Philippe d'Orléans (1838-1894)
Louis Philippe Albert d'Orléans[alpha 1], né à Paris le et mort à Stowe House (Royaume-Uni) le , comte de Paris, est le dernier prince royal de France, de 1842 à 1848. Prétendant orléaniste au trÎne de France de 1848 à 1873 sous le nom de Louis-Philippe II, puis de 1883 à 1894 sous celui de Philippe VII[alpha 2], il est également écrivain et combattant pendant la guerre de Sécession.
Titres
Prétendant orléaniste au trÎne de France
â
(11 ans et 15 jours)
Nom revendiqué | Philippe VII |
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PrĂ©dĂ©cesseur | Henri dâArtois, comte de Chambord |
Successeur | Philippe dâOrlĂ©ans, duc d'OrlĂ©ans |
Prétendant orléaniste au trÎne de France
[1] - [2] â
(22 ans, 11 mois et 16 jours)
Nom revendiqué | Louis-Philippe II |
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Prédécesseur | Louis-Philippe Ier |
Successeur | Succession non revendiquée |
â
(5 ans, 7 mois et 11 jours)
Prédécesseur | Ferdinand-Philippe d'Orléans |
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Successeur | Fonction supprimée |
Grade militaire | Officier d'état-major du commandement en chef des armées fédérales |
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Conflits | Guerre de SĂ©cession |
Titulature |
Prince royal de France (1842-1848) Comte de Paris |
---|---|
Dynastie | Maison dâOrlĂ©ans |
Nom de naissance | Louis-Philippe-Albert d'Orléans |
Naissance |
Paris (France) |
DĂ©cĂšs |
Stowe House (Royaume-Uni) |
PÚre | Ferdinand-Philippe d'Orléans |
MĂšre | HĂ©lĂšne de Mecklembourg-Schwerin |
Conjoint | Marie-Isabelle d'Orléans |
Enfants |
AmĂ©lie d'OrlĂ©ans Philippe dâOrlĂ©ans, duc d'OrlĂ©ans HĂ©lĂšne d'OrlĂ©ans Charles-Philippe dâOrlĂ©ans Isabelle dâOrlĂ©ans Jacques dâOrlĂ©ans Louise dâOrlĂ©ans Ferdinand dâOrlĂ©ans, duc de Montpensier |
Signature
Ă sa naissance, le prince Philippe incarne la vitalitĂ© de la maison dâOrlĂ©ans et reçoit le titre de comte de Paris de son grand-pĂšre, le roi des Français Louis-Philippe Ier. Quatre ans plus tard, en 1842, lâenfant perd son pĂšre, Ferdinand-Philippe d'OrlĂ©ans, et devient donc lâhĂ©ritier de la monarchie de Juillet. Or, le tout nouveau prince royal est trop jeune pour reprĂ©senter la stabilitĂ© et pour rassurer les opposants Ă la politique de son grand-pĂšre. Par consĂ©quent, lorsque Ă©clate la rĂ©volution de 1848, sa famille est incapable de le faire proclamer roi des Français et la DeuxiĂšme RĂ©publique se met en place. Commence alors une longue pĂ©riode dâexil qui dure jusquâen 1871 et durant laquelle le prĂ©tendant orlĂ©aniste trompe difficilement son ennui. Au dĂ©but des annĂ©es 1860, Philippe dâOrlĂ©ans se rend aux Ătats-Unis pour sâengager dans la guerre de SĂ©cession au cĂŽtĂ© de l'Union et, de cette expĂ©rience, il ramĂšne une Histoire de la Guerre civile en AmĂ©rique.
AprĂšs la chute du Second Empire en 1870, le comte de Paris regagne la France et sâinvestit dans la vie politique. Afin de renforcer les partisans dâune nouvelle restauration monarchique, il accepte en 1873 de reconnaĂźtre comme chef de la maison de France le comte de Chambord. Ce dernier n'ayant pas d'enfants (mais ayant de nombreux cousins agnatiques), le comte de Paris revendique ĂȘtre son successeur potentiel s'il devait accĂ©der au trĂŽne. Cependant, les intransigeances conjuguĂ©es du petit-fils de Charles X vis-Ă -vis du drapeau blanc et de la majoritĂ© des dĂ©putĂ©s vis-Ă -vis du drapeau tricolore rendent impossible le retour de la monarchie. AprĂšs le dĂ©cĂšs en 1883 du comte de Chambord, le comte de Paris reprend un rĂŽle politique important et la majoritĂ© des monarchistes se rallie Ă lui, bien que certains, comme la comtesse de Chambord, dĂ©cident de reconnaĂźtre la nouvelle branche aĂźnĂ©e des Bourbons comme famille royale lĂ©gitime. Mais la RĂ©publique a eu largement le temps de se renforcer et les chances de restaurer la monarchie se sont Ă©loignĂ©es.
En 1886, le vote dâune nouvelle loi dâexil contraint le comte de Paris et sa famille Ă quitter le territoire national mais le prince continue Ă essayer dâintervenir dans les affaires de la France malgrĂ© son dĂ©part. Ă chaque crise que connaĂźt le pays, et particuliĂšrement lors de lâaffaire Boulanger et du scandale de Panama, le chef des OrlĂ©ans espĂšre pouvoir monter sur le trĂŽne. NĂ©anmoins, chaque espoir de restauration est suivi dâune nouvelle dĂ©ception et le comte de Paris meurt en exil au Royaume-Uni sans avoir jamais pu ĂȘtre roi des Français.
Famille
Le comte de Paris est le fils aßné de Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842), prince royal de France, et de son épouse la princesse HélÚne de Mecklembourg-Schwerin (1814-1858). Par son pÚre, il est le petit-fils et l'héritier du roi des Français Louis-Philippe Ier (1773-1850) et de son épouse la reine Marie-Amélie des Deux-Siciles (1782-1866), tandis que, par sa mÚre, il est l'arriÚre-petit-fils du grand-duc Frédéric-François Ier de Mecklembourg-Schwerin (1756-1837). Le prince Philippe a pour seul frÚre Robert d'Orléans (1840-1910), duc de Chartres, dont descendent en ligne masculine les membres actuels de la Maison d'Orléans.
Le , le prince Philippe Ă©pouse Ă Kingston-sur-Tamise, au Royaume-Uni, sa cousine germaine l'infante franco-espagnole Marie-Isabelle d'OrlĂ©ans (1848-1919), elle-mĂȘme fille d'Antoine d'OrlĂ©ans (1824-1890), duc de Montpensier.
De cette union naissent 8 enfants :
- Marie-Amélie (1865-1951) qui se marie au roi Charles Ier de Portugal (1863-1908) ;
- Philippe (1869-1926), duc d'Orléans et prétendant au trÎne de France sous le nom de « Philippe VIII », qui s'unit à l'archiduchesse Marie-Dorothée de Habsbourg-Lorraine (1867-1932) ;
- HĂ©lĂšne (1871-1951), qui Ă©pouse Emmanuel-Philibert de Savoie (1869-1931), duc d'Aoste ;
- Charles Philippe Marie d'Orléans ( à Paris 8e - à Paris 8e) ;
- Isabelle (1878-1961), qui se marie à son cousin Jean d'Orléans (1874-1940), duc de Guise et prétendant au trÎne de France sous le nom de « Jean III » ;
- Jacques Antoine Marie d'Orléans ( à Eu - à Eu) ;
- Louise (1882-1958), qui s'unit Ă Charles de Bourbon-Siciles (1870-1949), prince des Deux-Siciles et infant d'Espagne. Ils sont les grands-parents maternels de Juan Carlos Ier d'Espagne ;
- Ferdinand (1884-1924), duc de Montpensier, qui épouse Marie-Isabelle Gonzålez de Olañeta e Ibarreta (1893-1958), marquise de Valdeterrazo et grande d'Espagne.
Biographie
Un héritier pour les Orléans
Quinze mois aprĂšs le mariage de ses parents, le prince Philippe voit le jour le dans le pavillon de Marsan du palais des Tuileries Ă Paris, rĂ©sidence de la famille royale de France, et il est ondoyĂ© le mĂȘme jour dans la chapelle des Tuileries par Hyacinthe-Louis de QuĂ©len, archevĂȘque de Paris[3]. Par ordre de la princesse royale, il est dĂ©livrĂ© Ă tous les enfants des deux sexes nĂ©s Ă Paris le mĂȘme jour que son fils un livret de caisse d'Ă©pargne avec premiĂšre mise de cent francs[3].
