AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Alexandrowka

La colonie Alexandrowka de Potsdam, capitale du Land de Brandebourg en Allemagne, est pour l’époque un concept innovant de monument commĂ©moratif crĂ©Ă© ex nihilo en 1826 sous la forme d’un village russe. RĂ©clamĂ© par un roi en mĂ©moire d’un autre monarque qui venait de dĂ©cĂ©der peu de temps avant, le roi et maĂźtre d’ouvrage Ă©tait FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III de Prusse tandis que le monarque dĂ©cĂ©dĂ© Ă©tait le tsar Alexandre Ier.

Alexandrowka
ChĂąteaux et parcs de Potsdam et de Berlin *
Image illustrative de l’article Alexandrowka
Maison russe dans la colonie Alexandrowka, Ă  Potsdam.
CoordonnĂ©es 52° 24â€Č 38″ nord, 13° 03â€Č 25″ est
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Subdivision Commune de Potsdam, Brandebourg
Type Culturel
CritĂšres (i), (ii), (iv)
Superficie 18 ha sur un total de 2 064 ha
Numéro
d’identification
532ter
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
AnnĂ©e d’inscription 1990 (14e session)
AnnĂ©e d’extension 1992 (16e session)
1999 (23e session)
Extension LĂ€nder de Potsdam et Berlin
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Au village artificiel s’ajoute un parc-verger conçu par Peter Joseph LennĂ© dont la vocation programmatique se maintiendra jusqu’à nos jours en raison des espĂšces d’arbres fruitiers rares qui s’y trouvaient et qu’on essaie de reconstituer Ă  ce jour[1].

En rĂ©alitĂ©, c’est moins la personne du tsar que l’amitiĂ© entre deux souverains[2], et Ă  travers eux deux nations s’influençant rĂ©ciproquement, que voulait cĂ©lĂ©brer le roi de Prusse.

Il s’agit d’une reproduction libre de colonie militaire telle qu’elle est pratiquĂ©e en Russie Ă  cette Ă©poque, donc en quelque sorte de la dĂ©localisation de la culture russe sur le sol brandebourgeois afin de se souvenir du lien culturel qui unit les deux royaumes par des marqueurs visibles sur le terrain.

À Potsdam, crĂ©er un quartier inspirĂ© d'une autre culture va au-delĂ  des modes, notamment avec l'essor des expositions universelles ; crĂ©er des villages artificiels ethniques avec des occupants de la mĂȘme origine remontent dĂ©jĂ  Ă  l'arriĂšre-grand-pĂšre de FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III, le roi-sergent qui avait souhaitĂ© Ă©difier le quartier hollandais qui sera finalement menĂ© Ă  terme par son grand-pĂšre FrĂ©dĂ©ric le Grand. De nombreux aspects montrent en effet qu’il s’agit d’un site unique en son genre pour des raisons politico-historiques, paysagistes, artistiques et biologiques.

Depuis 1999, la colonie Alexandrowka fait partie du Patrimoine mondial de l’humanitĂ©, pas Ă  titre individuel mais comme partie prenante d’un ensemble homogĂšne remarquable, dĂ©nommĂ© « ChĂąteaux et parcs de Potsdam et Berlin »[3] oĂč figurent Ă©galement d’autres villages artificiels comme l’italien de Bornstedt, le suisse de Klein Glienicke, ou l’Établissement hollandais dans le Neuer Garten de Potsdam. L'Alexandrowka se trouve quant Ă  elle dans le district « Nauener Vorstadt » au centre-nord de Potsdam. À mi-chemin entre parc et quartier trĂšs peu peuplĂ©, elle forme une entitĂ© homogĂšne accessible de partout, sorte d'Ăźlot dans la ville qui lui confĂšre avec d'autres quartiers ethniques un caractĂšre Ă©clectique et international incontestable.

GenĂšse de la colonie

Empereur Alexandre Ier de Russie à qui est dédiée l'Alexandrowka.

Une ordonnance royale de FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III datĂ©e du exprime le vƓu du souverain en ces termes :

« J’ai l’intention de fonder une colonie russe Ă  Potsdam en guise de monument pĂ©renne en souvenir des liens d’amitiĂ© profonds qui nous unissent Moi et le trĂšs bienheureux empereur Sa MajestĂ© Alexandre de Russie, colonie que je ferai habiter en tant que colons par les soldats-choristes dĂ©tachĂ©s de l’armĂ©e russe en 1812 et 1815 avec l’autorisation de l’Empereur, rattachĂ©s au 1er rĂ©giment de la garde Ă  pied, et que je veux appeler Alexandrowka. »

— FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III[4]


La rĂ©alisation de la colonie russe est l’aboutissement d’un travail collectif qui a su profiter des savoir-faire de plusieurs spĂ©cialistes dans le Brandebourg et au-delĂ  des frontiĂšres de la Prusse. D’abord chaque rĂšgne de chaque monarque prussien a Ă©tĂ© marquĂ© dans la pierre, dans le paysage et parfois dans la langue par une culture soit dominante Ă  l’époque, soit particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©e par le roi pour des raisons personnelles. Parmi les cultures les plus rĂ©currentes Ă  Potsdam il faut nommer la France, l’Italie, les Pays-Bas et la Russie. Si l’on s’arrĂȘte aux jardins et aux parcs, la domination anglaise, concurrente directe de la culture horticole française, ne peut ĂȘtre omise ici.

Les Ă©vĂ©nements politiques internationaux du dĂ©but du XIXe siĂšcle vont Ă©loigner les souverains prussiens de la France et les rapprocher des Russes. Les guerres napolĂ©oniennes poussent bon grĂ© mal grĂ© le roi de Prusse et le l’empereur de Russie Ă  collaborer et combattre cĂŽte Ă  cĂŽte. Cela se manifestera de maniĂšres diverses, y compris par des petits gestes d’échanges culturels. DĂšs les premiĂšres dĂ©faites contre NapolĂ©on, la Prusse perdit de facto son indĂ©pendance militaire et dut fournir des troupes auxiliaires Ă  la Grande ArmĂ©e pour la campagne de Russie. Par consĂ©quent, souverain et Ă©tat-major prussiens avaient compris qu’il fallait repenser l’intĂ©gralitĂ© de l’armĂ©e prussienne en crĂ©ant des nouveaux rĂ©giments dont la garde personnelle du roi ou le 1er rĂ©giment Ă  pied de la Garde stationnĂ© Ă  Potsdam mĂȘme en face de la symbolique Ă©glise de la Garnison oĂč NapolĂ©on se recueillera devant la tombe de FrĂ©dĂ©ric le Grand. C’est ce premier rĂ©giment d’infanterie qu’évoque le roi dans son ordonnance du ci-dessus. FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III souhaitaient logiquement voir des Russes emmĂ©nager dans sa nouvelle colonie russe. Or, il en avait dĂ©jĂ  sur place dĂšs 1812, 13 ans avant le dĂ©cĂšs du tsar. Pendant la campagne de Russie aux cĂŽtĂ©s des troupes françaises, les Prussiens firent des prisonniers de guerre russes. Ils en ramĂšnent 62 Ă  Potsdam et les intĂšgrent dans ce 1er rĂ©giment d'infanterie de la garde. En octobre, 1812, une partie des soldats russes sont conviĂ©s Ă  former un chƓur et un groupe de musiciens pour animer le rĂ©giment. Ils deviennent soldats-choristes dans l'armĂ©e prussienne, mais restent sous le statut de prisonniers de guerre. Comme l’évoque le roi de Prusse dans son ordonnance, le tsar Alexandre donna son accord pour un sĂ©jour permanent Ă  Potsdam ; il consentit mĂȘme Ă  envoyer des soldats-musiciens pour remplacer les pertes dans les rangs des soldats pendant la guerre en France. Les soldats-choristes prĂ©fĂšrent rester Ă  Potsdam que de rentrer au pays car le rĂ©gime de la servitude y existe encore. De prisonniers et soldats auxiliaires, ils passent au statut de soldats « amis de la Prusse ».

P.J. Lenné,architecte paysagiste de nombreux parcs du patrimoine mondial de Potsdam et Berlin.

Un autre facteur dĂ©cisif favorisera la crĂ©ation de la colonie russe pour ce qui touche l'espace vert: la nouvelle politique agricole et un regard diffĂ©rent sur l'horticulture de la part de FrĂ©dĂ©ric-Guillaume III. Ce domaine met encore une fois en avant l'interaction et l'Ă©change des compĂ©tences entre les nations et les spĂ©cialistes. L'architecte-paysagiste Peter Joseph LennĂ© chargĂ© par le roi de la conception paysagĂšre de l'Alexandrowka jouera ici le rĂŽle de prĂ©curseur et d'initiateur en utilisant sa position de directeur des jardins du roi pour insuffler de nouvelles pratiques. LennĂ© a voyagĂ© Ă  Paris en 1811-12 oĂč il a profitĂ© des enseignements entre autres du paysagiste en vogue, Gabriel Thouin, et de l'architecte Jean-Nicolas-Louis Durand. Avec l'aide du ministre de l'Ă©ducation et de la santĂ©, le soutien du directeur gĂ©nĂ©ral des jardins botaniques de Berlin et environs et l'intendant des jardins royaux, LennĂ© parvient Ă  faire bĂątir le la pĂ©piniĂšre nationale et l'institut de formation des jardiniers du roi Ă  Potsdam[N 1] dont il sera le directeur de 1823 Ă  1866. LennĂ© a en effet besoin de jardiniers et pĂ©piniĂ©ristes compĂ©tents autour de lui pour mener Ă  bien ses projets pour les parcs et jardins royaux. Si l'on considĂšre l'intĂ©gralitĂ© des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'humanitĂ© ChĂąteaux et parcs de Potsdam et de Berlin, il est quasiment pour ce qui est de la partie paysagĂšre Ă  l'origine de tous les grands sites de renom comme le parc de Sanssouci, l'Ăźle aux Paons, le parc de Sacrow ou celui de Babelsberg entre autres. L'Alexandrowka est sur ce point une petite rĂ©alisation de sa part, mais, Ă  l'inverse, elle sera un terrain d'expĂ©rimentation pour la dimension horticole et sylvicole: tout est Ă  inventer dans la colonie russe et, de ce fait, le roi et son chef-paysagiste expĂ©rimentent de nouvelles plantations d'arbres frutiers, de nouveaux dĂ©coupages de terres arables selon un cahier des charges programmĂ©s et d'aprĂšs un nouveau schĂ©ma de plantation[5]. La pĂ©piniĂšre royale attenante permettait de fournir des espĂšces locales, mais aussi d'introduire des nouvelles espĂšces.

Le roi confie la direction des travaux au gĂ©nĂ©ral von Witzleben et au colonel von Röder en leur fournissant comme point de dĂ©part le croquis d'un projet de village artificiel appelĂ© « Glasovo » dont la construction Ă©tait prĂ©vue dans le parc de Pavlovsk Ă  Saint-PĂ©tersbourg[6]. Finalement, il ne sera pas mis en Ɠuvre dans la capitale impĂ©riale russe. Par voie de consĂ©quence, la copie en Prusse devient l'original. DĂšs , Des interlocuteurs russes envoient des plans et croquis de maisons paysannes russes. Un quatriĂšme homme intervient pour son expĂ©rience Ă  la demande des reprĂ©sentants du roi: le capitaine Snethlage qui a dĂ©jĂ  construit en 1819 la maison-bloc de style russe[7] dĂ©nommĂ©e « Nikolskoe » sur l'Ăźle de Wannsee toute proche Ă  l'occasion de la visite de sa fille Alexandra Feodorovna de Russie et de son mari, le futur tsar Nicolas Ier, union qui illustre clairement l'entente russo-prussienne Ă  cette Ă©poque. Des plans d'un autre village artificiel russe jamais rĂ©alisĂ© ont Ă©galement Ă©tĂ© envoyĂ©s Ă  Potsdam. Ils n'ont pas servi pour le cadre gĂ©nĂ©ral de la colonie d'Alexandrowka, mais au moins pour la conception de la maison de campagne construite sur la colline Alexanderberg. Le plan du village Glasovo dont la colonie russe a adoptĂ© la palissade qui l'entoure avait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par l'architecte italien installĂ© Ă  Saint-PĂ©tersbourg, Carlo Rossi, Ă  la demande de l'impĂ©ratrice Alexandra Feodorovna[7]. Le parc de Pavlovsk se distingue Ă©galement par les nouvelles techniques agricoles qui y sont expĂ©rimentĂ©es[5]. Comme le montrent la maison de Nikolskoe ou la maison de campagne, plusieurs sources cumulĂ©es ont servi de base Ă  la conception de l'Alexandrowka avec des modĂšles d'inspiration qui s'Ă©talent de la France Ă  la Russie et sont adaptĂ©s par des architectes-paysagistes de renom introduisant le style de jardin prĂ©romantique anglais.

Conception et description de la colonie russe de Potsdam

Le supposé modÚle des colonies militaires russes

Colonie militaire Krechevitsy, oblast de Novgorod, Russie.

Pour comprendre pourquoi le roi de Prusse parle de colonie russe, il faut revenir au plan de colonisation par des soldats-cultivateurs pratiquĂ©s en Russie et dans l'empire austro-hongrois au XIXe siĂšcle[8]. AprĂšs les guerres napolĂ©oniennes, les souverains russes se sont rendu compte que leurs terres n’étaient plus Ă  l’abri d’un envahisseur. Il fallait trouver des solutions et l’une d’elles Ă©tait la crĂ©ation des colonies militaires dont le systĂšme a Ă©tĂ© mis en place et lancĂ© Ă  partir de 1819 sous l’impulsion d’Alexandre Ier et la direction du gĂ©nĂ©ral Alexis AraktcheĂŻev. Ce faisant, il convient de ne pas s’arrĂȘter Ă  l’aspect militaire de ces colonies[9]. Au contraire, elles ont contribuĂ© Ă  la colonisation et Ă  l’exploitation agricole des terres forestiĂšres et marĂ©cageuses dans les campagnes[10], en prioritĂ© celles des rĂ©gions frontaliĂšres Ă  la Pologne, Ă  la Turquie ou au Caucase[11]. Chaque rĂ©giment recevait une surface de terre Ă©quivalente pour y construire des maisons aprĂšs avoir exĂ©cutĂ© le travail harassant de dĂ©frichement, d’assĂ©chement des marĂ©cages et terres humides, de terrassement et de remblayage pour pouvoir crĂ©er le village[12].

Le projet de l’empereur est d’ordre Ă©conomique[10] avant d’ĂȘtre militaire : il entend d’abord rĂ©duire les coĂ»ts de son armĂ©e en donnant la possibilitĂ© aux soldats-paysans-colons de subvenir Ă  leurs besoins sur des terres qui ne leur appartiennent pas car elles restent propriĂ©tĂ© de la couronne. Ensuite, il faut entretenir la discipline et la loyautĂ© au souverain en pĂ©riode de paix dans des territoires parfois trĂšs reculĂ©s. Si les soldats sont inactifs et oisifs dans leurs casernements, les Ă©carts et les manquements Ă  la discipline, voire les dĂ©sertions, nuisent Ă  la cohĂ©sion de l’armĂ©e[9]. À Potsdam par exemple, le roi dut bĂątir une muraille autour de la ville de garnison pour contrĂŽler les soldats inactifs ou rĂ©calcitrants. Le soldat cultivateur peut avoir sa famille prĂšs de lui et se sent redevable envers son souverain, ce qui crĂ©e un lien de dĂ©pendance mais aussi de fidĂ©litĂ© plus que d’obĂ©issance[13]. Une fois que les terres arables sont exploitables, les bĂątiments d’habitation et d’exploitation sont construits par les soldats du bataillon concernĂ©. Chaque soldat-paysan a le droit d’hĂ©berger ses parents, sa femme et ses enfants. La colonie d’un bataillon sur les trois d’un rĂ©giment est Ă©galement obligĂ© d’accueillir les membres des deux autres bataillons le temps que les terres de la colonie suivante soient prĂȘtes et ainsi de suite jusqu’à l’hĂ©bergement de tout un corps. Il y a quatre compagnies dans un bataillon et 70 maisons pour une colonie militaire correspondant en gros Ă  un bataillon[9].

