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Affaire Carlos Ghosn

L’affaire Carlos Ghosn est une affaire financiĂšre portant sur des soupçons de malversations financiĂšres impliquant supposĂ©ment Carlos Ghosn, alors PDG de Renault, Nissan et de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Des procĂ©dures sont ouvertes dans treize pays, dont le Japon, la France, les Pays-Bas, les États-Unis, la Suisse, le BrĂ©sil, le Liban, DubaĂŻ, Oman et l’Arabie saoudite. Cette affaire suscite la controverse par les sommes en jeu pour l'opinion publique, par les mĂ©dias pour la santĂ© du secteur automobile, de enjeux gĂ©opolitiques consĂ©quents, de fortes interrogations ressenties par les dirigeants d'entreprises et de gouvernements, s'indignant que ces soupçons soient rĂ©vĂ©lĂ©s si tard, mais Ă©galement une Ă©ventuelle application de l'intelligence Ă©conomique sur un mastodonte de l'industrie automobile.

La procédure japonaise

Chronologie

  • : premiĂšre arrestation au Japon.
  • : Carlos Ghosn est inculpĂ© aprĂšs une garde Ă  vue de 22 jours pour avoir dissimulĂ© aux autoritĂ©s boursiĂšres japonaises des revenus de Nissan entre 2010 et 2015, non perçus mais disponibles pour son dĂ©part Ă  la retraite, pour environ cinq milliards de yens (38 millions d’euros).
  • : une troisiĂšme enquĂȘte judiciaire est ouverte au Japon pour « abus de confiance aggravĂ© »
  • : deuxiĂšme inculpation portant sur la dissimulation sur les revenus des annĂ©es 2015 Ă  2018, pour un montant de quatre milliards de yens (31 millions d’euros).
  • : deuxiĂšme arrestation au Japon. Carlos Ghosn est de nouveau arrĂȘtĂ© et placĂ© en dĂ©tention pour abus de confiance aggravĂ©.
  • : quatriĂšme inculpation pour abus de confiance aggravĂ©.
  • : fuite de C. Ghosn du Japon Ă  Beyrouth, au Liban.

Accusations

Carlos Ghosn fait l’objet de quatre mises en examen au Japon : deux pour des revenus diffĂ©rĂ©s non dĂ©clarĂ©s aux autoritĂ©s boursiĂšres par Nissan (qui est aussi poursuivi sur ce volet), et deux autres pour abus de confiance aggravĂ©.

Déclaration de revenus et départ à la retraite

Le , aprĂšs une premiĂšre garde Ă  vue de vingt-deux jours, M. Ghosn a Ă©tĂ© mis en examen pour avoir minorĂ© ses revenus dans les rapports que Nissan a remis aux autoritĂ©s boursiĂšres japonaises de 2011 Ă  2015. Le prĂ©sident de Nissan aurait sous-Ă©valuĂ© de cinq milliards de yens (37,7 millions d’euros) son salaire, pour un total de dix milliards de yens pour 2011-2015. Le 11 janvier 2019, il est mis en examen de nouveau pour des faits similaires pour la pĂ©riode 2015-2018 avec une sous-Ă©valuation de 4 milliards de yens (30,1 millions d’euros) et pour abus de confiance aggravĂ© pour des pertes personnelles de change en 2008[1].

Selon les autoritĂ©s japonaises, Carlos Ghosn a cherchĂ© Ă  compenser une perte de revenu survenue Ă  partir de 2009, chez Nissan, Ă  la suite de la mise en place de nouvelles rĂšgles de transparence des rĂ©munĂ©rations des dirigeants d’entreprises cotĂ©es au Japon. L’équivalent de 90 millions de dollars US de rĂ©munĂ©rations non versĂ©es, ainsi que cinquante millions au titre d’une allocation retraite, soient 140 millions de dollars seraient ainsi accumulĂ©s[2]. Lors d’une audition devant la Cour de Tokyo le 8 janvier 2019, Carlos Ghosn a affirmĂ© son innocence. Selon lui, les documents incriminĂ©s concernant sa rĂ©munĂ©ration Ă©taient personnels. Il les considĂ©rait comme une sorte de registre Ă  faire valoir auprĂšs de Nissan au moment oĂč il s’agirait de nĂ©gocier les conditions financiĂšres de son dĂ©part[3].

Pour mener ses enquĂȘtes et Ă©tablir ses accusations, le procureur s'appuie sur les dĂ©clarations d'un « repenti » et « lanceur d'alerte », identifiĂ© selon Le Financial Times comme Hari Nada, vice-prĂ©sident de Nissan, ancien bras droit de Ghosn et administrateur de Nissan Zi-A Capital BV[4].

Un audit interne, menĂ© par Nissan avec l’aide d’un cabinet juridique extĂ©rieur, rĂ©vĂšle dĂ©but septembre 2019 que la somme des malversations dont Carlos Ghosn et son adjoint Greg Kelly sont accusĂ©s atteint prĂšs de trois cents millions d'euros. Selon Nissan, la grande majoritĂ© des irrĂ©gularitĂ©s Ă©taient des rĂ©munĂ©rations diffĂ©rĂ©es que Carlos Ghosn souhaitait se voir verser Ă  son dĂ©part de la sociĂ©tĂ©, telles que 27 millions de dollars utilisĂ©s pour acheter des rĂ©sidences Ă  Beyrouth et Rio de Janeiro[5]. Selon ce rapport, les dates d’exercice d’options attribuĂ©es aux dirigeants du groupe ont Ă©tĂ© modifiĂ©es pour maximiser leurs gains. Selon le rapport, M. Ghosn aurait dissimulĂ© l’équivalent de neuf milliards de yens (soit 76,7 millions d’euros) de rĂ©munĂ©rations diffĂ©rĂ©es depuis 2009. Nissan chiffre son prĂ©judice dans ce montage Ă  trois cents millions d’euros[6].

Selon le journal japonais Asahi Shinbun M. Ghosn est suspectĂ© de fausses dĂ©clarations auprĂšs des autoritĂ©s financiĂšres et boursiĂšres japonaises pour n’avoir pas dĂ©clarĂ© trente millions d’euros de revenus entre 2010 et 2015 chez Nissan[7], d’avoir sous-estimĂ© son salaire pour 25 millions d’euros pendant trois ans entre 2015 et 2016[8], d’avoir signĂ© un accord secret de retraite-chapeau Ă  hauteur de 70 millions d’euros avec Nissan depuis 2010[9], quand la limite imposĂ©e par Nissan et la loi japonaise Ă©tait de la moitiĂ© et ne pas l’avoir dĂ©clarĂ© aux autoritĂ©s boursiĂšres[10]. Son second et collaborateur, Greg Kelly, est poursuivi de complicitĂ© et de mĂȘmes accusations. Le , Carlos Ghosn et Greg Kelly sont inculpĂ©s pour dissimulation de revenus entre 2010 et 2015, et Nissan pour nĂ©gligence[11].

Pour sa dĂ©fense, M. Ghosn a dĂ©clarĂ© que ces fonds n’étaient pas encore validĂ©s et qu’ils ne devaient donc pas ĂȘtre dĂ©clarĂ©s. Pour Nissan et les autoritĂ©s japonaises, les documents signĂ©s valaient contrat et les fonds auraient donc dĂ» ĂȘtre dĂ©clarĂ©s. Les autoritĂ©s japonaises et la SEC amĂ©ricaine considĂšrent que Nissan a transmis de fausses dĂ©clarations aux autoritĂ©s boursiĂšres japonaises et amĂ©ricaines. Nissan est Ă©galement inculpĂ© en tant que personne morale.

À la dĂ©couverte de nouveaux Ă©lĂ©ments, Carlos Ghosn est de nouveau arrĂȘtĂ© et placĂ© en dĂ©tention pour abus de confiance aggravĂ© le [12].

Pertes boursiĂšres

Le , une troisiĂšme enquĂȘte judiciaire est ouverte au Japon, oĂč M. Ghosn est accusĂ© d'« abus de confiance aggravĂ© » : il aurait transfĂ©rĂ© Ă  Nissan des pertes essuyĂ©es sur un investissement financier personnel en 2008. Il s'agirait de pertes personnelles sur des produits dĂ©rivĂ©s financiers pour quatorze millions d'euros consĂ©cutive Ă  la crise financiĂšre de 2008.

