des Beaux-Arts de Philadelphie

Elle est proche du solstice d'été dans l'hémisphÚre nord, qui a lieu le plus fréquemment le 21 juin, exceptionnellement le 19 juin (prochaine occurrence en 2488), rarement le 20 juin (occurrences en 1896, 2008 et 2012) et le 22 juin (occurrences en 1975, au début du XXIIIe siÚcle puis en 2302).

Le solstice d'Ă©tĂ© est fĂȘtĂ© depuis longtemps, originellement en lien avec le culte du soleil. Les feux de solstices ou feux solsticiaux paĂŻens Ă©taient au Moyen Âge allumĂ©s aux points de croisement des chemins, dans les champs, pour empĂȘcher que les sorciĂšres et magiciennes n'y passent pendant cette nuit ; on y brĂ»lait parfois les herbes cueillies le jour de la Saint-Jean, contre la foudre, le tonnerre, les orages et l'on pensait Ă©carter par ces fumigations les dĂ©mons et les tempĂȘtes »[1]. AprĂšs avoir tentĂ© d'empĂȘcher cette fĂȘte paĂŻenne, l'Église catholique l'a christianisĂ©e en la dĂ©diant Ă  Saint-Jean, mais sans participer aux rituels dĂ©lictuels qui se sont conservĂ©s au moins jusqu'au XIXe siĂšcle dans une grande partie de l'Europe.

Origines

Les fĂȘtes antiques du solstice d'Ă©tĂ©

En Syrie et en PhĂ©nicie, le solstice donnait lieu Ă  une grande fĂȘte en l'honneur de Tammuz, qui commençait la veille au soir, comme dans la Saint-Jean traditionnelle.

En Europe, la fĂȘte prĂ©chrĂ©tienne est une fĂȘte pastorale et agricole, mais Ă©galement une fĂȘte de l'union conjugale[2]. La signification du feu rituel est celle d'un feu terrestre homologue du feu cĂ©leste du soleil. La finalitĂ© du rituel aurait changĂ© dans les temps prĂ© et proto-historiques : initialement, destinĂ© Ă  soutenir le soleil Ă  son apogĂ©e, mais Ă  la veille de son dĂ©clin, ses fonctions prophylactiques et fĂ©condantes auraient prĂ©valu par la suite, quand le rituel s'est appliquĂ© Ă  l'agriculture et Ă  l'Ă©levage[2].

Les feux de la Saint-Jean, repris par les chrétiens avec le nom de Saint-Jean (souvent avec une tolérance du clergé, mais sans qu'un représentant officiel de l'église catholique n'y prenne jamais part, hormis parfois, localement, pour bénir l'arbre de la Saint-Jean[3] à la demande des habitants de la paroisse), auraient été copiés sur les rites datant d'avant la christianisation de bénédiction des moissons, des troupeaux et des habitations.

Selon Jean Haudry, les chrĂ©tiens ont trĂšs tĂŽt reliĂ© les fĂȘtes du feu du solstice d'Ă©tĂ© Ă  Saint Jean Baptiste en jouant sur la signification d'un passage de l'Ă©vangile « il faut qu'il [JĂ©sus] croisse et que moi [Jean] je diminue Â» (Jean, 3, 30) qui a une tout autre signification[2].

La naissance de saint Jean Baptiste

Le rĂ©cit de saint Jean Baptiste se trouve dans l'Évangile selon Luc (Lc 1), imbriquĂ© avec celui de la naissance de JĂ©sus-Christ : l'auteur raconte l'apparition de l'ange Gabriel Ă  Zacharie, un vieux prĂȘtre du Temple de JĂ©rusalem. Il lui annonce que sa femme Élisabeth, qui ne lui a pas donnĂ© d'enfant et souffre de sa stĂ©rilitĂ©, va lui donner un fils, nommĂ© Jean, qui sera un prophĂšte. Zacharie refuse de le croire, compte tenu de son grand Ăąge et de la stĂ©rilitĂ© de sa femme : il est puni de son incrĂ©dulitĂ© par la perte de la parole. Neuf mois plus tard, Elisabeth donne naissance Ă  un garçon. Lors de la circoncision de l'enfant, sa famille s'Ă©tonne de son souhait de le nommer Jean, et interroge Zacharie qui confirme le choix de sa femme par Ă©crit, avant de retrouver l'usage de la parole pour chanter un cantique de louange.

Cet événement fait l'objet d'un culte à la date du 24 juin, au moins dÚs le VIe siÚcle.

La fĂȘte liturgique de la NativitĂ© de saint Jean Baptiste

Pour les Églises catholiques et orthodoxes, la fĂȘte du 24 juin, six mois avant NoĂ«l, cĂ©lĂšbre la NativitĂ© de Jean Baptiste, cousin de JĂ©sus Christ.

Dans l’Église catholique

L'Église latine, assistĂ©e par le pouvoir des empereurs et des rois a d'abord cherchĂ© Ă  interdire les feux solsticiaux et les rites paĂŻens pratiquĂ©s Ă  cette occasion. Ainsi, vers le milieu du VIIe siĂšcle, saint Éloi dans l'un de ses sermons les prohibait vigoureusement : « Que nul, Ă  la fĂȘte de saint-Jean ou dans des solennitĂ©s quelconques, ne cĂ©lĂšbre les solstices et ne se livre Ă  des danses tournantes ou sautantes, ou Ă  des caraules, ou Ă  des chants diaboliques » (Nullus in festivitate sancti joannis, vel quibuslibet solennitatibus, solstitia, aut vallationes vel saltationes, aut caraulas, aut cantica diabolica exerceat)[4]

L'Église catholique, assistĂ©e par le pouvoir laĂŻque, a ensuite christianisĂ© la pratique paĂŻenne, tout en condamnant, plus ou moins vivement, les feux sacrilĂšges paĂŻens (par exemple explicitement condamnĂ©s par le capitulaire de 742 Ă©dictĂ© par Karloman et contenant des dispositions prohibitives relatives aux coutumes paĂŻennes, lesquelles incluaient « ces feux sacrilĂšges qu'on appelle nied fyr », nied fyr signifiant feux de joie [5] - [6] ou certains rituels associĂ©s (dont l'allumage des feux solsticiaux par le frottement du bois[7], par opposition aux feux normaux, allumĂ©s par un silex frottĂ© contre un briquet d'acier)[6]. Allumer un feu par le frottement du bois Ă©tait considĂ©rĂ© au VIIIe siĂšcle par l'auteur anonyme de l' lndiculus superstitionum et paganiarum comme une pratique paĂŻenne et sacrilĂšge.

