Pour les articles homonymes, voir Empire colonial.
Population | 110Â 631Â 000 habitants (en 1936, MĂ©tropole incluse) |
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24 juillet 1534 |
Prise de possession et colonisation du Canada (début du premier espace colonial) |
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4 février 1794 | Abolition de l'esclavage des Noirs dans les colonies françaises |
30 avril 1803 | Vente de la Louisiane française (fin du premier espace colonial) |
5 juillet 1830 | Prise d'Alger et colonisation de l'Algérie (début du second espace colonial) |
27 avril 1848 | Abolition de l'esclavage dans les colonies françaises |
6 mai / 15 novembre 1931 | Exposition coloniale internationale de Paris |
27 octobre 1946 | Remplacement de l'Empire colonial français par l'Union française et les DOM-TOM, abolition de l'indigénat |
4 octobre 1958 |
Remplacement de l'Union française par la Communauté française (début des indépendances) |
30 juillet 1980 | Indépendance du Vanuatu |
L’Empire colonial français est l'ensemble des colonies, protectorats, territoires sous mandat et territoires ayant été sous tutelle, gouvernés ou administrés par la France. Inauguré au XVIe siècle, il a connu une évolution très contrastée selon les époques, aussi bien par son étendue que par sa population ou sa richesse.
Les possessions coloniales ont connu différents statuts et modes d'exploitation ; des colonies antillaises esclavagistes du XVIIe et du XVIIIe siècle à l'Algérie française, partie intégrante de la France à certaines périodes, en passant par les protectorats de Tunisie et du Maroc et les territoires sous mandat de Syrie et du Liban.
On distingue généralement deux grandes périodes, le pivot étant la guerre de Sept Ans, puis la Révolution et l'époque napoléonienne, épisodes au cours desquels la France perdit pratiquement l'ensemble de sa première aventure coloniale.
Le premier espace colonial, constitué à partir du XVIe siècle comprend des territoires nord-américains, quelques îles des Antilles, les Mascareignes et des établissements en Inde et en Afrique. La guerre de Sept Ans se solde par la perte d'une grande partie des territoires coloniaux de la France au profit de la Grande-Bretagne (Nouvelle-France et en Inde)[3]. L'empire colonial survit malgré tout et connaît une certaine prospérité grâce aux exportations antillaises (Saint-Domingue, Martinique, Guadeloupe) de café et surtout de sucre entre 1763 et la fin des années 1780. Il s'effondre toutefois brutalement au point de disparaître presque entièrement à la suite de l'époque napoléonienne (ex : vente de la Louisiane).
Le second espace colonial, constitué à partir des années 1830, se compose principalement de régions d'Afrique acquises à partir des anciens comptoirs, mais aussi d'Asie (Indochine et Levant) et d'Océanie (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Nouvelles-Hébrides). Ce second empire colonial fut au cours de la seconde moitié du XIXe et au XXe siècle le deuxième plus vaste du monde, derrière l'empire colonial britannique. Présent sur tous les continents, il s'étendait à son apogée, de 1919 à 1939, sur 12 347 000 km2, où vivaient 68 690 000 habitants en 1939. En incluant la France métropolitaine, les terres sous souveraineté française atteignaient ainsi la superficie de 12 898 000 km2, soit près d’1/10 de la surface de la Terre, abritant une population de 110 millions d'habitants à la veille de la Seconde Guerre mondiale, soit 5 % de la population mondiale à l'époque.
L’empire colonial français fut, tout particulièrement sous le régime républicain, appuyé sur l’idée d’une mission civilisatrice. Sous l’ancien régime, la conversion au catholicisme était déjà un motif important dans la justification du colonialisme.
Aujourd'hui, les restes de ce vaste empire colonial constituent la France d'outre-mer (les anciens « DOM-TOM »), une douzaine de territoires insulaires dans l'Atlantique, les Antilles, l'océan Indien, le Pacifique sud, au large de l'Antarctique, ainsi que la Guyane sur la côte nord de l'Amérique du Sud, pour une superficie émergée totale de 119 394 km2, soit à peine 1 % de la superficie de l'empire colonial à son apogée entre les deux guerres mondiales. D'une faible superficie émergée, ces DOM-TOM permettent toutefois à la France de revendiquer la plus grande zone économique exclusive (ZEE) au monde, couvrant 11 691 000 km2 d'océans, devant celle des États-Unis.
