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Andry Rajoelina

Andry Rajoelina (/ˈandÍĄÊ’ÊČ radÍĄzˈwelnə/), nĂ© le Ă  Antsirabe, est un homme d'État franco-malgache[1], prĂ©sident de la RĂ©publique de Madagascar depuis le .

Andry Rajoelina
Illustration.
Andry Rajoelina en 2023.
Fonctions
Président de la république de Madagascar
En fonction depuis le
(4 ans, 5 mois et 18 jours)
Élection 19 dĂ©cembre 2018
Premier ministre Christian Ntsay
Prédécesseur Rivo Rakotovao (intérim)
Hery Rajaonarimampianina
Président de la Transition de la république de Madagascar[N 1]
–
(4 ans, 10 mois et 8 jours)
Premier ministre Roindefo Monja
EugĂšne Mangalaza
Cécile Manorohanta (intérim)
Albert-Camille Vital
Jean-Omer Beriziky
Prédécesseur Hyppolite Ramaroson (intérim, de facto)
Marc Ravalomanana
(président de la République)
Successeur Hery Rajaonarimampianina
(président de la République)
Maire d'Antananarivo
–
(1 an, 1 mois et 22 jours)
Prédécesseur Patrick Ramiaramanana
Successeur MichĂšle Ratsivalaka
Biographie
Nom de naissance Andry Nirina Rajoelina
Date de naissance
Lieu de naissance Antsirabe (Madagascar)
Nationalité Malgache
Français (depuis 2014)[1]
Parti politique TGV/MAPAR/IRK
PĂšre Yves Roger Rajoelina
MĂšre Olga Rajotomalala Rasoanjanahary
Conjoint Mialy Razakandisa
Enfants Arena Rajoelina
Ilontsoa Rajoelina
Iloniaina Rajoelina
Profession Disk jockey, Organisateur événementiel, chef d'entreprise[2]
Religion Catholicisme
RĂ©sidence Palais d'Iavoloha (Antananarivo)

Andry Rajoelina
Présidents de la république de Madagascar

Chef d’entreprise, il est Ă©lu maire d'Antananarivo en 2007. Il mĂšne le mouvement de contestation aboutissant Ă  la crise politique de 2009 et au renversement du prĂ©sident Marc Ravalomanana. À la suite de ces Ă©vĂ©nements, considĂ©rĂ©s comme une arrivĂ©e au pouvoir anti-constitutionnelle par plusieurs pays, il devient prĂ©sident de la Haute autoritĂ© de la transition et chef de l'État de facto. Il quitte le pouvoir en 2014, aprĂšs avoir acceptĂ© de ne pas se prĂ©senter Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2013 dans le cadre d'un accord politique.

Il se prĂ©sente Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2018, qu’il remporte au second tour face Ă  Marc Ravalomanana. Son mandat inclus la direction de la rĂ©ponse gouvernementale Ă  la pandĂ©mie de COVID-19 Ă  Madagascar, au cours de laquelle il promeut la dĂ©sinformation et des traitements controversĂ©s contre la maladie, ainsi qu'une famine de 2021 et le cyclone Batsirai.

Situation personnelle

Origines

Andry Nirina Rajoelina est né au sein de l'ethnie merina des Hauts-Plateaux de Madagascar. Son pÚre, le colonel Roger Yves Rajoelina, est officier dans l'armée malgache[3].

Outre la nationalitĂ© malgache, Andry Rajoelina dĂ©tient la nationalitĂ© française depuis le 21 novembre 2014, de mĂȘme que sa femme Mialy Razakandisa ainsi que leurs trois enfants[1]. La famille vit alors en France aprĂšs le retrait temporaire de la sphĂšre politique malgache d'Andry Rajoelina, prĂ©sident de la Haute AutoritĂ© de transition de 2009 Ă  2013, avant son Ă©lection Ă  la prĂ©sidence en 2018. Andry Rajoelina avance avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© de la nationalitĂ© française par le biais d'une naturalisation par filiation, son arriĂšre-grand-pĂšre ayant la nationalitĂ©[1] - [4]. La naturalisation est cependant suspectĂ©e d'avoir Ă©tĂ© le fruit de nĂ©gociations visant Ă  faciliter son dĂ©part du pouvoir[5]. Si la binationalitĂ© française est trĂšs courante Ă  Madagascar, Andry Rajoelina garde la sienne secrĂšte jusqu'Ă  ce qu'elle soit mise Ă  jour en juin 2023, provoquant une polĂ©mique. Cette dissimulation est alors jugĂ©e politique, l'association avec l'ancienne puissance coloniale allant Ă  l'encontre de la politique nationaliste du prĂ©sident, qui le voit notamment revendiquer les Îles Éparses françaises[1].