AprĂšs avoir un moment envisagĂ© de le nommer « prince dâAlger », son grand-pĂšre, le roi des Français Louis-Philippe Ier, ressuscite pour lui le titre de comte de Paris, portĂ© au IXe siĂšcle par le roi des Francs Eudes Ier, l'un des fondateurs de la dynastie capĂ©tienne[4]. L'initiative est destinĂ©e Ă rappeler aux autres dynasties europĂ©ennes l'anciennetĂ© de la maison d'OrlĂ©ans en mĂȘme temps que son attachement Ă la capitale française, Ă laquelle les Bourbons de la branche aĂźnĂ©e avaient, eux, prĂ©fĂ©rĂ© Versailles.
En France, lâarrivĂ©e dâun hĂ©ritier au sein de la famille royale semble, dans un premier temps, consolider le trĂŽne de Juillet[4] - [5] et faire oublier la difficultĂ© quâavait reprĂ©sentĂ©e, pour Louis-Philippe et les siens, le fait de trouver une Ă©pouse au prince royal. ConsidĂ©rĂ© par les autres dynasties europĂ©ennes comme un fils dâusurpateur, Ferdinand-Philippe d'OrlĂ©ans a, en effet, dĂ» subir le refus humiliant de plusieurs princesses du continent avant d'en trouver une d'accord pour l'Ă©pouser. Or, la jeune fille en question, HĂ©lĂšne de Mecklembourg-Schwerin, est issue d'une dynastie allemande peu prestigieuse et son union avec l'hĂ©ritier de la couronne française s'est accompagnĂ©e de commentaires perfides, Ă l'Ă©tranger[alpha 3]. La venue au monde du comte de Paris permet donc Ă la famille royale d'oublier la pĂ©riode difficile qu'elle vient de traverser et de se projeter sans crainte dans l'avenir[6].
Le baptĂȘme du comte de Paris, le , donne lieu Ă une cĂ©rĂ©monie fastueuse en la cathĂ©drale Notre-Dame de Paris. Au-delĂ des festivitĂ©s, l'Ă©vĂ©nement permet Ă la monarchie de Juillet de se rapprocher de lâĂglise catholique. Depuis la mort du trĂšs lĂ©gitimiste Mgr de QuĂ©len le , et son remplacement par Mgr Affre Ă la tĂȘte de lâarchevĂȘchĂ© de Paris Ă partir du , le clergĂ© catholique se montre en effet beaucoup plus ouvert vis-Ă -vis des OrlĂ©ans et ne rechigne plus Ă s'associer aux moments forts de la dynastie[7]. La cĂ©rĂ©monie de baptĂȘme est prĂ©sidĂ©e par Denys Affre, archevĂȘque de Paris, assistĂ© de Jean-Baptiste de Merson, curĂ© de la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois : le prince Philippe a pour parrain son grand-pĂšre Louis-Philippe Ier, roi des Français, et pour marraine sa grand-mĂšre Marie-AmĂ©lie de Bourbon-Siciles, reine des Français[3].
Les premiĂšres annĂ©es du prince sont heureuses et celui-ci grandit au milieu dâune famille aimante et attentionnĂ©e. Ă partir de , sa mĂšre, la princesse HĂ©lĂšne de Mecklembourg-Schwerin, importe ainsi pour lui, d'Allemagne, la coutume de lâarbre de NoĂ«l[4] - [8]. MalgrĂ© tout, l'enfant passe Ă©galement de longues pĂ©riodes sans voir son pĂšre, notamment lorsque celui-ci part en visite en AlgĂ©rie en 1839 et y retourne, au printemps 1840, pour y poursuivre le combat contre les forces de l'Ă©mir Abd el-Kader[9].
La mort du duc d'Orléans et ses conséquences
La vie du jeune comte de Paris bascule le . Ce jour-lĂ , son pĂšre, le prince Ferdinand-Philippe d'OrlĂ©ans, meurt d'une fracture du crĂąne dans un accident de cabriolet, alors qu'il se rend en visite Ă Neuilly, afin d'y retrouver la reine Marie-AmĂ©lie et le roi Louis-Philippe[10]. ĂgĂ© d'Ă peine quatre ans, l'enfant devient alors le nouvel hĂ©ritier du trĂŽne et reçoit, en consĂ©quence, le titre de prince royal[11].
Avec le dĂ©cĂšs du duc d'OrlĂ©ans, se pose trĂšs vite la question de la survie de la monarchie de Juillet. En 1842, le souverain, dont la politique est de plus en plus rĂ©actionnaire, a en effet soixante-neuf ans et il est peu probable qu'il vive jusqu'Ă la majoritĂ© de son petit-fils. Les Chambres ont donc beau voter l'abaissement de la majoritĂ© du prince royal de vingt-et-un Ă dix-huit ans, le rĂ©gime doit nommer un rĂ©gent pour effectuer la transition entre les deux rĂšgnes[12]. Plusieurs choix s'offrent alors au roi : ses quatre fils survivants, le duc de Nemours, le prince de Joinville, le duc d'Aumale et le duc de Montpensier, ou sa belle-fille, la duchesse d'OrlĂ©ans. Suivant la rĂšgle dynastique et le testament du duc d'OrlĂ©ans, le monarque choisit son deuxiĂšme fils, Nemours, comme rĂ©gent Ă©ventuel. Or, celui-ci a la rĂ©putation d'ĂȘtre le plus conservateur des OrlĂ©ans et la dĂ©cision royale est trĂšs mal accueillie par le peuple, qui prĂ©fĂšrerait voir Joinville, Aumale ou la duchesse d'OrlĂ©ans Ă la tĂȘte du pays[13] - [14].
La mort du duc dâOrlĂ©ans renforce, par ailleurs, la nĂ©cessitĂ© de donner une Ă©ducation soignĂ©e au comte de Paris afin de le prĂ©parer Ă son rĂŽle dâhĂ©ritier du trĂŽne. En 1843, le prince est donc confiĂ© aux soins de Jacques Regnier, un futur membre de lâInstitut de France, et Ă ceux dâĂtienne Allaire[15].
La révolution de 1848
Ă partir de 1846, la crise s'abat sur la Monarchie de Juillet. Des difficultĂ©s Ă©conomiques et une sĂ©rie de scandales financiers discrĂ©ditent le roi et son gouvernement tandis que la campagne des banquets illustre le regain de popularitĂ© du mouvement rĂ©publicain[16]. En , la dĂ©cision de François Guizot, le prĂ©sident du Conseil, d'interdire le dernier des banquets cristallise les oppositions et des Ă©meutes se produisent Ă Paris Ă partir du 22. Rapidement, les manifestations prennent de l'ampleur et se transforment en rĂ©volution. Le , Louis-Philippe renvoie Guizot ce qui semble d'abord calmer les foules. Mais, aprĂšs quelques heures d'accalmie, les troubles reprennent et l'ArmĂ©e tire sur des manifestants. SubmergĂ© par les rĂ©volutionnaires et refusant de faire couler davantage de sang, le roi Louis-Philippe abdique le en faveur de son petit-fils le comte de Paris, alors ĂągĂ© de neuf ans. Conscient de son impopularitĂ©, le duc de Nemours dĂ©cide quant Ă lui de renoncer Ă la rĂ©gence au profit de sa belle-sĆur, qui jouit, elle, d'une rĂ©putation de libĂ©rale[17].
Au dĂ©but de l'aprĂšs-midi du 24, la duchesse d'OrlĂ©ans se rend donc au palais Bourbon avec ses enfants et son beau-frĂšre Nemours pour y faire investir son fils aĂźnĂ© et se faire proclamer rĂ©gente. Dans leur majoritĂ©, les dĂ©putĂ©s semblent favorables Ă cette solution et AndrĂ© Dupin demande Ă la Chambre de prendre acte des acclamations que reçoit la duchesse. Une discussion, menĂ©e par Odilon Barrot, s'engage alors sur la loi de rĂ©gence. Mais les voix des partisans de la monarchie sont peu Ă peu couvertes par les huĂ©es du public venu assister aux dĂ©libĂ©rations. Une foule armĂ©e envahit la salle des dĂ©bats tandis que les dĂ©putĂ©s rĂ©publicains Ledru-Rollin, CrĂ©mieux et Lamartine s'emparent de la tribune pour rĂ©clamer un gouvernement provisoire[18]. Les OrlĂ©ans sont alors brutalement Ă©vacuĂ©s de la Chambre des dĂ©putĂ©s et, dans la bousculade qui s'ensuit, la princesse de Mecklembourg est sĂ©parĂ©e de ses enfants. Morte d'anxiĂ©tĂ©, la princesse met trois jours Ă localiser le petit duc de Chartres, qui a Ă©tĂ© recueilli par un boulanger parisien[19]. Une fois rĂ©unis, la duchesse d'OrlĂ©ans et ses enfants prennent le chemin de l'exil. Dans les mĂȘmes moments, la DeuxiĂšme RĂ©publique est proclamĂ©e en France[18].