Au dĂ©part, la plupart des bĂątiments sont en bois, des maisons-blocs. Les villages impĂ©riaux oĂč les colonies militaires sont installĂ©es a posteriori contiennent des habitants qui logeaient dans des isbas simples sous la condition de serfs. Dans une colonie militaire, les bĂątiments sont disposĂ©s mur gouttereau vers la rue ou la place d'armes. Avec le temps, ils deviennent plus grands que des isbas. Dans chaque village, des maĂźtres ou chefs colons sont dĂ©signĂ©s parmi les hommes autour de la cinquantaine[14]; ils doivent recevoir un soldat et sa famille. Son auxiliaire nommĂ© le rĂ©serve obtient une maison similaire Ă  la sienne et il est formĂ© pour seconder ou remplacer le chef colon[10]. Chaque maison est prĂ©vue pour quatre familles. Au-dessus de leur appartement respectif, il y a une piĂšce de vie commune pour huit soldats. Un large chemin central sĂ©pare les isbas prĂ©cĂ©dĂ©es d’un jardin-potager. Le bĂątiment principal dispose d’une grande cour[14] avec sur le pourtour une grange, une Ă©table-Ă©curie, un grenier Ă  grain entre autres. À l’arriĂšre, un autre chemin d’exploitation large longe les fermes et donne accĂšs aux champs[9] - [14].

Comme ils n’en demeurent pas moins soldats, les colons doivent se rendre deux fois par semaine aux exercices militaires, les soldats des autres bataillons en attente de terres aident aux travaux agricoles. Dans chaque rĂ©giment, il y a aussi des artisans boulangers, charpentiers, menuisiers, tailleurs, forgerons entre autres. Les fils des soldats entre 13 et 17 ans, habillĂ©s en uniforme et dĂ©signĂ©s comme cantonniers, suivent une instruction paramilitaire[14], ils sont aussi envoyĂ©s dans les villes voisines pour y faire un apprentissage dans ces corps de mĂ©tier[9]. Au milieu des compagnies se trouvent une place oĂč sont faits les exercices (surtout d’infanterie, mais aussi de cavalerie dans la partie mĂ©ridionale de la Russie[14], un poste de garde, une chapelle, le logement du pope et des sous-officiers[9]. La colonie a son Ă©cole interne et les femmes qui se marient au sein d’une colonie ne peuvent plus la quitter.

Quel modĂšle de maison pour quelle image de la Russie Ă  Potsdam

Isba dans le village de Kouchalino, Ramechkovsky, Oblast de Tver. On y reconnaĂźt la rangĂ©e de 3 fenĂȘtres, symbole de la sainte TrinitĂ©.

 

Menchikov et sa famille dans la piÚce unique de son isba à Beriozovo, peinture de Vassili Sourikov. On aperçoit au fond à droite le coin de piété avec les icÎnes.

Vouloir transposer un village artificiel dans un pays d’une autre culture relĂšve automatiquement de la perception qu’ont les habitants du pays d’origine comme l’étudient les imagologues. Par exemple, l’observation des pavillons successifs de la Russie aux Expositions universelles du XIXe siĂšcle illustre bien cette image construite artificiellement par les visiteurs, mais partiellement voulue par les organisateurs[15]. Il faut dire que les organisateurs de la participation russe aux expositions Ă©taient orientĂ©s vers les goĂ»ts et les attentes du public europĂ©en en lui proposant une image quasi fausse de la Russie, une image construite artificiellement[15]. C’est en partie ce qui s’est passĂ© Ă  Potsdam, moins au niveau de la population locale qu'Ă  celui du roi qui n’a pas voyagĂ© dans les campagnes profondes de Russie; en revanche il a certainement admirĂ© les parcs d’agrĂ©ment de l’aristocratie de Saint-PĂ©tersbourg. La vie Ă  la campagne et l’authenticitĂ© de la vie du campagnard russe sont magnifiĂ©es et idĂ©alisĂ©es : on sort une cabane rudimentaire de son contexte misĂ©reux pour en faire une maison hyper-dĂ©corĂ©e, esthĂ©tiquement agrĂ©able Ă  regarder[15]. Lors de la construction de l’Alexandrowka, le style russe-byzantin domine dans les hautes sphĂšres du pouvoir russe et dans les milieux intellectuels comme le style reprĂ©sentant le mieux l’ñme russe[15]. Il est encore trop tĂŽt pour voir apparaĂźtre le style mixte Ă©clectique et historiciste qui se dĂ©veloppe Ă  la fin du XIXe siĂšcle avec le soutien des autoritĂ©s et des acteurs Ă©conomiques russes qui exporte une image de la Russie dans les Expositions universelles pour la promotion et la reprĂ©sentation de la Russie Ă  l’étranger[15]. À l’Exposition universelle de 1867 Ă  Paris, 41 ans aprĂšs l’Alexandrowka, le village russe comporte entre autres une maison de moujik pseudo-russe Ă  la mode Ă  ce moment-lĂ  : les architectes misent sur l’innovation et conservent parallĂšlement des Ă©lĂ©ments architecturaux et ornementaux des siĂšcles prĂ©cĂ©dents pour donner l’illusion de la copie conforme d’un modĂšle architectural d’antan. Par consĂ©quent, la colonie russe de Potsdam peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e ici comme pionniĂšre puisqu’elle s’est affranchie du modĂšle original tout en s’inspirant des projets en vogue dans la capitale russe[15]. À Paris en 1867 comme Ă  Potsdam en 1826, le challenge consiste Ă  Ă©veiller chez le spectateur le rĂ©flexe immĂ©diat de reconnaĂźtre une maison russe sans avoir de connaissances particuliĂšres dans l’architecture de ce pays. C’est d’autant plus vrai que le modĂšle Ă©clectique de l’Exposition universelle de 1867 Ă©tait en rĂ©alitĂ© un projet publicitaire de la sociĂ©tĂ© Gromov, nĂ©gociant en bois, qui s’est vite imposĂ© comme rĂ©fĂ©rence de la maison russe passant d’expositions en expositions car elle Ă©tait devenue le concept-type du pavillon national[15].

Les habitants de Potsdam qui se sont trouvĂ©s devant ces nouvelles maisons de la colonie russe ont dĂ» ĂȘtre taraudĂ©s par la mĂȘme interrogation que les visiteurs de l’Exposition de 1867 Ă  Paris devant la ferme en rondins du pavillon russe : « Si les paysans russes en ont de semblables, il faut croire qu’ils ne sont pas trop Ă  plaindre ». Les visiteurs Ă©trangers ne peuvent qu’avoir du mal Ă  classifier ce type de maison : cela doit ĂȘtre la cabane d’un paysan mais cela ressemble davantage Ă  un chalet Ă©lĂ©gant qui s’apparente Ă  un chalet suisse ou norvĂ©gien. Dans l’Album de l’Exposition illustrĂ©e, les allusions au cĂŽtĂ© trop luxueux de la maison traditionnelle du pavillon russe sont nombreuses[N 2]. « Elle nous offrait plutĂŽt une reproduction Ă©lĂ©gante des habitations de paysans russes, que leur type rĂ©el et tel qu’il se rencontre le plus souvent dans cet empire »[16]. Lors de l’Exposition universelle de Vienne en 1873, en ce qui concerne la maison du paysan russe[17] le guide dĂ©crit le bĂątiment encore plus luxueux que ceux des Expositions prĂ©cĂ©dentes en ces termes : « Rien de coquet et d'Ă©lĂ©gant comme l'Isbah russe, qui donnera aux visiteurs de l'Exposition une idĂ©e de l'architecture et de la construction employĂ©es par le paysan pour sa maison. Elle est toute en bois; les murs sont formĂ©s de poutres superposĂ©es et enchĂąssĂ©es Ă  leur extrĂ©mitĂ© l'une de l'autre. (
) Les frontons de l'entrĂ©e et de la toiture sont des bois coupĂ©s, d'une physionomie assez Ă©lĂ©gante. Une terrasse, assez large, Ă  laquelle on monte par quelques marches, permet au paysan de se reposer, le soir, en contemplant les prairies et les champs de blĂ© qui l'environnent. Mais l'intĂ©rieur est loin de rĂ©pondre Ă  l'extĂ©rieur ».

Ces trois exemples de maison supposĂ©s reprĂ©senter la Russie rurale paysanne Ă  l’étranger (Potsdam, Paris, Vienne) illustre la volontĂ© de s’éloigner de l’isba traditionnelle qui, semble-t-il, donnerait une image moins glorieuse de la vie dans les campagnes russes. Le projet de l’Alexandrowka s’est dĂ©tournĂ© de la colonie militaire, mais il s’est aussi Ă©loignĂ© de l’isba. Les origines de la formation du type isba traditionnel remontent avant le XVe siĂšcle[18]. Quelques gravures et descriptifs de cabanes sont Ă©galement prĂ©sents dans les chartes Ă©ditĂ©es au XVIe siĂšcle par les souverains russes pour l’attribution de terres aux paysans. Les rĂ©cits de voyage des premiers voyageurs occidentaux dans le pays de Moscou sont accompagnĂ©s de dessins caractĂ©ristiques de la maison de bois en Russie au XVIIe siĂšcle, entre autres l’ambassadeur du duc de Holstein, Adam Olearius[19], le baron autrichien Mayerberg[20], le SuĂ©dois Erich Palmquist[21]. Pour mieux dĂ©limiter les diffĂ©rences entre le type de maison finalement construit Ă  Potsdam et l’isba traditionnelle qui Ă©tait au Moyen Âge une cabane de rondins enfumĂ©e avec un toit de chaume, une petite porte et aucune fenĂȘtre, il faut juste s’arrĂȘter Ă  quelques critĂšres visibles Ă  l’Ɠil nu. Celui qui veut en lire davantage sur la maison paysanne russe traditionnelle se reportera Ă  la bibliographie trĂšs fournie sur ce thĂšme dans la plupart des langues europĂ©ennes. Par ailleurs, le chapitre consacrĂ© Ă  la dĂ©coration extĂ©rieure de la maison de l’Alexandrowka ci-dessous revient sur de nombreux aspects paĂŻens empreints de superstition.

Jusqu’au XIXe siĂšcle, l’isba des paysans ordinaires comporte une seule piĂšce (environ 25 m2), pas seulement par manque de moyens, mais aussi parce que l’agencement et l’amĂ©nagement de cette grande piĂšce Ă  vivre rĂ©pond Ă  un style de vie et Ă  une conception spĂ©cifiquement russes du foyer protecteur par rapport aux Ă©lĂ©ments malĂ©fiques de l’extĂ©rieur[22]. L’isba des plus aisĂ©s dispose Ă  l'Ă©tage d’une chambre mansardĂ©e (nommĂ©e Ń‚Đ”Ń€Đ”ĐŒĐ° en russe) au-dessus de la piĂšce de vie unique conservĂ©e ; la terema est Ă©clairĂ©e par des fenĂȘtres, c’est le lieu oĂč se retrouvent habituellement les femmes et celui qui est maintes fois Ă©voquĂ© dans les contes et rĂ©cits populaires russes[23]. L’agencement intĂ©rieur des maisons de la colonie de Potsdam correspond davantage Ă  la culture allemande de la Stube (l'Ă©quivalent du salon ou sĂ©jour aujourd'hui, la piĂšce la plus jolie oĂč on reçoit les invitĂ©s) et de la sĂ©paration fonctionnelle des piĂšces. Le modĂšle de base Ă  Potsdam comporte en effet 5 piĂšces et un grand vestibule distributeur, ce dernier correspondant aussi trĂšs bien Ă  la culture architecturale germanique. Ce faisant, les concepteurs de l’Alexandrowka renoncent donc Ă  la piĂšce unique et chauffĂ©e oĂč tout le monde dort, mange et vit. La plupart des maisons de Potsdam resteront nĂ©anmoins de plain-pied.

MalgrĂ© l’augmentation du nombre des espaces privatifs et la crĂ©ation d’une cuisine sĂ©parĂ©e, le sĂ©jour (en fait il y en aura deux, le petit et le grand) a conservĂ© des traces d'une aire culturelle beaucoup plus vaste qui va de l'Alsace Ă  la Russie concernant l’ancienne grande piĂšce Ă  vivre amĂ©nagĂ©e sur un axe diagonal et rĂ©pandue en Europe centrale, en Europe du Nord et en Europe de l'Est[24]. À la premiĂšre extrĂ©mitĂ© de la diagonale se trouve le coin symbolisant la piĂ©tĂ© et l’autoritĂ© (ĐșŃ€Đ°ŃĐœŃ‹Đž ŃƒĐłĐŸĐ»[N 3]), et Ă  l’autre extrĂ©mitĂ© le poĂȘle, ĐżĐ”Ń‡ŃŒ[N 4], reprĂ©sentant la sphĂšre familiale[N 5]. AbandonnĂ© plus tĂŽt en Scandinavie et en Pologne, le coin dit du bon dieu (Les diffĂ©rents dialectes de l’allemand supĂ©rieur dĂ©signent ce coin de piĂ©tĂ© par les termes Herrgottswinkel, Herrgottseck, heilige Hinterecke) est restĂ© plus longtemps vivace en Alsace, en Allemagne du Sud, en Suisse et en Autriche, mĂȘme s’il faut dorĂ©navant aller de plus en plus dans les Ă©comusĂ©es, les salles Ă  manger des hĂŽtels et restaurants soucieux de sauvegarder la tradition pour voir ces coins du bon dieu orientĂ© le plus souvent vers le sud-est c'est-Ă -dire dans la direction de JĂ©rusalem[25]. Dans les rĂ©gions trĂšs traditionnelles comme la ForĂȘt-Noire, certaines fermes dispersĂ©es dans la montagne ont rĂ©solument conservĂ© le coin du bon dieu dans leur sĂ©jour[26]. Dans la plupart des rĂ©gions pratiquant le Herrgottswinkel, la tradition du bouquet d'herbes aromatiques sĂ©chĂ©es bĂ©ni Ă  l'Assomption de Marie et accrochĂ© en bas de la croix s'est maintenue dans les campagnes pour protĂ©ger hommes et animaux toute l'annĂ©e[27]. Au poĂȘle de l'isba russe orientĂ© vers le couchant[28] et au-dessus duquel dormait d'ailleurs un parent ĂągĂ©, fait Ă©cho le Kachelofe des rĂ©gions alĂ©maniques (Souabe, Bade, Alsace, Suisse) Ă  l'extrĂ©mitĂ© occidentale de ce grand bassin culturel.

La forme de la colonie retenue Ă  Potsdam

Plan Ă  la plume Alexandrowka et Pfingstberg, de Hermann Fintelmann, vers 1845.

Compte tenu de l'aspect gĂ©nĂ©ral des colonies militaires russes (ĐČĐŸĐ”ĐœĐœŃ‹Đ” ĐżĐŸŃĐ”Đ»Đ”ĐœĐžŃ) dĂ©crites plus haut, a fortiori quand elles utiliseront la pierre au lieu du bois brute, il apparaĂźt Ă©vident que l'Alexandrowka ne correspond pas Ă  la colonie militaire stricto sensu, mais se contente de s'en inspirer vaguement dans l'esprit en l'honneur de son initiateur l'empereur Alexandre Ier. Ce sont effectivement des soldats-choristes[29] russes qui vont s'y installer au dĂ©but et il y a en outre une maison au centre du parc qui fait fonction de maison de gardien Ă  l'instar du chef-colon en Russie. À Alexandrowka, les maisons se trouvent Ă©galement le long des chemins, mais il n'y en a que treize et c'est le mur pignon qui face Ă  la rue. Pour ce qui est du reste, on peut parler davantage de colonie civile amĂ©nagĂ©e avec goĂ»t, riche en verdure et dotĂ©e de maisons dont auraient certainement rĂȘvĂ© les paysans-serfs[30] de la Russie du XIXe siĂšcle. Il n'est nullement questions de colons-dĂ©fricheurs cĂ©rĂ©aliers avec plusieurs bĂątiment d'exploitation agricole agrĂ©gĂ©s autour d'une cour intĂ©rieure. Le colonel von Puttkamer qui rĂ©digea quelques articles sur l'histoire de la colonie russe de Potsdam[31] explique que c'est Ă  dessein que des plans et croquis de villages russes soient envoyĂ©s aux responsables du projet car « un parc Ă  la façon d'une colonie militaire de ces rĂ©gions oĂč les maisons sont orientĂ©es façades longues sur rue n'aurait pas belle allure et prĂ©senterait un aspect extĂ©rieur franchement dĂ©favorable »[6].