CarriĂšre professionnelle

En 1994, Andry Rajoelina commence sa carriÚre comme entrepreneur événementiel[6]. Il organise ainsi les événements les plus courus de la capitale malgache et lance le concept des soirées « Live »[2] - [7] - [8].

En 1998, grĂące au soutien de la sociĂ©tĂ© de capital-risque Fiaro, filiale de la compagnie d'assurances de l'État ARO, il crĂ©e l'entreprise d'impression numĂ©rique et de gestion de panneaux publicitaires Injet, et en devient ensuite propriĂ©taire Ă  100 %. Celle-ci est la premiĂšre entreprise Ă  Madagascar Ă  acquĂ©rir la technologie d'impression grand format, ce qui lui permet de rapidement dominer le marchĂ© de l'affichage publicitaire. Il rachĂšte aussi la sociĂ©tĂ© Domapub spĂ©cialisĂ©e dans la publicitĂ© et la communication[9].

En 2003, Andry Rajoelina est nommé meilleur manager de l'année par la BNI, et gagne un crédit à taux zéro auprÚs de cette banque en récompense. Il investit alors dans un parc de panneaux publicitaires Trivision lumineux, mais l'année suivante, les autorités malgaches lui refusent la pose de ces nouveaux panneaux[9].

En 2007, Andry Rajoelina élargit ses investissements dans les médias en rachetant la radio et chaßne de télévision Ravinala, propriété de l'homme politique Norbert Ratsirahonana, qu'il rebaptise Viva[10].

Vie privée et familiale

En 2000, il se marie avec Mialy Razakandisa, fille de la femme d'affaires Nicole Razakandisa (morte en 2012[11]). Le couple a trois enfants : deux garçons et une fille.

Au cours de sa carriÚre dans l'événementiel, Andry Rajoelina participe aussi à l'animation des soirées qu'il organise, ce qui lui vaut le surnom de « DJ »[12] - [13] - [14].

Parcours politique

Maire d'Antananarivo

Le , Andry Rajoelina annonce qu’il est candidat Ă  la mairie de la capitale de Madagascar, et crĂ©e l'association Tanora malaGasy Vonona (« Jeunes Malgaches dĂ©terminĂ©s ») ou TGV. Il se dĂ©clare indĂ©pendant et non affiliĂ© Ă  l'opposition[15]. Le , il est Ă©lu maire de Tananarive avec 63,3 % des voix face au candidat du parti au pouvoir Tiako I Madagasikara (TIM), parti favori[10].

Andry Rajoelina annonce que la mairie est endettĂ©e Ă  hauteur de 8,2 milliards de MGA (environ 3 millions d'euros)[16]. Au dĂ©but de , des coupures de l'Ă©clairage public et de l'approvisionnement en eau des bornes fontaines perturbent la stabilitĂ© de la ville. La JIRAMA, « JIro sy RAno MAlagasy », compagnie nationale d'Ă©lectricitĂ© (Jiro, littĂ©ralement « lumiĂšre ») et d'eau (Rano), rĂ©clame Ă  la commune des arriĂ©rĂ©s de paiements s'Ă©levant Ă  3,3 milliards MGA. DĂ©duits de 717 millions MGA de taxe communales, les arriĂ©rĂ©s sont ramenĂ©s Ă  2,58 milliards MGA (environ 950 000 €). Il s'avĂšre par la suite que la JIRAMA doit elle-mĂȘme une somme plus importante Ă  la mairie que ce qu’elle lui rĂ©clamait, ce qui permit de rĂ©soudre instantanĂ©ment une coupure d’eau de 5 jours dans la ville[17].