Querelles de famille
Au lendemain de la rĂ©volution de 1848, les membres de la famille royale gagnent tour Ă tour l'Ă©tranger tandis que le gouvernement provisoire vote le bannissement des OrlĂ©ans le [20]. Louis-Philippe et Marie-AmĂ©lie s'installent ainsi au Royaume-Uni avec plusieurs de leurs enfants et petits-enfants. Les ex-souverains Ă©tablissent leur rĂ©sidence au chĂąteau de Claremont, propriĂ©tĂ© du roi LĂ©opold Ier de Belgique[alpha 4], lui-mĂȘme gendre de Louis-Philippe et oncle du comte de Paris. De son cĂŽtĂ©, la duchesse d'OrlĂ©ans prĂ©fĂšre partir vivre avec ses enfants en Allemagne, dans le grand-duchĂ© de Saxe-Weimar-Eisenach[21] - [22]. BlessĂ©e par le comportement du roi et de la reine Ă son Ă©gard lors des journĂ©es rĂ©volutionnaires, la princesse prĂ©fĂšre en effet s'Ă©loigner de ses beaux-parents[23].
Dans le mĂȘme temps, la situation financiĂšre de Louis-Philippe et de sa famille devient de plus en plus prĂ©caire. ImmĂ©diatement aprĂšs le vote de la dĂ©chĂ©ance des OrlĂ©ans, le gouvernement provisoire place sous sĂ©questre les biens du monarque dĂ©chu et de sa parentĂšle[20]. Or, sans ressource propre, la duchesse d'OrlĂ©ans et ses enfants sont totalement tributaires des anciens souverains[24].
AprÚs deux ans de brouille, la princesse HélÚne finit par se réconcilier avec ses beaux-parents et, à partir du printemps 1850, le comte de Paris, le duc de Chartres et leur mÚre se rendent réguliÚrement en Angleterre[25] - [26]. C'est d'ailleurs à Londres que le jeune prétendant orléaniste effectue, en présence de son grand-pÚre, sa premiÚre communion, le [27].
ReconnaĂźtre le duc de Bordeaux ?
En France, lâavĂšnement de la RĂ©publique et lâĂ©lection au suffrage universel de Louis-NapolĂ©on Bonaparte Ă la prĂ©sidence poussent les monarchistes Ă sâinterroger sur leurs stratĂ©gies politiques. De plus en plus dâorlĂ©anistes souhaitent le ralliement de Louis-Philippe et de sa famille au petit-fils de Charles X, qui pour les lĂ©gitimistes est le reprĂ©sentant de la lĂ©gitimitĂ© dynastique. Cependant, de leur cĂŽtĂ©, les OrlĂ©ans ne sont pas unanimes. Si les anciens souverains semblent reconnaĂźtre peu Ă peu la nĂ©cessitĂ© de la fusion des deux courants royalistes[28], la mĂšre du comte de Paris sâoppose quant Ă elle avec force Ă la reconnaissance du petit-fils de Charles X (duc de Bordeaux) comme hĂ©ritier de la couronne[29]. HĂ©lĂšne de Mecklembourg-Schwerin se montre d'ailleurs profondĂ©ment choquĂ©e par la lettre que lui envoie son beau-pĂšre et oĂč ce dernier Ă©crit, Ă propos de la succession au trĂŽne : « Mon petit-fils ne pourra jamais rĂ©gner au mĂȘme titre et aux mĂȘmes conditions que moi qui ai fini par Ă©chouer. Il ne peut rĂ©gner que comme roi lĂ©gitime. Il y a pour lui plusieurs maniĂšres de devenir roi lĂ©gitime : si le duc de Bordeaux mourait, si le duc de Bordeaux abdiquait, si le duc de Bordeaux rĂ©gnait mais n'avait pas d'enfant, Paris devient roi lĂ©gitime. Il doit rester en mesure pour toutes ces chances-lĂ [30] - [31]. »
Chef de la maison d'Orléans
Le aprĂšs plusieurs jours d'agonie, l'ex-roi Louis-Philippe sâĂ©teint aux cĂŽtĂ©s de son Ă©pouse et de plusieurs de ses enfants et petits-enfants (dont Paris et Chartres) Ă lâĂąge de soixante-dix-sept ans[32]. Pour les orlĂ©anistes, le comte de Paris devient alors officiellement son successeur mais bien peu, en France, croient en la possibilitĂ© d'une restauration incarnĂ©e par un enfant de douze ans, d'autant qu'aprĂšs le plĂ©biscite du , le Second Empire se met en place.
D'ailleurs, avec l'arrivĂ©e du neveu de NapolĂ©on Ier au pouvoir, la situation financiĂšre des OrlĂ©ans sâaggrave. Le , celui-ci dĂ©crĂšte en effet la confiscation des biens de l'ancienne famille royale, mesure qu'AndrĂ© Dupin qualifie immĂ©diatement de « premier vol de lâaigle[33] ».
En , la duchesse d'OrlĂ©ans et ses fils quittent dĂ©finitivement l'Allemagne pour s'installer en Angleterre et se rapprocher de Marie-AmĂ©lie. La famille loue alors une maison de campagne Ă Richmond, Ă une heure de Claremont, oĂč rĂ©side encore la vieille reine[34]. Dans cette nouvelle demeure, le comte de Paris poursuit sa formation et reçoit, entre autres, des cours particuliers de droit de la part du magistrat Rodolphe Dareste de la Chavanne[35].
En , le duc de Chartres contracte la grippe et sa mĂšre est atteinte Ă son tour. Bien vite, lâĂ©tat de santĂ© de la princesse sâaggrave et elle meurt le [34]. ĂgĂ© de vingt-et-un ans, le comte de Paris se retrouve donc orphelin et sâinstalle aux cĂŽtĂ©s de sa grand-mĂšre, jusquâĂ la mort de celle-ci en 1866[36].
En 1862, à l'occasion de l'Exposition Universelle, il reçoit la visite du peintre Paul Huet, qui avait été professeur de dessin de sa mÚre[37].
Engagé dans la guerre de Sécession
En , François d'OrlĂ©ans (1818-1900), prince de Joinville, part aux Ătats-Unis pour accompagner son fils, le duc de PenthiĂšvre, qui dĂ©sire suivre les cours de l'Ăcole de marine amĂ©ricaine. LassĂ©s de l'inaction Ă laquelle les condamnent leur statut d'exilĂ©s, le comte de Paris et son frĂšre dĂ©cident d'accompagner leur oncle et leur cousin. Sur place, les princes s'enthousiasment pour le mouvement anti-esclavagiste et ne tardent pas Ă s'engager dans la Guerre de SĂ©cession, qui secoue alors les Ătats-Unis[38]. NommĂ© officier d'Ă©tat-major du commandement en chef des armĂ©es fĂ©dĂ©rales, George McClellan, le comte de Paris combat ainsi, avec son frĂšre, les Sudistes Ă la bataille de Gaines' Mill, le [36], tandis que le prince de Joinville participe, quant Ă lui, Ă la campagne du Potomac[38].
De ce sĂ©jour aux Ătats-Unis, le comte de Paris ramĂšne une Histoire de la Guerre civile en AmĂ©rique en sept volumes et son oncle, un grand nombre d'aquarelles illustrant le conflit[39].
Mariage
De retour en Europe, le comte de Paris décide de se marier afin d'assurer un successeur à la dynastie. Mais, exilé et chef d'une Maison considérée comme illégitime par la majeure partie des dynasties du continent, le prince ne peut prétendre épouser la fille d'un monarque étranger. C'est la raison pour laquelle il demande la main de l'une de ses cousines germaines, l'infante franco-espagnole Marie-Isabelle d'Orléans, fille du duc de Montpensier. Le mariage princier a lieu le , à Kingston, au Royaume-Uni, et il est célébré en présence de la grand-mÚre des deux époux, la reine Marie-Amélie[40], qui a 82 ans.
Le couple, qui ne tarde pas à donner naissance à de nombreux enfants, partage alors sa vie entre la résidence du comte de Paris à York House, Twickenham, et celle de son épouse à Villamanrique de la Condesa, en Andalousie[41].
