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Souverainisme au Québec

movement political et social et philosophie visant Ă  l’indĂ©pendance du QuĂ©bec

Le souverainisme au QuĂ©bec ou l'indĂ©pendantisme au QuĂ©bec est un courant politique qui revendique que le QuĂ©bec devienne un pays souverain, indĂ©pendant. Le QuĂ©bec est actuellement l'une des dix provinces canadiennes. Selon le souverainisme, la province devrait quitter la fĂ©dĂ©ration et devenir un État souverain entiĂšrement indĂ©pendant du Canada.

L'idéologie souverainiste se fonde sur l'idée que les Québécois forment une nation et ont donc droit à l'autodétermination. Cela s'appuie sur un certain nombre de particularités historiques, culturelles et linguistiques de la province par rapport au reste du Canada. Il s'appuie aussi sur une vision de la fédération canadienne selon laquelle :

  1. les Québécois forment une « société distincte » du reste du Canada sous plusieurs aspects, notamment sociologiques,
  2. les intĂ©rĂȘts (Ă©conomiques et culturels) des QuĂ©bĂ©cois sont souvent incompatibles avec ceux de l'ensemble du Canada,
  3. la fédération canadienne a généralement nui au développement des Québécois, soit par malveillance soit par le simple poids démographique des anglophones lui donnant une écrasante majorité au Parlement fédéral.

Le Québec est différent des autres provinces du Canada du fait qu'il est essentiellement francophone, alors que les autres provinces sont essentiellement anglophones. Il en découle plusieurs différences culturelles.

Au Québec, le souverainisme s'oppose :

  • au fĂ©dĂ©ralisme, dont les tenants souhaitent que le QuĂ©bec reste au sein du Canada, avec ou sans rĂ©vision de la rĂ©partition des pouvoirs entre le pouvoir fĂ©dĂ©ral et celui des provinces;
  • Ă  l'autonomisme, dont les tenants souhaitent une dĂ©centralisation des pouvoirs, reconnue ou non dans la Constitution, mais sans sĂ©cession. À noter que plusieurs QuĂ©bĂ©cois oscillent entre souverainisme et autonomisme.

Vocabulaire

Localisation, en bleu foncé, du Québec au sein de l'Amérique du Nord.

En pratique, les termes « indépendantisme », « souverainisme » et « séparatisme » sont utilisés pour qualifier l'idéologie et le mouvement social souverainiste. La différence entre les appellations peut signifier une certaine différence idéologique. L'utilisation du terme « indépendantisme » est souvent employé pour désigner la volonté d'un pays pleinement indépendant, alors que le « souverainisme » inclut aussi des projets d'indépendance partielle à condition qu'ils viennent avec une indépendance légale, c'est-à-dire un droit de retrait illimité. Toutefois, cette distinction est de moins en moins faite, et n'a jamais été reconnue par le camp des opposants. Le terme « souverainisme » est le terme le plus employé de 1968 à nos jours.

Toutefois, l'utilisation du terme « séparatisme » est parfois perçu comme péjoratif au Québec. De plus, la plupart des discours politiques du premier ministre du Canada utilisent le terme « séparatisme », afin d'accentuer la dimension négative du projet[1].

Le terme « sécession »/« sécessionniste » est beaucoup plus rare, voire absent, du vocabulaire québécois et canadien[2].

Contrairement au vocabulaire en vigueur dans d'autres pays, le terme « autonomie »/« autonomiste » ne désigne presque jamais une forme de souveraineté du Québec, puisqu'il réfÚre traditionnellement à des mouvements de réforme de la fédération ou d'affirmation institutionnelle de la province (relations diplomatiques hors-Canada, création du rapport d'impÎt québécois et de la Caisse de dépÎt, etc). Il est donc associé à l'autonomisme québécois.

Historique

Origines

Les origines du souverainisme québécois remontent au XIXe siÚcle.

bataille des plaines d'Abraham, bataille montrant le commencement de la présence britannique au Canada

ConquĂȘte britannique (1759-1776)

En effet, depuis la conquĂȘte britannique, les Canadiens (colons français de l’ancienne Nouvelle-France) possĂ©daient dĂ©jĂ  une certaine crainte quant Ă  l’avenir de leur culture, de leur langue et de leur religion, Ă  la suite de cette conquĂȘte. En ajout Ă  ce changement radical, les gouvernements britanniques Ă©taient trĂšs connus pour leurs grandes techniques d’assimilation. Toutefois, l’Église catholique de l'ancienne colonie française rĂ©sista aux nombreuses tentatives d’assimilation de la couronne.

Ainsi, dans cette optique culturelle et politique, l'idĂ©e de se libĂ©rer de l’Empire britannique dĂ©buta rapidement suite Ă  un changement gĂ©opolitique d'envergure international qui bouleversa les idĂ©es des Canadiens : la rĂ©volution amĂ©ricaine. Durant cette rĂ©volte, les Canadiens ont vĂ©cu, pour la premiĂšre fois, une sĂ©paration d’un point de vue politique. En effet, les Canadiens devaient choisir entre l’allĂ©geance britannique ou devenir rebelles vis-Ă -vis de l’armĂ©e amĂ©ricaine. MĂȘme si certains ont rejoint les "Rangers", la majoritĂ© des Canadiens dĂ©cidĂšrent de maintenir leur allĂ©geance dĂ» Ă  l'acte de QuĂ©bec[3] et Ă  l'immense propagande venant de l'Église.

Les loyalistes et la rébellion des patriotes (1783-1840)

Le Haut-Canada et le Bas-Canada, aprĂšs l'acte constitutionnel

AprĂšs la rĂ©volution, un nouveau dĂ©fi commença pour les Canadiens français de la colonie britannique. Pour ĂȘtre prĂ©cis, nombreux colons des treize colonies trouvĂšrent refuge dans la province of Quebec. La majoritĂ© d’entre eux s'installa dans la rĂ©gion du lac Ontario pour crĂ©er ce qui allait devenir l’actuelle province d'Ontario (dans la culture folklorique du QuĂ©bec, l'Ontario a toujours Ă©tĂ© une province rivale). Ces loyalistes demandaient la crĂ©ation d’une chambre d’assemblĂ©e dans la colonie. Toutefois, les nouveaux habitants de la colonie avaient plusieurs demandes ralentissant le progrĂšs politique et culturel des francophones de la province of Quebec, dont celle d'avoir l’anglais et la religion anglicane comme langue et religion officielles. Cette tension entre Canadiens et loyalistes devint une Ă©preuve difficile pour le maintien de la paix dans cette colonie. Pour rĂ©gler cette situation, la couronne crĂ©a deux colonies distinctes : le Haut-Canada (Britanniques et loyalistes) et le Bas-Canada (Canadiens) par l’Acte constitutionnel.[4] MĂȘme si le nom peut paraĂźtre pĂ©joratif, les noms des colonies correspondent aux noms gĂ©ographiques des rĂ©gions des basses terres et hautes terres du fleuve St-Laurent.