Le , il est ainsi mis en examen pour abus de confiance aggravĂ© pour des pertes personnelles de change pendant la crise financiĂšre de l'automne 2008. Il aurait transfĂ©rĂ© Ă  Nissan ces « pertes sur des investissements personnels » Ă  l’automne 2008. Lors de la chute brutale du dollar face au yen, M. Ghosn s'est engagĂ© sur des contrats de « swap » de devises auprĂšs de la Shinsei Bank. Ces produits dĂ©rivĂ©s permettent de spĂ©culer sur la fluctuation des monnaies. Or, ces contrats acquis personnellement ont subi une perte potentielle de 1,85 milliard de yens (13,9 millions d’euros). La Shinsei Bankl’a obligĂ© Ă  vendre ces contrats pour limiter les pertes, sauf s’il trouve un garant pouvant couvrir les pertes. Ce garant a Ă©tĂ© l'homme d’affaires saoudien Khaled al-Juffali. De 2009 Ă  2012, trois virements bancaires totalisant 14,7 millions de dollars (soit 12,8 millions d’euros) ont Ă©tĂ© et transfĂ©rĂ©s d'un compte de Nissan vers un compte bancaire de Nissan Gulf, dont M. Khaled al-Juffali est en partie propriĂ©taire. Selon Carlos Ghosn, l’argent transfĂ©rĂ© au milliardaire saoudien n’a pas de rapport avec ses pertes personnelles, mais Ă©tait justifiĂ© par une rĂ©munĂ©ration de services[1].

Greg Kelly

Greg Kelly, collaborateur de M.Ghosn, a Ă©galement Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le et emprisonnĂ© au centre de dĂ©tention de Tokyo (Prison de Kosuge). Il est accusĂ© d’avoir contribuĂ© Ă  minorer les dĂ©clarations de revenus de Carlos Ghosn au Japon, en infraction avec la loi japonaise sur les instruments financiers et les titres. Il a Ă©tĂ© remis en libertĂ© contre une caution de 70 millions de yens (560 000 euros). Greg Kelly n'est pas autorisĂ© Ă  quitter le Japon, ni Ă  entrer en contact avec des personnes liĂ©es au dossier. Greg Kelly est accusĂ© par le procureur de Tokyo et les dirigeants de Nissan d’avoir participĂ© Ă  la mise en Ɠuvre du montage incriminĂ©, et en particulier de la dissimulation de revenus diffĂ©rĂ©s. Greg Kelly a Ă©tĂ© mis en examen le pour avoir aidĂ© Carlos Ghosn Ă  dissimuler une partie de ses revenus aux autoritĂ©s boursiĂšres, environ cinq milliards de yens (38 millions d'euros) sur cinq annĂ©es, de 2010 Ă  2015. Il est aussi soupçonnĂ© d'avoir participĂ© Ă  une minoration similaire d'Ă©moluments de C. Ghosn de 2015 Ă  2018[13]. Dans un entretien au mensuel japonais BungeishunjĆ«, il dit avoir dĂ©couvert le montage en octobre 2018 et a impliquĂ© le directeur gĂ©nĂ©ral de Nissan, Hiroto Saikawa. Il nie sa qualitĂ© de « bras droit » de C. Ghosn, prĂ©cisant qu'il ne faisait pas partie du comitĂ© exĂ©cutif de Nissan[14].

ProcĂšs - M. Kelly a refusĂ© de plaider coupable et risque jusqu’à dix ans de prison[15]. Son procĂšs s'est ouvert Ă  Tokyo le et doit durer dix mois. Greg Kelly plaide non-coupable[16]. Toshiaki Ohnuma et Hari Nada y ont Ă©tĂ© entendus[17] - [18]. Le 2 mars 2022, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  six mois de prison avec sursis. Le groupe Nissan qui plaidait coupable a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  une amende de 200 millions de yens[19].

Soupçon d'emploi fictif d'une sƓur

Habitant au BrĂ©sil, prĂ©sidente de la chambre du commerce Ă  Rio de Janeiro, la sƓur aĂźnĂ©e de M. Ghosn, Claudine Bichara de Oliveira, Ă©tait chargĂ©e, depuis mars 2013, de conseiller Nissan sur les « donations » que le groupe effectue et « apporter des conseils Ă  l'attention d'un comitĂ© consultatif des dons ». Dans une lettre en date de mars 2003, ne mentionnant pas leur lien de parentĂ©, le PDG de l’Alliance Renault-Nissan l’informe de son nouveau titre de « conseillĂšre » au sein d’un « global donation advisory council ». Or cette structure n'aurait jamais existĂ© selon Nissan, crĂ©ant ainsi un soupçon d'emploi fictif. Pour effectuer ce travail, elle Ă©tait payĂ©e environ 50 000 dollars par an[20]. Elle a reçu Ă  plusieurs reprises des primes pouvant aller jusqu'Ă  60 000 dollars. Sa rĂ©munĂ©ration a ainsi pu s'Ă©lever certaines annĂ©es Ă  110 000 dollars. De 2003 Ă  2016, Claudine Bichara de Oliveira aurait ainsi touchĂ© au total de 755 000 dollars (660 000 euros) Ă  1,7 million de dollars entre mars 2003 et novembre 2016[21].

Le , Nissan a ainsi porté plainte contre Claudine Oliveira devant un tribunal au Brésil pour enrichissement abusif[22] et au travers de rétro-commissions occultes en Inde et au Brésil[23].

Résidences au Brésil et au Liban

À partir de 2013, un audit comptable et financier a exprimĂ© des doutes sur l'achat de rĂ©sidences de luxe au Liban et au BrĂ©sil mises Ă  la disposition de Ghosn, et effectuĂ© Ă  travers une filiale de Nissan Zi-A Capital BV, basĂ©e Ă  Amsterdam dont les membres du conseil d'administration Ă©taient Ghosn et Greg Kelly, et dont le capital de 53 millions de dollars Ă©tait fait pour effectuer des investissements dans des entreprises de capital-risque. Cette filiale a achetĂ© des propriĂ©tĂ©s de luxe Ă  Rio de Janeiro et Ă  Beyrouth par l’intermĂ©diaire d’une sous-filiale Ă©tablie dans les Ăźles Vierges britanniques, un paradis fiscal, puis les a mises Ă  la disposition exclusive du dirigeant de Nissan[24].

Carlos Ghosn est soupçonnĂ© d'abus de biens sociaux[25] (utilisation de biens de l’entreprise Ă  des fins personnelles, notamment afin de rĂ©nover des villas lui appartenant aux Pays-Bas, en France, au Liban et au BrĂ©sil[26]).

Nissan fait saisir l'appartement mis Ă  la disposition du dirigeant Ă  Rio de Janeiro ainsi que les biens et collections d'Ɠuvres d'art s'y trouvant alors que la famille de Ghosn cherche Ă  en faire retirer « photographies personnelles, bijoux, montres et livres », ouvrant un second front judiciaire[27].

Autres dépenses indues

La plainte de Nissan mentionne Ă©galement des donations Ă  des universitĂ©s libanaises et une demande de paiement d’un abonnement de yacht-club au BrĂ©sil d’une valeur de quelque 63 000 dollars (environ 55 000 euros) en 2014[1].

DĂ©fense

Pour sa dĂ©fense, Ghosn engage Motonari Otsuru, ex-procureur de Tokyo devenu avocat, et pour dĂ©fendre ses biens personnels, il engage le cabinet new-yorkais Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison LLP[28]. Le 13 fĂ©vrier 2019, Motonari Otsuru[29]est remplacĂ© par Jun'ichirƍ Hironaka (ja), surnommĂ© « l'Innocenteur », ou « le Rasoir », pour sa capacitĂ© Ă  tailler l'accusation en piĂšces. Ce dernier adopte une stratĂ©gie radicalement diffĂ©rente de son prĂ©dĂ©cesseur et formule une troisiĂšme demande de libĂ©ration sous caution, se disant confiant[30].

Carole Ghosn

La justice japonaise a interrogé l'épouse de Carlos Ghosn, Carole Ghosn, présumant qu'une partie des sommes détournées par Ghosn aurait transité par son entremise[31]. Elle a été entendue par la justice japonaise le 11 avril 2019[32]. Les autorités japonaises lui ont confisqué un de ses passeports et son téléphone[33] - [34] - [35]. Carole Ghosn a cependant gardé son passeport américain, car elle a également la citoyenneté américaine, ce qui lui a permis de quitter le territoire japonais.

Carole Ghosn serait associĂ© de la sociĂ©tĂ© “Beauty Yacht PTY”, enregistrĂ©e aux Îles Vierges britanniques. Cette sociĂ©tĂ© a acquis le yacht de 37 mĂštres appelĂ© « Shachou » pour douze millions de dollars. Son nom « Shachou » signifie « patron » en japonais). Shachou est un yacht Navetta 37 construit par le chantier Custom Yachts Ă  AncĂŽne (Italie), pouvant accueillir dix passagers et nĂ©cessitant un Ă©quipage de sept marins. C’est Ă  propos de Beauty Yacht PTY que Carole Ghosn a Ă©tĂ© entendue Ă  Tokyo le . Beauty Yacht PTY aurait bĂ©nĂ©ficiĂ© de transferts de fonds suspects via le concessionnaire Nissan au sultanat d'Oman[36].