Sommaire
- Premier empire colonial : l'Amérique
- Second empire colonial : Afrique et Pacifique
- DĂ©mographie
- L'esclavage dans l'empire colonial français
- La « mission civilisatrice » de la France
- Bilan de la colonisation française en Afrique
- Héritage de la colonisation française en Afrique
- Notes et références
- Bibliographie
- Voir aussi
Premier empire colonial : l'Amérique
Il est composé principalement par des possessions de la Nouvelle-France, aux Antilles, aux Indes, ainsi que des comptoirs et d'îles parsemées.
Le premier espace colonial français est l'espace colonial issu des conquêtes monarchiques. Les désignations suivantes lui correspondent : « premier empire colonial », « empire royal », « empire monarchique » car il a été créé majoritairement par des régimes monarchiques Royaume de France (Premier Empire), « empire colonial français moderne » (datant de l'époque moderne).
Les justifications de la colonisation française ont évolué avec le temps. À l'origine, la rivalité de puissance avec l'empire austro-espagnol de Charles Quint (François Ier exigeait de voir la « clause du testament d'Adam » qui avait laissé le monopole de l'Amérique aux Espagnols et aux Portugais lors de la signature de traité de Tordesillas).
Deuxième justification, la propagation de la foi chrétienne (missions). Au XVIIe siècle, les établissements des Antilles françaises vivent de contrebande et de piraterie aux dépens des colonies espagnoles et hollandaises plus prospères.
Puis vient la justification physiocratique : les colonies doivent fournir les cultures exotiques que la métropole n'assure pas (sucre, café, indigo). Comme les colons français sont peu nombreux, on fait venir en masse des esclaves africains.
La France était pourtant fermement opposée à l'esclavage dès le Moyen-âge[4], et ne l'a d'ailleurs jamais pratiqué sur son sol métropolitain. De même, alors que le Portugal et l'Espagne commençaient à conquérir de vastes territoires extra-européens dès le XVe siècle, les Français sont toujours demeurés réticents à l'extension coloniale, la France, pays rural, étant considérée comme suffisamment vaste pour être autosuffisante[5]. C'est donc essentiellement du fait de l'importance géopolitique grandissante que prennent les colonies espagnoles puis anglaises que les Français se lancent dans la colonisation pour ne pas laisser ses rivaux se partager seules le monde, avec plus d'un siècle de retard.
Toutefois, de Montaigne à Voltaire et Diderot, la majorité des philosophes et prélats français demeurent opposés autant à la colonisation qu'à l'esclavage, même si certains comme Montesquieu les justifient pour des motifs utilitaristes (« Le sucre serait trop cher si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves »), se contentant d'en déplorer les mauvais effets[5].
En Inde, les Français commencèrent à vouloir s'implanter de façon significative du fait de à la politique de Joseph François Dupleix entre 1719 et 1763. Les efforts de ce dernier furent néanmoins ruinés après la conclusion du traité de Paris en 1763.
En Amérique, la Nouvelle-France s’accroît de façon spectaculaire et comprend presque la moitié de l'Amérique du Nord. Elle forme quatre colonies dont l'Acadie, le Canada, Terre-Neuve, et la Louisiane. Après le traité d'Utrecht en 1713, elle perd l'Acadie (partie sud), la Baie-d'Hudson, et Terre-Neuve (Plaisance). Cependant, elle forme deux nouvelles colonies : l'isle Royale et isle Saint-Jean. Tout s'écroule au traité de Paris en 1763, après la guerre de Sept Ans, où elle perd le Canada, l'Acadie, isle Royale, isle Saint-Jean, et la partie est du Mississippi, qui faisait partie de la Louisiane, et la partie ouest qui revient à l'Espagne, pour sa perte de la Floride aux dépens des Anglais. La France reprit la Louisiane occidentale à condition de ne pas la vendre ni à l'Angleterre et ni aux Américains, ce que Napoléon fit trente ans plus tard, sans l'appui ou l'approbation de l'Assemblée Nationale en 1803. L'Amérique du Nord devient alors en majorité anglophone.