Organisation politique du Bas-Canada

Avec la crĂ©ation de ces deux colonies et de ces deux assemblĂ©es, Canadiens et loyalistes ne se prĂ©occupĂšrent plus les uns des autres. Cependant, ce qui Ă©tait une revendication des nouvelles chambres d'assemblĂ©e, la couronne ne permet pas encore aux chambres d’avoir des gouvernements responsables. De plus, le gouverneur gĂ©nĂ©ral (qui est choisi par le parlement britannique) possĂšde encore le droit de veto. Ainsi, plusieurs lois favorisant les Canadiens seront rejetĂ©es par celui-ci. Le gouverneur sera donc publiquement en accord avec les lois et projets amĂ©liorant les situations des anglophones de la colonie (les anglophones possĂšdent la quasi-totalitĂ© des entreprises et des commerces du Bas-Canada). Dans cette situation, la tension entre Canadiens et Britanniques du Bas-Canada sera amplifiĂ©e. Plusieurs partis politiques, clubs et journaux seront crĂ©Ă©s pour afficher leur colĂšre face Ă  l’injustice politique dans la colonie. Cette situation mĂšnera le parti patriote au pouvoir. Par peur d'une insurrection politique dans la colonie, le gouverneur sanctionna la chambre d’assemblĂ©e et le parti patriote, interdit les rassemblements politiques et augmenta les patrouilles dans les grandes villes du Bas-Canada (MontrĂ©al et QuĂ©bec). Le choc est extrĂȘmement puissant pour la communautĂ© politique progressiste de la colonie. À cet instant, plusieurs rĂ©unions et conseils envisagĂšrent de prendre les armes contre le joug de la couronne. C’est durant cette pĂ©riode que le mouvement souverainiste des Canadiens français, et plus tard des QuĂ©bĂ©cois, naĂźtra. La rĂ©bellion des patriotes sera un Ă©pisode sanglant dans l’histoire du Canada et une terrible dĂ©faite pour les peuples français et irlandais. Celle-ci aura de terribles consĂ©quences pour la population catholique. En effet, durant cette rĂ©bellion, l’armĂ©e britannique ne sera pas seulement composĂ©e de soldats, mais aussi de Britanniques souhaitant joindre l’armĂ©e et infliger de dures pertes aux Canadiens français considĂ©rĂ©s comme concurrents Ă©conomiquement. De plus, la pensĂ©e de l’assimilation et de la supĂ©rioritĂ© des Britanniques face Ă  la race « infĂ©rieure » fera surface dans les idĂ©es de contrĂŽle de la population francophone de la colonie britannique.

Bataille de St-Eustache durant la rébellion des patriotes

AprĂšs cette terrible dĂ©faite, les Canadiens français s'Ă©loignĂšrent de l’idĂ©e d’indĂ©pendance. Cela amĂšnera un Ă©norme ralentissement au mouvement progressiste des francophones ajoutĂ© Ă  un dur combat politique de rĂ©sistance pour le peuple francophone de l’AmĂ©rique septentrional face Ă  plusieurs tentatives d’assimilation et d'idĂ©es politiques « anti-français ». Cette pĂ©riode de l'histoire des Canadiens français posera un Ă©normes dĂ©fi pour ceux-ci. Toutefois, l’Église catholique et la fiertĂ© culturelle de ce peuple maintinrent une identitĂ© linguistique et culturelle unique dans le monde. Ainsi, c'est aprĂšs plusieurs annĂ©es de jonglages politiques et de persĂ©vĂ©rance qu'ils obtinrent certains privilĂšges telles qu'un gouvernement responsable ou la protection de la langue française dans ce territoire majoritairement anglophone.

Les débuts du retour (1939-1960)

Il faudra attendre la RĂ©volution tranquille pour que l’idĂ©e d’indĂ©pendance revienne en force, faisant en sorte qu’elle soit encore aujourd’hui au centre d'un Ă©norme dĂ©bat au QuĂ©bec. Avec l’arrivĂ©e du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec et de l’Union nationale qui prĂŽnait l’autonomie du QuĂ©bec dans le Canada, l’idĂ©e de l’autonomie pour certains ne suffisait pas.

Essor (années 1960)

Avant cette Ă©poque, ni les nationalistes traditionnels de l'Union nationale ni ceux du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec ne furent partisans de l'indĂ©pendance. MalgrĂ© des slogans Ă©lectoraux tels MaĂźtres chez nous chez les libĂ©raux, et ÉgalitĂ© ou indĂ©pendance chez les unionistes, aucun des deux principaux partis n'articule de politique qui va au-delĂ  de simples demandes de rĂ©formes constitutionnelles. Toutefois, pour certains, mĂȘme si ces partis proposĂšrent des idĂ©es autonomistes pour le QuĂ©bec, celui-ci devait, en fait, devenir un Ă©tat afin que son identitĂ© et son projet collectif soient accomplis. C’est dans cette optique que le Parti quĂ©bĂ©cois est crĂ©Ă© avec comme raison d'ĂȘtre la souverainetĂ© du QuĂ©bec.

Transformation post-référendaire (1980)