Au-delĂ  de la couleur russe que souhaitait donner le monarque prussien Ă  sa colonie, son paysagiste LennĂ© et son Ă©quipe envisageaient Ă©galement un espace vert agrĂ©able Ă  regarder tant par la floraison printaniĂšre des arbres fruitiers que par l'amĂ©nagement global des parties cultivables et dĂ©coratives. L'arrivĂ©e du projet des villages artificiels jamais rĂ©alisĂ©s de Glasovo dans le parc de Pavlovsk et de TsarskoĂŻe Selo, banlieue de Saint-PĂ©tersbourg, fournis par la Russie dans les annĂ©es 1820, fournira un support visuel riche en enseignement pour les maĂźtres d'ouvrage comme pour les maĂźtres d'Ɠuvre. Les archives disposent encore de la charte de la colonie Alexandrowka rĂ©alisĂ©e par Stanzow en 1827, avec un croquis dessinĂ© Ă  la main sur carton, avec plume et encre de Chine[N 6] Ă  partir de laquelle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e l'Alexandrowka[7]. GrĂące au croquis dit de Fintelmann qui date environ de 1848, donc presque vingt ans plus tard, on sait qu'entre temps la maison du gardien au centre de la croix de saint AndrĂ© a obtenu une Ă©table et la chapelle sur la colline Alexanderberg a Ă©tĂ© construite. Le plan Fintelmann ci-contre sert jusqu'aujourd'hui d'Ă©chelle de rĂ©fĂ©rence pour toutes les mesures d'amĂ©nagement ou de restauration dans la colonie[32]. Le roi souhaite que la colonie soit entourĂ©e d'une palissade avec des arbres plantĂ©s tout du long tels que dĂ©crits par les croquis envoyĂ©s par les collĂšgues russes. Ce sera le parc de Glasovo qui sera retenu pour cette palissade et la disposition des arbres et des jardins.

Plan récent de l'Alexandrowka.

L'aspect gĂ©nĂ©ral retenu est moins martial qu'une colonie militaire Ă  vocation pratique et synoptique. Il a une forme d'hippodrome Ă  l'intĂ©rieur duquel les chemins principaux forment une croix de saint AndrĂ© coupĂ©e en son centre par deux sentiers secondaires en croix grecque, eux-mĂȘmes entrecoupĂ©s par de multiples sentiers qui permettent d'accĂ©der Ă  chaque maison en coupant Ă  travers le parc. L'ensemble est entourĂ© d'une palissade et d'une haie arbustive et arborĂ©e. LĂ©gĂšrement surĂ©levĂ©e au nord de l'hippodrome, dans un espace beaucoup plus boisĂ©, la chapelle de style orthodoxe et la maison de campagne royale domine la colonie. Sur chaque bras de la croix de saint AndrĂ© au milieu, deux maisons en bord de chemin se font face, ce qui fait huit maisons. Aux extrĂ©mitĂ©s arrondies de l'hippodrome, respectivement sur le cĂŽtĂ© droite et gauche, se trouve une seule maison, ce qui fait quatre maisons. Au centre, Ă  la croisĂ©e des chemins en croix de saint AndrĂ©, il y a la maison du gardien qui est aujourd'hui un salon de thĂ©.

Le choix de construction retenu pour les maisons de l'Alexandrowka illustre aussi trĂšs bien l'approche moderne de l'histoire globale[33]: il y a eu en effet un transfert et une dĂ©formation des codes culturels russes et allemands. Un style de maison ne reste pas confinĂ© Ă  une seule culture, mĂȘme si elle en est la patrie initiale; il Ă©volue et s'adapte aux besoins ou aux sensibilitĂ©s du pays d'accueil. La maison en rondins russe et la maison Ă  colombages avec rondins en trompe-l'Ɠil Ă  Potsdam connectent des espaces diffĂ©rents[N 7].

  • Alexandrowka, image d'archives no 170-225, Max Bauer, dĂ©but XXe siĂšcle.
    Alexandrowka, image d'archives no 170-225, Max Bauer, début XXe siÚcle.
  • Alexandrowka, image d'archives no 170-226, Max Bauer, dĂ©but XXe siĂšcle.
    Alexandrowka, image d'archives no 170-226, Max Bauer, début XXe siÚcle.
  • Alexandrowka, image d'archives no 170-228, Max Bauer, dĂ©but XXe siĂšcle.
    Alexandrowka, image d'archives no 170-228, Max Bauer, début XXe siÚcle.
  • Vue aĂ©rienne de Potsdam. L'Alexandrowka est repĂ©rable Ă  gauche, centre, avec les chemins en croix de saint AndrĂ© entre Sanssouci et les lacs.
    Vue aérienne de Potsdam. L'Alexandrowka est repérable à gauche, centre, avec les chemins en croix de saint André entre Sanssouci et les lacs.

Description des maisons de l’Alexandrowka

Le visage de la maison

La maison russe a un « litsom » (un visage). Pour le lire, des éléments ornementaux récurrents servent de repÚres.

Sachant que les maisons de l’Alexandrowka imite d’un point de vue visuel la maison traditionnelle russe occidentale, leurs façades cĂŽtĂ© pignon doivent ĂȘtre lues et interprĂ©tĂ©es selon une dĂ©marche trĂšs ancrĂ©e dans la culture russe ; la mĂ©thode de dĂ©coration de la maison russe utilisant la sculpture du bois s’appelle la domovaya rezba (Đ”ĐŸĐŒĐŸĐČая Ń€Đ”Đ·ŃŒĐ±Đ°), mot Ă  mot « fil de maison ». Il faut d’abord distinguer trois niveaux dans la lecture de la maison et chaque niveau est dĂ©corĂ© selon des rĂšgles prĂ©cises[34] :

  • Le premier niveau est celui du soubassement, du sous-sol reprĂ©sentant le monde souterrain mais aussi la terre des ancĂȘtres ;
  • Le deuxiĂšme niveau se compose de la structure centrale en bois oĂč les gens vivent. Il symbolise logiquement le monde des ĂȘtres vivants, hommes et animaux qui cohabitent intimement ;
  • Le troisiĂšme niveau se constitue du toit et du fronton du pignon qui symbolisent le ciel et la voĂ»te cĂ©leste.

À Potsdam, le visage de la maison fait rĂ©fĂ©rence Ă  la premiĂšre variĂ©tĂ© de maison qui succĂšde Ă  l’isba originelle sans fenĂȘtre: une petite cabane avec trois fenĂȘtres sur la façade, composĂ©e d’un vestibule qui sert de sas avant la grande piĂšce de vie unique oĂč se trouve le poĂȘle. Or, en terres russes, les isbas prendront avec le temps des formes plus monumentales et plus sophistiquĂ©es avec des oriels, des balustrades et des balcons richement dĂ©corĂ©s : le modĂšle Ă©largi nommĂ© isba piatistennaĂŻa est plus grand et sa façade comporte cinq ou parfois six fenĂȘtres cĂŽte Ă  cĂŽte qui reflĂštent les particularitĂ©s d'une disposition interne plus complexe[35]. Ce type de maison n'est pas reprĂ©sentĂ© Ă  Potsdam[N 8].

La symbolique de l’ornementation des maisons traditionnelles russes fait partie des programmes pĂ©dagogiques en Russie car elle renvoie systĂ©matiquement Ă  de nombreux thĂšmes interdisciplinaires touchant Ă  la fois la religion, la mythologie panslave, les arts traditionnels, les technologies ancestrales et l’histoire-gĂ©ographie entre autres. Par exemple la sĂ©quence « La ville dans le passĂ© » d’un site de partage pour enseignants[36] met par exemple l’accent sur les ornements populaires russes comme les symboles solaires, aquatiques, terriens ou mythologiques sans oublier les reprĂ©sentations d’amulettes stylisĂ©es d’animaux et de crĂ©atures mythologiques. Comme il a dĂ©jĂ  dit plus haut, la conception russe de l’isba s’est matĂ©rialisĂ©e dans la langue et la reprĂ©sentation iconographique autour de la maison. La maison a un litsom, mot russe qui veut dire figure, visage ou physionomie d’une personne. Le visage de la maison correspond au visage de l’homme : les mots pour la dĂ©crire sont soit identiques aux mots anatomiques soit ils sont de la mĂȘme Ă©tymologie.

Les frises, planches dĂ©coratives et bandes de rives, les chambranles et les balustrades permettent de donner un visage Ă  la maison russe traditionnelle grĂące des ornements floraux ajourĂ©s (Đ°Đ¶ŃƒŃ€ĐœŃ‹Đč Ń€Đ°ŃŃ‚ĐžŃ‚Đ”Đ»ŃŒĐœŃ‹Đč ĐŸŃ€ĐœĐ°ĐŒĐ”ĐœŃ‚), des motifs identiques Ă  ceux en usage dans la dentellerie et les costumes traditionnels, souvent d’origine prĂ©chrĂ©tienne ou syncrĂ©tique comme les symboles solaires (demi-soleil ou polousolnechka pour les chambranles de fenĂȘtre) ou l’arbre de vie (ДДрДĐČĐŸ Đ¶ĐžĐ·ĐœĐž) ou encore de la culture populaire comme la coiffe des femmes russes, la kokochnik.

En se plaçant devant une maison de la colonie russe de Potsdam, cette conception anatomique de la façade permet un décryptage plus aisé. En ce sens, la colonie Alexandrowka a de facto introduit une part de russité dans le Brandebourg.

Construction et aspect extérieur

Potsdam
Alexandrowka Potsdam, habitation et étable sont reliées par un portail fermé.
On reconnaĂźt une similitude, mĂȘme le type des 3 fenĂȘtres diffĂšre dans la dĂ©coration.
Les rondins apparents des maisons de l'Alexandrowka sont en réalité insérés dans le colombage pour simuler une maison en rondins[37].

En comparant avec les dessins de la colonie Glasowo rĂ©alisĂ©s sur papier aquarelle Ă  l’encre de chine par l’architecte Charles Rossi en 1815[38], il apparaĂźt clairement la maison de Glasowo a servi de modĂšle pour la maison de campagne royale sur l’Alexanderberg, mais peu pour les maisons de la colonie potsdamoise. On peut parler d’inspiration russe mais objectivement pas de copie. En rĂ©alitĂ©, les maisons de l’Alexandrowka reposent davantage sur le trompe-l’Ɠil et sur une mode architecturale qui prĂ©valait en Russie dans les milieux aisĂ©s influencĂ©s par l’historicisme et le retour aux valeurs traditionnelles magnifiĂ©es ou idĂ©alisĂ©es[37]. Les maisons ont pignon sur rue car le roi voulait Ă©viter de donner l’impression d’une colonie militaire dont l’alignement des longs murs gouttereaux dĂ©nature l’esthĂ©tique gĂ©nĂ©rale. Les extrĂ©mitĂ©s des rondins qui dĂ©passent des façades latĂ©rales sont en rĂ©alitĂ© insĂ©rĂ©es dans l’ossature bois du colombage rempli de klinker. La maison de la colonie russe n’est pas une isba mais une maison Ă  colombages : il ne s’agit pas de maison en rondins ou bois plein et la façade ne reflĂšte pas la distribution des piĂšces. L’isba traditionnelle a une grande piĂšce avec une organisation interne symbolique en diagonale (depuis le coin du bon dieu dans un angle jusqu’au fourneau dans l’autre angle) alors que la maison de la colonie possĂšde deux sĂ©jours, le grand sĂ©jour et le petit sĂ©jour dont la fenĂȘtre donne sur la rue[37]. La maison et l'Ă©table sont reliĂ©es par un portail fermĂ© et surmontĂ© d'un petit toit, ce qui donne Ă  l'ensemble un aspect homogĂšne et clos. Une porte cochĂšre et une petite porte donnent l'accĂšs Ă  l'intĂ©rieur de la cour entre habitation et Ă©table.

Le bois choisi pour le colombage et le bardage est le pin sylvestre. Pour les dĂ©corations de pignon, les fenĂȘtres et les parties annexes c’est le chĂȘne qui a Ă©tĂ© retenu. Quelques essences mineures ont Ă©tĂ© Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©es. Les Ă©lĂ©ments de construction furent dĂ©coupĂ©s Ă  Berlin Ă  la sociĂ©tĂ© SALA et montĂ©s Ă  Potsdam. 36 charpentiers et 18 menuisiers ont travaillĂ© Ă  Berlin pendant deux mois et certains ont poursuivi sur le chantier Ă  Potsdam. Un sergent, 26 soldats de la garde, section des pionniers, et respectivement 18 hommes provenant des 4 rĂ©giments d’infanterie de la garde qui Ă©taient des maçons, des charpentiers et des menuisiers de mĂ©tier. Une fois le terrassement et les fondations terminĂ©s, tout le monde travaille Ă  la construction d’une maison jusqu’à ce qu’elle soit terminĂ©e. Puis ils passent Ă  la suivante et ainsi de suite. On commença au sud et on poursuit vers le nord. Sur les fondations, il y a une assise de rouleau-briques sur laquelle repose le seuil de fond[37].

Le toit Ă  deux versants prĂ©sente une structure Ă  chevrons avec une inclinaison de 45°, avec charpente de 14 chevrons de ferme. On pourrait penser qu’il s’agit d’une ferme de type suĂ©dois Ă  cause du chevronnage apparent qui n’est en rĂ©alitĂ© qu’un trompe-l'Ɠil. La couverture du toit Ă©tait Ă  l’origine faite de planches disposĂ©es verticalement. Les joints Ă  franc-bord sont recouverts par des plinthes. Cette couverture n’est aucunement russe, elle est dĂ©jĂ  pratiquĂ©e en Allemagne et dĂ©crite dans les traitĂ©s des couvreurs disponibles Ă  l’époque. Les planches du toit ont Ă©tĂ© traitĂ©es Ă  l’huile de lin Ă  partir de 1834. Contrairement Ă  la couverture traditionnelle de l’isba, il n’y a pas eu de toit de chaume Ă  Potsdam. À partir de 1877, les toits furent couverts avec de l’ardoise anglaise[37].

L’architecte de la garnison Boeckler avait dĂ©posĂ© une demande d’agrandissement des fenĂȘtres en 1864 aux reprĂ©sentants du roi sachant que celui-ci ne voudra peut-ĂȘtre pas qu’on touche au caractĂšre russe de la maison en rondins mĂȘme si c’est un trompe-l’Ɠil. En fait, trĂšs peu de choses ont changĂ© jusqu’à aujourd’hui : le visiteur actuel voit les maisons quasiment dans leur Ă©tait d’origine. Il n’y avait pas de contrevents Ă  l’origine et la couleur est moins reprĂ©sentĂ©e Ă  Potsdam que dans les maisons de campagne en Russie. Seule la maison du gardien a reçu un chambranle de fenĂȘtre en couleur et la maison no 13 fut dotĂ©e de contrevents Ă  la demande du propriĂ©taire qui s’engageait Ă  respecter l’aspect russe[37].

ÉlĂ©ments dĂ©coratifs et ornementaux

Les premiers documents dont les chercheurs ont disposĂ© sur les maisons traditionnelles Ă©taient constituĂ©s par les chartes des XVe et XVIe siĂšcles relatives au domaine concĂ©dĂ© aux mujiks. GrĂące aux miniatures du XVIe siĂšcle, la faune et la flore mythologiques sont connues des spĂ©cialistes qui travaillent sur cet art dĂ©coratif populaire qui s'est perpĂ©tuĂ© jusqu'Ă  nos jours[39]. Mais ce sont les Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs des maisons du village artificiel de Glasowo qui ont Ă©tĂ© retenus pour les façades des maisons de Potsdam. La dĂ©coration provient des croquis et dessins de Rossi pour Glasowo, bien qu’à l’Alexandrowka les associations ornementales s’en soient Ă©mancipĂ©es. Les ornements des terrasses et balcons n’ont pas Ă©tĂ© vernis ou peints, seules les dĂ©corations des fenĂȘtres ont eu le droit d’ĂȘtre peintes avec peinture Ă  l’huile. La couleur Ă©tait couleur chĂȘne.