À la Révolution, s'opposent les partisans du réalisme économique (pas de colonies sans esclaves) et ceux des principes égalitaires (« périssent les colonies plutôt qu'un principe »). La Révolution conserve donc les colonies, mais abolit l'esclavage, que Napoléon rétablit partiellement en 1802.
En 1804, les Français perdent le dernier fleuron de leur premier empire colonial : la colonie de Saint-Domingue proclame son indépendance et devient la République d'Haïti.
Après la chute du Premier Empire, la France ne conserve que quelques possessions : les cinq comptoirs des établissements français de l'Inde, La Réunion[6], l'île de Gorée au Sénégal, quelques îles des Antilles (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin…), ainsi que la Guyane et Saint-Pierre-et-Miquelon.
Second empire colonial : Afrique et Pacifique
Au début de 1830, Charles X et ses ministres, alors au plus bas dans l'opinion publique, avaient pris la décision de se lancer à la conquête de l'Algérie (1830-1847) dans l'espoir de satisfaire la soif de conquête des Français et de regagner ainsi une certaine popularité[7], mais à cette exception près la Restauration demeure un régime centré sur la Métropole.
C'est seulement avec l'avènement du Second Empire que Napoléon III ambitionne une nouvelle politique coloniale, avec l'aide de son ministre de la Marine et des Colonies Chasseloup-Laubat. Ce dernier entreprend une modernisation de la marine de guerre (cuirassés à hélices) qui doit permettre d'améliorer la capacité d'intervention des troupes coloniales. La superficie du domaine colonial triple sous le Second Empire jusqu'à atteindre un million de km² pour cinq millions d'habitants.
Chronologiquement, l'annexion définitive de la Nouvelle-Calédonie en 1853 constitue la première action coloniale de l'Empereur. En Afrique, il nomme Faidherbe au poste de gouverneur du Sénégal. S'ensuivront la fondation du port de Dakar et la création du corps des tirailleurs sénégalais. L'implantation du comptoir des Rivières du Sud en 1859, puis l'acquisition de la côte du Gabon en 1862 sont les principales étapes de la pénétration française en Afrique de l'Ouest.
En Afrique de l'Est, Napoléon III signe en 1862 un traité de commerce avec Madagascar où s'installe un consulat de France. La politique impériale vise principalement de ce côté de l'Afrique à contrer l'influence britannique. La même année, la France obtient d'un chef local la cession du petit territoire d'Obock sur la côte nord du golfe de Tadjourah, mais elle n'y procède à aucune occupation effective pendant vingt ans, se contentant de réaffirmer sa souveraineté de loin en loin en faisant hisser les couleurs nationales par l'équipage d'un bâtiment naval de passage[8]. Au Maghreb, il renforce la présence des conseillers militaires français dans l'armée du bey de Tunis.
Le Second Empire étend le domaine français en Algérie et entreprend la conquête de la Cochinchine et du Cambodge, de la Nouvelle-Calédonie, de nombreuses îles dans le Pacifique (aujourd'hui en Polynésie française) et du Sénégal.
En Europe, Napoléon III exerce sa politique expansionniste par l'annexion de la Savoie et du Comté de Nice en 1860 par le traité de Turin. Le Sénatus-consulte du 12 juin 1860 a enregistré les dispositions de ces annexions.
Après la chute du Second Empire en 1870, la récente IIIe République hésite dans la poursuite de la politique coloniale[5]. L'anti-colonialisme est alors plus fort que jamais. Ainsi, le duc de Broglie lance cette tirade véhémente au Sénat en la séance du 11 décembre 1884 :
« Pour une nation momentanément affaiblie, un grand développement colonial, c’est une charge qui la grève, qu’elle ne peut porter longtemps, et qui, avant de lui échapper, peut avoir amené la ruine tout à la fois de la colonie et de la métropole... [...] Laissez-moi protester contre cette tendance [colonialiste]. Je n’en connais pas de plus chimérique et de plus dangereuse. Je n’en connais pas de plus contraire aux leçons de l’histoire et aux enseignements de la raison... [...] L’Algérie elle-même, après cinquante ans de possession, arrive à peine aujourd’hui à nous fournir autant d’hommes et d’argent qu’elle a pu nous en prendre. Des colonies nouvelles affaiblissent la patrie qui les fonde. Bien loin de la fortifier, elles lui soutirent son sang et ses forces... »
— duc de Broglie, séance du 11 décembre 1884 du Sénat Français[5].