Logo du NON, lors du référendum du Québec, en 1980

Avec un montĂ©e fulgurante du nationalisme quĂ©bĂ©cois, le Parti quĂ©bĂ©cois (PQ) crĂ©Ă© par RenĂ© LĂ©vesque dĂ©montrait solidement son idĂ©ologie de SouverainetĂ©-Association. En effet, l’idĂ©e principale du PQ (mĂȘme si certains membres n’étaient pas d’accord avec celle-ci, comme Jacques Parizeau) Ă©tait de permettre aux QuĂ©bĂ©cois d’avoir une autonomie sur les relations extĂ©rieures, sur sa politique et sur l’organisation d'un futur pays, tout en maintenant de fortes relations Ă©conomiques et politiques avec le Canada. Ainsi, dans le contexte nationaliste existant au QuĂ©bec Ă  l'Ă©poque, la souverainetĂ©-association fut l’enjeu du premier rĂ©fĂ©rendum sur la souverainetĂ© du QuĂ©bec. Cependant, les QuĂ©bĂ©cois et QuĂ©bĂ©coises refusĂšrent catĂ©goriquement ce projet par un Ă©cart de presque 20 % (Oui 40 %, Non 60 %). AprĂšs ce vote trĂšs expressif, Ottawa entama des nĂ©gociations avec les provinces afin de trouver un consensus Ă  ces tensions (cela fut une promesse durant la campagne rĂ©fĂ©rendaire). Le but de ces nĂ©gociations constitutionnelles fut de "rapatrier" la Constitution du Canada, jusque-lĂ  modifiable par le Parlement britannique. Cependant, les nĂ©gociations n’aboutirent Ă  rien et les provinces canadiennes ne trouvĂšrent aucune entente d’un point de vue constitutionnel. Cette nouvelle constitution apporta plusieurs changement tels que l’ajout d’une charte des droits et libertĂ©s et un Ă©cartement d’un point de vue politique face au Royaume-Uni. NĂ©anmoins, le parlement britannique et la couronne britannique demandĂšrent Ă  ce qu'il y'ait une consultation avec les provinces afin qu'ils adhĂšrent au changement constitutionnel, ce qui amĂšnera Ă  des nĂ©gociations en . Cependant, le QuĂ©bec n’accepta pas cette constitution et demanda plus de privilĂšges et de reconnaissance, ce que les autres provinces rĂ©clameront aussi. Cela apportera un Ă©vĂ©nement qui, pour les QuĂ©bĂ©cois, est considĂ©rĂ© comme une quasi-trahison. Durant la nuit du 4 novembre 1981, le premier ministre du Canada et les premiers ministres des provinces hormis celui du QuĂ©bec en vinrent Ă  une entente sans prĂ©venir ce dernier. Le lendemain, RenĂ© LĂ©vesque tiendra un discours et quittera les nĂ©gociations en considĂ©rant que les actions de cette fameuse nuit Ă©taient « anti-dĂ©mocratiques et ennemies du QuĂ©bec ». La nouvelle constitution est quand mĂȘme signĂ©e et acceptĂ©e par le parlement britannique et la couronne. Toutefois, le fait que la signature du QuĂ©bec n'est pas sur la constitution signifie que le QuĂ©bec n'adhĂšre pas Ă  celle-ci. Ainsi, techniquement, le QuĂ©bec n’est pas dans le Canada actuel, mais dans le Canada du XIXe siĂšcle. Cet Ă©vĂ©nement a Ă©normĂ©ment marquĂ© les QuĂ©bĂ©cois. En effet, les sentiments de trahison et de rejet furent fortement ressentis par de nombreux quĂ©bĂ©cois, et ainsi, parallĂšlement, le sentiment souverainiste prit un nouveau souffle. Mais le PQ rĂ©pliqua que pour maintenir un nouveau rĂ©fĂ©rendum, il faudrait un ouragan de souverainisme.

NĂ©gociations avec le reste du Canada et retour du souverainisme

Lucien Bouchard, fondateur et premier chef du Bloc québécois et principal négociateur, représentant du OUI lors du référendum de 1995

En 1985, les QuĂ©bĂ©cois dĂ©cidĂšrent d’élire un gouvernement libĂ©ral afin d’essayer de trouver un consensus avec le Canada. De plus, en 1984, le nouveau gouvernement fĂ©dĂ©ral conservateur de Brian Mulroney promit de tenir des nĂ©gociations avec les provinces et d'en finir avec la question constitutionnelle canadienne. Telle que promis, le premier ministre canadien rĂ©ussit Ă  trouver un accord Ă  Charlottetown. L’accord avait toutefois plusieurs points de divergences au sein des provinces. C'est pourquoi l'accord de Charlottetown a Ă©tĂ© adoptĂ©, mais il devait ĂȘtre acceptĂ© par la population canadienne par voie de rĂ©fĂ©rendum, en 1992. Toutefois, les QuĂ©bĂ©cois et les Canadiens considĂšrent que cet accord est vain et ne souhaitent plus retomber dans des nĂ©gociations constitutionnelles. L’accord est rejetĂ© Ă  55 %. Aussi, comme tentative constitutionnelle, Lucien Bouchard organisa des nĂ©gociations, en 1990, avec les provinces sur l’avenir du QuĂ©bec dans la constitution et de l’acceptation du QuĂ©bec en tant que sociĂ©tĂ© distincte, au lac Meech. NĂ©anmoins, peu de temps avant la signature de l’accord mettant fin au houleux dĂ©bat sur la reconnaissance du peuple quĂ©bĂ©cois, les nĂ©gociations Ă©chouent. ComplĂštement dĂ©passĂ© par la politique fĂ©dĂ©ral canadienne, le premier ministre du QuĂ©bec, Robert Bourassa, demanda un rapport sur l’avenir du QuĂ©bec, sa solution et ses options. Le rapport Allaire dĂ©montra que le seul moyen Ă©tait de tenir un rĂ©fĂ©rendum sur la souverainetĂ© et l’avenir du QuĂ©bec ou sur le retour Ă  des nĂ©gociations mais cette fois-ci des nĂ©gociations QuĂ©bec-Canada et non pour un accord mutuel avec les provinces canadiennes. Le soutien de la souverainetĂ© Ă©tait de 68%-69% et certaines analyses montraient des pourcentages allant jusqu'Ă  72 %. Cependant, le gouvernement libĂ©ral refusa de tenir un rĂ©fĂ©rendum mĂȘme si Robert Bourassa avait tenu un discours nationaliste et que certains dĂ©putĂ©s libĂ©raux avaient mentionnĂ© la possibilitĂ© d'un rĂ©fĂ©rendum sur l'indĂ©pendance du QuĂ©bec.

Quant Ă  Lucien Bouchard, il quitta le gouvernement conservateur Ă  la suite du scandale de l’accord du lac Meech et crĂ©a un parti fĂ©dĂ©ral visant Ă  reprĂ©senter les QuĂ©bĂ©cois dans la Chambre des communes : le Bloc quĂ©bĂ©cois. Ce dernier deviendra l’opposition officielle en 1993. Cela a ainsi prouvĂ© au Canada que l’idĂ©e souverainiste Ă©tait encore prĂ©sente et remontait en force.

Résultats du référendum,en 1995.

