Alexandrowka
La colonie Alexandrowka de Potsdam, capitale du Land de Brandebourg en Allemagne, est pour lâĂ©poque un concept innovant de monument commĂ©moratif crĂ©Ă© ex nihilo en 1826 sous la forme dâun village russe. RĂ©clamĂ© par un roi en mĂ©moire dâun autre monarque qui venait de dĂ©cĂ©der peu de temps avant, le roi et maĂźtre dâouvrage Ă©tait FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III de Prusse tandis que le monarque dĂ©cĂ©dĂ© Ă©tait le tsar Alexandre Ier.
Alexandrowka
ChĂąteaux et parcs de Potsdam et de Berlin * | |
Maison russe dans la colonie Alexandrowka, Ă Potsdam. | |
CoordonnĂ©es | 52° 24âČ 38âł nord, 13° 03âČ 25âł est |
---|---|
Pays | Allemagne |
Subdivision | Commune de Potsdam, Brandebourg |
Type | Culturel |
CritĂšres | (i), (ii), (iv) |
Superficie | 18 ha sur un total de 2 064 ha |
NumĂ©ro dâidentification |
532ter |
Zone géographique | Europe et Amérique du Nord ** |
AnnĂ©e dâinscription | 1990 (14e session) |
AnnĂ©e dâextension | 1992 (16e session)1999 (23e session) |
Extension | LĂ€nder de Potsdam et Berlin |
* Descriptif officiel UNESCO ** Classification UNESCO |
|
Au village artificiel sâajoute un parc-verger conçu par Peter Joseph LennĂ© dont la vocation programmatique se maintiendra jusquâĂ nos jours en raison des espĂšces dâarbres fruitiers rares qui sây trouvaient et quâon essaie de reconstituer Ă ce jour[1].
En rĂ©alitĂ©, câest moins la personne du tsar que lâamitiĂ© entre deux souverains[2], et Ă travers eux deux nations sâinfluençant rĂ©ciproquement, que voulait cĂ©lĂ©brer le roi de Prusse.
Il sâagit dâune reproduction libre de colonie militaire telle quâelle est pratiquĂ©e en Russie Ă cette Ă©poque, donc en quelque sorte de la dĂ©localisation de la culture russe sur le sol brandebourgeois afin de se souvenir du lien culturel qui unit les deux royaumes par des marqueurs visibles sur le terrain.
Ă Potsdam, crĂ©er un quartier inspirĂ© d'une autre culture va au-delĂ des modes, notamment avec l'essor des expositions universelles ; crĂ©er des villages artificiels ethniques avec des occupants de la mĂȘme origine remontent dĂ©jĂ Ă l'arriĂšre-grand-pĂšre de FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III, le roi-sergent qui avait souhaitĂ© Ă©difier le quartier hollandais qui sera finalement menĂ© Ă terme par son grand-pĂšre FrĂ©dĂ©ric le Grand. De nombreux aspects montrent en effet quâil sâagit dâun site unique en son genre pour des raisons politico-historiques, paysagistes, artistiques et biologiques.
Depuis 1999, la colonie Alexandrowka fait partie du Patrimoine mondial de lâhumanitĂ©, pas Ă titre individuel mais comme partie prenante dâun ensemble homogĂšne remarquable, dĂ©nommĂ© « ChĂąteaux et parcs de Potsdam et Berlin »[3] oĂč figurent Ă©galement dâautres villages artificiels comme lâitalien de Bornstedt, le suisse de Klein Glienicke, ou lâĂtablissement hollandais dans le Neuer Garten de Potsdam. L'Alexandrowka se trouve quant Ă elle dans le district « Nauener Vorstadt » au centre-nord de Potsdam. Ă mi-chemin entre parc et quartier trĂšs peu peuplĂ©, elle forme une entitĂ© homogĂšne accessible de partout, sorte d'Ăźlot dans la ville qui lui confĂšre avec d'autres quartiers ethniques un caractĂšre Ă©clectique et international incontestable.
GenĂšse de la colonie
Une ordonnance royale de FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III datĂ©e du exprime le vĆu du souverain en ces termes :
« Jâai lâintention de fonder une colonie russe Ă Potsdam en guise de monument pĂ©renne en souvenir des liens dâamitiĂ© profonds qui nous unissent Moi et le trĂšs bienheureux empereur Sa MajestĂ© Alexandre de Russie, colonie que je ferai habiter en tant que colons par les soldats-choristes dĂ©tachĂ©s de lâarmĂ©e russe en 1812 et 1815 avec lâautorisation de lâEmpereur, rattachĂ©s au 1er rĂ©giment de la garde Ă pied, et que je veux appeler Alexandrowka. »
â FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III[4]
La rĂ©alisation de la colonie russe est lâaboutissement dâun travail collectif qui a su profiter des savoir-faire de plusieurs spĂ©cialistes dans le Brandebourg et au-delĂ des frontiĂšres de la Prusse. Dâabord chaque rĂšgne de chaque monarque prussien a Ă©tĂ© marquĂ© dans la pierre, dans le paysage et parfois dans la langue par une culture soit dominante Ă lâĂ©poque, soit particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©e par le roi pour des raisons personnelles. Parmi les cultures les plus rĂ©currentes Ă Potsdam il faut nommer la France, lâItalie, les Pays-Bas et la Russie. Si lâon sâarrĂȘte aux jardins et aux parcs, la domination anglaise, concurrente directe de la culture horticole française, ne peut ĂȘtre omise ici.
Les Ă©vĂ©nements politiques internationaux du dĂ©but du XIXe siĂšcle vont Ă©loigner les souverains prussiens de la France et les rapprocher des Russes. Les guerres napolĂ©oniennes poussent bon grĂ© mal grĂ© le roi de Prusse et le lâempereur de Russie Ă collaborer et combattre cĂŽte Ă cĂŽte. Cela se manifestera de maniĂšres diverses, y compris par des petits gestes dâĂ©changes culturels. DĂšs les premiĂšres dĂ©faites contre NapolĂ©on, la Prusse perdit de facto son indĂ©pendance militaire et dut fournir des troupes auxiliaires Ă la Grande ArmĂ©e pour la campagne de Russie. Par consĂ©quent, souverain et Ă©tat-major prussiens avaient compris quâil fallait repenser lâintĂ©gralitĂ© de lâarmĂ©e prussienne en crĂ©ant des nouveaux rĂ©giments dont la garde personnelle du roi ou le 1er rĂ©giment Ă pied de la Garde stationnĂ© Ă Potsdam mĂȘme en face de la symbolique Ă©glise de la Garnison oĂč NapolĂ©on se recueillera devant la tombe de FrĂ©dĂ©ric le Grand. Câest ce premier rĂ©giment dâinfanterie quâĂ©voque le roi dans son ordonnance du ci-dessus. FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III souhaitaient logiquement voir des Russes emmĂ©nager dans sa nouvelle colonie russe. Or, il en avait dĂ©jĂ sur place dĂšs 1812, 13 ans avant le dĂ©cĂšs du tsar. Pendant la campagne de Russie aux cĂŽtĂ©s des troupes françaises, les Prussiens firent des prisonniers de guerre russes. Ils en ramĂšnent 62 Ă Potsdam et les intĂšgrent dans ce 1er rĂ©giment d'infanterie de la garde. En octobre, 1812, une partie des soldats russes sont conviĂ©s Ă former un chĆur et un groupe de musiciens pour animer le rĂ©giment. Ils deviennent soldats-choristes dans l'armĂ©e prussienne, mais restent sous le statut de prisonniers de guerre. Comme lâĂ©voque le roi de Prusse dans son ordonnance, le tsar Alexandre donna son accord pour un sĂ©jour permanent Ă Potsdam ; il consentit mĂȘme Ă envoyer des soldats-musiciens pour remplacer les pertes dans les rangs des soldats pendant la guerre en France. Les soldats-choristes prĂ©fĂšrent rester Ă Potsdam que de rentrer au pays car le rĂ©gime de la servitude y existe encore. De prisonniers et soldats auxiliaires, ils passent au statut de soldats « amis de la Prusse ».
Un autre facteur dĂ©cisif favorisera la crĂ©ation de la colonie russe pour ce qui touche l'espace vert: la nouvelle politique agricole et un regard diffĂ©rent sur l'horticulture de la part de FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III. Ce domaine met encore une fois en avant l'interaction et l'Ă©change des compĂ©tences entre les nations et les spĂ©cialistes. L'architecte-paysagiste Peter Joseph LennĂ© chargĂ© par le roi de la conception paysagĂšre de l'Alexandrowka jouera ici le rĂŽle de prĂ©curseur et d'initiateur en utilisant sa position de directeur des jardins du roi pour insuffler de nouvelles pratiques. LennĂ© a voyagĂ© Ă Paris en 1811-12 oĂč il a profitĂ© des enseignements entre autres du paysagiste en vogue, Gabriel Thouin, et de l'architecte Jean-Nicolas-Louis Durand. Avec l'aide du ministre de l'Ă©ducation et de la santĂ©, le soutien du directeur gĂ©nĂ©ral des jardins botaniques de Berlin et environs et l'intendant des jardins royaux, LennĂ© parvient Ă faire bĂątir le la pĂ©piniĂšre nationale et l'institut de formation des jardiniers du roi Ă Potsdam[N 1] dont il sera le directeur de 1823 Ă 1866. LennĂ© a en effet besoin de jardiniers et pĂ©piniĂ©ristes compĂ©tents autour de lui pour mener Ă bien ses projets pour les parcs et jardins royaux. Si l'on considĂšre l'intĂ©gralitĂ© des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'humanitĂ© ChĂąteaux et parcs de Potsdam et de Berlin, il est quasiment pour ce qui est de la partie paysagĂšre Ă l'origine de tous les grands sites de renom comme le parc de Sanssouci, l'Ăźle aux Paons, le parc de Sacrow ou celui de Babelsberg entre autres. L'Alexandrowka est sur ce point une petite rĂ©alisation de sa part, mais, Ă l'inverse, elle sera un terrain d'expĂ©rimentation pour la dimension horticole et sylvicole: tout est Ă inventer dans la colonie russe et, de ce fait, le roi et son chef-paysagiste expĂ©rimentent de nouvelles plantations d'arbres frutiers, de nouveaux dĂ©coupages de terres arables selon un cahier des charges programmĂ©s et d'aprĂšs un nouveau schĂ©ma de plantation[5]. La pĂ©piniĂšre royale attenante permettait de fournir des espĂšces locales, mais aussi d'introduire des nouvelles espĂšces.
Le roi confie la direction des travaux au gĂ©nĂ©ral von Witzleben et au colonel von Röder en leur fournissant comme point de dĂ©part le croquis d'un projet de village artificiel appelĂ© « Glasovo » dont la construction Ă©tait prĂ©vue dans le parc de Pavlovsk Ă Saint-PĂ©tersbourg[6]. Finalement, il ne sera pas mis en Ćuvre dans la capitale impĂ©riale russe. Par voie de consĂ©quence, la copie en Prusse devient l'original. DĂšs , Des interlocuteurs russes envoient des plans et croquis de maisons paysannes russes. Un quatriĂšme homme intervient pour son expĂ©rience Ă la demande des reprĂ©sentants du roi: le capitaine Snethlage qui a dĂ©jĂ construit en 1819 la maison-bloc de style russe[7] dĂ©nommĂ©e « Nikolskoe » sur l'Ăźle de Wannsee toute proche Ă l'occasion de la visite de sa fille Alexandra Feodorovna de Russie et de son mari, le futur tsar Nicolas Ier, union qui illustre clairement l'entente russo-prussienne Ă cette Ă©poque. Des plans d'un autre village artificiel russe jamais rĂ©alisĂ© ont Ă©galement Ă©tĂ© envoyĂ©s Ă Potsdam. Ils n'ont pas servi pour le cadre gĂ©nĂ©ral de la colonie d'Alexandrowka, mais au moins pour la conception de la maison de campagne construite sur la colline Alexanderberg. Le plan du village Glasovo dont la colonie russe a adoptĂ© la palissade qui l'entoure avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par l'architecte italien installĂ© Ă Saint-PĂ©tersbourg, Carlo Rossi, Ă la demande de l'impĂ©ratrice Alexandra Feodorovna[7]. Le parc de Pavlovsk se distingue Ă©galement par les nouvelles techniques agricoles qui y sont expĂ©rimentĂ©es[5]. Comme le montrent la maison de Nikolskoe ou la maison de campagne, plusieurs sources cumulĂ©es ont servi de base Ă la conception de l'Alexandrowka avec des modĂšles d'inspiration qui s'Ă©talent de la France Ă la Russie et sont adaptĂ©s par des architectes-paysagistes de renom introduisant le style de jardin prĂ©romantique anglais.
Conception et description de la colonie russe de Potsdam
Le supposé modÚle des colonies militaires russes
Pour comprendre pourquoi le roi de Prusse parle de colonie russe, il faut revenir au plan de colonisation par des soldats-cultivateurs pratiquĂ©s en Russie et dans l'empire austro-hongrois au XIXe siĂšcle[8]. AprĂšs les guerres napolĂ©oniennes, les souverains russes se sont rendu compte que leurs terres nâĂ©taient plus Ă lâabri dâun envahisseur. Il fallait trouver des solutions et lâune dâelles Ă©tait la crĂ©ation des colonies militaires dont le systĂšme a Ă©tĂ© mis en place et lancĂ© Ă partir de 1819 sous lâimpulsion dâAlexandre Ier et la direction du gĂ©nĂ©ral Alexis AraktcheĂŻev. Ce faisant, il convient de ne pas sâarrĂȘter Ă lâaspect militaire de ces colonies[9]. Au contraire, elles ont contribuĂ© Ă la colonisation et Ă lâexploitation agricole des terres forestiĂšres et marĂ©cageuses dans les campagnes[10], en prioritĂ© celles des rĂ©gions frontaliĂšres Ă la Pologne, Ă la Turquie ou au Caucase[11]. Chaque rĂ©giment recevait une surface de terre Ă©quivalente pour y construire des maisons aprĂšs avoir exĂ©cutĂ© le travail harassant de dĂ©frichement, dâassĂ©chement des marĂ©cages et terres humides, de terrassement et de remblayage pour pouvoir crĂ©er le village[12].
Le projet de lâempereur est dâordre Ă©conomique[10] avant dâĂȘtre militaire : il entend dâabord rĂ©duire les coĂ»ts de son armĂ©e en donnant la possibilitĂ© aux soldats-paysans-colons de subvenir Ă leurs besoins sur des terres qui ne leur appartiennent pas car elles restent propriĂ©tĂ© de la couronne. Ensuite, il faut entretenir la discipline et la loyautĂ© au souverain en pĂ©riode de paix dans des territoires parfois trĂšs reculĂ©s. Si les soldats sont inactifs et oisifs dans leurs casernements, les Ă©carts et les manquements Ă la discipline, voire les dĂ©sertions, nuisent Ă la cohĂ©sion de lâarmĂ©e[9]. Ă Potsdam par exemple, le roi dut bĂątir une muraille autour de la ville de garnison pour contrĂŽler les soldats inactifs ou rĂ©calcitrants. Le soldat cultivateur peut avoir sa famille prĂšs de lui et se sent redevable envers son souverain, ce qui crĂ©e un lien de dĂ©pendance mais aussi de fidĂ©litĂ© plus que dâobĂ©issance[13]. Une fois que les terres arables sont exploitables, les bĂątiments dâhabitation et dâexploitation sont construits par les soldats du bataillon concernĂ©. Chaque soldat-paysan a le droit dâhĂ©berger ses parents, sa femme et ses enfants. La colonie dâun bataillon sur les trois dâun rĂ©giment est Ă©galement obligĂ© dâaccueillir les membres des deux autres bataillons le temps que les terres de la colonie suivante soient prĂȘtes et ainsi de suite jusquâĂ lâhĂ©bergement de tout un corps. Il y a quatre compagnies dans un bataillon et 70 maisons pour une colonie militaire correspondant en gros Ă un bataillon[9].