Lors de son mandat, il pilote l'informatisation des services de la mairie. Il promet l'installation d’un reprĂ©sentant de la mairie dans tous les conseils de quartier pour prĂ©venir les phĂ©nomĂšnes de corruption[18]. En 2008, il lance les travaux de reconstruction de l'HĂŽtel de ville de Madagascar, brĂ»lĂ© 36 ans plus tĂŽt, et propose une collecte communale Ă  Marc Ravalomanana pour rĂ©unir les fonds nĂ©cessaires aux travaux de finitions[19].

À la tĂȘte de la capitale, il affirme que les pratiques du pouvoir entravent administrativement et financiĂšrement l'exercice de son mandat. C'est le dĂ©but du bras-de-fer entre Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana. Le , aprĂšs l'arrĂȘt des Ă©missions de la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision Viva TV, ordonnĂ© par le gouvernement Ă  la suite de la diffusion de l'interview de l'ancien prĂ©sident Didier Ratsiraka, Andry Rajoelina exige la rĂ©ouverture de sa chaĂźne tĂ©lĂ©visĂ©e et lance un ultimatum au gouvernement qui expire le . Il prend alors la tĂȘte d'un vaste mouvement de contestation du rĂ©gime Ravalomanana dans la capitale[15].

Crise de 2009

Andry Rajoelina s'inscrit dans l'opposition politique depuis son projet de panneaux publicitaires lumineux trivision bloquĂ©s en 2003 par les autoritĂ©s gouvernementales, et de la coupure d'eau gĂ©nĂ©rale de 5 jours suivant son accession Ă  la mairie. De nombreux industriels malgaches lĂ©sĂ©s par l'État-Tiko se sont rangĂ©s derriĂšre Andry Rajoelina qui personnifie la fronde anti-prĂ©sidentielle, surtout Ă  la suite des fermetures par les autoritĂ©s de sa tĂ©lĂ©vision et de sa radio Viva les et [20].

Le , Andry Rajoelina dénonce les emplois fictifs de sa mairie servant à rémunérer les cadres de la société Alma, et présente une liste des infractions du président Ravalomanana dont la facture s'élÚve à 240 milliards d'ariary. Le , il appelle à une grÚve générale qui dégénÚre en émeutes et en pillages, notamment des sociétés liées au groupe Tiko[20]. Le , Andry Rajoelina s'autoproclame « en charge des affaires du pays »[21] - [22], accusant le président Ravalomanana de haute trahison et de violations graves et répétées de la Constitution, et invoquant l'article 126 de ce texte pour lui faire retirer légalement ses pouvoirs[23]. Le , il dépose une demande officielle de destitution du président Ravalomanana. Le , il est destitué de ses fonctions de maire d'Antananarivo par le ministÚre de l'Intérieur[24].

Le , maintenant sa demande de destitution du prĂ©sident de la RĂ©publique, Andry Rajoelina organise une nouvelle manifestation sur la place du 13-Mai. Les dirigeants du « mouvement orange » proclament la mise en fonction d’une Haute autoritĂ© de la transition avec Andry Rajoelina Ă  sa tĂȘte. Les partisans se dirigent ensuite vers le palais prĂ©sidentiel, pourtant classĂ© zone rouge par les autoritĂ©s, pour faire valoir leurs revendications. Plusieurs dizaines de manifestants sont tuĂ©s par les tirs de la garde prĂ©sidentielle[25].

Le , sous le coup d'un mandat d'arrĂȘt, Andry Rajoelina se rĂ©fugie Ă  l'ambassade de France[26] - [27]. La semaine suivante, les reprĂ©sentants de l'armĂ©e malgache transmettent Ă  la tĂ©lĂ©vision un ultimatum de 72 heures aux autoritĂ©s politiques pour trouver une sortie de crise[28] - [29]. Le , l'armĂ©e envahit le palais prĂ©sidentiel dĂ©jĂ  abandonnĂ© par le gouvernement et son prĂ©sident, rĂ©fugiĂ© dans une rĂ©sidence hors de la ville et ayant annoncĂ© dans la matinĂ©e sa dĂ©mission[30] - [31]. L'Union africaine condamne l'invasion du palais prĂ©sidentiel, la qualifiant de « tentative de coup d'État ». Rajoelina insiste sur le fait que la capture du palais n'Ă©tait pas un coup d'État[32]. Le , le directoire militaire dĂ©signe Andry Rajoelina pour diriger la transition politique[33] - [34]. Le Parlement dĂ©mocratiquement Ă©lu est suspendu. Le , la Cour constitutionnelle entĂ©rine cette nomination[35].