DeuxiÚme référendum

Selon certains analystes, le fait de mettre un parti souverainiste au pouvoir avec une majoritĂ© politique pouvait envoyer un message claire Ă  la fĂ©dĂ©ration si instable du Canada. Cependant, Jacques Parizeau promit aux QuĂ©bĂ©cois de tenir un rĂ©fĂ©rendum sur la souverainetĂ© complĂšte du QuĂ©bec et non une souverainetĂ©-association durant sa campagne Ă©lectorale. Ce qui, pour plusieurs qui considĂ©raient que seulement des nĂ©gociations suffiraiait pour parvenir Ă  une entente avec Ottawa, fut une dĂ©ception. Ce qui amĂšnera le Parti quĂ©bĂ©cois Ă  n'obtenir que 45 % aux Ă©lections provinciales. En 1994, les Ă©lecteurs quĂ©bĂ©cois, par une mince majoritĂ©, mettent le Parti quĂ©bĂ©cois menĂ© par Jacques Parizeau au pouvoir pour en finir avec la question de la place du QuĂ©bec au Canada. De plus, dĂšs son entrĂ©e au pouvoir, le premier ministre du QuĂ©bec demanda aux QuĂ©bĂ©cois leur avis sur la souverainetĂ©. Seulement 40 % souhaitaient l’indĂ©pendance. NĂ©anmoins, il soutient qu’il y aura un rĂ©fĂ©rendum lors de son mandat. La campagne rĂ©fĂ©rendaire commençait mal pour le camp du OUI, au contraire du NON qui avait le vent dans les voiles. Cependant, avec la venue de l’Action dĂ©mocratique du QuĂ©bec et le soutien du Bloc quĂ©bĂ©cois de Lucien Bouchard (la coalition du OUI), le camp souverainiste repart dans la course avec, pour la premiĂšre fois, des sondages dĂ©montrant une victoire pour le OUI (jamais l'idĂ©e souverainiste n'avait rĂ©ussi Ă  avoir une majoritĂ© dans des sondages). De plus, le soutien de la France et des pays francophones a rassurĂ© quelques QuĂ©bĂ©cois indĂ©cis au sujet des relations extĂ©rieures. Toutefois, l’entrĂ©e du premier ministre canadien Jean ChrĂ©tien dans la campagne a aidĂ© le camp du NON. De plus, les États-Unis ont dĂ©clarĂ© publiquement leur intĂ©rĂȘt au maintien d'un Canada uni, mĂȘme si techniquement leur position, d'un point de vue internationale, Ă©tait neutre. Ainsi, le , lors du rĂ©fĂ©rendum, tout indiquait que le OUI l’emportera par une courte majoritĂ©. Mais, lors des derniĂšres 30 Ă  40 minutes de cette soirĂ©e, le vent tourna au profit du camp du NON avec surtout MontrĂ©al et l’Outaouais formant la vague fĂ©dĂ©raliste. La soirĂ©e se finit, donc par une trĂšs mince victoire du NON avec 50,58 % contre 49,42 % pour le OUI (un Ă©cart d’environ 58 000 voix *la plus petite majoritĂ© de vote dans un rĂ©fĂ©rendum ayant plus de 2 millions de votes*). Le fameux discours de Jacques Parizeau amena de grandes controverses au sein du Parti quĂ©bĂ©cois et de son acceptation parmi les minoritĂ©s ethniques du QuĂ©bec parce-que durant son discours, Jacques Parizeau dĂ©clara que la dĂ©faite avait Ă©tĂ© causĂ©e « par l’argent et des votes ethniques ». Le Parti quĂ©bĂ©cois ne s'est encore jamais remis de cette soirĂ©e. Il dĂ©missionna le lendemain du rĂ©fĂ©rendum laissant une trĂšs grande empreinte au QuĂ©bec moderne tout en meurtrissant le mouvement souverainiste. Pour le camp du NON, leur fragilitĂ© est maintenant connue de tous et leur demande d'aide face au Canada ont dĂ©montrĂ© pour certains leur incapacitĂ© de gĂ©rer une campagne rĂ©fĂ©rendaire sans l’aide du Canada. Jamais le camp fĂ©dĂ©raliste ne fut aussi proche de la dĂ©faite. Depuis cet Ă©vĂ©nement, le camp fĂ©dĂ©ral (le parti libĂ©ral pour ĂȘtre plus prĂ©cis) fut pointĂ© du doigt par plusieurs pour des allĂ©gations de fraude durant le rĂ©fĂ©rendum, ce qui, pour certains souverainistes, dĂ©montrait que le camp du OUI aurait dĂ» l'emporter et qu'ils se sont "fait voler le rĂ©fĂ©rendum".

Époque contemporaine

L'idĂ©e de la souverainetĂ© du QuĂ©bec est toujours dĂ©fendue par une portion importante de la population quĂ©bĂ©coise. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2010 jusqu'Ă  nos jours, l'appui Ă  la souverainetĂ© recueille entre 35 % et 40 % d'appui[5]. Bien que le clivage entre l'idĂ©ologie fĂ©dĂ©raliste et le souverainisme soit important, le dĂ©bat entre la gauche et la droite prend aussi une place importante. Les Organisations unies pour l’indĂ©pendance (OUI QuĂ©bec) ont succĂ©dĂ© le au Conseil de la souverainetĂ© du QuĂ©bec (CSQ). En , le premier ministre Justin Trudeau reconnaĂźt l'existence de la nation quĂ©bĂ©coise et Ă©voque la possibilitĂ© pour le gouvernement du QuĂ©bec de l'inscrire dans la Constitution du Canada[6],[7],[8].

Idéologie

Principes généraux

Le but de l'idéologie et du mouvement souverainiste est de faire en sorte que le Québec devienne un pays en se séparant du Canada. Cependant, plusieurs souverainistes proposent d'établir divers partenariats futurs avec le Canada.

L'idée de la souveraineté du Québec est fondée sur une vision et interprétation nationalistes des faits historiques et des réalités sociologiques du Québec, qui attestent l'existence d'un peuple et d'une nation québécoise[N 1].

Les souverainistes croient que l'aboutissement normal de l'aventure collective des QuĂ©bĂ©cois est l'atteinte de l'indĂ©pendance politique, chose qu'ils entrevoient comme possible uniquement si le QuĂ©bec devient un État souverain et si ses habitants se gouvernent eux-mĂȘmes par le biais d'institutions politiques dĂ©mocratiques indĂ©pendantes, et s'ils sont libres d'Ă©tablir des relations extĂ©rieures sur la base de traitĂ©s.

Par le biais du fĂ©dĂ©ralisme canadien, les QuĂ©bĂ©cois exercent actuellement un certain contrĂŽle sur l'État quĂ©bĂ©cois. Cependant, au sein du Canada tel qu'il est actuellement constituĂ©, le QuĂ©bec n'a pas tous les pouvoirs constitutionnels lui permettant d'agir en tant que pays souverain.

Bien que ce soit avant tout un courant d'ordre politique, des préoccupations d'ordre culturel et social sont également à la base du désir d'émancipation par la voie indépendantiste d'une partie de la population québécoise, lesquelles sont beaucoup plus anciennes que le mouvement souverainiste et se réfÚrent proprement à la question de l'identité nationale de chaque Québécois, toutes tendances politiques confondues. L'argument culturel principal des souverainistes soutient que seule une citoyenneté nationale québécoise permettrait de résoudre le problÚme de l'identité culturelle québécoise dans le contexte nord-américain. En assoyant la future nationalité québécoise sur des assises juridiques, les souverainistes croient que l'identité culturelle des Québécois et ainsi de leur mémoire collective, telle que définie par leurs élites intellectuelles, sera adéquatement protégée, notamment contre les récupérations par d'autres nations, tel l'hymne national du Canada, à l'origine un chant patriotique canadien-français. Une citoyenneté nationale viendrait résoudre de maniÚre adéquate et définitive la délicate question de la langue française au Québec, langue de la majorité québécoise, mais d'une minorité culturelle au sein du Canada.