Au dĂ©part, la plupart des bĂątiments sont en bois, des maisons-blocs. Les villages impĂ©riaux oĂč les colonies militaires sont installĂ©es a posteriori contiennent des habitants qui logeaient dans des isbas simples sous la condition de serfs. Dans une colonie militaire, les bĂątiments sont disposĂ©s mur gouttereau vers la rue ou la place d'armes. Avec le temps, ils deviennent plus grands que des isbas. Dans chaque village, des maĂźtres ou chefs colons sont dĂ©signĂ©s parmi les hommes autour de la cinquantaine[14]; ils doivent recevoir un soldat et sa famille. Son auxiliaire nommĂ© le rĂ©serve obtient une maison similaire Ă la sienne et il est formĂ© pour seconder ou remplacer le chef colon[10]. Chaque maison est prĂ©vue pour quatre familles. Au-dessus de leur appartement respectif, il y a une piĂšce de vie commune pour huit soldats. Un large chemin central sĂ©pare les isbas prĂ©cĂ©dĂ©es dâun jardin-potager. Le bĂątiment principal dispose dâune grande cour[14] avec sur le pourtour une grange, une Ă©table-Ă©curie, un grenier Ă grain entre autres. Ă lâarriĂšre, un autre chemin dâexploitation large longe les fermes et donne accĂšs aux champs[9] - [14].
Comme ils nâen demeurent pas moins soldats, les colons doivent se rendre deux fois par semaine aux exercices militaires, les soldats des autres bataillons en attente de terres aident aux travaux agricoles. Dans chaque rĂ©giment, il y a aussi des artisans boulangers, charpentiers, menuisiers, tailleurs, forgerons entre autres. Les fils des soldats entre 13 et 17 ans, habillĂ©s en uniforme et dĂ©signĂ©s comme cantonniers, suivent une instruction paramilitaire[14], ils sont aussi envoyĂ©s dans les villes voisines pour y faire un apprentissage dans ces corps de mĂ©tier[9]. Au milieu des compagnies se trouvent une place oĂč sont faits les exercices (surtout dâinfanterie, mais aussi de cavalerie dans la partie mĂ©ridionale de la Russie[14], un poste de garde, une chapelle, le logement du pope et des sous-officiers[9]. La colonie a son Ă©cole interne et les femmes qui se marient au sein dâune colonie ne peuvent plus la quitter.
Quel modĂšle de maison pour quelle image de la Russie Ă Potsdam
â
Vouloir transposer un village artificiel dans un pays dâune autre culture relĂšve automatiquement de la perception quâont les habitants du pays dâorigine comme lâĂ©tudient les imagologues. Par exemple, lâobservation des pavillons successifs de la Russie aux Expositions universelles du XIXe siĂšcle illustre bien cette image construite artificiellement par les visiteurs, mais partiellement voulue par les organisateurs[15]. Il faut dire que les organisateurs de la participation russe aux expositions Ă©taient orientĂ©s vers les goĂ»ts et les attentes du public europĂ©en en lui proposant une image quasi fausse de la Russie, une image construite artificiellement[15]. Câest en partie ce qui sâest passĂ© Ă Potsdam, moins au niveau de la population locale qu'Ă celui du roi qui nâa pas voyagĂ© dans les campagnes profondes de Russie; en revanche il a certainement admirĂ© les parcs dâagrĂ©ment de lâaristocratie de Saint-PĂ©tersbourg. La vie Ă la campagne et lâauthenticitĂ© de la vie du campagnard russe sont magnifiĂ©es et idĂ©alisĂ©es : on sort une cabane rudimentaire de son contexte misĂ©reux pour en faire une maison hyper-dĂ©corĂ©e, esthĂ©tiquement agrĂ©able Ă regarder[15]. Lors de la construction de lâAlexandrowka, le style russe-byzantin domine dans les hautes sphĂšres du pouvoir russe et dans les milieux intellectuels comme le style reprĂ©sentant le mieux lâĂąme russe[15]. Il est encore trop tĂŽt pour voir apparaĂźtre le style mixte Ă©clectique et historiciste qui se dĂ©veloppe Ă la fin du XIXe siĂšcle avec le soutien des autoritĂ©s et des acteurs Ă©conomiques russes qui exporte une image de la Russie dans les Expositions universelles pour la promotion et la reprĂ©sentation de la Russie Ă lâĂ©tranger[15]. Ă lâExposition universelle de 1867 Ă Paris, 41 ans aprĂšs lâAlexandrowka, le village russe comporte entre autres une maison de moujik pseudo-russe Ă la mode Ă ce moment-lĂ : les architectes misent sur lâinnovation et conservent parallĂšlement des Ă©lĂ©ments architecturaux et ornementaux des siĂšcles prĂ©cĂ©dents pour donner lâillusion de la copie conforme dâun modĂšle architectural dâantan. Par consĂ©quent, la colonie russe de Potsdam peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e ici comme pionniĂšre puisquâelle sâest affranchie du modĂšle original tout en sâinspirant des projets en vogue dans la capitale russe[15]. Ă Paris en 1867 comme Ă Potsdam en 1826, le challenge consiste Ă Ă©veiller chez le spectateur le rĂ©flexe immĂ©diat de reconnaĂźtre une maison russe sans avoir de connaissances particuliĂšres dans lâarchitecture de ce pays. Câest dâautant plus vrai que le modĂšle Ă©clectique de lâExposition universelle de 1867 Ă©tait en rĂ©alitĂ© un projet publicitaire de la sociĂ©tĂ© Gromov, nĂ©gociant en bois, qui sâest vite imposĂ© comme rĂ©fĂ©rence de la maison russe passant dâexpositions en expositions car elle Ă©tait devenue le concept-type du pavillon national[15].
Les habitants de Potsdam qui se sont trouvĂ©s devant ces nouvelles maisons de la colonie russe ont dĂ» ĂȘtre taraudĂ©s par la mĂȘme interrogation que les visiteurs de lâExposition de 1867 Ă Paris devant la ferme en rondins du pavillon russe : « Si les paysans russes en ont de semblables, il faut croire quâils ne sont pas trop Ă plaindre ». Les visiteurs Ă©trangers ne peuvent quâavoir du mal Ă classifier ce type de maison : cela doit ĂȘtre la cabane dâun paysan mais cela ressemble davantage Ă un chalet Ă©lĂ©gant qui sâapparente Ă un chalet suisse ou norvĂ©gien. Dans lâAlbum de lâExposition illustrĂ©e, les allusions au cĂŽtĂ© trop luxueux de la maison traditionnelle du pavillon russe sont nombreuses[N 2]. « Elle nous offrait plutĂŽt une reproduction Ă©lĂ©gante des habitations de paysans russes, que leur type rĂ©el et tel quâil se rencontre le plus souvent dans cet empire »[16]. Lors de lâExposition universelle de Vienne en 1873, en ce qui concerne la maison du paysan russe[17] le guide dĂ©crit le bĂątiment encore plus luxueux que ceux des Expositions prĂ©cĂ©dentes en ces termes : « Rien de coquet et d'Ă©lĂ©gant comme l'Isbah russe, qui donnera aux visiteurs de l'Exposition une idĂ©e de l'architecture et de la construction employĂ©es par le paysan pour sa maison. Elle est toute en bois; les murs sont formĂ©s de poutres superposĂ©es et enchĂąssĂ©es Ă leur extrĂ©mitĂ© l'une de l'autre. (âŠ) Les frontons de l'entrĂ©e et de la toiture sont des bois coupĂ©s, d'une physionomie assez Ă©lĂ©gante. Une terrasse, assez large, Ă laquelle on monte par quelques marches, permet au paysan de se reposer, le soir, en contemplant les prairies et les champs de blĂ© qui l'environnent. Mais l'intĂ©rieur est loin de rĂ©pondre Ă l'extĂ©rieur ».
Ces trois exemples de maison supposĂ©s reprĂ©senter la Russie rurale paysanne Ă lâĂ©tranger (Potsdam, Paris, Vienne) illustre la volontĂ© de sâĂ©loigner de lâisba traditionnelle qui, semble-t-il, donnerait une image moins glorieuse de la vie dans les campagnes russes. Le projet de lâAlexandrowka sâest dĂ©tournĂ© de la colonie militaire, mais il sâest aussi Ă©loignĂ© de lâisba. Les origines de la formation du type isba traditionnel remontent avant le XVe siĂšcle[18]. Quelques gravures et descriptifs de cabanes sont Ă©galement prĂ©sents dans les chartes Ă©ditĂ©es au XVIe siĂšcle par les souverains russes pour lâattribution de terres aux paysans. Les rĂ©cits de voyage des premiers voyageurs occidentaux dans le pays de Moscou sont accompagnĂ©s de dessins caractĂ©ristiques de la maison de bois en Russie au XVIIe siĂšcle, entre autres lâambassadeur du duc de Holstein, Adam Olearius[19], le baron autrichien Mayerberg[20], le SuĂ©dois Erich Palmquist[21]. Pour mieux dĂ©limiter les diffĂ©rences entre le type de maison finalement construit Ă Potsdam et lâisba traditionnelle qui Ă©tait au Moyen Ăge une cabane de rondins enfumĂ©e avec un toit de chaume, une petite porte et aucune fenĂȘtre, il faut juste sâarrĂȘter Ă quelques critĂšres visibles Ă lâĆil nu. Celui qui veut en lire davantage sur la maison paysanne russe traditionnelle se reportera Ă la bibliographie trĂšs fournie sur ce thĂšme dans la plupart des langues europĂ©ennes. Par ailleurs, le chapitre consacrĂ© Ă la dĂ©coration extĂ©rieure de la maison de lâAlexandrowka ci-dessous revient sur de nombreux aspects paĂŻens empreints de superstition.
Jusquâau XIXe siĂšcle, lâisba des paysans ordinaires comporte une seule piĂšce (environ 25 m2), pas seulement par manque de moyens, mais aussi parce que lâagencement et lâamĂ©nagement de cette grande piĂšce Ă vivre rĂ©pond Ă un style de vie et Ă une conception spĂ©cifiquement russes du foyer protecteur par rapport aux Ă©lĂ©ments malĂ©fiques de lâextĂ©rieur[22]. Lâisba des plus aisĂ©s dispose Ă l'Ă©tage dâune chambre mansardĂ©e (nommĂ©e ŃĐ”ŃĐ”ĐŒĐ° en russe) au-dessus de la piĂšce de vie unique conservĂ©e ; la terema est Ă©clairĂ©e par des fenĂȘtres, câest le lieu oĂč se retrouvent habituellement les femmes et celui qui est maintes fois Ă©voquĂ© dans les contes et rĂ©cits populaires russes[23]. Lâagencement intĂ©rieur des maisons de la colonie de Potsdam correspond davantage Ă la culture allemande de la Stube (l'Ă©quivalent du salon ou sĂ©jour aujourd'hui, la piĂšce la plus jolie oĂč on reçoit les invitĂ©s) et de la sĂ©paration fonctionnelle des piĂšces. Le modĂšle de base Ă Potsdam comporte en effet 5 piĂšces et un grand vestibule distributeur, ce dernier correspondant aussi trĂšs bien Ă la culture architecturale germanique. Ce faisant, les concepteurs de lâAlexandrowka renoncent donc Ă la piĂšce unique et chauffĂ©e oĂč tout le monde dort, mange et vit. La plupart des maisons de Potsdam resteront nĂ©anmoins de plain-pied.
MalgrĂ© lâaugmentation du nombre des espaces privatifs et la crĂ©ation dâune cuisine sĂ©parĂ©e, le sĂ©jour (en fait il y en aura deux, le petit et le grand) a conservĂ© des traces d'une aire culturelle beaucoup plus vaste qui va de l'Alsace Ă la Russie concernant lâancienne grande piĂšce Ă vivre amĂ©nagĂ©e sur un axe diagonal et rĂ©pandue en Europe centrale, en Europe du Nord et en Europe de l'Est[24]. Ă la premiĂšre extrĂ©mitĂ© de la diagonale se trouve le coin symbolisant la piĂ©tĂ© et lâautoritĂ© (ĐșŃĐ°ŃĐœŃĐž ŃĐłĐŸĐ»[N 3]), et Ă lâautre extrĂ©mitĂ© le poĂȘle, пДŃŃ[N 4], reprĂ©sentant la sphĂšre familiale[N 5]. AbandonnĂ© plus tĂŽt en Scandinavie et en Pologne, le coin dit du bon dieu (Les diffĂ©rents dialectes de lâallemand supĂ©rieur dĂ©signent ce coin de piĂ©tĂ© par les termes Herrgottswinkel, Herrgottseck, heilige Hinterecke) est restĂ© plus longtemps vivace en Alsace, en Allemagne du Sud, en Suisse et en Autriche, mĂȘme sâil faut dorĂ©navant aller de plus en plus dans les Ă©comusĂ©es, les salles Ă manger des hĂŽtels et restaurants soucieux de sauvegarder la tradition pour voir ces coins du bon dieu orientĂ© le plus souvent vers le sud-est c'est-Ă -dire dans la direction de JĂ©rusalem[25]. Dans les rĂ©gions trĂšs traditionnelles comme la ForĂȘt-Noire, certaines fermes dispersĂ©es dans la montagne ont rĂ©solument conservĂ© le coin du bon dieu dans leur sĂ©jour[26]. Dans la plupart des rĂ©gions pratiquant le Herrgottswinkel, la tradition du bouquet d'herbes aromatiques sĂ©chĂ©es bĂ©ni Ă l'Assomption de Marie et accrochĂ© en bas de la croix s'est maintenue dans les campagnes pour protĂ©ger hommes et animaux toute l'annĂ©e[27]. Au poĂȘle de l'isba russe orientĂ© vers le couchant[28] et au-dessus duquel dormait d'ailleurs un parent ĂągĂ©, fait Ă©cho le Kachelofe des rĂ©gions alĂ©maniques (Souabe, Bade, Alsace, Suisse) Ă l'extrĂ©mitĂ© occidentale de ce grand bassin culturel.
La forme de la colonie retenue Ă Potsdam
Compte tenu de l'aspect gĂ©nĂ©ral des colonies militaires russes (ĐČĐŸĐ”ĐœĐœŃĐ” ĐżĐŸŃĐ”Đ»Đ”ĐœĐžŃ) dĂ©crites plus haut, a fortiori quand elles utiliseront la pierre au lieu du bois brute, il apparaĂźt Ă©vident que l'Alexandrowka ne correspond pas Ă la colonie militaire stricto sensu, mais se contente de s'en inspirer vaguement dans l'esprit en l'honneur de son initiateur l'empereur Alexandre Ier. Ce sont effectivement des soldats-choristes[29] russes qui vont s'y installer au dĂ©but et il y a en outre une maison au centre du parc qui fait fonction de maison de gardien Ă l'instar du chef-colon en Russie. Ă Alexandrowka, les maisons se trouvent Ă©galement le long des chemins, mais il n'y en a que treize et c'est le mur pignon qui face Ă la rue. Pour ce qui est du reste, on peut parler davantage de colonie civile amĂ©nagĂ©e avec goĂ»t, riche en verdure et dotĂ©e de maisons dont auraient certainement rĂȘvĂ© les paysans-serfs[30] de la Russie du XIXe siĂšcle. Il n'est nullement questions de colons-dĂ©fricheurs cĂ©rĂ©aliers avec plusieurs bĂątiment d'exploitation agricole agrĂ©gĂ©s autour d'une cour intĂ©rieure. Le colonel von Puttkamer qui rĂ©digea quelques articles sur l'histoire de la colonie russe de Potsdam[31] explique que c'est Ă dessein que des plans et croquis de villages russes soient envoyĂ©s aux responsables du projet car « un parc Ă la façon d'une colonie militaire de ces rĂ©gions oĂč les maisons sont orientĂ©es façades longues sur rue n'aurait pas belle allure et prĂ©senterait un aspect extĂ©rieur franchement dĂ©favorable »[6].