Carole Ghosn est Ă©galement suspectĂ© de subornation et de faux-tĂ©moignage par le procureur de Tokyo[37]. le parquet de Tokyo a Ă©mis un mandat d’arrĂȘt Ă  l’encontre de Carole Ghosn en janvier 2020[38].

Soupçons d'Ă©ventuelle initiative d'Intelligence Économique

Lors de l'arrestation de Carlos Ghosn, les médias du monde relaient les différentes accusations contre le PDG déchu. Certains anciens dirigeants s'interrogent également sur l'idée d'une initiative d'intelligence économique (renseignement économique), visant Carlos Ghosn pour protéger Nissan. Plusieurs médias, dont Bertille Bayart du Figaro, spécialiste ayant écrit un livre sur cette affaire, de journalistes d'investigation de Bloomberg, et d'autres anciens consultants en intelligence économique évaluent la possibilité d'une initiative de ce genre comme trÚs probable et évidente. En complément du volet de malversations supposées dont l'ex-dirigeant est soupçonné d'avoir pris part, plusieurs éléments, au fil des mois, conduiront à une évidente destitution du PDG aux trois passeports, sur les éléments suivants :

  • tout d'abord, Nissan fait ressentir une peur bleue d'une fusion fortement souhaitĂ©e par son partenaire français Renault, et son actionnariat public : le ministĂšre des finances français. Certains dirigeants lancent une enquĂȘte clandestine, en admettant Ă  demi mot la prĂ©sence de nationalistes[39] au sein du constructeur,
  • ensuite, une enquĂȘte opaque, clandestine, menĂ©e par des opposants Ă  une fusion, dans l'objectif Ă©tabli par preuves (courriers Ă©lectroniques et mĂ©mos) de faire dĂ©missionner Carlos Ghosn ou d'empĂȘcher le PDG d'une maniĂšre ou d'une autre[40]. Un piratage discret de sa boite de courrier Ă©lectronique sera effectuĂ© via l'entreprise Wavestone[41],
  • enfin, le harcĂšlement du PDG destituĂ© par espionnage quotidien, mais Ă©galement de certains membres de Nissan jugĂ©s comme Ă©tant fidĂšle au dirigeant dĂ©chu, mais Ă©galement au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de Nissan Ravinder Passi, et leurs familles. Des mĂ©thodes ressemblant aux services secret, selon ce dernier, sont employĂ©es par des Ă©quipes au service de Nissan, pour ramener des preuves contre le PDG dĂ©chu.

Ces points prĂ©cĂ©dents sont expliquĂ©s plus en dĂ©tail dans le livre d'enquĂȘte de Bertille Bayart, sur plusieurs articles du Figaro[40] , de l'agence Bloomberg[41], et d'autres consultants en intelligence Ă©conomique[42], ayant longuement Ă©tudiĂ© l'affaire. En complĂ©ment, l'ancien SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de Nissan Ravinder Passi, britannique ayant passĂ© seize ans chez le constructeur automobile, dĂ©taille Ă  l'agence Bloomberg[43] les rĂ©actions disproportionnĂ©es, qualifiables selon lui de « mĂ©thodes de contre-espionnage », lorsqu'il a tentĂ© de faire part d'interrogations sur l'enquĂȘte interne, auprĂšs du Conseil d'Administration.

Procédure japonaise

Carlos Ghosn a plaidé non-coupable à tous les chefs d'accusation japonais qui pÚsent sur lui. Ses avocats dénoncent de supposées irrégularités contenues dans la procédure[44] (dissimulation de preuves, collusion, saisies illégales). Selon eux, « une task-force s'est constituée contre l'ancien PDG de Renault-Nissan dans le but de lui imputer des fautes et de l'évincer »[45].

AprĂšs plusieurs rejets, le tribunal de Tokyo autorise la libĂ©ration sous caution de Ghosn le [46]. Il n'est pas autorisĂ© Ă  quitter le Japon et tous ses dĂ©placements en dehors du logement qu'il a indiquĂ© aux autoritĂ©s japonaises devront ĂȘtre soumis Ă  une autorisation du juge. Ghosn n'a pas non plus le droit de communiquer avec des parties prenantes Ă  l'affaire[47].

DĂ©but avril 2019, le parquet de Tokyo envisage de nouvelles poursuites contre Ghosn[48] - [49].

Les relations avec Nissan

L'arrestation intervient dans un contexte de tension croissante entre Nissan et Renault. Ces tensions auraient commencĂ© en 2015 avec l'augmentation des parts de l'État français dans le capital de Renault[50]. En 2018, Ghosn Ă©tait favorable Ă  une renĂ©gociation de l'Alliance avec une fusion Nissan-Renault. Le directeur gĂ©nĂ©ral de Nissan M. Saikawa avait publiquement annoncĂ© en mai 2018, que la fusion n’était pas d’actualitĂ©[51] - [52].

En novembre 2019, le directeur gĂ©nĂ©ral de Nissan, Hiroto Saikawa a demandĂ© au conseil d'administration de Nissan de dĂ©choir M. Ghosn de ses fonctions d'administrateur et de prĂ©sident[53]. Le , lors d'un entretien accordĂ© au quotidien Ă©conomique Nikkei, M. Ghosn a soutenu que les dirigeants de Nissan orchestrent un complot contre lui, une mise en accusation rejetĂ©e par Nissan le mĂȘme jour[54] - [55] - [56].

Hiroto Saikawa a Ă©galement profitĂ© de ce systĂšme pour un gain brut estimĂ© Ă  96,5 millions de yens (815 000 euros). Il a Ă©galement Ă©tĂ© mis en cause par M. Greg Kelly. Carlos Ghosn, Hiroto Saikawa, directeur gĂ©nĂ©ral, et Greg Kelly Ă©taient les trois administrateurs de Nissan Ă  ĂȘtre Ă©galement mandataire social.

La sociĂ©tĂ© Nissan est Ă©galement mise en examen mais pourrait bĂ©nĂ©ficier de sanctions rĂ©duites car c'est elle qui a alertĂ© le parquet. Elle bĂ©nĂ©ficie ainsi de la nouvelle procĂ©dure japonaise de « plaider-coupable », mise en place Ă  l’étĂ© 2018[1].

Le , Nissan a portĂ© plainte devant le tribunal civil de Yokohama pour rĂ©clamer dix milliards de yens (90 millions de dollars ou 83,4 millions d'euros) de dommages et intĂ©rĂȘts Ă  Carlos Ghosn. Nissan a Ă©valuĂ© cette raclamation en ajoutant des «paiements frauduleux», des frais liĂ©s Ă  l'achat et Ă  l'utilisation de propriĂ©tĂ©s Ă  l'Ă©tranger, «l'utilisation privĂ©e d'avions de la compagnie», les paiements de son avocat au Liban ou encore des «paiements Ă  sa sƓur»[57].

En 2019, Nissan a acceptĂ© de payer une amende de 2,4 milliards de yens (prĂšs de 20 millions d’euros) Ă  l’Agence des services financiers (FSA) japonaise pour la non-dĂ©claration des paiements diffĂ©rĂ©s de Carlos Ghosn, comme la loi japonaise l'exigeait.

Dans un accord avec la SEC amĂ©ricaine sur le mĂȘme dossier, Nissan a payĂ© quinze millions de dollars US (12,5 millions d’euros), Carlos Ghosn un million de dollars et Greg Kelly 100 000 dollars[16].

Les relations avec Mitsubishi

Le , l'assemblée générale de Mitsubishi Motors vote pour acter la destitution de Carlos Ghosn du conseil d'administration de l'entreprise[58] - [59]. AprÚs cette décision, Carlos Ghosn n'a officiellement plus aucune fonction[60].

L'Ă©vasion du Japon

Le , Carlos Ghosn est libĂ©rĂ© par la justice japonaise en l'Ă©change d'une caution[61]. Il est assignĂ© Ă  rĂ©sidence, avec interdiction de quitter le Japon et il doit demander l'autorisation Ă  la justice afin d'entrer en contact avec son Ă©pouse[62] - [63]. Sous le coup de quatre inculpations au Japon pour malversations financiĂšres, Carlos Ghosn a Ă©tĂ© assignĂ© Ă  rĂ©sidence Ă  Tokyo dans l’attente de son procĂšs. Il pouvait sortir librement et faire des voyages de moins de 72 heures au Japon sans demander une autorisation du tribunal. Des agents d’une sociĂ©tĂ© privĂ©e auraient Ă©tĂ© mandatĂ©s par Nissan pour le suivre en permanence. L'entrĂ©e et la sortie de sa villa Ă©taient surveillĂ©es par camĂ©ra par la police pour Ă©viter son dĂ©part Ă  l'Ă©tranger[64].

