Le souverainisme au QuĂ©bec ou l'indĂ©pendantisme au QuĂ©bec est un courant politique qui revendique que le QuĂ©bec devienne un pays souverain, indĂ©pendant. Le QuĂ©bec est actuellement l'une des dix provinces canadiennes. Selon le souverainisme, la province devrait quitter la fĂ©dĂ©ration et devenir un Ătat souverain entiĂšrement indĂ©pendant du Canada.
L'idéologie souverainiste se fonde sur l'idée que les Québécois forment une nation et ont donc droit à l'autodétermination. Cela s'appuie sur un certain nombre de particularités historiques, culturelles et linguistiques de la province par rapport au reste du Canada. Il s'appuie aussi sur une vision de la fédération canadienne selon laquelle :
- les Québécois forment une « société distincte » du reste du Canada sous plusieurs aspects, notamment sociologiques,
- les intĂ©rĂȘts (Ă©conomiques et culturels) des QuĂ©bĂ©cois sont souvent incompatibles avec ceux de l'ensemble du Canada,
- la fédération canadienne a généralement nui au développement des Québécois, soit par malveillance soit par le simple poids démographique des anglophones lui donnant une écrasante majorité au Parlement fédéral.
Le Québec est différent des autres provinces du Canada du fait qu'il est essentiellement francophone, alors que les autres provinces sont essentiellement anglophones. Il en découle plusieurs différences culturelles.
Au Québec, le souverainisme s'oppose :
- au fédéralisme, dont les tenants souhaitent que le Québec reste au sein du Canada, avec ou sans révision de la répartition des pouvoirs entre le pouvoir fédéral et celui des provinces;
- à l'autonomisme, dont les tenants souhaitent une décentralisation des pouvoirs, reconnue ou non dans la Constitution, mais sans sécession. à noter que plusieurs Québécois oscillent entre souverainisme et autonomisme.
Sommaire
Vocabulaire
En pratique, les termes « indépendantisme », « souverainisme » et « séparatisme » sont utilisés pour qualifier l'idéologie et le mouvement social souverainiste. La différence entre les appellations peut signifier une certaine différence idéologique. L'utilisation du terme « indépendantisme » est souvent employé pour désigner la volonté d'un pays pleinement indépendant, alors que le « souverainisme » inclut aussi des projets d'indépendance partielle à condition qu'ils viennent avec une indépendance légale, c'est-à -dire un droit de retrait illimité. Toutefois, cette distinction est de moins en moins faite, et n'a jamais été reconnue par le camp des opposants. Le terme « souverainisme » est le terme le plus employé de 1968 à nos jours.
Toutefois, l'utilisation du terme « séparatisme » est parfois perçu comme péjoratif au Québec. De plus, la plupart des discours politiques du premier ministre du Canada utilisent le terme « séparatisme », afin d'accentuer la dimension négative du projet[1].
Le terme « sécession »/« sécessionniste » est beaucoup plus rare, voire absent, du vocabulaire québécois et canadien[2].
Contrairement au vocabulaire en vigueur dans d'autres pays, le terme « autonomie »/« autonomiste » ne désigne presque jamais une forme de souveraineté du Québec, puisqu'il réfÚre traditionnellement à des mouvements de réforme de la fédération ou d'affirmation institutionnelle de la province (relations diplomatiques hors-Canada, création du rapport d'impÎt québécois et de la Caisse de dépÎt, etc). Il est donc associé à l'autonomisme québécois.
Historique
Origines
Les origines du souverainisme québécois remontent au XIXe siÚcle.
ConquĂȘte britannique (1759-1776)
En effet, depuis la conquĂȘte britannique, les Canadiens (colons français de lâancienne Nouvelle-France) possĂ©daient dĂ©jĂ une certaine crainte quant Ă lâavenir de leur culture, de leur langue et de leur religion, Ă la suite de cette conquĂȘte. En ajout Ă ce changement radical, les gouvernements britanniques Ă©taient trĂšs connus pour leurs grandes techniques dâassimilation. Toutefois, lâĂglise catholique de l'ancienne colonie française rĂ©sista aux nombreuses tentatives dâassimilation de la couronne.