DĂ©buts

Le , Andry Rajoelina prĂȘte serment en qualitĂ© de prĂ©sident de la Haute AutoritĂ© de la transition dans le stade municipal de Mahamasina Ă  Antananarivo. La communautĂ© internationale demande alors que se tiennent des Ă©lections le plus rapidement possible pour rĂ©tablir l'ordre dĂ©mocratique et constitutionnel[36]. Le , sous la pression de la SADC, des accords de partage du pouvoir avec les factions des anciens prĂ©sidents Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy sont signĂ©s, appelĂ©s « accords de Maputo »[37] ainsi qu'un acte additionnel Ă  Addis-Abeba.

DĂšs le dĂ©but de la crise, les États-Unis sont hostiles au mouvement de contestation populaire menĂ© par Andry Rajoelina, voyant d’un mauvais Ɠil le dĂ©part d'un prĂ©sident souvent alignĂ© avec les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques amĂ©ricains[38]. AprĂšs l'investiture d'Andry Rajoelina Ă  la prĂ©sidence de la transition le , Washington coupe ses aides non humanitaires et suspend les programmes AGOA et MCC de Madagascar[39]. Le , Niels Marquardt, alors ambassadeur des États-Unis Ă  Madagascar, qualifie Andry Rajoelina d'« idĂ©aliste, Ă©motif et inflexible », et affirme: « Sachant qu’il n’obtiendra jamais cela (le pouvoir) en nĂ©gociant, il choisit la rupture avec une approche de confrontation »[40]. La France ne reconnaĂźt pas tout de suite la lĂ©gitimitĂ© du mouvement de 2009, mais maintient ses aides au nouveau gouvernement de transition[39]. L'Union africaine suspend l'adhĂ©sion de Madagascar Ă  l'organisation. La CommunautĂ© de dĂ©veloppement d'Afrique australe (SADC) ne reconnaĂźt pas non plus la nouvelle prĂ©sidence de transition[41]. D'abord interdit Ă  la tribune de l'Onu en 2009[42], Andry Rajoelina intervient lors de la 66e session de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies le Ă  New York, marquant ainsi la reconnaissance internationale de son statut de prĂ©sident de la Haute AutoritĂ© de la Transition de la rĂ©publique de Madagascar[43]. Le lendemain, il est reçu par Ban Ki-moon, alors secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’ONU, pour discuter de la mise en place de la feuille de route du [44].

Andry Rajoelina rejette la notion de coup d'État et parle de « soulĂšvement populaire »[45]. Il argumente que l’évĂ©nement aurait Ă©tĂ© un coup d'État si le prĂ©cĂ©dent prĂ©sident n'avait pas dĂ©missionnĂ©, et rappelle la lĂ©galitĂ© du transfert du pouvoir corroborĂ© par l'ordonnance 2009-001 du [46]. Il affirme Ă©galement que la seule entorse constitutionnelle lors de la passation a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par son opposant, qui aurait dĂ» lĂ©galement remettre le pouvoir au SĂ©nat, et non Ă  un directoire militaire[47]. Le chercheur Adrien Ratsimbaharison considĂšre aussi que « cette thĂšse du coup d’État Ă©tait le cheval de bataille des partisans de l’ancien prĂ©sident (ce serait en fait la piĂšce maĂźtresse mĂȘme de leur stratĂ©gie de reconquĂȘte du pouvoir) »[48]. A contrario, le constitutionnaliste Jean-Éric Rakotoarisoa concĂšde qu'il s'agit d'un coup d'État, Le Monde rappelant Ă©galement que le camp de Rajoelina a voulu lui donner des « apparences lĂ©gales », bien que soutenu par l'armĂ©e[49].