Superstitions et coutumes ancestrales en arriĂšre-plan

Pour comprendre les dĂ©corations de la maison traditionnelle russe et par voie de consĂ©quence leur fonction symbolique, il faut d’abord revenir Ă  la conception qu’ont eue les Russes de leur isba pendant des siĂšcles. De nombreux aspects sont nĂ©anmoins communs aux superstitions qu’on rencontre en Europe occidentale, mĂȘme si elles s’expriment de maniĂšre diffĂ©rente, comme la crainte de bĂątir son foyer Ă  un endroit maudit, malĂ©fique ou dĂ©favorable en raison de multiples facteurs Ă  la fois naturels ou irrationnels pour ne pas dire surnaturels[N 9]. Si la forme de l’ornement est ancrĂ©e dans la culture locale, la peur panique face aux mauvais esprits et aux influences nĂ©fastes provenant de l’extĂ©rieur est rĂ©solument identique de l’est vers l’ouest. Outre la pratique de la bĂ©nĂ©diction directement gravĂ©e ou peinte sur le pignon de la maison[N 10], certaines familles pieuses de plusieurs confessions en Europe rĂ©clament aujourd’hui encore la bĂ©nĂ©diction de leur nouvelle maison comme dans l’église catholique oĂč ce rite est dĂ©jĂ  attestĂ© dans le sacramentaire gĂ©lasien : les anges doivent garder la demeure et « chasser d’elle toute influence du Malin ». Sont concernĂ©s les mĂȘmes lieux sensibles que dans l’isba russe comme le seuil de la porte[N 11] ou les lieux de vie des hommes et des bĂȘtes troublĂ©s par les suppĂŽts de Satan[N 12]. Dans l’isba russe, cette phobie du mal pĂ©nĂ©trant la maison est particuliĂšrement dĂ©veloppĂ©e : de multiples rĂšgles de vie doivent faire barrage au mal personnifiĂ©, y compris sous la table qui est pour le paysan russe l’équivalent de l'autel Ă  l’église puisqu’elle est d’ailleurs toujours placĂ©e dans l’angle de piĂ©tĂ© sous les icĂŽnes[40] - [N 13]. La tradition veut que le diable aime se balancer sur le pied d'un convive, s'asseoir sous la table au moment des repas de sorte qu’il est rigoureusement interdit de croiser les jambes et de balancer le pied.

domovoĂŻ bilibin
DomovoĂŻ artistique
Différentes représentations du domovoï.

D’ailleurs, au-delĂ  de l’ornementation et des rituels Ă  vocation protectrice spĂ©cifique Ă  chaque rĂ©gion, il est intĂ©ressant de noter que, des Vosges Ă  l’Oural, de la Scandinavie aux Alpes, les fermes des campagnes partagent aussi l’esprit domestique que les occupants de la maison choient malgrĂ© ses facĂ©ties passagĂšres puisqu’il protĂšge la demeure et ses occupants[41] En Russie, c’est le domovoĂŻ[N 14] Ă  l’instar du sĂŽtrĂ© du Grand-Est français et de la Wallonie belge, du puk des Allemands septentrionaux[42], du skƙítek des TchĂšques[43], du tomte scandinave[42], du haltia finlandais[42], du mamarro ou iratxo basque[42].

L’analogie entre la maison et le corps humain est plus spĂ©cifique Ă  l’isba russe[44]. De nombreuses Ă©tudes y ont Ă©tĂ© consacrĂ©es[N 15]. Les dĂ©nominations des diffĂ©rentes parties de la maison correspondent aux mots utilisĂ©s pour dĂ©signer les parties du visage par exemple : la fenĂȘtre est un Ɠil, l’ouverture du four est la bouche, la porte a souvent une connotation gĂ©nitale[45] - [N 16] pour en citer que ces exemples[44]. C’est pourquoi la tradition veut que, quand une isba est inhabitĂ©e ou abandonnĂ©e, il faut clouer portes et fenĂȘtres comme quand on ferme la bouche et les yeux d’un mort[44]. La maison vit de facto au rythme de ses occupants et inversement les occupants doivent apprendre Ă  respecter le fonctionnement de la maison soumise Ă  tous les dangers venant de l’extĂ©rieur : tout est d’origine naturelle dans les isbas et par voie de consĂ©quence tout vit et transmet son Ă©nergie vitale aux habitants. La dĂ©coration en subit les consĂ©quences : on ne peut pas choisir n’importe quel bois car chaque essence a son histoire, ses bienfaits et ses propres dĂ©fauts. Le bouleau Ă©tant un arbre sacrĂ©, il est Ă©cartĂ© d’office. Pour les ornementations, les artisans utilisent des essences considĂ©rĂ©es en ces lieux comme moins nobles : le pin sylvestre ou l’épicĂ©a. Ceci Ă©tant, pour atteindre le degrĂ© de raffinement et d’esthĂ©tique dans la dĂ©coration extĂ©rieure des maisons russes dont s’inspireront celles de Potsdam, il faudra attendre le XIXe siĂšcle. Jusqu’au XVIIe siĂšcle les isbas sont dites « noires » car elles n’ont pas de cheminĂ©e : l’intĂ©rieur est enfumĂ©, sent la suie et l’extĂ©rieur se limite Ă  une porte, seule orifice Ă  protĂ©ger des dangers de l’extĂ©rieur. Quand il y a des fenĂȘtres, elles sont minuscules et ne s’ouvrent pas. La dĂ©coration extĂ©rieure est rudimentaire mais elle est prĂ©sente pour l’Ɠil averti. Au XVIIIe siĂšcle, Pierre le Grand exige que toutes les isbas autour de Saint-PĂ©tersbourg soient construites avec une cheminĂ©e : les isbas deviennent « blanches ». Mais ailleurs ce sera longtemps encore un luxe d’avoir une isba blanche. Il faut attendre le XIXe siĂšcle pour que l’isba blanche se gĂ©nĂ©ralise, un siĂšcle qui correspond Ă©galement Ă  une mode architecturale de style russe ou pseudo-russe pour les maisons d’inspiration traditionnelle ou les datchas qui se commencent Ă  se propager d’abord dans les milieux aristocratiques, puis chez les grands bourgeois et intellectuels[46].

La dimension sacrificielle dans la décoration

AttestĂ© dans de nombreux pays de l’Europe centrale, mais surtout de l’Europe de l'Est, il fallait que l’esprit d’un animal sacrifiĂ© habite les lieux avant d’emmĂ©nager dans l’isba. La victime expiatoire donne en quelque sorte son corps pour fournir le premier matĂ©riau de la construction dont elle reproduit l’apparence[44]. Le sacrifice se faisait le plus souvent avec un poulet, un mouton ou un cheval. On coupait la tĂȘte de l’animal et l’enterrait sous le foyer[44]. En Russie, cette tradition se poursuit encore dans certaines familles oĂč les futurs occupants d’un nouvel appartement font d’abord entrer un chat ou chien (y compris celui de quelqu’un d’autre) avant de franchir le seuil. Les fouilles archĂ©ologiques semblent confirmer que le cheval sera l’animal le plus sacrifiĂ©[47]. Avec le temps, et surtout avec l’introduction de la couverture en bois au lieu du chaume, la tĂȘte du cheval sera reprĂ©sentĂ©e de maniĂšre symbolique et ornementale sur le faĂźte du toit, essentiellement dans la partie nord de la Russie europĂ©enne. La tĂȘte de cheval ou parfois aussi deux tĂȘtes de chevaux croisĂ©es n’est plus forcĂ©ment reconnaissable avec le temps car sa forme devient de plus en plus stylisĂ©e ou simplifiĂ©e pour n’ĂȘtre qu’une sorte de moignon ou de piquet. C’est le cas Ă  Potsdam oĂč les deux volutes de chaque cĂŽtĂ© de l’épi de faĂźtage peuvent faire allusion Ă  deux tĂȘtes de chevaux stylisĂ©es.

DĂ©corations de porte et fenĂȘtres

Maison no 14 de l'Alexandrowka. FidĂšle Ă  la tradition russe, seules les trois fenĂȘtres du pignon avant Ă©taient dĂ©corĂ©es. Sur le mur gouttereau, on remarque ici un chambranle classique.

L’abondance de la dĂ©coration des ouvertures de la maison russe illustre leur caractĂšre quasi sacrĂ© dans les anciennes croyances russes. Cela se retrouve dans l’ornementation des maisons traditionnelles jusqu’à aujourd’hui. D’abord la porte se trouve sur le cĂŽtĂ©, gĂ©nĂ©ralement elle donne sur la cour intĂ©rieure. À Potsdam, comme dans le projet du village artificiel de Glasowo, l’accĂšs Ă  la porte d’entrĂ©e de la maison est de toute façon barrĂ© par ce portail massif qui protĂšge des regards indiscrets. Le seuil de la porte est en effet le lieu oĂč on enterrait jusqu’au XIXe siĂšcle les nouveau-nĂ©s morts sans ĂȘtre baptisĂ©s. Des tas de rites entourent la porte : personne ne reste pas devant la porte, lieu oĂč se tient d’ailleurs souvent le domovoĂŻ. On ne donne rien Ă  la porte, on ne regarde pas par une porte ouverte, on ne parle pas Ă  quelqu’un de l’autre cĂŽtĂ© de la porte fermĂ©e[48] et la levĂ©e de la premiĂšre personne Ă  dĂ©cĂ©der dans la nouvelle maison ne se fait jamais par la porte mais par une fenĂȘtre. La porte filtre tout ce qui transite de l’extĂ©rieur vers l’intĂ©rieur et vice-versa : il faut empĂȘcher les forces du mal d’entrer[44] y compris par les serrures. En consĂ©quence, une croix orthodoxe Ă©tait dessinĂ©e avec un cierge sur le jambage des portes, on y accrochait un fer Ă  cheval, une lame de couteau ou de faux pour littĂ©ralement couper le passage aux mauvais esprits[49] - [50]. La porte prĂ©sente d’autres dĂ©corations d’origine paĂŻenne comme les cercles solaires, les lignes brisĂ©es et les diffĂ©rents symboles de fertilitĂ©.Tout ce qui n’entre pas par la porte mais par la fenĂȘtre ou le conduit de fumĂ©e danger reprĂ©sente une perte de contrĂŽle et donc un danger.A tort ou Ă  raison, les Russes attribuent davantage de crĂ©ativitĂ© dans les sculptures sur bois Ă  la rĂ©gion de la Volga, et en particulier l’influence de la rĂ©gion de Novgorod, en se rĂ©fĂ©rant Ă  un climat plus doux par rapport aux conditions de travail des maĂźtres-sculpteurs ou menuisiers du Nord. À l’origine, les cercles sculptĂ©s, les triangles et les croix avaient une signification symbolique proche du talisman. De nos jours, il n’est pas certain que tous les Russes sachent dĂ©chiffrer les symboles ornementaux des maisons traditionnelles, mais aussi de la dentelle et des vĂȘtements folkloriques. La sculpture en bois du Nijni Novgorod est particuliĂšrement connue dans le pays.

Dans la colonie russe de Potsdam, la tradition des trois fenĂȘtres sur rue a Ă©tĂ© respectĂ©e. La rangĂ©e de trois fenĂȘtres reprĂ©sente la sainte TrinitĂ©[51]. Par ailleurs, la fonction protectrice est proche de celle de la porte : en consĂ©quence, la fenĂȘtre reçoit logiquement de nombreux symboles protecteurs. Longtemps les fenĂȘtres resteront fermĂ©es car, dans les croyances populaires, elles font la liaison avec le monde des morts[N 17]. À l’origine il n’y avait de toute façon aucune fenĂȘtre dans l’isba. À partir du XVe siĂšcle, les paysans plus riches s’offrent des fenĂȘtres dĂ©corĂ©es ; les spĂ©cialistes font commencer ici une nouvelle catĂ©gorie d’isba : la ĐșŃ€Đ°ŃĐœŃ‹Đ” Озбы (kransnye izby ou « les belles isbas »). Cela ne signifie pas pour autant que la baie s’ouvre. Le caractĂšre ambivalent de la fenĂȘtre s’exprime dans le dĂ©sir de la dĂ©corer Ă  la hauteur de son importance sur le plan symbolique. Il faut attendre le XVIIIe siĂšcle pour voir arriver les cheminĂ©es et les fenĂȘtres. Les derniĂšres ne sont toutefois pas vitrĂ©es, mais en mica ou vessie de porc. Quand les fenĂȘtres s’ouvriront, d’autres rites s’installeront tels qu’on peut encore les lire dans les contes traditionnels russes. De fait, comme l’ange gardien de la maison vit sous la fenĂȘtre[52], il ne faut pas cracher, jeter quoi que ce soit par la celle-ci. Du coup les femmes choisissent de bavarder entre elles sous la fenĂȘtre[53]. Par voie de consĂ©quence, cet endroit revĂȘt un caractĂšre sacrĂ© et saint : le passage n’est autorisĂ© qu’aux anges gardiens[54] et de nombreux rites positifs s’y dĂ©roulent[N 18]. Un tel endroit doit ĂȘtre magnifiquement dĂ©corĂ©. Les dessins et plus tard les sculptures sur bois sur les chambranles de fenĂȘtre sont Ă  la hauteur de leur rĂŽle protecteur[55]. À Potsdam comme ailleurs, les Ń€Đ”Đ·ĐœĐŸĐč ĐœĐ°Đ»ĐžŃ‡ĐœĐžĐș (reznoĂŻ nalitchnik ou « chambranles de fenĂȘtre sculptĂ©e ») tĂ©moignent d’un savoir-faire des artisans menuisiers-sculpteurs impressionnant.

Les chambranles des fenĂȘtres de la colonie de Potsdam se distinguent par leur relative sobriĂ©tĂ© comparĂ©es aux Ɠuvres d’art presque flamboyantes qu’on peut trouver en Russie, y compris parfois sur des isbas rudimentaires oĂč les fenĂȘtres dĂ©corĂ©es contrastent avec le reste du bĂąti[N 19]. L’énorme rĂŽle ornemental jouĂ© par le chambranle de fenĂȘtre dans l’architecture russe correspond clairement au fort pouvoir de reprĂ©sentation de cette partie de la maison vers l’extĂ©rieur. Il n’existe pas d’équivalent en Europe occidentale Ă  ce niveau d’ornementation et notamment par la sculpture sur bois. À l’Ouest oĂč le bois comme matĂ©riau de construction a Ă©tĂ© davantage associĂ© Ă  la masure paysanne ou au chalet des pĂątres alpins, les personnes qui veulent afficher leur statut social joueront davantage avec la pierre noble utilisĂ©e pour le jambage, les balcons, les corniches, les oriels ou les encorbellements. À noter que les EuropĂ©ens de l’Ouest depuis la Renaissance apprĂ©cient davantage la diversitĂ© des vitres et carreaux pour leur fonction dĂ©corative supplĂ©mentaire quand les Russes ont mis davantage de temps Ă  accepter qu’une fenĂȘtre puisse mĂȘme s’ouvrir. La symbolique et la perception de la fenĂȘtre divergent clairement entre l’est et l’ouest. Pour autant, les chambranles sculptĂ©s de la colonie Alexandrowka reprĂ©sentent un compromis entre les deux : Ă  la fois inhabituels pour l’Ɠil occidental qui a rarement l’habitude de voir des fenĂȘtres autant dĂ©corĂ©es dans des maisons en rondins et logiques car la maison doit Ă©voquer au premier coup d’Ɠil son inspiration russe. Le motif de la kokochnik, la coiffe des femmes russes, a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ© en Russie car, suivant sa forme, il peut se confondre avec un symbole solaire.

Motifs ornementaux de chambranles sculptĂ©s Ă  l’Alexandrowka Potsdam
Aucun fronton ; DĂ©coration simple avec corniche supĂ©rieure qui rappelle davantage la corniche composite des temples antiques. Fronton entrecoupĂ© sans corniche posĂ© directement sur le montant de la fenĂȘtre ; le tympan est formĂ© par un oiseau aux ailes dĂ©ployĂ©ees reprĂ©sentant un symbole solaire. Fronton surbaissĂ© sans corniche avec des motifs moins typĂ©s Ă  tendance florale, vague allusion au fronton par enroulement. Fronton triangulaire incomplet, surmontant un symbole solaire qui est ici un demi-soleil ou polousolnechka (ĐŸĐŸĐ»ŃƒŃĐŸĐ»ĐœŃ‹ŃˆĐșĐŸ). Une corniche de type ionique.

Les pelatientsi ou rouchnik

Le cheval ou oiseau stylisĂ© au-dessus d'une pelatientse oĂč l'on reconnaĂźt bien les franges de la serviette, maison Ă  Kouptchino, district de Saint-PĂ©tersbourg.
Les symboles solaires sont répandus en Europe, ici peints sur maison à colombages à Höxter, Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Kolovrat, symbole du dieu Svarog.
Symbole solaire univoque en pointe de pignon (Đșость) dans une maison d'Irkoutsk.

De tous les Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs de la maison russe traditionnelle, les pelatientsi(ĐżĐŸĐ»ĐŸŃ‚Đ”ĐœŃ†Đ” -prononcĂ© : [pəɫɐˈtÊČentÍĄsÉȘ̈])[N 20] ou polotientsami (ĐżĐŸĐ»ĐŸŃ‚Đ”ĐœŃ†Đ°ĐŒĐž)[N 21], sont de loin les plus distinctifs. Le mot russe signifie en fait « serviette de bain »[56]. Parler de serviette ici ne correspond pas aux usages français, c’est pourquoi il est prĂ©fĂ©rable de conserver le terme original. Leur nom imagĂ© leur vient probablement de leur forme initiale encore attestĂ©e aujourd'hui : la planche ornementale termine par des Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs rappelant les franges d'une serviette[N 22]. Cet ornement est Ă©galement appelĂ© rouchnik parce qu'il partage la mĂȘme symbolique dĂ©corative quasi cryptĂ©e des tissus brodĂ©s traditionnels et rituels rĂ©pandus dans la BĂ©larus, la Russie ou l'Ukraine. Leur rĂŽle symbolique de talisman ne fait aucun doute puisqu’elles sont ornĂ©es de roues solaires dont le motif est identique Ă  chaque extrĂ©mitĂ© des rives de toit et au faĂźte. L’ornementation du pignon est cohĂ©rente et joue sur la symĂ©trie et sur une lecture chronologique : cela reprĂ©sente le soleil du levant au couchant en passant par le zĂ©nith. Les roues solaires sont nombreuses dans la tradition de l’ancienne Rus' marquĂ©e par la mythologie slave[57]. la plus connue des roues solaires russes est la Kolovrat, symbole du dieu Svarog.

Motifs ornementaux des pelatientsi ajourĂ©s Ă  l’Alexandrowka Potsdam
|
Deux pelatientsi, l'une en bout de rive gauche, l'autre verticale fermant la perspective de la façade sur la gauche. Sur la rive de toit, on reconnaĂźt la roue solaire trĂšs ajourĂ©e associĂ©e Ă  Dajbog, dieu du soleil et des moissons, traditionnellement considĂ©rĂ© comme l'ancĂȘtre de tous les Russes, nommĂ© plutĂŽt PĂ©roun en Ukraine[57]. Un peu plus haut, il y a un autre style de roue solaire imputable au dieu soleil, mais proche du talisman de Mokoch, la dĂ©esse associĂ©e Ă  la terre fertile, protectrice de la magie, des mĂ©tiers de filature et de tissage[57]. Elle aide les femmes Ă  l'accouchement. Les autres motifs font rĂ©fĂ©rence Ă  l'eau cĂ©leste, aux pluies nourriciĂšres. L'ensemble propose donc une composition dĂ©corative basĂ©e sur le soleil, la terre-mĂšre et l'eau. L'extrĂ©mitĂ© de la pelatientse verticale est en flĂšche avec un cƓur. Cette forme en triangle rappelle le talisman de VĂ©lĂšs, dieu de la terre, des eaux et de la lune[57]. Il est trĂšs proche des animaux. Juste au-dessus, une autre forme de roue solaire habituelle dans le foklore russe, elle forme une Ă©toile dont les branches sont incurvĂ©es.
Dans ce cas, les deux pelatientsi ajourĂ©es sont identiques et font Ă©cho aux autres au sommet du pignon et Ă  l'extrĂ©mitĂ© de la rive droite du toit. La cohĂ©rence de l'ensemble rĂ©side dans son homogĂ©nĂ©itĂ©. La forme en losange frappe le regard immĂ©diatement : le caractĂšre majoritairement angulaire de cette composition ornementale se trouve renforcĂ© par la dentelle triangulaire de la rive. Le circulaire est reprĂ©sentĂ© uniquement par l'extrĂ©mitĂ© de la rive et les trois petits trous dans les triangles qui peuvent rappeler les eaux pluviales renforcĂ©es par les gouttelettes, organisĂ©es Ă©galement par le chiffre trois symbolique, sur le pourtour de la planche de rive. À dĂ©faut de reprĂ©senter l’élĂ©ment liquide et bien qu’en gĂ©nĂ©ral la position ternaire et triangulaire des trois disques solaires soit inversĂ©e avec la pointe vers le haut, il est tout Ă  fait possible de voir dans ces trois trous ou disques dans un triangle le symbole rĂ©pandu dans toutes les mythologies antiques (grecque, romaine, germanique, celtique, slave, hindoue entre autres[N 23]) des trois moments du soleil. Les trois pelatientsi disposĂ©es en triangle sur la façade renforceraient par consĂ©quent cette reprĂ©sentation trĂšs ancienne de l’arbre cosmogonique encore vivace en Inde dont les trois branches supportent chacune un soleil[58]. MalgrĂ© la dominante angulaire, les croix de saint AndrĂ© renforcent encore les losanges des extrĂ©mitĂ©s en enserrant un symbole astral frĂ©quent dans l'ornementation en architecture ou en broderie russe qui fait clairement allusion au soleil et que l'on retrouve dans la pelatientse ci-contre Ă  droite de maniĂšre plus visible dans la dominante circulaire.
Dans cette maison, la pelatientse verticale et celle en bout de rive diffĂ©rent. Elles sont trĂšs ajourĂ©es, plus fines et suivant les goĂ»ts plus Ă©lĂ©gantes. La symĂ©trie est respectĂ©e de chaque cĂŽtĂ© : les trois verticales sont identiques et l'extrĂ©mitĂ© de la rive gauche ressemble Ă  celle de droite. La pelatientse verticale comporte cinq symboles astronomiques dont, du haut vers le bas, une roue solaire, un astre et trois symboles qui peuvent ĂȘtre une roue solaire mais aussi des gromoviti znaci (signes du tonnerre), talisman gravĂ© dans les pays slaves sur les poutres, les jambages ou sur les planches de rive[56]. Symbole du tonnerre, il est souvent associĂ© Ă  PĂ©roun, dieu des guerriers, du tonnerre[57]. On lui accorde le pouvoir protĂ©ger la maison contre la foudre et les forces malfaisantes.

Les décorations de faßtage et pignon

Motifs ornementaux des pignons de maison à l’Alexandrowka Potsdam
Cette ornementation du pignon rĂ©side uniquement dans une polotientsĂ© qui correspond peu ou prou Ă  celle de droite et gauche comme dans le tableau ci-dessus sur les polotientsi. Dans les cas, elle illustre parfaitement le symbolisme des trois moments du soleil: ici la roue solaire au sommet est la partie la plus Ă©levĂ©e de la maison, elle est au zĂ©nith. Dans les traditions mythologiques prĂ©chrĂ©tiennes russes, le toit s'apparente au firmament. Il rappelle aussi la lĂ©gende du dieu soleil qui vole Ă  travers le ciel dans un chariot d’or tirĂ© par quatre chevaux blancs. La dĂ©coration de la maison en bois sculptĂ© dĂ©coupe traditionnellement la maison en trois niveaux: ici il s'agit du niveau supĂ©rieur constituĂ© par le toit et le pignon avec fronton qui symbolisent le ciel et la voĂ»te cĂ©leste. On remarquera Ă©galement les deux roues solaires de formes diffĂ©rentes, proches de l'Ă©toile. La polotientsĂ© fait Ă©galement fonction ici d'antĂ©fixe ou d'Ă©cusson.
Cette polotientsĂ© de pignon est particuliĂšrement intĂ©ressante Ă  cause de la combinaison des emblĂšmes iconiques et aniconiques. Dans un premier temps, le principe de la courbe du soleil est respectĂ©, moins par un symbole solaire flagrant toute en haut de la pointe que par le truchement de la rĂ©pĂ©tition de la mĂȘme polotientsĂ© de gauche Ă  droite. En liaison avec l'arbre-monde central dans les mythologies europĂ©ennes, les deux extrĂ©mitĂ©s angulaires qui s'apparentent Ă  des flĂšches indicatrices peuvent inviter le spectateur extĂ©rieur Ă  rĂ©aliser l'union entre la sphĂšre cĂ©leste et le monde des hommes sur terre, voire celui du monde souterrain. Il y a bien une roue solaire Ă  mi-chemin entre les deux extrĂ©mitĂ©s. L'autre partie intĂ©ressante est l'ajout d'un autre ornement spĂ©cifique Ă  cette maison de chaque cĂŽtĂ© de la polotientsĂ©. Deux symboles s'unissent ici sans que l'on puisse trancher rĂ©ellement entre les deux : les deux symboles solaires en forme de spirale ne font aucun doute, de mĂȘme que le symbolisme apparent de l'ornement de pignon traditionnel sous forme de tĂȘtes de chevaux croisĂ©es. Les lignes ondulĂ©es au-dessus des cercles solaires rappellent la criniĂšre des chevaux trĂšs stylisĂ©s. Sa fonction symbolique est trĂšs ancrĂ©e dans les esprits russes dĂšs qu'il est question de l'habitat traditionnel de l'isba.
Cinq symboles solaires se succĂšdent sur cette polotientsĂ©. Elle s'apparente Ă  la premiĂšre ci-dessus dans le tableau : l'idĂ©e fondamentale de la dĂ©coration est de reprĂ©senter le zĂ©nith ou le firmament. Le propriĂ©taire de la maison s'inscrit dans une conception du monde plus cosmogonique en quelque sorte. Il vit dans un monde oĂč la nature a un impact sur la pensĂ©e et les activitĂ©s des hommes. L'autre Ă©lĂ©ment intĂ©ressant de cette dĂ©coration rĂ©side dans la planche transversale ajoutĂ©e et ciselĂ©e qui croise avec la polotientsĂ©.

Lambrequins et planches de rive chantournées

Le lambrequin, nommĂ© « pritchĂ©line » (en alphabet cyrillique ĐżŃ€ĐžŃ‡Đ”Đ»ĐžĐœ - prononcĂ© : [prÊČÉȘˈt͡ɕelÊČÉȘnə]) et la planche de rive chantournĂ©e ou dĂ©corĂ©e couvrent les extrĂ©mitĂ©s des rondins de la maison en bois massif empilĂ© et les rives de toit[59]. Comme les chambranles et les pelatiĂ©ntsi, les lambrequins forment le « visage » de la maison[60]. Sa dĂ©coration est donc fondamentale car identitaire, Ă  la fois pour les propriĂ©taires mais aussi pour son intĂ©gration dans l’espace culturel rĂ©gional[N 24]

Le terme russe est associĂ© Ă  la dentelle, aux motifs dĂ©coratifs de la broderie et Ă  tout ce qui ramĂšne Ă  la symbolique traditionnelle et folklorique. Il s'agit manifestement d'un ornement courant composĂ© d'un seul et mĂȘme motif ou de plusieurs symboles qui reviennent en alternance pour faire Ă©cho aux parties dĂ©coratives de la façade. Les lambrequins sont attestĂ©s dans d'autres rĂ©gions du monde, mais la spĂ©cificitĂ© russe qui a Ă©tĂ© conservĂ©e Ă  Potsdam demeure sans conteste l'extrĂ©mitĂ© de la planche qui rĂ©pĂšte et renforce la pelatientse.

Exemples de lambrequins à l’Alexandrowka de Potsdam
Présenté horizontalement pour mieux l'observer, ce lambrequin orne bien la rive de toit gauche d'une maison que l'on reconnaßt à l'extrémité gauche avec le symbole solaire. Il rappelle les dents-de-scie dans sa partie inférieure. Cet ornement courant est composé d'un seul motif qui évoque les gouttes d'eau par exemple en plus de la roue solaire à l'extrémité.
Ce lambrequin orne la rive droite. Il est trÚs ajouré et trÚs fin. Il rappelle clairement la dentelle ou les tentures avec les franges. L'ornement se compose de deux motifs répétés en alternance séparés par des crochets. On reconnaßt surtout des symboles solaires, notamment le symbole à 8 branches, et l'autre plus simplifié qui rappelle également le talisman de Mokoch.
Ce lambrequin plus chargé se trouve sous un balcon mais il est identique à celui des rives de toit. Le motif unique se compose clairement d'une roue solaire. Au-dessus des symboles solaires, le motif décoratif rappelle un vol d'oiseau. L'impression globale paraßt plus circulaire que dans les deux autres.

Parties intérieures de la maison

Le schĂ©ma de plan type de la maison est identique pour toutes : il s’agit d’un plan rectangulaire de 8 Ă— 12,5 m soit environ 100 m2 pour une maison en plain-pied qui comporte aussi une Ă©table de 5,5 Ă— 6,7 m reprĂ©sentant 36,85 m2. Le modĂšle Ă  Ă©tage mesure 8,13 Ă— 12,62 m (102,6 m2) avec une Ă©table de 5,55 Ă— 9,99 m (55,44 m2). Une grande et une petite piĂšce Ă  vivre donnent sur la rue. Quatre piĂšces quasiment carrĂ©es occupent l’arriĂšre ; l’une d’elles fait fonction de vestibule distributeur vers la cuisine, la grande piĂšce Ă  vivre et la chambre de derriĂšre. Ces maisons de typologie identique ont Ă©tĂ© conçues exprĂšs pour l’Alexandrowka. Il n’existe aucun modĂšle, aucun prototype, y compris dans les plans du Glasowo ou celui de Nikolskoe. Par consĂ©quent, bien que l’aspect global puisse laisser penser Ă  une copie d’une maison dans son pays d’origine, ces maisons d’inspiration russe Ă  Potsdam sont bel et bien des originaux. Sous la chambre arriĂšre gauche il y a une petite cave peu profonde ; Ă  cause des conditions particuliĂšres de Berlin en ce qui concerne la nappe phrĂ©atique, le plancher de la chambre est rehaussĂ© de 20 cm par rapport Ă  celui des autres piĂšces. La cave est rĂ©alisĂ©e en pierres calcaires de RĂŒdersdorf de mĂȘme que les fondations de toutes les maisons[37]. Dans les maisons Ă  un Ă©tage, la distribution des piĂšces est la mĂȘme en haut qu’en bas. Un escalier extĂ©rieur permet l’accĂšs Ă  l’étage bien qu’il y ait aussi un escalier dans le vestibule. À l’origine, il n’y avait qu’un conduit de fumĂ©e et une cheminĂ©e, laquelle chauffait aussi les deux piĂšces Ă  vivre Ă  l’avant. Les chambres de l’arriĂšre ne sont pas chauffĂ©es. Avec le temps, une autre cheminĂ©e fut installĂ©e pour les piĂšces arriĂšre. Comme Ă  Glasowo, le rez-de-chaussĂ©e est plutĂŽt destinĂ© au stockage alors que l’étage est dĂ©diĂ© Ă  l’habitation. Les petites fenĂȘtres du rez-de-chaussĂ©e pourraient laisser penser qu’on n’y habite pas[37].

Reconstitution du patrimoine fruitier d'Alexandrowka

Institut de formation des jardiniers et pépiniÚre de Potsdam au XIXe siÚcle.
Planche 92 de la Deutsche Pomologie de Lauche, 1882.

Au dĂ©but des annĂ©es 2000 a Ă©tĂ© lancĂ© un projet de reconstitution du jardin classĂ© monument historique d'Alexandrowka tel qu'il Ă©tait Ă  sa crĂ©ation. Un atlas des fruits de la colonie russe a Ă©tĂ© publiĂ©[61] en 2012, et, d'annĂ©e en annĂ©e, le nombre des arbres fruitiers rĂ©introduits dans le parc d'Alexandrowka augmente de maniĂšre significative. Les auteurs de cet atlas, le pomologue F. Brudel et le paysagiste et spĂ©cialiste en amĂ©nagement du territoire A. Kalesse, reviennent de maniĂšre rĂ©currente dans tous les projets qui touchent Ă  l'Alexandrowka et son parc en raison des diffĂ©rents travaux de recherche et de publication qu'ils ont consacrĂ©s Ă  la colonie russe[62]. Partout en Europe, et notamment en France, en Allemagne, en Russie ou en Belgique, des jardiniers innovants et des cours princiĂšres fondent des pĂ©piniĂšres, des jardins, des parcs en employant de nouvelles techniques horticoles. Des pomologues, particuliĂšrement francophones et germanophones, publient des ouvrages spĂ©cialisĂ©s qui font rĂ©fĂ©rence pendant des dĂ©cennies et qui sont repris aujourd'hui pour identifier les espĂšces en plantĂ©es au XIXe siĂšcle : Henri Louis Duhamel du Monceau[63] ou Johann Hermann Knoop[64] en langue française, Oberdiek[65], Lauche[66], Mayer[67], MĂŒller-Diemnitz[68] et le prĂ©curseur Adrian Diel pour la langue allemande. Pour les scientifiques, il s'agit aussi de retrouver des espĂšces en danger ou quasi dĂ©jĂ  disparues. Les ouvrages de rĂ©fĂ©rence de cette Ă©poque montrent d'ailleurs un dĂ©but d'internationalisation de cette branche scientifique en s'informant sur les variĂ©tĂ©s des arbres fruitiers des pays voisins, leur nom vernaculaire et leur expansion en Europe. Les noms locaux pour les fruits sont en effet trĂšs divergents et certains fruits ne dĂ©passent pas les frontiĂšres rĂ©gionales. Les espĂšces primitives ont donnĂ© de nombreux cultivars mais force est de constater que la variĂ©tĂ© des fruits vendus dans le commerce Ă  l'heure actuelle s'est considĂ©rablement rĂ©duite au point que de nombreuses espĂšces sont en voie d'extinction dĂ©finitive. Plusieurs initiatives en Allemagne, Ă  l'Ă©chelle locale, associative ou davantage rĂ©gionale, tendent Ă  lutter contre l'appauvrissement de l'offre des pommes, poires et cerises dans le circuit commercial mondial en sensibilisant les populations aux espĂšces locales qui poussent parfois encore dans certains vergers privĂ©s. À l'occasion de fĂȘtes rĂ©gionales ou de campagnes ciblĂ©es, des spĂ©cialistes professionnels ou amateurs aident les particuliers Ă  identifier l'espĂšce exacte des arbres fruitiers qu'ils ont encore dans leur jardin ou verger personnel[62]. Les anciens ouvrages refont surface pour confronter les diffĂ©rentes descriptions et les critĂšres scientifiques parfois trĂšs dĂ©taillĂ©s pour diffĂ©rencier des sous-variĂ©tĂ©s entre elles.

Les objectifs[69] du projet de reconstitution des vergers de l'Alexandrowka sont d'ordre historique et scientifique; ils visent la mise en valeur de l'offre Ă©tendue en arboriculture fruitiĂšre de l'ancienne pĂ©piniĂšre royale de Potsdam jusqu'en 1867 qui a fourni une bonne partie des espĂšces plantĂ©es dans le parc de la colonie russe, et ce faisant montrer d'un point de vue historique local l'innovation et la qualitĂ© de la pĂ©piniĂšre prussienne[69]. La dimension bioĂ©thique met en avant l'aspect plus contemporain de la disparition de nombreuses espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales qui inquiĂštent aujourd'hui davantage le grand public qu'autrefois : il faut inventorier et protĂ©ger les espĂšces en danger[69] et redonner le goĂ»t des variĂ©tĂ©s locales pour Ă©viter les problĂšmes dus Ă  la mondialisation et au transport des denrĂ©es alimentaires sur des milliers de kilomĂštres. La prioritĂ© du projet demeure la dimension scientifique: en cumulant le travail de recherches historiques, le travail de communication et de publication avec la nouvelle crĂ©ation d'une banque de gĂšnes[69], le passĂ© et le prĂ©sent contribuent Ă  reconstituer un patrimoine naturel riches en espĂšces fruitiĂšres et paradoxalement Ă  sauver l'avenir pour maintenir la variĂ©tĂ© des fruits, pour rĂ©agir au plus vite au cas oĂč les espĂšces homogĂ©nĂ©isĂ©es actuelles rencontreraient des problĂšmes inattendus. Le travail de sauvegarde va au-delĂ  de Potsdam, l'interaction et la collaboration entre les pĂ©piniĂšres scientifiques, les laboratoires et les pomologues professionnels se font Ă  l'Ă©chelle nationale en Allemagne. Parmi d'autres parcs et jardins europĂ©ens, celui d'Alexandrowka avait une valeur historique et botanique reconnue par les scientifiques; en mĂȘme temps, il ne faut pas nĂ©gliger l'aspect esthĂ©tique du projet qui permet aussi aux locaux et aux visiteurs de la ville touristique de profiter d'un cadre agrĂ©able, notamment Ă  la pĂ©riode de floraison. Comme Alexandrowka appartient au site classĂ© patrimoine mondial de l'humanitĂ©, il profite d'une large couverture mĂ©diatique dans les guides touristiques et les pages en ligne des professionnels du tourisme.

En 2003, 347 espĂšces[N 25] de fruits avaient Ă©tĂ© rĂ©introduites dans l'Alexandrowka[69], en 2011 585[70]. Le parc de la colonie russe fait fonction de bourse d'Ă©changes de greffons et sert de vivier pour tous ceux qui veulent individuellement replanter des espĂšces locales en concertation avec les Ă©quipes professionnelles responsables de la gestion du parc[70]. L'un des effets positifs inattendus de ce travail d'inventaire et de sauvegarde dans de nombreuses rĂ©gions d'Europe est que des associations aux objectifs similaires concernant la sauvegarde d'un patrimoine fruitier plurisĂ©culaire peuvent retrouver une espĂšce pourtant originaire de la rĂ©gion concernĂ©e dans un autre pays. C'est le cas de la poire Madame VertĂ© trĂšs implantĂ©e dans le Comminges, disparue, puis retrouvĂ©e par hasard en Allemagne oĂč elle est encore accessible[71] - [N 26]

Les variétés de poires anciennement présentes ou réintroduites dans l'Alexandrowka

Planche 83 de la Deutsche Pomologie de Lauche, 1882.

Les variétés de cognassiers, abricots et cerises présentes dans le parc d'Alexandrowka

Cerise Montmorency.

Concernant les cognassiers, Le Bereczki, le Constantinople et le coing du Portugal sont les trois variétés déjà présentes dans le catalogue de la pépiniÚre de Potsdam au XIXe siÚcle. Tous les trois sont réintroduits à ce jour dans le parc.

Pour les abricotiers, trois variĂ©tĂ©s font partie de la reconstitution d'origine en 2003 : l'abricot de Nancy[66] dont le nom est trompeur car les pomologues ne savent pas rĂ©ellement d'oĂč il provient, les abricots comme le luizet ou suchet du groupe dit « Meilleure de Hongrie » et le Schweineohr.

Pour les cerisiers aigres, les variétés suivantes sont celles déjà dans le catalogue de la pépiniÚre de Potsdam: Belle Hortense ou reine Hortense[76], la bigarreau de Ludwig[77], la Montmorency[78] et la cerise locale franconienne de Ostheim dite Ostheimer Weichsel[79] - [80] - [81]. Deux variétés sont directement originaires du secteur autour de la Havel: Leitzkauer-Pressauer Kirche et la Werdersche Glaskirche. Deux variétés répertoriées à la suite de plusieurs travaux de recherche comportent un nom provisoirement fictifs car elles ne sont pas clairement identifiées: Daheim II et Nieke. Une variété d'origine étrangÚre plantée à Potsdam a néanmoins une grande valeur en tant que variété historique à protéger : la Traubige de Hongrie[82].

Parmi les cerises guignes ou bigarreaux[1] - [N 29] qui ont Ă©tĂ© replantĂ©es dans l'Alexandrowka, il existe des variĂ©tĂ©s de cerises qui, comme pour les autres fruits, Ă©taient dĂ©jĂ  inscrites dans les registres de la pĂ©piniĂšre royale de Potsdam entre 1823 et 1867 : Bigarreau cartilagineux de BĂŒttner rouge, Bigarreau de mai (local), Bigarreau Gros Noir (XVIe siĂšcle France), Cerise bigarreau NapolĂ©on, Bigarreau tardif Schneider (local), CƓur de BƓuf ou reverchon, Griotte de Portugal, Guigne prĂ©coce de mai, Jaune de Doenissen.

Les variĂ©tĂ©s de cerises dont l’anciennetĂ© remonte Ă  plus d’un siĂšcle dont certaines Ă©taient dĂ©jĂ  attestĂ©es dans le verger au moment de la crĂ©ation : Bigarreau brun d’Ordange ou GĂ©ant d’Hedelfingen, Bigarreau brun de Werder, Germersdorf, Guigne de Fromm, Guigne de Knauff noire, Noir de Teickner, PrĂ©coce de Cassin, Royale de Querfurt. On y trouve Ă©galement des variĂ©tĂ©s de cerises provenant d’autres pays dont la valeur historique y est trĂšs Ă©levĂ©e : Bigarreau du Lard ou Cerise Caron, Bigarreau tardif rouge, Black Eagle, Cerise Schauenbourg, Johanna, Karesowa, Prince hĂ©ritier de Hanovre. Certains cerisiers replantĂ©s sont des espĂšces locales issues dans le pays de la Havel ou trĂšs implantĂ©es : Brune de Liefeldt, Germersdorf, Guigne de Knauff noire, PrĂ©coce de Cassin.

Une variĂ©tĂ© sauvage de cerises : cerisier sauvage et une variĂ©tĂ© dĂ©couverte lors de divers travaux de recherche et d’inventaire dont l’identification n’est pas terminĂ©e et dont le nom est provisoire ou fictif : cerise de Proehleweg.

Les variétés de prunes, quetsches et mirabelles historiques

Parmi les variĂ©tĂ©s de prunes, quetsches et mirabelles[N 30]. ReplantĂ©es rĂ©cemment dans la colonie russe et pourtant dĂ©jĂ  inscrites dans les registres de la pĂ©piniĂšre royale de Potsdam entre 1823 et 1867, on trouve les suivantes : la mirabelle de Metz, la mirabelle de Nancy, la quetsche domestique, la quetsche italienne, la Reine-claude d’Althan, la Reine-claude d’Oullins, la grande Reine-claude verte, la Spilling catalane.

Les prunes et quetsches dont l’anciennetĂ© remonte Ă  plus d’un siĂšcle, dĂ©jĂ  attestĂ©es dans le verger d’Alexandrowka au moment de sa crĂ©ation ou bien reprĂ©sentĂ©e dans la rĂ©gion sont la Czar, la prune kirke, la Queen Victoria, la quetsche Anna SpĂ€th, la quetsche prĂ©coce de BĂŒhl, la questsche de Sandow, la quetsche prĂ©coce de Wangenheim, la Spilling jaune double. La quetsche domestique de Basse-BaviĂšre prĂ©sente dans l’Alexandrowka a Ă©galement une valeur historique importante en pomologie.

Nombreuses variĂ©tĂ©s de pommiers de l’Alexandrowka

Planche 28 de la Deutsche Pomologie: Reinette Baumann.
Planche 48 de la Deutsche Pomologie, variété Langtons Sondergleichen.
Planche 58 de la Deutsche Pomologie, variété Winterzitronenapfel.

Dans le cadre de la reconstitution du jardin verger de l’Alexandrowka[83], les pommiers occupent une place majeure. Ils reprĂ©sentent deux Ă  quatre fois plus d’espĂšces plantĂ©es que les poires ou les cerises par exemple. Parmi les variĂ©tĂ©s de pommiers[N 31] replantĂ©es rĂ©cemment dans la colonie russe et pourtant dĂ©jĂ  inscrites dans les registres de la pĂ©piniĂšre royale de Potsdam entre 1823 et 1867, on trouve les suivantes : Calville Abersleber, Adams Pearmain, Adam, pomme d’aunĂ©e, Alter Cordon, calville d‘aoĂ»t, Pomme Banane, Belle fleur jaune, Boiken, Calville rouge, calville rouge de Dantzig, calville d’hiver rouge, Cardinale flambĂ©e, duchesse d'Oldenbourg ou Charlamowski, Cludius d’automne, Borstorf, fraise d'hiver, Finkenwerder Herbstprinz, FramboisĂ©e, Grand Alexandre, cliquette, Pomme convenant, Reine noble, pomme de Reine, Court-Pendu Royal, Cousinotte pourpre, FĂŒrstenapfel vert, GewĂŒrzluiken, Glogirowka, Gloria Mundi, gravenstein, grosse Bohnapfel rhĂ©nane, GĂŒlderling, pomme Limoncella, Pepping de Litau, Pepping de Londres, pomme Louise, pomme de Maschansk, pomme melon, MĂšre des pommes, Pomme du paradis, pomme d’étĂ© rouge-pĂȘche, Krummstiel de PomĂ©ranie, Krummstiel de RhĂ©nanie, rambour d'hiver du Rhin, Ribston Pepping, Astrakan rouge, Belle fleur rouge, calville rouge d‘hiver, calville rouge d’automne, pomme Ă  cidre rouge de TrĂšves, Stettin d’hiver rouge, Pomme safran d‘Altenburg, Borstorf rouge de SilĂ©sie, Belle de Pontoise, Maschansk d’étĂ©, taffetas blanc Ă  floraison tardive, TĂȘte de chat de Styrie, TĂȘte de chat blanche, Astrakan blanc, Pomme romarin blanche, pigeon blanc, Glockenapfel blanc d’hiver, calville blanc d'hiver, pearmain dorĂ©e d’hiver, striĂ©e d’hiver, pseudo-Borstorf, pomme citron d’hiver, cannelle ou couleur de Chair, Golden Noble, oignon de Bade, reinette Ananas, Pepping dorĂ©e, rambour vert, reinette Baumann, reinette bĂątarde d’automne, reinette Borstorf, Rosmarinapfel de Braunau, Brauner Matapfel, reinette de Champagne, reinette dorĂ©e française, reinette Gaesdonk, reinette grise française, reinette grise d’automne, reinette verte, reinette Harbert, reinette Johannsen rouge d’automne, reinette du Canada, reinette carmĂ©lite, reinette de Cassel, reinette Ă©carlate, reinette muscat, reinette Ă©toilĂ©e rouge, reinette Wiltshire, reinette canelle, Sondergleichen Langton, Stettin d’hiver jaune, Stettin d’hiver verte, TĂȘte de chat, Vierge de Halberstadt.

Les pommes dont l’anciennetĂ© remonte Ă  plus d’un siĂšcle, dĂ©jĂ  attestĂ©es dans le verger d’Alexandrowka au moment de sa crĂ©ation ou bien reprĂ©sentĂ©e dans la rĂ©gion sont Ă©galement trĂšs nombreuses : Akerö, Allington Pepping, banane d’hiver, berlepsch, Antonowka, Croncels, Ausbacher rouge, Batulle de Transylvanie, Belle de Boskoop, Belle de Herrnhut, Belle de Nordhausen, citron de SeestermĂŒhen, BischofsmĂŒtze, Boiken gĂ©ant, Borstorf de Dithmarschen, Johannes Böttner, Brettach, calville Fraas d’étĂ©, calville d’hiver du Mecklenburg, calville majestueuse de Moringen, Cardinal Bea, Cellini, chemise de soie blanche, citron du Holstein, Cox du Holstein, Cox pomona, cramoisie de Gascogne ou Gascoyne’s scarlet, Empereur Guillaume, Eve d’Écosse ou codlin irlandaise, Jakob Fischer, FrĂ©dĂ©ric de Bade, Geheimrat Doktor Oldenburg ou reinette d'Oldenbourg, Graham, Gravensteiner d’hiver, Gros pigeon Nathusius, GrĂŒnheide, Himbacher verte, Keswick, Königskleiner, Jakob Lebel, Lunow, Martini, Maunzen, MĂ©nagĂšre, Josef Musch, Pearmain rouge dorĂ©, Petit-bon, Pfannkuchenapfel de l’Altland, Pfannkuchenapfel de Horneburg, pigeonnet de Schiebler, Pomme de Reval, Prince Albert, Prince Albert de Prusse, Prince Bismarck, Prince Eitel Fritz, Princesse noble, rambour de l’Eifel, reinette de Biesterfeld, reinette dorĂ©e de Blenheim, reinette Coulon, reinette de Landsberg, reinette dorĂ©e d’Hildesheim, reinette dorĂ©e KrĂŒger, rambour Lane’s Albert, Lord Crosvenor, bergamotte d’étĂ© de LĂŒbeck, rayĂ©e sanguine d’Öhringen, reinette du Luxembourg, reinette d’OrlĂ©ans, reinette Prince Rodolphe, reinette Schmidtberg, reinette verte de BrĂšme ou fleur de Dood, reinette ZabergĂ€u, reinette Zuccalmaglio, Richard jaune, rose de Berne, rose de DĂŒlmen, Serinka ou Lehm de SilĂ©sie, Sondergleichen de Peasgood, Suislepper, The Queen, taffetas blanc de Werder.

Quelques pommiers sont issus de mutations ou de sĂ©lections de variĂ©tĂ©s historiques comme le melon double, la tĂȘte de chat rouge, la boskoop rouge, la herbstprinz de Finkenwerder, la gravenstein rouge, la boiken gĂ©ante, la pearmain rouge dorĂ©e. Les pommiers de la colonie russe originaires d’autres rĂ©gions ou pays sont la calville Lombart, la Cumberland, la pomme Ă  cidre de Börtlingen, la pomme Ă  cidre de Erbachhof, reinette Osterkamp, reinette Ă©toilĂ©e du Pinsgau, pepping Galloway, prince BlĂŒcher, la reinette Ă©toilĂ©e du Pinsgau, le rambour Ă©toilĂ© du Pinsgau, la pomme-rose striĂ©e de Salzbourg, la pomme-rose de Vienne, la Schneider de Zurich. On trouve dans le verger des espĂšces sauvages ou ancestrales comme : malus baccata, malus sieversii du Kazakhstan, malus sieversii Niedzwetzkyana, Malus sylvestris, Malus sylvestris de ButtstĂ€dt. L’Alexandrowka contient Ă©galement des variĂ©tĂ©s utilisĂ©es Ă  des fins pĂ©dagogiques comme la Belfleur Kitika, la sanguine, la Elise Radtke, la Korbinian. Quelques pommes ne sont pas encore clairement identifiĂ©es et possĂšdent des noms provisoires comme la pomme de Lietzow, la pomme de la Oberststraße, la pomme de Spieker, le Kirchweg de Sakrow, la Spreewald.

Notes et références

Références

  1. (de) Andreas Kalesse et al. (ill. Beate Laus), « Die Alexandrowka – Ein Kunstdorf als programmatischer Garten », dans Gabriele Horn (dir.), Wege zum Garten, Leipzig, Koehler & Amelang, , 295 p. (ISBN 3733803272), p. 57-66. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  2. DW et Nathanaëlle Reveyron, « L'Europe de la connaissance en réseau », sur Radio Deutsche Welle, (consulté le ).
  3. « Descriptif du site Chùteaux et parcs de Potsdam et Berlin », sur UNESCO, (consulté le )
  4. Archives régionales de Brandebourg, Pr. Br. Rep.2A, Reg. Potsdam, Div. III D, no 4242, feuillet 1.
  5. Kalesse 2004, p. 60.
  6. Kalesse 2004, p. 58.
  7. Kalesse 2004, p. 59.
  8. Guillaume de Vauldoncourt et M. Pidoll, Ministres de la Guerre et de la Marine, « Colonies militaires de la Russie comparĂ©es aux confins militaires de l’Autriche=Ă©diteur=Coniam », Journal Des Sciences Militaires des ArmĂ©es de Terre et de Mer, vol. 88,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  9. (de) Amadeus Kaiser et Emile DuprĂ© de Sainte-Maure, Rußland, wie es ist, oder Sitten, GebrĂ€uche, Religion und Regierung in Rußland : frei nach dem Französischen des DuprĂ© de St. Maure, vol. 1, Nauck, , 216 p. (lire en ligne), « Die MilitĂ€rkolonien », p. 152-161.
  10. Auguste de Haxthausen, Les forces militaires de la Russie, Berlin, Paris, Behr, Dumaine, , 240 p. (lire en ligne), p. 231.
  11. Robert Lyall (trad. Claude Joseph Ferry), Notice sur l'organisation, l'administration et l'état présent des colonies militaires de la Russie, avec un appendice contenant diverses notions statistiques, Anselin et Pochard, , 63 p., « Colonies militaires de Russie », p. 8-10.
  12. Hippolyte Desprez, « Des colonies militaires de l’Autriche et de la Russie », Revue des Deux Mondes, t. 19,‎ , p. 722-735.
  13. Desprez 1847, p. 735.
  14. Jean-Marie Chopin, Russie, t. 2, Paris, Firmin Didot frĂšres, , p. 514
  15. Olga Kazakova, « Les pavillons russes aux Expositions Universelles du XIXe siĂšcle: expression de l’identitĂ© qui n’a jamais existĂ© », Diacronie, nos 18, 2,‎ (DOI 10.4000/diacronie.1411, lire en ligne, consultĂ© le ).
  16. Alfred NORMAND, L’architecture des nations Ă©trangĂšres : Ă©tude sur les principales constructions du parc Ă  l’Exposition universelle de Paris, Paris, A. Morel, , p. 15.
  17. « Maison de paysan russe », sur World Fairs, (consulté le ).
  18. (ru) P.I. Zasurcev, Les fermes et bĂątiments du vieux Novgorod, MateriĂĄly i issledovanija po arheologii SSSR, , p. 123.
  19. (en) Adam Olearius, The voyages and travels of the ambassadors sent by Frederic, duke ofHolstein to the Great Duke of Moskovy and the king of Persia, Londres, Frank Cass, (1re Ă©d. 1662), 316 p..
  20. (ru) Baron A. Mayerberg, Album d'images de la Russie au XVIIe siĂšcle, Saint-PĂ©tersbourg, (1re Ă©d. 1707 (Amsterdam)), 63 p..
  21. (se) Erich Palmquist, Nagre widh sidste Kongl. Ambassaden till Tzaren of Muscou, Stockholm, (1re Ă©d. 1674).
  22. Albert BaĂŻbourine et O. MĂ©lat, « La symbolique de l’isba russe », Revue Russe, no 8,‎ , p. 61-70 (DOI https://doi.org/10.3406/russe.1995.1868, lire en ligne, consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  23. Damaze de Raymond, Tableau historique, géographique, militaire et moral de l'empire de Russie
, Le Normant,, (lire en ligne), p. 30-31
  24. (en) Nigel Pennick, Pagan Magic of the Northern Tradition : Customs, Rites, and Ceremonies, Simon and Schuster, , 352 p. (ISBN 978-1-62055-390-9 et 9781620553909, présentation en ligne), « The holy Corner ».
  25. BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 65.
  26. (de) Le coin du bon dieu, il existe encore sur YouTube,tournĂ©e par le pĂšre Alfred Tönnis le 20/6/2012 dans la ferme de M. Lorentz en ForĂȘt Noire.
  27. (de) Bénédiction des herbes pour la protection des hommes et des animaux sur YouTube, tournée en AllgÀu par Katholisch1.TV, déposée le 16/8/2015
  28. Lise Gruel-Apert, Le monde mythologique russe, Editions Imago, , 360 p. (ISBN 978-2-84952-840-2 et 9782849528402), « L’isba ».
  29. (de) Bettina B. Altendorf, Die russischen SÀnger des Königs und die Kolonie Alexandrowka in Potsdam : Das Denkmal der Freundschaft zwischen Friedrich Wilhelm III. und Zar Alexander I : von Russland, 2004, BÀssler, 144 p. (ISBN 978-3-930388-33-2 et 9783930388332).
  30. Laran Michel, « Nobles et paysans en Russie, de l'« Ăąge d'or » du servage Ă  son abolition (1762-1861) », Annales. Économies, SociĂ©tĂ©s, Civilisations, vol. 21, no 1,‎ , p. 111-140 (DOI https://doi.org/10.3406/ahess.1966.421355, lire en ligne, consultĂ© le ).
  31. (de) Oberst von Puttkamer, « Die Russischen SĂ€nger der Colonie Alexandrowka », Mitteilungen des Vereins fĂŒr die Geschichte Potsdams, Potsdam, Association pour l'histoire de Potsdam, vol. 2,‎ , p. 465-468.
  32. Kalesse 2004, p. 59-60.
  33. L'histoire globale est dĂ©finie par exemple dans : Timothy Brook, « Le monde dans une boĂźte », L'Histoire, no 447,‎ , p. 108-109.
  34. (ru) Charmant Rus, « CaractĂšres dans les Ă©lĂ©ments sculptĂ©s d’izba russe », .
  35. (ru) « Technologies de construction résidentielle et sculpture sur bois dans le district de Selivanosky », sur Culture russe, , Traditions.
  36. (ru) Elena Ivanovna Mashegova (Description d’une sĂ©quence pĂ©dagogique pour collĂ©giens russes sur l’habitat et l’art populaires russe), « La ville dans le passĂ© », sur Festival des idĂ©es pĂ©dagogiques « leçon d’ouverture »,‎ 2003-2004.
  37. Andreas Kalesse (ill. Björn Grapinski), « Anmerkungen zur Holzarchitektur der Russischen Kolonie Alexandrowka in Potsdam », dans Prof. Helene Kleine, Prof. Bernd Steigerwald, Altes Haus und neues Leben, Berlin, Brandenburg, Fachtagung Holzbau, (ISBN 3934329330), p. 73-82. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  38. Kalesse 2005, p. 76.
  39. (ru) V. Butovskij, Istorija russkogo ornamenta X po XVI stoletie po drevnim rukopis jam [« Histoire de l'ornementation russe du Xe au XVIe siÚcle d'aprÚs les manuscrits anciens »], Moscou, , p. 36.
  40. BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 66
  41. Pierre Dubois (ill. Roland et Claudine Sabatier), La Grande Encyclopédie des lutins, Hoëbeke, (ISBN 978-2-84230-325-9).
  42. Claude Lecouteux, chap. 2 « Les génies et les morts », dans La Maison et ses génies, Editions Imago, , 208 p. (ISBN 2849526606 et 9782849526606).
  43. Guillaume Narguet, « Le mariage et ses traditions (II) », Radio Praha,‎ (lire en ligne).
  44. BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 61-62.
  45. (ru) P. Ivanov, « Đ­Ń‚ĐœĐŸĐłŃ€Đ°Ń„ĐžŃ‡Đ”ŃĐșОД ĐŒĐ°Ń‚Đ”Ń€ĐžĐ°Đ»Ń‹, ŃĐŸĐ±Ń€Đ°ĐœĐœŃ‹Đ” ĐČ ĐšŃƒĐżŃĐœŃĐșĐŸĐŒ уДзЎД Đ„Đ°Ń€ŃŒĐșĐŸĐČсĐșĐŸĐč ĐłŃƒĐ±Đ”Ń€ĐœĐžĐž » [« Les matĂ©riaux ethnographiques recueillis Ă  Kupyansky ComtĂ© de la province de Kharko »], Etnographic Review, t. I,‎ , p. 25.
  46. Kerblay 1972, p. 114-139.
  47. (ru) V.V. Sedov, « К ĐČĐŸĐżŃ€ĐŸŃŃƒ ĐŸ жДртĐČĐŸĐżŃ€ĐžĐœĐŸŃˆĐ”ĐœĐžŃŃ… ĐČ ĐŽŃ€Đ”ĐČĐœĐ”ĐŒ ĐĐŸĐČĐłĐŸŃ€ĐŸĐŽĐ” » [« Sur la question des sacrifices dans l'ancien Novgorod »], КратĐșОД ŃĐŸĐŸĐ±Ń‰Đ”ĐœĐžŃ Đ˜ĐœŃŃ‚ĐžŃ‚ŃƒŃ‚Đ° ĐžŃŃ‚ĐŸŃ€ĐžĐž ĐŒĐ°Ń‚Đ”Ń€ĐžĐ°Đ»ŃŒĐœĐŸĐč ĐșŃƒĐ»ŃŒŃ‚ŃƒŃ€Ń‹, l'Institut d'Histoire de la Culture MatĂ©rielle, vol. 68,‎ , p. 20-29.
  48. (ru) SergeĂŻ Vassilievitch Maksimov, ĐĐ”Ń‡ĐžŃŃ‚Đ°Ń, ĐœĐ”ĐČĐ”ĐŽĐŸĐŒĐ°Ń Đž ĐșŃ€Đ”ŃŃ‚ĐœĐ°Ń сОла [« Impur, inconnu et marraine »], Saint-PĂ©tersbourg, Tbilisi State University,‎ (rĂ©impr. 2013), 538 p. (ISBN 978-5-458-11966-5 et 9785458119665), p. 219.
  49. (ru) NikolaĂŻ Fiodorotvitch Sumtsov, ĐšŃƒĐ»ŃŒŃ‚ŃƒŃ€ĐœŃ‹Đ” пДрДжОĐČĐ°ĐœĐžŃ [« ExpĂ©riences culturelles »], Kiev, Kievskaya Starina,‎ , p. 101.
  50. (ru) Y.F. Krachkovsky, Быт Đ·Đ°ĐżĐ°ĐŽĐœĐŸŃ€ŃƒŃŃĐșĐŸĐłĐŸ ŃĐ”Đ»ŃĐœĐžĐœĐ° [« le ‘byte’ du paysan russeo-occidental »], Moscou, Ozon,‎ , 223 p. (ISBN 978-5-4241-7874-0).
  51. Dmitry Konstantinovich Zelenine, ĐžĐżĐžŃĐ°ĐœĐžĐ” руĐșĐŸĐżĐžŃĐ”Đč ŃƒŃ‡Đ”ĐœĐŸĐłĐŸ архоĐČĐ° ИРГО [« Description des manuscrits des archives scientifiques de l’IRGO »], t. 1, SociĂ©tĂ© gĂ©ographique de la Russie impĂ©riale,‎ , p. 318.
  52. G.K. ZavoĂŻko, « Đ’Đ”Ń€ĐŸĐČĐ°ĐœĐžŃ, ĐŸĐ±Ń€ŃĐŽŃ‹ Đž ĐŸĐ±Ń‹Ń‡Đ°Đž ĐČДлОĐșĐŸŃ€ĐŸŃŃĐŸĐČ Đ’Đ»Đ°ĐŽĐžĐŒĐžŃ€ŃĐșĐŸĐč ĐłŃƒĐ±Đ”Ń€ĐœĐžĐž » [« Croyances, rituels et coutumes des Grands-Russes, province de Vladimir »], Ethnographic Review, t. 3-4,‎ , p. 116.
  53. Albert BaĂŻbourine et O. MĂ©lat, « La symbolique de l’isba russe », Revue Russe, no 8,‎ , p. 61-70 (DOI https://doi.org/10.3406/russe.1995.1868, lire en ligne, consultĂ© le ).
  54. Ivanov 1897, p. 54.
  55. BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 63.
  56. (en) « Architectural details of Russian houses », sur Culture russe, .
  57. (en) V. Wilk, « Slavic symbolism and it’s meaning », sur Slavorum, .Lien qui ne marche plus
  58. Deonna Waldemar, « Les trois points solaires », Revue des Études Grecques, t. 29, no 131,‎ , p. 1-10 (DOI https://doi.org/10.3406/reg.1916.7488, lire en ligne).
  59. (ru) DĂ©finition sur Wiktionary russe du 18 juillet 2017.
  60. Citation extraite d’une confĂ©rence de S.A. EremeĂŻeva sur l’art russe en 2000 reprise par le Corpus national de la langue russe crĂ©Ă© par l’AcadĂ©mie des sciences de Russie (ru) Site officiel.
  61. (de) A. Kalesse et Fritz Brudel, Obstatlas der Russischen Kolonie Alexandrowka in Potsdam, Potsdam, Landeshauptstadt Potsdam, , 352 p..
  62. (de) Andreas Koska, « Kaiser Wilhelm in der Muckerstube », Journal Potsdamer Neueste Nachrichten, Porstam-Werder,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  63. Henri Louis Duhamel du Monceau (ill. Pierre Jean François Turpin), Traité des arbres fruitiers, t. 1, Saillant, Desaint, .
  64. Johann Hermann Knoop, Pomologie ou description des meilleurs sortes de pommes et de poires, que l'on estime & cultive le plus, soit aux Pais-Bas, soit en Allemagne, en France, en Angleterre
, Amsterdam, M. Magérus, .
  65. (de) F. Jahn, E. Lucas et J.G.C. Oberdiek, Guide illustrĂ© de pomologie, t. 2, Stuttgart, Ebner&Serbert, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  66. (de) Wilhelm Lauche, Pomologie allemande : Pommes et poires, Berlin, Verlag von Paul Parey, .
  67. (de) Johann Mayer, Pomona franconica : DĂ©scription des arbres fruitiers, le plus connus et les plus Ă©stimĂ©s en Europe, qui se cultivent maintenant au jardin de la Cour de Wurzbourg : On y a joint les dĂ©tails les plus interessants sur leur culture, greffe, plantation &c., vol. 3, WĂŒrtzbourg, A.W. Winterschmidt, .
  68. (de) MĂŒller-Diemitz, Grau-Körbelitz et Bißmann-Gotha, Le verger de l’Allemagne, vol. 1, Stuttgart, Eckstein und StĂ€hle Königl. Hofkunstanstalt, .
  69. Kalesse 2004, p. 61-.
  70. (de) Ernst Greulich, « Ein pomologischer FĂŒhrer durch die Russische Kolonie Alexandrowka », sur Site officiel de la commune de Potsdam, .
  71. « Un patrimoine fruitier pluri-centenaire dans le Comminges », sur Les vergers retrouvés du Comminges, .
  72. Kalesse 2004, p. 61-64.
  73. (de) Johann-Heinrich Rolff, Obstarten Sortennamen und Synonyme, Volume 2, BoD, , 230 p. (ISBN 978-3-8311-1812-0 et 9783831118120), p. 197.
  74. contributeurs Gcb, BOTanist, « Pyrus pyraster », sur Hortijardin, .
  75. Contributeurs Gcb, BOTanist, « Pyrus elaeagnifolia », sur Hortipedia, .
  76. Oberdiek 1860, p. 167-168.
  77. Oberdiek 1860, p. 347.
  78. Oberdiek 1860, p. 165.
  79. Oberdiek 1860, p. 187.
  80. Lauche 1882, p. III21.
  81. Deutsche Gartenbaubibliothek e.V., Der Teutsche ObstgĂ€rtner : oder gemeinnĂŒtziges Magazin des Obstbaues in Teutschlands sĂ€mmtlichen Kreisen (Bulletin de l’assocation en 22 volumes), Johann Volkmar Sickler, 1794 – 1804, B6 Ill.27.
  82. Sickler 1794-1804, p. B14- Ill.3.
  83. Kalesse 2004, p. 62-63.

