Accueil🇫🇷Chercher

Ondoiement

L'ondoiement est une cérémonie simplifiée du baptême utilisée en cas de risque imminent de décès (mention d'enfant ondoyé dans les anciens registres paroissiaux), ou par précaution quand on veut retarder la cérémonie du baptême pour une circonstance quelconque. Ce rituel consiste à verser de l’eau sur la tête de l'enfant (ablution) en prononçant les paroles sacramentelles : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ».

Étymologie

Ondoiement a pour origine le mot ancien « onde Â» (unda : « eau courante Â»).

Spécificités de l'ondoiement

Le salut ou les limbes

L'ondoiement correspond à la doctrine[1] ancienne[2] que le baptême opère le salut. Les enfants morts sans baptême sont considérés, à partir du XIIe siècle[3], comme privés de la vision béatifique de Dieu[4]. C'est dans les limbes que se rendaient les âmes de ces enfants morts sans baptême. Les limbes représentaient le lieu intermédiaire entre le paradis et l'enfer, où les nouveau-nés n'ayant pas commis de péchés personnels étaient néanmoins éternellement éloignés de la vue de Dieu[5] - [6].

L'ondoiement était donc pratiqué en cas de péril de mort du nouveau-né et conféré en privé.

Suppléer les cérémonies du baptême

Baptême d'un nouveau-né

L'ondoiement, qui se limitait aux ablutions et paroles sacramentelles, pouvait ĂŞtre suivi du baptĂŞme solennel et complet avec tous les rites, si l'enfant survivait[7]. L'enfant Ă©tait alors amenĂ© dès que possible Ă  l'Ă©glise paroissiale pour y « supplĂ©er Â» les cĂ©rĂ©monies du baptĂŞme, c'est-Ă -dire l'action de faire Ă  l'Ă©glise le supplĂ©ment de prières et de cĂ©rĂ©monies, omises lors de l'ondoiement[8].

Ces supplĂ©ments, comme leur nom l’indique,  ne sont pas le « cĹ“ur » du baptĂŞme, autrement dit, mĂŞme sans elles, l’enfant restait malgrĂ© tout valablement baptisĂ©.

En pratique, l'ondoiement était peu souvent suivi du baptême car l'enfant mourait dans les heures ou les jours qui suivaient, la mortalité infantile étant autrefois très élevée.

Report du baptĂŞme pour d'autres motifs

Plus rarement, l'ondoiement était réalisé dans les familles catholiques lorsque la véritable cérémonie du baptême devait être remise à une date ultérieure pour la convenance d'une assemblée comme :

  • l'impossibilitĂ© d'organiser un "vrai baptĂŞme" ;
  • l'absence d'un parrain ou d'une marraine[5];
  • voire dans les familles royales ou nobles, avec permission expresse de l'Ă©vĂŞque[9] ;
  • le dĂ©sir de cĂ©lĂ©brer le baptĂŞme avec pompe Ă  une date fixĂ©e et de regrouper la parentèle dispersĂ©e [10].

Aujourd'hui

L'ondoiement peut toujours être célébré, par exemple dès la maternité par l'aumônier ou le personnel responsable de la pastorale hospitalière[11]. Mais la pratique est progressivement tombée en désuétude.

Qui pratiquait l'ondoiement ?

L'ondoiement était pratiqué le plus souvent par :

OĂą se pratiquait l'ondoiement ?

En général à la maison, sur le lieu de l'accouchement, voire à l'hôpital pour les plus pauvres.

L'enfant devait être conduit à l'église paroissiale pour le baptême, d'où les risques accrus pour sa survie en cas de froid ou d'intempéries.

L'ondoiement in utero

Berceau de baptême daté de 1655 et chaise d'accouchement — Musée alsacien de Strasbourg

La sage-femme pouvait pratiquer l'ondoiement à tout enfant menacé de périr au cours de l'accouchement. Cet ondoiement pouvait être appliqué à toute partie du corps de l'enfant accessible pour les uns, mais uniquement sur le cuir chevelu après la rupture de la membrane pour les autres. C'est ainsi que furent conçues des seringues spéciales à l'aide desquelles il était possible d'ondoyer le fœtus resté in utero[13]. Certains de ces clystères à eau bénite portaient en leur extrémité un orifice en forme de croix qui offrait les meilleures garanties de sauvetage de l'âme et de repos éternel.

Saint Thomas d'Aquin était quant à lui formellement opposé à ce procédé « car l'enfant doit naître à la vie avant de naître à la grâce ». Les ondoiements en cours d'accouchement étaient néanmoins monnaie courante étant donné la mortalité périnatale. C'est pourquoi le concile de Cantorbéry de 1236 recommandait qu'« Au moment des couches, on prépare de l'eau en cas qu'il faille baptiser immédiatement l'enfant ». Au cours des siècles ultérieurs, les théologiens débattront encore longuement de la validité du baptême intra-utérin.

Importance du rituel

Le baptême avait lieu le plus souvent dans les trois jours suivant la naissance (cela a varié entre un et huit jours) en présence du père, de la sage-femme, des parrain(s) et marraine(s), mais en l'absence de la mère.

À notre époque, on ne peut imaginer à quel point la mort d'un enfant mort-né ou décédé avant qu'il soit baptisé, emplissait les gens de frayeur ou de chagrin. Si cela arrivait, il n'y avait pas de sacrement, ni d'office à l'église, ni de sépulture chrétienne. L'enfant ne pouvait donc être enterré à côté de sa famille dans l'enclos paroissial. Il était alors enterré dans un champ ou un jardin. L'enfant ne recevait pas non plus de prénom, n'avait pas de parents spirituels et plus grave encore rejoignait les limbes[14]. D'où l'importance de l'ondoiement en cas de menace de décès, car ce baptême sommaire marquait l'entrée dans le monde des chrétiens[6].