Au-delĂ de la couleur russe que souhaitait donner le monarque prussien Ă sa colonie, son paysagiste LennĂ© et son Ă©quipe envisageaient Ă©galement un espace vert agrĂ©able Ă regarder tant par la floraison printaniĂšre des arbres fruitiers que par l'amĂ©nagement global des parties cultivables et dĂ©coratives. L'arrivĂ©e du projet des villages artificiels jamais rĂ©alisĂ©s de Glasovo dans le parc de Pavlovsk et de TsarskoĂŻe Selo, banlieue de Saint-PĂ©tersbourg, fournis par la Russie dans les annĂ©es 1820, fournira un support visuel riche en enseignement pour les maĂźtres d'ouvrage comme pour les maĂźtres d'Ćuvre. Les archives disposent encore de la charte de la colonie Alexandrowka rĂ©alisĂ©e par Stanzow en 1827, avec un croquis dessinĂ© Ă la main sur carton, avec plume et encre de Chine[N 6] Ă partir de laquelle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e l'Alexandrowka[7]. GrĂące au croquis dit de Fintelmann qui date environ de 1848, donc presque vingt ans plus tard, on sait qu'entre temps la maison du gardien au centre de la croix de saint AndrĂ© a obtenu une Ă©table et la chapelle sur la colline Alexanderberg a Ă©tĂ© construite. Le plan Fintelmann ci-contre sert jusqu'aujourd'hui d'Ă©chelle de rĂ©fĂ©rence pour toutes les mesures d'amĂ©nagement ou de restauration dans la colonie[32]. Le roi souhaite que la colonie soit entourĂ©e d'une palissade avec des arbres plantĂ©s tout du long tels que dĂ©crits par les croquis envoyĂ©s par les collĂšgues russes. Ce sera le parc de Glasovo qui sera retenu pour cette palissade et la disposition des arbres et des jardins.
L'aspect gĂ©nĂ©ral retenu est moins martial qu'une colonie militaire Ă vocation pratique et synoptique. Il a une forme d'hippodrome Ă l'intĂ©rieur duquel les chemins principaux forment une croix de saint AndrĂ© coupĂ©e en son centre par deux sentiers secondaires en croix grecque, eux-mĂȘmes entrecoupĂ©s par de multiples sentiers qui permettent d'accĂ©der Ă chaque maison en coupant Ă travers le parc. L'ensemble est entourĂ© d'une palissade et d'une haie arbustive et arborĂ©e. LĂ©gĂšrement surĂ©levĂ©e au nord de l'hippodrome, dans un espace beaucoup plus boisĂ©, la chapelle de style orthodoxe et la maison de campagne royale domine la colonie. Sur chaque bras de la croix de saint AndrĂ© au milieu, deux maisons en bord de chemin se font face, ce qui fait huit maisons. Aux extrĂ©mitĂ©s arrondies de l'hippodrome, respectivement sur le cĂŽtĂ© droite et gauche, se trouve une seule maison, ce qui fait quatre maisons. Au centre, Ă la croisĂ©e des chemins en croix de saint AndrĂ©, il y a la maison du gardien qui est aujourd'hui un salon de thĂ©.
Le choix de construction retenu pour les maisons de l'Alexandrowka illustre aussi trĂšs bien l'approche moderne de l'histoire globale[33]: il y a eu en effet un transfert et une dĂ©formation des codes culturels russes et allemands. Un style de maison ne reste pas confinĂ© Ă une seule culture, mĂȘme si elle en est la patrie initiale; il Ă©volue et s'adapte aux besoins ou aux sensibilitĂ©s du pays d'accueil. La maison en rondins russe et la maison Ă colombages avec rondins en trompe-l'Ćil Ă Potsdam connectent des espaces diffĂ©rents[N 7].
- Alexandrowka, image d'archives no 170-225, Max Bauer, début XXe siÚcle.
- Alexandrowka, image d'archives no 170-226, Max Bauer, début XXe siÚcle.
- Alexandrowka, image d'archives no 170-228, Max Bauer, début XXe siÚcle.
- Vue aérienne de Potsdam. L'Alexandrowka est repérable à gauche, centre, avec les chemins en croix de saint André entre Sanssouci et les lacs.
Description des maisons de lâAlexandrowka
Le visage de la maison
Sachant que les maisons de lâAlexandrowka imite dâun point de vue visuel la maison traditionnelle russe occidentale, leurs façades cĂŽtĂ© pignon doivent ĂȘtre lues et interprĂ©tĂ©es selon une dĂ©marche trĂšs ancrĂ©e dans la culture russe ; la mĂ©thode de dĂ©coration de la maison russe utilisant la sculpture du bois sâappelle la domovaya rezba (ĐĐŸĐŒĐŸĐČĐ°Ń ŃДзŃба), mot Ă mot « fil de maison ». Il faut dâabord distinguer trois niveaux dans la lecture de la maison et chaque niveau est dĂ©corĂ© selon des rĂšgles prĂ©cises[34] :
- Le premier niveau est celui du soubassement, du sous-sol reprĂ©sentant le monde souterrain mais aussi la terre des ancĂȘtres ;
- Le deuxiĂšme niveau se compose de la structure centrale en bois oĂč les gens vivent. Il symbolise logiquement le monde des ĂȘtres vivants, hommes et animaux qui cohabitent intimement ;
- Le troisiÚme niveau se constitue du toit et du fronton du pignon qui symbolisent le ciel et la voûte céleste.
Ă Potsdam, le visage de la maison fait rĂ©fĂ©rence Ă la premiĂšre variĂ©tĂ© de maison qui succĂšde Ă lâisba originelle sans fenĂȘtre: une petite cabane avec trois fenĂȘtres sur la façade, composĂ©e dâun vestibule qui sert de sas avant la grande piĂšce de vie unique oĂč se trouve le poĂȘle. Or, en terres russes, les isbas prendront avec le temps des formes plus monumentales et plus sophistiquĂ©es avec des oriels, des balustrades et des balcons richement dĂ©corĂ©s : le modĂšle Ă©largi nommĂ© isba piatistennaĂŻa est plus grand et sa façade comporte cinq ou parfois six fenĂȘtres cĂŽte Ă cĂŽte qui reflĂštent les particularitĂ©s d'une disposition interne plus complexe[35]. Ce type de maison n'est pas reprĂ©sentĂ© Ă Potsdam[N 8].
La symbolique de lâornementation des maisons traditionnelles russes fait partie des programmes pĂ©dagogiques en Russie car elle renvoie systĂ©matiquement Ă de nombreux thĂšmes interdisciplinaires touchant Ă la fois la religion, la mythologie panslave, les arts traditionnels, les technologies ancestrales et lâhistoire-gĂ©ographie entre autres. Par exemple la sĂ©quence « La ville dans le passĂ© » dâun site de partage pour enseignants[36] met par exemple lâaccent sur les ornements populaires russes comme les symboles solaires, aquatiques, terriens ou mythologiques sans oublier les reprĂ©sentations dâamulettes stylisĂ©es dâanimaux et de crĂ©atures mythologiques. Comme il a dĂ©jĂ dit plus haut, la conception russe de lâisba sâest matĂ©rialisĂ©e dans la langue et la reprĂ©sentation iconographique autour de la maison. La maison a un litsom, mot russe qui veut dire figure, visage ou physionomie dâune personne. Le visage de la maison correspond au visage de lâhomme : les mots pour la dĂ©crire sont soit identiques aux mots anatomiques soit ils sont de la mĂȘme Ă©tymologie.
Les frises, planches dĂ©coratives et bandes de rives, les chambranles et les balustrades permettent de donner un visage Ă la maison russe traditionnelle grĂące des ornements floraux ajourĂ©s (ажŃŃĐœŃĐč ŃĐ°ŃŃĐžŃДлŃĐœŃĐč ĐŸŃĐœĐ°ĐŒĐ”ĐœŃ), des motifs identiques Ă ceux en usage dans la dentellerie et les costumes traditionnels, souvent dâorigine prĂ©chrĂ©tienne ou syncrĂ©tique comme les symboles solaires (demi-soleil ou polousolnechka pour les chambranles de fenĂȘtre) ou lâarbre de vie (ĐĐ”ŃĐ”ĐČĐŸ Đ¶ĐžĐ·ĐœĐž) ou encore de la culture populaire comme la coiffe des femmes russes, la kokochnik.
En se plaçant devant une maison de la colonie russe de Potsdam, cette conception anatomique de la façade permet un décryptage plus aisé. En ce sens, la colonie Alexandrowka a de facto introduit une part de russité dans le Brandebourg.
Construction et aspect extérieur
En comparant avec les dessins de la colonie Glasowo rĂ©alisĂ©s sur papier aquarelle Ă lâencre de chine par lâarchitecte Charles Rossi en 1815[38], il apparaĂźt clairement la maison de Glasowo a servi de modĂšle pour la maison de campagne royale sur lâAlexanderberg, mais peu pour les maisons de la colonie potsdamoise. On peut parler dâinspiration russe mais objectivement pas de copie. En rĂ©alitĂ©, les maisons de lâAlexandrowka reposent davantage sur le trompe-lâĆil et sur une mode architecturale qui prĂ©valait en Russie dans les milieux aisĂ©s influencĂ©s par lâhistoricisme et le retour aux valeurs traditionnelles magnifiĂ©es ou idĂ©alisĂ©es[37]. Les maisons ont pignon sur rue car le roi voulait Ă©viter de donner lâimpression dâune colonie militaire dont lâalignement des longs murs gouttereaux dĂ©nature lâesthĂ©tique gĂ©nĂ©rale. Les extrĂ©mitĂ©s des rondins qui dĂ©passent des façades latĂ©rales sont en rĂ©alitĂ© insĂ©rĂ©es dans lâossature bois du colombage rempli de klinker. La maison de la colonie russe nâest pas une isba mais une maison Ă colombages : il ne sâagit pas de maison en rondins ou bois plein et la façade ne reflĂšte pas la distribution des piĂšces. Lâisba traditionnelle a une grande piĂšce avec une organisation interne symbolique en diagonale (depuis le coin du bon dieu dans un angle jusquâau fourneau dans lâautre angle) alors que la maison de la colonie possĂšde deux sĂ©jours, le grand sĂ©jour et le petit sĂ©jour dont la fenĂȘtre donne sur la rue[37]. La maison et l'Ă©table sont reliĂ©es par un portail fermĂ© et surmontĂ© d'un petit toit, ce qui donne Ă l'ensemble un aspect homogĂšne et clos. Une porte cochĂšre et une petite porte donnent l'accĂšs Ă l'intĂ©rieur de la cour entre habitation et Ă©table.
Le bois choisi pour le colombage et le bardage est le pin sylvestre. Pour les dĂ©corations de pignon, les fenĂȘtres et les parties annexes câest le chĂȘne qui a Ă©tĂ© retenu. Quelques essences mineures ont Ă©tĂ© Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©es. Les Ă©lĂ©ments de construction furent dĂ©coupĂ©s Ă Berlin Ă la sociĂ©tĂ© SALA et montĂ©s Ă Potsdam. 36 charpentiers et 18 menuisiers ont travaillĂ© Ă Berlin pendant deux mois et certains ont poursuivi sur le chantier Ă Potsdam. Un sergent, 26 soldats de la garde, section des pionniers, et respectivement 18 hommes provenant des 4 rĂ©giments dâinfanterie de la garde qui Ă©taient des maçons, des charpentiers et des menuisiers de mĂ©tier. Une fois le terrassement et les fondations terminĂ©s, tout le monde travaille Ă la construction dâune maison jusquâĂ ce quâelle soit terminĂ©e. Puis ils passent Ă la suivante et ainsi de suite. On commença au sud et on poursuit vers le nord. Sur les fondations, il y a une assise de rouleau-briques sur laquelle repose le seuil de fond[37].
Le toit Ă deux versants prĂ©sente une structure Ă chevrons avec une inclinaison de 45°, avec charpente de 14 chevrons de ferme. On pourrait penser quâil sâagit dâune ferme de type suĂ©dois Ă cause du chevronnage apparent qui nâest en rĂ©alitĂ© quâun trompe-l'Ćil. La couverture du toit Ă©tait Ă lâorigine faite de planches disposĂ©es verticalement. Les joints Ă franc-bord sont recouverts par des plinthes. Cette couverture nâest aucunement russe, elle est dĂ©jĂ pratiquĂ©e en Allemagne et dĂ©crite dans les traitĂ©s des couvreurs disponibles Ă lâĂ©poque. Les planches du toit ont Ă©tĂ© traitĂ©es Ă lâhuile de lin Ă partir de 1834. Contrairement Ă la couverture traditionnelle de lâisba, il nây a pas eu de toit de chaume Ă Potsdam. Ă partir de 1877, les toits furent couverts avec de lâardoise anglaise[37].
Lâarchitecte de la garnison Boeckler avait dĂ©posĂ© une demande dâagrandissement des fenĂȘtres en 1864 aux reprĂ©sentants du roi sachant que celui-ci ne voudra peut-ĂȘtre pas quâon touche au caractĂšre russe de la maison en rondins mĂȘme si câest un trompe-lâĆil. En fait, trĂšs peu de choses ont changĂ© jusquâĂ aujourdâhui : le visiteur actuel voit les maisons quasiment dans leur Ă©tait dâorigine. Il nây avait pas de contrevents Ă lâorigine et la couleur est moins reprĂ©sentĂ©e Ă Potsdam que dans les maisons de campagne en Russie. Seule la maison du gardien a reçu un chambranle de fenĂȘtre en couleur et la maison no 13 fut dotĂ©e de contrevents Ă la demande du propriĂ©taire qui sâengageait Ă respecter lâaspect russe[37].
ĂlĂ©ments dĂ©coratifs et ornementaux
Les premiers documents dont les chercheurs ont disposĂ© sur les maisons traditionnelles Ă©taient constituĂ©s par les chartes des XVe et XVIe siĂšcles relatives au domaine concĂ©dĂ© aux mujiks. GrĂące aux miniatures du XVIe siĂšcle, la faune et la flore mythologiques sont connues des spĂ©cialistes qui travaillent sur cet art dĂ©coratif populaire qui s'est perpĂ©tuĂ© jusqu'Ă nos jours[39]. Mais ce sont les Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs des maisons du village artificiel de Glasowo qui ont Ă©tĂ© retenus pour les façades des maisons de Potsdam. La dĂ©coration provient des croquis et dessins de Rossi pour Glasowo, bien quâĂ lâAlexandrowka les associations ornementales sâen soient Ă©mancipĂ©es. Les ornements des terrasses et balcons nâont pas Ă©tĂ© vernis ou peints, seules les dĂ©corations des fenĂȘtres ont eu le droit dâĂȘtre peintes avec peinture Ă lâhuile. La couleur Ă©tait couleur chĂȘne.
Superstitions et coutumes ancestrales en arriĂšre-plan
Pour comprendre les dĂ©corations de la maison traditionnelle russe et par voie de consĂ©quence leur fonction symbolique, il faut dâabord revenir Ă la conception quâont eue les Russes de leur isba pendant des siĂšcles. De nombreux aspects sont nĂ©anmoins communs aux superstitions quâon rencontre en Europe occidentale, mĂȘme si elles sâexpriment de maniĂšre diffĂ©rente, comme la crainte de bĂątir son foyer Ă un endroit maudit, malĂ©fique ou dĂ©favorable en raison de multiples facteurs Ă la fois naturels ou irrationnels pour ne pas dire surnaturels[N 9]. Si la forme de lâornement est ancrĂ©e dans la culture locale, la peur panique face aux mauvais esprits et aux influences nĂ©fastes provenant de lâextĂ©rieur est rĂ©solument identique de lâest vers lâouest. Outre la pratique de la bĂ©nĂ©diction directement gravĂ©e ou peinte sur le pignon de la maison[N 10], certaines familles pieuses de plusieurs confessions en Europe rĂ©clament aujourdâhui encore la bĂ©nĂ©diction de leur nouvelle maison comme dans lâĂ©glise catholique oĂč ce rite est dĂ©jĂ attestĂ© dans le sacramentaire gĂ©lasien : les anges doivent garder la demeure et « chasser dâelle toute influence du Malin ». Sont concernĂ©s les mĂȘmes lieux sensibles que dans lâisba russe comme le seuil de la porte[N 11] ou les lieux de vie des hommes et des bĂȘtes troublĂ©s par les suppĂŽts de Satan[N 12]. Dans lâisba russe, cette phobie du mal pĂ©nĂ©trant la maison est particuliĂšrement dĂ©veloppĂ©e : de multiples rĂšgles de vie doivent faire barrage au mal personnifiĂ©, y compris sous la table qui est pour le paysan russe lâĂ©quivalent de l'autel Ă lâĂ©glise puisquâelle est dâailleurs toujours placĂ©e dans lâangle de piĂ©tĂ© sous les icĂŽnes[40] - [N 13]. La tradition veut que le diable aime se balancer sur le pied d'un convive, s'asseoir sous la table au moment des repas de sorte quâil est rigoureusement interdit de croiser les jambes et de balancer le pied.
