Feuillants
Les Feuillants (Folietani, en italien) sont les membres d'un ordre monastique bernardin de la règle de Cîteaux, issu de l'ordre des Cisterciens. L'ordre tenait son nom de l'abbaye cistercienne de Notre-Dame de Feuillant dans l'ancien diocèse de Rieux près de Toulouse (Haute-Garonne).
Ordre des Feuillants | |
Le couvent des Feuillants à Paris. Gravure publiée dans G. Lenotre, Paris révolutionnaire (1895). | |
Ordre religieux | |
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Institut | Ordre monastique |
Type | Contemplatif |
Spiritualité | cistercienne |
Règle | de saint Benoît |
But | Prière, travail, vie liturgique, mortification. |
Structure et histoire | |
Fondation | 1577 Labastide-Clermont (Haute-Garonne) |
Fondateur | Jean de La Barrière |
Fin | 1791 |
Liste des ordres religieux |
Historique
Fondée vers 1145, devenue commendataire en 1493 et livrée au gouvernement de séculiers étrangers à la vie monastique, cette abbaye passe ainsi en 1562 aux mains de Jean de la Barrière (1544-1600). Converti, celui-ci décide d'y vivre personnellement comme moine (1573) et, devenu effectivement abbé (1577), entreprend de restaurer l'ancienne observance. D'autres maisons adoptent sa réforme : ils devaient avoir la tête et les pieds nus, dormir sur des planches, manger à genoux, s'imposer des privations surhumaines ; par la suite, l'austérité de cette règle fut adoucie.
Mais l'opposition est telle, au sein mĂŞme de l'ordre cistercien, qu'il faut en venir Ă une autonomie totale. Feuillant donne alors son nom aux religieux de l'ordre dont il est devenu la tĂŞte.
À la demande d'Henri III une communauté fut établie à Paris, rue Saint-Honoré, en 1587, qui se signala par la part active que ses religieux prirent aux guerres civiles du temps de la Ligue : Bernard de Montgaillard, dit le Petit Feuillant, se signala surtout par la véhémence de ses sermons. La lutte finie, Henri IV les traita avec bienveillance.
Des moines comme dom Sans de Sainte-Catherine, dom Eustache de Saint-Paul y font figure de grands directeurs spirituels au temps de ce que Brémond a appelé « l'invasion mystique ».
En 1630, le pape Urbain VIII sépara les Feuillants d'Italie, sous le nom de Réformés de Saint-Bernard, des Feuillants de France.
Les Feuillants de Paris, devenu chef d'ordre, prirent le vocable de Saint Bernard de la Pénitence. Le monastère de Paris connut un grand développement. Cette maison, fondée en 1587, occupait l'emplacement actuel de la rue de Castiglione et de la partie de la rue de Rivoli qui longe le palais des Tuileries.
Les Feuillants portaient une robe blanche avec un capuce blanc.
En 1789, Les Feuillants ne comptaient plus en France que 162 religieux répartis en 24 maisons. L'ordre fut dissous en 1791.
À la Révolution, la Constituante installa ses bureaux chez les Feuillants de Paris et le Club des Feuillants, club politique qui groupait modérés et monarchistes constitutionnels y trouva également son lieu de réunion.
Le monastère hébergea Louis XVI et les siens du 10 au .
L'ordre ne compta jamais plus de deux monastères féminins, l'un fondé à Montesquieu-Volvestre en 1588 puis transféré à Toulouse, l'autre établi à Paris dans le faubourg Saint-Jacques en 1622. Victor Hugo a évoqué ces feuillantines.
Liste des abbés de Notre-Dame de Feuillant
Les abbés de Notre-Dame de Feuillant ne sont supérieurs de l'ordre des Feuillants qu'à partir de la création de ce dernier, sous l'abbatiat de Jean de la Barrière, en 1562.