Politiques menées

DÚs son accession au pouvoir, il annule la gigantesque cession agricole promise à Daewoo par son prédécesseur[50].

Le , Andry Rajoelina dĂ©nonce les accords de Maputo 1[51]. Les parties concernĂ©es ont du retourner Ă  Maputo pour trouver un nouveau consensus en vue des Accords de Maputo 2, un plan de sortie de crise. Ces accords signĂ©s, un nouveau gouvernement de consensus et d'union nationale a Ă©tĂ© nommĂ©, dirigĂ© par le Premier ministre Camille Vital. Une feuille de route est signĂ©e en par tous les membres du gouvernement de transition, dont l'objectif est de mener le pays vers des Ă©lections libres et vers une sortie de la crise[52]. La communautĂ© internationale impose Ă  la prĂ©sidence de transition de gouverner quatre mouvances politiques, ce qui handicape lourdement les avancĂ©es et empĂȘche la mise en place de grands chantiers[53].

Son mandat est caractĂ©risĂ© par la gestion tendue de la crise malgache de 2009 : faire accepter aux partis politiques du pays le nouveau gouvernement, s'aligner avec les arbitres internationaux pour dĂ©bloquer les sanctions liĂ©es Ă  la prise de pouvoir sans Ă©lection dĂ©mocratique, et organiser une nouvelle Ă©lection prĂ©sidentielle qui symbolise la sortie de la crise. L’élection prĂ©sidentielle a lieu en 2013. Le MAPAR, la nouvelle formation politique d'Andry Rajoelina, appuie la candidature d'Hery Rajaonarimampianina qui remporte les scrutins et accĂšde Ă  la prĂ©sidence[54].

Entre 2009 et 2013, dans un contexte de forte instabilitĂ© politique due Ă  la crise, la croissance du PIB est moins forte qu'auparavant. La proportion de la population vivant sous le seuil de pauvretĂ© augmente de quelque 10 points de pourcentage pour s'Ă©tablir Ă  92 % en 2013, tandis que d'autres indicateurs se dĂ©tĂ©riorent (augmentation de la malnutrition aiguĂ« chez les enfants et du nombre d'enfants non-scolarisĂ©s) et que des problĂšmes sociaux s'accroissent (insĂ©curitĂ©, chĂŽmage, inflation[55], affaiblissement de l’état de droit, progrĂšs limitĂ©s sur le front anti-corruption)[56]. Les recettes du tourisme, une des principales ressources Ă©conomiques Ă  Madagascar, ont diminuĂ© de 50 %, en 2009, en raison de l'instabilitĂ© politique[57].

Plusieurs actes de mutineries interviennent dans l'armĂ©e, qui l'a portĂ© au pouvoir en 2009[55]. Un affaiblissement de la libertĂ© de la presse est soulignĂ©e, avec l'arrestation ou l’intimidation de journalistes[58] - [55]. Selon le journal La DĂ©pĂȘche de Madagascar et l'ONG Transparency International, Andry Rajoelina, ainsi que Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, ont facilitĂ© les exportations de masse de bois de rose vers la Chine[59].

L'essayiste Olivier Vallée met en avant les réalisations « plutÎt exceptionnelles » sous le régime de Rajoelina au vu de l'isolation économique post-crise : création d'hÎpitaux dans les grandes villes (avec l'aide des Chinois), extension du réseau routier, augmentation du nombre de fonctionnaires et de militaires[60].

Fin de mandat

Andry Rajoelina en 2012.

