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Monarchisme en France

Le monarchisme français est l’ensemble des courants politiques visant au retour ou au maintien, selon les Ă©poques, d’un rĂ©gime monarchique Ă  la tĂȘte de la France. Cela englobe donc le royalisme, mais aussi les courants favorable Ă  un empire comme le bonapartisme.

Les différents régimes monarchiques en France

AprĂšs l’effondrement de l’Empire carolingien en 888, le royaume de France (d’abord appelĂ© Francie occidentale) Ă©volue vers une monarchie fĂ©odale, oĂč le pouvoir du roi est dĂ©lĂ©guĂ© Ă  des vassaux, qui, en Ă©change de leur fidĂ©litĂ© et de services rendus au roi, ont en leur possession, et de façon hĂ©rĂ©ditaire, des portions du royaume. Qui plus est, elle est aussi Ă©lective car les grands du royaume Ă©lisent, depuis 888, l’un d’entre eux roi a titrĂ© viager. Le pouvoir royal y est donc considĂ©rablement rĂ©duit puisque le roi dĂ©pend de ces grands nobles pour l’exercice de son pouvoir. Ainsi, chaque seigneur du royaume constitue sur son territoire une forme de pouvoir monarchique : duchĂ©, comtĂ©, marquisat, baronnie, seigneurie.

L’hĂ©rĂ©ditĂ© se met cependant en place peu Ă  peu durant la pĂ©riode des capĂ©tiens directs (987-1328), puis se codifie dĂ©finitivement avec la loi salique, qui Ă©tablie la primogĂ©niture mĂąle, lors des successions de Louis X (1316), puis de Charles IV (1328). De mĂȘme, la sacralitĂ© du roi se renforce, notamment sous Saint Louis, dont le prestige dĂ©teint sur ses descendants, et qui codifie le sacre royal dans son ordo. La lĂ©gitimitĂ© du roi a un fondement religieux, c’est une monarchie de droit divin.

À partir des Bourbons, le domaine royal couvre l’ensemble du royaume, rendant les titres de noblesse purement honorifiques. Le rĂ©gime devient une monarchie absolue, c’est-Ă -dire que le pouvoir royal s'affranchit des contre-pouvoirs (parlement, États GĂ©nĂ©raux, etc.), et effectue une centralisation politique et militaire. L’historiographie a Ă©galement eu tendance Ă  privilĂ©gier le concept de « monarchie administrative », forgĂ© pour rendre compte des mutations profondes qui affectent le gouvernement et l'administration du royaume de France Ă  l'Ă©poque moderne, et notamment Ă  partir du XVIIĂšme siĂšcle, introduisant un « changement de perspective dans la gestion de l'État » (B. Barbiche)[1]. Puis la RĂ©volution Française donne naissance Ă  une Ă©phĂ©mĂšre monarchie constitutionnelle et parlementaire (1790-1792 avec Louis XVI), qui renaĂźt Ă  la Restauration (1814-1830 avec Louis XVIII et Charles X) et la monarchie de Juillet (1830-1848 avec Louis-Philippe Ier). Les rĂ©gimes impĂ©riaux (1804-1814, Premier Empire ; 1852-1870, Second Empire) sont des rĂ©gimes cĂ©saristes, mĂȘme si le second appuye sa lĂ©gitimitĂ© sur l’approbation populaire par des plĂ©biscites.

Courants monarchistes français

L'histoire de la monarchie française, marquée par des changements dynastiques, conduit aujourd'hui à une diversité des courants monarchistes. Il y a les courants royalistes :

Et il y a un courant dit « impérial » :

Chacun de ces courants se rattache Ă  un rĂ©gime politique français du XIXe siĂšcle : la Restauration (1814-1830) pour le lĂ©gitimisme, la monarchie de Juillet (1830-1848) pour l’OrlĂ©anisme et les 1er (1804-1815) et 2nd Empires (1852-1870) pour le bonapartisme.