Au lendemain de Sedan
Lorsque le Second Empire s'écroule, en 1870, et que la premiÚre loi d'exil touchant les Orléans est abolie le , le comte de Paris regagne la France[42]. Quelques mois plus tard, le , les décrets de confiscation des biens de la famille royale mis en place par Napoléon III en 1852 sont abolis. Philippe d'Orléans reprend alors notamment possession des chùteaux d'Amboise, d'Eu et de Randan[43].
En France, le comte de Paris et sa famille partagent leur existence entre leurs demeures provinciales et la capitale. Mais, ne disposant pas de résidence compatible avec leur rang à Paris, les Orléans acceptent, en 1877, l'invitation de la duchesse de Galliera qui leur offre de s'installer chez elle, au rez-de-chaussée de l'hÎtel Galliera (actuel hÎtel de Matignon), lors de leurs séjours dans la capitale.
DÚs son retour dans le pays, le prince fréquente les cercles du pouvoir et est reçu par le président Adolphe Thiers au chùteau de Versailles dÚs le . L'entrevue est cordiale mais, en privé, l'ancien président du Conseil orléaniste de Louis-Philippe ne cache pas son mépris pour le chef des Orléans. à l'un de ses intimes, Thiers déclare en effet, à propos de l'héritier du trÎne : « à dix pas, il a l'air d'un Allemand, à trois d'un imbécile[42] ».
Vers la fusion monarchique ?
En dĂ©pit de ses activitĂ©s politiques, le prince nâenvisage pas encore de monter sur le trĂŽne. Conscient que le comte de Chambord est soutenu par davantage de monarchistes quâil ne lâest lui-mĂȘme, le comte de Paris cherche Ă se rapprocher de son cousin. « Henri V » nâayant pas dâenfant, le chef des OrlĂ©ans est en effet convaincu quâune restauration lĂ©gitimiste ferait de lui le dauphin et permettrait de renforcer le camp monarchiste face aux rĂ©publicains et aux bonapartistes[44].
AprĂšs lâenvoi infructueux de plusieurs Ă©missaires auprĂšs du comte de Chambord[45], le comte de Paris dĂ©cide de se rendre lui-mĂȘme Ă Frohsdorf afin dây affirmer officiellement sa soumission Ă lâaĂźnĂ© des CapĂ©tiens. Le , le prince dĂ©clare ainsi Ă son cousin : « Je viens en mon nom et au nom de tous les princes de ma maison, non pas seulement saluer en vous le chef de ma famille, mais reconnaĂźtre le principe dont vous ĂȘtes le seul reprĂ©sentant »[46]... Ă ces mots, le comte de Chambord l'interrompt, lâembrasse et l'emmĂšne dans son salon particulier, oĂč les deux cousins ont un entretien dont rien ne filtre que cette phrase d'Henri : « Vous avez fait une bonne action. Dieu vous en tiendra compte »[47]. La fusion des deux courants monarchistes et la reconnaissance mutuelle des deux princes en tant que chef de famille et hĂ©ritier semblent donc totales[48].
Cependant, la rĂ©conciliation des deux branches de la famille royale nâamĂšne pas la restauration escomptĂ©e. Le , le comte de Paris annonce la fusion monarchique au nouveau prĂ©sident de la RĂ©publique, le lĂ©gitimiste Patrice de Mac Mahon, et lui demande de convoquer lâAssemblĂ©e en sĂ©ance extraordinaire afin de proclamer roi le comte de Chambord. Mais, bien que monarchiste, le marĂ©chal refuse du fait de la volontĂ© du prĂ©tendant de restaurer le drapeau blanc et ne pas maintenir le drapeau tricolore comme symbole national[49].
Certains historiens ont évoqué l'influence dans cette position de son épouse, dont de nombreux parents avaient péri sur l'échafaud révolutionnaire et qui de ce fait aurait manifesté quelque réticence à régner sur les descendants de régicides.
Plusieurs actions sont donc menĂ©es par les partisans de la restauration pour tenter de convaincre le petit-fils de Charles X de la nĂ©cessitĂ© selon eux, dâabandonner le drapeau blanc et dâaccepter le systĂšme parlementaire. En , le dĂ©putĂ© Charles Chesnelong est ainsi mandatĂ© par le groupe monarchiste de la Chambre pour arriver Ă un accord avec le prĂ©tendant[49]. NĂ©anmoins, cette derniĂšre tentative est un Ă©chec et le « comte de Chambord » rĂ©affirme son attachement aux symboles de l'Ancien RĂ©gime le . DĂšs lors, les OrlĂ©ans se retrouvent prisonniers de l'attitude de l'aĂźnĂ© des Bourbons, qui refuse de cĂ©der aux conditions selon lui inacceptables, que l'AssemblĂ©e nationale lui impose pour ceindre la couronne[50].
Devant l'attitude du comte de Chambord, certains orléanistes essaient de convaincre le comte de Paris d'assumer la lieutenance générale du royaume, comme l'avait fait son grand-pÚre en 1830. Mais, considérant qu'il s'opposerait ainsi au tenant de la légitimité dynastique, le petit-fils de Louis-Philippe refuse catégoriquement d'agir[51]. De fait, le prince semble attendre la mort de son cousin pour s'investir à nouveau dans la politique. Il s'abstient ainsi, en 1877, de toute réaction et de tout soutien lorsque le maréchal de Mac Mahon et le duc de Broglie s'opposent à la majorité républicaine de l'Assemblée et tentent de ramener les monarchistes au pouvoir[52]. Plus surprenant encore, le prince envisage, en 1883, de partir s'installer en Afrique afin de contribuer à l'expansion coloniale française[53].
L'aĂźnĂ© des CapĂ©tiens jouit longtemps d'une trĂšs bonne santĂ© et, lorsqu'il meurt le , le rĂ©gime rĂ©publicain a eu tout le temps de se consolider en France. Par ailleurs, la fusion de 1873 se rĂ©vĂšle, dix ans plus tard, n'ĂȘtre qu'une semi-rĂ©ussite. Le comte de Chambord a beau recevoir cordialement son cousin sur son lit de mort, il ne lui laisse ni hĂ©ritage financier, ni dĂ©claration symbolique faisant de lui son successeur. Surtout, la veuve du prĂ©tendant, la princesse Marie-ThĂ©rĂšse de ModĂšne, dĂ©cide que le deuil de son Ă©poux doit ĂȘtre menĂ© par les aĂźnĂ©s des Bourbons, plus proches parents agnatiques[alpha 5] du prĂ©tendant « Henri V », et par les Bourbon-Parme, plus proches parents cognatiques du dĂ©funt[alpha 6], et non par le comte de Paris. Ce faisant, la comtesse de Chambord marque publiquement son opposition Ă la succession orlĂ©aniste et son soutien Ă l'aĂźnĂ© (espagnol) des descendants de Louis XIV, le prince Jean de Bourbon, comte de MontizĂłn[alpha 7]. De la mĂȘme façon, une partie des lĂ©gitimistes se rallie aux Bourbons espagnols. MalgrĂ© tout, la majoritĂ© des monarchistes reconnaĂźt officiellement le comte de Paris comme le nouveau « chef de la Maison de France » et c'est en tant que tel que l'empereur François-Joseph Ier lui rend visite Ă Vienne, avant son retour dans l'hexagone[53].
Un prétendant conservateur
Ă partir de 1883, le comte de Paris se pose donc en hĂ©ritier de tous les CapĂ©tiens et non plus des seuls OrlĂ©ans. Il abandonne lâhĂ©ritage libĂ©ral de son grand-pĂšre et va mĂȘme jusquâĂ se proclamer grand-maĂźtre des ordres dynastiques que ni la monarchie de Juillet, ni les rĂ©gimes qui lui ont succĂ©dĂ©, ne confĂšrent plus depuis 1830. Ses partisans ne lâappellent plus « Louis-Philippe II », comme auparavant, mais « Philippe VII », pour bien revendiquer la succession de la dynastie lĂ©gitime[54]. Finalement, le comte de Paris donne l'impression de ne plus vouloir incarner l'orlĂ©anisme politique mais de soutenir uniquement les positions des « Blancs d'Eu[alpha 8] - [55] ».
