Sapin de Noël
Le sapin de Noël ou arbre de Noël est un arbre décoré, souvent un un conifère à feuilles persistantes ou un arbre artificiel d'apparence similaire, associé à la célébration de Noël.
La coutume de l'arbre de Noël telle que nous la connaissons apparait probablement à la fin du Moyen Âge dans les pays de culture germanique où les premiers témoignages écrits font leur apparition à la Renaissance. Il s’agissait dans un premier temps d'un arbre érigé à l’extérieur au centre d'une ville ou d'un village. Au cours du XVIIIe siècle, les protestants allemands transportent l'arbre, souvent une simple branche, dans leurs foyers pour des célébrations domestiques. À l'origine plutôt réservée aux classes supérieures, la tradition de l'arbre de Noël se popularise et se diffuse dans la seconde moitié du XIXe siècle à travers le reste de l'Europe et l'Amérique du Nord.
Aujourd'hui, il existe une grande variété d'ornements, tels que des guirlandes, des boules et des cannes de bonbon. L'arbre est souvent éclairé, autrefois par des bougies et aujourd'hui par des systèmes électriques. Un ange ou une étoile peut être placé au sommet de l'arbre pour représenter l'ange Gabriel ou l'étoile de Bethléem, symboles de la Nativité. Les articles comestibles tels que le pain d'épice, le chocolat et d'autres sucreries, également populaires, sont attachés aux branches avec des rubans.
Histoire
De nombreux cultes païens ont précédé la tradition du sapin de Noël. Par exemple, le dieu nordique Heimdall était supposé venir la nuit dans les maisons afin de déposer des cadeaux pour récompenser les enfants qui s'étaient bien conduits pendant l’année[1]. Pour sa part, le christianisme s'est longtemps opposé aux vestiges du paganisme et en particulier à son culte des arbres[1].
Au VIe siècle, selon une légende, le missionnaire irlandais Colomba aurait remarqué dans les régions des Vosges un grand sapin considéré comme sacré et, avec d'autres moines, aurait disposé des lanternes sur ses branches pour former une croix lumineuse[1]. De même, au VIIIe siècle, d'après une autre légende, Boniface de Mayence aurait abattu d’un coup de hache le chêne de Thor devant une foule de païens, qui se seraient alors convertis au christianisme en voyant que leur dieu n'avait pas réagi à ce sacrilège[1]. Cette anecdote illustre la confrontation entre le chêne païen et le sapin chrétien ; la forme conique du sapin permet à Boniface, l'« apôtre des Germains », d'enseigner la notion de Trinité[2].
En dehors de ces origines mythiques, il est probable que la coutume du sapin de Noël remonte au XVe siècle[1] et au Moyen Âge tardif dans les pays germaniques ; on en trouve une attestation au XVe siècle dans les cérémonies de fin d'année des guildes germaniques et livoniennes. Riga prétend officiellement qu'a été érigé et décoré le premier arbre de Noël dans sa cité en 1510[2]. Il existe un certain nombre de théories qui spéculent quant à son origine plus lointaine[3].
Réalisé entre 1760 et 1770 dans la région de Darmstadt, le tableau du peintre allemand Nikolaus Hoffman (1740-c.1823) [4] intitulé Weihnachtsbescherung (« Cadeaux de Noël») constitue l'un des premiers exemples répertorié figurant la coutume du sapin de Noël décoré et de la célébration de Noël en tant que fête familiale domestique à tendance profane, avec des cadeaux pour les enfants qui sont le centre de la fête[5]. L'« arbre » à proprement parler consiste en une grande branche de pin ornée de bougies scintillantes et de boules colorées, au milieu desquelles trône une figure d'ange, bien en évidence au centre du tableau[5]. Au XVIIIe siècle, cette tradition des « arbres à bougie » est encore réservée aux classes aisées ; il faut attendre le siècle suivant pour qu'elle se diffuse plus largement dans la population et devienne un symbole incontournable de la célébration de Noël[5].