Il Ă©tait autrefois d'usage de considĂ©rer les lĂ©gitimistes comme des monarchistes conservateurs (par rĂ©fĂ©rence Ă  la ligne politique suivie par Charles X) et les orlĂ©anistes comme des monarchistes libĂ©raux (en rĂ©fĂ©rence Ă  la politique de Louis-Philippe Ier) ; cette classification doit tout de mĂȘme ĂȘtre entendue avec rĂ©serves, surtout durant le XXe siĂšcle : l'Action française, antiparlementaire, est orlĂ©aniste et elle draina longtemps (jusqu'Ă  la Seconde Guerre mondiale) la majoritĂ© des monarchistes français (et a contrario, un des prĂ©tendants lĂ©gitimistes, le comte de MontizĂłn, Ă©tait ouvertement libĂ©ral, et son petit-fils le duc d'Anjou et de Madrid fut considĂ©rĂ© comme « cosmopolite et mĂȘme ‘libĂ©ral’ »[2] par une grande partie de ses partisans). Au XXIe siĂšcle, le prĂ©tendant lĂ©gitimiste au trĂŽne de France, Louis Alphonse de Bourbon, a renouĂ© avec la tradition ultra-conservatrice en manifestant Ă  maintes occasions ses sympathies pour le parti espagnol d'extrĂȘme-droite Vox et l'organisation ultra-catholique Hazte OĂ­r[3] - [4].

Summa divisio : légitimistes et orléanistes

La division entre les monarchistes français trouve son fondement dans les avatars de la succession au trÎne de France.

À la mort en 1883 d'« Henri V », comte de Chambord, petit-fils de Charles X et dernier Bourbon de la branche aĂźnĂ©e, les monarchistes se divisĂšrent en deux courants :

Entre 1886 et 1950, les familles de prétendants ont été visées par la loi « d'exil » du 22 juin 1886, interdisant notamment l'entrée et le séjour sur le territoire français aux chefs des familles ayant régné en France (Bourbons, Bonaparte et Orléans) et à leurs fils aßnés et le service dans les armées françaises auxdites familles. Plusieurs générations de prétendants ont ainsi vécu en exil.

Querelles dynastiques

Selon les orlĂ©anistes, les OrlĂ©ans, qui portĂšrent Ă  partir de 1709 le titre honorifique de premier prince du sang, sous l'Ancien RĂ©gime et la Restauration, seraient les seuls prĂ©tendants possibles au trĂŽne de France. En effet, les Bourbons « d'Espagne », descendants de Philippe de France, duc d'Anjou, sont exclus, selon les orlĂ©anistes, de la succession Ă  la suite de la renonciation dudit duc d'Anjou au trĂŽne de France pour lui-mĂȘme et ses descendants, partis rĂ©gner sur l'Espagne. Ils ajoutent que ces princes, devenus Ă©trangers « sans esprit de retour », seraient affectĂ©s d'un « vice de pĂ©rĂ©grinitĂ© ».

Les lĂ©gitimistes arguent, quant Ă  eux, d'une inconstitutionnalitĂ© des clauses des traitĂ©s d'Utrecht imposant Ă  Philippe de France de renoncer Ă  ses droits sur le trĂŽne de France pour lui-mĂȘme et ses descendants ; en effet, lesdites clauses seraient en contradiction avec la loi d'indisponibilitĂ© de la couronne (interdisant notamment au souverain de dĂ©signer ses successeurs) et la rĂšgle de succession par ordre de primogĂ©niture mĂąle. Ils contestent l'existence d'un principe de nationalitĂ© dans l'ancien droit et soulignent que plusieurs de nos rois Ă©taient dĂ©jĂ  souverains d'un autre pays au moment de leur avĂšnement au trĂŽne de France, dont notamment Henri IV, ancĂȘtre commun aux deux branches.

Courants minoritaires

Providentialisme

Certains sont adeptes d’un courant « providentialiste » qui s'en remet Ă  Dieu pour savoir qui doit ĂȘtre Son lieutenant sur le trĂŽne de France. S’appuyant en partie sur des prophĂ©ties non reconnues par l'Église catholique, cette vision quasi-apocalyptique espĂšre le salut de la France et de l'Église par un Saint Pape et par une roi glorieux appelĂ© Grand Monarque. Ce courant a Ă©tĂ© fondĂ© le 25 aoĂ»t 1988 par Alain Texier en l'Abbaye Notre-Dame de Fontevraud (Charte de Fontevrault) ; il est notamment repris par le Marquis de la Franquerie.

Survivantisme

Également, nombreux sont ceux qui croient Ă  l’éventualitĂ© d’une survie de Louis XVII, qui est mort le 8 juin 1795, Ă  l'Ăąge de dix ans, dans la prison du Temple, et Ă  la suite de prĂšs de trois ans de captivitĂ©. Ainsi, durant le XIXe siĂšcle, divers prĂ©tendus Louis XVII se manifestent : le plus cĂ©lĂšbre est Karl-Wilhelm Naundorff (mort le 10 aoĂ»t 1845), qui se manifeste dĂšs 1812, rĂ©ussit Ă  convaincre plusieurs personnes qu'il est vraiment Louis XVII. Ses descendants ne cessent ensuite de dĂ©fendre sa cause, mais les rĂ©centes analyses ADN ont rĂ©duit Ă  nĂ©ant les prĂ©tentions des « survivantistes ». On peut aussi citer Jean-Marie Hervagault, le prĂ©tendu baron de Richemont, Charles de Navarre, dit Mathurin Bruneau, Bourlon, Fruchard, Marassin, MĂšves, Junt, EliĂ©zer Williams, Varney, Ligny de Luxembourg, Gruau, La Roche[5]


Histoire du monarchisme en France

RĂ©volution

AprĂšs la proclamation de l’AssemblĂ©e Nationale Constituante, en juillet 1789, par des dĂ©putĂ©s des États-GĂ©nĂ©raux, des dĂ©bats ont lieu, d’aoĂ»t Ă  septembre, sur l’évolution du rĂ©gime politique français : les dĂ©putĂ©s favorables au maintien du pouvoir du roi se sont placĂ©s Ă  la droite du prĂ©sident de l'assemblĂ©e et les partisans d'une limitation de ses pouvoirs, Ă  sa gauche. Cette division gauche/droite va se pĂ©renniser en France et dans le reste du monde. En 1791, L’AssemblĂ©e nationale lĂ©gislative, parmi divers groupes politiques, il y a les feuillants qui sont des monarchistes modĂ©rĂ©s. La monarchie française passe durant cette pĂ©riode de l’absolutisme Ă  un rĂ©gime constitutionnel.

DĂšs 1789, de nombreux nobles craignant les troubles du pays Ă©migrent vers l’étranger ; parmi ces Ă©migrĂ©s, il y a les frĂšres du roi, les comtes de Provence et d’Artois. Ils forment, dans le Saint-Empire, des armĂ©es qui visent Ă  reconquĂ©rir la France mais qui se dissolvent aprĂšs quelques annĂ©es, ou rejoignent des armĂ©es Ă©trangĂšres.

AprĂšs la proclamation de la RĂ©publique (aoĂ»t/septembre 1792) et la mort du roi (janvier 1793), le soutien du roi est principalement exprimĂ© par des insurrections dans tout le royaume, mais surtout dans l’Ouest (VendĂ©ens, Chouans
) et Ă  Paris (insurrections de l’an III et de l’an VIII). Ont Ă©galement lieu de nouvelles dĂ©fections, comme celle de Lafayette, qui quitte son commandent militaire (l’ArmĂ©e du Nord) et Ă©migre. Lorsqu’en 1795 le fils de Louis XVI, surnommĂ© Louis XVII, meurt, le comte de Provence se proclame roi sous le nom de Louis XVIII, voulant maintenir la continuitĂ© dynastique capĂ©tienne.