Le déroulement

Carlos Ghosn s'enfuit clandestinement du Japon le Ă  bord d'un avion privĂ© en provenance de Turquie, et atterrit Ă  Beyrouth, au Liban, oĂč il retrouve son Ă©pouse. Carlos Ghosn perd ainsi la caution de 1,5 milliard de yens (plus de 12 millions d’euros) payĂ©e en deux fois[38].

Certains mĂ©dias annoncent que Carlos Ghosn a organisĂ© un concert de NoĂ«l chez lui, avec des personnes se faisant passer pour des musiciens lui ayant permis de se cacher dans une malle parmi celles destinĂ©es aux instruments musicaux et au matĂ©riel de sonorisation avant d'ĂȘtre emmenĂ© dans une camionnette. Cependant, d'autres sources indiquent que les camĂ©ras de surveillance de sa rĂ©sidence l'ont montrĂ© quitter son domicile seul. RetrouvĂ© par les enquĂȘteurs turcs, ce caisson Ă©tait percĂ© de petits trous pour lui permettre de respirer. Le contrĂŽle aux rayons X des bagages n’est pas obligatoire au Japon pour les jets privĂ©s car ils sont moins exposĂ©s aux risques de bombe ou de prise d’otages, contrairement aux avions de ligne.

Le , Carlos Ghosn aurait pris un train Shinkansen de Tokyo Ă  Osaka, accompagnĂ© de plusieurs personnes. En fin de soirĂ©e, Carlos Ghosn aurait rejoint en taxi un hĂŽtel prĂšs de l’aĂ©roport international du Kansai, au sud d'Osaka.

C'est un jet privĂ© Bombardier Global Express, immatriculĂ© TC-TSR, qui a transportĂ© Carlos Ghosn d’Osaka Ă  Istanbul. Il appartient Ă  la sociĂ©tĂ© malgache Trans Ocean Airways (TOA), filiale du groupe Sodiat, dont le prĂ©sident est Maminiaina Ravatomanga, dit « Mamy », citĂ© dans les Panama Papers et intime du prĂ©sident malgache Andry Rajoelina. En France, Maminiaina Ravatomanga fait l'objet d’une enquĂȘte prĂ©liminaire du Parquet national financier (PNF), pour « blanchiment de fraude fiscale »[65]. L'avion a Ă©tĂ© affrĂ©tĂ© par la sociĂ©tĂ© turque MNG Jet. Le vol a Ă©tĂ© payĂ© par un premier virement de 175 000 dollars du de la sociĂ©tĂ© Al-Nitaq Al-Akhdhar General Trading de son compte de la filiale de DubaĂŻ de la banque amĂ©ricaine Citibank. La sociĂ©tĂ© Al-Nitaq Al-Akhdhar General Trading apparaĂźt dans les registres de fournisseurs d’équipements militaires civils reconnus par le dĂ©partement de la dĂ©fense amĂ©ricain (DoD) et dispose d’une adresse Ă  Bagdad et Ă  DubaĂŻ. À DubaĂŻ, Al-Nitaq Al-Akhdhar General Trading est enregistrĂ©e dans la zone franche Jebel Ali, offrant les avantages d'un paradis fiscal. Le contrat de 350 000 dollars entre Al-Nitaq Al-Akhdhar General Trading et MGN Jet a Ă©tĂ© signĂ© le par M. Ross Allen et contresignĂ© par un employĂ© de MGN Jet incarcĂ©rĂ© en Turquie. Le second versement de 175 000 dollars n’aurait pas Ă©tĂ© rĂ©glĂ© Ă  MGN Jet[66]. Les sociĂ©tĂ©s TOA et MNG Jet ont dĂ©menti toute implication. MNG Jet a mis en cause un de ses salariĂ©s qui aurait falsifiĂ© des documents de voyage et a portĂ© plainte pour « utilisation illĂ©gale de ses services d’aviation privĂ©e »[65].

Le , le Bombardier Global Express TC-TSR a dĂ©collĂ© d’Antananarivo pour rejoindre DubaĂŻ. Il est reparti le mĂȘme jour de DubaĂŻ vers Osaka. À bord de l’avion, de Osaka Ă  DubaĂŻ, se trouvaient Michael Taylor, ancien membre des forces spĂ©ciales amĂ©ricaines et le libanais George-Antoine Zayek, tous les deux filmĂ©s Ă  l'aĂ©roport de Istanbul[67]. L'avion arrive Ă  Istanbul en Turquie le . Un avion Bombardier Challenger 300 immatriculĂ© TC-RZA a ensuite transportĂ© Carlos Ghosn de Istanbul Ă  Beyrouth au Liban.

Les suites judiciaires

Le 13 fĂ©vrier 2021, la Cour suprĂȘme des États-Unis a autorisĂ© l'extradition vers le Japon de Michael Taylor et son fils Peter Taylor[68].

Le volet libanais

La procédure libanaise

Le Japon et le Liban sont tous deux membres d'Interpol. Il n'existe en revanche aucun accord d'extradition entre le Japon et le Liban, qui ne livre pas ses ressortissants. Le Japon rĂ©clame son extradition par le Liban, qui rĂ©clame pour sa part le transfert de son dossier juridique en vue d'un procĂšs au Liban. En effet, des poursuites et un procĂšs peuvent cependant ĂȘtre menĂ©s sur le sol libanais, si le dossier est transmis Ă  la justice libanaise. Le , une notice rouge venant d'Interpol visant Carlos Ghosn est reçue par le Liban. Le parquet gĂ©nĂ©ral libanais lui a interdit le de quitter le territoire libanais[69].

Phoinos et GFI

Phoinos Investment et GFI font partie d’un ensemble de quarante sociĂ©tĂ©s Ă©crans de la nĂ©buleuse Nissan.

La sociĂ©tĂ© Phoinos est dĂ©tenue par la sociĂ©tĂ© Nissan Zi-A Capital, filiale de Nissan immatriculĂ©e aux Pays-Bas. Elle est enregistrĂ©e Ă  l’adresse du cabinet de l’avocat de Fadi Gebran, proche de Carlos Ghosn et dĂ©cĂ©dĂ©. Phainos a achetĂ© pour 9,5 millions de dollars puis rĂ©novĂ© pour sept millions de dollars la rĂ©sidence Ă  Beyrouth de Carlos Ghosn.

“Good Faith Investments” (GFI) est une autre sociĂ©tĂ© libanaise sous investigation. Selon les registres du commerce libanais, un directeur gĂ©nĂ©ral de la concession de Renault Ă  Oman et deux actionnaires minoritaires seraient Ă  la tĂȘte de GFI. C’est par la sociĂ©tĂ© Good Faith Investment qu’auraient transitĂ© des fonds en provenance d’Oman. Une somme de quinze millions de dollars aurait Ă©tĂ© virĂ© par une filiale de Nissan au Moyen-Orient Ă  la sociĂ©tĂ© Suhail Bahwan Automobiles, distributeur Nissan Ă  Oman. Cette entreprise aurait ensuite transfĂ©rĂ© des fonds au Liban via GFI.

Ces fonds occultes aurait Ă©tĂ© investis dans deux affaires familiales des Ghosn : celle du fils, Anthony Ghosn la start-up Shogun basĂ©e en Californie et celle de l’épouse, Carole Ghosn Beauty Yacht PTY. Beauty Yacht PTY est basĂ©e aux Îles Vierges britanniques et a acquis un yacht de douze millions de dollars, probablement utilisĂ© par la famille Ghosn. C’est Ă  propos de Beauty Yacht PTY que Carole Ghosn a Ă©tĂ© entendue Ă  Tokyo le [36].

Maison de Beyrouth

Nissan estime que Carlos Ghosn occupe indûment une maison louée par Nissan à Achrafieh à Beyrouth. Cette maison est enregistrée au nom de Nissan auprÚs du cadastre libanais. Carlos Ghosn s'y est installé fin décembre 2019, aprÚs sa fuite du Japon. Nissan a déposé plainte en novembre 2018, devant la justice libanaise. Le , une audience se tiendra à Beyrouth pour traiter cette plainte[70].

Volet aux Pays-Bas

Renault-Nissan BV

Renault-Nissan BV (RNBV) est la sociĂ©tĂ© holding coiffant l'alliance de Renault et de Nissan, immatriculĂ© Ă  Amsterdam aux Pays-Bas. Il s'agit d'une sociĂ©tĂ© holding n’ayant pas d'activitĂ© propre et pas de salariĂ©. Jean-Dominique Senard, nouveau prĂ©sident de Renault, a mis cette entitĂ© en sommeil au profit d’un conseil de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Carlos Ghosn est soupçonnĂ© au Japon, aux États-Unis ou en France, d'avoir dĂ©tournĂ© Ă  son profit plus de 40 millions d’euros de l’Alliance Renault-Nissan (RNBV) par un rĂ©seau de sociĂ©tĂ©s-Ă©crans et de montages financiers au Liban, au BrĂ©sil, aux Pays-Bas ou dans les Ăźles Vierges britanniques.