Souverainisme de gauche

L'idĂ©ologie et le mouvement souverainiste quĂ©bĂ©cois sont grandement associĂ©s Ă  la social-dĂ©mocratie et la sĂ©cularisation, notamment parce que le souverainisme s'est dĂ©veloppĂ© durant la rĂ©volution tranquille, un processus de sĂ©cularisation et de crĂ©ation de l'État providence quĂ©bĂ©cois. Les partis politiques et les groupes qui ont fait la promotion de la souverainetĂ© ont souvent Ă©tĂ© perçus, Ă  tort ou Ă  raison, comme des groupes politiquement de gauche. Il s'est donc dĂ©veloppĂ© au QuĂ©bec un nationalisme de gauche qui associe les idĂ©es sociales-dĂ©mocrates et sĂ©culiĂšres avec le nationalisme.

Souverainisme de droite

Il existe aussi des souverainistes quĂ©bĂ©cois associĂ©s Ă  des idĂ©es plus Ă  droite. Il est Ă  noter que l'expression « souverainisme de droite » recouvre un trĂšs large spectre politique : elle peut ĂȘtre utilisĂ©e autant pour identifier des souverainistes dotĂ©s d'une pensĂ©e Ă©conomique libĂ©rale ou nĂ©olibĂ©rale, que des personnalitĂ©s indĂ©pendantistes culturellement ou moralement conservatrices. Pourtant, outre d'ĂȘtre toutes en faveur de la souverainetĂ© du QuĂ©bec, ces diffĂ©rentes catĂ©gories peuvent avoir peu de points en commun en matiĂšre politique, culturelle et Ă©conomique.

Des penseurs comme Lionel Groulx ont souhaité créer un Québec indépendant pour y faire fleurir la langue française et la religion catholique.

Des hommes politiques tels que Lucien Bouchard, Rodrigue Biron et François Legault sont ou furent souverainistes et étaient décrits comme ayant des idées de centre-droit ou de droite.

Plus récemment, le chroniqueur Mathieu Bock-CÎté prÎne une idéologie souverainiste ancrée dans un nationalisme-conservateur.

Une partie de la nouvelle droite souverainiste, principalement reprĂ©sentĂ©e par Alexandre Cormier-Denis, s’inspire fortement du nationalisme canadien-français des annĂ©es 20 et 30.

La rupture des liens avec le Canada

Enseigne de bienvenue situĂ©e Ă  la frontiĂšre entre le QuĂ©bec et les États-Unis.

L'idéologie et le mouvement souverainistes visent à la constitution d'un pays souverain au Québec. Toutefois, l'idéologie regroupe plusieurs franges qui acceptent ou non la poursuite de certains liens avec le Canada. Ainsi, durant les années 1980, le Parti québécois prÎnait un projet de souveraineté-association qui comprenait certains liens avec le Canada.

De mĂȘme, certains militants du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec au dĂ©but des annĂ©es 1990 souhaitaient une forme de souverainetĂ© quĂ©bĂ©coise Ă  condition qu'il subsiste un Parlement unissant le QuĂ©bec et le Canada.

D'autres franges, plus majoritaires, réclament la constitution d'un pays souverain qui négocierait par la suite avec le Canada pour certaines ententes commerciales et territoriales (ex. : monnaie commune, libre circulation, partenariat économique, etc.).

Critiques

Les fédéralistes québécois critiquent le projet souverainiste, puisqu'il implique le retrait du Québec de la Confédération canadienne. Ils estiment que l'indépendance du Québec aurait des conséquences néfastes pour la Belle Province, tant politiques qu'économiques.

À leurs yeux, l'accession Ă  l'indĂ©pendance mĂšnerait Ă  une sĂ©rie de « chicanes » politiques, notamment pendant la nĂ©cessaire pĂ©riode de transfert de pouvoirs - forces armĂ©es, aĂ©roports, partage des eaux, dĂ©finition des frontiĂšres, partage de la dette fĂ©dĂ©rale, etc. - entre Ottawa et QuĂ©bec.

Les fĂ©dĂ©ralistes quĂ©bĂ©cois estiment par ailleurs que l'accession Ă  la souverainetĂ© aurait un coĂ»t Ă©conomique et financier pour le QuĂ©bec, le nouvel État indĂ©pendant devant notamment se priver de la pĂ©rĂ©quation canadienne et possiblement rĂ©adhĂ©rer formellement Ă  des traitĂ©s de libre-Ă©change tels que l'ALÉNA. Les opposants au projet souverainiste croient aussi que la possible instabilitĂ© politique suivant un vote en faveur du « Oui » pourrait effrayer les investisseurs et inciter des entreprises installĂ©es au QuĂ©bec Ă  dĂ©mĂ©nager leurs siĂšges sociaux Ă  l'Ă©tranger.

Opinion publique

Intentions de vote aprÚs répartition

Attention : les rĂ©sultats suivants ne sont pas tous en rĂ©ponse Ă  la mĂȘme question. Il faut distinguer principalement trois questions : celle de 1980 (utilisĂ©e en 1979-1980), celle de 1995 (utilisĂ©e en 1995-2004), et la question de la simple indĂ©pendance, utilisĂ©e surtout avant 1968 et aprĂšs 2004. On trouve aussi d'autres questions similaires. Enfin, les rĂ©sultats sont parfois reprĂ©sentĂ©s en ne comptant pas les indĂ©cis (rĂ©fĂ©rendums) ou en les comptant sĂ©parĂ©ment (sondages « avant rĂ©partition »).

Hors de cette table, on peut aussi trouver d'autres versions des résultats de sondage, comme la répartition proportionnelle (considérant que les indécis ne comptent pas) et d'autres formules de répartition (répartition CROP de 1995).