Dâailleurs, au-delĂ de lâornementation et des rituels Ă vocation protectrice spĂ©cifique Ă chaque rĂ©gion, il est intĂ©ressant de noter que, des Vosges Ă lâOural, de la Scandinavie aux Alpes, les fermes des campagnes partagent aussi lâesprit domestique que les occupants de la maison choient malgrĂ© ses facĂ©ties passagĂšres puisquâil protĂšge la demeure et ses occupants[41] En Russie, câest le domovoĂŻ[N 14] Ă lâinstar du sĂŽtrĂ© du Grand-Est français et de la Wallonie belge, du puk des Allemands septentrionaux[42], du skĆĂtek des TchĂšques[43], du tomte scandinave[42], du haltia finlandais[42], du mamarro ou iratxo basque[42].
Lâanalogie entre la maison et le corps humain est plus spĂ©cifique Ă lâisba russe[44]. De nombreuses Ă©tudes y ont Ă©tĂ© consacrĂ©es[N 15]. Les dĂ©nominations des diffĂ©rentes parties de la maison correspondent aux mots utilisĂ©s pour dĂ©signer les parties du visage par exemple : la fenĂȘtre est un Ćil, lâouverture du four est la bouche, la porte a souvent une connotation gĂ©nitale[45] - [N 16] pour en citer que ces exemples[44]. Câest pourquoi la tradition veut que, quand une isba est inhabitĂ©e ou abandonnĂ©e, il faut clouer portes et fenĂȘtres comme quand on ferme la bouche et les yeux dâun mort[44]. La maison vit de facto au rythme de ses occupants et inversement les occupants doivent apprendre Ă respecter le fonctionnement de la maison soumise Ă tous les dangers venant de lâextĂ©rieur : tout est dâorigine naturelle dans les isbas et par voie de consĂ©quence tout vit et transmet son Ă©nergie vitale aux habitants. La dĂ©coration en subit les consĂ©quences : on ne peut pas choisir nâimporte quel bois car chaque essence a son histoire, ses bienfaits et ses propres dĂ©fauts. Le bouleau Ă©tant un arbre sacrĂ©, il est Ă©cartĂ© dâoffice. Pour les ornementations, les artisans utilisent des essences considĂ©rĂ©es en ces lieux comme moins nobles : le pin sylvestre ou lâĂ©picĂ©a. Ceci Ă©tant, pour atteindre le degrĂ© de raffinement et dâesthĂ©tique dans la dĂ©coration extĂ©rieure des maisons russes dont sâinspireront celles de Potsdam, il faudra attendre le XIXe siĂšcle. Jusquâau XVIIe siĂšcle les isbas sont dites « noires » car elles nâont pas de cheminĂ©e : lâintĂ©rieur est enfumĂ©, sent la suie et lâextĂ©rieur se limite Ă une porte, seule orifice Ă protĂ©ger des dangers de lâextĂ©rieur. Quand il y a des fenĂȘtres, elles sont minuscules et ne sâouvrent pas. La dĂ©coration extĂ©rieure est rudimentaire mais elle est prĂ©sente pour lâĆil averti. Au XVIIIe siĂšcle, Pierre le Grand exige que toutes les isbas autour de Saint-PĂ©tersbourg soient construites avec une cheminĂ©e : les isbas deviennent « blanches ». Mais ailleurs ce sera longtemps encore un luxe dâavoir une isba blanche. Il faut attendre le XIXe siĂšcle pour que lâisba blanche se gĂ©nĂ©ralise, un siĂšcle qui correspond Ă©galement Ă une mode architecturale de style russe ou pseudo-russe pour les maisons dâinspiration traditionnelle ou les datchas qui se commencent Ă se propager dâabord dans les milieux aristocratiques, puis chez les grands bourgeois et intellectuels[46].
La dimension sacrificielle dans la décoration
AttestĂ© dans de nombreux pays de lâEurope centrale, mais surtout de lâEurope de l'Est, il fallait que lâesprit dâun animal sacrifiĂ© habite les lieux avant dâemmĂ©nager dans lâisba. La victime expiatoire donne en quelque sorte son corps pour fournir le premier matĂ©riau de la construction dont elle reproduit lâapparence[44]. Le sacrifice se faisait le plus souvent avec un poulet, un mouton ou un cheval. On coupait la tĂȘte de lâanimal et lâenterrait sous le foyer[44]. En Russie, cette tradition se poursuit encore dans certaines familles oĂč les futurs occupants dâun nouvel appartement font dâabord entrer un chat ou chien (y compris celui de quelquâun dâautre) avant de franchir le seuil. Les fouilles archĂ©ologiques semblent confirmer que le cheval sera lâanimal le plus sacrifiĂ©[47]. Avec le temps, et surtout avec lâintroduction de la couverture en bois au lieu du chaume, la tĂȘte du cheval sera reprĂ©sentĂ©e de maniĂšre symbolique et ornementale sur le faĂźte du toit, essentiellement dans la partie nord de la Russie europĂ©enne. La tĂȘte de cheval ou parfois aussi deux tĂȘtes de chevaux croisĂ©es nâest plus forcĂ©ment reconnaissable avec le temps car sa forme devient de plus en plus stylisĂ©e ou simplifiĂ©e pour nâĂȘtre quâune sorte de moignon ou de piquet. Câest le cas Ă Potsdam oĂč les deux volutes de chaque cĂŽtĂ© de lâĂ©pi de faĂźtage peuvent faire allusion Ă deux tĂȘtes de chevaux stylisĂ©es.
DĂ©corations de porte et fenĂȘtres
Lâabondance de la dĂ©coration des ouvertures de la maison russe illustre leur caractĂšre quasi sacrĂ© dans les anciennes croyances russes. Cela se retrouve dans lâornementation des maisons traditionnelles jusquâĂ aujourdâhui. Dâabord la porte se trouve sur le cĂŽtĂ©, gĂ©nĂ©ralement elle donne sur la cour intĂ©rieure. Ă Potsdam, comme dans le projet du village artificiel de Glasowo, lâaccĂšs Ă la porte dâentrĂ©e de la maison est de toute façon barrĂ© par ce portail massif qui protĂšge des regards indiscrets. Le seuil de la porte est en effet le lieu oĂč on enterrait jusquâau XIXe siĂšcle les nouveau-nĂ©s morts sans ĂȘtre baptisĂ©s. Des tas de rites entourent la porte : personne ne reste pas devant la porte, lieu oĂč se tient dâailleurs souvent le domovoĂŻ. On ne donne rien Ă la porte, on ne regarde pas par une porte ouverte, on ne parle pas Ă quelquâun de lâautre cĂŽtĂ© de la porte fermĂ©e[48] et la levĂ©e de la premiĂšre personne Ă dĂ©cĂ©der dans la nouvelle maison ne se fait jamais par la porte mais par une fenĂȘtre. La porte filtre tout ce qui transite de lâextĂ©rieur vers lâintĂ©rieur et vice-versa : il faut empĂȘcher les forces du mal dâentrer[44] y compris par les serrures. En consĂ©quence, une croix orthodoxe Ă©tait dessinĂ©e avec un cierge sur le jambage des portes, on y accrochait un fer Ă cheval, une lame de couteau ou de faux pour littĂ©ralement couper le passage aux mauvais esprits[49] - [50]. La porte prĂ©sente dâautres dĂ©corations dâorigine paĂŻenne comme les cercles solaires, les lignes brisĂ©es et les diffĂ©rents symboles de fertilitĂ©.Tout ce qui nâentre pas par la porte mais par la fenĂȘtre ou le conduit de fumĂ©e danger reprĂ©sente une perte de contrĂŽle et donc un danger.A tort ou Ă raison, les Russes attribuent davantage de crĂ©ativitĂ© dans les sculptures sur bois Ă la rĂ©gion de la Volga, et en particulier lâinfluence de la rĂ©gion de Novgorod, en se rĂ©fĂ©rant Ă un climat plus doux par rapport aux conditions de travail des maĂźtres-sculpteurs ou menuisiers du Nord. Ă lâorigine, les cercles sculptĂ©s, les triangles et les croix avaient une signification symbolique proche du talisman. De nos jours, il nâest pas certain que tous les Russes sachent dĂ©chiffrer les symboles ornementaux des maisons traditionnelles, mais aussi de la dentelle et des vĂȘtements folkloriques. La sculpture en bois du Nijni Novgorod est particuliĂšrement connue dans le pays.
Dans la colonie russe de Potsdam, la tradition des trois fenĂȘtres sur rue a Ă©tĂ© respectĂ©e. La rangĂ©e de trois fenĂȘtres reprĂ©sente la sainte TrinitĂ©[51]. Par ailleurs, la fonction protectrice est proche de celle de la porte : en consĂ©quence, la fenĂȘtre reçoit logiquement de nombreux symboles protecteurs. Longtemps les fenĂȘtres resteront fermĂ©es car, dans les croyances populaires, elles font la liaison avec le monde des morts[N 17]. Ă lâorigine il nây avait de toute façon aucune fenĂȘtre dans lâisba. Ă partir du XVe siĂšcle, les paysans plus riches sâoffrent des fenĂȘtres dĂ©corĂ©es ; les spĂ©cialistes font commencer ici une nouvelle catĂ©gorie dâisba : la ĐșŃĐ°ŃĐœŃĐ” ĐžĐ·Đ±Ń (kransnye izby ou « les belles isbas »). Cela ne signifie pas pour autant que la baie sâouvre. Le caractĂšre ambivalent de la fenĂȘtre sâexprime dans le dĂ©sir de la dĂ©corer Ă la hauteur de son importance sur le plan symbolique. Il faut attendre le XVIIIe siĂšcle pour voir arriver les cheminĂ©es et les fenĂȘtres. Les derniĂšres ne sont toutefois pas vitrĂ©es, mais en mica ou vessie de porc. Quand les fenĂȘtres sâouvriront, dâautres rites sâinstalleront tels quâon peut encore les lire dans les contes traditionnels russes. De fait, comme lâange gardien de la maison vit sous la fenĂȘtre[52], il ne faut pas cracher, jeter quoi que ce soit par la celle-ci. Du coup les femmes choisissent de bavarder entre elles sous la fenĂȘtre[53]. Par voie de consĂ©quence, cet endroit revĂȘt un caractĂšre sacrĂ© et saint : le passage nâest autorisĂ© quâaux anges gardiens[54] et de nombreux rites positifs sây dĂ©roulent[N 18]. Un tel endroit doit ĂȘtre magnifiquement dĂ©corĂ©. Les dessins et plus tard les sculptures sur bois sur les chambranles de fenĂȘtre sont Ă la hauteur de leur rĂŽle protecteur[55]. Ă Potsdam comme ailleurs, les ŃĐ”Đ·ĐœĐŸĐč ĐœĐ°Đ»ĐžŃĐœĐžĐș (reznoĂŻ nalitchnik ou « chambranles de fenĂȘtre sculptĂ©e ») tĂ©moignent dâun savoir-faire des artisans menuisiers-sculpteurs impressionnant.
Les chambranles des fenĂȘtres de la colonie de Potsdam se distinguent par leur relative sobriĂ©tĂ© comparĂ©es aux Ćuvres dâart presque flamboyantes quâon peut trouver en Russie, y compris parfois sur des isbas rudimentaires oĂč les fenĂȘtres dĂ©corĂ©es contrastent avec le reste du bĂąti[N 19]. LâĂ©norme rĂŽle ornemental jouĂ© par le chambranle de fenĂȘtre dans lâarchitecture russe correspond clairement au fort pouvoir de reprĂ©sentation de cette partie de la maison vers lâextĂ©rieur. Il nâexiste pas dâĂ©quivalent en Europe occidentale Ă ce niveau dâornementation et notamment par la sculpture sur bois. Ă lâOuest oĂč le bois comme matĂ©riau de construction a Ă©tĂ© davantage associĂ© Ă la masure paysanne ou au chalet des pĂątres alpins, les personnes qui veulent afficher leur statut social joueront davantage avec la pierre noble utilisĂ©e pour le jambage, les balcons, les corniches, les oriels ou les encorbellements. Ă noter que les EuropĂ©ens de lâOuest depuis la Renaissance apprĂ©cient davantage la diversitĂ© des vitres et carreaux pour leur fonction dĂ©corative supplĂ©mentaire quand les Russes ont mis davantage de temps Ă accepter quâune fenĂȘtre puisse mĂȘme sâouvrir. La symbolique et la perception de la fenĂȘtre divergent clairement entre lâest et lâouest. Pour autant, les chambranles sculptĂ©s de la colonie Alexandrowka reprĂ©sentent un compromis entre les deux : Ă la fois inhabituels pour lâĆil occidental qui a rarement lâhabitude de voir des fenĂȘtres autant dĂ©corĂ©es dans des maisons en rondins et logiques car la maison doit Ă©voquer au premier coup dâĆil son inspiration russe. Le motif de la kokochnik, la coiffe des femmes russes, a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ© en Russie car, suivant sa forme, il peut se confondre avec un symbole solaire.
Aucun fronton ; DĂ©coration simple avec corniche supĂ©rieure qui rappelle davantage la corniche composite des temples antiques. | Fronton entrecoupĂ© sans corniche posĂ© directement sur le montant de la fenĂȘtre ; le tympan est formĂ© par un oiseau aux ailes dĂ©ployĂ©ees reprĂ©sentant un symbole solaire. | Fronton surbaissĂ© sans corniche avec des motifs moins typĂ©s Ă tendance florale, vague allusion au fronton par enroulement. | Fronton triangulaire incomplet, surmontant un symbole solaire qui est ici un demi-soleil ou polousolnechka (ĐĐŸĐ»ŃŃĐŸĐ»ĐœŃŃĐșĐŸ). Une corniche de type ionique. |
Les pelatientsi ou rouchnik
De tous les Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs de la maison russe traditionnelle, les pelatientsi(ĐżĐŸĐ»ĐŸŃĐ”ĐœŃĐ” -prononcĂ© : [pÉÉ«ÉËtÊČentÍĄsÉȘÌ])[N 20] ou polotientsami (ĐżĐŸĐ»ĐŸŃĐ”ĐœŃĐ°ĐŒĐž)[N 21], sont de loin les plus distinctifs. Le mot russe signifie en fait « serviette de bain »[56]. Parler de serviette ici ne correspond pas aux usages français, câest pourquoi il est prĂ©fĂ©rable de conserver le terme original. Leur nom imagĂ© leur vient probablement de leur forme initiale encore attestĂ©e aujourd'hui : la planche ornementale termine par des Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs rappelant les franges d'une serviette[N 22]. Cet ornement est Ă©galement appelĂ© rouchnik parce qu'il partage la mĂȘme symbolique dĂ©corative quasi cryptĂ©e des tissus brodĂ©s traditionnels et rituels rĂ©pandus dans la BĂ©larus, la Russie ou l'Ukraine. Leur rĂŽle symbolique de talisman ne fait aucun doute puisquâelles sont ornĂ©es de roues solaires dont le motif est identique Ă chaque extrĂ©mitĂ© des rives de toit et au faĂźte. Lâornementation du pignon est cohĂ©rente et joue sur la symĂ©trie et sur une lecture chronologique : cela reprĂ©sente le soleil du levant au couchant en passant par le zĂ©nith. Les roues solaires sont nombreuses dans la tradition de lâancienne Rus' marquĂ©e par la mythologie slave[57]. la plus connue des roues solaires russes est la Kolovrat, symbole du dieu Svarog.