Le second exil du prétendant
Pendant un moment, la reconnaissance du comte de Paris comme prĂ©tendant unique par la majoritĂ© des monarchistes semble renforcer leur cause et le prince apparaĂźt Ă nouveau comme une menace aux yeux de certains rĂ©publicains. En , il est ainsi victime dâun attentat anarchiste, dont il ressort indemne. LâannĂ©e suivante, le nombre de dĂ©putĂ©s conservateurs (royalistes et bonapartistes) passe de quatre-vingt-dix Ă deux-cents lors des Ă©lections lĂ©gislatives et les opposants Ă la restauration s'Ă©meuvent[54]. Ăvidemment, ce regain de popularitĂ© n'est pas sans consĂ©quence et les dĂ©putĂ©s rĂ©publicains de la Chambre se montrent de plus en plus hostiles aux membres des familles ayant rĂ©gnĂ© sur la France. DĂšs 1883, le gouvernement Jules Ferry met ainsi en disponibilitĂ© plusieurs membres de la maison d'OrlĂ©ans qui appartiennent Ă l'ArmĂ©e[56]. Surtout, certains rĂ©publicains, comme Charles Floquet, n'hĂ©sitent plus Ă parler de loi d'exil et Ă demander le bannissement des descendants des anciens souverains[57].
En , un premier projet de loi allant dans ce sens est présenté devant l'Assemblée nationale mais le président du Conseil Charles de Freycinet juge alors inutile une telle décision. Cependant, quelques mois plus tard, son opinion évolue. Le , le comte de Paris organise, à l'HÎtel Galliera, une cérémonie fastueuse à l'occasion des fiançailles de sa fille aßnée, Amélie d'Orléans, avec le prince héritier Charles de Portugal. La réception est strictement privée et ni le corps diplomatique ni des représentants du pouvoir n'ont été invités. Cependant, l'événement donne lieu à un énorme battage médiatique qui inquiÚte les républicains[58].
Peu de temps aprÚs, des députés présentent un nouveau projet de loi d'exil devant la Chambre et celui-ci reçoit, cette fois, le soutien du gouvernement. Le , aprÚs bien des débats, paraßt donc, au Journal officiel, une nouvelle loi d'exil, qui touche les prétendants au trÎne et leur fils aßné en les obligeant à quitter le territoire national ainsi que tous les autres membres des familles ayant régné en France en les rayant des listes de l'armée. Averti des résultats du vote alors qu'il se trouve au chùteau d'Eu, le comte de Paris prend la décision de quitter immédiatement la France. Avec sa famille, il s'embarque alors au Tréport et gagne une nouvelle fois l'Angleterre[58].
Le comte de Paris retourne alors vivre au chĂąteau de Stowe House, dans le Buckinghamshire. Cependant, sa condition dâexilĂ© ne lui enlĂšve pas lâespoir de monter un jour sur le trĂŽne. Au contraire, alors qu'il Ă©tait en France, le comte de Paris ne souhaitait pas intervenir directement dans le dĂ©bat public pour ne pas risquer de donner des arguments Ă ceux qui voulaient son exil. Et ce n'est qu'Ă partir de sa Protestation du , en rĂ©ponse Ă la loi d'exil, que le comte de Paris indiqua ses intentions en vue d'instaurer une « monarchie traditionnelle par son principe, moderne par ses institutions[59] ». Du Royaume-Uni, il chercha Ă intervenir dans les affaires intĂ©rieures et extĂ©rieures de la France. Sur le plan extĂ©rieur, le prince utilisa son immense fortune pour payer une partie des dettes du roi Louis II de BaviĂšre, dans le but que celui-ci se retourne contre la politique du chancelier Bismarck et fasse alliance avec Paris. Sur le plan diplomatique, cette tentative de rapprochement fut un Ă©chec mais elle aida le protecteur de Wagner Ă poursuivre la construction de ses chĂąteaux fĂ©eriques[60]. Sur le plan intĂ©rieur, le prince travaille Ă la dĂ©finition de son programme politique et se manifeste avec son projet de Pacte national puis lors de l'affaire Boulanger.
Le Pacte national
Durant l'Ă©tĂ© 1886, depuis sa rĂ©sidence de Sheen House, Ă l'ouest de Londres, prĂȘtĂ©e par un ami anglais, le comte de Paris forme un comitĂ© d'union royaliste, dit « conseil des Sept », composĂ© Ă la fois de collaborateurs personnels, comme Ămile Bocher, Ferdinand Duval et Lambert de Sainte-Croix, de personnalitĂ©s proches de l'ancien orlĂ©anisme, comme les ducs d'Audiffret-Pasquier et de Broglie, et de lĂ©gitimistes ralliĂ©s, comme Cazenove de Pradines, ancien collaborateur du comte de Chambord, ou le duc de La Rochefoucauld-Bisaccia. Le prince demande Ă ce comitĂ© de l'aider Ă prĂ©parer un programme politique[61].
Le comte de Paris entend faire savoir que la monarchie peut ĂȘtre fidĂšle Ă sa tradition historique, permettre un gouvernement fort tout en Ă©tant compatible avec un ordre Ă©galitaire et dĂ©mocratique : « Il faut prouver que la monarchie, fidĂšle Ă ses anciennes traditions, sera un gouvernement fort, dĂ©mocratique, Ă©galitaire. Pour cela il faut lui dire ce quâelle sera et ce quâelle ne sera pas[62] - [63] ».
Plusieurs documents préparatoires sont établis et le texte définitif est rendu le sous le titre Instructions aux représentants du parti monarchiste en France : il cherche à réconcilier deux légitimités, celle, historique, de la couronne et celle, démocratique, de la souveraineté nationale. Il s'agit d'expliquer aux royalistes la méthode pour rétablir la monarchie et l'organisation des pouvoirs publics qui en résulterait[64].
Sur le premier point, le comte de Paris rĂ©cuse tout recours Ă la force ou aux conspirations. Le suffrage universel et la dĂ©mocratie ne sauraient ĂȘtre remis en cause et ils devraient d'ailleurs fonder la restauration, celle-ci devant ĂȘtre rendue possible soit par la voie d'une assemblĂ©e constituante, soit par un vote populaire, le comte de Paris prĂ©fĂ©rant cette formule, « plus solennelle et [convenant] mieux Ă un acte qui ne doit pas se renouveler[65] ». La monarchie y est prĂ©sentĂ©e comme reposant « sur une base plus ferme et plus large qu'une simple prise de possession du pouvoir ou qu'une dĂ©lĂ©gation de souverainetĂ© du nombre ». Selon ces Instructions, la monarchie Ă©tant par essence historique, elle transcende toutes les oppositions internes de la nation et seule leur permet de s'exprimer dans l'ordre[65].
Sur le second point, les instructions dĂ©bouchent sur l'adoption d'un Pacte national renouvelant celui qui fut conclu aux premiĂšres heures du royaume de France et servant de nouvelle constitution, composĂ©e d'un prĂ©ambule et de trois articles organiques. Le premier article dĂ©finit la Maison de France comme la descendance française d'Henri IV et en exclut les Bourbons d'Espagne. Le deuxiĂšme article est consacrĂ© au pouvoir lĂ©gislatif, qui appartiendrait concurremment au roi, Ă une Chambre des dĂ©putĂ©s Ă©lue au suffrage universelle et Ă un SĂ©nat rĂ©unissant les reprĂ©sentants des grandes forces et des grands intĂ©rĂȘts sociaux. Deux originalitĂ©s peuvent ĂȘtre soulignĂ©es :
- En premier lieu, l'introduction du parlementarisme rationalisĂ©, sĂ©rie d'instruments destinĂ©s Ă empĂȘcher les Chambres, sous l'emprise exclusive des partis, de contraindre l'exĂ©cutif Ă l'impuissance, tout en prĂ©servant les droits de la reprĂ©sentation nationale ;
- En second lieu, l'instauration d'un contrÎle de constitutionnalité des lois, assuré par un organe juridictionnel spécifique composé des plus hauts magistrats de l'ordre judiciaire[66]. Le troisiÚme article organique énonce d'ailleurs précisément les principes de protections des libertés constitutionnelles, définies dans l'avant-dernier paragraphe de l'article précédent et auxquels le pouvoir législatif devra se conformer. Le Pacte national consacre sans ambiguïté le caractÚre supra-législatif des grandes libertés publiques de conscience, des cultes, de la presse, de réunion et d'association[alpha 9], d'enseignement et de défense judiciaire[67].
Ce projet de Pacte national empruntait conjointement au lĂ©gitimisme, Ă lâorlĂ©anisme, au bonapartisme. Au lĂ©gitimisme, le comte de Paris apportait « la rĂ©affirmation de la primautĂ© du droit historique »[68] (qu'il revendiquait ainsi pour sa branche, au contraire du prĂ©tendant lĂ©gitimiste, le comte de MontizĂłn), l'Ă©loge de la technique associative, un souci des questions sociales et l'importance accordĂ©e Ă l'Ă©ducation religieuse ; Ă l'orlĂ©anisme, il offrait un systĂšme parlementaire dualiste et la constitutionnalisation des libertĂ©s politiques et Ă©conomiques ; au bonapartisme, il concĂ©dait le suffrage universel sans entrave, y compris sous la forme plĂ©biscitaire afin de fonder le Pacte national[68].