Ainsi, dans cette optique culturelle et politique, l'idĂ©e de se libĂ©rer de lâEmpire britannique dĂ©buta rapidement suite Ă un changement gĂ©opolitique d'envergure international qui bouleversa les idĂ©es des Canadiens : la rĂ©volution amĂ©ricaine. Durant cette rĂ©volte, les Canadiens ont vĂ©cu, pour la premiĂšre fois, une sĂ©paration dâun point de vue politique. En effet, les Canadiens devaient choisir entre lâallĂ©geance britannique ou devenir rebelles vis-Ă -vis de lâarmĂ©e amĂ©ricaine. MĂȘme si certains ont rejoint les "Rangers", la majoritĂ© des Canadiens dĂ©cidĂšrent de maintenir leur allĂ©geance dĂ» Ă l'acte de QuĂ©bec[3] et Ă l'immense propagande venant de l'Ăglise.
Les loyalistes et la rébellion des patriotes (1783-1840)
AprĂšs la rĂ©volution, un nouveau dĂ©fi commença pour les Canadiens français de la colonie britannique. Pour ĂȘtre prĂ©cis, nombreux colons des treize colonies trouvĂšrent refuge dans la province of Quebec. La majoritĂ© dâentre eux s'installa dans la rĂ©gion du lac Ontario pour crĂ©er ce qui allait devenir lâactuelle province d'Ontario (dans la culture folklorique du QuĂ©bec, l'Ontario a toujours Ă©tĂ© une province rivale). Ces loyalistes demandaient la crĂ©ation dâune chambre dâassemblĂ©e dans la colonie. Toutefois, les nouveaux habitants de la colonie avaient plusieurs demandes ralentissant le progrĂšs politique et culturel des francophones de la province of Quebec, dont celle d'avoir lâanglais et la religion anglicane comme langue et religion officielles. Cette tension entre Canadiens et loyalistes devint une Ă©preuve difficile pour le maintien de la paix dans cette colonie. Pour rĂ©gler cette situation, la couronne crĂ©a deux colonies distinctes : le Haut-Canada (Britanniques et loyalistes) et le Bas-Canada (Canadiens) par lâActe constitutionnel.[4] MĂȘme si le nom peut paraĂźtre pĂ©joratif, les noms des colonies correspondent aux noms gĂ©ographiques des rĂ©gions des basses terres et hautes terres du fleuve St-Laurent.
Avec la crĂ©ation de ces deux colonies et de ces deux assemblĂ©es, Canadiens et loyalistes ne se prĂ©occupĂšrent plus les uns des autres. Cependant, ce qui Ă©tait une revendication des nouvelles chambres d'assemblĂ©e, la couronne ne permet pas encore aux chambres dâavoir des gouvernements responsables. De plus, le gouverneur gĂ©nĂ©ral (qui est choisi par le parlement britannique) possĂšde encore le droit de veto. Ainsi, plusieurs lois favorisant les Canadiens seront rejetĂ©es par celui-ci. Le gouverneur sera donc publiquement en accord avec les lois et projets amĂ©liorant les situations des anglophones de la colonie (les anglophones possĂšdent la quasi-totalitĂ© des entreprises et des commerces du Bas-Canada). Dans cette situation, la tension entre Canadiens et Britanniques du Bas-Canada sera amplifiĂ©e. Plusieurs partis politiques, clubs et journaux seront crĂ©Ă©s pour afficher leur colĂšre face Ă lâinjustice politique dans la colonie. Cette situation mĂšnera le parti patriote au pouvoir. Par peur d'une insurrection politique dans la colonie, le gouverneur sanctionna la chambre dâassemblĂ©e et le parti patriote, interdit les rassemblements politiques et augmenta les patrouilles dans les grandes villes du Bas-Canada (MontrĂ©al et QuĂ©bec). Le choc est extrĂȘmement puissant pour la communautĂ© politique progressiste de la colonie. Ă cet instant, plusieurs rĂ©unions et conseils envisagĂšrent de prendre les armes contre le joug de la couronne. Câest durant cette pĂ©riode que le mouvement souverainiste des Canadiens français, et plus tard des QuĂ©bĂ©cois, naĂźtra. La rĂ©bellion des patriotes sera un Ă©pisode sanglant dans lâhistoire du Canada et une terrible dĂ©faite pour les peuples français et irlandais. Celle-ci aura de terribles consĂ©quences pour la population catholique. En effet, durant cette rĂ©bellion, lâarmĂ©e britannique ne sera pas seulement composĂ©e de soldats, mais aussi de Britanniques souhaitant joindre lâarmĂ©e et infliger de dures pertes aux Canadiens français considĂ©rĂ©s comme concurrents Ă©conomiquement. De plus, la pensĂ©e de lâassimilation et de la supĂ©rioritĂ© des Britanniques face Ă la race « infĂ©rieure » fera surface dans les idĂ©es de contrĂŽle de la population francophone de la colonie britannique.