Avant le concile de Trente, la fĂȘte de la NativitĂ© de saint Jean Baptiste semble avoir Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©e par un temps de jeĂ»ne d'une durĂ©e mal connue, attestĂ© aux IXe et XIe siĂšcles, et qui n'aurait pas encore tout Ă  fait disparu Ă  la fin du XIIIe siĂšcle. La veille, 23 juin, est une vigile oĂč l'on jeĂ»ne et dispose d'une messe spĂ©cifique, oĂč est lu le rĂ©cit de l'apparition de l'ange Gabriel Ă  Zacharie, ainsi que le rĂ©cit de la vocation de JĂ©rĂ©mie[8].

Le sacramentaire lĂ©onin, au VIe siĂšcle, indique pour le jour de la fĂȘte deux messes au choix, et deux autres, Ă©galement au choix, pour la cĂ©lĂ©bration au baptistĂšre du Latran, consacrĂ© Ă  saint Jean Baptiste. Au IXe siĂšcle, les sacramentaires comptent la fĂȘte de la Saint-Jean-Baptiste comme l'une des plus importantes de l'annĂ©e. Au total, on cĂ©lĂšbre trois messes Ă  cette occasion : celle de la veille, celle de la nuit et celle du jour. À Rome, la messe de la nuit est cĂ©lĂ©brĂ©e au baptistĂšre du Latran. La plupart des textes chantĂ©s lors des messes ou de l'office sont tirĂ©s des Ă©vangiles ou des prophĂštes[8]. La messe du jour, la plus solennelle, dispose d'une sĂ©quence.

Au cours du temps, l'usage de la messe de la nuit disparaĂźt et elle est dĂ©finitivement supprimĂ©e lors du concile de Trente, avec la sĂ©quence de la messe du jour. Les textes de la messe de la veille et du jour mĂȘme restent les mĂȘmes qu'auparavant, tirĂ©s pour la plupart de l’Évangile de Luc et des prophĂštes IsaĂŻe et JĂ©rĂ©mie.

La fĂȘte dispose d'une octave, le 1er juillet.

Depuis la rĂ©forme liturgique de 1969, la NativitĂ© de saint Jean Baptiste a le rang d'une solennitĂ©, c'est-Ă -dire qu'elle compte parmi les fĂȘtes les plus importantes de l'annĂ©e. La vigile, le 23 juin, est supprimĂ©e, de mĂȘme que l'octave. Seule subsiste la messe du jour, oĂč on lit le rĂ©cit de la naissance.

FĂȘtes traditionnelles

Pays baltes, slaves, nordiques

Feu de joie de Midsummer, en Finlande.

Canada

Au QuĂ©bec, il s'agit dĂ©sormais de la FĂȘte nationale du QuĂ©bec. La fĂȘte a remplacĂ© la fĂȘte religieuse traditionnelle de la Saint-Jean-Baptiste qui soulignait jadis le dĂ©but de l'Ă©tĂ© et donnait lieu Ă  des feux de joie sur les berges du Saint-Laurent. Dans les annĂ©es 1960 et 1970 la Saint-Jean est devenue au QuĂ©bec l'un des symboles de l'affirmation nationale quĂ©bĂ©coise, devenant le point de convergence des grands rassemblements politiques, sociaux et culturels ainsi qu'un Ă©vĂ©nement trĂšs festif, rassembleur, mĂ©diatisĂ© et extrĂȘmement populaire, mobilisant les plus importants artistes et intellectuels de cette sociĂ©tĂ© francophone d'AmĂ©rique. Elle demeure Ă  ce jour un des rendez-vous annuels majeurs de la collectivitĂ© quĂ©bĂ©coise. Elle fĂ»t officiellement renommĂ©e et dĂ©crĂ©tĂ©e "FĂȘte nationale du QuĂ©bec" par le gouvernement quĂ©bĂ©cois en 1977, bien que la population la surnomme encore frĂ©quemment "Saint-Jean" de maniĂšre officieuse.

Les plus importantes cĂ©lĂ©brations de la Saint-Jean-Baptiste au Canada français hors QuĂ©bec ont lieu dans le cadre du Festival franco-ontarien, qui se tient chaque annĂ©e Ă  Ottawa, en Ontario. La Saint-Jean-Baptiste est aussi une cĂ©lĂ©bration importante pour la rĂ©gion du nord de l'Ontario dans diverses petites villes, dont Hearst et Kapuskasing. Bien que la cĂ©lĂ©bration de la Saint-Jean-Baptiste par les Acadiens en tant que fĂȘte catholique ne soit pas inconnue, elle est largement surpassĂ©e par la FĂȘte nationale de l'Acadie le 15 aoĂ»t, instituĂ©e en 1881 lors d'une convention acadienne, alors que cette date Ă©tait en compĂ©tition avec le 24 juin.

À Mons

À Mons, jusqu'en 1823, la Saint-Jean se fĂȘtait par l'allumage d'un feu dans chaque quartier. Ce feu Ă©tait accompagnĂ© d'un coq en cage. Les feux sont montĂ©s grĂące aux rĂ©coltes de bois des enfants. Un concours de chant a aussi lieu Ă  la Saint-Jean. Le premier prix en est un coq vivant.

À la suite d'un incendie survenu dans une autre ville de Belgique, le collĂšge des bourgmestre et Ă©chevins de l'Ă©poque interdit la fĂȘte.

Depuis le , une nouvelle fĂȘte a repris grĂące Ă  un comitĂ© formĂ© pour la circonstance, l'association non lucrative Les Feux de saint Jean[9]. Au dĂ©part, des cortĂšges accompagnĂ©s de tambours parcouraient la ville pour annoncer la mise Ă  feu d'un bĂ»cher sur la place Nervienne. De nombreuses animations culturelles se dĂ©roulaient toute la soirĂ©e sur la place Nervienne ainsi que dans les casemates (anciens dĂ©pĂŽts militaires) y attenant.