L'Affaire Boulanger
En 1888, le comte de Paris soutient le gĂ©nĂ©ral Boulanger, qui menace alors la stabilitĂ© de la TroisiĂšme RĂ©publique et semble ouvrir la voie Ă la restauration monarchique. Avec la duchesse dâUzĂšs, le comte de Paris finance la campagne du « gĂ©nĂ©ral revanche » tandis que son Ă©pouse, Marie-Isabelle d'OrlĂ©ans, fonde une ligue royaliste favorable au militaire, la « Rose de France[69] ». Mais lâeffondrement final du boulangisme en rejaillit sur le parti monarchiste, qui connaĂźt un trĂšs grave Ă©chec aux Ă©lections dâoctobre suivant, et sur le prĂ©tendant orlĂ©aniste, qui sort largement dĂ©considĂ©rĂ© de cette affaire[70].
Le coup d'éclat de son fils, le « Prince Gamelle »
Tandis que le comte de Paris sâenferme de plus en plus dans la tristesse, en France, certains royalistes cherchent Ă mettre en avant son fils aĂźnĂ©, le duc dâOrlĂ©ans, dont la popularitĂ© nâa nullement Ă©tĂ© entamĂ©e par lâaffaire Boulanger. Or, en 1890, le jeune homme atteint lâĂąge de vingt-et-un ans, ce qui devrait thĂ©oriquement lâobliger Ă rĂ©aliser son service militaire, sâil nâĂ©tait pas exilĂ©. Arthur Meyer, directeur du journal conservateur Le Gaulois, et le duc de Luynes imaginent donc de le convaincre de rentrer illĂ©galement en France afin d'y demander officiellement Ă la RĂ©publique la permission dâeffectuer son service national. Le duc dâOrlĂ©ans accepte immĂ©diatement la proposition et cela sans en demander la permission Ă son pĂšre[71]. Le , il se rend donc Ă Paris et se prĂ©sente au bureau du recrutement, Ă la mairie du VIIe arrondissement puis au ministĂšre de la Guerre, pour se faire incorporer mais, Ă chaque fois, il se heurte Ă une fin de non recevoir de la part de lâadministration[72].
Enfin, le soir-mĂȘme, il est arrĂȘtĂ© dans la rĂ©sidence du duc de Luynes. Ce nâest qu'Ă ce moment-lĂ que le comte de Paris est averti par tĂ©lĂ©gramme de lâaventure de son fils. Comme pĂšre et prĂ©tendant il est alors ulcĂ©rĂ© de ne pas avoir Ă©tĂ© averti de ce qui se tramait mais ne laisse pas transparaĂźtre publiquement son mĂ©contentement[73]. En attendant son jugement, le « duc d'OrlĂ©ans » est incarcĂ©rĂ© Ă la Conciergerie, oĂč le duc de Luynes lui fait livrer de somptueux repas. Rapidement, la presse rĂ©publicaine en reproduit les menus et, conscient de l'effet nĂ©gatif qu'un tel traitement pourrait provoquer, le prince dĂ©clare publiquement qu'il « ne demande que la gamelle du soldat » (gamelle Ă laquelle il ne touchera pourtant jamais[74]). L'expression connaĂźt immĂ©diatement un grand succĂšs et le prince en retire le surnom populaire de « Prince Gamelle », qui le suivra toute sa vie et qui inspirera Ă Anatole France le sobriquet de « Trublion » Ă partir du grec ancien ÏÏÏÎČλÎčÎżÎœ, « Ă©cuelle ».
Quelques jours plus tard, le , le « duc dâOrlĂ©ans » est condamnĂ© Ă une peine de deux ans de prison pour ĂȘtre revenu dans son pays malgrĂ© la loi d'exil. Cependant, il est finalement amnistiĂ© dĂšs le par le prĂ©sident de la RĂ©publique Sadi Carnot et reconduit Ă la frontiĂšre. Le parti royaliste sort quelque peu renforcĂ© par ces Ă©vĂšnements, mais pas suffisamment pour faire vĂ©ritablement trembler la RĂ©publique[75].
Entre espoirs et amertume
Le , un nouveau coup dur frappe le comte de Paris et les royalistes. Lâencyclique Au milieu des sollicitudes du pape LĂ©on XIII enjoint en effet les catholiques français Ă se rallier au rĂ©gime rĂ©publicain, ce qui affaiblit considĂ©rablement les partisans de la restauration[76]. MalgrĂ© tout, le prĂ©tendant continue Ă Ćuvrer en faveur de la monarchie et espĂšre, Ă chaque scandale qui secoue la RĂ©publique, pouvoir monter sur le trĂŽne. Câest particuliĂšrement le cas lorsquâĂ©clate lâaffaire de Panama, dans les annĂ©es 1890. Cependant, le prĂ©tendant ne parvient pas Ă rendre sa popularitĂ© Ă la monarchie et les institutions rĂ©publicaines survivent aux troubles qui les font pĂ©riodiquement vaciller[77].
Le , le comte de Paris trouve la mort Ă lâĂąge de 56 ans, dans sa rĂ©sidence anglaise de Stowe House[78]. Du fait de la loi d'exil, son corps est dâabord inhumĂ© Ă la chapelle Saint-Charles BorromĂ©e de Weybridge, dans le Surrey, puis transfĂ©rĂ©, en 1958, Ă la Chapelle royale de Dreux par son petit-fils Henri d'OrlĂ©ans, nouveau « comte de Paris ».
Personnalité
Le comte de Paris nâĂ©tait pas un homme de dĂ©monstration publique, il voulait croire Ă lâempire de la raison sur les choses humaines. Sa grande pudeur passait pour de la froideur et ses proches regrettaient son manque dâĂ©clat et son aversion pour la mise en scĂšne[79].
On ne lui reconnut jamais le charisme du comte de Chambord, lâ« auguste ensorceleur » selon Henry de PĂšne[80]. Mais solidement instruit, curieux dâune grande ouverture dâesprit, il Ă©tonnait ses collaborateurs par sa puissance de travail, le calme de son caractĂšre et sa grande volontĂ©[81] - [82] - [83] - [84].
Arthur Meyer, directeur du Gaulois, affirmait à son propos : « à tous ceux qui avaient l'honneur de le voir, M. le comte de Paris donnait l'impression d'un studieux et d'un penseur[85]. »
Le prince avait le goĂ»t des Ă©tudes et du travail de cabinet. C'est ainsi que formĂ© par le juriste Camille Dareste de La Chavanne[86], il conserva au long de sa vie un intĂ©rĂȘt pour les questions lĂ©gislatives et administratives[63] comme en tĂ©moigne son projet de Pacte national.
Actif mais discret, c'est dans lâombre qu'il travaillait Ă fĂ©dĂ©rer lâunion conservatrice pour la mener Ă la victoire aux Ă©lections lĂ©gislatives et restaurer lĂ©galement la monarchie[57].
Le comte de Paris se sentait trĂšs proche de son frĂšre Robert d'OrlĂ©ans, duc de Chartres[87]. Il confia d'ailleurs Ă Albert de Mun dans quelle communautĂ© dâesprit il se trouvait depuis toujours avec son frĂšre le duc de Chartres : « Je me suis concertĂ© avec lui pour tout. Câest le seul membre de ma famille de qui je puisse le dire[88]. »
Titulature et décorations
Titres officiels
- - : Son Altesse royale Louis-Philippe d'Orléans, comte de Paris ;
- - : Son Altesse royale Louis-Philippe d'Orléans, prince royal de France, comte de Paris.
Titres de courtoisie
- - : Son Altesse royale Louis-Philippe d'Orléans, comte de Paris ;
- - : Son Altesse royale Louis-Philippe d'Orléans, comte de Paris, premier prince du sang de France ;
- - : Son Altesse royale le comte de Paris.
à sa naissance en 1838, le roi des Français Louis-Philippe Ier titre légalement son petit-fils comte de Paris, aprÚs avoir envisagé de lui conférer le titre de prince d'Alger[4]. En 1842, à la mort de son pÚre, le prince Ferdinand-Philippe, le comte de Paris reçoit également de son grand-pÚre le titre de prince royal, qui remplace celui de dauphin durant la Monarchie de Juillet[13].
En 1850, le prince succÚde à son grand-pÚre paternel comme aßné de la branche d'Orléans, avec l'héritage théorique de tous les titres traditionnels de cette branche : duc d'Orléans, duc de Valois, duc de Chartres, duc de Nemours, duc de Montpensier, dauphin d'Auvergne, prince de Joinville, sénéchal héréditaire de Champagne, marquis de Coucy, marquis de Folembray, comte de Soissons, comte de Dourdan, comte de Romorantin et baron de Beaujolais, etc[89].