AprĂšs cette terrible dĂ©faite, les Canadiens français s'Ă©loignĂšrent de lâidĂ©e dâindĂ©pendance. Cela amĂšnera un Ă©norme ralentissement au mouvement progressiste des francophones ajoutĂ© Ă un dur combat politique de rĂ©sistance pour le peuple francophone de lâAmĂ©rique septentrional face Ă plusieurs tentatives dâassimilation et d'idĂ©es politiques « anti-français ». Cette pĂ©riode de l'histoire des Canadiens français posera un Ă©normes dĂ©fi pour ceux-ci. Toutefois, lâĂglise catholique et la fiertĂ© culturelle de ce peuple maintinrent une identitĂ© linguistique et culturelle unique dans le monde. Ainsi, c'est aprĂšs plusieurs annĂ©es de jonglages politiques et de persĂ©vĂ©rance qu'ils obtinrent certains privilĂšges telles qu'un gouvernement responsable ou la protection de la langue française dans ce territoire majoritairement anglophone.
Les débuts du retour (1939-1960)
Il faudra attendre la RĂ©volution tranquille pour que lâidĂ©e dâindĂ©pendance revienne en force, faisant en sorte quâelle soit encore aujourdâhui au centre d'un Ă©norme dĂ©bat au QuĂ©bec. Avec lâarrivĂ©e du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec et de lâUnion nationale qui prĂŽnait lâautonomie du QuĂ©bec dans le Canada, lâidĂ©e de lâautonomie pour certains ne suffisait pas.
Essor (années 1960)
Avant cette Ă©poque, ni les nationalistes traditionnels de l'Union nationale ni ceux du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec ne furent partisans de l'indĂ©pendance. MalgrĂ© des slogans Ă©lectoraux tels MaĂźtres chez nous chez les libĂ©raux, et ĂgalitĂ© ou indĂ©pendance chez les unionistes, aucun des deux principaux partis n'articule de politique qui va au-delĂ de simples demandes de rĂ©formes constitutionnelles. Toutefois, pour certains, mĂȘme si ces partis proposĂšrent des idĂ©es autonomistes pour le QuĂ©bec, celui-ci devait, en fait, devenir un Ă©tat afin que son identitĂ© et son projet collectif soient accomplis. Câest dans cette optique que le Parti quĂ©bĂ©cois est crĂ©Ă© avec comme raison d'ĂȘtre la souverainetĂ© du QuĂ©bec.
Transformation post-référendaire (1980)
Avec un montĂ©e fulgurante du nationalisme quĂ©bĂ©cois, le Parti quĂ©bĂ©cois (PQ) crĂ©Ă© par RenĂ© LĂ©vesque dĂ©montrait solidement son idĂ©ologie de SouverainetĂ©-Association. En effet, lâidĂ©e principale du PQ (mĂȘme si certains membres nâĂ©taient pas dâaccord avec celle-ci, comme Jacques Parizeau) Ă©tait de permettre aux QuĂ©bĂ©cois dâavoir une autonomie sur les relations extĂ©rieures, sur sa politique et sur lâorganisation d'un futur pays, tout en maintenant de fortes relations Ă©conomiques et politiques avec le Canada. Ainsi, dans le contexte nationaliste existant au QuĂ©bec Ă l'Ă©poque, la souverainetĂ©-association fut lâenjeu du premier rĂ©fĂ©rendum sur la souverainetĂ© du QuĂ©bec. Cependant, les QuĂ©bĂ©cois et QuĂ©bĂ©coises refusĂšrent catĂ©goriquement ce projet par un Ă©cart de presque 20 % (Oui 40 %, Non 60 %). AprĂšs ce vote trĂšs expressif, Ottawa entama des nĂ©gociations avec les provinces afin de trouver un consensus Ă ces tensions (cela fut une promesse durant la campagne rĂ©fĂ©rendaire). Le but de ces nĂ©gociations constitutionnelles fut de "rapatrier" la Constitution du Canada, jusque-lĂ modifiable par le Parlement britannique. Cependant, les nĂ©gociations nâaboutirent Ă rien et les provinces canadiennes ne trouvĂšrent aucune entente dâun point de vue constitutionnel. Cette nouvelle constitution apporta plusieurs changement tels que lâajout dâune charte des droits et libertĂ©s et un Ă©cartement dâun point de vue politique face au Royaume-Uni. NĂ©anmoins, le parlement britannique