AprĂšs la chute du ComitĂ© de Salut Public et de Robespierre, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), la convention reprend le pouvoir dans un contexte d’aspiration Ă  la stabilitĂ© et Ă  l’ordre. Ainsi, est alors fondĂ© le Club de Clichy, qui rassemble des dĂ©putĂ©s rĂ©publicains modĂ©rĂ©s et des monarchistes. Avec la mise en place du rĂ©gime du Directoire, le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), le club gagne en importance ; il est cependant fermĂ© au lendemain du coup d'État du 18 Fructidor (4 septembre 1797).

Napoléon

DĂšs 1790, des penseurs comme SieyĂšs veulent terminer la RĂ©volution, et cherchent pour cela un gĂ©nĂ©ral, qui prendrait le pouvoir et rĂ©tablirait l'ordre, en gardant les acquis rĂ©volutionnaires. Plusieurs gĂ©nĂ©raux sont pressentis (Hoche qui meurt en septembre 1797 ; Joubert, qui est tuĂ© en aoĂ»t 1799 ; Moreau qui refuse ; Bernadotte, MassĂ©na, et Brune qu’il juge cependant trop liĂ©s aux jacobins) mais c’est finalement Bonaparte qui, en raison de ses succĂšs militaires et de son charisme, est retenu. AprĂšs le coup d'État du 18 Brumaire, en novembre 1799, ce dernier renforce son pouvoir jusqu’à se proclamer Empereur des Français en 1804, donnant naissance Ă  un rĂ©gime monarchique d’un genre nouveau. Il recrĂ©e une noblesse dite « d’Empire », et met en place des institutions majeures dans le pays : lycĂ©es, Code civil français, Ă©coles militaires, etc.

Restauration

La chute de NapolĂ©on, en 1814, voit le retour de la royautĂ© avec la prise de pouvoir de Louis XVIII, qui promulgue alors une Charte constitutionnelle. Cependant, le bonapartisme subsiste alors chez une poignĂ©e de pamphlĂ©taires et de fidĂšles, ce qui permet le retour de NapolĂ©on au pouvoir, durant cent jours. ApparaĂźt durant cette pĂ©riode un bonapartisme jacobin (rejet de l’Ancien RĂ©gime et du clergĂ©, dĂ©fense des libertĂ©s, patriotisme
) qui penche plus Ă  gauche.

Finalement les Bourbons retournent sur le trĂŽne. Sous leur rĂ©gime, appelĂ© Restauration, coexistent plusieurs tendances royalistes : les plus radicaux, les ultra-royalistes, qui sont trĂšs attachĂ©s Ă  la dynastie capĂ©tienne et au pouvoir de la noblesse, mais « plus royalistes que le roi » Louis XVIII, dont l’ouverture aux innovations rĂ©volutionnaires leur paraĂźt nĂ©faste ; les modĂ©rĂ©s, dits « royalistes constitutionnels », qui appuient la politique du roi et se rĂ©clament de la Charte de 1814. L’arrivĂ©e sur le trĂŽne de Charles X en 1824 est pour les ultras une victoire. Le bonapartisme, dĂ©sormais dans l’opposition, se maintient grĂące Ă  la publication du MĂ©morial de Sainte-HĂ©lĂšne, en 1823.

Monarchie de Juillet

AprĂšs la rĂ©volution de 1830 se met en place de la monarchie de Juillet, plus libĂ©rale, et Louis-Philippe d’OrlĂ©ans, cousin des Bourbons, devient roi des Français. L’avĂšnement de ce nouveau rĂ©gime fait passer les ultras dans l’opposition, puisqu’ils se rallient en majoritĂ© au lĂ©gitimisme, c’est-Ă -dire qu’ils restent fidĂšles Ă  la branche aĂźnĂ©e des capĂ©tiens — donc Ă  Charles X (mort en 1836), puis, au comte de Marnes, dit Louis XIX (mort en 1844), et au comte de Chambord, dit Henri V (mort en 1883). Ils forment un rĂ©seau de sociĂ©tĂ©s secrĂštes et expriment surtout une rĂ©sistance de l'aristocratie rurale face Ă  la sociĂ©tĂ© industrielle Ă©mergente.