Selon ses partisans orlĂ©anistes, Philippe d'OrlĂ©ans est, aprĂšs la mort du comte de Chambord, l'unique hĂ©ritier du trĂŽne de France sous le nom de « Philippe VII ». Le prince est en effet l'aĂźnĂ© des descendants de Louis XIII, Ă l'exclusion de ceux de Philippe V d'Espagne, devenus Ă©trangers et non successibles, selon les mĂȘmes orlĂ©anistes, Ă la suite des traitĂ©s d'Utrecht[90].
Cependant, pour certains légitimistes, considérant comme nulles les renonciations de 1713 (et ne reconnaissant aucun principe d'exclusion des princes devenus étrangers et de leur descendance), le comte de Paris n'est « que » le chef de la branche d'Orléans, alors que les véritables héritiers du trÎne de France seraient ses lointains cousins espagnols, les princes Jean et Charles de Bourbon[90].
Décorations dynastiques françaises
En qualité de chef de la maison royale de France et prétendant au trÎne de France, les partisans du comte de Paris le considÚrent grand maßtre des ordres dynastiques traditionnels[91].
Grand maßtre de l'ordre du Saint-Esprit (1883-1894) (contesté) | |
Grand maßtre de l'ordre de Saint-Michel (1883-1894) (contesté) | |
Grand maßtre de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis (1883-1894) (contesté) |
DĂ©corations dynastiques Ă©trangĂšres
Chevalier de lâordre de l'ĂlĂ©phant ()[92] |
Grand-croix des ordres du Christ et d'Aviz réunis ()[93] |
Grand-croix de l'ordre du Faucon blanc () |
Dans la culture populaire
Le comte de Paris apparaßt dans l'uchronie de Pierre Bordage Ceux qui sauront. Dans ce roman, paru en poche chez J'ai lu en 2008, le prince est parvenu à rétablir la monarchie en 1882 et les Orléans maintiennent depuis lors leur dictature sur la France.
Notes et références
Notes
- Son prĂ©nom usuel est « Louis-Philippe » jusquâen 1883, puis seulement « Philippe » Ă partir de cette annĂ©e-lĂ . Cf. Georges Poisson, Les OrlĂ©ans : Une famille en quĂȘte dâun trĂŽne, Perrin, Paris, 1999, p. 316.
- En 1848, ses partisans orléanistes lui donnent le nom de « Louis-Philippe II » mais il choisit le nom « Philippe VII » en 1883, lorsqu'il se pose en héritier des Bourbons.
- Mis au courant du projet de mariage, le tsar Nicolas Ier de Russie dĂ©clare ainsi qu'« un si petit mariage ne vaut pas la peine d'ĂȘtre empĂȘchĂ© ». Cf. Isabelle d'OrlĂ©ans-Bragance, La Reine Marie-AmĂ©lie, grand-mĂšre de l'Europe, Perrin, Paris, p. 362.
- Veuf, en premiÚres noces, de Charlotte de Galles, princesse de Galles, le roi Léopold Ier de Belgique a conservé la jouissance de sa demeure anglaise.
- Ceux-ci descendent en effet de Philippe de France, duc d'Anjou, oncle de Louis XV.
- Ceux-ci descendent en effet de Louise d'Artois, sĆur aĂźnĂ©e du comte de Chambord.
- Il s'agit du « Jean III » des légitimistes français et des carlistes espagnols.
- Les « Blancs d'Eu » sont les monarchistes favorables à la Maison d'Orléans mais soutenant une politique conservatrice, voire réactionnaire. Face à eux, les « Blancs d'Espagne » ont des idéaux politiques similaires mais appuient les prétentions dynastiques des descendants de Philippe V d'Espagne.
- Le comte de Paris avait engagĂ© une rĂ©flexion sur le sujet associatif avec la rĂ©daction de son volume sur Les Associations ouvriĂšres en Angleterre (Trade unions) (Germer BailĂšre, 1869) ; il conclut lâannĂ©e de sa mort par la mise au point dâune brochure approfondie, Une libertĂ© nĂ©cessaire : le droit dâassociation publiĂ©e chez Calmann-LĂ©vy.
Références
- http://www.lebrelblanco.com/anexos/images/acte_abdicationlouis_philippe_1848.jpg : « J'abdique cette Couronne que la voix nationale m'avait appellĂ©e [sic] Ă porter, en faveur de mon petit fils le Comte de Paris. Puisse t'il [sic] rĂ©ussir dans la grande tĂąche qui lui echeoit aujourd hui. â Louis Philippe â 24 Fev.r 1848 »
- (en) William Fortescue, France and 1848 : The End of Monarchy, , 228 p. (ISBN 978-1-134-37922-4, lire en ligne), p. 169
- Philippe de Montjouvent, ĂphĂ©mĂ©ride de la Maison de France de 1589 Ă 1848, Charenton-le-Pont, Ă©ditions du Chaney, 1999, p. 244-246.
- Georges Poisson, Les OrlĂ©ans, Une famille en quĂȘte d'un trĂŽne, Perrin, Paris, 1999, p. 256.
- Dominique Paoli, Fortunes et infortunes des princes d'Orléans, 1848-1918, Artena, 2006, p. 11.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, La Reine Marie-Amélie, grand-mÚre de l'Europe, Perrin, Paris, 1998, p. 353-362.
- Hervé Robert, Les Princes d'Orléans : Une famille en politique au XIXe siÚcle, Economica, 2007, p. 263.
- Jean Favier (dir.), « NoĂ«l se fĂȘtera autour d'un sapin », Chronique de la France et des Français, Ăditions Chronique, Bassillac, p. 865.
- Hervé Robert, op. cit., p. 235 et 238.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, op. cit., p. 384-394.
- RĂ©gine, « Livre âPhilippe dâOrlĂ©ans. FrĂšre de Louis XIVâ â Noblesse & RoyautĂ©s » (consultĂ© le )
- Isabelle d'Orléans-Bragance, op. cit., p. 397.
- Georges Poisson, op. cit., p. 271.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, op. cit., p. 398-399.
- Dominique Paoli, op. cit., p. 54.
- Georges Poisson, op. cit., p. 278-285.
- Georges Poisson, op. cit., p. 285.
- Georges Poisson, op. cit., p. 286.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, op. cit., p. 430-431.
- Georges Poisson, op. cit., p. 288.
- Georges Poisson, op. cit., p. 287.
- Olivier Defrance, La Médicis des Cobourg, Clémentine d'Orléans, Racine, Bruxelles, p. 131.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, op. cit., p. 436-437.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, op. cit., p. 440.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, op. cit., p. 450-456.
- Olivier Defrance, op. cit., p. 176.
- Georges Poisson, op. cit., p. 289.
- Georges Poisson, op. cit., p. 288-290.
- Georges Poisson, op. cit., p. 294-295.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, op. cit., p. 445.
- Dominique Paoli, op. cit., p. 45.
- Georges Poisson, op. cit., p. 290.
- Georges Poisson, op. cit., p. 294.
- Georges Poisson, op. cit., p. 296.
- Hervé Robert, op. cit., p. 341 et 377.
- Georges Poisson, op. cit., p. 297.
- Pierre et Rolande Miquel avec la collaboration du professeur GĂ©rard Bonin et de Michael Tazi Klaa, De l'aube romantique Ă l'aube impressionniste, Ă©ditions Somogy, 2011, p. 146.
- Jacques d'Orléans, Les ténébreuses affaires du comte de Paris, Albin Michel, Paris, 1999, p. 14.
- « Archives du livre de Philippe D'Orléans sur la guerre de Sécession »
- Georges Poisson, op. cit., p. 298.
- Michel de GrĂšce, MĂ©moires insolites, Presse Pocket, Paris, 2004, p. 180.
- Georges Poisson, op. cit., p. 302.
- Georges Poisson, op. cit., p. 304-305.
- Georges Poisson, op. cit., p. 303-309.
- Georges Poisson, op. cit., p. 305.
- Joseph du Bourg, Les entrevues des princes à Frohsdorf : 1873 et 1883. La vérité et la légende, Librairie académique Perrin et Cie, , 310 p., p. 8.