et la couronne britannique demandĂšrent Ă ce qu'il y'ait une consultation avec les provinces afin qu'ils adhĂšrent au changement constitutionnel, ce qui amĂšnera Ă des nĂ©gociations en . Cependant, le QuĂ©bec nâaccepta pas cette constitution et demanda plus de privilĂšges et de reconnaissance, ce que les autres provinces rĂ©clameront aussi. Cela apportera un Ă©vĂ©nement qui, pour les QuĂ©bĂ©cois, est considĂ©rĂ© comme une quasi-trahison. Durant la nuit du 4 novembre 1981, le premier ministre du Canada et les premiers ministres des provinces hormis celui du QuĂ©bec en vinrent Ă une entente sans prĂ©venir ce dernier. Le lendemain, RenĂ© LĂ©vesque tiendra un discours et quittera les nĂ©gociations en considĂ©rant que les actions de cette fameuse nuit Ă©taient « anti-dĂ©mocratiques et ennemies du QuĂ©bec ». La nouvelle constitution est quand mĂȘme signĂ©e et acceptĂ©e par le parlement britannique et la couronne. Toutefois, le fait que la signature du QuĂ©bec n'est pas sur la constitution signifie que le QuĂ©bec n'adhĂšre pas Ă celle-ci. Ainsi, techniquement, le QuĂ©bec nâest pas dans le Canada actuel, mais dans le Canada du XIXe siĂšcle. Cet Ă©vĂ©nement a Ă©normĂ©ment marquĂ© les QuĂ©bĂ©cois. En effet, les sentiments de trahison et de rejet furent fortement ressentis par de nombreux quĂ©bĂ©cois, et ainsi, parallĂšlement, le sentiment souverainiste prit un nouveau souffle. Mais le PQ rĂ©pliqua que pour maintenir un nouveau rĂ©fĂ©rendum, il faudrait un ouragan de souverainisme.
NĂ©gociations avec le reste du Canada et retour du souverainisme
En 1985, les QuĂ©bĂ©cois dĂ©cidĂšrent dâĂ©lire un gouvernement libĂ©ral afin dâessayer de trouver un consensus avec le Canada. De plus, en 1984, le nouveau gouvernement fĂ©dĂ©ral conservateur de Brian Mulroney promit de tenir des nĂ©gociations avec les provinces et d'en finir avec la question constitutionnelle canadienne. Telle que promis, le premier ministre canadien rĂ©ussit Ă trouver un accord Ă Charlottetown. Lâaccord avait toutefois plusieurs points de divergences au sein des provinces. C'est pourquoi l'accord de Charlottetown a Ă©tĂ© adoptĂ©, mais il devait ĂȘtre acceptĂ© par la population canadienne par voie de rĂ©fĂ©rendum, en 1992. Toutefois, les QuĂ©bĂ©cois et les Canadiens considĂšrent que cet accord est vain et ne souhaitent plus retomber dans des nĂ©gociations constitutionnelles. Lâaccord est rejetĂ© Ă 55 %. Aussi, comme tentative constitutionnelle, Lucien Bouchard organisa des nĂ©gociations, en 1990, avec les provinces sur lâavenir du QuĂ©bec dans la constitution et de lâacceptation du QuĂ©bec en tant que sociĂ©tĂ© distincte, au lac Meech. NĂ©anmoins, peu de temps avant la signature de lâaccord mettant fin au houleux dĂ©bat sur la reconnaissance du peuple quĂ©bĂ©cois, les nĂ©gociations Ă©chouent. ComplĂštement dĂ©passĂ© par la politique fĂ©dĂ©ral canadienne, le premier ministre du QuĂ©bec, Robert Bourassa, demanda un rapport sur lâavenir du QuĂ©bec, sa solution et ses options. Le rapport Allaire dĂ©montra que le seul moyen Ă©tait de tenir un rĂ©fĂ©rendum sur la souverainetĂ© et lâavenir du QuĂ©bec ou sur le retour Ă des nĂ©gociations mais cette fois-ci des nĂ©gociations QuĂ©bec-Canada et non pour un accord mutuel avec les provinces canadiennes. Le soutien de la souverainetĂ© Ă©tait de 68%-69% et certaines analyses montraient des pourcentages allant jusqu'Ă 72 %. Cependant, le gouvernement libĂ©ral refusa de tenir un rĂ©fĂ©rendum mĂȘme si Robert Bourassa avait tenu un discours nationaliste et que certains dĂ©putĂ©s libĂ©raux avaient mentionnĂ© la possibilitĂ© d'un rĂ©fĂ©rendum sur l'indĂ©pendance du QuĂ©bec.