Deux pelatientsi, l'une en bout de rive gauche, l'autre verticale fermant la perspective de la façade sur la gauche. Sur la rive de toit, on reconnaĂźt la roue solaire trĂšs ajourĂ©e associĂ©e Ă Dajbog, dieu du soleil et des moissons, traditionnellement considĂ©rĂ© comme l'ancĂȘtre de tous les Russes, nommĂ© plutĂŽt PĂ©roun en Ukraine[57]. Un peu plus haut, il y a un autre style de roue solaire imputable au dieu soleil, mais proche du talisman de Mokoch, la dĂ©esse associĂ©e Ă la terre fertile, protectrice de la magie, des mĂ©tiers de filature et de tissage[57]. Elle aide les femmes Ă l'accouchement. Les autres motifs font rĂ©fĂ©rence Ă l'eau cĂ©leste, aux pluies nourriciĂšres. L'ensemble propose donc une composition dĂ©corative basĂ©e sur le soleil, la terre-mĂšre et l'eau. L'extrĂ©mitĂ© de la pelatientse verticale est en flĂšche avec un cĆur. Cette forme en triangle rappelle le talisman de VĂ©lĂšs, dieu de la terre, des eaux et de la lune[57]. Il est trĂšs proche des animaux. Juste au-dessus, une autre forme de roue solaire habituelle dans le foklore russe, elle forme une Ă©toile dont les branches sont incurvĂ©es. | |
Dans ce cas, les deux pelatientsi ajourĂ©es sont identiques et font Ă©cho aux autres au sommet du pignon et Ă l'extrĂ©mitĂ© de la rive droite du toit. La cohĂ©rence de l'ensemble rĂ©side dans son homogĂ©nĂ©itĂ©. La forme en losange frappe le regard immĂ©diatement : le caractĂšre majoritairement angulaire de cette composition ornementale se trouve renforcĂ© par la dentelle triangulaire de la rive. Le circulaire est reprĂ©sentĂ© uniquement par l'extrĂ©mitĂ© de la rive et les trois petits trous dans les triangles qui peuvent rappeler les eaux pluviales renforcĂ©es par les gouttelettes, organisĂ©es Ă©galement par le chiffre trois symbolique, sur le pourtour de la planche de rive. Ă dĂ©faut de reprĂ©senter lâĂ©lĂ©ment liquide et bien quâen gĂ©nĂ©ral la position ternaire et triangulaire des trois disques solaires soit inversĂ©e avec la pointe vers le haut, il est tout Ă fait possible de voir dans ces trois trous ou disques dans un triangle le symbole rĂ©pandu dans toutes les mythologies antiques (grecque, romaine, germanique, celtique, slave, hindoue entre autres[N 23]) des trois moments du soleil. Les trois pelatientsi disposĂ©es en triangle sur la façade renforceraient par consĂ©quent cette reprĂ©sentation trĂšs ancienne de lâarbre cosmogonique encore vivace en Inde dont les trois branches supportent chacune un soleil[58]. MalgrĂ© la dominante angulaire, les croix de saint AndrĂ© renforcent encore les losanges des extrĂ©mitĂ©s en enserrant un symbole astral frĂ©quent dans l'ornementation en architecture ou en broderie russe qui fait clairement allusion au soleil et que l'on retrouve dans la pelatientse ci-contre Ă droite de maniĂšre plus visible dans la dominante circulaire. | |
Dans cette maison, la pelatientse verticale et celle en bout de rive diffĂ©rent. Elles sont trĂšs ajourĂ©es, plus fines et suivant les goĂ»ts plus Ă©lĂ©gantes. La symĂ©trie est respectĂ©e de chaque cĂŽtĂ© : les trois verticales sont identiques et l'extrĂ©mitĂ© de la rive gauche ressemble Ă celle de droite. La pelatientse verticale comporte cinq symboles astronomiques dont, du haut vers le bas, une roue solaire, un astre et trois symboles qui peuvent ĂȘtre une roue solaire mais aussi des gromoviti znaci (signes du tonnerre), talisman gravĂ© dans les pays slaves sur les poutres, les jambages ou sur les planches de rive[56]. Symbole du tonnerre, il est souvent associĂ© Ă PĂ©roun, dieu des guerriers, du tonnerre[57]. On lui accorde le pouvoir protĂ©ger la maison contre la foudre et les forces malfaisantes. |
Les décorations de faßtage et pignon
Cette ornementation du pignon rĂ©side uniquement dans une polotientsĂ© qui correspond peu ou prou Ă celle de droite et gauche comme dans le tableau ci-dessus sur les polotientsi. Dans les cas, elle illustre parfaitement le symbolisme des trois moments du soleil: ici la roue solaire au sommet est la partie la plus Ă©levĂ©e de la maison, elle est au zĂ©nith. Dans les traditions mythologiques prĂ©chrĂ©tiennes russes, le toit s'apparente au firmament. Il rappelle aussi la lĂ©gende du dieu soleil qui vole Ă travers le ciel dans un chariot dâor tirĂ© par quatre chevaux blancs. La dĂ©coration de la maison en bois sculptĂ© dĂ©coupe traditionnellement la maison en trois niveaux: ici il s'agit du niveau supĂ©rieur constituĂ© par le toit et le pignon avec fronton qui symbolisent le ciel et la voĂ»te cĂ©leste. On remarquera Ă©galement les deux roues solaires de formes diffĂ©rentes, proches de l'Ă©toile. La polotientsĂ© fait Ă©galement fonction ici d'antĂ©fixe ou d'Ă©cusson. | |
Cette polotientsĂ© de pignon est particuliĂšrement intĂ©ressante Ă cause de la combinaison des emblĂšmes iconiques et aniconiques. Dans un premier temps, le principe de la courbe du soleil est respectĂ©, moins par un symbole solaire flagrant toute en haut de la pointe que par le truchement de la rĂ©pĂ©tition de la mĂȘme polotientsĂ© de gauche Ă droite. En liaison avec l'arbre-monde central dans les mythologies europĂ©ennes, les deux extrĂ©mitĂ©s angulaires qui s'apparentent Ă des flĂšches indicatrices peuvent inviter le spectateur extĂ©rieur Ă rĂ©aliser l'union entre la sphĂšre cĂ©leste et le monde des hommes sur terre, voire celui du monde souterrain. Il y a bien une roue solaire Ă mi-chemin entre les deux extrĂ©mitĂ©s. L'autre partie intĂ©ressante est l'ajout d'un autre ornement spĂ©cifique Ă cette maison de chaque cĂŽtĂ© de la polotientsĂ©. Deux symboles s'unissent ici sans que l'on puisse trancher rĂ©ellement entre les deux : les deux symboles solaires en forme de spirale ne font aucun doute, de mĂȘme que le symbolisme apparent de l'ornement de pignon traditionnel sous forme de tĂȘtes de chevaux croisĂ©es. Les lignes ondulĂ©es au-dessus des cercles solaires rappellent la criniĂšre des chevaux trĂšs stylisĂ©s. Sa fonction symbolique est trĂšs ancrĂ©e dans les esprits russes dĂšs qu'il est question de l'habitat traditionnel de l'isba. | |
Cinq symboles solaires se succĂšdent sur cette polotientsĂ©. Elle s'apparente Ă la premiĂšre ci-dessus dans le tableau : l'idĂ©e fondamentale de la dĂ©coration est de reprĂ©senter le zĂ©nith ou le firmament. Le propriĂ©taire de la maison s'inscrit dans une conception du monde plus cosmogonique en quelque sorte. Il vit dans un monde oĂč la nature a un impact sur la pensĂ©e et les activitĂ©s des hommes. L'autre Ă©lĂ©ment intĂ©ressant de cette dĂ©coration rĂ©side dans la planche transversale ajoutĂ©e et ciselĂ©e qui croise avec la polotientsĂ©. |
Lambrequins et planches de rive chantournées
Le lambrequin, nommĂ© « pritchĂ©line » (en alphabet cyrillique ĐżŃĐžŃĐ”Đ»ĐžĐœ - prononcĂ© : [prÊČÉȘËtÍĄÉelÊČÉȘnÉ]) et la planche de rive chantournĂ©e ou dĂ©corĂ©e couvrent les extrĂ©mitĂ©s des rondins de la maison en bois massif empilĂ© et les rives de toit[59]. Comme les chambranles et les pelatiĂ©ntsi, les lambrequins forment le « visage » de la maison[60]. Sa dĂ©coration est donc fondamentale car identitaire, Ă la fois pour les propriĂ©taires mais aussi pour son intĂ©gration dans lâespace culturel rĂ©gional[N 24]
Le terme russe est associĂ© Ă la dentelle, aux motifs dĂ©coratifs de la broderie et Ă tout ce qui ramĂšne Ă la symbolique traditionnelle et folklorique. Il s'agit manifestement d'un ornement courant composĂ© d'un seul et mĂȘme motif ou de plusieurs symboles qui reviennent en alternance pour faire Ă©cho aux parties dĂ©coratives de la façade. Les lambrequins sont attestĂ©s dans d'autres rĂ©gions du monde, mais la spĂ©cificitĂ© russe qui a Ă©tĂ© conservĂ©e Ă Potsdam demeure sans conteste l'extrĂ©mitĂ© de la planche qui rĂ©pĂšte et renforce la pelatientse.
Présenté horizontalement pour mieux l'observer, ce lambrequin orne bien la rive de toit gauche d'une maison que l'on reconnaßt à l'extrémité gauche avec le symbole solaire. Il rappelle les dents-de-scie dans sa partie inférieure. Cet ornement courant est composé d'un seul motif qui évoque les gouttes d'eau par exemple en plus de la roue solaire à l'extrémité. | |
Ce lambrequin orne la rive droite. Il est trÚs ajouré et trÚs fin. Il rappelle clairement la dentelle ou les tentures avec les franges. L'ornement se compose de deux motifs répétés en alternance séparés par des crochets. On reconnaßt surtout des symboles solaires, notamment le symbole à 8 branches, et l'autre plus simplifié qui rappelle également le talisman de Mokoch. | |
Ce lambrequin plus chargé se trouve sous un balcon mais il est identique à celui des rives de toit. Le motif unique se compose clairement d'une roue solaire. Au-dessus des symboles solaires, le motif décoratif rappelle un vol d'oiseau. L'impression globale paraßt plus circulaire que dans les deux autres. |
Parties intérieures de la maison
Le schĂ©ma de plan type de la maison est identique pour toutes : il sâagit dâun plan rectangulaire de 8 Ă 12,5 m soit environ 100 m2 pour une maison en plain-pied qui comporte aussi une Ă©table de 5,5 Ă 6,7 m reprĂ©sentant 36,85 m2. Le modĂšle Ă Ă©tage mesure 8,13 Ă 12,62 m (102,6 m2) avec une Ă©table de 5,55 Ă 9,99 m (55,44 m2). Une grande et une petite piĂšce Ă vivre donnent sur la rue. Quatre piĂšces quasiment carrĂ©es occupent lâarriĂšre ; lâune dâelles fait fonction de vestibule distributeur vers la cuisine, la grande piĂšce Ă vivre et la chambre de derriĂšre. Ces maisons de typologie identique ont Ă©tĂ© conçues exprĂšs pour lâAlexandrowka. Il nâexiste aucun modĂšle, aucun prototype, y compris dans les plans du Glasowo ou celui de Nikolskoe. Par consĂ©quent, bien que lâaspect global puisse laisser penser Ă une copie dâune maison dans son pays dâorigine, ces maisons dâinspiration russe Ă Potsdam sont bel et bien des originaux. Sous la chambre arriĂšre gauche il y a une petite cave peu profonde ; Ă cause des conditions particuliĂšres de Berlin en ce qui concerne la nappe phrĂ©atique, le plancher de la chambre est rehaussĂ© de 20 cm par rapport Ă celui des autres piĂšces. La cave est rĂ©alisĂ©e en pierres calcaires de RĂŒdersdorf de mĂȘme que les fondations de toutes les maisons[37]. Dans les maisons Ă un Ă©tage, la distribution des piĂšces est la mĂȘme en haut quâen bas. Un escalier extĂ©rieur permet lâaccĂšs Ă lâĂ©tage bien quâil y ait aussi un escalier dans le vestibule. Ă lâorigine, il nây avait quâun conduit de fumĂ©e et une cheminĂ©e, laquelle chauffait aussi les deux piĂšces Ă vivre Ă lâavant. Les chambres de lâarriĂšre ne sont pas chauffĂ©es. Avec le temps, une autre cheminĂ©e fut installĂ©e pour les piĂšces arriĂšre. Comme Ă Glasowo, le rez-de-chaussĂ©e est plutĂŽt destinĂ© au stockage alors que lâĂ©tage est dĂ©diĂ© Ă lâhabitation. Les petites fenĂȘtres du rez-de-chaussĂ©e pourraient laisser penser quâon nây habite pas[37].
Reconstitution du patrimoine fruitier d'Alexandrowka
Au dĂ©but des annĂ©es 2000 a Ă©tĂ© lancĂ© un projet de reconstitution du jardin classĂ© monument historique d'Alexandrowka tel qu'il Ă©tait Ă sa crĂ©ation. Un atlas des fruits de la colonie russe a Ă©tĂ© publiĂ©[61] en 2012, et, d'annĂ©e en annĂ©e, le nombre des arbres fruitiers rĂ©introduits dans le parc d'Alexandrowka augmente de maniĂšre significative. Les auteurs de cet atlas, le pomologue F. Brudel et le paysagiste et spĂ©cialiste en amĂ©nagement du territoire A. Kalesse, reviennent de maniĂšre rĂ©currente dans tous les projets qui touchent Ă l'Alexandrowka et son parc en raison des diffĂ©rents travaux de recherche et de publication qu'ils ont consacrĂ©s Ă la colonie russe[62]. Partout en Europe, et notamment en France, en Allemagne, en Russie ou en Belgique, des jardiniers innovants et des cours princiĂšres fondent des pĂ©piniĂšres, des jardins, des parcs en employant de nouvelles techniques horticoles. Des pomologues, particuliĂšrement francophones et germanophones, publient des ouvrages spĂ©cialisĂ©s qui font rĂ©fĂ©rence pendant des dĂ©cennies et qui sont repris aujourd'hui pour identifier les espĂšces en plantĂ©es au XIXe siĂšcle : Henri Louis Duhamel du Monceau[63] ou Johann Hermann Knoop[64] en langue française, Oberdiek[65], Lauche[66], Mayer[67], MĂŒller-Diemnitz[68] et le prĂ©curseur Adrian Diel pour la langue allemande. Pour les scientifiques, il s'agit aussi de retrouver des espĂšces en danger ou quasi dĂ©jĂ disparues. Les ouvrages de rĂ©fĂ©rence de cette Ă©poque montrent d'ailleurs un dĂ©but d'internationalisation de cette branche scientifique en s'informant sur les variĂ©tĂ©s des arbres fruitiers des pays voisins, leur nom vernaculaire et leur expansion en Europe. Les noms locaux pour les fruits sont en effet trĂšs divergents et certains fruits ne dĂ©passent pas les frontiĂšres rĂ©gionales. Les espĂšces primitives ont donnĂ© de nombreux cultivars mais force est de constater que la variĂ©tĂ© des fruits vendus dans le commerce Ă l'heure actuelle s'est considĂ©rablement rĂ©duite au point que de nombreuses espĂšces sont en voie d'extinction dĂ©finitive. Plusieurs initiatives en Allemagne, Ă l'Ă©chelle locale, associative ou davantage rĂ©gionale, tendent Ă lutter contre l'appauvrissement de l'offre des pommes, poires et cerises dans le circuit commercial mondial en sensibilisant les populations aux espĂšces locales qui poussent parfois encore dans certains vergers privĂ©s. Ă l'occasion de fĂȘtes rĂ©gionales ou de campagnes ciblĂ©es, des spĂ©cialistes professionnels ou amateurs aident les particuliers Ă identifier l'espĂšce exacte des arbres fruitiers qu'ils ont encore dans leur jardin ou verger personnel[62]. Les anciens ouvrages refont surface pour confronter les diffĂ©rentes descriptions et les critĂšres scientifiques parfois trĂšs dĂ©taillĂ©s pour diffĂ©rencier des sous-variĂ©tĂ©s entre elles.