Intentions de vote aprÚs répartition des indécis
Dernier jour
du sondage
Pour Contre Sondeur Échantillon ME Source
36 64 Mainstreet 1012 ± 3,0 HTML
37 63 LĂ©ger 801 NC PDF
31 69 Ipsos 2 001 ± 2,5 HTML
35 65 Léger 1 005 ± 3,1 PDF
33 67 CROP 925 NC PDF
30 70 CROP 919 NC PDF
37 63 Léger 999 ± 3,1 PDF
33 67 CROP 920 NC PDF
41 59 Léger 1 003 ± 3,0 PDF
37 63 CROP 908 NC PDF
35 65 LĂ©ger 939 NC PDF
34 66 CROP 903 NC PDF
39 61 LĂ©ger 914 NC PDF
36 64 CROP NC NC [9]
36 64 CROP NC NC PDF
40 60 LĂ©ger 951 NC PDF
42 58 LĂ©ger 944 NC PDF
38 62 LĂ©ger 878 NC PDF
36 64 LĂ©ger 854 NC PDF
40 60 LĂ©ger 891 NC PDF
36 64 Léger 1 038 ± 3,0 PDF
38 62 Léger 1 008 ± 3,1 PDF
34 66 CROP NC NC [10]
39 61 Léger 1 014 ± 3,1 PDF
43 57 Léger 1 433 NC PDF
43 57 LĂ©ger 882 NC PDF
38 62 CROP 1 000 NC HTML
41 59 Léger 1 000 ± 3,1 PDF
41 59 Léger 1 053 ± 3,0 PDF
40 60 CROP 1 001 ± 3,0 PDF
43 57 CROP 1 000 ± 3,0 PDF
37 63 Léger 1 002 ± 3,4 PDF
42 58 Léger 1 002 ± 3,4 PDF
Pour l'historique des intentions de vote avant 2008.
32 68 CROP 1 000 ± 3,0 PDF
36 64 CROP 1 000 ± 3,0 PDF
46 54 LĂ©ger 602 NC PDF
43 57 Léger 1 002 ± 3,1 PDF
52 48 Léger 1 008 ± 3,1 PDF
54 46 Léger 2 008 ± 2,2 PDF
48 52 LĂ©ger NC NC HTML
42 58 CROP 1 000 ± 3,0 PDF
46 54 CROP NC NC PDF
45 55 CROP NC NC PDF
42 58 CROP NC NC PDF
44 56 CROP NC NC PDF
40 60 Léger 1 005 ± 3,5 PDF
39 61 CROP NC NC PDF
42 58 Léger 1 002 ± 3,5 PDF
40,7 59,3 Léger 968 ± 3,5 PDF
44,7 55,3 Léger 1 003 ± 3,5 PDF
47 53 Sondagem NC NC PDF
52,5 47,5 Léger 1 001 ± 3,1 [11]
52,4 47,6 Léger 1 005 ± 3,1 [12]

On voit que l'option souverainiste a dépassé l'option contraire trois fois au cours de cette histoire :

Intentions de vote avant répartition

Historique des intentions de vote référendaire au Québec depuis 1990
Indécis non-répartis
Intentions référendaire au Québec (depuis 1990).svg
  • Oui
  • Non
  • NSP ou refus
DĂ©tail des sondages
Dernier jour
du sondage
Pour Contre IndĂ©cis Sondeur Échantillon ME Source
32 56 12 Mainstreet 1 012 ± 3,0 HTML
27 52 21 Léger 1 004 ± 3,1 PDF
36 54 10 Léger 1 013 ± 3,1 HTML
23 23 54 Environics NC NC HTML
25 55 20 Ipsos 2 001 ± 2,5 HTML
30 61 8 CROP 1 000 NC PDF
27 65 7 CROP 1 000 NC PDF
30 61 9 CROP 1 000 NC PDF
38 54 8 Léger 1 003 ± 3,0 PDF
33 57 10 CROP 1 000 NC PDF
32 59 10 LĂ©ger 939 NC PDF
31 58 11 CROP 1 000 NC PDF
32 57 11 CROP 1 000 NC PDF
30 55 15 Léger 1 038 ± 3,0 PDF
37 50 14 Léger 1 207 ± 2,8 PDF
33 53 14 Léger 1 008 ± 3,1 PDF
28 62 10 CROP 1 002 ± 3,1 HTML
37 50 13 Léger 1 615 ± 2,4 PDF
37 50 13 Léger 1 001 ± 3,1 PDF
35 57 9 CROP 1 000 NC PDF
35 50 15 Léger 1 000 ± 3,1 PDF
36 49 14 CROP 1 000 NC PDF
39 57 4 CROP 1 000 NC PDF
32 63 5 CROP 1 000 NC PDF
36 57 8 CROP 1 000 NC PDF
35 58 7 CROP 1 000 NC PDF
Pour l'historique des intentions de vote avant 2008.
37 58 5 Léger 1 000 ± 3,1 PDF
37 59 4 Léger 1 001 ± 3,1 PDF
43 46 11 CROP 996 NC PDF
35 58 7 CROP 1 000 NC PDF
47 49 3 LĂ©ger NC NC PDF
33 61 6 Léger 1 010 ± 3,1 PDF
46,2 42,6 11,1 CROP 612 NC [14]
40 45 14 Sondagem 1 014 ± 3,1 HTML
37 55 8 CROP 1 003 ± 3,0 PDF
35 51 15 CROP 927 ± 3,3 HTML
38 46 15 CROP 1 003 ± 3,0 PDF
39 42 19 Sorecom 1 087 ± 3,0 PDF

Intentions de vote chez les francophones

Historique des intentions de vote référendaire au Québec depuis 1997
Électeurs francophones
Intentions référendaire au Québec (chez les Francophones).svg
  • Oui
  • Non
  • NSP ou refus
DĂ©tail des sondages
Dernier jour
du sondage
Pour Contre IndĂ©cis Sondeur Échantillon ME Source
39 47 14 Mainstreet 926 ± 3 % HTML
33 42 25 LĂ©ger 804 NC PDF
43 57 — LĂ©ger 733 NC PDF
46 54 — LĂ©ger 753 NC PDF
52 48 — LĂ©ger 731 NC PDF
43 57 — LĂ©ger 736 NC PDF
48 52 — LĂ©ger 735 NC PDF
49 51 — LĂ©ger 763 NC PDF
51 49 — LĂ©ger 731 NC PDF
45 55 — LĂ©ger 671 NC PDF
51 49 — LĂ©ger 681 NC PDF
44 56 — LĂ©ger 680 NC PDF
44 41 15 LĂ©ger 978 NC PDF
40 45 15 Léger 1 008 ± 3,1 PDF
45 55 — LĂ©ger 750 NC PDF
49 51 — LĂ©ger 798 NC PDF
44 42 14 LĂ©ger 806 NC PDF
42 42 15 LĂ©ger 824 NC PDF
48 38 14 LĂ©ger 795 NC PDF
50 50 — LĂ©ger 833 NC PDF
45 49 6 CROP 909 NC PDF
43 52 5 LĂ©ger NC NC PDF
42 54 4 LĂ©ger 810 NC PDF
50 50 — LĂ©ger NC NC PDF
57 43 — LĂ©ger NC NC PDF
55 37 9 CROP 879 NC [15]
62 38 — LĂ©ger NC NC PDF
49 41 11 CROP 879 NC [16]
47 40 13 CROP 879 NC [17]
49 39 12 CROP 893 NC [17]
53 43 4 LĂ©ger NC NC PDF
46 54 — LĂ©ger NC NC PDF
39 56 5 LĂ©ger NC NC PDF
48 52 — LĂ©ger NC NC PDF
48 52 — LĂ©ger NC NC PDF
49,9 39,7 10,3 CROP 551 NC [14]
42 48 10 CROP NC NC PDF
50 41 9 CROP NC NC PDF
41 46 14 CROP NC NC PDF
45 40 14 CROP NC NC PDF
51 38 11 SOM NC NC PDF
54 36 10 CROP NC NC PDF
68 NC NC Lepage NC NC PDF
63 NC NC CROP NC NC PDF
46 38 16 Sorecom NC NC PDF
44 36 20 Sorecom NC NC PDF

Mise en Ɠuvre

Le projet de souveraineté

Le souverainisme québécois implique l'atteinte de la souveraineté du Québec. Ce projet vise la mise sur pied d'un pays souverain.

