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Chemin de fer Congo-Océan

Le chemin de fer Congo-OcĂ©an (CFCO) est un Ă©tablissement public de la RĂ©publique du Congo qui exploite un rĂ©seau de chemin de fer de 885 km, Ă  l'Ă©cartement de 1 067 mm.

Congo-Océan
Ligne de Pointe-Noire Ă  Brazzaville et de Mbinda Ă  Mongo-BĂ©lo
Image illustrative de l’article Chemin de fer Congo-Océan
Carte de la ligne
Pays Drapeau de la république du Congo République du Congo
Historique
Mise en service 1934 – 1962
Caractéristiques techniques
Longueur 885 km
Écartement Ă©troit (1 067 mm)
Électrification Non électrifiée
Nombre de voies Voie unique
Trafic
Propriétaire para-étatique
Exploitant(s) Chemin de fer Congo-Océan (CFCO)
Trafic commercial et marchandise

On distingue trois tronçons, la ligne du Congo-OcĂ©an, qui relie le port de Pointe-Noire, au bord de l'ocĂ©an Atlantique, Ă  Brazzaville, construite de 1921 Ă  1934 (512 km)[1], le tronçon de Mont-Bello Ă  Mbinda, construit de 1959 Ă  1962 (285 km) et le tracĂ© de Bilinga Ă  Dolisie, rĂ©alignement construit de 1976 Ă  1985 (91 km).

Histoire

Le besoin de transport

Si le fleuve Congo est navigable en amont de Brazzaville, il ne l’est plus en aval jusqu’à l’océan à cause des rapides et des cataractes. Cela a amené à trouver un moyen de transport entre le « Congo et l’océan » pour acheminer les richesses de l’Afrique centrale, oléagineux, coton, café, cacao, bois précieux, caoutchouc, or, cuivre, ivoire…

Au Congo belge, entre 1890 et 1898, une ligne de chemin de fer est construite de Kinshasa (en face de Brazzaville) à Matadi, sur l’océan Atlantique.

Les Français, depuis 1886, n’en finissent plus d’étudier un chemin de fer entre Brazzaville et Pointe-Noire. Les rapports d’experts se succèdent, mais il n’y a pas d’entente sur le tracé.

En 1906, la mission Bel (du nom de son chef Jean-Marc Bel) définit Pointe-Noire comme Terminus.

De 1921 Ă  1934, un chantier de construction dramatique

« Le Mayombe, août 1930 : tranchée du km 95.200, prise du sentier de terre ».
Campement des travailleurs Saras et de leurs familles (1930).
La gare de Brazzaville (1932).
Passage du 1er train sur un pont entre Pointe Noire et Hinda. 5 Janvier 1925.
"Grand remblai du Kil", entre Pointe Noire et Hinda, 7 Janvier 1925,
Le train en gare de Hinda, 7 Janvier 1925
Maquette d'une locomotive de 1929.
Autorail Billard A 135 D en panne sur la ligne du CFCO en 1941-1942.

Il faut attendre le pour que Mme Augagneur donne le premier coup de pioche du chantier d’un train qui partira de Brazzaville.

Le , dix-huit mois après le dĂ©but des travaux Ă  Brazzaville, Jean-Victor Augagneur, alors gouverneur gĂ©nĂ©ral de l'Afrique-Équatoriale française (AEF), signe une convention avec la SociĂ©tĂ© de construction des Batignolles (SCB) qui doit rĂ©aliser les travaux de construction de la voie sur 172 km Ă  partir de Pointe-Noire. Le reste de la ligne entre le PK (point kilomĂ©trique) 172 et Brazzaville sera exĂ©cutĂ© en rĂ©gie par la COLYAF (Compagnie Lyonnaise de l’Afrique Équatoriale Française).

Un an plus tard, en 1924, les quarante premiers kilomètres depuis Pointe-Noire sont réalisés par la SCB. Depuis Brazzaville, la COLYAF est parvenue au 75e kilomètre.