- 1145-1157 : Rainulphe I
- 1157-1167 : Bernard I
- 1167-1174 : Guillaume I
- 1174-1179 : Raymond I
- 1179-1203 : Thibaud I
- 1203-1205 : Aymon I
- 1205-1206 : Ogier I
- 1206-1209 : Aymon II
- 1209-1210 : Rainulphe II
- 1210-1211 : Aymon III
- 1211-1212 : Thibaud II
- 1212-1213 : Martin de Saint-FĂ©lix
- 1213-1214 : Aymon IV
- 1214-1216 : Guillaume II
- 1216-1217 : Raymond II
- 1217-1221 : Arnaud I
- 1221-1222 : Pierre I
- 1222-1225 : Arnaud II
- 1225-1226 : Albert
- 1226-1231 : Ogier II
- 1231-1240 : Alphonse
- 1240-1242 : Arnaud III de Brantaléon
- 1242-1249 : Matthieu I de Saint-FĂ©lix
- 1249-1250 : Arnaud IV Garcie
- 1250-1252 : Thibaud III
- 1252-1255 : Guillaume III d’Aure
- 1255-1269 : Ogier III
- 1269-1271 : Arnaud V Garcie
- 1271-1272 : Adhémar de Francon
- 1272-1273 : Arnaud VI Garcie
- 1273-1275 : Ogier IV
- 1275-1281 : Jean I de Bologne
- 1281-1285 : Bonhomme
- 1285-1324 : Eudes de Casaux
- 1324-1339 : Arnaud VII Guillaume de Villemomble
- 1339-1348 : Guillaume IV Arnaud de Falgar
- 1348-1353 : Raymond III Aton de Sès
- 1353-1355 : Guy
- 1355-1368 : Jean II de Falgar
- 1368-1400 : Bernard II de Calmon
- 1400-1420 : Jean III de Tornecy
- 1420-1428 : Jean IV de Pequaymond
- 1428-1433 : Jean V de Pognane
- 1433-1450 : Jean VI de Pequaymond
- 1450-1455 : Sanche de Lagousan
- 1455-1462 : Jacques Clerc le Bourguignon
- 1462-1493 : Arnaud VIII de Calvière de Saint-Césaire
- 1493-1499 : Jean VII de Morar
- 1499-1505 : Guillaume V de Bonneval
- 1505-1516 : Pierre II de Trilhe
- 1516-1522 : Pierre III de Caupène
- 1522-1527 : Jean VIII Bernard
- 1527-1539 : Bernard III de Labadie
- 1539-1550 : Bernard IV d’Ornessan
- 1550-1562 : Charles I de Crussol d’Uzès
- 1562-1600 : Jean IX de La Barrière
- 1600-1610 : Jean X de Vallades
- 1610-1611 : Marc-Antoine Monier
- 1611-1614 : Jean XI de Saint-Malachie
- 1614-1620 : Jean XII de Saint-Guilhem
- 1620-1625 : Charles II de Sainte-Marie
- 1625-1628 : Matthieu II de Saint-GĂ©rard
- 1628-1634 : Charles III Vialart (1)
- 1634-1637 : Charles IV Lausan
- 1637-1643 : Charles III Vialart (2)
- 1643-1649 : Matthieu III Maillos (1)
- 1649-1654 : Arnaud IX Trapier
- 1654-1660 : Matthieu III Maillos (2)
- 1660-1666 : Arnaud X Boc
- 1666-1672 : Cosme Roger
- 1672-1678 : Pierre IV Roger
- 1678-1681 : Jean XIII David Toutsens
- 1681-1687 : Jean-Baptiste I Pradillon
- 1687-1689 : Antoine Frémicour
- 1689-1699 : Jean XIV Briard
- 1699-1702 : Jean-Baptiste II Pradillon
- 1702-1705 : Nicolas de Sainte-Scholastique
- 1705-1711 : Jean XV Granier
- 1711-1767 : Louis Palarin
- 1767-1791 : Blaise Donat
Abbayes
- Abbaye des Feuillants.
- Abbaye Notre-Dame du Val.
- Abbaye Saint-Mesmin de Micy.
- Abbaye d'Abondance.
- Abbaye Saint-Eusice de Selles-sur-Cher, dite aussi abbaye Notre-Dame-la-Blanche de Selles-sur-Cher (moines) au diocèse de Bourges, abbaye bénédictine vers 542, puis augustinienne en 1145, et feuillantine en 1613, commune de Selles-sur-Cher, Loir-et-Cher.
