ArrĂȘt Bosman
LâarrĂȘt Bosman est une dĂ©cision de la Cour de justice des CommunautĂ©s europĂ©ennes (CJCE), rendue le relative au sport professionnel.
Affaire judiciaire
L'arrĂȘt Bosman trouve sa source dans le litige opposant le footballeur belge Jean-Marc Bosman Ă son club du FC LiĂšge. Celui-ci refusant son transfert vers le club français de Dunkerque, Bosman a portĂ© l'affaire devant la CJCE. Il conteste la conformitĂ© des rĂšgles rĂ©gissant les transferts, au regard du droit communautaire. Deux points Ă©taient notamment contestĂ©s par Jean-Marc Bosman :
- la possibilité pour un club de réclamer une indemnité de transfert pour un joueur ayant fini son contrat (en 1995, cette possibilité a déjà été abandonnée dans la plupart des autres pays européens mais subsiste en Belgique) ;
- les quotas limitant à 3 le nombre de joueurs étrangers ressortissants de l'Union européenne dans une équipe de club, qui constituent une discrimination entre nationalités européennes.
La CJCE donne raison Ă Bosman, considĂ©rant que les rĂšglements de l'UEFA, et notamment ceux instaurant des quotas liĂ©s Ă la nationalitĂ©, sont contraires Ă l'article 48 du traitĂ© de Rome sur la libre circulation des travailleurs entre les Ătats membres[1].
Conséquences juridiques en Europe
L'arrĂȘt Bosman a une portĂ©e considĂ©rable, non seulement pour le football mais pour toutes les disciplines sportives professionnelles ou semi-professionnelles, et ce dans tous les pays membres de lâUnion europĂ©enne.
Cette dĂ©cision (jurisprudence) Ă©tablit l'illĂ©galitĂ© des quotas de sportifs communautaires et des quotas de sportifs non communautaires ressortissants dâĂtats ayant signĂ© des accords dâassociation ou de coopĂ©ration avec lâUnion europĂ©enne. C'est-Ă -dire que depuis cet arrĂȘt, il n'est plus possible de limiter le nombre de sportifs des nationalitĂ©s concernĂ©es dans une Ă©quipe ou une compĂ©tition professionnelle.
ArrĂȘts liĂ©s
En 2002, une autre dĂ©cision, lâarrĂȘt Malaja rendue par un tribunal français a reconnu que la clause de non-discrimination sur la nationalitĂ© contenue dans l'accord conclu entre l'UE et la Pologne, alors pays associĂ© Ă lâUnion europĂ©enne, faisait que Maria Malaja, une fois lĂ©galement employĂ©e par son club de basket-ball ne pouvait plus ĂȘtre discriminĂ©e en raison de sa nationalitĂ© et dĂšs lors faire l'objet d'un quota qui s'appliquait aux non-communautaires. Or, si l'arrĂȘt Malaja ouvre les frontiĂšres, il ne s'applique Ă l'Ă©poque qu'en France. De nombreux tribunaux nationaux prennent par la suite Ă©galement des dĂ©cisions semblables en interprĂ©tant dans le mĂȘme sens la situation de sportifs turcs et russes par exemple.
Le , la Cour europĂ©enne rend l'arrĂȘt Kolpak puis par la suite l'arrĂȘt Simutenkov. Ces dĂ©cisions rendues cette fois au niveau communautaire permettent aux sportifs ressortissants dans le premier cas de Slovaquie et dans le second de Russie de bĂ©nĂ©ficier Ă©galement d'un traitement caractĂ©risĂ© par l'absence de discrimination sur la nationalitĂ© en ce qui concerne les conditions de travail. DĂšs lors, des quotas limitant leur nombre ne peuvent plus leur ĂȘtre appliquĂ©s. Un telle clause de non-discrimination se retrouve Ă©galement dans les accords conclus entre l'UE et les pays ACP.