Mais, du cĂ´tĂ© de Pointe-Noire, les premières difficultĂ©s apparaissent car les travaux sont aux portes d’un terrible obstacle naturel : le massif du Mayombe. SituĂ© Ă  60 km de l’ocĂ©an, c'est un massif montagneux de 800 mètres de haut, dans une forĂŞt Ă©paisse, traversĂ©e par des torrents, des ravins abrupts, des fleuves, des Ă©tangs, des marais. Les arbres gĂ©ants se dressent en remparts naturels tandis qu'au sol un humus malsain forme un tapis meurtrier qui peut s’ouvrir et se refermer Ă  tout moment. En sous-sol, alternent les schistes dĂ©composĂ©s et les marnes aux glissements imprĂ©vus ou, Ă  l'inverse, des affleurements de roches très dures. Le climat chaud et humide se conjugue Ă  cela pour faire Ă©chec Ă  une avancĂ©e rapide des travaux.

Le , un nouveau gouverneur général de l’AEF est nommé, Raphaël Antonetti, un homme à la volonté de fer. Son but est de terminer coûte que coûte le chemin de fer de Brazzaville à Pointe-Noire.

À la fin de l'année 1924, Antonetti obtient d’Édouard Daladier, alors ministre des colonies, l’autorisation de poursuivre les travaux, des crédits sont débloqués dans la loi de finances de 1925. La SCB a six ans pour terminer les travaux.

Selon la convention signĂ©e en , la SCB doit terminer le terrassement d’une voie sur 172 km depuis le terminal maritime ; de son cĂ´tĂ© l’administration de l’AEF s’engage Ă  fournir la main d’œuvre : 8 000 hommes. Originellement, Antonetti pensait recruter des travailleurs sur une bande de territoire de 100 km le long de la future voie, mais, très rapidement, les rĂ©serves humaines s'Ă©puisent. Il faut alors recruter plus loin, selon le principe du travail forcĂ©, en recherchant des adultes « mâles » d’un bout Ă  l’autre du Moyen-Congo. Mais très vite les indigènes fuient ce chantier, car il Ă©tait localement de notoriĂ©tĂ© publique que travailler dans le massif du Mayombe se rĂ©vĂ©lait souvent mortel.

La décision est alors prise, en février 1925, d’aller chercher les travailleurs plus loin en Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine), au Cameroun et au Tchad. Le trajet jusqu’au Mayombe est long et pénible et beaucoup périssent avant la fin des travaux.

Les populations de ces contrées se rebiffent contre cet enrôlement forcé ; cela donna ainsi lieu à la guerre du Kongo-Wara.

Une fois sur place les conditions de vie dans ce milieu hostile sont terribles. Les travaux de terrassement sont faits à la pioche, les déblais évacués à dos d’homme jusqu'à de pesants wagonnets Decauville. Dans les camps où les ouvriers s’entassent sans encadrement sanitaire, d'innombrables travailleurs[2] vont mourir d'épuisement, de maladie (dont, vraisemblablement, la première épidémie de SIDA[3]), de neurasthénie…

Des voix s’élèvent pour dénoncer ce chantier. Le premier à le faire est le directeur du Service de la Main d'Oeuvre du chantier, Georges Thomann, administrateur en chef des colonies. Dans son Rapport de Juin 1925 il indique «…Gaspillage et usure de la main d’œuvre, nécessité d’un pourcentage considérable de porteurs pour un nombre de travailleurs utiles très réduit, ... substitution inconsidérée du travail humain à celui des machines tel est le système employé dans le Mayombe. Il coûtera un nombre considérable de vies humaines qui pourraient être épargnées,...." Le 14 Avril 1926, alors en disponibilité en France, il alerte le Ministre des colonies, qui nomme le 15 Mai 1926 l’inspecteur Pégourier pour une mission de contrôle. Si André Gide qualifie bien le Congo-Océan d'« effroyable consommateur de vies humaines » dans son livre Voyage au Congo , il n'y consacre que 3 pages (sur 502) et ne se révolte pas, "mais que peut un administrateur ?, il doit obéir à son chef". En Octobre 1927 il confirme son support à Antonetti sur le Congo-Océan : "Aucun progrès dans certains domaines, ne saurait être réalisé sans sacrifice de vies humaines..."