- Abbaye de Lachalade et sa fille l'abbaye de Chéhéry.
- Abbaye de Valvisciolo (Italie).
- Couvent des Feuillants de Blérancourt.
- Couvent des Feuillants de Paris.
- Couvent des Feuillants de Lyon, reste un escalier.
- Couvent des Feuillants de Marseille[1].
- Couvent Saint-Étienne des Feuillants du Plessis-Piquet du Plessis-Robinson[2].
- Couvent des Feuillants de Poitiers[3].
Feuillants célèbres
- Jean de La Barrière (1544-1600), abbé et réformateur de l'abbaye Notre-Dame de Feuillant.
- Bernard de Montgaillard (1562-1628), abbé d'Orval.
- Eustache Asseline, dit Dom Eustache de Saint-Paul (1575-1640), théologien.
- Jean Goulu (1576-1629), helléniste et traducteur.
- Pierre de Saint-Joseph (1594-1662), professeur au couvent des Feuillants à Paris, théologien, adversaire du jansénisme.
- Giovanni Bona (1609-1674), cardinal.
- Cosme Roger (vers 1615-1710), Ă©vĂŞque de Lombez.
- Jean Baseilhac, dit frère Cosme (1703-1781), chirurgien et lithotomiste.
Notes et références
- L'immeuble haussmannien du XIXe siècle construit sur l'emplacement du couvent, au 48, La Canebière, longtemps en déshérence comme beaucoup d'immeubles du quartier, est réhabilité en un hôtel 4 étoiles de la chaîne des hôtels Mercure qui est ouvert depuis .
- Le couvent de Feuillants du Plessis-Piquet est fondé en 1614 à la suite de la donation d’un hôtel particulier et d’une ferme faite par deux femmes pieuses, Étiennette Gayneauou Guéneau et Françoise de Cressey. L’établissement religieux comprend une église dédiée à saint Étienne et des bâtiments conventuels situés en haut de la rue des Feuillants, et leur étang dans le prolongement de celle-ci sur l'actuelle commune de Clamart. En outre, le couvent possède près d’un tiers des terrains de la commune ce qui n’est pas sans susciter l’hostilité des villageois. À la Révolution, le couvent du Plessis-Piquet est saisi comme bien national, vendu puis détruit. La rue des Feuillant perpétue de nos jours le souvenir de cet établissement religieux.
- Établi à Poitiers sous l’ordre de Louis XIII le , son église est complètement détruite à la Révolution. Ce qui reste du couvent est racheté alors par les trois sœurs Chobelet lors de la vente des biens nationaux, et, pour le transformer en école pour jeunes filles, elles demandent l'aide de Madeleine-Sophie Barat qui a fondé depuis 1800 la Congrégation des Dames du Sacré-Cœur et qui arrive en 1805 (cf. paroisses.poitiers.catholique.fr). L'église est rebâtie en style néoclassique à partir de 1818. Elle est classée monument historique en 1997. Cette congrégation occupe les lieux jusqu'en 2009 où elle vend les bâtiments, devenus une maison de retraite qui porte le nom des Feuillants. L'église à l'abandon depuis longtemps menace ruine. En 2018 une équipe de passionnés du patrimoine créent une association, Le Chant des Feuillants (cf. lechantdesfeuillants.fr) pour sa sauvegarde, sa restauration, la transmission de ce patrimoine et afin d'offrir à la Ville de Poitiers un lieu d'art et de culture (cf. avouspoitiers.fr).
Annexes
Bibliographie
- Claude Augé (dir.), Nouveau Larousse Illustrée ; Dictionnaire Universel encyclopédique, quatrième tome (E-G), 1900.
- André Duval, Dictionnaire de l'Histoire du Christianisme, Paris, Encyclopédia Universalis, (ISBN 978-2-7028-2976-9).
- Benoist Pierre, La bure et le sceptre : la congrégation des Feuillants dans l'affirmation des États et des pouvoirs princiers (vers 1560-vers 1660), Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire moderne » (no 47), , 590 p. (ISBN 2-85944-543-9, présentation en ligne), [présentation en ligne].
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :