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Histoire globale

L’histoire globale est un courant de l’historiographie, qui essaye d’aborder des phĂ©nomĂšnes historiques par une approche globale. Elle se caractĂ©rise par un changement de perspective, une remise en question des chronologies et des orientations affirmĂ©es[1] : « c'est l'historien qui se dĂ©place[2] ».

Reproduction (datant de 1641) d'une carte du globe Ă  double hĂ©misphĂšre publiĂ©e originellement en 1630 par le cartographe nĂ©erlandais Henricus Hondius (1597-1651). Elle Ă©tait la premiĂšre carte datĂ©e et publiĂ©e dans un atlas, ainsi que la premiĂšre carte qui montrait une partie de l’Australie.

Ainsi, par un abandon d'une pĂ©riodisation europĂ©ocentrique et des jeux d'Ă©chelles, elle est capable de donner de nouvelles explications sur des phĂ©nomĂšnes historiques dĂ©jĂ  bien Ă©tudiĂ©s. L’interconnexion du monde est toujours le point de dĂ©part : l’accent est mis sur les processus transfrontaliers, les relations d’échange, mais aussi sur les comparaisons dans le cadre d’un contexte mondial[3].

L’histoire globale s’est dĂ©veloppĂ©e Ă  partir des annĂ©es 1980-1990 Ă  la suite de l'Ă©mergence du spatial turn : elle se diffuse dans un premiers temps dans l'espace amĂ©ricain avant de se rĂ©pandre dans le reste du monde au tournant du xxie siĂšcle.

DĂ©buts de l'historiographie mondiale

L’écriture de l'histoire mondiale n'est nullement un phĂ©nomĂšne contemporain. Elle est en effet aussi ancienne que l’écriture de l’histoire elle-mĂȘme[3]. À travers les cultures et les Ăąges, il existe de nombreuses tentatives d’historiographes d’écrire le monde connu Ă  eux, en mettant l’accent sur des entrelacements et des connexions entre les Ă©vĂ©nements[3]. En effet, dĂ©jĂ  le pater historiae HĂ©rodote (484-424 av. J.-C.) poursuivait l’intention d’écrire de maniĂšre globale dans son ouvrage Histoires [4]. Par ailleurs, Polybe (ca. 200-120 av. J.-C.), Sima Qian (ca. 145-90 av. J.-C.) ou Ibn Khaldoun (1332-1406 ap. J.-C.) ont Ă©galement essayĂ© de dĂ©crire l’histoire de leur ƓkoumĂšne[3]. Avec la vieille histoire mondiale ƓcumĂ©nique de l’AntiquitĂ© et du Moyen Âge, leurs travaux communs consistent en la reprĂ©sentation de vastes espaces d’expĂ©rience, ainsi que celle de partager l’idĂ©e de base en rassemblant une multitude d’histoires individuelles, de toutes les parties de la terre habitĂ©e et parcourue[5].

Théorie de l'histoire globale

DĂ©finitions et objets

Les historiens qui effectuent leurs Ă©tudes par une approche globale s’intĂ©ressent notamment Ă  la recherche des interconnexions et des enchevĂȘtrements. Ensuite, leur intĂ©rĂȘt porte sur le fait de voir les dĂ©veloppements europĂ©ens et non europĂ©ens, non pas comme indĂ©pendants les uns des autres, mais comme indissolublement liĂ©s. Ceux-ci s’influencent mutuellement et rayonnent dans toute la sociĂ©tĂ©[6].

Ce courant historiographique vise ainsi Ă  Ă©tudier l’Histoire dans une perspective plus globalisante :

  • en faisant usage de disciplines issues des sciences historiques et humaines (gĂ©ographie, Ă©conomie, anthropologie, etc.) ainsi que des sciences dites « dures » (climatologie, etc.)
  • en tentant de dĂ©passer les cadres imposĂ©s par les historiographies nationales ou les dĂ©coupages chronologiques classiques.
    • En effet, l'histoire globale souhaite Ă  rĂ©voquer un certain « nationalisme mĂ©thodologique », une approche qui naturalise l’État-nation et suit la conviction qu’une nation particuliĂšre fournirait l’unitĂ© d’observation constante Ă  travers toutes les transformations historiques[7].
    • L'un des effets les plus perceptibles de cette approche reste la remise en cause des dĂ©coupages historiques classiques (les notions de Moyen-Âge et d'Époque moderne ont-elles une grande signification pour l'Inde, la Chine ou l'OcĂ©anie ?) ainsi que des grandes aires culturelles.
  • en dĂ©passant un eurocentrisme, qui est profondĂ©ment ancrĂ© dans les historiographies europĂ©ennes.
    • Dans la vision du monde eurocentrique, l'Europe est le seul acteur de l’histoire du monde, et elle est donc considĂ©rĂ©e comme une « source universelle ». L’Europe agit pendant que le reste du monde obĂ©it. Ensuite, seuls les EuropĂ©ens sont capables d’amorcer un changement ou une modernisation; le reste du monde ne l’est pas[8].
    • La plupart des nouvelles approches de l'histoire globale sont basĂ©es sur la promesse de rompre avec un tel rĂ©cit europĂ©ocentrique[8].
    • Selon l'historien Alessandro Stanziani « L’histoire globale ne nie pas la suprĂ©matie de l’Occident, mais elle ne l’explique plus comme une nĂ©cessitĂ© historique et comme un exploit fondĂ© sur ses seules connaissances et institutions. »[9].

Un terme omniprĂ©sent qui domine la littĂ©rature portant sur des approches de l'historiographie de traiter des phĂ©nomĂšnes historiques de maniĂšre globale, est celui de la globalisation voire la mondialisation (EN: Globalization; DE: Globalisierung). Ainsi, la globalisation des derniĂšres annĂ©es est selon Alessandro Stanziani l’origine de l’émergence de l’histoire globale, et qu’inversement, « [...] cette derniĂšre prend souvent pour objet d’étude la globalisation. »[10]. En gĂ©nĂ©ral on peut donc avancer que l’histoire globale est une rĂ©ponse Ă  la globalisation, qui s’est accĂ©lĂ©rĂ©e Ă  la fin du XXe siĂšcle, surtout Ă  partir de la chute du mur de Berlin en 1990, ascension de l’internet et l’émergence des pays asiatiques, notamment de la Chine. D’ailleurs, le terme de la globalisation a Ă©tĂ© mis en parallĂšle avec le dĂ©clin de l’importance de l’Occident sur le globe - ce que Dipesh Chakrabarty a appelĂ© de façon mĂ©morable: Provincializing Europe[11].

Les objets de l’histoire globale sont multiples: migrations d’hommes, de biens, d’idĂ©es, de savoirs, de symboles, de nouvelles, de systĂšmes technologiques, et des marchandises, mais elle offre aussi par son approche « globale » une possibilitĂ© pour des Ă©tudes Ă  caractĂšre transnationaux. Ainsi depuis quelques annĂ©es, on trouve de nombreuses Ă©tudes qui explorent l’histoire du climat, de la famine, des pandĂ©mies, du colonialisme, ou des ocĂ©ans[2]. Selon l'historien Pierre-Yves Saunier, les notions de circulations, relations, et des rencontres sont les termes qui reviennent souvent pour qualifier les situations d’études favorites de l’histoire globale. Ensuite, l’historien français souligne les notions frĂ©quemment utilisĂ©es dans l’histoire globale: « champs », « espaces », « rĂ©seaux », « circuits », qui selon lui tirent « l’attention Ă  la façon dont connexions et circulations aboutissent Ă  la cristallisation de relations particuliĂšres entre les protagonistes et les entitĂ©s qu’elles impliquent »[12].

Contrairement aux autres approches comme l'histoire universelle, la Big History, ou encore la World History, qui s’étendent dĂ©jĂ  sur une longue pĂ©riode, et l’histoire transnationale, qui se limite seulement aux 200 Ă  250 derniĂšres annĂ©es, l’histoire globale n’a pas la vocation de proposer une façon d’étudier l’histoire Ă  long terme. Les temporalitĂ©s utilisĂ©es par les historiens du monde ne dĂ©coulent pas d’un programme Ă©pistĂ©mologique donnĂ©, mais sont librement choisies en fonction d’objectifs d’investigation particuliers. Comme sa caractĂ©ristique principale est l’accent mis sur les connexions, l’histoire globale n’est jamais simplement additive ou mosaĂŻque. Elle ne se contente pas d’une simple collecte d’anecdotes, de donnĂ©es isolĂ©es et d’études de cas rĂ©gionales distinctes. En effet, l’histoire globale a Ă©tĂ© plus convaincante lorsqu’elle a rĂ©ussi Ă  dĂ©couvrir des connexions cachĂ©es ou inattendues qui prĂ©sentaient des phĂ©nomĂšnes, ou des sujets dĂ©jĂ  bien Ă©tudiĂ©s auparavant[13].

Divergences au sein du courant

L'histoire globale est en concurrence avec diffĂ©rentes approches qui promettent toutes de surmonter les modĂšles Ă©troits d’interprĂ©tation de l’histoire nationale[14]. Ainsi, on distingue entre World history, histoire transnationale, histoire de la globalisation, histoire universelle, Big History, et encore d’autres. Cependant, quelques historiens qui pratiquent de l’histoire globale ont essayĂ© de montrer les diffĂ©rences de celle-ci par rapport aux autres approches. Ils ont ainsi pu distinguer des Ă©lĂ©ments particuliers Ă  l’histoire globale: le renoncement Ă  une histoire totale du globe, le dĂ©passement de l’eurocentrisme et une plus grande ouverture vers des passĂ©s non europĂ©ens[15]. MalgrĂ© ces tentatives de dĂ©finition, l’histoire globale n’est toujours pas clairement dĂ©limitĂ©e, il y a mĂȘme des historiens, qui trĂšs rĂ©cemment ont Ă©voquĂ© que l’histoire globale inclut « toute approche (Histoire universelle, Histoire comparĂ©e), qui n’est pas Ă©troitement centrĂ©e sur une aire culturelle ou Ă  un pays »[16].

Notamment dans le monde anglo-saxon les diffĂ©rences entre World History et Global History restent assez vagues, comme les historiens anglais utilisent souvent les deux termes indiffĂ©remment[17]. Par ailleurs, les deux fameux journaux The Journal of World History (apparu en 1990) et The Journal of Global History (apparu en 2006), se composent du mĂȘme genre d'articles, sans aucune visible tentative de se diffĂ©rencier mutuellement[18]. Toutefois, d’autres auteurs, comme Bruce Mazlish, souhaitent les distinguer. Selon William H. McNeill, souvent considĂ©rĂ©e comme une des premiĂšres grandes figures de l’histoire mondiale, l’histoire mondiale se dĂ©finit comme l’histoire des interactions entre des personnes participant Ă  un processus de grande ampleur[19] ou encore des interactions entre des personnes de diffĂ©rentes cultures ou civilisations[20].

La dĂ©finition de l’histoire globale comporte deux volets selon B. Mazlish : cette histoire peut ĂȘtre celle de la globalisation; ce qui suppose un consensus sur son point de dĂ©part (ce qui n’est pas le cas), ou alors ce terme renvoie Ă  des processus ou interactions (ex. : les flux commerciaux, le colonialisme/impĂ©rialisme, les migrations ou les dĂ©buts de la premiĂšre rĂ©volution industrielle[21]) dont l’étude est plus rĂ©vĂ©latrice Ă  un niveau global que locale, nationale ou rĂ©gionale. D'aprĂšs l’historien Alessandro Stanziani: « La globalisation des derniĂšres dĂ©cennies est en grande partie Ă  l’origine de l’émergence de l’histoire globale [...] »[22]. Cependant, ce qui est souvent confondu est que l’histoire globale n’est pas un synonyme pour l’histoire de la globalisation. NĂ©anmoins, de nombreux historiens ont essayĂ© de tirer une ligne droite entre ses deux formes diffĂ©rentes de penser l’histoire. Toutefois, la globalisation peut ĂȘtre utilisĂ©e comme champ d’activitĂ©, ou comme sujet pour l’histoire globale[23]. Ainsi, l’historien allemand JĂŒrgen Osterhammel avait hiĂ©rarchisĂ© ces deux approches, en avançant que l’histoire de la globalisation serait une sous-problĂ©matique de l’histoire globale[24].

D'ailleurs, un autre Ă©lĂ©ment qui floue la notion de l’histoire globale est que ses mĂ©thodes d’approche et d’analyse sont trĂšs proches de l’histoire connectĂ©e (Connected History, selon l’expression de Sanjay Subrahmanyam). Celle-ci Ă©tudie les modes d’interaction et d’interdĂ©pendances entre les sociĂ©tĂ©s, au-delĂ  des dĂ©coupages Ă©tatiques et Ă  des Ă©chelles diverses. Ses mĂ©thodes d’approche et d’analyse sont aussi trĂšs proches de l’histoire croisĂ©e (Shared History), qui Ă©tudie les transferts entre zones culturelles de maniĂšre « rĂ©flexive », croisant les objets d’étude mais aussi les points d’observations, les rapports entre l’observateur et l’objet, et enfin, aussi trĂšs proches de l’histoire comparĂ©e[25].

En fin de compte, les champs des courants historiques mondiaux qui revendiquent une approche globale, voir mondiale n'est pas uniforme et pas particuliĂšrement clair. Cependant, outre les divergences et ressemblances de ces courants au sein de l’historiographie, elles tĂ©moignent nĂ©anmoins d’une internationalisation de la recherche historique et d’une expansion de ses sujets au-delĂ  des frontiĂšres de l’État-nation[26].

MĂ©thodologie

L’histoire globale dĂ©crit une forme d’analyse historique dans laquelle les phĂ©nomĂšnes, Ă©vĂ©nements ou processus sont classĂ©s dans des contextes globaux[27]. Il s’agit d’une perspective pour considĂ©rer toutes sortes de mobilitĂ©s transfrontaliĂšres et leurs consĂ©quences, en particulier dans des espaces vastes et multiculturels. Un atout de la mĂ©thodique de l’histoire globale est qu’elle ne se souscrit Ă  aucun cadre gĂ©ographique. Ensuite, l’engagement envers l’État-nation comme principal cadre d’observation, ainsi qu’un eurocentrisme profondĂ©ment enracinĂ©, sont des problĂšmes que l’histoire globale cherche Ă  contrer. En effet, l’espace clos, la civilisation fermĂ©e, la culture, la sociĂ©tĂ© ou la nation d’espaces immunisĂ©s d’impulsions extĂ©rieures ou transfrontaliĂšres sont une idĂ©e artificielle[28].

Un autre point qui doit ĂȘtre pris en compte lorsqu’un auteur Ă©crit de l’histoire globale est celui de la « positionnalitĂ© » : d’oĂč Ă©crit-il ? Et pour quel public ? L’histoire globale peut que difficilement ĂȘtre Ă©crite sans une sensibilisation Ă  la positionnalitĂ© des perspectives[29]. Les temporalitĂ©s utilisĂ©es par ceux qui Ă©crivent l’histoire globale, ne dĂ©coulent pas d’un programme Ă©pistĂ©mologique donnĂ©, mais sont librement choisis en fonction de buts spĂ©cifiques d’investigation. Selon JĂŒrgen Osterhammel, la pĂ©riodisation classique de l'histoire, donc par des Ă©poques est une subdivision et le rĂ©sultat d’une rĂ©flexion historique. Selon l'historien allemand cependant, l'attention doit ĂȘtre payĂ©e toutefois sur la difficultĂ© d’appliquer cette pĂ©riodisation au monde entier[30].

L'histoire globale reste cependant dans la lignĂ©e de l’histoire universelle, de l’histoire connectĂ©e ou de l’histoire comparative Ă  l’échelon de la logique mĂ©thodologique. Cependant, la dĂ©marche de l'histoire globale ne se contente pas d’une approche purement comparative des histoires nationales, mais elle se dĂ©finit Ă©galement comme une histoire des connexions et des transferts entre les diffĂ©rentes communautĂ©s humaines[31]. Elle n'est pas ainsi une histoire totale visant Ă  Ă©tudier l’ensemble des phĂ©nomĂšnes humains autour du globe, mais elle tente plutĂŽt d’adopter un point de vue global sur un thĂšme Ă©tudiĂ©[32]. L’histoire globale se distingue Ă©galement par sa recherche de l’interdisciplinaritĂ© faisant intervenir aux cĂŽtĂ©s des compĂ©tences de l’historien celles de l’archĂ©ologue, du biologiste, du climatologue, de l’économiste, du gĂ©ographe, et encore d'autres. Les partisans de l’histoire globale soulignent le cĂŽtĂ© novateur de ce courant dans la pratique historique. Celui-ci doit cependant ĂȘtre nuancĂ© sur plusieurs points. Enfin, une grande innovation de l’histoire globale est l’usage d’élĂ©ments issus de sciences dites « exactes » en plus de ceux issus des sciences humaines[33].

Comme un grand nombre d’études portent sur des thĂšmes comme le commerce triangulaire, le colonialisme ou l’impĂ©rialisme europĂ©en, un lien vers l’hĂ©ritage du courant des « Area Studies » dont l’histoire globale s’est beaucoup inspirĂ©e Ă  ces dĂ©buts, peut ĂȘtre fait[34]. L’une des critiques rĂ©currentes Ă  l’encontre de l’histoire globale est qu’elle encourage une forme « d’auto-flagellation » historique de l’Occident. Mais l’histoire globale ne se limite pas seulement Ă  ces champs de recherches et des Ă©tudes sur l’histoire de l’environnement, des religions, des Ă©changes ou encore des routes commerciaux. Elle traite Ă©galement tous les phĂ©nomĂšnes historiques, qui sont liĂ©s Ă  toute sorte de la mondialisation. Ainsi, l’histoire globale comme direction de recherche peut porter le regard sur des rĂ©gions et pĂ©riodes nĂ©gligĂ©es.

L’histoire globale donne lieu Ă  de grandes tentatives de synthĂšse historique englobant de grandes pĂ©riodes et regroupent souvent un grand nombre de chercheurs sur un mĂȘme projet.

Courants proches

Histoire universelle

Il est possible de faire remonter les racines de l’approche de maniĂšre globale jusqu'Ă  l’AntiquitĂ© par l’intermĂ©diaire d’un courant historique au sein duquel elle puise ses origines — l’histoire universelle[35]. Ainsi, selon l’historienne GeneviĂšve Warland le siĂšcle des LumiĂšres, qui mĂȘle la philosophie et l’anthropologie Ă  l’histoire, est souvent considĂ©rĂ© comme point culminant d’une approche universelle dans l’historiographie[36]. Les historiens Beckert et Sachsenmaier ont Ă©galement soulignĂ© ceci : « Though, over many centuries and from different cultures, there have been numerous ventures into some sort of world or universal history [...] »[37].

L’histoire universelle a pour vocation de proposer des Ă©tudes totalisantes qui couvrent de vastes pĂ©riodes de l’histoire humaine. Elle est souvent fondĂ©e sur l'hypothĂšse que l’histoire est un processus unifiĂ©, bien qu’intĂ©rieurement diffĂ©renciĂ©, avec une origine claire et un but discernable. Par ailleurs, elle est souvent mise en relation avec des thĂ©ories portant sur l’évolution sociĂ©tale Ă  long terme[38].

Au XIXe siĂšcle, elle atteint sa plus haute expression avec Hegel, un penseur d’une profonde comprĂ©hension historique, puis avec Marx et Comte, ensuite on peut encore trouver des traces dans l’École historique allemande (Historicisme)[39]. On trouve des publications prestigieuses de cette approche universelle vers les annĂ©es 1890-1910, notamment la Cambridge History, de Lord Acton, ou encore la Weltgeschichte de Pflugk-Harttung[36], ensuite on peut encore ajouter l’ouvrage de Jules Michelet: Introduction Ă  l’histoire universelle, qui date de 1831. Cette approche de maniĂšre universelle prend un dĂ©clin Ă  partir de la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle[40].

Ce courant historique a des points communs avec l’histoire globale : son approche se veut totalisante autant au niveau de l’espace que du temps. Il prĂŽne l’interdisciplinaritĂ© et encourage Ă  Ă©tudier des zones gĂ©ographiques alors peu explorĂ©es par la discipline historique. De la mĂȘme façon, une approche semblable peut se retrouver dans des travaux datant de peu de temps avant la « naissance » du courant. Un historien comme Fernand Braudel s'y est essayĂ© avec son ouvrage Civilisation matĂ©rielle, Ă©conomie et capitalisme (1979).

Toutefois, par rapport aux autres approches, elle est en comparaison la plus constructiviste, et ainsi elle est le courant le plus Ă©loignĂ© de la recherche historique empirique, c'est-Ă -dire du mĂ©tier d’historien[41]. Selon l’avis de JĂŒrgen Osterhammel ce type de discours est le domaine des philosophes, et des sociologues et que les historiens professionnels ont tendance Ă  l’éviter[38].

MalgrĂ© son intĂ©rĂȘt, cette approche reste donc trĂšs marginale faute d’une mĂ©thodologie bien Ă©tablie et de la difficultĂ© d’une telle pratique[42].

World History

World History, ou l’histoire du monde est le terme le plus ancien, comme son utilisation remonte jusqu’au XIXe siĂšcle. Par ailleurs, c’est encore une matiĂšre scolaire dans de nombreux pays et reste donc d’actualitĂ©[43]. Le terme est souvent utilisĂ© pour dĂ©crire le monde entier ou pour comparer de grandes rĂ©gions. Alors que l’histoire globale aborde les thĂ©matiques de la mobilitĂ© et de la connectivitĂ© transfrontaliĂšre comme Ă©tant des phĂ©nomĂšnes primordiaux, l’histoire mondiale se concentre d’avance sur la dynamique interne des communautĂ©s et des sociĂ©tĂ©s[44].

L'histoire du monde fait suite Ă  divers prĂ©dĂ©cesseurs, comme l’école française des Annales, et se considĂšre comme une rĂ©action Ă  la mondialisation ou comme une composante de celle-ci. La principale prĂ©occupation de ce courant est la transgression des limites spatiales et temporelles de l’historiographie, car les vĂ©ritables chaĂźnes causales n’adhĂšrent pas Ă  des visions du monde ethnocentriques. Ce qui est demandĂ©, c’est de se dĂ©tourner des perspectives eurocentriques ou occidentales dans la description et l’explication de l’histoire de l’humanitĂ©.

En gĂ©nĂ©ral, la World history utilise le spectre entre un seul « grand rĂ©cit », par exemple, celui du Rise of the West. A history of the human community au dĂ©but de la pĂ©riode du fameux ouvrage de l’auteur amĂ©ricaine William H. McNeill. L'ouvrage Ă©tait novateur, comme une partie Ă©tait consacrĂ©e Ă  la maniĂšre dont l’Occident avait assurĂ© sa domination sur le reste du monde Ă  partir de la seconde moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle. L’approche qui rĂ©sultait de cet ouvrage, offre une critique Ă  l’impĂ©rialisme intellectuel[45].

Ce courant de l'historiographie diffĂšre de l’histoire universelle, puisqu’elle reconnaĂźt la pluralitĂ© des histoires et permet aux tendances universellement valables en matiĂšre de dĂ©veloppement de passer au second plan. C’est une façon de questionner de maniĂšre transversale et qui ne craint pas les perspectives Ă  long terme ainsi que les espaces gĂ©ographiques plus larges que ceux de la recherche historique proche de la source. Une des mĂ©thodes, Ă  laquelle de nombreux historiens de la World History font recours, est l’approche par la comparaison. Celle-ci occupe une place beaucoup plus modeste dans l’histoire universelle[39].

Le concept de globalitĂ©, apparu aux États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale, va ĂȘtre au fondement des conceptions de l’histoire mondiale (mais aussi de l’histoire globale). Il s’agit ni plus ni moins d’un changement dans la maniĂšre de voir le monde par les AmĂ©ricains causĂ© par l’entrĂ©e en guerre de leur pays et par l'expansion de l’aviation qui rĂ©trĂ©cit les distances et symboliquement le monde[46]. Ainsi, la World History connait aussi un vif dĂ©veloppement Ă  partir des annĂ©es 1980, et s’élargit au reste du monde anglo-saxon. Le fondement de la premiĂšre revue scientifique portant sur Journal of World History, qui fut publiĂ© par les presses de l’UniversitĂ© d’HawaĂŻ, marque un Ă©vĂ©nement clĂ© pour l’émergence de la World History, et la Global History. La revue se prend pour objectif de ne pas uniquement Ă©tudier la Chine ou l’Inde, mais le monde dans sa globalitĂ©[47]. Par ailleurs, William H. McNeill, aprĂšs le succĂšs de son ouvrage Rise of the West, a aussi signĂ© le premier article de cette revue, publiĂ©e en 1990.

Elle va rapidement s’institutionnaliser par la fondation Ă  HawaĂŻ de la World History Association en 1982 et par la crĂ©ation d'un cursus de World History dans plusieurs universitĂ©s amĂ©ricaines. Jusqu’en 1990 le statut de la World history reste incertaine au sein de la science historique. Ceci n’est pas vraiment Ă©tonnant, car dans de grandes parties du monde, l’aprĂšs-guerre est une pĂ©riode de construction de la nation. Pour de nombreuses anciennes colonies qui viennent de recevoir leur indĂ©pendance, en particulier, l’élaboration d’une histoire nationale Ă©st au premier rang des prĂ©occupations[48]. Compte tenu de l’équilibre des pouvoirs politiques, les historiens de ces nations ont utilisĂ© le passĂ© europĂ©en comme rĂ©fĂ©rence pour mesurer l’histoire de leur propre pays, leur imposant un dĂ©veloppement calquĂ© sur celui de l’Occident. En consĂ©quence, la domination de l’historiographie anglophone, en particulier, s’est accrue[48].

Ensuite, le courant s’installe durablement dans les annĂ©es suivantes dans l'historiographie contemporaine, notamment avec le lancement par Robert I. Moore, au dĂ©but des annĂ©es 1990, de la Blackwell History of the World.

DĂšs lors, la World History va se dĂ©velopper en trois temps, trois gĂ©nĂ©rations qui vont faire Ă©voluer cette façon d’aborder l’histoire.

  1. La premiĂšre gĂ©nĂ©ration, reprĂ©sentĂ©e par l’historien canadien William McNeill, va se constituer autour d’un dĂ©goĂ»t pour la guerre et pour la promotion d'une histoire qui se veut dĂ©tachĂ©e du chauvinisme des histoires nationales. Pour eux, il est temps de penser l’histoire au plan international[49].
  2. La seconde gĂ©nĂ©ration, principalement reprĂ©sentĂ©e par Immanuel Wallerstein, est essentiellement composĂ©e de sociologues de tendances marxistes qui sont Ă  la fois professeurs et militants. L’apport principal de cette gĂ©nĂ©ration est le dĂ©coupage du monde opĂ©rĂ© par la thĂ©orie des « systĂšmes-monde » de Wallerstein[50].
    • Par son influence du marxisme, Wallerstein a d'abord cherchĂ© Ă  mettre lumiĂšre sur la maniĂšre dont le centre exploitait la pĂ©riphĂ©rie. D’ailleurs, il soulignait le fait que le systĂšme-monde occidental ne s’était pas arrĂȘtĂ© Ă  dominer sa propre pĂ©riphĂ©rie, mais avait imposĂ© sa domination aux autres systĂšmes-mondes, pour les transformer en de nouvelles pĂ©riphĂ©ries[45].
  3. La troisiĂšme gĂ©nĂ©ration se constitue dans les annĂ©es 1980 et est reprĂ©sentĂ©e par l’AmĂ©ricain Jerry H. Bentley et l’Indien Sanjay Subrahmanyam. Moins militante que la seconde, elle a suivi un cursus plus traditionnel et est revenue Ă  une approche plus classique[51].

Durant les quelques dĂ©cennies suivantes, certains ouvrages sont devenus des classiques permettant le rayonnement du courant. Ainsi, en 2001, le livre de Kenneth Pomeranz, The Great Divergence, est une analyse comparative entre l'Europe du Nord de la fin du XVIIIe siĂšcle et la Chine de la mĂȘme Ă©poque, au sujet des raisons du dĂ©collage industriel de la premiĂšre et non de la seconde. Parmi ces ouvrages les plus importants se trouve encore la monographie exhaustive de Christopher Alan Bayly : The Birth of the Modern World 1780–1914, publiĂ© en 2004. L’historien britannique fait un effort conscient pour conceptualiser les histoires locales, nationales, impĂ©riales et mondiales comme Ă©tant liĂ©es entre elles non seulement au niveau gĂ©opolitique, mais aussi au niveau transnational[52].

À noter, en France, le livre de Christian Grataloup, L'invention des continents : comment l’Europe a dĂ©coupĂ© le monde publiĂ© en 2009 qui dĂ©veloppe le concept proche de gĂ©ohistoire. En AmĂ©rique du Nord, Luc-Normand Tellier, dans son Urban World History propose en 2009 une vision « anoĂ©conomique » de l’histoire mondiale vue Ă  travers l’urbanisation, vision issue de l’économie spatiale.

Le rĂŽle de l'internet, l’accessibilitĂ© et la rapiditĂ© des informations n’est pas Ă  nĂ©gliger, permettant aux chercheurs qui s’y intĂ©ressent de communiquer de maniĂšre dynamique et au courant de s’organiser en rĂ©seau grĂące Ă  des sites comme H-World et des revues en lignes comme World History connected qui est crĂ©Ă© en 1994[53].

De la World Ă  la Global History

L’histoire globale va s’affirmer dans les annĂ©es 1980-1990 avec la New Global History Initiative. Conduit par l’historien Bruce Mazlish, ce groupe de chercheurs va ĂȘtre rejoint par le Center for Global History dirigĂ© lui par un autre historien : Wolf SchĂ€fer.

Ce nouveau groupe entend constituer une alternative Ă  l’histoire mondiale (World History) traditionnelle[54]. En effet, le terme « global » leur apparaĂźt plus porteur de sens que le terme « mondial ». Le premier met l’accent sur l’accroissement des phĂ©nomĂšnes d’interdĂ©pendance et des processus d’intĂ©gration Ă  l’échelle de la planĂšte alors que le second n’apparaĂźt que comme un synonyme d’international. Le terme « global » semble plus proche encore du concept de globalisation/mondialisation que le terme « mondial »[55].

Durant les annĂ©es 2000, l’histoire globale va rapidement se dĂ©velopper et obtenir trois caractĂ©ristiques qui la diffĂ©rencient de l’histoire mondiale.

  1. La premiĂšre, en lien avec le courant de la Big History (courant historique cherchant Ă  rĂ©aliser une histoire de l’homme dans l’univers, du Big Bang au XXIe siĂšcle), se caractĂ©rise par une forte interdisciplinaritĂ©. L’histoire globale s’aide ainsi de sciences comme la gĂ©ographie Ă  la biologie[56]
  2. La seconde est un jeu d’échelle effectuĂ© dans les recherches propres Ă  ce courant. La Global History ne se limite pas uniquement Ă  de vastes recherches englobant l’ensemble de l’humanitĂ©. Elle encourage les historiens Ă  rĂ©aliser des recherches Ă  plusieurs niveaux, Ă  changer d’échelles de la plus grande Ă  la plus petite tant dans une dimension temporelle que spatiale. L’histoire globale opĂšre ainsi un va-et-vient entre le local et le global qui permet une meilleure vue des analogies et des parallĂ©lismes et permet d’identifier des connexions que l’histoire traditionnelle n’aurait pas dĂ©celĂ©es[57].
  3. Comme troisiĂšme caractĂ©ristique, l’histoire globale tend Ă  se dĂ©tacher d’une vision trop occidentale. Elle rĂ©alise cette transition grĂące aux travaux d’historiens provenant d’Afrique ou d’Asie, ainsi que par l’intermĂ©diaire des « Cultural Studies », « Postcolonial Studies » et « Subaltern Studies »[58].

Enfin, l’histoire globale a connu une derniĂšre Ă©volution, une fragmentation en plusieurs branches apportant chacune sa propre façon d’aborder l’histoire globale. Parmi ces groupes on trouve l’histoire connectĂ©e, l’histoire transnationale et l’histoire croisĂ©e.

Big History

Aussi appelĂ©e « grande histoire » ou plus couramment en anglais « big history », la grande histoire tente de replacer l'histoire humaine au sein du contexte de l'histoire cosmique, c'est-Ă -dire depuis le commencement de l'univers (du big bang) jusqu'Ă  la vie sur Terre aujourd'hui[59]. Le terme a Ă©tĂ© imaginĂ© par David Christian, universitaire de l’universitĂ© de Sydney, pour compenser un manque dans l’étude gĂ©nĂ©rale de l’Histoire en y intĂ©grant d’autres disciplines de science dure comme de sciences sociales[60]. La citation de William Hardy McNeill est bien reprĂ©sentative de l’intĂ©rĂȘt d’élargir le champ de temporalitĂ© comme celui des disciplines:

« We remain submerged in a vast evolutionary process that began with the Big Bang (probably) and is heading to an unknown future – a system in which matter and energy evolve, stars form and break apart, the solar system took form and will eventually collapse (but not before life does), and human societies emerged on planet Earth, beginning an evolution whose end is not in sight. »[61]

Alexander von Humboldt peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le pionnier de cette discipline, Ă©tant connu comme le pĂšre de la gĂ©ographie dĂšs le XIXe siĂšcle et ayant entamĂ© dĂšs 1845 et jusqu'en 1862 la rĂ©daction d’une sĂ©rie de volumes d’une collection nommĂ©e "Kosmos" » dont le but Ă©tait de rĂ©sumer l’ensemble de la connaissance concernant l’Histoire de la nature, Histoire humaine comprise[62]. Plus ou moins au mĂȘme moment, Robert Chambers offre une dynamique de l’histoire universelle Ă  travers son livre de 1844 "« estiges of the Natural History of Creation" »qui apporte une sĂ©rie d’idĂ©es modernes par rapport Ă  son temps en abordant tous les domaines de l’histoire depuis la crĂ©ation du monde[63]. Si la grande histoire n’a plus eu de grande figure durant la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, en 1920 sort "« the outline of History" »de Herbert George Wells qui cherche Ă  crĂ©er une identitĂ© globale sur Terre pour Ă©viter une nouvelle guerre majeure similaire Ă  la PremiĂšre Guerre mondiale[64].

La big history se popularisa rĂ©ellement Ă  partir des annĂ©es 70 avec l'omniprĂ©sence de la globalisation et de l’industrialisation. On peut alors retrouver comme ouvrages centraux : "The Columbia History of the World" en 1972, un travail de plus de 1000 pages rĂ©alisĂ© par une Ă©quipe de scientifiques de l’UniversitĂ© de Columbia[65]. Une sĂ©rie de chercheurs interdisciplinaires s’y font Ă©galement connaĂźtre : les historiens David Christian de l’universitĂ© Macquarie et John Mears de l’universitĂ© Southern Methodist, mais aussi le gĂ©ologue Preston Cloud de l’universitĂ© du Minnesota, l’astrophysicien G. Siegfried Kutter de l’universitĂ© d’Evergreen, les astronomes Geogre Field et Eric Chaisson de l’universitĂ© de Harvard, le philosophe Erich Jantsch, le psychologue Akop Nazaretyan et encore d’autres[59].

Histoire transnationale

L’histoire transnationale est un courant historiographique liĂ© Ă  l’histoire globale, l’histoire connectĂ©e et l’histoire comparĂ©e. Elle vise des phĂ©nomĂšnes qui sont clairement limitĂ©s dans l’espace. En gĂ©nĂ©ral, l’histoire transnationale s’intĂ©resse Ă  l’examen des sociĂ©tĂ©s dans leurs interrelations transfrontaliĂšres. Ce terme implique qu’une attention particuliĂšre est accordĂ©e au rĂŽle de la mobilitĂ©, de la circulation et des transferts[66]. Le concept Ă©tant encore relativement nouveau dans le domaine de l’histoire, aucun consensus ne s’est dĂ©gagĂ© sur une dĂ©finition prĂ©cise et finale. De nombreux concepts concurrents sont apparus dans les Ɠuvres de Sebastian Conrad, Kiran Patel, Thomas Adam, Thomas Bender, Daniel T. Rodgers et Ian Tyrrell. Akira Iriye et Pierre-Yves Saunier dĂ©finissent l’histoire transnationale comme ayant trait aux « connexions et circulations » entre les sociĂ©tĂ©s de l’ùre moderne[67]. Une dĂ©finition qui peut ĂȘtre proposĂ©e est celle de l’historien japonais Akira Iriye, « l’histoire transnationale peut ĂȘtre dĂ©finie comme l’étude des mouvements et des forces qui ont traversĂ© les frontiĂšres nationales » dans divers contextes[68].

Ce terme, qui trouve son origine dans les Ă©tudes amĂ©ricaines, a Ă©tĂ© appliquĂ© par les historiens qui cherchent Ă  Ă©viter de prendre l’histoire nationale comme cadre « naturel » de l’analyse historique, mais Ă  regarder le passĂ© sans le cadre de l’État-nation. La conjoncture de l’histoire transnationale se situe aux annĂ©es 1990 et dĂ©finit la nation comme point de rĂ©fĂ©rence, mais tente en mĂȘme temps de le briser et de le transcender[69]. Les outils d’analyse dont elle se sert sont la comparaison, le transfert et/ou l’interconnexion. Le premier implique l’étude de deux sociĂ©tĂ©s spatialement et temporellement sĂ©parĂ©es n’ayant aucune relation de transfert entre elles. Le second se pose la question de l’influence rĂ©ciproque qu’ont les sociĂ©tĂ©s spatialement et temporellement proches. Aussi appelĂ© « les processus de transfert ».

Le terme d’histoire transnationale n’est pas sans problĂšmes. Les nations constituent le point de dĂ©part de l’analyse transnationale, bien que cette notion-ci peut exprimer plusieurs idĂ©es diffĂ©rentes : en tant que nation, en tant qu’État-nation ou de sentiment national. Le problĂšme qui se pose est que la « nation » n’est pas une entitĂ© naturelle, mais une construction. En fait la majoritĂ© des nations se sont Ă©tablies que pendant le 19e siĂšcle[70].

Critiques

À la suite du global turn de nombreuses critiques se sont accumulĂ©es pendant les derniĂšres annĂ©es. Les critiques ont Ă©tĂ© principalement exprimĂ©es par ceux qui doutaient que l’histoire globale fĂ»t capable Ă  rĂ©pondre aux critĂšres traditionnels de la profession de l’historien[71]. Surtout, la question liĂ©e Ă  la profonde connaissance de sources, et ainsi la critique externe comme interne de ceux-ci, lors de l’analyse, a Ă©tĂ© soulevĂ©e Ă  maintes reprises.

NĂ©anmoins, d'aprĂšs l’historienne GeneviĂšve Warland, un travail intĂ©grant l’utilisation de sources primaires est trĂšs difficilement rĂ©alisable pour un historien qui choisit d’approcher son questionnement par une maniĂšre globale[72]. Ainsi, on peut donner l’exemple du fameux ouvrage de l’historien allemand JĂŒrgen Osterhammel : The Transformation of the World, qui est principalement de nature une synthĂšse de synthĂšses. Cependant, l’objet de cet ouvrage n’était pas une recherche profonde aux archives, mais il se distingue plutĂŽt par une trĂšs bonne maitrise de la littĂ©rature secondaire, qui se compose de plus de 2500 titres[73]. Par ailleurs, dans cet ouvrage prĂ©cis, l’historien allemand souligne le fait que:

« The historian who temporarily slips into the role of global historian - she or he must remain an expert in one or more special areas - cannot do other than "encapsulate" in a few sentences the arduous, time-consuming work of others. »[74]

Ensuite, il est parfois reprochĂ© Ă  l'histoire globale un aspect trop globalisant qui rend difficile la mise en place de repĂšres structurants. MĂȘme si l'histoire globale met l’accent sur la spĂ©cificitĂ© des localitĂ©s, des lieux, des voix et des identitĂ©s individuelles, elle ne peut jamais entiĂšrement Ă©viter de faire des gĂ©nĂ©ralisations sur des phĂ©nomĂšnes historiques. D’ailleurs, ce point de la gĂ©nĂ©ralisation avait Ă©tĂ© fermement condamnĂ© par les thĂ©oriciens influents du postmodernisme[71].

En outre, l'un des intĂ©rĂȘts de l'histoire globale Ă©tant de dĂ©construire les prĂ©jugĂ©s globalisateurs infondĂ©s entre autres dans les mĂ©dias publics (surtout en opposition aux nationalismes), les historiens de cette disciplines ont une tentation constante de communiquer dans ces mĂ©dias pour Ă©viter l'appropriation du sujet par des organisations ou personnalitĂ©s politique. Ce faisant, ils ont tendance Ă  leur tour s'exprimer sur des sujets encore peu Ă©tudiĂ©s, au risque d' Ă  leur tour de dĂ©sinformer la population[75].

Un autre problĂšme qui reste Ă  l’histoire globale est liĂ© au fait que mĂȘme si l’histoire globale revendique d'ĂȘtre universel, et non-eurocentrique, les langues qui dominent les ouvrages du courant sont clairement l’anglais, l’allemand, et s’ajoutant depuis quelques annĂ©es le français[76].

DĂ©bats

Le dĂ©bat autour de l’ouvrage Histoire mondiale de la France sous la direction de Patrick Boucheron, qui opposait un regard global au rĂ©cit traditionnel de l’histoire de France, a notamment suscitĂ© des Ă©motions et des rĂ©actions controversĂ©es. L’ouvrage a obtenu un grand succĂšs auprĂšs du public et suscitĂ© une grande attention mĂ©diatique et publique en France. Il se distingue par son approche, comme il met en avant des dates et s'essaye Ă  casser les chronologies nationales et nationalistes[77]. Dans la prĂ©face, Patrick Boucheron rĂ©sume ainsi l’objectif de l’ouvrage :

« Voici pourquoi on lira ici une histoire mondiale de la France et non pas une histoire de la France mondiale : nous n'avons nulle intention de suivre l’expansion au long cours d’une France mondialisĂ©e pour exalter l’essor glorieux d’une nation vouĂ©e Ă  l’universel, pas plus que nous souhaitions chanter les louanges des mĂ©tissages heureux et des circulations fĂ©condantes. Faut-il dire Ă  nouveau qu’il ne s’agit ici ni de cĂ©lĂ©brer ni de dĂ©noncer ? »[78]

NĂ©anmoins, le volume a suscitĂ© des commentaires nĂ©gatifs par des chroniqueurs et des journalistes qui ont qualifiĂ© le livre comme Ă©tant une tentative de « dissoudre la France », et les collaborateurs de l’ouvrage comme des fossoyeurs pour le grand hĂ©ritage français[79].

Un grand critique de cet ouvrage collectif Ă©tait d'ailleurs le fondateur de l’histoire connectĂ©e, Sanjay Subrahmanyam, qui dans un article du Figaro datant de 2018, Ă©tait d’avis que :

« Je ne souscris pas Ă  tout ce qui se passe autour de l'histoire globale, car ceux qui s’en rĂ©clament la pratiquent parfois de maniĂšre paresseuse. Ils ont oubliĂ© de travailler avec les sources. Ils font une histoire globale pour imbĂ©ciles, faite de compilations. [...] Patrick Boucheron a faussĂ© le dĂ©bat en crĂ©ant une confusion, en faisant comme si l’histoire globale Ă©tait celle des gens bien-pensants de gauche. »[80]

Cet article a provoqué notamment une réaction de la part de l'historienne Valérie Theis, une ancienne élÚve de Patrick Boucheron, qui cherchait à défendre son ancien mentor dans un article paru dans le monde :

« Ce qui tue, ce sont les querelles de chapelle des universitaires, les jalousies et le manque de gĂ©nĂ©rositĂ© intellectuelle. Nous nous dĂ©chirons entre nous, quand nous devrions ĂȘtre reconnaissants que certains se souviennent parfois que nous ne sommes pas seulement lĂ  pour Ă©crire pour nous-mĂȘmes, mais aussi pour le public.»[81]

Ce dĂ©bat illustre le fait qu’un ouvrage qui propose de rompre avec le rĂ©cit traditionnel national au profit d'une approche globale peut Ă©galement provoquer des rĂ©actions plutĂŽt nĂ©gatives.

Notes et références

  1. Stanziani, Alessandro, Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensĂ©e globale: XVIe – XXIe siĂšcles, Paris: CNRS Editions, 2018, p. 12.
  2. Maurel, ChloĂ©, Le tournant global de l’histoire. RĂ©cents dĂ©veloppements en histoire globale dans le monde, in: Cahiers d’Histoire. Revue d’histoire critique 121 (2013), p. 128.
  3. Conrad, Sebastian, Globalgeschichte. Eine EinfĂŒhrung, MĂŒnchen: C.H. Beck, 2013, p. 9.
  4. Sachsenmaier, Dominic, Global Perspectives on Global History. Theories and Approaches in a connected World, Cambridge University Press: Cambridge, 2011, p. 12.
  5. Osterhammel, JĂŒrgen, “Weltgeschichte”. Ein PropĂ€deutikum », in: Geschichte in Wissenschaft und Unterricht 9 (2005), p. 455.
  6. Budde, Gunilla, Warum Globalgeschichte? Chancen und Grenzen einer ‚Modewelle‘ in der Geschichtswissenschaft, in: Kirchliche Zeitgeschichte 22/1 (2009), p. 181.
  7. Tamm, Marek (Ă©d.) et Burke, Peter (Ă©d.), Debating New Approaches to History, Bloomsbury: London, 2019, p. 3.
  8. Conrad, Sebastian, Globalgeschichte. Eine EinfĂŒhrung, MĂŒnchen: C.H. Beck, 2013, p. 137.
  9. Stanziani, Alessandro, Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensĂ©e globale: XVIe – XXIe siĂšcles, Paris: CNRS Editions, 2018, p .12-13.
  10. Stanziani, Alessandro, Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensĂ©e globale: XVIe – XXIe siĂšcles, Paris, CNRS Editions, 2018, p. 16.
  11. Tamm, Marek (Ă©d.) et Burke, Peter (Ă©d.), Debating New Approaches to History, Bloomsbury: London, 2019, p. 2
  12. Pierre-Yves SAUNIER, « HISTOIRE GLOBALE », EncyclopÊdia Universalis en ligne, consulté le 22 décembre 2020.
  13. Osterhammel, JĂŒrgen, Chapter 1. Global History, in: Tamm, Marek (Ă©d.) et Burke, Peter (Ă©d.), Debating New Approaches to History, Bloomsbury: London, 2019, p. 29.
  14. Conrad, Globalgeschichte. Eine EinfĂŒhrung, p. 13
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  16. Stanziani, Alessandro, Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensĂ©e globale: XVIe – XXIe siĂšcles, Paris: CNRS Editions, 2018, p. 11.
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  21. Testot 2008, p. 165-166.
  22. Stanziani, Alessandro, Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensĂ©e globale: XVIe – XXIe siĂšcles, Paris: CNRS Editions, 2018, p. 16
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  26. Conrad, Sebastian et Eckert, Andreas et Freitag, Ulrike, Globalgeschichte. Theorien, AnsÀtze, Themen, Francfort: Campus Verlag , 2007, p. 14.
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  32. Warland, GeneviĂšve, « histoire mondiale/histoire globale », Bulletin de l’Association belge d’histoire contemporaine,‎ , p. 41.
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  41. Osterhammel, JĂŒrgen, “Weltgeschichte”. Ein PropĂ€deutikum », in: Geschichte in Wissenschaft und Unterricht 9 (2005), p. 458.
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Voir aussi

Articles connexes

Histoire globale

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