La formule a Ă©voluĂ© depuis 1990 et s'est vue complĂ©tĂ©e de diverses animations, entre autres pour les enfants. Une cĂ©rĂ©monie spectacle se dĂ©roule sur la Grand-Place de Mons Ă  laquelle participent 300 figurants et 200 musiciens. Ensuite ce sont plus de 6 000 personnes qui se rendent sur la place Nervienne munis de flambeaux dans un cortĂšge rythmĂ© par 8 formations musicales. Un final musical accompagne le boutage de feu. En 2008, 20 000 personnes ont participĂ© Ă  la manifestation qui se dĂ©roulait en une soirĂ©e. À partir de 2009 deux jours sont consacrĂ©s Ă  cette manifestation.

  • Boutage de Feu Ă  la Place Nervienne, Mons
    Boutage de Feu Ă  la Place Nervienne, Mons
  • DĂ©but de la Procession Ă  la Grand-Place de Mons
    DĂ©but de la Procession Ă  la Grand-Place de Mons

Dans les villages entourant Mons

Les feux de la Saint-Jean autrement appelĂ© "Les Feux Saint-Pierre" dans les petits villages requiĂšrent un minimum de prĂ©paration. En effet, des groupes sont formĂ©s. Les plus ĂągĂ©s s'occupent d'amener de grandes souches vers les carrefours oĂč le bois s'accumulent. La nuit, un autre groupe monte la garde afin de s'assurer que personne ne vienne voler. D'autres groupes ramassent des lots qui rĂ©compenseront les laurĂ©ats des jeux populaires. Tout l'aprĂšs-midi se dĂ©roulent les jeux et une fois le soleil couchĂ©, les feux sont allumĂ©s. Des discours et des chants sont prononcĂ©s et enfin vient la distribution des "pagnons de Wasmes", tartes au sucre dorĂ©es et croustillantes.

En Espagne

Cette fĂȘte est cĂ©lĂ©brĂ©e aussi dans plusieurs endroits (villes et villages) d’Espagne. Elle symbolise le combat entre les forces du Bien et du Mal (Dieu et Satan), avec le triomphe du premier.

Le San XoĂĄn Galicien

Il est célébré la nuit du 23 au 24 juin. Le feu est le protagoniste, puisqu'il est considéré un élément purificatoire.

Les jours prĂ©cĂ©dant la fĂȘte, les jeunes apportent du bois pour faire un feu de joie, et l’allumer la nuit. Quand le feu de joie est plus ou moins consommĂ©, les gens sautent par-dessus. Ainsi, et selon la tradition et la croyance populaires, on expulse les impuretĂ©s et on Ă©loigne les malĂ©fices.

Un autre rite, autrefois intimement associĂ© de cette fĂȘte, est celui des « herbes de la Saint-Jean » ou bouquet de la Saint-Jean. La veille de la Saint-Jean, c'est-Ă -dire du Solstice (le soir du 23 juin, ou dans la nuit, ou le matin), on cueillait des herbes diffĂ©rentes (sept selon certains tĂ©moignages), aromatiques (odorifĂ©rantes) ou pas, pouvant varier selon les rĂ©gions d'Europe. Ces herbes acquĂ©raient des propriĂ©tĂ©s prĂ©tendument magiques quand ont les passait dans la fumĂ©e du feu : il s'agissait par exemple du fenouil, du romarin, des mauves, des fougĂšres mĂąles, des roses sauvages
 On laissait parfois le bouquet dans l’eau pendant la nuit et le lendemain, on le sortait et on se lavait le visage avec l’eau. On garde le bouquet, le laissant sĂ©cher pendu derriĂšre la porte de la maison, pour la protĂ©ger des sorciers, sorciĂšres, sorts et autres sorcelleries. Une autre tradition, moins connue, consistait - selon Laurent Joubert (1579)[10], citĂ© par E.H Guitard dans la Revue d'histoire de la pharmacie[11] - pour les femmes craignant d'ĂȘtre stĂ©rile, Ă  porter une ceinture faite avec ces herbes, sous la robe, ou au-dessus, pour ĂȘtre plus fĂ©condes.

La gastronomie typique de la Saint-Jean en Galice

À la Saint-Jean galicienne, il est habituel de manger des sardines, puisqu’elles sont en saison et c’est une tradition de manger ce poisson. Les sardines sont rĂŽties dans des braises faites avec des caisses, du bois, etc. On mange les sardines avec du pain de maĂŻs, appelĂ© broa, accompagnĂ©es de vin rouge.

En Catalogne, il est de coutume de manger la « Coca de Sant Joan », une espÚce de galette sucrée[12].

En Catalogne

Chaque année, la fin de semaine précédant la Saint-Jean, les villages de Catalogne montent à la croix du Pic du Canigou un petit fagot de sarments.

Le 22 juin, 3 montagnards du cercle des jeunes de Perpignan portent la flamme du Canigou depuis le Castillet de Perpignan et régénÚrent la flamme chaque année. Elle est ensuite descendue et distribuée dans chaque village des pays catalans, en Provence et dans des associations catalanes dans le monde.

Le 23 juin vers 22 heures, tous les villages allument un bûcher avec cette flamme[13].

En France

La fĂȘte de la Saint-Jean Ă©tait traditionnellement, dans la plupart des paroisses de France, la fĂȘte de la Jeunesse avec des jeux et des rites de passages qui Ă©taient Ă  la fois le moment de rĂ©ception des nouveaux membres de la bachelerie du village ou du quartier (les adolescents), et l'Ă©lection du roi et de la reine de la Jeunesse pour la nouvelle annĂ©e. Cette fĂȘte, qui Ă©tait celle de l'apogĂ©e de l'ÉtĂ©, Ă©tait fortement marquĂ©e par la musique. Elle commençait le matin avec la messe de la Saint-Jean au cours de laquelle on chantait et jouait l'Hymne Ă  saint Jean-Baptiste qui a donnĂ© son nom aux notes de musiques, et comportait toujours le soir une veillĂ©e avec un grand feu allumĂ© avec des bĂ»ches que les jeunes gens et les jeunes filles Ă©taient allĂ©s mendier les jours prĂ©cĂ©dents dans chaque maison. Elle se terminait par un bal nocturne.

Paris

Au Moyen Âge, la ville y donne sur la place de GrĂšve des fĂȘtes ainsi que le feu de la Saint Jean. Celui-ci qui Ă©tait traditionnellement allumĂ© par le roi de France en personne, perdura jusqu’en 1648, date Ă  laquelle Louis XIV officia pour la derniĂšre fois[14].

Le bûcher de la Saint-Jean se pratiquait jadis à Paris, les autorités de la ville se chargeant de son organisation. Le feu était traditionnellement allumé par le roi de France en personne sur la Place de GrÚve (actuellement Place de l'HÎtel-de-Ville), coutume qui perdura jusqu'en 1648, date à laquelle Louis XIV officia pour la derniÚre fois[15].

Alsace et Lorraine

Dans certaines communes françaises, un bĂ»cher de bois d'une dizaine de mĂštres de haut est construit pour ĂȘtre brĂ»lĂ© le soir de la fĂȘte, notamment dans la grande majoritĂ© des communes du nord de l'Alsace, ainsi que dans le sud de l'Alsace dans les communes de la vallĂ©e de la Thur et du pays de Thann, et rĂ©cemment de la vallĂ©e de la Doller, mais aussi dans le Loiret Ă  Chemault et en Lorraine Ă  Contz-les-Bains, Harsault et Fontenoy-le-ChĂąteau notamment. En Alsace, le bĂ»cher est appelĂ© un fackel, dans la petite commune de Soultzbach-les-Bains, cette tradition perdure le feu est appelĂ© JohĂ nisfirla et est fĂȘtĂ© chaque annĂ©e le dernier samedi de juin. Dans les Vosges, ainsi que dans le Sud de Meurthe-et-Moselle, cette construction est appelĂ©e une chavande ; Daniel Bontemps rĂ©fĂ©rence Ă©galement le terme bĂ»le[16].

Contz-les-Bains - La roue
Contz-les-Bains. La roue enflammée

À Sierck-les-Bains, en Lorraine, les lumiĂšres de la ville s'Ă©teignent Ă  la nuit tombĂ©e et l'on fait descendre le long de la colline du Stromberg, de la commune voisine Contz-les-Bains, une roue de feu qui termine sa course dans la Moselle. Cette roue artisanale d'un diamĂštre de 2,10 m est bourrĂ©e de sarments de vigne et de paille que l'association La Jeunesse de la Saint-Jean de Contz-les-Bains enflamme juste avant de la lancer du haut de la colline face au chĂąteau des Ducs de Lorraine de Sierck-les-Bains. Il s'ensuit l'embrasement du bĂ»cher.

Les villageois de Contz-les-Bains en liaison avec la ville de Sierck-les-Bains, répÚtent chaque année au mois de juin cette cérémonie, un rite bien étrange qui remonte à la nuit des temps. Cette coutume est une survivance d'un culte solaire trÚs ancien et devenu rare de nos jours. Beaucoup d'historiens citent dans leurs travaux la roue enflammée du Stromberg[17].

En Provence

Au sommet du Mont Ventoux, le 23 juin au soir, prĂšs de la chapelle Sainte Croix, on se rassemble. Le matin ou la veille, Ă  BĂ©doin et dans les villages environnants, a eu lieu la "recampado" (La rĂ©union) oĂč chacun a pu apporter son fagot, ou sa brassĂ©e de genĂȘts.

L'allumage du brasier au sommet du Ventoux est vu de trĂšs loin, et les villages des plaines environnantes se calent dessus pour allumer le leur.

Autrefois dans les foires de la Saint Jean, on pouvait acheter des trompettes en terre cuite dans lesquelles on soufflait pour faire se lever le vent, propice à la bonne menée de la moisson et le criblage du blé. on appelait ces trompettes "de la Saint Jean". Certains de ces instruments ont été retrouvées lors de la construction de l'observatoire au XIXe s.

Pyrénées

Le brandon à Saint-Aventin (vallée du Larboust), photographie d'EugÚne Trutat, 1898
Pont-sur-Seine (25 juin 2011)

Dans les Pyrénées, et particuliÚrement en Comminges, le feu de la Saint-Jean s'appelle le brandon. Il est constitué par un tronc de conifÚre préparé longtemps à l'avance : il est fendu longitudinalement, sur tout le pourtour, en plaçant dans les fentes des coins de bois. Finalement, il a une forme de fuseau, il est dressé et on y met le feu.

Dans les Pyrénées-Orientales, une marche est organisée du Canigou à Perpignan : les marcheurs portent des torches qui viennent grossir le feu qui brûle aux pieds du Castillet. Cette cérémonie est suivie de sardanes, danses traditionnelles catalanes, et de feux d'artifice.

La ville de BagnĂšres-de-Luchon cĂ©lĂšbre Ă©galement la Saint-Jean avec des brandons. Elle a par ailleurs dĂ©posĂ© un dossier de candidature pour l'inscription de la tradition au patrimoine culturel immatĂ©riel de l'humanitĂ©, conjointement avec l'Andorre et l'Espagne. Candidature qui a Ă©tĂ© acceptĂ©e en dĂ©cembre 2015 Ă  la dixiĂšme session du ComitĂ© intergouvernemental, dĂšs lors inscrite sur la Liste reprĂ©sentative du patrimoine culturel immatĂ©riel de l’humanitĂ©.

Pays du Mont-Blanc

En Haute-Savoie, au pied du Mont-Blanc, la vallĂ©e de l'Arve fĂȘte la Saint-Jean en illuminant les cimes qui l'entourent. Durant le week-end qui suit la Saint-Jean des montagnards des communes du Pays du Mont-Blanc (Passy, Sallanches, Saint-Gervais...) gravissent de jour les monts escarpĂ©s qui entourent la vallĂ©e pour se positionner Ă  leur sommet. Ils attendent alors les derniĂšres lueurs pour allumer les feux qu'ils ont amenĂ©s avec eux. Au crĂ©puscule, tous les sommets qui encerclent cette vallĂ©e de montagne se mettent ainsi Ă  briller de maniĂšre quasi simultanĂ©e. La symbolique veut qu'en brĂ»lant de la fin du jour Ă  la nuit tombĂ©e, les feux prennent ainsi le relais des rayons solaires pour prolonger cette journĂ©e d'Ă©tĂ©, avant que les jours ne commencent Ă  se raccourcir. Ce spectacle dure une trentaine de minutes environ et est visible dans toute la vallĂ©e. Une fois les feux allumĂ©s, les montagnards redescendent quant Ă  eux de nuit jusqu'aux refuges avoisinants. Cette tradition est en place depuis le dĂ©but du siĂšcle dernier et si les premiĂšres personnes construisaient ces feux de la Saint-Jean avec du bois, voire des pneus, ce sont aujourd'hui des feux de bengale qui sont utilisĂ©s pour cette cĂ©lĂ©bration.

Limousin

Dans le Limousin, les enfants des villages (ou des villes) allaient chercher du bois-mort ou d'autres combustibles et fabriquaient eux-mĂȘmes le bĂ»cher auquel ils mettaient le feu la nuit venue. Ils avaient l'accord tacite des parents qui laissaient cĂ©lĂ©brer une tradition qu'ils avaient respectĂ©e quand ils Ă©taient plus jeunes. D'ailleurs beaucoup d'adultes venaient veiller autour du feu, c'est-Ă -dire tard, car Ă  trois jours du solstice d'Ă©tĂ©, les jours sont trĂšs longs. Dans les annĂ©es 1950, ainsi, on voyait en ville, ou sur la route, des attroupements autour de ce qui ressemblait Ă  un feu de camp. Lorsque les flammes baissaient, les garçons, surtout, sautaient par-dessus le feu autant de fois qu'ils le voulaient pour montrer qu'ils en Ă©taient capables. Pour profiter de cette libertĂ© nocturne, ne pas aller se coucher de bonne heure, pour une fois pouvoir s'amuser la nuit, les jeunes ravivaient le feu, quelquefois avec du laurier ce qui faisait crĂ©piter le brasier.

L'apparition des pĂ©tards, des fusĂ©es de feu d'artifice ont provoquĂ© des accidents que les Ă©diles ont voulu Ă©viter pour la population mais aussi pour ne pas ĂȘtre accusĂ©s de laxisme. De plus, le goudronnage des routes, les chaussĂ©es transformĂ©es en aires de stationnement, l'augmentation de la circulation, la tĂ©lĂ©vision ont eu raison de ces traditions.

Auvergne

Dans le Puy-de-DĂŽme, les jeunes, souvent des Ă©tudiants, se rassemblaient Ă  Royat et montaient Ă  pied au sommet du puy de DĂŽme oĂč ils passaient la nuit en attendant l'aube du 25 juin pour observer le lever du soleil qui apparaĂźt Ă  l'horizon limitĂ© Ă  l'Est par les monts du Livradois et les monts du Forez. Quelquefois ils allumaient un feu au sommet (peut ĂȘtre aussi pour se rĂ©chauffer un peu). Cette coutume existait dans les annĂ©es 1940 et beaucoup plus tard dans les annĂ©es 1960 mais existe-t-elle encore ?

À Rennes (Ille-et-Vilaine)

Sur le territoire de la paroisse Sainte-ThérÚse, au sud de la gare, dans les années 1950, se déroulaient deux événements le soir de la Saint-Jean : un feu place de l'église, et un feu place Bir Hakeim.

  • Le feu de la place de l'Ă©glise : un caractĂšre religieux

Un petit bĂ»cher de fagots secs Ă©tait dressĂ© au milieu de la place dans l'axe de l'entrĂ©e principale de l'Ă©glise. Vers 20 heures, des paroissiens se rassemblaient autour du bĂ»cher. Un prĂȘtre de la paroisse, accompagnĂ© d'un choriste muni d'un petit seau d'eau bĂ©nite et d'un goupillon, venait rĂ©citer des priĂšres puis bĂ©nissait le bĂ»cher en l'aspergeant d'eau bĂ©nite, tout en prononçant des formules pieuses. Ensuite, l'enfant de chƓur, Ă  l'aide d'une boĂźte d'allumettes, mettait le feu au papier disposĂ© sous les fagots. Le feu se propageait vite et en quelques minutes l'ensemble du bĂ»cher flambait. Le prĂȘtre et son servant assistaient un moment Ă  la combustion puis se retiraient dans l'Ă©glise. Les fidĂšles contemplaient un moment le feu puis se dispersaient alors, les uns rentrant chez eux, les autres se rendant place Bir Hakeim.

  • Le feu de la place Bir Hakeim : un caractĂšre festif

La place Bir Hakeim Ă©tait alors un espace herbu sans utilitĂ© particuliĂšre ; c'Ă©tait une aire de jeux naturelle pour les enfants du quartier. À l'Ă©poque, avant que ne se construisent les maisons des Castors et celles du Foyer, la campagne se trouvait Ă  50 m.

De trĂšs nombreux habitants du quartier s'y rendaient en famille.

Une estrade Ă©tait dressĂ©e Ă  l'est de la place pour, dans un premier temps, un spectacle Ă  forte connotation bretonnante : musique jouĂ©e par les instruments traditionnels de Bretagne intĂ©rieure tels que binious, bombardes, et interprĂ©tĂ©e par des hommes ou adolescents costumĂ©s pour la circonstance et danses bretonnes oĂč se mĂȘlaient hommes et femmes eux aussi habillĂ©s de vĂȘtements bretons.

Puis, aprĂšs la danse sur scĂšne, venait le moment tant attendu : l'allumage du bĂ»cher. DĂšs que celui-ci Ă©tait consumĂ©, les jeunes filles et les jeunes gens entamaient de folles rondes autour des braises. Ainsi se terminait la fĂȘte puis les familles regagnaient leur domicile entre 23 heures et minuit.