Dans son Dictionnaire de la langue française de 1841, Littré paraît encore mal le connaître, ou sous une forme assez primitive puisqu’il le définit (art. « Noël ») comme s'agissant « dans quelques pays, d’une branche de sapin ou de houx diversement ornée, garnie surtout de bonbons et de joujoux pour donner aux enfants, qui s’en font une fête »[6]. Cette pratique semble alors surtout répandue dans le nord-est de la France, du fait de l'influence germanique : elle est diffusée par les optants alsaciens et lorrains[7].
L'arbre de Noël ne devient une tradition profondément enracinée en Allemagne qu'à partir du XIXe siècle (aussi bien dans les familles protestantes que catholiques) ; néanmoins des colons allemands l’avaient exporté en Amérique du Nord au début du XVIIe siècle[8]. Il est à la même période progressivement adopté par la noblesse européenne : la princesse Henriette de Nassau-Weilbourg introduit l'arbre de Noël à la cour de Vienne en 1816 ; la duchesse d'Orléans d'origine allemande, bru du roi Louis-Philippe[9] puis princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin, l'aurait introduit à la cour de France en 1837 et aurait popularisé cette coutume germanique dans la bourgeoisie française à la mode, qui redécouvrait dans le même temps les vertus du « cercle de famille »[10].
Sous le règne de la reine Victoria, le prince Albert introduit sur le sol britannique cette tradition provenant de sa Saxe natale[11].
La pratique germanique du sapin de Noël arrive aux États-Unis avec les vagues migratoires allemandes et hollandaises, et s'y implante et généralise progressivement pendant le XIXe siècle.
L'anthropologue Claude Lévi-Strauss invite à ne pas chercher « une » origine du sapin de noël (« Les explications par survivance sont toujours incomplètes ») mais à y voir une convergence d'origines : « l’arbre de Noël apparaît comme une solution syncrétique, c’est-à-dire concentrant dans un seul objet des exigences jusqu’alors données à l’état disjoint : arbre magique, feu, lumière durable, verdure persistante »[6].
L'Église catholique à Rome a longtemps résisté à cette tradition, un temps perçue comme luthérienne, et le premier sapin de Noël n'a été installé dans la Cité du Vatican qu'en 1982.
Traditions
Le sapin est souvent associé aujourd'hui, aux cadeaux de Noël et à la crèche. Le sapin de Noël est de nos jours traditionnellement décoré de boules de Noël en verre ou en plastique, de guirlandes traditionnelles, de bougies pour l’éclairer (ou au moyen de diodes électroluminescentes à partir de la fin du XXe siècle), de petits objets décoratifs, étoiles (dont souvent une au sommet), etc.
Le sapin de Noël peut être vendu coupé ou en pot, ce qui permet dans ce dernier cas de le replanter à la fin des festivités. Le sapin replanté peut lui-même servir de sapin de Noël d'extérieur : la généralisation de guirlandes électriques « tous temps » permet aux particuliers de décorer un arbre de leur jardin, souvent visible de la rue.
L'usage du sapin artificiel en plastique, souvent pliable, réutilisable, est une alternative à celle du sapin naturel. Certains de ces sapins sont vendus « enneigés » (les feuilles sont en plastique blanc ou elles sont recouvertes d'une poudre blanche) ou même décorés (boules et guirlandes pré-accrochées) voire parfumés. Ce traitement peut aussi être fait sur un sapin d’origine naturelle. L'image auprès du public d'un sapin en plastique est moins positive que celle d'un sapin naturel, mais c'est souvent le moyen le plus économique à long terme, le moins salissant et le plus aisé (pas d'élimination du sapin à prévoir) pour qui habite en ville. De plus, la variété des tailles permet de choisir un sapin correspondant à la place disponible dans l'habitation[12]. Toutefois, bien que réutilisable plusieurs années, ce type de sapin serait moins écologique, en raison d’un impact environnemental qui serait plus important que celui d'un sapin naturel.
Image
L'image de l'arbre comme symbole de renouveau de la vie est un thème traditionnel païen qui se retrouve dans le monde antique et médiéval (voir notamment le culte et les nombreuses mythologies liées à l'Arbre du Monde) avant que ce symbole soit assimilé par le christianisme. Le sapin et l'épicéa, conifères à feuilles persistantes, rappellent depuis longtemps ce symbolisme de la renaissance lors du solstice d'hiver, comme l'attestent les gravures rupestres dans les régions scandinaves[13].