L'Empire sera pourtant conservé par la République. Par la suite, la France colonise progressivement la majeure partie de l’Afrique occidentale et équatoriale, l'Indochine, ainsi que de nombreuses îles d'Océanie, et quelques dernières annexions (comme les Nouvelles-Hébrides en 1907).
Le second empire colonial français atteint son apogée après la Première Guerre mondiale, lorsque la France reçoit de la Société des Nations un mandat sur la Syrie et le Liban.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les territoires français d'Outre-mer sont un enjeu central : entre l'été 1940 et la mi-1943, la quasi-totalité bascule dans le camp des forces de résistance.
En 1945, Gaston Monnerville critique le décret du 16 juillet 1945, paru au Journal officiel du 20 juillet 1945, page 4468 qui détermine les conditions dans lesquelles seront étudiés et approuvés les plans de développement économique des colonies; qu'en dépit d'un exposé des motifs, qui rappelle les principes de la nouvelle politique coloniale, ce décret établit des dispositions qui aboutiront, dans la pratique:
- a) à subordonner l'économie coloniale à l'économie métropolitaine, comme au temps du pacte colonial solennellement réprouvé ;
- b) à instituer un organisme dit de coordination, dont la lourdeur rendra impossible l'action rapide qu'exigent le rythme de la vie moderne et, plus particulièrement, les circonstances actuelles; et demande par quels moyens pratiques les dispositions du décret du 17 juillet 1945 permettront au Gouvernement de tenir les engagements qu'il a solennellement contractés envers les peuples d'outre-mer afin:
- 1° de « ne pas subordonner l'économie des territoires d'outre-mer à l'économie métropolitaine »;
- 2° de « favoriser l'affirmation de leur personnalité dans tous les domaines de la civilisation » et singulièrement dans le domaine économique;
- 3° d'accorder réellement « l'aide concertée que ces territoires sont en droit d'attendre de la métropole ».
Malgré des tentatives d'intégration plus grande des colonies dans la République (Union française en 1946), celles-ci restent dans un état de sujétion, et leurs élites et populations ne se satisfont plus de cet état de fait. La décolonisation de l'Afrique occidentale et de l'Asie diminue drastiquement l'étendue de l'outre-mer français entre 1954 (accords de Genève) et 1962 (accords d'Évian). Celui-ci se limite alors aux départements d'outre-mer, déjà intégrés à la République, aux colonies du Pacifique, et à quelques possessions résiduelles. Entre 1975 et 1980, trois colonies obtiennent l'indépendance, achevant la décolonisation de l'Afrique : les Comores sauf Mayotte, les Afars et Issas et les Nouvelles-Hébrides.
Après cette date, la France oscille entre intégration croissante des territoires à la République (les DOM deviennent des régions d'outre-mer, Mayotte accède à ce statut en 2011), et reconnaissance de leurs spécificités, avec le statut de collectivité d'outre-mer. La seule ancienne colonie dont le statut pose question depuis le milieu des années 1980 est la Nouvelle-Calédonie, pour laquelle un référendum organisé en 2018 s'est soldé par un rejet de l'indépendance[9].
DĂ©mographie
Évolution de la population entre les deux guerres mondiales
 1921 |  1926 |  1931 |  1936 | |
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France métropolitaine | 39 140 000 | 40 710 000 | 41 550 000 | 41 500 000 |
Colonies, protectorats et mandats | 55Â 556Â 000 | 59Â 474Â 000 | 64Â 293Â 000 | 69Â 131Â 000 |
Total | 94Â 696Â 000 | 100Â 184Â 000 | 105Â 843Â 000 | 110Â 631Â 000 |
Pourcentage de la population mondiale | 5,02Â % | 5,01Â % | 5,11Â % | 5,15Â % |
Source Insee[10], SGF[11] |
L'esclavage dans l'empire colonial français
Entre les premières installations de colons au XVIe siècle et le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, soit trois siècles, environ quatre millions d’esclaves (2 millions nés en Afrique et 2 millions nés dans les colonies) ont vécu dans les territoires sous domination française[12].