Quant Ă Lucien Bouchard, il quitta le gouvernement conservateur Ă la suite du scandale de lâaccord du lac Meech et crĂ©a un parti fĂ©dĂ©ral visant Ă reprĂ©senter les QuĂ©bĂ©cois dans la Chambre des communes : le Bloc quĂ©bĂ©cois. Ce dernier deviendra lâopposition officielle en 1993. Cela a ainsi prouvĂ© au Canada que lâidĂ©e souverainiste Ă©tait encore prĂ©sente et remontait en force.
DeuxiÚme référendum
Selon certains analystes, le fait de mettre un parti souverainiste au pouvoir avec une majoritĂ© politique pouvait envoyer un message claire Ă la fĂ©dĂ©ration si instable du Canada. Cependant, Jacques Parizeau promit aux QuĂ©bĂ©cois de tenir un rĂ©fĂ©rendum sur la souverainetĂ© complĂšte du QuĂ©bec et non une souverainetĂ©-association durant sa campagne Ă©lectorale. Ce qui, pour plusieurs qui considĂ©raient que seulement des nĂ©gociations suffiraiait pour parvenir Ă une entente avec Ottawa, fut une dĂ©ception. Ce qui amĂšnera le Parti quĂ©bĂ©cois Ă n'obtenir que 45 % aux Ă©lections provinciales. En 1994, les Ă©lecteurs quĂ©bĂ©cois, par une mince majoritĂ©, mettent le Parti quĂ©bĂ©cois menĂ© par Jacques Parizeau au pouvoir pour en finir avec la question de la place du QuĂ©bec au Canada. De plus, dĂšs son entrĂ©e au pouvoir, le premier ministre du QuĂ©bec demanda aux QuĂ©bĂ©cois leur avis sur la souverainetĂ©. Seulement 40 % souhaitaient lâindĂ©pendance. NĂ©anmoins, il soutient quâil y aura un rĂ©fĂ©rendum lors de son mandat. La campagne rĂ©fĂ©rendaire commençait mal pour le camp du OUI, au contraire du NON qui avait le vent dans les voiles. Cependant, avec la venue de lâAction dĂ©mocratique du QuĂ©bec et le soutien du Bloc quĂ©bĂ©cois de Lucien Bouchard (la coalition du OUI), le camp souverainiste repart dans la course avec, pour la premiĂšre fois, des sondages dĂ©montrant une victoire pour le OUI (jamais l'idĂ©e souverainiste n'avait rĂ©ussi Ă avoir une majoritĂ© dans des sondages). De plus, le soutien de la France et des pays francophones a rassurĂ© quelques QuĂ©bĂ©cois indĂ©cis au sujet des relations extĂ©rieures. Toutefois, lâentrĂ©e du premier ministre canadien Jean ChrĂ©tien dans la campagne a aidĂ© le camp du NON. De plus, les Ătats-Unis ont dĂ©clarĂ© publiquement leur intĂ©rĂȘt au maintien d'un Canada uni, mĂȘme si techniquement leur position, d'un point de vue internationale, Ă©tait neutre. Ainsi, le , lors du rĂ©fĂ©rendum, tout indiquait que le OUI lâemportera par une courte majoritĂ©. Mais, lors des derniĂšres 30 Ă 40 minutes de cette soirĂ©e, le vent tourna au profit du camp du NON avec surtout MontrĂ©al et lâOutaouais formant la vague fĂ©dĂ©raliste. La soirĂ©e se finit, donc par une trĂšs mince victoire du NON avec 50,58 % contre 49,42 % pour le OUI (un Ă©cart dâenviron 58 000 voix *la plus petite majoritĂ© de vote dans un rĂ©fĂ©rendum ayant plus de 2 millions de votes*). Le fameux discours de Jacques Parizeau amena de grandes controverses au sein du Parti quĂ©bĂ©cois et de son acceptation parmi les