Selon l’Encyclopædia Britannica, l'utilisation d'arbres à feuilles persistantes, de couronnes et de guirlandes pour symboliser la vie éternelle est une coutume antique chez les Égyptiens, Chinois et Hébreux. Lors des Saturnales, les Romains décoraient leurs maisons de branches de laurier, de buis ou d'olivier et laissaient des lampes allumées pour éloigner les démons[14]. Le culte des arbres est courant dans l'Europe païenne et survit à sa conversion au christianisme dans les coutumes scandinaves, où persiste la tradition lors des fêtes d'hiver de Yule de décorer la maison et la grange avec des conifères auxquels on attache des torches et des rubans de couleur, ou de suspendre des branches de sapin dans la maison pour chasser les mauvais esprits[8].
D'autres légendes lui attribuent une origine chrétienne en Gaule, aucun des documents médiévaux ne faisant mention de cette origine[15].
Cette influence chrétienne se retrouve au Moyen Âge dans les mystères qui ont notamment pour décor un arbre de Noël (symbolisant l'arbre du paradis qui fait pour les chrétiens référence à la croix du Christ qui, par son incarnation, sauve l'humanité[16]) garni de pommes rouges (elles représentent le fruit défendu ; devant la difficulté à trouver un pommier en hiver on aurait alors opté pour le sapin[16]). L'arbre pouvait également être garni d'oublies (ils représentent les hosties de l'Eucharistie) et au sommet l'Étoile de Bethléem à partir du XIVe siècle. Dès le XVe siècle, cet arbre du paradis est dressé dans les sièges des corporations et les hôpitaux en Allemagne[17] puis est installé dans les foyers des familles bourgeoises protestantes (les familles catholiques se différenciant quant à elles avec leur crèche de Noël), les pommes étant remplacées par des objets ronds comme des boules rouges brillantes[18].
Cette tradition protestante scandinave et germanique se répand dans les villes comme dans les campagnes (les bougies en cire décorant alors les sapins étant encore onéreuses), au XVIIe siècle avec le décor des hosties et de la pomme de Noël remplacé par des papillotes en forme de roses et autres fleurs en papier multicolore, mais surtout au XVIIIe siècle avec la multiplication des décorations[19]. Elle est néanmoins mentionnée pour la première fois en Alsace (à l'époque partie du Saint Empire romain germanique) à Strasbourg en 1492, l’Œuvre Notre-Dame achète neuf sapins pour les neuf paroisses de la ville pour « accueillir la nouvelle année ». Le sapin est alors davantage lié au Nouvel An qu'à Noël mais les arbres étaient probablement déjà en place dans les églises lors des fêtes de Noël. Ces neuf sapins coûtent à l’Œuvre deux florins[20]. Une seconde mention à Sélestat, le , dans un livre de compte de la ville[21] fait mention d'une rémunération versée aux gardes forestiers pour la surveillance de la coupe des sapins, un édit municipal protégeant la forêt d'un abattage excessif en autorisant uniquement la coupe de petits arbres[22]. En France, cette tradition se limite alors dans l'Alsace protestante qui utilise le sapin entier en décor à partir du XVIIe siècle. Les Alsaciens apportent la tradition du sapin de Noël dans l'Hexagone en s’expatriant après la guerre de 1870[23]. Cependant, cette tradition fait quelques apparitions dans la capitale française. Marie Leszczynska, fille du duc de Lorraine Stanislas et épouse polonaise de Louis XV, aurait fait installer un sapin à Versailles en 1738. Un siècle plus tard en 1837, la belle-fille de Louis-Philippe, Hélène de Mecklembourg-Schwerin, fait décorer un sapin aux Tuileries[24].
Traditionnellement, l'arbre de Noël ne doit pas être érigé avant la veille de Noël, c'est-à-dire le 24 décembre et doit être enlevé douze nuits après, pour l'Épiphanie[25]. Dans les faits, les décorations des rues démarrent nettement plus tôt et il n'est donc pas rare qu'un sapin survive jusqu'à la Chandeleur peu de jours avant le début du Carême.