Nationalités concernées
En octobre 2011, cette jurisprudence est applicable dans tous les pays de l'Union europĂ©enne et concerne tous les ressortissants des Ătats membres de l'Espace Ă©conomique europĂ©en, de Suisse (accords bilatĂ©raux), de Russie (accord de Corfou UE-Russie) et des 79 pays ACP (accord de Cotonou) :
Afrique du Sud
Allemagne
Angola
Antigua-et-Barbuda
Autriche
Bahamas
Barbade
Belgique
Belize
BĂ©nin
Botswana
Bulgarie
Burkina Faso
Burundi
Cameroun
Cap-Vert
RĂ©publique centrafricaine
Chypre
Comores
République démocratique du Congo
RĂ©publique du Congo
Ăles Cook
CĂŽte d'Ivoire
Cuba
Danemark
Djibouti
RĂ©publique dominicaine
Dominique
ĂrythrĂ©e
Espagne
Estonie
Eswatini
Ăthiopie
Fidji
Finlande
France
Gabon
Gambie
Ghana
GrĂšce
Grenade
Guinée
Guinée-Bissau
Guinée équatoriale
Guyana
HaĂŻti
Hongrie
Irlande
Islande
Italie
JamaĂŻque
Kenya
Kiribati
Lesotho
Lettonie
Liberia
Liechtenstein
Lituanie
Luxembourg
Madagascar
Malawi
Mali
Malte
Ăles Marshall
Maurice
Mauritanie
Ătats fĂ©dĂ©rĂ©s de MicronĂ©sie
Mozambique
Namibie
Nauru
Niger
Nigeria
Niue
NorvĂšge
Ouganda
Palaos
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Pays-Bas
Pologne
Portugal
Roumanie
Royaume-Uni
Russie
Rwanda
Saint-Christophe-et-NiévÚs
Sainte-Lucie
Saint-Vincent-et-les-Grenadines
Ăles Salomon
Samoa
Sao Tomé-et-Principe
Sénégal
Seychelles
Sierra Leone
Slovaquie
Slovénie
Somalie
Soudan
SuĂšde
Suisse
Suriname
Tanzanie
Tchad
Tchéquie
Timor oriental
Togo
Tonga
Trinité-et-Tobago
Tuvalu
Vanuatu
Zambie
Zimbabwe
Conséquence pour le football
L'UEFA s'est pliĂ©e Ă la jurisprudence communautaire et abolit les quotas de joueurs Ă partir de la saison 1996-1997. L'arrĂȘt Bosman change considĂ©rablement le paysage du football europĂ©en. Les clubs pouvant engager autant de joueurs communautaires qu'ils le souhaitent, cela entraĂźne immĂ©diatement une augmentation des transferts[2]. Cet arrĂȘt permet aux clubs de recruter les meilleurs joueurs Ă des prix incroyablement hauts[3]. Ainsi, le Real Madrid recrute ZinĂ©dine Zidane contre 75 millions d'euros, le Portugais LuĂs Figo pour 61 millions d'euros, crĂ©ant une Ă©quipe composĂ©e des joueurs parmi les meilleurs du continent. Cette Ă©quipe remporte la Ligue des Champions en 2002.
Cette fin des restrictions à trois joueurs étrangers ressortissants de l'Union européenne dans un club entraßne des bouleversements dans les effectifs des plus grands clubs qui ont le pouvoir de recruter les meilleurs joueurs de clubs moins riches. Ces clubs ne sont plus obligés de se consacrer à la formation de joueurs locaux. Ainsi, le Chelsea Football Club est la premiÚre équipe à aligner onze titulaires sans aucun joueur anglais[4] - [5].
Ce changement pÚse également sur le rapport de force entre dirigeants et joueurs, les entraßneurs sont poussés à faire évoluer leur management pour ménager des joueurs plus libres qu'avant[6].
Sources
Références
- Gilles Milecan, « ArrĂȘt Bosman : le jour oĂč le foot a changĂ© », sur http://www.lalibre.be, (consultĂ© le ).
- RĂ©gis DelanoĂ«, « Il y a 20 ans, lâarrĂȘt Bosman », sur http://www.sofoot.com, (consultĂ© le ).
- Bastien Drut, Ăconomie du football professionnel, Ă©ditions La DĂ©couverte, 2011, (ISBN 978-2707166951).
- Ph. C., « Comment l'arrĂȘt Bosman a mis le feu au foot », sur https://www.marianne.net, (consultĂ© le ).
- « Chelsea a de nouveau commencé un match sans aucun Anglais dans ses rangs au coup d'envoi », sur fr.besoccer.com (consulté le )
- Patrick Oberli, « Football. L'arrĂȘt Bosman oblige les entraĂźneurs Ă ĂȘtre moins dirigistes », Le Temps,â (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consultĂ© le )
Bibliographie
- Jean-Jacques Gouguet, Le Sport professionnel aprĂšs l'arrĂȘt Bosman : Une analyse Ă©conomique internationale, Presses Universitaires de Limoges et du Limousin, , 211 p. (ISBN 978-2-84287-331-8)
- Christine Kaddous, « LâarrĂȘt Bosman et la libre circulation des personnes au sein de lâUnion europĂ©enne », Droit et sport, Ă©ditĂ© par Piermarco Zen-Ruffinen,â , p. 151 Ă 168
- Stefan Kesenne, « L'affaire Bosman et l'Ă©conomie du sportif professionnel par Ă©quipe », R.M.U., no 1,â , p. 79 Ă 87
- « Tous les Français de l'étranger depuis 1948 » in France Football, mardi 18 novembre 2003.
Compléments
Article connexe
Liens externes
- (fr) Rapport du congrĂšs de Rome 2005 « La libre circulation des athlĂštes dans lâUnion europĂ©enne »
- (fr) « ArrĂȘt de la Cour du 15 dĂ©cembre 1995. - Union royale belge des sociĂ©tĂ©s de football association ASBL contre Jean-Marc Bosman, Journal officiel de lâUnion europĂ©enne », sur EUR-Lex.
- (fr) Article sur la répartition des clubs en C1, Les Cahiers du Football