Les objectifs[69] du projet de reconstitution des vergers de l'Alexandrowka sont d'ordre historique et scientifique; ils visent la mise en valeur de l'offre Ă©tendue en arboriculture fruitiĂšre de l'ancienne pĂ©piniĂšre royale de Potsdam jusqu'en 1867 qui a fourni une bonne partie des espĂšces plantĂ©es dans le parc de la colonie russe, et ce faisant montrer d'un point de vue historique local l'innovation et la qualitĂ© de la pĂ©piniĂšre prussienne[69]. La dimension bioĂ©thique met en avant l'aspect plus contemporain de la disparition de nombreuses espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales qui inquiĂštent aujourd'hui davantage le grand public qu'autrefois : il faut inventorier et protĂ©ger les espĂšces en danger[69] et redonner le goĂ»t des variĂ©tĂ©s locales pour Ă©viter les problĂšmes dus Ă la mondialisation et au transport des denrĂ©es alimentaires sur des milliers de kilomĂštres. La prioritĂ© du projet demeure la dimension scientifique: en cumulant le travail de recherches historiques, le travail de communication et de publication avec la nouvelle crĂ©ation d'une banque de gĂšnes[69], le passĂ© et le prĂ©sent contribuent Ă reconstituer un patrimoine naturel riches en espĂšces fruitiĂšres et paradoxalement Ă sauver l'avenir pour maintenir la variĂ©tĂ© des fruits, pour rĂ©agir au plus vite au cas oĂč les espĂšces homogĂ©nĂ©isĂ©es actuelles rencontreraient des problĂšmes inattendus. Le travail de sauvegarde va au-delĂ de Potsdam, l'interaction et la collaboration entre les pĂ©piniĂšres scientifiques, les laboratoires et les pomologues professionnels se font Ă l'Ă©chelle nationale en Allemagne. Parmi d'autres parcs et jardins europĂ©ens, celui d'Alexandrowka avait une valeur historique et botanique reconnue par les scientifiques; en mĂȘme temps, il ne faut pas nĂ©gliger l'aspect esthĂ©tique du projet qui permet aussi aux locaux et aux visiteurs de la ville touristique de profiter d'un cadre agrĂ©able, notamment Ă la pĂ©riode de floraison. Comme Alexandrowka appartient au site classĂ© patrimoine mondial de l'humanitĂ©, il profite d'une large couverture mĂ©diatique dans les guides touristiques et les pages en ligne des professionnels du tourisme.
En 2003, 347 espĂšces[N 25] de fruits avaient Ă©tĂ© rĂ©introduites dans l'Alexandrowka[69], en 2011 585[70]. Le parc de la colonie russe fait fonction de bourse d'Ă©changes de greffons et sert de vivier pour tous ceux qui veulent individuellement replanter des espĂšces locales en concertation avec les Ă©quipes professionnelles responsables de la gestion du parc[70]. L'un des effets positifs inattendus de ce travail d'inventaire et de sauvegarde dans de nombreuses rĂ©gions d'Europe est que des associations aux objectifs similaires concernant la sauvegarde d'un patrimoine fruitier plurisĂ©culaire peuvent retrouver une espĂšce pourtant originaire de la rĂ©gion concernĂ©e dans un autre pays. C'est le cas de la poire Madame VertĂ© trĂšs implantĂ©e dans le Comminges, disparue, puis retrouvĂ©e par hasard en Allemagne oĂč elle est encore accessible[71] - [N 26]
Les variétés de poires anciennement présentes ou réintroduites dans l'Alexandrowka
- VariĂ©tĂ©s de poires inscrites dans les registres de la pĂ©piniĂšre royale de Potsdam entre 1823 et 1867[72] : BeurrĂ© d'Amanlis, Bergamote dâaoĂ»t, Bergamote, Poire sanguine, BeurrĂ© Bosc, BeurrĂ© Capiaumont, BeurrĂ© Clairgeau, BeurrĂ© Coloma dâAutomne, BeurrĂ© Diel, Goldbirne, DoyennĂ© gris, Madelaine verte dâĂ©tĂ©, Hiver de Grumkow ou Morizeau, Grise-Bonne ou Poire de Baume ou Ambrette dâĂ©tĂ©, Louise-Bonne d'Avranches, BeurrĂ© d'Hardenpont dâhiver, Saint RĂ©my, BeurrĂ© Drapier, BonchrĂ©tien NapolĂ©on ou Bois NapolĂ©on, Belle et Bonne ou Gracieuse, TruitĂ© de Nordhausen, Passe-Crassane, CurĂ©), Poire de Saint-Pierre, PrĂ©sident Drouard, Bergamote rouge, Bergamote dâĂ©tĂ© ou Milan de BeuvriĂšre, Catillac, Parfum dâaoĂ»t tardif, Rousselet de Stuttgart, BeurrĂ© dâUlm, DoyennĂ© du Comice, Bon-ChrĂ©tien Williams, DoyennĂ© dâhiver ou Angleterre dâhiver, Coloma dâautomne, Speckbirne[73] - [N 27], BeurrĂ© gris
- VariĂ©tĂ©s de poires dont lâanciennetĂ© remonte Ă plus dâun siĂšcle dont certaines Ă©taient dĂ©jĂ attestĂ©es dans le verger au moment de la crĂ©ation[72] : Soldat laboureur, Bunte Butterbirne, confĂ©rence, BeurrĂ© de MĂ©rode, Docteur Jules Guyot, Bergamote Esperen, Seigneur d'Esperen, PrĂ©coce de TrĂ©voux, BeurrĂ© Hardy, Fontaine de Cheling ou General Tottleben, Graf Moltke, Carisi de Metz verte, Duchesse Elsa, Baud de la Cour ou MarĂ©chal de Cour, JosĂ©phine de Malines, Fondante de Charneux, Le Lectier, KrĂ€uterbirne, Leipziger Rettichbirne, Madame VertĂ©, Marie Louise, Nouvelle Poiteau ou Tombe de lâAmateur, Solaner Birne, Speckbirne, BeurrĂ© Durondeau, Triomphe de Vienne, Poire-Loup du Wurtemberg[N 28]
- Des variĂ©tĂ©s de poires provenant dâautres pays dont la valeur historique y est trĂšs Ă©levĂ©e[72] : Graue HĂŒhnerbirne, graue Fichtelbirne, Bergamote dâĂ©tĂ© de LĂŒbeck, Aqueuse de Haute-Autriche, Plena Mostbirne, Aqueuse suisse.
- Des variétés sauvages ou trÚs anciennes de poires[72] : aigrin ou poirier sauvage (Pyrus pyraster)[74], poirier à feuille de chalef (Pyrus elaeagnifolia)[75]
Les variétés de cognassiers, abricots et cerises présentes dans le parc d'Alexandrowka
Concernant les cognassiers, Le Bereczki, le Constantinople et le coing du Portugal sont les trois variétés déjà présentes dans le catalogue de la pépiniÚre de Potsdam au XIXe siÚcle. Tous les trois sont réintroduits à ce jour dans le parc.
Pour les abricotiers, trois variĂ©tĂ©s font partie de la reconstitution d'origine en 2003 : l'abricot de Nancy[66] dont le nom est trompeur car les pomologues ne savent pas rĂ©ellement d'oĂč il provient, les abricots comme le luizet ou suchet du groupe dit « Meilleure de Hongrie » et le Schweineohr.
Pour les cerisiers aigres, les variétés suivantes sont celles déjà dans le catalogue de la pépiniÚre de Potsdam: Belle Hortense ou reine Hortense[76], la bigarreau de Ludwig[77], la Montmorency[78] et la cerise locale franconienne de Ostheim dite Ostheimer Weichsel[79] - [80] - [81]. Deux variétés sont directement originaires du secteur autour de la Havel: Leitzkauer-Pressauer Kirche et la Werdersche Glaskirche. Deux variétés répertoriées à la suite de plusieurs travaux de recherche comportent un nom provisoirement fictifs car elles ne sont pas clairement identifiées: Daheim II et Nieke. Une variété d'origine étrangÚre plantée à Potsdam a néanmoins une grande valeur en tant que variété historique à protéger : la Traubige de Hongrie[82].
Parmi les cerises guignes ou bigarreaux[1] - [N 29] qui ont Ă©tĂ© replantĂ©es dans l'Alexandrowka, il existe des variĂ©tĂ©s de cerises qui, comme pour les autres fruits, Ă©taient dĂ©jĂ inscrites dans les registres de la pĂ©piniĂšre royale de Potsdam entre 1823 et 1867 : Bigarreau cartilagineux de BĂŒttner rouge, Bigarreau de mai (local), Bigarreau Gros Noir (XVIe siĂšcle France), Cerise bigarreau NapolĂ©on, Bigarreau tardif Schneider (local), CĆur de BĆuf ou reverchon, Griotte de Portugal, Guigne prĂ©coce de mai, Jaune de Doenissen.
Les variĂ©tĂ©s de cerises dont lâanciennetĂ© remonte Ă plus dâun siĂšcle dont certaines Ă©taient dĂ©jĂ attestĂ©es dans le verger au moment de la crĂ©ation : Bigarreau brun dâOrdange ou GĂ©ant dâHedelfingen, Bigarreau brun de Werder, Germersdorf, Guigne de Fromm, Guigne de Knauff noire, Noir de Teickner, PrĂ©coce de Cassin, Royale de Querfurt. On y trouve Ă©galement des variĂ©tĂ©s de cerises provenant dâautres pays dont la valeur historique y est trĂšs Ă©levĂ©e : Bigarreau du Lard ou Cerise Caron, Bigarreau tardif rouge, Black Eagle, Cerise Schauenbourg, Johanna, Karesowa, Prince hĂ©ritier de Hanovre. Certains cerisiers replantĂ©s sont des espĂšces locales issues dans le pays de la Havel ou trĂšs implantĂ©es : Brune de Liefeldt, Germersdorf, Guigne de Knauff noire, PrĂ©coce de Cassin.
Une variĂ©tĂ© sauvage de cerises : cerisier sauvage et une variĂ©tĂ© dĂ©couverte lors de divers travaux de recherche et dâinventaire dont lâidentification nâest pas terminĂ©e et dont le nom est provisoire ou fictif : cerise de Proehleweg.
Les variétés de prunes, quetsches et mirabelles historiques
Parmi les variĂ©tĂ©s de prunes, quetsches et mirabelles[N 30]. ReplantĂ©es rĂ©cemment dans la colonie russe et pourtant dĂ©jĂ inscrites dans les registres de la pĂ©piniĂšre royale de Potsdam entre 1823 et 1867, on trouve les suivantes : la mirabelle de Metz, la mirabelle de Nancy, la quetsche domestique, la quetsche italienne, la Reine-claude dâAlthan, la Reine-claude dâOullins, la grande Reine-claude verte, la Spilling catalane.
Les prunes et quetsches dont lâanciennetĂ© remonte Ă plus dâun siĂšcle, dĂ©jĂ attestĂ©es dans le verger dâAlexandrowka au moment de sa crĂ©ation ou bien reprĂ©sentĂ©e dans la rĂ©gion sont la Czar, la prune kirke, la Queen Victoria, la quetsche Anna SpĂ€th, la quetsche prĂ©coce de BĂŒhl, la questsche de Sandow, la quetsche prĂ©coce de Wangenheim, la Spilling jaune double. La quetsche domestique de Basse-BaviĂšre prĂ©sente dans lâAlexandrowka a Ă©galement une valeur historique importante en pomologie.
Nombreuses variĂ©tĂ©s de pommiers de lâAlexandrowka
Dans le cadre de la reconstitution du jardin verger de lâAlexandrowka[83], les pommiers occupent une place majeure. Ils reprĂ©sentent deux Ă quatre fois plus dâespĂšces plantĂ©es que les poires ou les cerises par exemple. Parmi les variĂ©tĂ©s de pommiers[N 31] replantĂ©es rĂ©cemment dans la colonie russe et pourtant dĂ©jĂ inscrites dans les registres de la pĂ©piniĂšre royale de Potsdam entre 1823 et 1867, on trouve les suivantes : Calville Abersleber, Adams Pearmain, Adam, pomme dâaunĂ©e, Alter Cordon, calville dâaoĂ»t, Pomme Banane, Belle fleur jaune, Boiken, Calville rouge, calville rouge de Dantzig, calville dâhiver rouge, Cardinale flambĂ©e, duchesse d'Oldenbourg ou Charlamowski, Cludius dâautomne, Borstorf, fraise d'hiver, Finkenwerder Herbstprinz, FramboisĂ©e, Grand Alexandre, cliquette, Pomme convenant, Reine noble, pomme de Reine, Court-Pendu Royal, Cousinotte pourpre, FĂŒrstenapfel vert, GewĂŒrzluiken, Glogirowka, Gloria Mundi, gravenstein, grosse Bohnapfel rhĂ©nane, GĂŒlderling, pomme Limoncella, Pepping de Litau, Pepping de Londres, pomme Louise, pomme de Maschansk, pomme melon, MĂšre des pommes, Pomme du paradis, pomme dâĂ©tĂ© rouge-pĂȘche, Krummstiel de PomĂ©ranie, Krummstiel de RhĂ©nanie, rambour d'hiver du Rhin, Ribston Pepping, Astrakan rouge, Belle fleur rouge, calville rouge dâhiver, calville rouge dâautomne, pomme Ă cidre rouge de TrĂšves, Stettin dâhiver rouge, Pomme safran dâAltenburg, Borstorf rouge de SilĂ©sie, Belle de Pontoise, Maschansk dâĂ©tĂ©, taffetas blanc Ă floraison tardive, TĂȘte de chat de Styrie, TĂȘte de chat blanche, Astrakan blanc, Pomme romarin blanche, pigeon blanc, Glockenapfel blanc dâhiver, calville blanc d'hiver, pearmain dorĂ©e dâhiver, striĂ©e dâhiver, pseudo-Borstorf, pomme citron dâhiver, cannelle ou couleur de Chair, Golden Noble, oignon de Bade, reinette Ananas, Pepping dorĂ©e, rambour vert, reinette Baumann, reinette bĂątarde dâautomne, reinette Borstorf, Rosmarinapfel de Braunau, Brauner Matapfel, reinette de Champagne, reinette dorĂ©e française, reinette Gaesdonk, reinette grise française, reinette grise dâautomne, reinette verte, reinette Harbert, reinette Johannsen rouge dâautomne, reinette du Canada, reinette carmĂ©lite, reinette de Cassel, reinette Ă©carlate, reinette muscat, reinette Ă©toilĂ©e rouge, reinette Wiltshire, reinette canelle, Sondergleichen Langton, Stettin dâhiver jaune, Stettin dâhiver verte, TĂȘte de chat, Vierge de Halberstadt.
Les pommes dont lâanciennetĂ© remonte Ă plus dâun siĂšcle, dĂ©jĂ attestĂ©es dans le verger dâAlexandrowka au moment de sa crĂ©ation ou bien reprĂ©sentĂ©e dans la rĂ©gion sont Ă©galement trĂšs nombreuses : Akerö, Allington Pepping, banane dâhiver, berlepsch, Antonowka, Croncels, Ausbacher rouge, Batulle de Transylvanie, Belle de Boskoop, Belle de Herrnhut, Belle de Nordhausen, citron de SeestermĂŒhen, BischofsmĂŒtze, Boiken gĂ©ant, Borstorf de Dithmarschen, Johannes Böttner, Brettach, calville Fraas dâĂ©tĂ©, calville dâhiver du Mecklenburg, calville majestueuse de Moringen, Cardinal Bea, Cellini, chemise de soie blanche, citron du Holstein, Cox du Holstein, Cox pomona, cramoisie de Gascogne ou Gascoyneâs scarlet, Empereur Guillaume, Eve dâĂcosse ou codlin irlandaise, Jakob Fischer, FrĂ©dĂ©ric de Bade, Geheimrat Doktor Oldenburg ou reinette d'Oldenbourg, Graham, Gravensteiner dâhiver, Gros pigeon Nathusius, GrĂŒnheide, Himbacher verte, Keswick, Königskleiner, Jakob Lebel, Lunow, Martini, Maunzen, MĂ©nagĂšre, Josef Musch, Pearmain rouge dorĂ©, Petit-bon, Pfannkuchenapfel de lâAltland, Pfannkuchenapfel de Horneburg, pigeonnet de Schiebler, Pomme de Reval, Prince Albert, Prince Albert de Prusse, Prince Bismarck, Prince Eitel Fritz, Princesse noble, rambour de lâEifel, reinette de Biesterfeld, reinette dorĂ©e de Blenheim, reinette Coulon, reinette de Landsberg, reinette dorĂ©e dâHildesheim, reinette dorĂ©e KrĂŒger, rambour Laneâs Albert, Lord Crosvenor, bergamotte dâĂ©tĂ© de LĂŒbeck, rayĂ©e sanguine dâĂhringen, reinette du Luxembourg, reinette dâOrlĂ©ans, reinette Prince Rodolphe, reinette Schmidtberg, reinette verte de BrĂšme ou fleur de Dood, reinette ZabergĂ€u, reinette Zuccalmaglio, Richard jaune, rose de Berne, rose de DĂŒlmen, Serinka ou Lehm de SilĂ©sie, Sondergleichen de Peasgood, Suislepper, The Queen, taffetas blanc de Werder.