Un audit du cabinet Mazars, aidĂ© par le cabinet nĂ©erlandais Vandorne, a rĂ©vĂ©lĂ© dans un rapport de 300 pages 11 millions d’euros de dĂ©penses non justifiĂ©es chez RNBV entre 2009 et 2018. L’audit de Mazars rĂ©vĂšle 11 millions d’euros de dĂ©penses personnelles au profit de l’ex-PDG, en particulier des dons Ă  des organismes Ă  but non lucratif, voyages personnels avec les avions de la sociĂ©tĂ©, montre Cartier et bijoux, invitations personnelles au Festival de Cannes. Le CA de Renault en a Ă©tĂ© informĂ© le 4 juin 2019 et un exemplaire du rapport a Ă©tĂ© transmis au parquet de Nanterre et au parquet national financier (PNF)[71]. Le rapport Mazars souligne le faible contrĂŽle financier de Renault et Nissan sur leur filiale commune dont le budget est passĂ© de 30 millions d’euros en 2009 Ă  98,2 millions en 2018[72].

Voyages en avion

5,14 millions d'euros concernent 38 dĂ©placements personnels en jet privĂ© de Carlos Ghosn et ses proches, pour 276 heures de vol (13 600 euros l'heure de vol), rĂ©glĂ©s par la sociĂ©tĂ© RNBV entre 2015 et novembre 2018. Des vols effectuĂ©s dans l'avion de Renault-Nissan BV, un Gulfstream G650 immatriculĂ© N155AN acquis en 2015 pour 67 millions de dollars ou dans un appareil louĂ© Ă  VistaJet (en), sociĂ©tĂ© europĂ©enne de location d'appareils de luxe. Le couple Ghosn a plusieurs fois atterri non loin de ports oĂč mouillait le yacht Shachou. Par exemple, Ă  Naples en juin 2017, aux BalĂ©ares Ă  l'Ă©tĂ© 2018, prĂšs du muillage du yacht Shachou. Les nombreux vols pour Beyrouth contrastent avec la faible activitĂ© de RNBV dans cette zone, avec parking du jet Ă  Larnaca (Chypre). Il en est de mĂȘme pour les destinations exotiques, comme Puerto Plata (RĂ©publique dominicaine), Porto Seguro, au BrĂ©sil, Maldonado (Uruguay), Palerme (Sicile), Bodrum (Turquie), Tivat (MontĂ©nĂ©gro), Zagora (Maroc), Whistler (Canada) et Knoxville (Tennessee), oĂč les Ghosn se rĂ©unissent dans l'hĂŽtel de luxe Blackberry Farm. La famille Ghosn a Ă©galement utilisĂ© le jet pour passer Ă  Rio de Janeiro le NoĂ«l 2016. L'avion de RNBV a Ă©galement transportĂ© la famille Ghosn pour le mariage de Caroline Ghosn, fille de C. Ghosn, en juillet 2018 dans l'Ăźle de Naoshima au Japon et la remise de diplĂŽme d'Anthony Ghosn Ă  l'UniversitĂ© Stanford de Palo Alto (Californie)[73] - [72].

Honoraires

Renault-Nissan BV a Ă©galement distribuĂ© 20 millions d’euros par an d'honoraires, en particulier Ă  Rachida Dati et Alain Bauer. Maitre Jean-Paul Baduel, avocat d’une actionnaire de Renault depuis 2006, a dĂ©posĂ© une plainte en avril 2019 pour corruption et abus de biens sociaux.

DĂ©putĂ© europĂ©enne et avocate depuis fĂ©vrier 2010, Rachida Dati a Ă©tĂ© rĂ©munĂ©rĂ© 900 000 euros d’honoraires entre 2010 et 2012 sur trois ans pour conseiller l’Alliance Renault-Nissan sur son dĂ©veloppement au Maghreb et au Proche-Orient. Le rapport du cabinet Mazars s’interroge sur les factures non dĂ©taillĂ©es Ă©mises par l’avocate et l’absence de rapport annuel sur ses activitĂ©s. Ses bureaux ont Ă©tĂ© perquisitionnĂ©s fin 2019 par les trois juges d’instruction du PNF. Mme Dati a portĂ© plainte pour dĂ©nonciation calomnieuse en juin 2019[72].

Le criminologue Alain Bauer est mandatĂ© en 2011 pour auditer la direction de la sĂ©curitĂ© de Renault aprĂšs l'affaire des espions. À ce mandat initial de 150 000 euros, suivront d'autres missions en Russie ou au Maroc[74]. Un million d'euros d’honoraires ont Ă©tĂ© perçus par sa sociĂ©tĂ© entre 2012 et 2016. Alain Bauer dit ĂȘtre intervenu auprĂšs de Renault Ă  la demande de l’État aprĂšs l’affaire dite des «faux espions» de Renault. Il aurait aidĂ© Ă  restructurer la direction de la sĂ©curitĂ© et de la conformitĂ© de Renault[72].

Les 15 ans de Renault-Nissan Ă  Versailles

Le 9 mars 2014, un diner-Ă©vĂ©nement est organisĂ© par Nissan BV pour 636 000 euros dans la galerie des Batailles du ChĂąteau de Versailles pour fĂȘter les 15 ans de l’alliance entre Renault et Nissan, la veille des 60 ans de M. Ghosn. Une vidĂ©o de l'Ă©vĂšnement a Ă©tĂ© mise en ligne en 2019. Sur les 154 invitĂ©s, 94 Ă©taient des membres de la famille ou des amis personnels de Carlos Ghosn : hommes d'affaires libanais, gouverneurs d'État brĂ©siliens et des sĂ©nateurs amĂ©ricains ; 24 avaient un lien professionnel direct avec Renault ; 3 Ă©taient des dirigeants de Renault-Nissan, dont Cherie Blair (membre du Conseil d'administration de Renault) accompagnĂ© de son mari Tony Blair et deux autres dirigeants de l'Alliance RNM[75] - [76].

Invitations au Carnaval de Rio

Renault-Nissan BV a Ă©galement rĂ©glĂ© l’invitation par M. Ghosn de huit couples d’amis au carnaval de Rio 2018 pour 210 000 euros[74]. Du 9 au 10 fĂ©vrier 2018, les Ă©poux Ghosn ont invitĂ© 8 couples d'amis au carnaval de Rio au BrĂ©sil pour 210 000 euros de frais de sĂ©jour, payĂ©s par Nissan BrĂ©sil et refacturĂ©s Ă  RNBV. Parmi eux, Mario Saradar, le prĂ©sident d'une banque libanaise, dont Carlos Ghosn dĂ©tient prĂšs de 5%; Misbah Ahdab, dĂ©putĂ© libanais ; Khalil Daoud, prĂ©sident de la LibanPostPoste libanaise, Harry B. Macklowe, promoteur immobilier, un dirigeant de hedge fund ami d'Ă©cole de M. Ghosn, un professeur Ă©crivain de New-York, une aristocrate italienne. Un contrat spĂ©cifique a Ă©tĂ© passĂ© pour les accĂšs VIP au carnaval, au prix de 47 000 euros annuels supplĂ©mentaires[75] - [77].

Invitations au Festival de Cannes

Entre 2015 et 2018, RNBV a payé 1,716 million d'euros des séjours au Festival de Cannes avec son épouse Carole et des amis, comportant un séjour à l'HÎtel du Cap-Eden-Roc[75].

Donations

RNBV a Ă©galement payĂ© 2 millions d'euros de donations au nom de Carlos Ghosn Ă  des Ă©tablissements scolaires ou universitaires libanais. Il s'agit en particulier de l’universitĂ© amĂ©ricaine de Beyrouth (AUB), de l’universitĂ© Saint-Joseph et du collĂšge Notre-Dame-de-Jamhour, que M. Ghosn a frĂ©quentĂ©[72].

Montre

Une montre Cartier aurait Ă©tĂ© achetĂ©e pour 24 000 euros en 2010 avec une carte professionnelle de Caros Ghosn[75].

Avocat mystĂšre

L’avocat libanais Carlos Abou-Jaoude assure la dĂ©fense de Carlos Ghosn en 2020. Il a coordonnĂ© l'Ă©quipe d'avocats qui a gĂ©rĂ© le divorce avec sa premiĂšre femme. De 2013 et 2017, le cabinet de Carlos Abou Jaoude a Ă©tĂ© payĂ© 900 100 euros par RNBV (156 600 euros en 2013, 174 300 euros en 2014, 192 900 euros en 2015, 192 800 euros en 2016, 183 800 euros en 2017). Cependant, les auditeurs du cabinet Mazars ne trouvent trace de son travail pour RNBV[78].