Les intéressés eux-mêmes se font entendre et la résistance au recrutement devient vite une résistance armée. Des révoltes éclatent en 1928 de la Haute-Sangha au Cameroun, vite réprimées par des unités militaires. Cette même année, Albert Londres, dans son livre Terre d'ébène, dresse le même réquisitoire qui est abordé jusque dans l’hémicycle de la chambre des députés à Paris.

Mais il faudra attendre 1929 pour que la situation s’amĂ©liore, annĂ©e oĂą on comptera malgrĂ© tout 1 300 morts au lieu de 2 600 l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente[4].

Le « scandale du Congo-océan » mis en lumière modifie les plans de l’administration coloniale de l’AEF. Le , Antonetti, toujours soutenu par Paris, signe avec la SCB un avenant à la convention de 1922, qui impose d’utiliser des moyens mécaniques. La terre ne sera plus déblayée à la main et à la hotte, on ne creusera plus les tunnels à la pioche et à la barre à mine. Des compresseurs, des bulldozers et des tracteurs sont ainsi amenés sur le chantier et ils y remplacent l’homme.

Fin 1930, la voie est enfin posĂ©e sur 100 km au dĂ©part de Pointe-Noire et, du cĂ´tĂ© est de Brazzaville, la voie est pratiquement posĂ©e jusqu’au PK 172. Mais il reste Ă  terminer la portion dans le Mayombe, avec le percement du tunnel de Bamba, le tunnel le plus long d’Afrique (1 694 mètres) et, Ă  ce niveau, les travaux ne progressent que très lentement, avec beaucoup de difficultĂ©s.

Pour rĂ©soudre le problème de main-d’œuvre, le Ministre des colonies, AndrĂ© Maginot, a l’idĂ©e de faire venir des travailleurs chinois. Ainsi, 600 coolies sont amenĂ©s de Canton (Chine)) et Hong Kong jusqu’au Congo. Ils sont accueillis au dĂ©part dans des camps en dur et couchent dans des lits, on leur sert de la cuisine chinoise, puis les conditions changent rapidement lors de leur installation dans le Mayombe au PK 104, oĂą la situation est bien diffĂ©rente ; les Chinois refusent alors d’emblĂ©e de travailler. Les meneurs sont rapidement renvoyĂ©s et, un an plus tard, 400 autres coolies sont rapatriĂ©s, tandis d’autres mourront sur le chantier.

Depuis 1930, des machines ont été mises en place mais, malgré cela, dans le tunnel de Bamba, les galeries s’effondrent au fur et à mesure qu’on essaye de les creuser. Par endroits c’est le contraire et le sol semble se relever pour rejoindre la voûte, empêchant l'avancement des travaux. De plus, de brusques venues d’eau se déversent parfois à travers les roches, au rythme de 850 litres à la seconde.

Il faut, Ă  plusieurs reprises, rallonger les crĂ©dits, de 100 millions en 1932, et de 250 millions en 1933. Antonetti rĂ©pond Ă  chaque fois Ă  ces surcoĂ»ts. Après trois ans d’effort, enfin, le , les deux Ă©quipes de travaux du tunnel se rejoignent. Après cet ouvrage, le relief s’aplanit le chantier avance Ă  une vitesse satisfaisante.

Le , la voie est finalement complètement posĂ©e, avec 511 km de voie unique mĂ©trique, Ă  Ă©cartement de 1 067 mm, 12 tunnels, 172 ponts et viaducs, des kilomètres de murs de soutènement en maçonnerie. Le , le gouverneur gĂ©nĂ©ral, RaphaĂ«l Antonetti, inaugure la ligne qui permet alors de joindre, sans rupture de charge, le Congo Ă  l’ocĂ©an. Le chantier, vĂ©ritable dĂ©fi gĂ©otechnique, aura coĂ»tĂ© au total 930 millions de francs français de l'Ă©poque[5] soit environ 667 millions d'euros de 2016[6] ou 108 milliards de francs CFA et la vie de 17 000[7] Ă  20 000 ouvriers[5] (ce chiffre inclurait Ă©galement les Ă©vadĂ©s ayant rĂ©ussi Ă  fuir les travaux [8]) des 127 000 travailleurs recrutĂ©s[4] ; le chemin de fer Congo-ocĂ©an, qui devait ĂŞtre une Ă©popĂ©e, se transforme en tragĂ©die.