Les partisans du rĂ©gime en place sont les orlĂ©anistes, issus des royalistes constitutionnels, et se divisent en deux partis : celui du Mouvement (vers la dĂ©mocratie), s’appuyant sur la petite bourgeoisie, et considĂ©rant que l’obtention de libertĂ©s doit se prolonger (extension du droit de vote), il deviendra la « gauche dynastique » ; celui de la RĂ©sistance (au mouvement), soutenu par des journaux comme le Constitutionnel ou le Journal des dĂ©bats, constituĂ© de libĂ©raux soucieux de dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts de la bourgeoisie[6].

La cause impĂ©riale, depuis la mort du fils de NapolĂ©on, dit NapolĂ©on II, en 1832, est dĂ©fendue activement par son cousin Louis-NapolĂ©on, neveu de l’Empereur par son pĂšre Louis. Il s’active pour se rapprocher du pouvoir par : des tentatives de coup d'État qui Ă©chouent (Strasbourg en 1836, Boulogne-sur-Mer en 1840), des publications d’écrits politiques (De l'extinction du paupĂ©risme en 1840), et son Ă©vasion du fort de Ham (1846), oĂč il Ă©tait enfermĂ© depuis 1840.

Second Empire

En 1848, la monarchie de Juillet est renversĂ©e et remplacĂ©e par la deuxiĂšme rĂ©publique. Louis-NapolĂ©on Bonaparte, qui se prĂ©sente Ă  l’élection prĂ©sidentielle, est Ă©lu. Par deux coups d’État (1851-1852), il met en place le Second Empire, autoritaire mais reposant sur l’approbation du peuple lors de plĂ©biscites. Il connaĂźt deux pĂ©riodes distinctes : l'Empire autoritaire de 1852 Ă  1860, puis l'Empire libĂ©ral, de 1860 Ă  1870, date de l’effondrement du rĂ©gime Ă  la suite de la dĂ©faite face aux États allemands.

Durant cette pĂ©riode, le prĂ©tendant lĂ©gitimiste Henri d'Artois entretient des liens rĂ©guliers avec les reprĂ©sentants du parti lĂ©gitimiste en France. À partir de 1862, il fait connaĂźtre ses positions et son projet politique par des manifestes adressĂ©s aux Français : « alliance si dĂ©sirĂ©e d'une autoritĂ© forte et d'une sage libertĂ© », dĂ©centralisation administrative et politique, intĂ©rĂȘt pour la question sociale


Échec d’une troisiùme Restauration

AprĂšs la chute du Second Empire et la proclamation de la TroisiĂšme RĂ©publique en septembre 1870, le rĂ©tablissement de la monarchie semble probable. L'AssemblĂ©e nationale de la Ire lĂ©gislature, est en effet composĂ©e en grande partie de dĂ©putĂ©s royalistes, et les deux prĂ©tendants royalistes Henri d'Artois, comte de Chambord, et Philippe d'OrlĂ©ans, comte de Paris, semblent sur le point de se mettre d’accord : le nouveau roi serait Henri d'Artois et Ă  sa mort, n’ayant pas d’hĂ©ritier, le comte de Paris lui succĂ©derait. Mais Henri d'Artois n'accepte de revenir qu'avec le drapeau blanc d'Henri IV, symbole de la monarchie, et exige la disparition du drapeau tricolore de Louis-Philippe. L’opinion publique s’enflamme alors et fait Ă©chouer cette tentative.