Nissan Zi-A Capital BV

Nissan Zi-A Capital BV est une filiale de Nissan basĂ©e Ă  Amsterdam aux Pays-Bas. Les membres du conseil d'administration comportent Carlos Ghosn et Greg Kelly. Le capital de 53 millions de dollars Ă©tait conçu pour effectuer des investissements dans des entreprises de capital-risque. Cette filiale a achetĂ© des propriĂ©tĂ©s de luxe Ă  Rio de Janeiro et Ă  Beyrouth par l’intermĂ©diaire d’une sous-filiale Ă©tablie dans les Ăźles Vierges britanniques et les a mises Ă  la disposition exclusive de M. Ghosn. À partir de 2013, un audit comptable et financier de Nissan a exprimĂ© des doutes sur la destination de ces rĂ©sidences de luxe au Liban et au BrĂ©sil et leur mise Ă  la disposition de M. Ghosn[24].

Rémunération de NMBV

NMBV a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en juin 2017 Ă  Amsterdam et regroupe Nissan et Mitsubishi. Carlos Ghosn en fut administrateur, aux cĂŽtĂ©s des dirigeants de Nissan et de Mitsubishi, et Ă©galement directeur gĂ©nĂ©ral (CEO). Carlos Ghosn aurait reçu de NMBV une rĂ©munĂ©ration de plus de 7 millions d’euros en 2018, sans approbation des directeurs gĂ©nĂ©raux de Nissan (Hiroto Saikawa) et Mitsubishi Motors (Osamu Masuko). Ces trois directeurs ne devaient pas recevoir de bonus de cette nouvelle entitĂ©. En fĂ©vrier 2018, Carlos Ghosn serait devenu, seul des trois, salariĂ© de NMBV. Cela lui a permis de recevoir un bonus d’embauche de 1,46 million d’euros et un salaire annuel de 5,82 millions d’euros[1].

Le 18 janvier 2019, les groupes automobiles japonais Nissan et Mitsubishi (NMBV) ont annoncĂ© vouloir le remboursement de cette somme. En fĂ©vrier 2020, un procĂšs Ă  Amsterdam a rĂ©vĂ©lĂ© les conditions dans lesquelles ces 7,8 millions ont Ă©tĂ© versĂ©s Ă  Carlos Ghosn par NMBV[79].

Patrick Pelata

Patrick PĂ©lata, ancien directeur gĂ©nĂ©ral de Renault, a quittĂ© cette sociĂ©tĂ© Ă  la suite de l'affaire des faux espions en 2012. En aoĂ»t 2015, il a signĂ© un contrat avec Carlos Ghosn et RNBV sur 110 jours de conseils par an pour 550 000 euros, soit 5 000 euros la journĂ©e. Il a ainsi acquis la somme de 922 000 euros en trois ans et demi. Patrick PĂ©lata est en 2020 prĂ©sident de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Meta Consulting et administrateur de Orano (ex-Areva), Safran et Vulog[80].

Procédures aux Pays-Bas

Carlos Ghosn s'estime victime d'un renvoi illégal et réclame 15 millions d'euros d'indemnités à Nissan et Mitsubishi Motors aux Pays-Bas, les accusant d'avoir enfreint le code du travail de ce pays[57].

Le volet français

En France, Carlos Ghosn fait l'objet de deux enquĂȘtes pĂ©nales et d’un contrĂŽle fiscal pour sa domicilation fiscale aux Pays-Bas, qui nĂ©cessite 180 jours de rĂ©sidence dans ce pays. Une information judiciaire a Ă©tĂ© ouverte le contre X pour abus de biens sociaux, abus de bien sociaux aggravĂ©s, abus de confiance aggravĂ©s, recel de ces infractions, faux et usage de faux, blanchiment aggravĂ© d’abus de biens sociaux et d’abus de confiance aggravĂ©s.

EnquĂȘte fiscale

Carlos Ghosn est rĂ©sident fiscal nĂ©erlandais depuis juillet 2012. Pour cela, il doit y rĂ©sider 180 jours par an. L'administration fiscale française a lancĂ© Ă  l'Ă©tĂ© 2019 un contrĂŽle fiscal sur ce point. À titre conservatoire, il a saisi en juillet 2019 13 millions d’euros de biens en France, comportant un appartement dans le 16e arrondissement de Paris, une maison Ă  L'Étang-la-Ville (Yvelines) et un compte bancaire contenant ses actions chez Renault[81].

La procédure judiciaire française

Le Parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire pour « corruption, abus de biens sociaux et trafic d’influence ». Trois juges d’instruction spĂ©cialisĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s et enquĂȘtent sur de dĂ©penses de onze millions d’euros de la holding hollandaise Renault-Nissan BV gĂ©rant l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi (voir « Renault-Nissan BV » dans « volet aux Pays-Bas »).

Des magistrats du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) se sont dĂ©jĂ  dĂ©placĂ©s deux fois Ă  Beyrouth au Liban oĂč rĂ©side Carlos Ghosn. En fĂ©vrier 2002, ils y ont auditionnĂ© deux tĂ©moins. En juin 2021, ils ont procĂ©dĂ© Ă  l'audition de Carlos Ghosn pendant cinq jours[82].

Le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) a Ă©mis le 22 avril 2022 un mandat d'arrĂȘt international Ă  l'encontre de Carlos Ghosn dans le cadre d'une enquĂȘte pour abus de biens sociaux et blanchiment. La justice française s'intĂ©resse un transfert d'argent de 15 millions d'euros entre l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et un distributeur du constructeur automobile français Ă  Oman "Suhail Bahwan Automobiles" (ou SBA), sous le prĂ©texte de "primes de performance". 4 autres mandats d'arrĂȘt internationaux intĂ©ressent les propriĂ©taires actuels ou d'ex-dirigeants de la sociĂ©tĂ© SBA. Ils concernent Suhail Bahwan, propriĂ©taire de SBA Ă  Oman, de deux de ses fils et de l’ancien directeur gĂ©nĂ©ral de SBA. Suhail Bahwan est une des grandes fortunes du Moyen-Orient (Forbes: 2,6 milliards d’euros en 2022). Sa fille Hind Bahwan est prĂ©sidente de l’Association d’amitiĂ© franco-omanaise et chevalier de la LĂ©gion d’honneur, dĂ©corĂ© par l’ambassadeur de France Ă  Oman[83].

Selon un audit interne de Renault de 2019, Carlos Ghosn pourrait avoir perçu des versements de SBA par l’intermĂ©diaire de la sociĂ©tĂ©-Ă©cran "Good Faiths Investments". Une partie de cet argent aurait servi Ă  l’achat d’un yacht de 40 mĂštres, appartenant Ă  la sociĂ©tĂ© "Beauty Yacht PTY" dĂ©tenue par son Ă©pouse Carole Ghosn[83].

La justice française enquĂȘte Ă©galement sur deux autres affaires: d'une part, deux soirĂ©es personnelles (mariage et anniversaire) organisĂ©es Ă  Versailles par Carlos Ghosn, grĂące Ă  une convention de mĂ©cĂ©nat entre Renault et le chĂąteau de Versailles; d'autre part des prestations de conseil conclues en 2019 par la sociĂ©tĂ© de droit nĂ©erlandais Renault-Nissan BV (RNBV) avec Rachida Dati et Alain Bauer. Ces derniers nient l’irrĂ©gularitĂ© de ces contrats. Ils ont Ă©tĂ© placĂ©s sous le statut de tĂ©moin assistĂ©[83].

Les relations avec le gouvernement français et Renault

Le 20 novembre 2018, au lendemain de son arrestation, le gouvernement français acte son impossibilité de fait à gouverner la société Renault, et demande une gouvernance intérimaire, sans pour autant demander à ce stade son exclusion du Conseil d'administration[84]. Thierry Bolloré assure l'intérim chez Renault[85] - [86].

Le 15 janvier 2019, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire demande la convocation d'un conseil d'administration de Renault pour dĂ©signer un successeur.

Dans une lettre datĂ©e du , M. Ghosn met fin Ă  ses mandats de Directeur gĂ©nĂ©ral et de PrĂ©sident du conseil d'administration (PDG) de Renault[87]. Dans cette mĂȘme lettre, Monsieur Ghosn a mis un terme avec effet immĂ©diat Ă  l'ensemble des mandats qu'il exerçait au sein des sociĂ©tĂ©s du groupe Renault, Ă  l'exception de ses mandats d'administrateur. Il demande cependant que l'intĂ©gralitĂ© de ses droits reconnus dans les documents sociaux de Renault et par la Loi soient prĂ©servĂ©s et fait valoir ses droits Ă  l'attribution d'actions de performance, Ă  la rĂ©munĂ©ration variable diffĂ©rĂ©e, ainsi que ses droits Ă  la retraite. Il affirme Ă©galement son engagement de non-concurrence au profit de Renault[88]

En janvier 2020, M. Ghosn a affirmé ne pas avoir démissionné de Renault, mais seulement de ses mandats. De plus, selon lui, sa « lettre n'a pas été distribuée aux membres du conseil d'administration mais a été lue[89].