1962, nouvelle ligne de la COMILOG

En 1960, l’AEF est dĂ©mantelĂ©e, laissant place Ă  quatre États indĂ©pendants, Centrafrique, RĂ©publique du Congo, Gabon, Tchad. Cela ne rompt pas la solidaritĂ© Ă©conomique, puisqu’en 1962 est inaugurĂ©e la nouvelle ligne ferroviaire de 285 km, appelĂ©e COMILOG du nom de l’entreprise minière situĂ©e au Gabon. Cette ligne est ouverte pour transporter le manganèse de la mine de Moanda au Gabon Ă  la gare de Mbinda par une tĂ©lĂ©benne de 76 km. Elle se raccorde Ă  la voie du CFCO Ă  Mont-Bello[9].

1979 à 1985, le réalignement

Après la mise en route de la nouvelle ligne de la COMILOG, le trafic marchandise liĂ© au transport de manganèse passe de 19 000 tonnes en 1962, Ă  2 200 000 tonnes en 1970. Durant cette mĂŞme pĂ©riode, le trafic du bois est en progression rĂ©gulière, le trafic voyageur est multipliĂ© par sept entre 1962 et 1970. La traversĂ©e du massif du Mayombe oblige l’emploi de trois ou quatre locomotives pour tirer les trains lourds.

Cependant, la dĂ©gradation du rĂ©seau est telle que les dĂ©raillements sont de plus en plus frĂ©quents et que la vitesse des trains se ralentit. Des investissements sont nĂ©cessaires, il faut en premier lieu revoir la traversĂ©e du Mayombe et plusieurs options sont Ă©tudiĂ©es. En 1973, le projet d’un nouveau tracĂ© dit « variante sud » entre les gares de Billinga et Dolisie est finalement retenu. En 1975, le groupement Astaldi–Holzman–Fougerolles (ASHFO) est retenu pour le lot de gĂ©nie civil, 91 kilomètres de voie nouvelle unique avec douze ponts et six tunnels. Le coĂ»t du chantier est de 33 milliards de F CFA ; le financement est achevĂ© le .

Au début de l'année 1976, le groupement ASHFO installe le chantier. Le , c’est le début effectif des travaux, inaugurés par le président de la république, Marien Ngouabi.

Mais le un commando du Front pour la Libération de l'enclave de Cabinda attaque le chantier au PK 65, faisant douze morts, et trois ingénieurs sont enlevés. L’ASHFO stoppe les travaux. Les trois otages sont libérés rapidement après le versement d'une rançon.

Après un accord entre l’ATC et ASHFO, les travaux reprennent le , mais le coĂ»t du chantier est rĂ©Ă©valuĂ©. Les militaires assurent la sĂ©curitĂ© des travailleurs. Mais rien ne se passe comme prĂ©vu, les travaux prennent du retard. Des changements de tracĂ© sont rendus obligatoires pour des raisons techniques, des Ă©boulements de talus se produisent, le nombre d’ouvrages d’art est revu Ă  la hausse, ce qui provoque des rĂ©visions de prix et des signatures d’avenants avec pour consĂ©quence une envolĂ©e des coĂ»ts. En 1980, le coĂ»t global du rĂ©alignement est estimĂ© Ă  75 milliards de F CFA acceptĂ© cependant par les financeurs.

Pendant ce temps, les travaux continuent avec difficultĂ©s. Mais il reste le dernier obstacle, le tunnel sous le massif du Bamba d’une longueur de 4 600 mètres. Son creusement commence en dĂ©cembre 1978 et il faudra cinq ans pour que les deux Ă©quipes de percement du tunnel se rejoignent le Ă  cause d’inondations, d’éboulements, de soulèvements de terrain, de fissuration du bĂ©ton. Mais ces travaux difficiles se sont rĂ©alisĂ©s, cette fois, dans des conditions de sĂ©curitĂ© optimum pour les travailleurs.

Le nouveau tracé est inauguré le . La République du Congo est dotée d’une ligne de chemin de fer moderne sur laquelle les trains peuvent atteindre la vitesse de 80 km/h dans la traversée du Mayombe[10].

1990 Ă  2004, accidents, attentats et guerre civile

Les conditions d'exploitation du CFCO se détériorent à partir de 1990. L'entreprise est dans une position de quasi cessation de paiement, avec pour conséquences une pénurie de matériel pour l'entretien de la voie et une absence de pièces de rechange pour la maintenance des locomotives[11].

Ă€ Mvoungouti, le , une collision entre un train de voyageur et un train de marchandises fait cent morts et trois-cents blessĂ©s[12]. Après cet accident et avec l'arrĂŞt, en 1991, du transport de manganèse pour le compte de la sociĂ©tĂ© Comilog, l'exploitation du tronçon Mont-Bello-Mbinda, long de 285 km, est confiĂ©e au CFCO en 1993 par l'État Congolais. Le CFCO exploite donc Ă  ce moment 885 km de rĂ©seau.

Entre 1998 et 2000, une guerre civile éclate entre les partisans de Denis Sassou-Nguesso et ceux de Pascal Lissouba. Le CFCO subit près de deux ans d'interruption de trafic et de lourdes pertes de matériels et d’équipements : six ponts sont détruits, le système de télécommunication est hors d’usage, le matériel roulant ainsi que plusieurs kilomètres de voie sont endommagés[13].

En janvier 2000, le gouvernement congolais dĂ©cide la dissolution de l'A.T.C et le CFCO redevient une entitĂ© autonome. En 2000 commence la reconstruction des six ponts, la rĂ©habilitation de la voie sur les tronçons endommagĂ©s, l'acquisition du matĂ©riel de tĂ©lĂ©communication de dĂ©pannage. En 2001, pour relancer le trafic, le gouvernement investit plus de 6 milliards de francs CFA, mais cette embellie est de courte durĂ©e. Une collision entre deux trains a lieu le 10 janvier 2001, Ă  nouveau Ă  Mvoungouti. Le , une trentaine de personnes sont blessĂ©es Ă  la suite du « dĂ©raillement d’origine criminelle Â» d’un train de marchandises près de la gare de Loulombo. Le dĂ©raillement est dĂ» Ă  une attaque terroriste menĂ©e par des miliciens ninjas. Le trafic de la ligne est interrompu[14].

En janvier 2004, le trafic passagers sur le CFCO reprend progressivement sous escorte armée, après plus d’un an d’interruption pour des raisons de sécurité. Un convoi composé de huit voitures de cent-dix places chacune quitte la gare ferroviaire de Brazzaville pour Pointe-Noire, escorté par des gendarmes et des miliciens Ninjas du chef rebelle, le Pasteur Ntumi.

Après 2004

Entre 2005 et 2006, toutes les lignes sont rouvertes au trafic voyageurs et marchandises, tant sur l'ancien tracé du Mayombe que sur la ligne ex-Comilog. La réouverture et la rénovation d'une douzaine de gares et la remise en état de huit locomotives ont permis de remonter le trafic moyen. Mais, faute d'investissements lourds, le parc des locomotives passe de seize à dix et le trafic chute de 60 %.

ArrĂŞt dans la campagne et achat de produits vivriers en 2020.

Pour enrayer cette situation catastrophique, le gouvernement met en place, en 2006, un programme d'urgence de rénovation et de rééquipement du CFCO. Ce programme, élaboré en accord avec le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, se résume en deux phrases : améliorer les infrastructures, acquérir du matériel roulant[15].

Le , Ă  Yanga, Ă  60 km de Pointe-Noire, un train de voyageurs dĂ©raille, soixante-seize morts et six-cents blessĂ©s sont dĂ©nombrĂ©s. La vĂ©tustĂ© du matĂ©riel roulant et des voies, les irrĂ©gularitĂ©s et les insuffisances des trains figurent sur la longue liste des maux dont souffre le CFCO depuis les annĂ©es 1990[16].

Le , un nouveau train « Gazelle » est mis en service[17].