Espèces utilisées
Le « sapin » de Noël des origines en Europe du Nord ne peut être représenté que par l'épicéa commun (Picea abies) et le pin sylvestre (Pinus sylvestris), seules espèces présentes naturellement dans ces contrées. Le premier est généralement considéré comme l'espèce traditionnelle. En France, le « sapin » utilisé pour Noël n'est pas le sapin blanc (Abies alba) qui est le sapin le plus répandu dans les forêts françaises, mais surtout l'épicéa commun (Picea abies). L'épicéa est plus parfumé que le sapin blanc et dans la nature les sujets assez grands présentent la forme typique qui a inspiré celle du sapin de Noël de l'imagerie populaire : forme conique et branches arquées portant une ramure dense qui retombe en drapés. La culture de l'épicéa est aussi plus facile et moins coûteuse grâce à sa croissance plus rapide et sa moindre sensibilité au gel de printemps. Mais de nos jours, il est nettement supplanté par le sapin de Nordmann (Abies nordmanniana), originaire du Caucase, apparu plus récemment sur le marché et qui est en constante progression. Ce dernier se montre plus adapté à l'usage à l'intérieur des foyers car il est plus dense avec des branches plus fortes et mieux étagées dès son jeune âge, il a des aiguilles plus grandes d'un beau vert luisant qui se conservent très longtemps sur l'arbre. Mais de croissance plus lente, son prix reste plus élevé et son parfum résineux beaucoup plus discret. En 2016, le sapin de Nordmann représente les trois quarts des achats en France[26]. Le sapin noble (Abies procera), espèce d'origine américaine, avec son port majestueux plus étagé, son parfum balsamique et la robustesse de ses aiguilles vert-bleuté, est un compromis entre l'épicéa et le sapin de Nordmann[27].
En Amérique du Nord, un grand nombre d'espèces sont cultivées pour produire des sapins de Noël. L'un des plus utilisés aux États-Unis est le pin sylvestre (Pinus sylvestris), espèce d'origine européenne[28]. Ce pin a dominé le marché américain des années 1950 aux années 1980. Le douglas (Pseudotsuga menziesii) et le sapin de Fraser (Abies fraseri) remportent désormais beaucoup de succès. En Amérique du Nord les arbres de Noël du commerce sont souvent fortement taillés durant leur croissance pour leur donner un port dense et régulier, ce qui explique en partie la différence dans le choix des espèces par rapport à l'Europe où est privilégié plutôt les arbres de forme naturelle, orientant le choix vers des espèces ayant un port naturel attractif.
Au Canada, la tradition veut que le sapin baumier (Abies balsamea) soit utilisé ; il a la propriété de dégager un parfum fort apprécié. Mais le sapin de Fraser (Abies fraseri) est aussi utilisé, car il conserve mieux ses aiguilles.
Décoration et accessoires
Le sapin de Noël se caractérise aussi par les décorations qu'il porte. Celles-ci sont de plusieurs types :
- une étoile au sommet du sapin, rappelant pour les chrétiens l'étoile de Bethléem qui guida les rois mages vers le lieu de naissance de l'enfant Jésus, que l'on célèbre le 25 décembre ; l'étoile est parfois remplacée par une pointe. Traditionnellement c'est l'enfant le plus jeune de la famille qui installe l'étoile sur le sapin[29] ;
- les guirlandes : simples ou lumineuses (clignotantes ou non, colorées ou blanches), de matières variables (rubans, chaînes de perles ou d'objets divers, ou encore de type « boa »…) ;
- les boules de Noël : brillantes et de différentes couleurs (ou transparentes) et matières (plastique, verre) ;
- d'autres suspensions de formes diverses ayant un rapport avec Noël, notamment des angelots, des Pères Noël, des miniatures d'objets en bois, des serpentins multicolore et même des bougies allumées ;
- des « cheveux d'anges » : de longs fils blancs très fins ;
- flocage et givrage : le sapin floqué est recouvert d'une colle ignifuge à base d'eau et de ouate de cellulose et/ou de fibres de coton (blanches, simulant la neige ou colorées) qui sont vaporisées à l’aide d’un brouillard d’eau, le sapin givré est peint et floqué légèrement ;
- Des « glaçons » : en verre, en plastique ou simples fines bandelettes d'aluminium simulant la glace présente sur l'arbre l'hiver ;
- Les cadeaux de Noël : ceux-ci ne sont pas des accessoires à proprement parler, mais on les place au pied du sapin la veille de Noël à cause de leur aspect décoratif (papier cadeau) ;
- le support du pied de sapin, qui peut être :
- une demi-bûche de bois dont le côté plan est posé au sol, avec un trou sur le dessus pour coincer le tronc,
- un grand pot rempli de sable, de terre, de pierres ou de galets,
- un pied de métal,
- deux planches clouées en croix avec un trou à l'intersection pour glisser le tronc de l'arbre,
- une autre technique héritée de la tradition alsacienne consiste non pas à fixer le sapin sur un support mais à le suspendre au plafond (anciennement à la poutre de la maison), ce qui lui confère une place originale et une solution élégante pour éviter les chutes de sapins dues aux enfants et aux animaux. La ville de Sélestat dans le Bas Rhin a exposé un alignement de sapins suspendus dans son église.