En attendant la mort du comte de Chambord, qui dĂ©bloquerait la situation, les dĂ©putĂ©s royalistes Ă©tablissent le septennat comme durĂ©e du mandat du prĂ©sident de la RĂ©publique et Ă©lisent le marĂ©chal royaliste Patrice de Mac Mahon Ă  ce poste. Pendant la IIe lĂ©gislature (1877-1881), les orlĂ©anistes sont reprĂ©sentĂ©s par 11 dĂ©putĂ©s (soit 2,1 %), les lĂ©gitimistes par 44 dĂ©putĂ©s (soit 8,4 %), et les bonapartistes du parti Appel au Peuple obtiennent 107 dĂ©putĂ©s, laissant une majoritĂ© aux rĂ©publicains. Ainsi, en 1879, Mac-Mahon est contraint de dĂ©missionner, et la chambre des dĂ©putĂ©s le remplace par Jules GrĂ©vy ; il n'est alors plus question de rĂ©tablir la monarchie. La mĂȘme annĂ©e, la mort du prince impĂ©riale affaiblit le mouvement bonapartiste.

Monarchisme affaibli face aux républicains

En 1881 Ă  lieu la formation d’une Union des droites coalisant tous les monarchistes sous la direction d'un déçu du bonapartisme, le baron de Mackau.

À la mort en 1883 d'« Henri V », comte de Chambord, petit-fils de Charles X et dernier Bourbon de la branche aĂźnĂ©e, les monarchistes se divisent en deux courants :

À partir de 1886 et jusqu’en 1950, les familles de prĂ©tendants ont Ă©tĂ© visĂ©es par la loi « d'exil » du 22 juin 1886, interdisant notamment l'entrĂ©e et le sĂ©jour sur le territoire français aux chefs des familles ayant rĂ©gnĂ© en France (Bourbons, Bonaparte et OrlĂ©ans) et Ă  leurs fils aĂźnĂ©s et le service dans les armĂ©es françaises auxdites familles. Plusieurs gĂ©nĂ©rations de prĂ©tendants ont ainsi vĂ©cu en exil.

ReprĂ©sentants encore 10 % en 1893 (VIIe lĂ©gislature), les royalistes sont confondus avec les autres dĂ©putĂ©s conservateurs Ă  partir de 1902 dans la chambre du Bloc des gauches. L’opinion royaliste est alors maintenue dans la publication de pĂ©riodiques comme la Revue d'Action française (1899) Ă  laquelle succĂšde le quotidien L'Action française de 1908 Ă  1944.

Depuis cette époque, le monarchisme français est caractérisé par un affaiblissement principalement imputable à la réussite apparente du régime républicain de la CinquiÚme République qui donne un pouvoir fort au président de la République. Il faut y ajouter un manque de visibilité des divers prétendants, une opinion publique globalement hostile au monarchisme. Enfin, à cela s'ajoutent les rivalités des trois principaux courants, légitimiste, orléaniste et bonapartiste.

Organisations

Divers groupes et organisations ont vu le jour pour défendre un retour (ou un maintient, selon les époques) de la monarchie en France.

Aujourd’hui ce sont principalement, pour les orlĂ©anistes :

Pour les légitimistes :

L'Alliance royale (AR), qui ne se revendique ni orléaniste, ni légitimiste ;

Et pour les bonapartistes :

  • France bonapartiste[8],
  • le Mouvement bonapartiste[9], alliĂ© du parti gaulliste et rĂ©publicain indĂ©pendant l'Union du peuple français,
  • Renouveau bonapartiste[10],
  • L’Appel au Peuple (2021)[11].

Sondages

Selon des enquĂȘtes d'opinion rĂ©alisĂ©es par l'institut BVA en 2007 et 2016, 17 % des Français seraient favorables Ă  ce que la fonction de chef de l’État soit un jour assumĂ©e par un roi. 80 % y seraient en revanche opposĂ©s[12].

En 2016, c'est auprĂšs des sympathisants des partis d'extrĂȘme droite et de droite que l'on trouve le plus fort pourcentage de sondĂ©s favorables Ă  la royautĂ©, avec 37 % pour les sympathisants du Front national de Marine Le Pen et 27 % pour ceux des RĂ©publicains de Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez[12].