Le , Ă  Brazzaville, le ministre de l’AmĂ©nagement du territoire annonce 200 milliards de FCFA destinĂ©s Ă  la ligne de Mbinda[18]. C'est la renaissance du Congo-OcĂ©an[19].

Le train inaugural entre en gare de Brazzaville après la reprise du service depuis Pointe-Noire, le 28 novembre 2018.

En , l'achat de dix nouvelles locomotives, en provenance des États-Unis, vise à redynamiser le transport ferroviaire[20].

En , des troubles éclatent dans le Pool, deux ponts sont dynamités. Le trafic est totalement interrompu depuis cette date entre Pointe-Noire et Brazzaville. En 2017, les travaux de réparation des ponts détruits ne sont toujours pas engagés[21]. La circulation reprend en 2018, un premier train de carburant rejoignant Brazzaville depuis Pointe-Noire le 28 novembre[22].

Le , dans la gare de Ngondji, à 18 km de Pointe-Noire, un train minéralier en provenance de Mayoko, percute un train transportant des conteneurs venant en sens inverse. Cette collision provoque la mort de 16 personnes[23].

Le 24 octobre 2020, un train de marchandises déraille entre Bilala et Bilinga, il n'y a aucune victime mais le trafic est perturbé pendant plusieurs jours[24].

Organisation actuelle

Créé par ordonnance du 16 février 2000, le CFCO est un établissement public à caractère industriel et commercial[25].

Carte d'un projet en coopération avec l'Italie[26].

En 2004, le gouvernement congolais avait prévu la privatisation du CFCO mais l’appel d’offre s’avéra infructueux.

Postérité

Le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) a assigné en février 2014, collectivement, l'État français et la Spie Batignolles (cette dernière en tant qu'héritière de la Société de construction des Batignolles), pour crime contre l'humanité lors de la construction de la ligne du CFCO[27]. Cette action judiciaire révélant l'existence d'une fracture coloniale, concept défendu par l'historien Pascal Blanchard, au sein de la société française actuelle[28].

L'absence de référence médiatique ultérieure à 2014 laisse à penser que cette action judiciaire a été classée sans suite.