Le sapin de Noël est par ailleurs souvent associé à une Crèche de Noël et à d'autres accessoires festifs.
Économie du sapin de Noël
En 2011, les deux tiers des sapins de Noël artificiels vendus aux Etats-Unis viendraient du sud de la Chine et en particulier du Yiwu, situé dans la province du Zhejiang[30].
Belgique
En Belgique, la production est en 2009 presque exclusivement issue des forêts ardennaises wallonnes, principalement en province de Luxembourg, Liège et Namur.
En un demi-siècle, la production a été quadruplée pour atteindre quatre millions d’arbres. Quatre arbres de Noël sur cinq partent pour l’exportation, essentiellement dans les pays voisins et en Italie. Un sapin ardennais parcourt, en moyenne, un millier de kilomètres[31].
Canada et Québec
Au Canada, où la production du sapin de Noël est concentrée, 2 381 fermes ont cultivé des arbres de Noël en 2011[32]. Selon Statistique Canada, en 2011, cette production a généré des recettes évaluées à 51,3 millions de dollars canadiens, dont 28,2 millions à l'exportation (25,8 millions vers les États-Unis, soit près de 1,6 million d’arbres)[32].
Au Québec, c'est dans la région de l'Estrie qu'il y a la plus grande production de sapins de Noël. On y compte un peu plus de 340 fermes se dédiant presque uniquement aux sapins. Cela correspond à près de 70% de la superficie totale des fermes québécoises de sapins[33].
République populaire de Chine
En 2011, 96 % des sapins de Noël artificiels importés aux États-Unis étaient produits en République populaire de Chine[30]. La Chine a également exporté pour 46 millions de dollars canadiens de sapins artificiels vers le Canada en 2011[32].
Danemark
Le Danemark est le plus important exportateur au monde de sapins de Noël. Les 4 000 exploitants forestiers danois exportent 10 millions d'arbres, qui sont à 95 % de l'espèce Nordmann. Ce commerce rapporte annuellement près de 150 millions d’euros.
La coupe commence le 15 novembre et dure quatre semaines dans d'énormes plantations. Chaque bûcheron coupe jusqu'à mille sapins de Noël par jour ; il est payé trente centimes d'euro par arbre coupé. Il faut entre six et huit ans pour qu'un nordmann soit à la taille d'un sapin de Noël. Il existe trois catégories : la première avec des branches bien réparties et une belle flèche en haut du sapin (33 % de la production), la deuxième catégorie plus moyenne et la troisième catégorie de qualité médiocre.
France
En 2020, selon FranceAgriMer, 5,9 millions sapins de Noël naturels ont été vendus en France[34], soit une présence dans environ 20 % des foyers[35]
Les cultivateurs de sapins, assimilés depuis 2003[36] à des agriculteurs, produisent sur le territoire français 4 millions d'unités par an. Il faut entre 5 et 10 ans, selon la taille désirée, pour obtenir un sapin de Noël.
Le quart des sapins cultivés en France vient du Morvan en Bourgogne, première région productrice avec un million d’arbres sur 1 500 hectares, devant la Bretagne et la région Auvergne-Rhône Alpes.
Le reste (environ 2 millions de sapins) est importé, souvent de Belgique (60 %) et du Danemark (25 %)[37].