Pendant toute cette période, l'esclavage reste strictement interdit sur le sol de France métropolitaine, comme il était de coutume depuis le Moyen-âge. L'esclavage est aboli une première fois en 1794 par la Révolution, mais Napoléon le rétablit en 1802 sur les territoires où cette abolition n'avait pas encore pu être rendue effective ; c'est donc la date de 1848 qui est retenue comme date de l'abolition totale et définitive sur l'ensemble des territoires contrôlés par la France.
Pendant cette période, le développement des plantations entraîne le développement de ports négriers tels que Nantes et Bordeaux. Les échanges s'effectuent majoritairement avec les Antilles françaises et reposent sur le commerce triangulaire.
Contexte
La traite atlantique, faite par les Européens et les Américains, a déporté 12 à 13 millions de Noirs, dont l'essentiel à partir de la fin du XVIIe siècle. En 1997, l'historien Hugh Thomas donnait un total de 13 000 000 d'esclaves « ayant quitté l'Afrique » lors de la traite atlantique, dont 11 328 000 arrivés à destination au moyen de 54 200 traversées[13]. Tous les grands ports européens ont pratiqué la traite négrière mais avec une importance différente. Les ports anglais sont en première ligne ; ainsi Liverpool organise 4 894 expéditions et Londres 2 704.
Population des colonies françaises esclavagistes
En 1788-1790, le nombre d’esclaves, plus de 780 000, représentent près de 90 % de la population des colonies françaises esclavagistes[14] :
Colonie | Année | Blancs | Noirs libres | Esclaves | Total |
Saint-Domingue | 1790 | 27Â 717 | 21Â 800 | 495Â 528 | 546Â 835 |
Guadeloupe | 1788 | 13Â 969 | 3Â 125 | 89Â 823 | 108Â 705 |
Martinique | 1789 | 10Â 635 | 5Â 235 | 81Â 130 | 98Â 789 |
RĂ©union | 1788 | 8Â 182 | 1Â 029 | 37Â 984 | 48Â 983 |
Maurice | 1788 | 4Â 457 | 2Â 456 | 37Â 915 | 46Â 616 |
Sainte-Lucie | 1788 | 2Â 159 | 1Â 588 | 17Â 221 | 22Â 756 |
Tobago | 1788 | 425 | 231 | 12Â 639 | 15Â 083 |
Guyane | 1789 | 1Â 307 | 494 | 10Â 748 | 14Â 338 |
Ensemble | 54Â 069 | 35Â 958 | 782Â 988 | 873Â 015 | |
Proportion | 6Â % | 4Â % | 90Â % | 100Â % |
Origines géographique des esclaves
Les esclaves africains importés dans les colonies françaises venaient essentiellement d'une région comprise entre le Sénégal et l'Angola.
Destination des esclaves dans les différentes colonies
Les destinations des esclaves importés dans les colonies étaient les suivantes[15] :
Territoire | Esclaves importés |
Saint-Domingue (aujourd'hui HaĂŻti) | 864Â 000 |
Martinique | 366Â 000 |
Guadeloupe | 291Â 000 |
Ile Bourbon (RĂ©union) | 130Â 000 |
ĂŽle-de-France (ĂŽle Maurice) | 80Â 000 |
Guyane | 51Â 000 |
Louisiane | 10Â 000 |
Saint-Vincent, Sainte-Lucie, Tobago, Dominique, Grenade | 137Â 000 |
Total | 1Â 929Â 000 |
Les ports négriers français
La France métropolitaine arma environ 4 220 navires négriers et se classe au quatrième rang des nations négrières après la Grande-Bretagne, le Portugal[16] et l'Espagne. La ville de Nantes organisa à elle seule 1 744 expéditions soit 41,3 % du total français. Suivent trois villes avec par ordre d'importance : Bordeaux, La Rochelle et Le Havre qui totalisent à elles trois 33,5 % des expéditions négrières[17].