Notes et références

  1. « Chemin de fer Congo-Océan (Pointe-Noire/Brazzaville, 1934) | Structurae », sur Structurae (consulté le )
  2. Georges DuprĂ©, Un ordre et sa destruction, Paris, ORSTOM, , 446 p., 24 cm (ISBN 2-7099-0625-2, lire en ligne), p. 272-275 « Ă©videmment aucune information sur les dĂ©cès de travailleurs pourtant nombreux dans les premières annĂ©es de construction Â». « Jusqu'en 1933 c'est plusieurs centaines de jeunes hommes sĂ©lectionnĂ©s parmi les plus robustes qui sont envoyĂ©s sur les chantiers du C.F.C.O. Pour tout dire, la population est « Ă©crĂ©mĂ©e Â» de ses hommes les plus jeunes et les plus aptes Ă  rĂ©parer l'hĂ©catombe provoquĂ©e par la prise de possession coloniale ».
  3. « Sida : comment le virus a quitté son berceau près de Kinshasa », sur Le Figaro Santé, (consulté le )
  4. « La ligne Congo-Océan : une traverse, un mort », Reprise d'un article du magazine GEO Histoire "L'Afrique au temps des colonies" (n°24), sur mediavaulx.fr, (consulté le )
  5. « L'inauguration de la ligne de chemin de fer "Congo Océan" », sur Institut national de l'audiovisuel (consulté le ).
  6. « Convertisseur franc-euro », sur Institut national de la statistique et des études économiques, (consulté le ).
  7. Sennen Andriamirado « Le défi du Congo-Océan ou l’épopée d’un chemin de fer » 1984
  8. "Clive Lamming", « Le Congo-Océan : l’enfer était entre les deux »
  9. « ligne de Comilog page 17 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  10. Sennen Andriamirado et Celestin Monga, Le nouveau Congo-Océan dans la traversée du Mayombe,
  11. « Articles du CFCO – Situation de l’entreprise 1990 à 2066 », sur www.cfco.cg (consulté le )
  12. « Affaire Mvoungouti », sur www.congopage.com (consulté le )
  13. « L'arrêt du trafic ferroviaire accentue les difficultés du CFCO », sur www.panapress.com (consulté le )
  14. « Une trentaine de blessés dans l'attaque d'un train (officiel) », Congopage,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « CFCO », sur www.cfco.cg, (consulté le )
  16. Falila Gbadamassi, Leila Kaddour-Boudadi, « Congo : Au moins 76 morts dans l'accident de train sur le CFCO », sur www.afrik.com (consulté le )
  17. Ngouela Ngoussou, « Transports/CFCO: Un nouveau train va relier Brazzaville et Pointe-Noire », Journal de Brazza,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. « Voie ferrée : 200 milliards FCFA pour réhabiliter la ligne de Mbinda », sur adiac-congo.com : toute l'actualité du Bassin du Congo (consulté le )
  19. Claire Meynial, « La renaissance du Congo-Océan », Le Point Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « C.f.c.o (Chemin de fer Congo-Océan) : Dix nouvelles locomotives pour redynamiser le transport ferroviaire », sur www.lasemaineafricaine.net, (consulté le )
  21. « Mwinda.org : Ponts dynamités sur le CFCO »
  22. Arsène Séverin, « Reprise du train entre Pointe-Noire et Brazzaville », sur VOA Afrique,
  23. Hervé Brice Mampouya, « Transport ferroviaire : deux trains marchandises entrent en collision à Ngondji », sur adiac-congo.com, (consulté le )
  24. « Déraillement à Bilala », sur Les Échos du Congo Brazzaville (consulté le )
  25. « un nouvel organigramme », sur www.cfco.cg (consulté le )
  26. « Infrastructures : Un mémorandum d’entente entre la République du Congo et l’Italie », Ministère de l'aménagement du territoire et des grands travaux
  27. « Le Cran poursuit l'Etat et la Spie pour crime contre l'humanité », BFMTV,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. Adel TAAMALLI, « Ligne Congo-Océan : l’assignation du CRAN révèle l’existence d’une fracture coloniale », Le blog d'Adel Taamalli,‎ (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • Jean-Louis ChalĂ©ard (dir.), Chantal Chanson-Jabeur (dir.) et Chantal BĂ©ranger, Le chemin de fer en Afrique, Paris, Karthala PRODIG SEDET, coll. « Hommes et sociĂ©tĂ©s », , 401 p. (ISBN 978-2-84586-643-0, OCLC 470313527, lire en ligne), p. 23-24
  • Daniel Loumouamou, L'influence du chemin de fer Congo-OcĂ©an sur la rĂ©gion traversĂ©e entre Brazzaville et Matoumbou en RĂ©publique populaire du Congo, UniversitĂ© Bordeaux 3, 1984, 377 p. (thèse de 3e cycle)
  • Camille Mfouli, Le chemin de fer Congo-OcĂ©an, tĂ©moignage de la colonisation française au Congo Brazzaville : 1921-1938, UniversitĂ© Lyon 2, 1985, 95 p. (mĂ©moire de maĂ®trise d'Histoire)
  • Dominique Paquet et Bernard AnberrĂ©e, Congo-OcĂ©an ou Le jeu renouvelĂ© du chemin de fer Brazzaville-Pointe Noire, Chiron, Paris, 1990, 67 p.
  • Henriette Roussel, Le chemin de fer Congo-OcĂ©an : grande Ĺ“uvre coloniale française, Delmas, Bordeaux (texte remaniĂ© d'une thèse de doctorat de Droit, Toulouse)
  • Gilles Sautter, «Notes sur la construction du chemin de fer Congo-OcĂ©an (1921-1934)», Cahiers d'Ă©tudes africaines, vol. 7, n° 26, 1967, p. 219-299, en ligne sur PersĂ©e.
  • Ieme van der Poel (dir.), Congo-OcĂ©an : un chemin de fer colonial controversĂ©, Paris, L'Harmattan, coll. « Autrement mĂŞmes », 2 vol. (XLVIII-186, 208 p.) (ISBN 978-2-296-01332-2 et 978-2-296-01333-9, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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