Le 12 fĂ©vrier 2019, le conseil d'administration de Renault a dĂ©cidĂ© « Ă  l'unanimitĂ© » de « renoncer au bĂ©nĂ©fice de l'engagement de non-concurrence [
] et, en consĂ©quence, de ne pas lui verser l'indemnitĂ© correspondante Ă©gale Ă  deux ans de rĂ©munĂ©ration fixe et variable ». Ghosn ne touchera aucune indemnitĂ© de dĂ©part alors que certaines sources avaient Ă©voquĂ© un chiffre de 30 millions d'euros. L'ex-PDG n'aura pas non plus droit Ă  l'acquisition de ses actions, le conseil d'administration constatant qu'il n'est plus au sein de l'entreprise, condition indispensable pour toucher ces actions[90]. Le 3 avril 2019, Renault indique que M. Ghosn quitte son conseil d'administration[91].

Suspicions de dépenses indues

Dans un audit confidentiel du cabinet Mazars, la direction de Renault Ă©value Ă  11 millions d’euros les dĂ©penses suspectes imputables Ă  Carlos Ghosn, en particulier des surcoĂ»ts de dĂ©placement en avion et des donations Ă  des Ă©coles ou universitĂ©s Ă  l’étranger. Ces dĂ©penses font l'objet d'une procĂ©dure pĂ©nale du parquet de Nanterre sur signalement de Renault[74].

Droits Ă  la retraite

Au titre de ses droits Ă  la retraite, Carlos Ghosn rĂ©clame Ă  Renault une retraite-chapeau associant une indemnitĂ© provisionnelle de dĂ©part Ă  la retraite de 249 999,99 euros, 774 774 euros de pension annuelle et 15 millions d'euros en actions Renault.

ÂgĂ© de 65 ans en 2019, Carlos Ghosn a fait valoir ses droits Ă  la retraite en mai 2019 auprĂšs de l’Urssaf. En octobre 2019, l’Urssaf a validĂ© la retraite de M. Ghosn et lui a octroyĂ© une rĂ©troactivitĂ© au . Carlos Ghosn a pris contact avec Clotilde Delbos, directrice financiĂšre et faisant fonction de directrice gĂ©nĂ©rale de Renault aprĂšs le dĂ©part de Thierry BollorĂ©, pour lui demander la transmission de sa retraite-chapeau Ă  l'assureur Generali, qui gĂšre ces dossiers pour Renault depuis 20 ans. Renault a refusĂ© cette transmission[88].

Carlos Ghosn rĂ©clame Ă  Renault une indemnitĂ© de dĂ©part Ă  la retraite, une « retraite chapeau » pour un montant brut de 774 774 euros par an et 380 000 actions gratuites de performance. D’une valeur de prĂšs de 12 millions d’euros au cours actuel, ces actions gratuites lui ont Ă©tĂ© attribuĂ©es entre 2015 et 2018.

Actions gratuites de performance

À la suite de la dĂ©mission de ses mandats sociaux le 23 janvier 2019, le conseil d'administration (CA) de Renault a supprimĂ© la retraite-chapeau prĂ©vue pour M. Ghosn. Le CA a Ă©galement estimĂ© que M. Ghosn avait perdu ses droits aux 380 000 actions gratuites « de performance » qui lui avaient Ă©tĂ© attribuĂ©es entre 2015 et 2018, figurant page 300 du rapport annuel de Renault de 2018, pour une valeur estimĂ©e Ă  environ 15 Ă  22 millions d'euros selon le cours du titre Renault[92] - [93].

Indemnité de fin de carriÚre

Carlos Ghosn a demandĂ© par un rĂ©fĂ©rĂ© au Conseil des prud'hommes des Hauts-de-Seine, le paiement d’une indemnitĂ© de fin de carriĂšre de 250 000 euros pour la pĂ©riode 1999-2005 durant laquelle il Ă©tait directeur gĂ©nĂ©ral de Renault[94]. Une premiĂšre audience en rĂ©fĂ©rĂ© du Conseil des prud'hommes de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a eu lieu le 21 fĂ©vrier 2020, et a renvoyĂ© le jugement au 17 avril 2020, Ă  la demande des avocats de Carlos Ghosn.

Pour Renault, Carlos Ghosn n’aurait pas droit Ă  une indemnitĂ© de fin de carriĂšre car il n’était plus salariĂ© de l’entreprise depuis des annĂ©es. M. Ghosn Ă©tait statut mandataire et non salariĂ© depuis sa nomination comme PDG en 2005. Selon Renault, il n'est pas possible de cumuler un statut de mandataire social avec un contrat de travail.

Carlos Ghosn devrait porter Ă©galement l'affaire devant le tribunal de commerce[89].

Deux soirées à Versailles

Le 9 mars 2014, est organisĂ© dans la galerie des batailles du chĂąteau de Versailles un Ă©vĂ©nement pour fĂȘter les 15 ans de l’alliance entre Renault et Nissan le jour des 60 ans de M. Ghosn. Sur les 103 invitĂ©s, seuls 13 avaient un lien d’affaires direct avec Renault-Nissan BV, sociĂ©tĂ© invitante pour 600 000 euros. Le 9 mai 2019, un film datant de 2014 montrant cette fastueuse soirĂ©e organisĂ©e par Carlos Ghosn pour ses 60 ans au chĂąteau de Versailles fait polĂ©mique[95] - [96]. DiffusĂ©e en plein cƓur d'un contexte judiciaire tendu pour lui, la vidĂ©o affiche le fastueux train de vie de l'ancien dirigeant de Renault[97]. La soirĂ©e, qui a coĂ»tĂ© 634 000 euros, a Ă©tĂ© entiĂšrement payĂ©e par la filiale nĂ©erlandaise Renault-Nissan BV[98].

Le 8 octobre 2016, Carlos Ghosn fĂȘte les 50 ans de son Ă©pouse Carole Ghosn au Grand Trianon du chĂąteau de Versailles. La facture de 225 000 euros est rĂ©glĂ©e par le compte HSBC de Carlos Ghosn. Pour la salle, la facture comporte la mention « salle offerte par Versailles », mais Renault estime aujourd'hui que les frais de location ont Ă©tĂ© indĂ»ment affectĂ©s au mĂ©cĂ©nat de Renault pour la rĂ©fection du «Salon de la paix» pour un million d'euros[99]. Ces soupçons de sous-facturation sont examinĂ©s par le parquet de Nanterre, qui s’est autosaisi de cette affaire. Cette sous-facturation supposĂ©e pourrait ĂȘtre liĂ©e Ă  une convention de mĂ©cĂ©nat, signĂ©e entre Renault et l’Établissement public du chĂąteau de Versailles. Le don de 2,3 millions d’euros donne la possibilitĂ© de jouir des locaux, mais uniquement pour un usage professionnel[74]. Dans ce cadre, une perquisition du siĂšge de Renault Ă  Boulogne-Billancourt a Ă©tĂ© menĂ©e par les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financiĂšres et fiscales (OCLCIFF) dans le cadre d'une rĂ©quisition du parquet de Nanterre[100].

La convention de mĂ©cĂ©nat de 2,3 millions d’euros entre Renault et le ChĂąteau de Versailles autorisait Renault Ă  recevoir une contrepartie d'une valeur de 25 % de son mĂ©cĂ©nat. Dans ce volet, une information judiciaire a Ă©tĂ© ouverte le 19 fĂ©vrier 2020 par le parquet de Nanterre pour « abus de biens sociaux, abus de confiance aggravĂ©s, faux et usage de faux, blanchiment aggravĂ© d’abus de biens sociaux (
) »[101].

Les missionnés français de Renault-Nissan BV

Renault-Nissan BV (RNBV), holding nĂ©erlandaise chapeautant l'alliance Renault-Nissan, a distribuĂ© des honoraires pour 20 millions d’euros par an. Rachida Dati aurait encaissĂ© 900 000 euros entre 2010 et 2012. Alors dĂ©putĂ© europĂ©enne et avocate, elle aurait Ă©tĂ© rĂ©munĂ©rĂ©e par Renault-Nissan BV, pour des interventions au Maghreb ou au Proche-Orient. Maitre Jean-Paul Baduel, avocat d’une actionnaire de Renault depuis 2006, a dĂ©posĂ© une plainte en avril 2019 pour corruption et abus de biens sociaux. Les bureaux de Mme Dati ont Ă©tĂ© perquisitionnĂ©s fin 2019 par les trois juges d’instruction saisis. Mme Dati a portĂ© plainte pour dĂ©nonciation calomnieuse en juin 2019. Le criminologue Alain Bauer est mandatĂ© en 2011 pour auditer la direction de la sĂ©curitĂ© de Renault aprĂšs l'affaire des espions. À ce mandat initial de 150 000 euros, suivront d'autres missions en Russie ou au Maroc[74].