- Georges Poisson, Le comte de Chambord : Henri V, Pygmalion, , 360 p. (ISBN 978-2-7564-0324-3, lire en ligne), p. 241-242. L'auteur ajoute que la phrase « prĂȘtĂ©e Ă Chambord : « Croyez, mon cousin que je trouve tout naturel que vous conserviez les opinions politiques de votre famille, dans lesquelles vous avez Ă©tĂ© Ă©levĂ© ; lâhĂ©ritier du trĂŽne peut avoir ses idĂ©es comme le roi a les siennes », n'a certainement jamais Ă©tĂ© prononcĂ©e, d'autant plus qu'Henri se gardait bien de qualifier le comte de Paris d'hĂ©ritier du trĂŽne », et que cette phrase « a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© fabriquĂ©e par les OrlĂ©ans ». Et dans le mĂȘme ouvrage, Georges Poisson Ă©crit que Chambord « croyait fermement que les aĂźnĂ©s de la famille Ă©taient les Bourbons d'Espagne, ce qu'ils Ă©taient effectivement, et n'admettait pas le traitĂ© d'Utrecht : la couronne, don de Dieu, est indisponible, elle ne se nĂ©gocie pas, elle vous Ă©choit par primogĂ©niture, et son titulaire ne peut en disposer Ă son grĂ© » (p. 244 : lire en ligne).
- Georges Poisson, op. cit., p. 307.
- Georges Poisson, op. cit., p. 308.
- Georges Poisson, op. cit., p. 309.
- Georges Poisson, op. cit., p. 309-310.
- Georges Poisson, op. cit., p. 313-314.
- Georges Poisson, op. cit., p. 315.
- Georges Poisson, op. cit., p. 316.
- Hervé Robert, L'Orléanisme, coll. « Que sais-je ? », Presses Universitaires de France, 1992, p. 39-40.
- Georges Poisson, op. cit., p. 314-315.
- Hervé Robert, op. cit., p. 342.
- Georges Poisson, op. cit., p. 316-318.
- Hervé Robert, op. cit., p. 378.
- Georges Poisson, op. cit., p. 318.
- Daniel de Montplaisir, Louis XX, petit-fils du roi Soleil, Ă©d. Jacob-Duvernet, juin 2011, p. 302.
- Archives nationales, 300 AP III 615, note de la main du comte de Paris, s.d. (avril ou mai 1887).
- Hervé Robert, op. cit., p. 377.
- Daniel de Montplaisir, op. cit., p. 303.
- Daniel de Montplaisir, op. cit., p. 304.
- Daniel de Montplaisir, op. cit., p. 305.
- Hervé Robert, op. cit., p. 379.
- Daniel de Montplaisir, op. cit., p. 305-306.
- Georges Poisson, op. cit., p. 321.
- Georges Poisson, op. cit., p. 322.
- Georges Poisson, op. cit., p. 322-323.
- Georges Poisson, op. cit., p. 324.
- Georges Poisson, op. cit., p. 325.
- Daniel de Montplaisir, Louis XX : une autre Histoire de France, Paris, Mareuil Ăditions, 2018, 491 p. , p. 290.
- Georges Poisson, op. cit., p. 326.
- Georges Poisson, op. cit., p. 327-328.
- Georges Poisson, op. cit., p. 328.
- Jean Frollo, « Mort du Comte de Paris », Le Petit Parisien,â , p. 1 (lire en ligne)
- Hervé Robert, op. cit., p. 340.
- Hervé Robert, op. cit., p. 341.
- EugĂšne Aubry-Vitet, MĂ©moires, De Renouard, 1932, p. 187-190.
- Comte dâHaussonville, Le Comte de Paris, souvenirs personnels, p. 22-24.
- Ădouard HervĂ©, « Le comte de Paris », Revue de Paris, 15 septembre 1894, p. 225-230.
- Maurice dâHulst, « Une Ăąme royale et chrĂ©tienne », Le Correspondant, 25 septembre 1894.
- Arthur Meyer, Ce que mes yeux ont vu, Plon-Nourrit et Cie, 1911, p. 81.
- Ătienne Allaire, Souvenirs d'un vieux prĂ©cepteur, Lamulle et Poisson, p. 219-220.
- Hervé Robert, op. cit., p. 345.
- Philippe Levillain, Albert de Mun, p. 920.
- Dominique et MichÚle Frémy (dir.), « Institutions françaises », Quid 2001, Robert Laffont, 2000, p. 709 c.
- Dominique et MichÚle Frémy (dir.), op. cit., p. 709 a-c.
- Ordres royaux
- (da) « Armorial des chevaliers de l'Ordre de l'Eléphant », p. 24.
- Marquis de Flers, Le comte de Paris, cité dans Moi Amélie, derniÚre reine de Portugal par Stéphane Bern, éd. SuccÚs du livre, pp. 112-113
Annexes
Ouvrages de Philippe d'Orléans
- sous le nom du comte de Paris
- Les Associations ouvriĂšres en Angleterre (trades-unions), Germer BailliĂšre, Paris, 1869, lire en ligne sur Gallica et disponible sur Internet Archive.
- De la situation des ouvriers en Angleterre, LĂ©vy, 1873, disponible sur Internet Archive.
- Histoire de la Guerre civile en Amérique, Lévy frÚres, Paris, 1874-1896, disponible sur Gallica.Composé de 7 tomes : I. L'armée américaine. La Sécession. La premiÚre lutte ; II. Le premier automne. Le premier hiver ; II. Richmond. La guerre navale. Le Maryland ; IV. Le Kentucky. Le Tennessee. La Virginie. La politique ; V. La guerre sur le Rapidan. Le Missisipi ; VI. La Pennsylvanie. Le troisiÚme hiver ; VII. Le Haut Tennessee. Le siÚge de Chattanooga. Le troisiÚme hiver.
- Instructions de Mgr le Comte de Paris aux représentants du parti monarchiste en France, Librairie nationale, Paris, 1887, lire en ligne sur Gallica.
- Discours de monseigneur le comte de Paris, H. Champion, 1891, disponible sur Internet Archive.
- Une liberté nécessaire : le droit à l'association, Calmann Lévy, Paris, 1894, lire en ligne sur Gallica.
- La Monarchie française : lettres et documents politiques (1844-1907), Librairie nationale, Paris, 1907, disponible sur Internet Archive.
Par ailleurs, Philippe et Robert d'Orléans ont publié deux recueils de mémoires de leur pÚre Ferdinand-Philippe d'Orléans (sous le nom du duc d'Orléans) :
- Campagnes de l'armée d'Afrique, 1835-1839, Michel Lévy frÚres, 1870, disponible sur Internet Archive.
- RĂ©cits de campagne, Calmann Levy, 1892, disponible sur Internet Archive.
Ouvrages sur Philippe d'Orléans et sa famille
- Charles Yriarte, Les Princes dâOrlĂ©ans, Plon, Paris, 1872, disponible sur Internet Archive.
- Georges Cerbelaud-Salagnac, Quatre rĂšgnes en exil ou d'Henri V Ă Jean III (1820-1940), Ă©d. France Empire, 1947 (ASIN B0018GRZYY).
- Hyacinthe de Flers, Le Comte de Paris, Paris, Perrin et Cie, 1888, disponible sur Internet Archive.
- Isabelle d'Orléans-Bragance, La Reine Marie-Amélie, grand-mÚre de l'Europe, Perrin, Paris, 1998 (ISBN 2702824579).
- Georges Poisson, Les OrlĂ©ans, une famille en quĂȘte d'un trĂŽne, Perrin, Paris, 1999 (ISBN 226201583X).
- Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Librairie ArthĂšme Fayard, 2002 (ISBN 2-213-59222-5)
- Dominique Paoli, Fortunes et infortunes des princes d'Orléans, 184)8-1918, Artena, 2006 (ISBN 2351540042).
- Olivier Defrance, La Médicis des Cobourg : Clémentine d'Orléans, Racine, Bruxelles, 2007 (ISBN 2873864869).
- Hervé Robert, Les Princes d'Orléans : Une famille en politique au XIXe siÚcle, Economica, 2007 (ISBN 2717853987).
- Thibault Gandouly, Philippe d'Orléans, comte de Paris. 1838-1894, préface du prince Jean de France, Via Romana, 2020 (ISBN 2372711490).
Ouvrages généraux
- Hervé Robert, L'Orléanisme, coll. « Que sais-je ? », Presses universitaires de France (PUF), 1992 (ISBN 2130450350).
- Hervé Robert, La Monarchie de Juillet, coll. « Que sais-je ? », Presses universitaires de France, 2000 (ISBN 213046517X).
- Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la TroisiĂšme RĂ©publique 1870-1940, Points, Paris, 2001 (ISBN 2020067773).
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (en) National Portrait Gallery
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Site officiel du musée Louis-Philippe du Chùteau d'Eu