Quelques pommiers sont issus de mutations ou de sĂ©lections de variĂ©tĂ©s historiques comme le melon double, la tĂȘte de chat rouge, la boskoop rouge, la herbstprinz de Finkenwerder, la gravenstein rouge, la boiken gĂ©ante, la pearmain rouge dorĂ©e. Les pommiers de la colonie russe originaires dâautres rĂ©gions ou pays sont la calville Lombart, la Cumberland, la pomme Ă cidre de Börtlingen, la pomme Ă cidre de Erbachhof, reinette Osterkamp, reinette Ă©toilĂ©e du Pinsgau, pepping Galloway, prince BlĂŒcher, la reinette Ă©toilĂ©e du Pinsgau, le rambour Ă©toilĂ© du Pinsgau, la pomme-rose striĂ©e de Salzbourg, la pomme-rose de Vienne, la Schneider de Zurich. On trouve dans le verger des espĂšces sauvages ou ancestrales comme : malus baccata, malus sieversii du Kazakhstan, malus sieversii Niedzwetzkyana, Malus sylvestris, Malus sylvestris de ButtstĂ€dt. LâAlexandrowka contient Ă©galement des variĂ©tĂ©s utilisĂ©es Ă des fins pĂ©dagogiques comme la Belfleur Kitika, la sanguine, la Elise Radtke, la Korbinian. Quelques pommes ne sont pas encore clairement identifiĂ©es et possĂšdent des noms provisoires comme la pomme de Lietzow, la pomme de la OberststraĂe, la pomme de Spieker, le Kirchweg de Sakrow, la Spreewald.
Notes et références
Références
- (de) Andreas Kalesse et al. (ill. Beate Laus), « Die Alexandrowka â Ein Kunstdorf als programmatischer Garten », dans Gabriele Horn (dir.), Wege zum Garten, Leipzig, Koehler & Amelang, , 295 p. (ISBN 3733803272), p. 57-66. .
- DW et Nathanaëlle Reveyron, « L'Europe de la connaissance en réseau », sur Radio Deutsche Welle, (consulté le ).
- « Descriptif du site Chùteaux et parcs de Potsdam et Berlin », sur UNESCO, (consulté le )
- Archives régionales de Brandebourg, Pr. Br. Rep.2A, Reg. Potsdam, Div. III D, no 4242, feuillet 1.
- Kalesse 2004, p. 60.
- Kalesse 2004, p. 58.
- Kalesse 2004, p. 59.
- Guillaume de Vauldoncourt et M. Pidoll, Ministres de la Guerre et de la Marine, « Colonies militaires de la Russie comparĂ©es aux confins militaires de lâAutriche=Ă©diteur=Coniam », Journal Des Sciences Militaires des ArmĂ©es de Terre et de Mer, vol. 88,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- (de) Amadeus Kaiser et Emile DuprĂ© de Sainte-Maure, RuĂland, wie es ist, oder Sitten, GebrĂ€uche, Religion und Regierung in RuĂland : frei nach dem Französischen des DuprĂ© de St. Maure, vol. 1, Nauck, , 216 p. (lire en ligne), « Die MilitĂ€rkolonien », p. 152-161.
- Auguste de Haxthausen, Les forces militaires de la Russie, Berlin, Paris, Behr, Dumaine, , 240 p. (lire en ligne), p. 231.
- Robert Lyall (trad. Claude Joseph Ferry), Notice sur l'organisation, l'administration et l'état présent des colonies militaires de la Russie, avec un appendice contenant diverses notions statistiques, Anselin et Pochard, , 63 p., « Colonies militaires de Russie », p. 8-10.
- Hippolyte Desprez, « Des colonies militaires de lâAutriche et de la Russie », Revue des Deux Mondes, t. 19,â , p. 722-735.
- Desprez 1847, p. 735.
- Jean-Marie Chopin, Russie, t. 2, Paris, Firmin Didot frĂšres, , p. 514
- Olga Kazakova, « Les pavillons russes aux Expositions Universelles du XIXe siĂšcle: expression de lâidentitĂ© qui nâa jamais existĂ© », Diacronie, nos 18, 2,â (DOI 10.4000/diacronie.1411, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Alfred NORMAND, Lâarchitecture des nations Ă©trangĂšres : Ă©tude sur les principales constructions du parc Ă lâExposition universelle de Paris, Paris, A. Morel, , p. 15.
- « Maison de paysan russe », sur World Fairs, (consulté le ).
- (ru) P.I. Zasurcev, Les fermes et bĂątiments du vieux Novgorod, MateriĂĄly i issledovanija po arheologii SSSR, , p. 123.
- (en) Adam Olearius, The voyages and travels of the ambassadors sent by Frederic, duke ofHolstein to the Great Duke of Moskovy and the king of Persia, Londres, Frank Cass, (1re Ă©d. 1662), 316 p..
- (ru) Baron A. Mayerberg, Album d'images de la Russie au XVIIe siĂšcle, Saint-PĂ©tersbourg, (1re Ă©d. 1707 (Amsterdam)), 63 p..
- (se) Erich Palmquist, Nagre widh sidste Kongl. Ambassaden till Tzaren of Muscou, Stockholm, (1re Ă©d. 1674).
- Albert BaĂŻbourine et O. MĂ©lat, « La symbolique de lâisba russe », Revue Russe, no 8,â , p. 61-70 (DOI https://doi.org/10.3406/russe.1995.1868, lire en ligne, consultĂ© le ). .
- Damaze de Raymond, Tableau historique, gĂ©ographique, militaire et moral de l'empire de RussieâŠ, Le Normant,, (lire en ligne), p. 30-31
- (en) Nigel Pennick, Pagan Magic of the Northern Tradition : Customs, Rites, and Ceremonies, Simon and Schuster, , 352 p. (ISBN 978-1-62055-390-9 et 9781620553909, présentation en ligne), « The holy Corner ».
- BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 65.
- (de) Le coin du bon dieu, il existe encore sur YouTube,tournĂ©e par le pĂšre Alfred Tönnis le 20/6/2012 dans la ferme de M. Lorentz en ForĂȘt Noire.
- (de) Bénédiction des herbes pour la protection des hommes et des animaux sur YouTube, tournée en AllgÀu par Katholisch1.TV, déposée le 16/8/2015
- Lise Gruel-Apert, Le monde mythologique russe, Editions Imago, , 360 p. (ISBN 978-2-84952-840-2 et 9782849528402), « Lâisba ».
- (de) Bettina B. Altendorf, Die russischen SÀnger des Königs und die Kolonie Alexandrowka in Potsdam : Das Denkmal der Freundschaft zwischen Friedrich Wilhelm III. und Zar Alexander I : von Russland, 2004, BÀssler, 144 p. (ISBN 978-3-930388-33-2 et 9783930388332).
- Laran Michel, « Nobles et paysans en Russie, de l'« Ăąge d'or » du servage Ă son abolition (1762-1861) », Annales. Ăconomies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, vol. 21, no 1,â , p. 111-140 (DOI https://doi.org/10.3406/ahess.1966.421355, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (de) Oberst von Puttkamer, « Die Russischen SĂ€nger der Colonie Alexandrowka », Mitteilungen des Vereins fĂŒr die Geschichte Potsdams, Potsdam, Association pour l'histoire de Potsdam, vol. 2,â , p. 465-468.
- Kalesse 2004, p. 59-60.
- L'histoire globale est dĂ©finie par exemple dans : Timothy Brook, « Le monde dans une boĂźte », L'Histoire, no 447,â , p. 108-109.
- (ru) Charmant Rus, « CaractĂšres dans les Ă©lĂ©ments sculptĂ©s dâizba russe », .
- (ru) « Technologies de construction résidentielle et sculpture sur bois dans le district de Selivanosky », sur Culture russe, , Traditions.
- (ru) Elena Ivanovna Mashegova (Description dâune sĂ©quence pĂ©dagogique pour collĂ©giens russes sur lâhabitat et lâart populaires russe), « La ville dans le passĂ© », sur Festival des idĂ©es pĂ©dagogiques « leçon dâouverture »,â 2003-2004.
- Andreas Kalesse (ill. Björn Grapinski), « Anmerkungen zur Holzarchitektur der Russischen Kolonie Alexandrowka in Potsdam », dans Prof. Helene Kleine, Prof. Bernd Steigerwald, Altes Haus und neues Leben, Berlin, Brandenburg, Fachtagung Holzbau, (ISBN 3934329330), p. 73-82. .
- Kalesse 2005, p. 76.
- (ru) V. Butovskij, Istorija russkogo ornamenta X po XVI stoletie po drevnim rukopis jam [« Histoire de l'ornementation russe du Xe au XVIe siÚcle d'aprÚs les manuscrits anciens »], Moscou, , p. 36.
- BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 66
- Pierre Dubois (ill. Roland et Claudine Sabatier), La Grande Encyclopédie des lutins, Hoëbeke, (ISBN 978-2-84230-325-9).
- Claude Lecouteux, chap. 2 « Les génies et les morts », dans La Maison et ses génies, Editions Imago, , 208 p. (ISBN 2849526606 et 9782849526606).
- Guillaume Narguet, « Le mariage et ses traditions (II) », Radio Praha,â (lire en ligne).
- BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 61-62.
- (ru) P. Ivanov, « ĐŃĐœĐŸĐłŃĐ°ŃĐžŃĐ”ŃĐșОД ĐŒĐ°ŃĐ”ŃОалŃ, ŃĐŸĐ±ŃĐ°ĐœĐœŃĐ” ĐČ ĐŃĐżŃĐœŃĐșĐŸĐŒ ŃДзЎД Đ„Đ°ŃŃĐșĐŸĐČŃĐșĐŸĐč ĐłŃбДŃĐœĐžĐž » [« Les matĂ©riaux ethnographiques recueillis Ă Kupyansky ComtĂ© de la province de Kharko »], Etnographic Review, t. I,â , p. 25.
- Kerblay 1972, p. 114-139.
- (ru) V.V. Sedov, « Đ ĐČĐŸĐżŃĐŸŃŃ ĐŸ жДŃŃĐČĐŸĐżŃĐžĐœĐŸŃĐ”ĐœĐžŃŃ ĐČ ĐŽŃĐ”ĐČĐœĐ”ĐŒ ĐĐŸĐČĐłĐŸŃĐŸĐŽĐ” » [« Sur la question des sacrifices dans l'ancien Novgorod »], ĐŃĐ°ŃĐșОД ŃĐŸĐŸĐ±ŃĐ”ĐœĐžŃ ĐĐœŃŃĐžŃŃŃĐ° ĐžŃŃĐŸŃОО ĐŒĐ°ŃĐ”ŃОалŃĐœĐŸĐč ĐșŃĐ»ŃŃŃŃŃ, l'Institut d'Histoire de la Culture MatĂ©rielle, vol. 68,â , p. 20-29.
- (ru) SergeĂŻ Vassilievitch Maksimov, ĐĐ”ŃĐžŃŃĐ°Ń, ĐœĐ”ĐČĐ”ĐŽĐŸĐŒĐ°Ń Đž ĐșŃĐ”ŃŃĐœĐ°Ń ŃОла [« Impur, inconnu et marraine »], Saint-PĂ©tersbourg, Tbilisi State University,â (rĂ©impr. 2013), 538 p. (ISBN 978-5-458-11966-5 et 9785458119665), p. 219.
- (ru) NikolaĂŻ Fiodorotvitch Sumtsov, ĐŃĐ»ŃŃŃŃĐœŃĐ” пДŃДжОĐČĐ°ĐœĐžŃ [« ExpĂ©riences culturelles »], Kiev, Kievskaya Starina,â , p. 101.
- (ru) Y.F. Krachkovsky, ĐŃŃ Đ·Đ°ĐżĐ°ĐŽĐœĐŸŃŃŃŃĐșĐŸĐłĐŸ ŃДлŃĐœĐžĐœĐ° [« le âbyteâ du paysan russeo-occidental »], Moscou, Ozon,â , 223 p. (ISBN 978-5-4241-7874-0).
- Dmitry Konstantinovich Zelenine, ĐпОŃĐ°ĐœĐžĐ” ŃŃĐșĐŸĐżĐžŃĐ”Đč ŃŃĐ”ĐœĐŸĐłĐŸ Đ°ŃŃ ĐžĐČĐ° ĐĐ ĐĐ [« Description des manuscrits des archives scientifiques de lâIRGO »], t. 1, SociĂ©tĂ© gĂ©ographique de la Russie impĂ©riale,â , p. 318.
- G.K. ZavoĂŻko, « ĐĐ”ŃĐŸĐČĐ°ĐœĐžŃ, ĐŸĐ±ŃŃĐŽŃ Đž ĐŸĐ±ŃŃĐ°Đž ĐČДлОĐșĐŸŃĐŸŃŃĐŸĐČ ĐĐ»Đ°ĐŽĐžĐŒĐžŃŃĐșĐŸĐč ĐłŃбДŃĐœĐžĐž » [« Croyances, rituels et coutumes des Grands-Russes, province de Vladimir »], Ethnographic Review, t. 3-4,â , p. 116.
- Albert BaĂŻbourine et O. MĂ©lat, « La symbolique de lâisba russe », Revue Russe, no 8,â , p. 61-70 (DOI https://doi.org/10.3406/russe.1995.1868, lire en ligne, consultĂ© le ).
- Ivanov 1897, p. 54.
- BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 63.
- (en) « Architectural details of Russian houses », sur Culture russe, .
- (en) V. Wilk, « Slavic symbolism and itâs meaning », sur Slavorum, .Lien qui ne marche plus
- Deonna Waldemar, « Les trois points solaires », Revue des Ătudes Grecques, t. 29, no 131,â , p. 1-10 (DOI https://doi.org/10.3406/reg.1916.7488, lire en ligne).
- (ru) DĂ©finition sur Wiktionary russe du 18 juillet 2017.
- Citation extraite dâune confĂ©rence de S.A. EremeĂŻeva sur lâart russe en 2000 reprise par le Corpus national de la langue russe crĂ©Ă© par lâAcadĂ©mie des sciences de Russie (ru) Site officiel.
- (de) A. Kalesse et Fritz Brudel, Obstatlas der Russischen Kolonie Alexandrowka in Potsdam, Potsdam, Landeshauptstadt Potsdam, , 352 p..
- (de) Andreas Koska, « Kaiser Wilhelm in der Muckerstube », Journal Potsdamer Neueste Nachrichten, Porstam-Werder,â (lire en ligne, consultĂ© le ).
- Henri Louis Duhamel du Monceau (ill. Pierre Jean François Turpin), Traité des arbres fruitiers, t. 1, Saillant, Desaint, .
- Johann Hermann Knoop, Pomologie ou description des meilleurs sortes de pommes et de poires, que l'on estime & cultive le plus, soit aux Pais-Bas, soit en Allemagne, en France, en AngleterreâŠ, Amsterdam, M. MagĂ©rus, .