En , il annonce sa dĂ©cision de ne pas se prĂ©senter Ă  l'Ă©lection de 2013. En , il revient sur cette dĂ©cision et prĂ©sente sa candidature. En , un tribunal Ă©lectoral spĂ©cial statue que sa candidature est invalide et qu'il n'est pas autorisĂ© Ă  se prĂ©senter aux Ă©lections de 2013. AprĂšs quatre ans de « transition », l'Ă©lection prĂ©sidentielle couplĂ©e Ă  des Ă©lections lĂ©gislatives est organisĂ©e fin 2013. En accord avec la communautĂ© internationale, le prĂ©sident Rajoelina renonce Ă  se porter candidat Ă  la condition que son adversaire, l'ancien prĂ©sident Marc Ravalomanana alors en exil en Afrique du Sud, renonce lui aussi Ă  se prĂ©senter (rĂšgle du « Ni-Ni »). Les partisans d'Andry Rajoelina se regroupent au sein d'une plate-forme dĂ©nommĂ©e Ensemble avec Andry Rajoelina (MAPAR). Il apporte son soutien Ă  la candidature de son ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina. Le MAPAR obtient la majoritĂ© des siĂšges Ă  la nouvelle AssemblĂ©e nationale tandis que Hery Rajaonarimampianina accĂšde Ă  la magistrature suprĂȘme au second tour. L'accession d'un prĂ©sident dĂ©mocratiquement Ă©lu marque officiellement la sortie de la crise politique malgache qui aura durĂ© quatre ans[61] - [62]. La passation de pouvoir a lieu le [63].

Victoire Ă  l’élection prĂ©sidentielle de 2018

Andry Rajoelina se distance rapidement d'Hery Rajaonarimampianina, qui opte pour une politique de rĂ©conciliation avec le clan Ravalomanana[64]. Fin 2014, Andry Rajoelina se met en retrait de la vie politique et s’établit en France[65]. Le , il prĂ©sente Ă  Paris un projet pour le dĂ©veloppement de Madagascar, l'« Initiative pour l’émergence de Madagascar » (IEM)[66]. Il dĂ©clare Ă  cette occasion : « il faut sortir de l’improvisation qui a caractĂ©risĂ© les mandats prĂ©cĂ©dents, Ă  commencer par le mien »[67].

Le , il annonce qu'il se porte candidat Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2018[68]. Pendant la campagne, il assure pouvoir rattraper le retard Ă©conomique du pays (5e pays le plus pauvre du monde) en cinq ans[69], et refaire de Madagascar un pays exportateur de riz[53]. Son plan Ă©conomique repose en partie sur une exploitation plus importante et plus Ă©quitable des minerais sur la Grande Ăźle. Son programme comprend Ă©galement la transformation des provinces de Tamatave et Mahajanga en « Miami et CĂŽte d'Azur » des cĂŽtes malgaches[70] et « vouloir continuer Ă  recourir aux aides internationales notamment pour les projets sociaux et d’infrastructures »[60].Il est qualifiĂ© de populiste par l'essayiste Olivier VallĂ©e[60] et par la journaliste malgache Lova Rabary-Rakotondravony[71].

Il arrive en tĂȘte du premier tour avec 39,2 % des voix, devant l'ancien prĂ©sident Marc Ravalomanana (35,4 %)[72]. Le dĂ©bat tĂ©lĂ©visĂ© prĂ©sidentiel de l'entre-deux-tours est diffusĂ© dans le pays le [73]. Au second tour, il l'emporte avec 55,7 % des suffrages[74]. La Cour constitutionnelle le proclame vainqueur le , et Ravalomanana concĂšde sa dĂ©faite le lendemain[75] - [76].

Président de la République

Andry Rajoelina prend ses fonctions le [77]. La cérémonie d'investiture a lieu le lendemain, , au grand stade de Mahamasina[78] - [79]. Le 24 janvier, il nomme un gouvernement majoritairement constitué de technocrates[80]. Son plan de développement pour le pays (« Plan pour l'émergence de Madagascar ») obtient le soutien financier de la Banque mondiale, qui promet de débloquer 392 millions d'euros[81].

AprĂšs que son projet de rĂ©fĂ©rendum constitutionnel, dans lequel il proposait la suppression du SĂ©nat, a Ă©tĂ© refusĂ© par la Haute Cour constitutionnelle, il dĂ©cide, le , de modifier par ordonnance la loi relative au fonctionnement du SĂ©nat, faisant passer le nombre de sĂ©nateurs de 63 Ă  18. Cette mesure, qu’il justifie par le souhait de faire des Ă©conomies budgĂ©taires, est critiquĂ©e par l'opposition[82].