minoritĂ©s ethniques du QuĂ©bec parce-que durant son discours, Jacques Parizeau dĂ©clara que la dĂ©faite avait Ă©tĂ© causĂ©e « par lâargent et des votes ethniques ». Le Parti quĂ©bĂ©cois ne s'est encore jamais remis de cette soirĂ©e. Il dĂ©missionna le lendemain du rĂ©fĂ©rendum laissant une trĂšs grande empreinte au QuĂ©bec moderne tout en meurtrissant le mouvement souverainiste. Pour le camp du NON, leur fragilitĂ© est maintenant connue de tous et leur demande d'aide face au Canada ont dĂ©montrĂ© pour certains leur incapacitĂ© de gĂ©rer une campagne rĂ©fĂ©rendaire sans lâaide du Canada. Jamais le camp fĂ©dĂ©raliste ne fut aussi proche de la dĂ©faite. Depuis cet Ă©vĂ©nement, le camp fĂ©dĂ©ral (le parti libĂ©ral pour ĂȘtre plus prĂ©cis) fut pointĂ© du doigt par plusieurs pour des allĂ©gations de fraude durant le rĂ©fĂ©rendum, ce qui, pour certains souverainistes, dĂ©montrait que le camp du OUI aurait dĂ» l'emporter et qu'ils se sont "fait voler le rĂ©fĂ©rendum".
Ăpoque contemporaine
L'idĂ©e de la souverainetĂ© du QuĂ©bec est toujours dĂ©fendue par une portion importante de la population quĂ©bĂ©coise. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2010 jusqu'Ă nos jours, l'appui Ă la souverainetĂ© recueille entre 35 % et 40 % d'appui[5]. Bien que le clivage entre l'idĂ©ologie fĂ©dĂ©raliste et le souverainisme soit important, le dĂ©bat entre la gauche et la droite prend aussi une place importante. Les Organisations unies pour lâindĂ©pendance (OUI QuĂ©bec) ont succĂ©dĂ© le au Conseil de la souverainetĂ© du QuĂ©bec (CSQ). En , le premier ministre Justin Trudeau reconnaĂźt l'existence de la nation quĂ©bĂ©coise et Ă©voque la possibilitĂ© pour le gouvernement du QuĂ©bec de l'inscrire dans la Constitution du Canada[6],[7],[8].
Idéologie
Principes généraux
Le but de l'idéologie et du mouvement souverainiste est de faire en sorte que le Québec devienne un pays en se séparant du Canada. Cependant, plusieurs souverainistes proposent d'établir divers partenariats futurs avec le Canada.
L'idée de la souveraineté du Québec est fondée sur une vision et interprétation nationalistes des faits historiques et des réalités sociologiques du Québec, qui attestent l'existence d'un peuple et d'une nation québécoise[N 1].
Les souverainistes croient que l'aboutissement normal de l'aventure collective des QuĂ©bĂ©cois est l'atteinte de l'indĂ©pendance politique, chose qu'ils entrevoient comme possible uniquement si le QuĂ©bec devient un Ătat souverain et si ses habitants se gouvernent eux-mĂȘmes par le biais d'institutions politiques dĂ©mocratiques indĂ©pendantes, et s'ils sont libres d'Ă©tablir des relations extĂ©rieures sur la base de traitĂ©s.
Par le biais du fĂ©dĂ©ralisme canadien, les QuĂ©bĂ©cois exercent actuellement un certain contrĂŽle sur l'Ătat quĂ©bĂ©cois. Cependant, au sein du Canada tel qu'il est actuellement constituĂ©, le QuĂ©bec n'a pas tous les pouvoirs constitutionnels lui permettant d'agir en tant que pays souverain.