Citations

  • « Quand nous disons : la Monarchie est le nationalisme intĂ©gral, nous disons que la Monarchie hĂ©rĂ©ditaire correspond Ă  tous ses moindres vƓux, Ă  toutes les petites parcelles des nĂ©cessitĂ©s et des exigences de l'intĂ©rĂȘt national. La Monarchie fait face, la Monarchie suffit, la Monarchie satisfait Ă  tout ce que dĂ©sire le nationalisme sensĂ©. »Charles Maurras - citĂ© par Lucien Thomas dans L'Action Française devant l'Église.
  • « Une dynastie se continue indĂ©finiment. Elle est la conscience historique et politique d'une nation, concentrĂ©e en une famille. Sans dynastie, point de continuitĂ© politique ni historique pour un grand peuple. » Charles Maurras
  • « Entre la monarchie constitutionnelle espagnole et la Ve RĂ©publique française, laquelle je prĂ©fĂšre ? Ma rĂ©ponse est que je choisis la monarchie espagnole. » Le prĂ©sident du gouvernement espagnol socialiste JosĂ© Luis RodrĂ­guez Zapatero ().
  • « L'idĂ©e royaliste ne sera jamais ringarde car elle est permanente. Aujourd'hui, en France, personne n'incarne la continuitĂ© de la nation. Je pense qu'on peut aimer un roi, ĂȘtre fidĂšle Ă  un roi
 mais pas Ă  un prĂ©sident de la RĂ©publique. » Jean Raspail, Ă©crivain.
  • « La RĂ©publique est virtuellement dans l'Empire Ă  cause du caractĂšre contractuel de l'institution et de la communication et de la dĂ©lĂ©gation expresse du pouvoir par le peuple ; mais l'Empire l'emporte sur la RĂ©publique parce qu'il est aussi la monarchie, c'est-Ă -dire le gouvernement de tous confiĂ© Ă  l'action modĂ©ratrice d'un seul avec l'hĂ©rĂ©ditĂ© pour condition et la stabilitĂ© pour consĂ©quence. » Raymond-ThĂ©odore Troplong, lors du rĂ©tablissement de l'Empire en 1852.

Notes et références

  1. Martial Mathieu, « Monarchie administrative », sur Cairn.info, (consulté le )
  2. (en) Martin Blinkhorn (es), Carlism and Crisis in Spain 1931-1939, Cambridge University Press, 1975 (BNF 35333198), p. 11, lire en ligne.
  3. (es) « RadiografĂ­a de Luis Alfonso de BorbĂłn: de admirar a Franco a apoyar la legitimidad del trono de Francia », LaSexta,‎ (lire en ligne)
  4. (es) « ÂżQuĂ© relaciĂłn mantienen Luis Alfonso de BorbĂłn e Ignacio Arsuaga? Equipo de InvestigaciĂłn sigue el rastro del dinero de Hazte OĂ­r », LaSexta,‎ (lire en ligne)
  5. L. de La SicotiĂšre, Les Faux Louis XVII, Victor PalmĂ©, 1882. – En ligne sur Gallica.
  6. « monarchie de Juillet », sur larousse.fr (consulté le )
  7. « Les royalistes, un état chiffré », sur monarchiesetdynastiesdumonde.com (consulté le )
  8. « David Saforcada pour 2017. », sur davidsaforcada2017.fr (consulté le )
  9. (mul) « Mouvement Bonapartiste », sur mouvementbonapartiste.wordpress.com, (consulté le )
  10. « Renouveau Bonapartiste »
  11. « C'est quoi ĂȘtre bonapartiste en 2023? », sur Slate.fr, (consultĂ© le )
  12. Sondages BVA pour France-Soir (2007) et l'Alliance royale (2016), rĂ©alisĂ©s les 5-6 mars 2007 et 22-23 aoĂ»t 2016 auprĂšs d'Ă©chantillons de 953 (2007) et 1 099 personnes (2016), reprĂ©sentatifs de la population française ĂągĂ©e de 18 ans et plus. Rapports en ligne : 2007 et 2016 (consultĂ©s le 14 septembre 2016).

Annexes

Articles connexes

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