Bretagne

Feu de la Saint-Jean en Bretagne (dessin, Le Petit Journal, 1893)

En 1875, la revue La Terre Sainte dĂ©crit ainsi la fĂȘte de la Saint-Jean Ă  Brest :

« À Brest la Saint-Jean a une physionomie particuliĂšre et plus fantastique encore que dans le reste de la Bretagne. L'heure venue, trois Ă  quatre mille personnes accourent sur les glacis : enfants, ouvriers, matelots, tous portent Ă  la main une torche de goudron enflammĂ©e, qu'ils agitent avec violence. Au milieu des tĂ©nĂšbres de la nuit, on aperçoit des milliers de lumiĂšres mobiles qui courent, dĂ©crivent des cercles, scintillent et embrasent l'air par d'innombrables arabesques de flammes ; parfois, lancĂ©es par des bras vigoureux, ces torches s'Ă©lĂšvent en mĂȘme temps vers le ciel, et retombent en gerbes d'Ă©toiles sur le feuillage des arbres. Une foule immense de curieux, attirĂ©s par l'Ă©trangetĂ© du spectacle, circule sous cette rosĂ©e de feu. Quand le roulement de rentrĂ©e se fait entendre, la foule reprend le chemin de la ville, le calme se rĂ©tablit, tandis que sur les routes de Saint-Marc, de Morlaix et de KĂ©rinou, on voit des torches fuir en courant, s'Ă©teindre successivement comme les feux follets des montagnes[18]. »

La commune voisine de Plougastel-Daoulas avait aussi des coutumes originales pour la fĂȘte de la Saint-Jean : le journal L'Ouest-Éclair Ă©crit le :

« La cĂŽte de Plougastel offrait hier soir, Ă  la nuit tombĂ©e, un bien curieux aspect. Çà et lĂ  de longues gerbes de flammes montaient vers le ciel. C'Ă©taient les feux que, par suite d'une antique coutume, on allume chaque annĂ©e en Bretagne, en l'honneur de la Saint Jean.
Du haut du cours Dajot, du port de commerce et de la place de Kerjean-Vras, le spectacle était féérique ! Aussi, nombreux étaient les Brestois qui s'attardaient pour jouir de ce spectacle pittoresque.

À Brest mĂȘme, au Gaz, au Pilier-Rouge, Ă  LambĂ©zellec et Ă  Saint-Pierre-Quilbignon, des feux ont Ă©tĂ© allumĂ©s et des groupes joyeux se sont formĂ©s pour danser de gaies farandoles[19]. »

Le culte du soleil Ă©tait encore pratiquĂ© de maniĂšre dĂ©tournĂ©e lors du feu de la Saint-Jean Ă  l'Île de Sein et dans le Cap Sizun. Hyacinthe Le Carguet dĂ©crit cette coutume Ă  la fin du XIXe siĂšcle :

« Le bĂ»cher Ă©tait entourĂ© d'un cercle de neuf pierres, appelĂ© Kelc'h an tĂąn (le "Cercle du feu"). On l'allumait en neuf endroits diffĂ©rents, en commençant par l'Orient. AussitĂŽt que la flamme s'Ă©levait, des jeunes gens armĂ©s de torches ou de tisons pris au bĂ»cher, alternant avec des jeunes filles, les cheveux Ă©pars sur le dos, et tenant Ă  la main une tige verte d'orpin (Sedum latifolium) dĂ©filaient processionnellement, devant le foyer, en faisant trois fois neuf tours. Les jeunes filles inclinaient, au-dessus du feu, les tiges qu'elles avaient Ă  la main, tandis que les jeunes gens agitaient, au-dessus de ces tiges, leurs torches enflammĂ©es, en dĂ©crivant des sĂ©ries de trois cercles. Le dernier des tours achevĂ©s, la procession s'arrĂȘtait. Les jeunes gens franchissaient, en sautant, trois fois le foyer ; puis, s'emparant des jeunes filles, les balançaient neuf fois au-dessus du feu, en faisant l'invocation an nao !.. an nao !.. an nao !... Les jeunes gens se rĂ©pandaient alors Ă  travers la campagne, dĂ©crivant, avec leurs torches, des cercles de feu, en criant Ă  tous les Ă©chos an nao !.. an nao !.. an nao !.. pour indiquer que le rite mystĂ©rieux Ă©tait accompli. Les jeunes filles, au contraire, entraient chez elles, pour accrocher aux poutres les tiges qui avait Ă©tĂ© passĂ©es par le feu. (
) Ces cĂ©rĂ©monies sont les restes du culte du soleil, ou la gĂ©nĂ©ration par le feu[20]. »

Charles Cottet : Les feux de la Saint-Jean (peut-ĂȘtre Ă  Plougastel), (huile sur toile, salon de 1901, manoir de Kerazan Ă  Loctudy, fondation Astor)

Un témoin décrit les feux de la Saint-Jean à Ouessant en 1910 :

« Un grand bĂ»cher pyramidal, composĂ© surtout d'ajoncs, seul bois qui pousse dans l'Ăźle, est dressĂ© sur la pointe qui domine le port et qui fait face Ă  la grande mer. À huit heures et demie, le clergĂ©, en habit de chƓur, prĂ©cĂ©dĂ© de la croix et accompagnĂ© d'un assez grand groupe de fidĂšles, s'y rand processionnellement en chantant l'hymne de la Saint-Jean. Puis il y met le feu et entonne le Te Deum. En un instant, grĂące Ă  une assez forte brise du large,ce n'est qu'un immense brasier d'oĂč jaillissent des milliers de flammĂšches. Quand la combustion est bien avancĂ©e, la procession, notablement diminuĂ©e, rentre Ă  l'Ă©glise et on se disperse. Dans la plupart des hameaux, il y a des feux de proportions plus modestes. Chacun y contribue et apporte, qui des ajoncs, qui des morceaux de bois hors d'usage. Autour de ces feux, tout le quartier se donne rendez-vous. Les grandes personnes devisent entre elles ; les jeunes gens et les enfants s'amusent. Lorsque le feu est un peu tombĂ©, on saute par-dessus. Parfois un maladroit ou un prĂ©somptueux manque son Ă©lan et tombe dans le brasier, d'oĂč il se retire avec plus de peur que de mal. Je n'ai jamais vu d'accident sĂ©rieux. Un autre jeu consiste Ă  soutenir quelqu'un par les aisselles et, par les pieds, Ă  le balancer au-dessus du feu en comptant un, deux, 
 neuf. Alors on le baisse jusqu'Ă  toucher le brasier, Ă  la grande terreur de ceux qui n'y sont pas habituĂ©s. Mais le plus pittoresque de la fĂȘte, ce sont les bispoun : on appelle ainsi des torches faites de toile goudronnĂ©e, d'Ă©toupe, de cordages effilĂ©s, de brai et autres substances inflammables. Ces torches sont solidement fixĂ©es au bout d'un bĂąton. Les enfants et les jeunes gens se poursuivent, vont en courant d'un hameau Ă  l'autre, en faisant tourner ces torches au-dessus de leurs tĂȘtes. L'effet est magique[21]. Le mĂȘme cĂ©rĂ©monial et les mĂȘmes amusements se reproduisent le 28 juin,Ă  la veille de la fĂȘte de la Saint-Pierre[22]. »