De même, on affirmait souvent que l'enfant mort-né avait présenté des signes de vie, afin de pratiquer en urgence l'ondoiement et lui garantir le Paradis[15].

Le sanctuaire à répit

L'enfant mort-né, emmailloté, est présenté sur l'autel de la Vierge. La mère est en prière dans l'espoir d'une résurrection - Gauthier de Coincy, milieu du XVe siècle

Cette hantise du non-baptĂŞme avait suscitĂ© le sanctuaire Ă  rĂ©pit[13]. C'est un lieu saint rencontrĂ© en pays de tradition catholique. Selon la croyance populaire de certaines provinces, le « rĂ©pit Â» est, chez un enfant mort-nĂ©, un retour temporaire Ă  la vie le temps de lui confĂ©rer le baptĂŞme avant la mort dĂ©finitive. Le rĂ©pit n’est possible qu’en certains sanctuaires, le plus souvent consacrĂ©s Ă  la Vierge dont l’intercession est nĂ©cessaire pour obtenir un miracle.

Enterrement d'un enfant mort-né près d'un sanctuaire à répit

C'est ainsi que l'on portait le corps de l'enfant mort Ă  l'Ă©glise, qu'on le dĂ©posait sur l'autel de la Vierge en implorant celle-ci de le ressusciter le temps du baptĂŞme. Les rĂ©cits de l'Ă©poque font Ă©tat de prĂ©tendus signes de retour Ă  la vie de l'enfant et Ă  nouveau de sa mort après l'administration du sacrement. L’enfant rentrait de fait au paradis au lieu d’errer Ă©ternellement dans les limbes.

On pouvait ensuite procĂ©der Ă  la mise en terre de l'enfant mort-nĂ©, dĂ©signĂ© comme « nouveau-nĂ© Â» et chanter un Te Deum pour remercier Dieu d'une telle faveur[13].

Cas historiques

Église réformée et l'ondoiement

Le consistoire calviniste s'est opposé au baptême des nouveau-nés par les sages-femmes ou les voisines. Celles-ci étaient sévèrement sanctionnées en cas de non-respect de la règle. L'Église réformée rejetait la croyance médiévale aux limbes. Cela rendait ainsi caduque la nécessité de l'ondoiement. Toutefois cette interdiction privait les femmes d'un rôle rituel et spirituel important, qui leur était reconnu jusqu'alors[17].

Notes et références

  1. Les enfants des limbes. Mort-nés et parents dans l’Europe chrétienne
  2. Les enfants morts sans baptême eux aussi destinés au « paradis »
  3. Vatican : le pape Benoît XVI autorise l'abandon de l'hypothèse de l'existence des limbes
  4. « Ondoiement », sur www.liturgiecatholique.fr (consulté le )
  5. Daniel APPRIOU, Tous les chemins mènent à Rome : Ces mots de tous les jours qui nous viennent de l'Histoire, Place Des Editeurs, , 171 p. (ISBN 978-2-7357-0333-3, lire en ligne)
  6. France APPRILL & Serge BUSIAU, « Genealogie - Geneafrance », sur www.geneafrance.org (consulté le )
  7. « Définition de ondoiement », sur www.la-definition.fr (consulté le )
  8. Louis-Albert Joly de Choin et Gousset, Instructions sur le rituel, Gauthier, (lire en ligne)
  9. Dominique Cardinal, « Naître à Plouguerneau dans la seconde moitié du XVIIIe Siécle - Plouguerneau d'hier et d'aujourd'hui », sur www.plouguerneau.net (consulté le )
  10. « Que signifie Ondoiement ? - Définition Ondoiement - Dicocitations ™ », sur www.dicocitations.com (consulté le )
  11. « L'ondoiement - Diocèse de Rimouski », sur www.dioceserimouski.com (consulté le )
  12. Instructions sur le rituel, contenant la theorie et la pratique des sacremens et de la morale, et tous les principes et decisions necessaires aux curés, confesseurs, predicateurs, chanoines, beneficiers, pretres, ou simples clercs. Par feu monseigneur Louis-Albert Joly De Choin, eveque de Toulon ...Tome premier [-troisieme]: Tome second, (lire en ligne)
  13. Fernand Leroy, Histoire de naître : De l'enfantement primitif à l'accouchement médicalisé, De Boeck Supérieur, , 456 p. (ISBN 978-2-8041-3817-2, lire en ligne)
  14. Stéfan Tzortzis et Isabelle Séguy, « Pratiques funéraires en lien avec les décès des nouveau -nés », Socio-anthropologie,‎ , p. 75–92 (ISSN 1276-8707, lire en ligne, consulté le )
  15. Conseil de Sages, « Naître sous l'ancien régime - Conseil de Sages », sur conseildesages.free.fr (consulté le )
  16. Max Gallo, Richelieu : la foi dans la France, Paris, XO Editions, , 359 p. (ISBN 978-2-84563-381-0), page 22
  17. Raymond A. Mentzer, « La Place et le rôle des femmes dans les Églises réformées », Archives de sciences sociales des religions, no 113,‎ , p. 119–132 (ISSN 0335-5985, DOI 10.4000/assr.20192, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.