Bien que ce soit avant tout un courant d'ordre politique, des préoccupations d'ordre culturel et social sont également à la base du désir d'émancipation par la voie indépendantiste d'une partie de la population québécoise, lesquelles sont beaucoup plus anciennes que le mouvement souverainiste et se réfÚrent proprement à la question de l'identité nationale de chaque Québécois, toutes tendances politiques confondues. L'argument culturel principal des souverainistes soutient que seule une citoyenneté nationale québécoise permettrait de résoudre le problÚme de l'identité culturelle québécoise dans le contexte nord-américain. En assoyant la future nationalité québécoise sur des assises juridiques, les souverainistes croient que l'identité culturelle des Québécois et ainsi de leur mémoire collective, telle que définie par leurs élites intellectuelles, sera adéquatement protégée, notamment contre les récupérations par d'autres nations, tel l'hymne national du Canada, à l'origine un chant patriotique canadien-français. Une citoyenneté nationale viendrait résoudre de maniÚre adéquate et définitive la délicate question de la langue française au Québec, langue de la majorité québécoise, mais d'une minorité culturelle au sein du Canada.
Souverainisme de gauche
L'idĂ©ologie et le mouvement souverainiste quĂ©bĂ©cois sont grandement associĂ©s Ă la social-dĂ©mocratie et la sĂ©cularisation, notamment parce que le souverainisme s'est dĂ©veloppĂ© durant la rĂ©volution tranquille, un processus de sĂ©cularisation et de crĂ©ation de l'Ătat providence quĂ©bĂ©cois. Les partis politiques et les groupes qui ont fait la promotion de la souverainetĂ© ont souvent Ă©tĂ© perçus, Ă tort ou Ă raison, comme des groupes politiquement de gauche. Il s'est donc dĂ©veloppĂ© au QuĂ©bec un nationalisme de gauche qui associe les idĂ©es sociales-dĂ©mocrates et sĂ©culiĂšres avec le nationalisme.
Souverainisme de droite
Il existe aussi des souverainistes quĂ©bĂ©cois associĂ©s Ă des idĂ©es plus Ă droite. Il est Ă noter que l'expression « souverainisme de droite » recouvre un trĂšs large spectre politique : elle peut ĂȘtre utilisĂ©e autant pour identifier des souverainistes dotĂ©s d'une pensĂ©e Ă©conomique libĂ©rale ou nĂ©olibĂ©rale, que des personnalitĂ©s indĂ©pendantistes culturellement ou moralement conservatrices. Pourtant, outre d'ĂȘtre toutes en faveur de la souverainetĂ© du QuĂ©bec, ces diffĂ©rentes catĂ©gories peuvent avoir peu de points en commun en matiĂšre politique, culturelle et Ă©conomique.
Des penseurs comme Lionel Groulx ont souhaité créer un Québec indépendant pour y faire fleurir la langue française et la religion catholique.
Des hommes politiques tels que Lucien Bouchard, Rodrigue Biron et François Legault sont ou furent souverainistes et étaient décrits comme ayant des idées de centre-droit ou de droite.
Plus récemment, le chroniqueur Mathieu Bock-CÎté prÎne une idéologie souverainiste ancrée dans un nationalisme-conservateur.
Une partie de la nouvelle droite souverainiste, principalement reprĂ©sentĂ©e par Alexandre Cormier-Denis, sâinspire fortement du nationalisme canadien-français des annĂ©es 20 et 30.
La rupture des liens avec le Canada
L'idéologie et le mouvement souverainistes visent à la constitution d'un pays souverain au Québec. Toutefois, l'idéologie regroupe plusieurs franges qui acceptent ou non la poursuite de certains liens avec le Canada. Ainsi, durant les années 1980, le Parti québécois prÎnait un projet de souveraineté-association qui comprenait certains liens avec le Canada.
De mĂȘme, certains militants du Parti libĂ©ral du QuĂ©bec au dĂ©but des annĂ©es 1990 souhaitaient une forme de souverainetĂ© quĂ©bĂ©coise Ă condition qu'il subsiste un Parlement unissant le QuĂ©bec et le Canada.
D'autres franges, plus majoritaires, réclament la constitution d'un pays souverain qui négocierait par la suite avec le Canada pour certaines ententes commerciales et territoriales (ex. : monnaie commune, libre circulation, partenariat économique, etc.).