Pour ce volet RNBV, une information judiciaire est ouverte en 2019 à Paris pour « abus de biens sociaux » et de « corruption passive »[101].

Le volet omanais

Premier entrepreneur privĂ© du sultanat d'Oman, Suhail Bahwan (en) est Ă  la tĂȘte d'un conglomĂ©rat rassemblant autant des activitĂ©s de construction que liĂ©es Ă  la santĂ© ou Ă  l'agriculture et d'une fortune de plusieurs milliards de dollars. Sa sociĂ©tĂ© Suhail Bahwan automobiles a Ă©tĂ© le distributeur commercial exclusif des marques de l'alliance Renault-Nissan Ă  Oman entre 2011 et 2016. Suhail Bahwan aurait prĂȘtĂ© 30 millions de dollars Ă  Carlos Ghosn.

Renault a versé au sultanat d'Oman pour plusieurs millions d'euros désignés comme des primes de performance. Nissan a également effectué des paiements suspects à SBA pour 35 millions de dollars[102]. Cette somme a été versés à Suhail Bahwan par Nissan à partir de la "réserve du Président" (CEO reserve), une caisse réservée aux paiements d'urgence laissée à la discrétion de Carlos Ghosn[103].

L’office central de lutte contre la corruption et les infractions financiĂšres et fiscales (OCLCIFF) français enquĂȘte sur ces flux financiers suspects entre Renault et Suhail Bahwan Automobiles (SBA) Ă  Oman[101].

Le volet saoudien

La caisse du CEO a Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©e pour payer le milliardaire Saoudien Khaled Juffali (en) (ou Khaled Al-Juffali), distributeur des voitures Nissan en Arabie Saoudite. Khaled Al-Juffali a perçu 14,7 millions de dollars en quatre fois entre 2009 et 2012. Il a refinancĂ© Carlos Ghosn aprĂšs une mauvaise affaire financiĂšre personnelle lors de la crise financiĂšre de 2008[103].

Le volet américain

La procédure de la SEC américaine

Comme dans la procĂ©dure japonaise, Carlos Ghosn est accusĂ© par la SEC, le rĂ©gulateur amĂ©ricain des marchĂ©s financiers, d'avoir dissimulĂ© aux investisseurs une promesse de versement de 140 millions de dollars par Nissan pour son futur dĂ©part Ă  la retraite (cas voisin d'une retraite-chapeau). Il n'a pas touchĂ© cette somme, qui ne devait lui ĂȘtre versĂ©e qu’une fois actĂ© son dĂ©part en retraite de Nissan.

Carlos Ghosn a cherchĂ© Ă  compenser une perte de revenu Ă  partir de 2009 chez Nissan, Ă  la mise en place de nouvelles rĂšgles de transparence des rĂ©munĂ©rations des dirigeants d’entreprises cotĂ©es au Japon. L’équivalent de 90 millions de dollars US de rĂ©munĂ©rations non versĂ©es, ainsi que 50 millions au titre d’une allocation retraite, soient 140 millions de dollars, auraient ainsi Ă©tĂ© accumulĂ©s et auraient dĂ» ĂȘtre versĂ©s Ă  son dĂ©part Ă  la retraite (retraite-chapeau)[2]. Le 8 janvier, lors d’une audition devant la Cour de Tokyo, Carlos Ghosn a affirmĂ© que les documents signĂ©s incriminĂ©s concernant sa rĂ©munĂ©ration Ă©taient personnels et constituaient selon lui une sorte de registre Ă  faire valoir auprĂšs de Nissan au moment oĂč il s’agirait de nĂ©gocier les conditions financiĂšres de son dĂ©part[2] - [3].

En septembre 2019, Ă  l'issue d'une transaction avec la SEC, Carlos Ghosn et Nissan ont Ă©tĂ© contraints de verser respectivement un million et quinze millions de dollars US en Ă©change de l'abandon de poursuites. Carlos Ghosn a l'interdiction d'exercer un mandat de dirigeant aux États-Unis pendant dix ans[104].

Shogun Investments

En mars 2015, les Ghosn ont crĂ©Ă© dans le paradis fiscal du Delaware un fonds d'investissement appelĂ© Shogun Investments, destinĂ© Ă  investir dans les start-ups de la Silicon Valley. Carlos Ghosn serait majoritaire et son fils Anthony Ghosn n’en dĂ©tiendrait qu’une participation.

Anthony Ghosn, diplĂŽmĂ© de l’UniversitĂ© Stanford, travaillait avec Joe Lonsdale, spĂ©cialiste du capital-risque de la Silicon Valley. Shogun Investments aurait bĂ©nĂ©ficiĂ© de fonds suspects de la part de la sociĂ©tĂ© Good Faith Investments de droit libanais[105].

Sécurité privée

Le 20 mai 2020, un ancien membre des forces spĂ©ciales amĂ©ricaines reconverti dans la sĂ©curitĂ© privĂ©e Michael Taylor, et son fils Peter, sont arrĂȘtĂ©s, car soupçonnĂ©s d'avoir participĂ© Ă  la fuite de Carlos Ghosn[106]. Ils sont placĂ©s en dĂ©tention, et doivent comparaĂźtre (par vidĂ©o-confĂ©rence Ă  cause de la pandĂ©mie de covid-19) devant un juge du Michigan, en attendant une demande d'extradition de la part de la justice japonaise[106]. L'arrestation a eu lieu aprĂšs avoir appris que Peter avait rĂ©servĂ© une place Ă  bord d'un vol Boston-Beyrouth[107]. Ils comparaissent par visioconfĂ©rence devant un jugĂ© fĂ©dĂ©ral amĂ©ricain le 21 mai, et leur avocat, Paul Kelly, a fait savoir dans un communiquĂ© qu'il envisageait de contester toute demande d'extradition[107]. Plus tard dans la journĂ©e, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, dĂ©clare Ă  la presse que les prĂ©paratifs pour une demande d'extradition sont effectivement en cours[107]. Le 3 juillet 2020, le Japon demande formellement leur extradition[108]. Le 28 janvier 2021, la juge Indira Talwani du district de Boston autorise l'extradition[109].

Le volet turc

En janvier 2020, les autoritĂ©s turques ont interpellĂ© 7 personnes dont 4 pilotes, soupçonnĂ©es d'avoir participĂ© au transfert de Carlos Ghosn de l'aĂ©roport AtatĂŒrk d'Istanbul, fermĂ© aux vols commerciaux mais utilisĂ© par des avions privĂ©s, vers le Liban[110].

Le 19 janvier 2020, le gouvernement turc a rendu publiques des vidéos de surveillance du 30 décembre 2019, filmés par l'immigration turque à l'aéroport d'Istanbul identifiant les 2 personnes ayant exfiltré Carlos Ghosn : Michael Taylor, ancien membre des forces spéciales américaines, et le libanais George-Antoine Zayek[67].

En mai 2020, un parquet turc déclare qu'il prépare des actes d'inculpation contre sept personnes, dont quatre pilotes d'avion, pour la fuite de Carlos Ghosn du Japon vers le Liban via Istanbul[107].

Volet aux Iles vierges britanniques

Nissan a initiĂ© une procĂ©dure civile contre Carlos Ghosn aux Îles vierges britanniques en aoĂ»t 2019. Selon Nissan, des «paiements et transactions non autorisĂ©s ont Ă©tĂ© traitĂ©s» par des entitĂ©s basĂ©es dans ce territoire. Une partie des sommes dĂ©tournĂ©es selon Nissan aurait financĂ© la sociĂ©tĂ© «Beauty Yachts» enregistrĂ©e aux Îles vierges britanniques et dirigĂ©e par l'Ă©pouse de Carlos Ghosn. La sociĂ©tĂ© «Beauty Yachts» a acquis pour 12 millions d'euros le yacht «Shachou»[57].

Notes et références

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  78. L’avocat actuel de Ghosn a touchĂ© 900 100 euros de Renault-Nissan
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Voir aussi

Bibliographie

  • Bertille Bayart. Le piĂšge: EnquĂȘte sur la chute de Carlos Ghosn. Editions Kero, 2019. (ISBN 2366584083). (ISBN 978-2366584080).
  • Yann Rousseau et RĂ©gis Arnaud. Le Fugitif: Les secrets de Carlos Ghosn. Editions Stock, 2020. (ISBN 2234088755). (ISBN 978-2234088757).

Liens externes

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