Mode d'accession à la souveraineté

Articles dĂ©taillĂ©s : Étapisme et Élection rĂ©fĂ©rendaire.

Au sein de l'idĂ©ologie souverainiste, il existe diffĂ©rentes visions de la mise en Ɠuvre du projet.

L'Ă©tapisme est une doctrine qui vise Ă  consulter les QuĂ©bĂ©cois par le biais d'un rĂ©fĂ©rendum avant d'accĂ©der Ă  la souverainetĂ©. Elle a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e par l'ancien ministre pĂ©quiste Claude Morin. Il s'agit prĂ©sentement de la doctrine majoritaire au sein du mouvement souverainiste. Elle a Ă©tĂ© adoptĂ©e par le Parti quĂ©bĂ©cois, de mĂȘme que QuĂ©bec solidaire. À deux reprises, le Parti quĂ©bĂ©cois a mis en Ɠuvre la doctrine de l'Ă©tapisme en consultant les QuĂ©bĂ©cois sur le projet de souverainetĂ©. Les QuĂ©bĂ©cois ont rejetĂ© le projet, quoique par une trĂšs faible marge lors du rĂ©fĂ©rendum de 1995 (49,42 % en faveur contre 50,58 % en dĂ©faveur).

À l'opposĂ©, certains souverainistes prĂŽnent la doctrine de l'Ă©lection rĂ©fĂ©rendaire. Selon ces derniers, un parti politique Ă©lu Ă  l'AssemblĂ©e nationale du QuĂ©bec et ayant pour mandat de faire la souverainetĂ© du QuĂ©bec pourrait dĂ©clarer unilatĂ©ralement la souverainetĂ©. Cette doctrine a soulevĂ© plusieurs critiques puisqu'un parti peut ĂȘtre Ă©lu majoritairement Ă  l'AssemblĂ©e nationale sans recueillir la majoritĂ© de voix parmi la population[N 2].

Organisations souverainistes

Article détaillé : Mouvement souverainiste du Québec.

Partis politiques

Le Parti québécois est le principal parti politique défendant l'idée de l'indépendance du Québec depuis 1968.

En 2011, parmi les partis politiques provinciaux actifs, six s'identifient à l'idéologie souverainiste. Le plus important d'entre eux est sans aucun doute le Parti québécois. Fondé en 1968, le Parti québécois visait à unir l'ensemble des souverainistes québécois. Il fut au pouvoir durant prÚs d'une vingtaine d'années (de 1976 à 1985, de 1994 à 2003 et de 2012 à 2014). En 1980 et en 1995, le Parti a tenu deux référendums sur la souveraineté du Québec. Le premier a été rejeté par 59,6 % des Québécois, et le second a été rejeté par 50,4 % des Québécois.

Les partis QuĂ©bec solidaire et Option nationale sont aussi deux partis souverainistes au QuĂ©bec. Tous deux sociaux-dĂ©mocrates, les partis se distinguent toutefois sur la prioritĂ© Ă  accorder au projet de souverainetĂ©. Le premier, QuĂ©bec solidaire, souhaite l'accession du QuĂ©bec Ă  la souverainetĂ© afin de mettre en Ɠuvre un projet social progressiste. Option nationale quant Ă  lui place la souverainetĂ© comme prioritĂ©. En 2017, Option nationale intĂšgre QuĂ©bec solidaire en tant que collectif en son sein.

D'autres partis québécois sont également souverainistes, comme le Parti indépendantiste, Climat Québec, le Parti communiste du Québec et le Parti marxiste-léniniste du Québec

Groupes et organisations

Il existe au Québec un grand nombre de groupes de pression et d'organisations souverainistes. Les Organisations unies pour l'indépendance du Québec (ex-Conseil de la souveraineté du Québec) est une organisation visant à faire la promotion du souverainisme. Le Mouvement national des Québécoises et Québécois regroupe quant à lui des organisations nationalistes qui visent à promouvoir le souverainisme et la défense de la langue française.

Des groupes de pressions plus radicaux existent aussi comme le Réseau de Résistance du Québécois qui organise réguliÚrement des manifestations pour promouvoir la souveraineté du Québec.

Le souverainisme a aussi été adopté par le Front de libération du Québec, une organisation dont certaines cellules sont responsables d'actes terroristes.

Article connexe : Crise d'Octobre.

Positions extérieures

France

Le Québec possÚde déjà de nombreuses représentations diplomatiques un peu partout au monde. Ici, la Délégation générale du Québec à Londres.

L'indépendantisme québécois a bénéficié du soutien ou des encouragements extérieurs. L'un des plus connus est celui du général Charles de Gaulle, auteur de la déclaration : « Vive le Québec libre ! » Cette déclaration est cohérente avec la pensée du général de Gaulle, attaché à l'idée de l'indépendance des nations et sensible à l'impact historique de la perte du Canada par la France.

Ainsi, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle dĂ©clara Ă  Alain Peyrefitte en septembre 1965 : « L'avenir du Canada français, c'est l'indĂ©pendance. Il y aura une RĂ©publique française du Canada ». Selon Alain Peyrefitte, « sans prĂ©juger de la forme que la souverainetĂ© quĂ©bĂ©coise devait revĂȘtir, de Gaulle, avec ce sens historique qui valut Ă  la France son salut, s'en vint donc Ă  MontrĂ©al, en , exhorter les Canadiens français Ă  prĂ©server leur identitĂ© française dont, sous Louis XV, l'indiffĂ©rence des Ă©lites françaises avait fait si lĂ©gĂšrement bon marchĂ©. « Vive le QuĂ©bec libre » ne fut pas plus improvisĂ© que l'appel du . L'appel Ă  la libertĂ©, lancĂ© le , n'eut rien de fortuit[18]. »

De mĂȘme, Ă  la proposition de l'ambassadeur français Ă  Ottawa qui suggĂšrait d’associer la France au centenaire du Canada, De Gaulle rĂ©pondit par une apostille en date du  : « Il n’est pas question que j’adresse un message au Canada pour cĂ©lĂ©brer son ‘‘centenaire’’. Nous pouvons avoir de bonnes relations avec l’ensemble de l’actuel Canada. Nous devons en avoir d’excellentes avec le Canada français. Mais nous n’avons Ă  fĂ©liciter ni les Canadiens ni nous-mĂȘmes de la crĂ©ation d’un ‘‘État’’ fondĂ© sur notre dĂ©faite d’autrefois et sur l’intĂ©gration d’une partie du peuple français dans un ensemble britannique. Au demeurant, cet ensemble est devenu bien prĂ©caire[19]  »

États-Unis

Les États-Unis ont officiellement toujours observĂ© une attitude neutre vis-Ă -vis de l'indĂ©pendance du QuĂ©bec. Cependant, puisque la relation entre le Canada et les États-Unis est privilĂ©giĂ©e Ă  diffĂ©rents niveaux, le statu quo est souhaitĂ©. En cas d'une victoire de l'option indĂ©pendantiste lors du rĂ©fĂ©rendum de 1995, Washington aurait affirmĂ© que « puisque les Canadiens doivent encore Ă©laborer leurs futurs accords constitutionnels, il est prĂ©maturĂ© de considĂ©rer la question de la reconnaissance du QuĂ©bec »[20]. Ainsi, les États-Unis attendraient donc une reconnaissance de l'État quĂ©bĂ©cois par le Canada lui-mĂȘme.

Les souverainistes des annĂ©es 1960 et 1970, RenĂ© LĂ©vesque en tĂȘte, croyaient obtenir facilement la sympathie des AmĂ©ricains pour leur cause, car ils assimilaient l'accession Ă  l'indĂ©pendance du QuĂ©bec Ă  celle que les États-Unis avaient eux-mĂȘmes conquis sur la Grande-Bretagne en 1776. Or, pour les AmĂ©ricains du XXe siĂšcle, l'idĂ©e de sĂ©paration du QuĂ©bec renvoyait plutĂŽt Ă  l'Ă©pisode le plus douloureux de leur histoire, la Guerre de sĂ©cession. De plus, le mythe fondateur du melting pot amĂ©ricain les rendait rĂ©fractaires Ă  toute idĂ©e de nationalisme intra-Ă©tatique. « Melting-pot, guerre civile. Deux murs idĂ©ologiques qui sĂ©parent les nationalistes quĂ©bĂ©cois de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine, mĂȘme de gauche, mĂȘme intellectuelle[21]. »

John F. Kennedy serait le seul politicien d'influence amĂ©ricain Ă  avoir Ă©tĂ© ouvert sur cette perspective. C'est par le curĂ© de Lowell, au Massachusetts, Armand Morissette, qu'il aurait appris dans les annĂ©es 1950 l'existence d'un courant indĂ©pendantiste au QuĂ©bec. Pour accĂ©der au SĂ©nat, Kennedy voulait gagner les votes de l'importante communautĂ© canadienne française du Massachusetts et a donc eu des contacts avec le curĂ© Morissette, par ailleurs indĂ©pendantiste convaincu. Kennedy faisait un parallĂšle non pas avec l'indĂ©pendance amĂ©ricaine, mais avec l'indĂ©pendance irlandaise, encore assez rĂ©cente (1922), Ă©tant lui-mĂȘme d'ascendance irlandaise. Il faut ajouter que la famille Kennedy Ă©tait francophile et que le futur prĂ©sident militait pour l'autodĂ©termination des peuples en gĂ©nĂ©ral. Pendant son court mandat de prĂ©sident (1960-1963), toutefois, Kennedy n'a jamais abordĂ© publiquement cette question[22].

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Le , la Chambre des communes du Canada a adopté, à 266 voix contre 16, une motion reconnaissant que « les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni ». Le 30 novembre, l'Assemblée nationale du Québec adoptait à l'unanimité une motion reconnaissant « le caractÚre positif » de la motion adoptée par Ottawa et proclamant que ladite motion ne diminuait pas « les droits inaliénables, les pouvoirs constitutionnels et les privilÚges de l'Assemblée nationale et de la nation québécoise ».
  2. Ce phénomÚne est possible en raison du mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour. Les résultats étant compilés circonscription par circonscription, un parti peut faire élire une majorité de député sans recueillir la majorité des voix dans l'ensemble du Québec. C'est d'ailleurs ce qui arrive fréquemment lors des élections générales québécoises.

Références

  1. Vincent Marissal, « Situation dĂ©sespĂ©rĂ©e, stratĂ©gie du dĂ©sespoir », La Presse,‎ (lire en ligne) .
  2. Voir cependant le Renvoi relatif Ă  la sĂ©cession du QuĂ©bec, une dĂ©cision de la Cour suprĂȘme du Canada.
  3. « 1774 : Acte de Québec - Par ici la démocratie », sur www.paricilademocratie.com (consulté le )
  4. « Acte constitutionnel (1791) - Assemblée nationale du Québec », sur www.assnat.qc.ca (consulté le )
  5. Claire Durand, « L’appui Ă  la souverainetĂ© du QuĂ©bec: OĂč en sommes-nous? », (consultĂ© le )
  6. « Vers la reconnaissance d’une « nation quĂ©bĂ©coise » au Canada », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  7. « Canada : la nation quĂ©bĂ©coise, un pas vers l’indĂ©pendance ? », sur SudOuest.fr (consultĂ© le )
  8. Mélanie Marquis, « Québec et la Constitution | Appui fédéral : Trudeau persiste et signe », sur La Presse, (consulté le )
  9. https://www.ledevoir.com/politique/quebec/453715/le-projet-de-pays-du-quebec-rebute
  10. https://www.lapresse.ca/actualites/national/201211/14/01-4593824-sondage-la-souverainete-nest-pas-demandee.php
  11. Richard Mackie, « Quebec sovereigntists take slight lead : Many believe separation would eventually improve province's economy, poll shows », The Globe and Mail,‎ , A8
  12. Richard Mackie, « Most Quebeckers expect separation within 10 years : Poll shows sovereignty support strong but focus shifting to jobs », The Globe and Mail,‎ , A1
  13. Jean-François Lisée, Qui veut la peau du Parti Québécois?, Carte blanche, , 229 p. (ISBN 978-2-89590-365-9) , pages 78-79.
  14. Canadian Opinion Research Archive, CROP Political Survey 2001-01
  15. Canadian Opinion Research Archive, CROP Political Survey 2005-05
  16. Canadian Opinion Research Archive, CROP Political Survey 2005-04
  17. « CROP Political Survey 2004-09 ».
  18. Alain Peyrefitte, « De Gaulle : Il y aura une République française du Canada ». Les cahiers d'histoire du Québec au XXe siÚcle, no 7, (printemps 1997), p. 13-22.
  19. Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets, mai 1969-novembre 1970 ; Compléments 1908-1968, éd. Plon, 1988.
  20. Washington n'aurait pas reconnu immédiatement un Québec indépendant en 1995
  21. Jean-François Lisée, La tentation québécoise de John F. Kennedy, éditions Carte blanche/La boßte à Lisée, 2020, p. 28.
  22. Jean-François Lisée, La tentation québécoise de John F. Kennedy, éditions Carte blanche/La boßte à Lisée, 2020.

Voir aussi

Articles connexes

Sur le débat constitutionnel en général
Sur le souverainisme québécois

Documents et liens externes