La hiérarchie de la société coloniale
Les colonies pratiquant l'esclavage, ont mis en commun la mise en place progressive d’une société tripartite composée de blancs, de « libres de couleur » (descendant d’Africain, métis ou non) et d’esclaves. Les Blancs se trouvent au sommet de cette hiérarchie et se divisent essentiellement en deux catégories : les négociants et les grands propriétaires fonciers dans le domaine du sucre. Viennent ensuite, les « libres de couleur » qui forment la seconde catégorie dans la hiérarchie coloniale. L'expression « libres de couleur » désigne une des classes juridiques instituées dans les colonies françaises avant l'abolition de l'esclavage. Elle apparaît dans les ordonnances locales et royales promulguées dans les années 1720 à Saint-Domingue pour marquer la distinction avec les « nègres affranchis ». Cet usage se démarque alors des articles du Code noir de 1685 qui ne faisait pas de différence entre l’ensemble des gens libres. Par la suite, l'expression « libre de couleur » désigne aussi bien les métis que les Noirs libres[18]. Les libres de couleurs restent malgré tout victime de ségrégation et ne bénéficient pas des mêmes droits que les blancs. Ainsi, par exemple, les affranchis, les Noirs et câpres libres sont écartés de la citoyenneté active. Les libres de naissance légitimes ou illégitimes, mulâtres et ceux plus clairs peuvent être électeurs mais seuls les mamelouks (1/16 de « sang noir ») légitimes sont éligibles. S’agissant de la hiérarchie entre les esclaves, la principale distinction est effectuée en fonction de la couleur. À Saint-Domingue, en Guadeloupe et en Martinique, les union légitimes ou non entre Blancs et non-blancs sont fréquentes donnant lieu à un nombre significatifs de métis (12 à 14 % des esclaves en Guadeloupe en 1770-1794 sont des métis). La systématisation et la radicalisation de l’emploi des nuances de métissage dans les registres paroissiaux arrivent après la guerre de Sept Ans (1756-1763). Les termes suivants étaient utilisés dans les registres paroissiaux puis dans les actes d'état-civil en fonction des différents degrés de métissage[19],[20],[21] :
Proportion d'ancĂŞtres noirs | Saint-Domingue | Guadeloupe/Martinique |
7/8 | Sacatra | - |
3/4 | Griffe | Capre |
5/8 | Marabou | - |
1/2 | Mulâtre | Mulâtre |
1/4 | Quarteron | MĂ©tis |
1/8 | MĂ©tis | Quarteron |
1/16 | Mamelouk | Mamelouk |
1/32 | Quarteronné | - |
1/64 | Sang-mêlé | - |
Abolition de l'esclavage dans les colonies
L'esclavage est aboli une première fois en 1794 (plus de 700 000 personnes sont alors esclaves), mais cela fut sans effet réel dans les colonies, sauf à la Guadeloupe, où la décision de 1794 commença à être appliquée.
En mai 1802 (27 Floréal an X), Napoléon Bonaparte rétablit l'esclavage selon les dispositions antérieures à 1789. Par ailleurs, en métropole, des mesures discriminatoires sont prises à l'encontre des Noirs et « gens de couleur ». Le 29 mai 1802, les officiers de couleur sont exclus de l'armée ; le 2 juillet, le territoire métropolitain est interdit aux Noirs et « gens de couleur » (ce qui ne désigne en fait que les esclaves, les Noirs libres et intégrés n'étant pas inquiétés) puis le 8 janvier 1803, les mariages mixtes « entre des blancs et des négresses » et « entre des nègres et des blanches » sont interdits[22],[23].
Ce n'est qu'en 1848 que la France abolit définitivement l’esclavage dans ses colonies. Près de 248 500 esclaves sont alors libérés (plus de 87 000 en Guadeloupe, près de 74 450 en Martinique, plus de 62 000 à La Réunion, 12 500 en Guyane, plus de 10 000 au Sénégal).