  • Le feu de la Saint-Jean Ă  Saint-Jean-du-Doigt (carte postale Émile Hamonic, vers 1930).
    Le feu de la Saint-Jean à Saint-Jean-du-Doigt (carte postale Émile Hamonic, vers 1930).
  • La fĂȘte de la Saint-Jean Ă  Arzon en 1993.
    La fĂȘte de la Saint-Jean Ă  Arzon en 1993.
  • Le feu de la fĂȘte de la Saint-Jean Ă  Quimper en 2012.
    Le feu de la fĂȘte de la Saint-Jean Ă  Quimper en 2012.
  • Le bois prĂ©parĂ© pour le Feu de la Saint-Jean Ă  Quimper en 2013.
    Le bois préparé pour le Feu de la Saint-Jean à Quimper en 2013.

Les sonneurs de jonc (ou sonnerie de bassin)

Dans beaucoup de communes d'Ille-et-Vilaine et de Bretagne, la tradition était de sonner le jonc le soir de la St Jean. On utilisait un grand bassin en cuivre qui servait habituellement aux travaux domestiques (faire le boudin, etc.) dans lequel on versait au fond un peu de vinaigre ou de l'eau. A Arbrissel (35) on utilisait des brins de jonc que l'on frottait entre les doigts, aidé d'une autre personne qui maintenait ces brins contre le bassin en cuivre. Le son que le bassin et le jonc produisent permettait d'appeler la population de toute la commune aux festivités. L'instrument était joué par les anciens du village, un repas suivait ainsi qu'un bal aprÚs le feu.

À Laval (Mayenne)

Tous les ans, Ă  la Saint-Jean d'ÉtĂ©, la charibaude Ă©tait allumĂ©e Ă  Laval. Dans la mĂȘme rĂ©gion, Ă  Craon, le 24 juin, le chapitre de Saint-Nicolas dressait, sur la place de l'Ă©glise, une haute pyramide de fagots, nommĂ©e charibaude, Ă  laquelle il venait processionnellement mettre le feu. AussitĂŽt, la foule faisait Ă©clater sa joie par des cris et des danses autour du bĂ»cher. Les jeunes gens les plus agiles se faisaient un jeu de sauter Ă  travers, et quand le feu Ă©tait prĂšs de s'Ă©teindre, c'Ă©tait Ă  qui emporterait chez soi un brandon fumant, un prĂ©cieux talisman contre la foudre.

À Soultzbach-les-Bains (Alsace)

Feu de la Saint-Jean Ă  Soultzbach-les-Bains (2015).
Feu de la Saint-Jean Ă  Soultzbach-les-Bains (1999).

Depuis des siĂšcles, le feu de la Saint-Jean Ă  Soultzbach-les-Bains est organisĂ© par les conscrits (avant l'incorporation Ă  l'armĂ©e), c'est aussi une Ă©preuve de courage ; en effet les conscrits doivent franchir le feu, dressĂ© avec des sarments de vignes. Le feu a lieu le dernier samedi du mois de juin de chaque annĂ©e. Y participent les adolescents de 16 Ă  18 ans, dans une tenue adĂ©quate, avec des chapeaux couverts de roses fraĂźches, cueillies le jour mĂȘme.

À Bazas (Aquitaine)

Depuis le XIVe siĂšcle, Bazas fĂȘte la Saint-Jean et en profite pour mettre Ă  l'honneur son histoire locale, la tradition du BƓuf Gras.

À Saint-Jean-de-Luz (Aquitaine)

Durant 5 jours, du 20 au 24 juin, les fĂȘtes de la Saint Jean sont cĂ©lĂ©brĂ©es par des spectacles, concerts, bandas (groupes de musiques traditionnelles basques), animations musicales, courses et animations sportives (pelote basque...), jeux pour enfants, jeux de force basque, concours gastronomiques, fĂȘte foraine et les traditionnels feux de la Saint Jean.

Les habits traditionnels portĂ©s lors des fĂȘtes de la Saint Jean sont de couleurs rouges (bĂ©ret, foulard ainsi qu’écharpe autour de la taille) et noirs.

À Ghisonaccia (Haute-Corse)

Le soir du 23 ou du 24 juin, la paroisse de Ghisonaccia fĂȘte Saint Jean le Baptiste. Un office est cĂ©lĂ©brĂ© dans la chapelle Saint-Antoine (sur la route de Ghisoni), puis les fidĂšles partent en procession, quatre hommes portant une statue du saint, et rejoignent la place centrale du hameau de Ghisonaccia-gare oĂč est dressĂ© un bĂ»cher auquel est mis le feu.

À Turin

La Saint-Jean est la fĂȘte patronale de la ville de Turin, marquĂ©e par des Ă©vĂ©nements organisĂ©s dans la ville : dĂ©filĂ© historique, feux d'artifice, etc[23].

En Vallée d'Aoste

La tradition des feux de joie est rĂ©pandue dans la commune walser de Gressoney-Saint-Jean en honneur du saint patron, Ă  la Saint-Jean d'ÉtĂ©[24]. Ces feux sont appelĂ©s localement Sankt Joanns Feuer en allemand.

Cette tradition est également présente à Ayas[25].

Le terme indiquant les feux de joie de la Saint-Jean dans les différents patois valdÎtains, outre à la dénomination générique fouà de Sen Djouàn / de SÚn Piére, dériverait de la voix germanique *BALD, « audacieux », via l'ancien français « bald » : boudéra (à Brusson), abédole (à Ayas), bouidÚrotsi (à Champorcher), budoe / abudoe (à Arnad), bedderouve (Champdepraz), bedouye (à Saint-Marcel), booudouye (à Fénis) et bideuye (à Verrayes)[26].