Notes

  1. Die Königliche Gartner-Lehranstalt Potsdam.
  2. « Nous nous faisons gĂ©nĂ©ralement une trĂšs fausse idĂ©e du caractĂšre de certains peuples, entre autres du Russie, qu’il est convenu de considĂ©rer comme un barbare. Le Russe est gai et joyeux, sujet Ă  l’enthousiasme, crĂ©dule jusqu’à la naĂŻvetĂ©, bavard, fou de chants et de danses, superstitieux, brave Ă  la guerre, et impassible devant la mort » in : Gabriel Richard, L’Album de l’Exposition illustrĂ©e. Histoire pittoresque de l’Exposition universelle de 1867, Paris, Schiller, , p. 291.
  3. Le krasniĂŻ ougol en alphabet latin signifie le « beau coin »; il est le secteur des hommes dans la tradition. Tout le monde dans la piĂšce unique dort la tĂȘte orientĂ©e vers les icĂŽnes qui ne doivent jamais ĂȘtre accrochĂ©es mais toujours posĂ©es sur des Ă©tagĂšres Ă  l'inverse des coins du bon dieu en Europe occidentale oĂč les Ă©normes croix sont accrochĂ©es au mur.
  4. Le pietch est un Ă©norme poĂȘle-four centre nĂ©vralgique de la piĂšce de vie gĂ©nĂ©ralement rĂ©servĂ©e aux femmes.
  5. Les recherches archĂ©ologiques en Pologne montrent que ce serait une division de l’espace domestique prĂ©chrĂ©tien cf. (en) Ewa Fryƛ-Pietraszkowa, Anna KunczyƄska-Iracka, Marian Pokropek et Jerzy A BaƂdyga, Folk art in Poland, Varsovie, Arkady, , p. 46.
  6. Type aquarelle, 59 Ă— 42 cm - Archives centrales du Land de Brandebourg, Rep. 2 A, Reg. Potsd. no 4284 B.
  7. Cette définition de l'histoire globale appliquée aux objets a été donnée par l'historien Timothy Brook dans une interview accordée en 2018 à la revue L'Histoire no 447 à propos d'une boßte chinoise.
  8. La décoration sur bois est visible de nos jours encore dans les villages des vastes campagnes entre autres dans les oblast de Vladimir, de Kaliningrad aux portes de la Pologne et des pays baltes, de Novgorod ou de Nijni Novgorod ; on peut citer la cité ouvriÚre de Krasnaïa Gorbatka, le hameau Nadechdino, annexe de Gvardeïskoïe, Ugrioumovo, annexe de Svoboda, les villages du district de Selivanosky et en général tous les oblast le long de la Volga.
  9. On ne construit pas une isba sur un ancien cimetiĂšre, sur le terrain d’une ancienne isba touchĂ©e par un malheur, au bord d’une route ou Ă  la croisĂ©e de chemins. On donnera la prioritĂ© Ă  un endroit sec, lumineux et proche d’un lac, cf. BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 61-62.
  10. Dans les pays germanophones, la bĂ©nĂ©diction initiale est reconduite et confirmĂ©e tous les ans par les Sternsinger qui passent en chantant de maison en maison entre NoĂ«l et l’Épiphanie pour bĂ©nir la maison avec l’encens et inscrire Ă  la craie sur le cadre de la porte C+M+B (Christus Mansionem benedictat ou Caspar, Melchior und Balthasar).
  11. Cet extrait de cĂ©rĂ©monie le montre bien : « Nous Vous prions, Seigneur, de bĂ©nir le seuil de cette porte de telle sorte que, par Votre Puissance irrĂ©sistible, tous ceux qui la franchiront puissent abandonner toute pensĂ©e et tout sentiment indignes, afin que Vos enfants, appelĂ©s Ă  vivre dans cette demeure puissent constamment Vous servir en paix et ainsi conduire une vie sainte », cf. Collectif, BĂ©nĂ©diction d’une maison, Bruxelles, ALBANUS,
  12. La partie facultative d’une bĂ©nĂ©diction inclut l’exorcisme de la maison ou de chaque piĂšce : « Je t’exorcise, demeure, ainsi que tous les objets que tu contiens, par le Dieu Vivant, par le Dieu Saint, par le Dieu Tout Puissant, afin que tu sois purifiĂ©e de toutes les influences du mal pouvant troubler la vie et le repos de tes habitants, des ĂȘtres humains, des animaux et des plantes qui rĂ©sident ici (
) ».
  13. Baïbourine et Melat décrivent ce fait en ces termes : « De là vient sa tenue particuliÚre à table et, par suite, dans le coin d'apparat. Il était de rÚgle générale de se tenir à table comme on se conduisait à l'église : il n'y avait pas lieu de rire, de plaisanter, de parler pour ne rien dire. On ne posait sur la table rien d'autre que la nourriture. Le pain devait toujours rester dessus. Taper sur la table était considéré comme un péché et monter dessus comme un sacrilÚge absolu. En tant qu'objet principal de l'isba, la table était liée en premier lieu au maßtre de maison. C'est pourquoi, si elle devenait instable, cela présageait la mort prochaine du chef de famille ».
  14. « Le domovoĂŻ vit sous le poĂȘle. On parle au poĂȘle, on le touche, on y pose le nouveau-nĂ©, on lui au revoir quand on quitte le foyer etc. Le conduit du poĂȘle est le lien entre le monde domestique et le monde extĂ©rieur : on y appelle les gens ou bĂ©tails Ă©garĂ©s, on y appelle les morts le jour de la fĂȘte des morts pour qu’ils viennent manger, mais inversement on a peur des esprits malins qui peuvent passer par lĂ  » in : BaĂŻbourine et Melat 1995.
  15. On utilise ici celle du professeur Baïbourine, ex-directeur de la section Théorie de l'ethnographie de l'Institut d'ethnographie de l'Académie des sciences de Russie à Saint-Pétersbourg.
  16. L’ethnologue Ivanov explique par exemple que dans la rĂ©gion de Kharko on enduisait de goudron les jambages de la porte oĂč habitait une fille qui se conduisait mal ou que, lors de naissance difficile, on ouvrait la porte et on arrachait les jambages pour faciliter la dĂ©livrance. La porte est assimilĂ©e Ă  la gueule, Ă  la bouche et donc aussi au sexe fĂ©minin.
  17. On voit souvent une mort proche avec certains signes comme un oiseau qui entre par la fenĂȘtre. On laisse un verre d’eau sur le rebord de la fenĂȘtre lorsque l’ñme quitte le corps. Le jour des morts, on accroche une serviette Ă  la fenĂȘtre pour les aider Ă  entrer, ou ailleurs on colle une crĂȘpe sur la vitre cf. BaĂŻbourine et Melat 1995, p. 64.
  18. Faire la charitĂ© par la fenĂȘtre Ă  des mendiants Ă©tait bien, Ă©quivalait Ă  une bonne Ɠuvre. Une fille assise sous la fenĂȘtre indique qu’elle est fiancĂ©e. Les Russes chantent des chants de NoĂ«l sous la fenĂȘtre.
  19. Les illustrations de dĂ©corations et la photographie de cette page web russe Ă  vocation clairement commerciale mĂ©ritent nĂ©anmoins le dĂ©tour pour se faire une idĂ©e du rĂŽle crucial qu’a la dĂ©coration de la fenĂȘtre en Russie et notamment les chambranles trop grandes pour cette minuscule isba. Cf. Votre maison de rĂȘve, « Pochoirs pour chambranles de fenĂȘtre : comment faire la garniture sculptĂ©e », sur SvoĂŻdomietchty, .
  20. La dĂ©finition du dictionnaire russe en 4 volumes ĐĄĐ»ĐŸĐČарь руссĐșĐŸĐłĐŸ ŃĐ·Ń‹ĐșĐ° (1957-1999) numĂ©risĂ© sur le site de la BibliothĂšque Ă©lectronique de base « littĂ©rature russe et du folklore » donne la seconde dĂ©finition suivante : « dĂ©cor sculptĂ© de forme allongĂ©e dans les maisons rustiques ».
  21. Prononcer sans nasale environ comme « peulatiennetsi ».
  22. Observer cette photographie par exemple oĂč on voit bien la serviette: Image de Nalisniki tirĂ©e d'un site commercial pour construction en bois DipstroĂŻ ou encore dans cette page qui montre tous les symboles de la façade russe traditionnelle : (ru) Charmant Rus, « CaractĂšres dans les Ă©lĂ©ments sculptĂ©s d’izba russe »,
  23. Les symboles solaires comme le svastika ou la rouelle accompagnĂ©s et entourĂ©s par trois points disposĂ©s en triangle a Ă©tĂ© retrouvĂ© sur des vases funĂ©raires, des outils, des fusaĂŻoles, des boucliers dans toutes les cultures antiques du Nord au Sud de l’Europe. Sur les tympans des frontons des temples antiques grecs, on peut remarquer aussi des disques radiĂ©s disposĂ©s en triangle.
  24. Pour voir des exemples de dĂ©corations de lambrequins russes se reporter par exemple Ă : (ru) « Maison de pain d’épice », sur 1re ChaĂźne de tĂ©lĂ©vision Russie Culture, 2001-2018 (consultĂ© le ) ou encore Ă  (ru) [vidĂ©o] Đ˜Đ·ĐłĐŸŃ‚ĐŸĐČĐ»Đ”ĐœĐžĐ” ĐżŃ€ĐžŃ‡Đ”Đ»ĐžĐœŃ‹ du Kizhi Museum sur YouTube.
  25. Les noms français des variétés énumérées par A. Kalesse dans Wege zum Garten, 2004, ont été principalement trouvés dans le Verger allemand d'Oberdiek, 1860, et confrontés avec les sources françaises pour vérifier leur usage réel en langue française eu égard au nombre important de variantes régionales. Voici les pages de l'ouvrage d'Oberdiek qui ont donné des noms français pour les poires : 39,47, 57, 59, 75, 87, 97, 105, 135, 139, 143, 155, 157, 171, 182, 197, 209, 215, 237, 293, 315, 353, 387, 405, 409, 455, 477, 485, 503.
  26. « Description : Vieille variĂ©tĂ© nationale, quasiment disparue en France, retrouvĂ©e par hasard en Allemagne oĂč elle est encore « trouvable ». MaturitĂ© gustative de dĂ©cembre Ă  janvier. Fruit plutĂŽt petit, Ă  chair ferme et parfumĂ©e. ».
  27. Cette poire est utilisée en Autriche pour le cidre.
  28. la Wolfsbirne est une espÚce localisée au bassin versant du Neckar dans le Wurtemberg, utilisée autrefois comme arbre décoratif des chemins et routes et pour le cidre local. Synonymes : SchiennÀgelesbirne, Quittenbirne, Kittenbirne, Harigelsbirne, Heilbronnerbirne
  29. Les noms français quand il y en a sont tirés du traité de pomologie d'Oberdiek (Oberdiek 1860, p. 117,133,339,497, ou sur le site : SCREP, « Liste de Cerisiers anciens et courant encore commercialisés », sur pommiers.com, .
  30. Les noms français proviennent essentiellement du site des pĂ©piniĂšres belges, page « variĂ©tĂ©s anciennes de prunes » et de Jean Hermann Knoop, Fructologie ou description des arbres fruitiers ainsi que des fruits que l'on plante et qu'on cultive ordinairement dans les jardins, vol. 1, Abraham Ferwerda & GĂ©rad Tresling, , 205 pages (lire en ligne), « Table sinonime des meilleures sortes de prunes tant du paĂŻs qu’étrangĂšres », p. 52-58.
  31. Les noms français proviennent de diffĂ©rentes sources, de nombreuses variĂ©tĂ©s sont trĂšs locales et n'ont pas forcĂ©ment d’équivalent français. Les sources des termes français sont la page guide des pommes et la page Synonymes des variĂ©tĂ©s de pomme du site pomologie.com. À cela il faut ajouter la pomologie allemande d'Oberdiek dĂ©jĂ  citĂ©e pour les autres fruits.

A voir aussi

Bibliographie

  • (de) Andreas Kalesse (ill. Björn Grapinski), « RĂ©flexions sur l’architecture en bois de la Colonie russe Alexandrowka Ă  Potsdam », dans Prof. Helene Kleine, Prof. Bernd Steigerwald, Altes Haus und neues Leben, Berlin, Brandenburg, Fachtagung Holzbau, (ISBN 3934329330), p. 73-82. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • (en) Nigel Pennick, Pagan Magic of the Northern Tradition : Customs, Rites, and Ceremonies, Simon and Schuster, , 352 p. (ISBN 978-1-62055-390-9 et 9781620553909), « The holy Corner ».
  • Lise Gruel-Apert, Le monde mythologique russe, Editions Imago, , 360 p. (ISBN 978-2-84952-840-2 et 9782849528402), « L’isba ».

Articles dans les revues spécialisées

  • Basile Kerblay, « L'Ă©volution de l'isba aux XIXe et XXe siĂšcles [État des travaux sur l'habitation paysanne en bois] », Cahiers du monde russe et soviĂ©tique, vol. 13, no 1,‎ , p. 114-139 (lire en ligne, consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article (Suivi d'un bilan bibliographique de tout ce qui a Ă©tĂ© publiĂ© sur le sujet)
  • Albert BaĂŻbourine et O. MĂ©lat, « La symbolique de l’isba russe », Revue Russe, no 8,‎ , p. 61-70 (DOI 10.3406/russe.1995.1868, lire en ligne, consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.