- (de) F. Jahn, E. Lucas et J.G.C. Oberdiek, Guide illustré de pomologie, t. 2, Stuttgart, Ebner&Serbert, .
- (de) Wilhelm Lauche, Pomologie allemande : Pommes et poires, Berlin, Verlag von Paul Parey, .
- (de) Johann Mayer, Pomona franconica : DĂ©scription des arbres fruitiers, le plus connus et les plus Ă©stimĂ©s en Europe, qui se cultivent maintenant au jardin de la Cour de Wurzbourg : On y a joint les dĂ©tails les plus interessants sur leur culture, greffe, plantation &c., vol. 3, WĂŒrtzbourg, A.W. Winterschmidt, .
- (de) MĂŒller-Diemitz, Grau-Körbelitz et BiĂmann-Gotha, Le verger de lâAllemagne, vol. 1, Stuttgart, Eckstein und StĂ€hle Königl. Hofkunstanstalt, .
- Kalesse 2004, p. 61-.
- (de) Ernst Greulich, « Ein pomologischer FĂŒhrer durch die Russische Kolonie Alexandrowka », sur Site officiel de la commune de Potsdam, .
- « Un patrimoine fruitier pluri-centenaire dans le Comminges », sur Les vergers retrouvés du Comminges, .
- Kalesse 2004, p. 61-64.
- (de) Johann-Heinrich Rolff, Obstarten Sortennamen und Synonyme, Volume 2, BoD, , 230 p. (ISBN 978-3-8311-1812-0 et 9783831118120), p. 197.
- contributeurs Gcb, BOTanist, « Pyrus pyraster », sur Hortijardin, .
- Contributeurs Gcb, BOTanist, « Pyrus elaeagnifolia », sur Hortipedia, .
- Oberdiek 1860, p. 167-168.
- Oberdiek 1860, p. 347.
- Oberdiek 1860, p. 165.
- Oberdiek 1860, p. 187.
- Lauche 1882, p. III21.
- Deutsche Gartenbaubibliothek e.V., Der Teutsche ObstgĂ€rtner : oder gemeinnĂŒtziges Magazin des Obstbaues in Teutschlands sĂ€mmtlichen Kreisen (Bulletin de lâassocation en 22 volumes), Johann Volkmar Sickler, 1794 â 1804, B6 Ill.27.
- Sickler 1794-1804, p. B14- Ill.3.
- Kalesse 2004, p. 62-63.
Notes
- Die Königliche Gartner-Lehranstalt Potsdam.
- « Nous nous faisons gĂ©nĂ©ralement une trĂšs fausse idĂ©e du caractĂšre de certains peuples, entre autres du Russie, quâil est convenu de considĂ©rer comme un barbare. Le Russe est gai et joyeux, sujet Ă lâenthousiasme, crĂ©dule jusquâĂ la naĂŻvetĂ©, bavard, fou de chants et de danses, superstitieux, brave Ă la guerre, et impassible devant la mort » in : Gabriel Richard, LâAlbum de lâExposition illustrĂ©e. Histoire pittoresque de lâExposition universelle de 1867, Paris, Schiller, , p. 291.
- Le krasniĂŻ ougol en alphabet latin signifie le « beau coin »; il est le secteur des hommes dans la tradition. Tout le monde dans la piĂšce unique dort la tĂȘte orientĂ©e vers les icĂŽnes qui ne doivent jamais ĂȘtre accrochĂ©es mais toujours posĂ©es sur des Ă©tagĂšres Ă l'inverse des coins du bon dieu en Europe occidentale oĂč les Ă©normes croix sont accrochĂ©es au mur.
- Le pietch est un Ă©norme poĂȘle-four centre nĂ©vralgique de la piĂšce de vie gĂ©nĂ©ralement rĂ©servĂ©e aux femmes.
- Les recherches archĂ©ologiques en Pologne montrent que ce serait une division de lâespace domestique prĂ©chrĂ©tien cf. (en) Ewa FryĆ-Pietraszkowa, Anna KunczyĆska-Iracka, Marian Pokropek et Jerzy A BaĆdyga, Folk art in Poland, Varsovie, Arkady, , p. 46.
- Type aquarelle, 59 Ă 42 cm - Archives centrales du Land de Brandebourg, Rep. 2 A, Reg. Potsd. no 4284 B.
- Cette définition de l'histoire globale appliquée aux objets a été donnée par l'historien Timothy Brook dans une interview accordée en 2018 à la revue L'Histoire no 447 à propos d'une boßte chinoise.
- La décoration sur bois est visible de nos jours encore dans les villages des vastes campagnes entre autres dans les oblast de Vladimir, de Kaliningrad aux portes de la Pologne et des pays baltes, de Novgorod ou de Nijni Novgorod ; on peut citer la cité ouvriÚre de Krasnaïa Gorbatka, le hameau Nadechdino, annexe de Gvardeïskoïe, Ugrioumovo, annexe de Svoboda, les villages du district de Selivanosky et en général tous les oblast le long de la Volga.
- On ne construit pas une isba sur un ancien cimetiĂšre, sur le terrain dâune ancienne isba touchĂ©e par un malheur, au bord dâune route ou Ă la croisĂ©e de chemins. On donnera la prioritĂ© Ă un endroit sec, lumineux et proche dâun lac, cf. BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 61-62.
- Dans les pays germanophones, la bĂ©nĂ©diction initiale est reconduite et confirmĂ©e tous les ans par les Sternsinger qui passent en chantant de maison en maison entre NoĂ«l et lâĂpiphanie pour bĂ©nir la maison avec lâencens et inscrire Ă la craie sur le cadre de la porte C+M+B (Christus Mansionem benedictat ou Caspar, Melchior und Balthasar).
- Cet extrait de cĂ©rĂ©monie le montre bien : « Nous Vous prions, Seigneur, de bĂ©nir le seuil de cette porte de telle sorte que, par Votre Puissance irrĂ©sistible, tous ceux qui la franchiront puissent abandonner toute pensĂ©e et tout sentiment indignes, afin que Vos enfants, appelĂ©s Ă vivre dans cette demeure puissent constamment Vous servir en paix et ainsi conduire une vie sainte », cf. Collectif, BĂ©nĂ©diction dâune maison, Bruxelles, ALBANUS,
- La partie facultative dâune bĂ©nĂ©diction inclut lâexorcisme de la maison ou de chaque piĂšce : « Je tâexorcise, demeure, ainsi que tous les objets que tu contiens, par le Dieu Vivant, par le Dieu Saint, par le Dieu Tout Puissant, afin que tu sois purifiĂ©e de toutes les influences du mal pouvant troubler la vie et le repos de tes habitants, des ĂȘtres humains, des animaux et des plantes qui rĂ©sident ici (âŠ) ».
- Baïbourine et Melat décrivent ce fait en ces termes : « De là vient sa tenue particuliÚre à table et, par suite, dans le coin d'apparat. Il était de rÚgle générale de se tenir à table comme on se conduisait à l'église : il n'y avait pas lieu de rire, de plaisanter, de parler pour ne rien dire. On ne posait sur la table rien d'autre que la nourriture. Le pain devait toujours rester dessus. Taper sur la table était considéré comme un péché et monter dessus comme un sacrilÚge absolu. En tant qu'objet principal de l'isba, la table était liée en premier lieu au maßtre de maison. C'est pourquoi, si elle devenait instable, cela présageait la mort prochaine du chef de famille ».
- « Le domovoĂŻ vit sous le poĂȘle. On parle au poĂȘle, on le touche, on y pose le nouveau-nĂ©, on lui au revoir quand on quitte le foyer etc. Le conduit du poĂȘle est le lien entre le monde domestique et le monde extĂ©rieur : on y appelle les gens ou bĂ©tails Ă©garĂ©s, on y appelle les morts le jour de la fĂȘte des morts pour quâils viennent manger, mais inversement on a peur des esprits malins qui peuvent passer par là » in : BaĂŻbourine et Melat 1995.
- On utilise ici celle du professeur Baïbourine, ex-directeur de la section Théorie de l'ethnographie de l'Institut d'ethnographie de l'Académie des sciences de Russie à Saint-Pétersbourg.
- Lâethnologue Ivanov explique par exemple que dans la rĂ©gion de Kharko on enduisait de goudron les jambages de la porte oĂč habitait une fille qui se conduisait mal ou que, lors de naissance difficile, on ouvrait la porte et on arrachait les jambages pour faciliter la dĂ©livrance. La porte est assimilĂ©e Ă la gueule, Ă la bouche et donc aussi au sexe fĂ©minin.
- On voit souvent une mort proche avec certains signes comme un oiseau qui entre par la fenĂȘtre. On laisse un verre dâeau sur le rebord de la fenĂȘtre lorsque lâĂąme quitte le corps. Le jour des morts, on accroche une serviette Ă la fenĂȘtre pour les aider Ă entrer, ou ailleurs on colle une crĂȘpe sur la vitre cf. BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 64.
- Faire la charitĂ© par la fenĂȘtre Ă des mendiants Ă©tait bien, Ă©quivalait Ă une bonne Ćuvre. Une fille assise sous la fenĂȘtre indique quâelle est fiancĂ©e. Les Russes chantent des chants de NoĂ«l sous la fenĂȘtre.
- Les illustrations de dĂ©corations et la photographie de cette page web russe Ă vocation clairement commerciale mĂ©ritent nĂ©anmoins le dĂ©tour pour se faire une idĂ©e du rĂŽle crucial quâa la dĂ©coration de la fenĂȘtre en Russie et notamment les chambranles trop grandes pour cette minuscule isba. Cf. Votre maison de rĂȘve, « Pochoirs pour chambranles de fenĂȘtre : comment faire la garniture sculptĂ©e », sur SvoĂŻdomietchty, .
- La dĂ©finition du dictionnaire russe en 4 volumes ĐĄĐ»ĐŸĐČĐ°ŃŃ ŃŃŃŃĐșĐŸĐłĐŸ ŃĐ·ŃĐșĐ° (1957-1999) numĂ©risĂ© sur le site de la BibliothĂšque Ă©lectronique de base « littĂ©rature russe et du folklore » donne la seconde dĂ©finition suivante : « dĂ©cor sculptĂ© de forme allongĂ©e dans les maisons rustiques ».
- Prononcer sans nasale environ comme « peulatiennetsi ».
- Observer cette photographie par exemple oĂč on voit bien la serviette: Image de Nalisniki tirĂ©e d'un site commercial pour construction en bois DipstroĂŻ ou encore dans cette page qui montre tous les symboles de la façade russe traditionnelle : (ru) Charmant Rus, « CaractĂšres dans les Ă©lĂ©ments sculptĂ©s dâizba russe »,
- Les symboles solaires comme le svastika ou la rouelle accompagnĂ©s et entourĂ©s par trois points disposĂ©s en triangle a Ă©tĂ© retrouvĂ© sur des vases funĂ©raires, des outils, des fusaĂŻoles, des boucliers dans toutes les cultures antiques du Nord au Sud de lâEurope. Sur les tympans des frontons des temples antiques grecs, on peut remarquer aussi des disques radiĂ©s disposĂ©s en triangle.
- Pour voir des exemples de dĂ©corations de lambrequins russes se reporter par exemple Ă : (ru) « Maison de pain dâĂ©pice », sur 1re ChaĂźne de tĂ©lĂ©vision Russie Culture, 2001-2018 (consultĂ© le ) ou encore Ă (ru) [vidĂ©o] ĐĐ·ĐłĐŸŃĐŸĐČĐ»Đ”ĐœĐžĐ” ĐżŃĐžŃĐ”Đ»ĐžĐœŃ du Kizhi Museum sur YouTube.
- Les noms français des variétés énumérées par A. Kalesse dans Wege zum Garten, 2004, ont été principalement trouvés dans le Verger allemand d'Oberdiek, 1860, et confrontés avec les sources françaises pour vérifier leur usage réel en langue française eu égard au nombre important de variantes régionales. Voici les pages de l'ouvrage d'Oberdiek qui ont donné des noms français pour les poires : 39,47, 57, 59, 75, 87, 97, 105, 135, 139, 143, 155, 157, 171, 182, 197, 209, 215, 237, 293, 315, 353, 387, 405, 409, 455, 477, 485, 503.
- « Description : Vieille variĂ©tĂ© nationale, quasiment disparue en France, retrouvĂ©e par hasard en Allemagne oĂč elle est encore « trouvable ». MaturitĂ© gustative de dĂ©cembre Ă janvier. Fruit plutĂŽt petit, Ă chair ferme et parfumĂ©e. ».
- Cette poire est utilisée en Autriche pour le cidre.
- la Wolfsbirne est une espÚce localisée au bassin versant du Neckar dans le Wurtemberg, utilisée autrefois comme arbre décoratif des chemins et routes et pour le cidre local. Synonymes : SchiennÀgelesbirne, Quittenbirne, Kittenbirne, Harigelsbirne, Heilbronnerbirne
- Les noms français quand il y en a sont tirés du traité de pomologie d'Oberdiek (Oberdiek 1860, p. 117,133,339,497, ou sur le site : SCREP, « Liste de Cerisiers anciens et courant encore commercialisés », sur pommiers.com, .
- Les noms français proviennent essentiellement du site des pĂ©piniĂšres belges, page « variĂ©tĂ©s anciennes de prunes » et de Jean Hermann Knoop, Fructologie ou description des arbres fruitiers ainsi que des fruits que l'on plante et qu'on cultive ordinairement dans les jardins, vol. 1, Abraham Ferwerda & GĂ©rad Tresling, , 205 pages (lire en ligne), « Table sinonime des meilleures sortes de prunes tant du paĂŻs quâĂ©trangĂšres », p. 52-58.
- Les noms français proviennent de diffĂ©rentes sources, de nombreuses variĂ©tĂ©s sont trĂšs locales et n'ont pas forcĂ©ment dâĂ©quivalent français. Les sources des termes français sont la page guide des pommes et la page Synonymes des variĂ©tĂ©s de pomme du site pomologie.com. Ă cela il faut ajouter la pomologie allemande d'Oberdiek dĂ©jĂ citĂ©e pour les autres fruits.
A voir aussi
Bibliographie
- (de) Andreas Kalesse (ill. Björn Grapinski), « RĂ©flexions sur lâarchitecture en bois de la Colonie russe Alexandrowka Ă Potsdam », dans Prof. Helene Kleine, Prof. Bernd Steigerwald, Altes Haus und neues Leben, Berlin, Brandenburg, Fachtagung Holzbau, (ISBN 3934329330), p. 73-82. .
- (en) Nigel Pennick, Pagan Magic of the Northern Tradition : Customs, Rites, and Ceremonies, Simon and Schuster, , 352 p. (ISBN 978-1-62055-390-9 et 9781620553909), « The holy Corner ».
- Lise Gruel-Apert, Le monde mythologique russe, Editions Imago, , 360 p. (ISBN 978-2-84952-840-2 et 9782849528402), « Lâisba ».
Articles dans les revues spécialisées
- Basile Kerblay, « L'Ă©volution de l'isba aux XIXe et XXe siĂšcles [Ătat des travaux sur l'habitation paysanne en bois] », Cahiers du monde russe et soviĂ©tique, vol. 13, no 1,â , p. 114-139 (lire en ligne, consultĂ© le ). (Suivi d'un bilan bibliographique de tout ce qui a Ă©tĂ© publiĂ© sur le sujet)
- Albert BaĂŻbourine et O. MĂ©lat, « La symbolique de lâisba russe », Revue Russe, no 8,â , p. 61-70 (DOI 10.3406/russe.1995.1868, lire en ligne, consultĂ© le ). .
Articles connexes
- Liste du patrimoine mondial en Allemagne
- Peter Joseph Lenné, architecte paysagiste
- Maison de campagne royale de Potsdam
- Ăglise Saint-Alexandre-Nevsky de Potsdam
- Parc de Pavlovsk
- Carlo Rossi (architecte)
- Gabriel Thouin
- Babelsberg
- Domaine royal de Bornstedt
- ChĂąteau de Cecilienhof
- ChĂąteau de Sacrow
- Palais et parc de Sanssouci
- Pomologie et Arboriculture fruitiĂšre