Venezuela

Le cycle des festivités autour de la vénération et du culte de Saint Jean-Baptiste *
Pays * Drapeau du Venezuela Venezuela
Liste Liste représentative
AnnĂ©e d’inscription 2021
* Descriptif officiel UNESCO

Présenté par le Venezuela, « le cycle des festivités autour de la vénération et du culte de Saint Jean-Baptiste » est sélectionné sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO en [27].

Saint-Jean d'Hiver

La Saint-Jean d'Hiver proche du solstice d'hiver (21 dĂ©cembre), est la fĂȘte de Jean l'ÉvangĂ©liste, le 27 dĂ©cembre. À cette Ă©poque, le Soleil est au plus bas, il recommence Ă  monter sur l'Ă©cliptique.

Cette fĂȘte folklorique a lieu Ă  ChiĂšvres, Mons (Belgique) et dans diffĂ©rentes rĂ©gions françaises, notamment en Bretagne, en Galice, ainsi qu'en Roussillon, principalement Ă  Perpignan.

Notes et références

  1. « Cum in die S. Joannis, propter jucunditatem, multa pie aguntur a fidelibus, puta pulsatio campanario et ignes jucunditatis, similer summo mane exeunt ad colligendas herbas odoriferas et optimas et medicinales ex suia natura et plenitudine virtutum propter tempus
 Quidam ignes accendunt in compitis viarum, in agris, ne inde sortileg et maleficiĂŠ illa nocte transitum faciant, et, ut ego propriis oculis vidi, alii herbas collectas in die S. Joannis incendentes contra fulgura, tonitrua et tempestates, credunt suis fumigationibus arcere dĂŠmones et tempestates » / Tractatus tractatuum, Ă©dit. de Lyon, 1544, IX, 133
  2. Jean Haudry, Les feux de Rome, Revue des Ă©tudes latines 90, 2013, p. 57-82
  3. Mem. de la Soc. des antiquaires de France, 1Úre série, t. V, p. 387
  4. "Vita Eligii", vie de saint Éloi
  5. titre V du capitulaire de 742 édicté par Karloman
  6. Maximin Deloche, « MĂ©moire sur la procession dite de la Lunade et les feux de la Saint-Jean Ă  Tulle (bas Limousin) », MĂ©moires de l'Institut national de France, vol. 32, no 2,‎ , p. 143–200 (ISSN 0398-3609, DOI 10.3406/minf.1891.1522, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. Lindenbrog ; Codex leg. angiq. Barbarof. , Francfort, 1613, p. 1445, Col. 1
  8. Dom EugĂšne Flicoteaux, o.s.b., La NoĂ«l d’ÉtĂ©, Lophem,
  9. « A propos, Feux de la Saint-Jean, Mons »
  10. Traité de Laurent Joubert, sur les erreurs populaires 2e édition, imprimée à Bordeaux chez Millanges, en 1579, voir chapitre XI du livre II
  11. Vacher, R., & Guitard, E. H. (1955) Question XLVI,(posĂ©e par le Dr J. Quebec). D'oĂč vient l'expression : «Toutes les herbes de la Saint-Jean»?. Revue d'histoire de la pharmacie, 43(144), 55-55.
  12. On fĂȘte la Sant Joan en Catalogne !
  13. « feuxdelasaintjean.com/index.ht
 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  14. Yves-Marie BercĂ©, FĂȘte et rĂ©volte : des mentalitĂ©s populaires du XVIe au XVIIIe siĂšcle, Hachette (coll. Le Temps et les hommes), Paris, 1976, p. 62.
  15. Yves-Marie BercĂ©, FĂȘte et rĂ©volte : des mentalitĂ©s populaires du XVIe au XVIIIe siĂšcle, Hachette, coll. « Le Temps et les hommes », Paris, 1976, p. 62.
  16. Daniel Bontemps, Au temps de la soupe au lard, Ă©ditions Serpenoise, 1993, (ISBN 978-2-87692-179-5)
  17. Extrait du livre Les Feux de la Saint-Jean, une fĂȘte celtique en Lorraine de Francis AndrĂ©-Cartigny
  18. La Terre Sainte, no du 15 juillet 1875, Gallica
  19. Journal L'Ouest-Éclair no 322 du 25 juin 1900, Gallica
  20. Hyacinthe Le Carguet, Le culte du soleil. La gĂ©nĂ©ration par le feu. Folck-lore du Cap-Sizun et de l'Île de Sein, "Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique du FinistĂšre", 1898, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076442/f470.image
  21. François-Marie Luzel, qui en fut témoin à Crozon en 1865 le compare à une danse d'étoiles et de feux follets, voir "Annales de Bretagne", janvier 1911, page 158
  22. O. SĂ©a, Coutumes et superstitions de la Saint-Jean Ă  l'Ăźle d'Ouessant, Revue des traditions populaires, mai 1911, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58359168/f26.image.r=Ouessant.langFR
  23. TRADITION – 24 juin : Turin fĂȘte son saint patron
  24. Région autonome Vallée d'Aoste
  25. FĂȘte patronale de la Saint-Jean en VallĂ©e d’Aoste.
  26. Louis Christillin, VallĂ©e du Lys - Études historiques, J.-B. StĂ©venin Ă©diteur, Aoste, 1897.
  27. « Découvrez les nouveaux éléments inscrits sur les listes de la Convention 2003... », sur UNESCO - Patrimoine culturel immatériel,

Voir aussi

Bibliographie

  • Élie Fleur, « Les feux de la Saint-Jean Ă  Metz » dans L’Austrasie, juillet 1909, 12, p. 380-400.
  • Arnold Van Gennep, Manuel du folklore français contemporain, 1938.
  • « Dissertation sur l’ancien usage des feux de la Saint-Jean, et d’y brĂ»ler les chats Ă  Metz, un inĂ©dit de dom Jean François » dans Cahiers Élie Fleur no 11, Ă©ditĂ© par Marie-Claire Mangin, 1995, p. 49-72.
  • B. CoussĂ©e, La Saint-Jean, la canicule et les moissons, Paris, Picard, 1987, 112 p.
  • Maximin Deloche, « La procession de la Lunade et les feux de la Saint-Jean Ă  Tulle. La fĂȘte du solstice d'Ă©tĂ© et le commencement de la pĂ©riode diurne chez les Gaulois », Comptes-rendus des sĂ©ances de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 32, no 3,‎ , p. 187-189 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.