Pandémie de Covid-19

Le 8 avril 2020, pendant la pandémie de Covid-19, et contre l'avis de la communauté scientifique malgache, Andry Rajoelina annonce la découverte d'un remÚde traditionnel amélioré composé de plantes médicinales malgaches[83]. Le liquide a été élaboré à partir d'Artemisia annua et de plantes endémiques[84]. Le 20 avril, Andry Rajoelina lance, au cÎté de l'Institut malagasy de recherches appliquées (IMRA)[85], le remÚde traditionnel « Covid-Organics » nommé en malgache « Tambavy-CVO », ce qui signifie « tisane bio »[86]. Bien que ce prétendu remÚde n'a pas fait l'objet d'essais cliniques appropriés et qu'aucune donnée évaluée par des pairs n'existait[87], le produit est distribué massivement à la population malgache[88].

Dans un premier temps, l'OMS appelle Madagascar Ă  rĂ©aliser des tests cliniques sur le Covid-Organics, puis annonce sa collaboration avec l'État malgache pour la rĂ©alisation de l'observation clinique aprĂšs signature d'une clause de confidentialitĂ© sur la recette du Covid-Organics[89]. Le Monde note cependant que le breuvage est « prĂ©sentĂ©, sans preuve scientifique, comme une solution face Ă  l’épidĂ©mie de Covid-19 » ; le journal rapporte Ă©galement que mĂȘme « l'IMRA se montre prudent sur les vertus curatives du CVO »[90]. L'AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine de Madagascar (ANAMEM) est Ă©galement sceptique face Ă  l'efficacitĂ© du produit[91].

Le 19 aoĂ»t 2020, il adresse aux partenaires techniques et financiers de Madagascar un courrier dans lequel il appelle Ă  l’aide la communautĂ© internationale pour du matĂ©riel de protection supplĂ©mentaire ainsi que des respirateurs. Le ministre de la SantĂ©, qui a aussi sonnĂ© l'alerte concernant la « flambĂ©e Ă©pidĂ©mique » et « la multiplication des formes sĂ©vĂšres de la maladie » sur la Grande Île, a Ă©tĂ© renvoyĂ© et le gouvernement a Ă©tĂ© remaniĂ© le lendemain[92].

En mai 2021, le variant sud-africain atteint Madagascar et le président Andry Rajoelina affirme qu'aucun vaccin n'est efficace contre lui[93] malgré le fait que les données scientifiques disponibles à l'époque disaient le contraire[94] - [95] - [96].

Le 4 avril, Arphine Helisoa (le pseudonyme d'Arphine Rahelisoa)[97], directrice de la publication et journaliste d'opposition au journal Ny Valosoa, est placée en garde à vue dans l'attente d'un procÚs, accusée de diffusion de fausses nouvelles aprÚs avoir été accusée d'avoir critiqué la gestion de la pandémie par le président et « d'incitation à la haine » envers le président Rajoelina[98]. Arphine Rahelisoa est libérée aprÚs un mois de détention[99].

AprÚs l'annonce du dépassement du « pic » par le président de la République, Madagascar entame un déconfinement progressif. Andry Rajoelina lance plusieurs projets ainsi qu'une campagne de distribution d'aides sociales dans la région de Vakinankaratra[100].

Tentative d'assassinat de 2021

Le 22 juillet 2021, le parquet malgache annonce avoir dĂ©jouĂ© une tentative d’assassinat d’Andry Rajoelina et arrĂȘtĂ© plusieurs personnes « Ă©trangĂšres et malgaches », parmi lesquelles se trouvent deux Français, dont un ancien colonel de l’armĂ©e française, Philippe François, selon des sources diplomatiques[101] - [102]. Le nom de Paul Maillot Rafanoharana est aussi avancĂ© par les enquĂȘteurs ; il avait Ă©tĂ© citĂ© pour remplacer le Premier ministre, Christian Ntsay, lors d’un Ă©ventuel remaniement ministĂ©riel[103].

Famine de 2021

En , une grave sĂ©cheresse plonge dans l'insĂ©curitĂ© alimentaire des centaines de milliers de personnes, certaines estimations faisant Ă©tat de plus d'un million de personnes, dans le sud du pays. Fin juillet 2021, cependant, la situation Ă©tait dĂ©crite comme une « famine » par des mĂ©dias tels qu'Al Jazeera[104] et le magazine Time[105]. Rajoelina annonce conjointement un plan de lutte contre la faim avec l'ambassadeur amĂ©ricain dans le pays, Michael Pelletier[106]. Entre autres mesures, Rajoelina met en place la distribution de rĂ©chauds Ă  gaz butane pour remplacer le charbon de bois comme alternative pour les habitants des zones les plus pauvres du pays. Cette mesure a atteint un total de 15 000 mĂ©nages[107].

Gaëlle Borgia, chercheuse d'investigation et journaliste, avait déclaré que les signes de la situation d'insécurité alimentaire étaient visibles bien avant 2020 et avait prévenu que si les autorités malgaches semblaient réticentes à admettre la situation, il était difficile d'ignorer les multiples alertes enregistrées depuis des mois, dont celle des Nations unies[108]. Il est aussi confronté par d'autres journalistes pour son inaction face à la situation[109].

En août 2021, la crise alimentaire a été attribuée comme étant la premiÚre famine causée par le changement climatique et non par un conflit, selon Shelley Thakral, fonctionnaire du PAM[110]

Polémique

Acquisition de la nationalité française

En , quelque mois avant l'Ă©lection prĂ©sidentelle, des documents fuitent concernant l'acquisition en 2014 de la nationalitĂ© française par Andry Rajoelina, sa femme et leur trois enfants[1] - [4]. Bien que la binationalitĂ© soit alors courante dans le pays, cette dissimulation de 2014 Ă  2023 est alors jugĂ©e politique, l'association avec l'ancienne puissance coloniale allant Ă  l'encontre de la politique nationaliste du prĂ©sident, qui le voit notamment revendiquer les Îles Éparses françaises[1] - [5].

La rĂ©vĂ©lation de sa binationalitĂ© conduit Rajoelina Ă  ĂȘtre vivement critiquĂ© par l'opposition, qui dĂ©nonce une « trahison », une « faute morale » et demande sa destitution. L'article 46 de la constitution impose en effet Ă  un candidat Ă  la prĂ©sidentielle d'avoir la nationalitĂ© malgache[111]. Or, l'article 42 du Code de la nationalitĂ© malgache prĂ©voit la perte de la nationalitĂ© pour un malgache majeur qui en acquiert volontairement une autre[112]. La question se pose alors de savoir si cette nationalitĂ© a Ă©tĂ© obtenue automatiquement par filiation de son grand-pĂšre, comme le prĂ©sident l'affirme, ou sur demande. Ce deuxiĂšme cas de figure correspondrait alors Ă  l'acquisition volontaire dĂ©crite par le code de la nationalitĂ©, et donc Ă  la perte de celle malgache. Cette possibilitĂ© est mise en avant par l'opposition, qui avance que l'Ă©lection du prĂ©sident 2018 n'aurait par consĂ©quent pas Ă©tĂ© constitutionnelle[5] - [4] - [113]. Rajoelina rĂ©agit en rappelant son appartenance au peuple malgache, affirmant que « Personne ne peut enlever ni changer le sang malgache qui coule dans nos veines. »[5] - [114].

Cette question conduit Ă  l'ouverture fin juin 2023 d'une enquĂȘte parlementaire, suivie de l'interpellation de la Haute Cour Constitutionnelle par un collectif de citoyens de la diaspora[114] - [113].

Publication

  • Par amour de la patrie, Neuilly-sur-Seine/14-CondĂ©-en-Normandie, Michel Lafon, , 254 p. (ISBN 978-2-7499-3875-2)[65].

Prix et récompenses

  • 2003 : « trophĂ©e du jeune entrepreneur », dĂ©cernĂ© par la banque BNI CrĂ©dit lyonnais Madagascar[115].
  • 2020 : nommĂ© champion de la lutte contre la malnutrition par la Banque africaine de dĂ©veloppement, en marge du sommet de l'Union africaine[116].

Notes et références

Notes

  1. Président de la Haute Autorité de transition du 17 mars 2009 au 17 novembre 2010, puis président de la Transition.

Références

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Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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