On distingue principalement deux espèces :
- l'épicéa, à l'odeur agréable mais qui perd ses aiguilles en deux semaines. Il était auparavant l'arbre de Noël le plus courant en France ;
- le sapin de Nordmann, moins odorant que l'épicéa, aux aiguilles moins piquantes et qui tiennent près de deux mois, supportant bien les boules de Noël. Ce dernier est le plus acheté par les Français (80,4 % des quantités achetées contre 16,2 % pour l'épicéa[35]) bien qu'il soit plus cher, il tend à monopoliser le marché du sapin de Noël en France.
En 2020, les foyers français ont, en moyenne, dépensé en moyenne 28,87 euros pour cet achat, soit un chiffre d'affaires estimé à 170,5 millions d’euros. Cette activité représenterait 1 000 emplois permanents et 5 000 emplois saisonniers[34].
132 des quelque 800 cultivateurs[36] de sapins de Noël sont rassemblés au sein de l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN), présidée par Frédéric Naudet, important producteur de sapins de Noël français, avec 400 000 unités produites chaque années[36].
Les sapins naturels, quel que soit leur type, sont très majoritairement achetés coupés (91 % en 2020)[35].
Un signe de qualité Label rouge a été créé pour les sapins de Noël par l'association « Excellence végétale » en 2016[38].
Et depuis quelques années, on trouve plus d'une dizaine de producteurs sapins de Noël français certifiés bio (agriculture biologique). Ces derniers ont créé une association « Les Sapins Bio de France »[39] ayant pour objectifs d'apporter des solutions à court, moyen et long terme à une demande grandissante des consommateurs et des distributeurs dans le sapin bio. Les sapins bio représentent un marché de 50 000 sapins par an et en général coûtant 5 à 10 euros de plus[36]qu'un sapin conventionnel. Les sapins bio ne reçoivent aucun traitement chimique contrairement à leurs homologues dans le conventionnel .
Variantes estivales selon le pays ou la région
Dans l'hémisphère sud, Noël ne tombe pas en période hivernale et froide, mais au contraire en été[40].
La Réunion
À La Réunion, trois espèces sont utilisées en tant que sapin de Noël : le pin de Norfolk (Araucaria heterophylla) et le pin colonnaire (Auraucaria columnaris), des conifères tropicaux cultivés sur l'île ; ou encore le Cèdre du Japon (Cryptomeria japonica) cultivé en montagne. D'autres arbres y marquent la période des fêtes, tels que le flamboyant (Delonix regia), dont la floraison intervient en décembre ; et le letchi (Litchi chinensis) qui est consommé au cours du réveillon.
Nouvelle-Calédonie
En Nouvelle-Calédonie, où Noël tombe en plein été, on utilise parfois de petits pins colonnaires (parfois, la cime d'un pin adulte) en guise de sapin de Noël. Cette solution n'est pas toujours des plus appropriées, sachant que les branches sont souvent très espacées et que les aiguilles tombent rapidement. Toutefois, cela permet de disposer d'un véritable arbre dans une région où il n'existe aucune variété de sapins.
Nouvelle-Zélande
Dans l'hémisphère sud, Noël est en plein été et l'arbre de Noël est quelque peu différent. En Nouvelle-Zélande, par exemple, c'est le pohutukawa, dont les fleurs rouges éclosent lors des fêtes de fin d'année[41].
Sapin de Noël et environnement
Le sapin de Noël, dit « naturel » - s'il provient d'une production plutôt locale - est souvent présenté comme un choix écologique, et éthique, car source d'emplois locaux et soutenant l'économie locale.
Une étude professionnelle (2008) de l'analyse du cycle de vie de sapins de Noël a conclu qu'un arbre de Noël artificiel devrait être utilisé durant au moins 20 ans pour avoir aussi peu d'impact sur l'environnement qu'un sapin de Noël naturel[42]. Selon cette étude, vers 2005, un arbre de Noël naturel génère environ 3 kg de gaz à effet de serre, contre environ 8 kg par an s'il est artificiel[Note 1]. Cependant un sapin artificiel réutilisé longtemps aura un meilleur bilan carbone qu'un sapin naturel importé de loin (en France, 1/5 des volumes de sapins de Noël sont importés du Danemark ou d’ailleurs) et ensuite brûlé ou jeté à la poubelle[43].
Le mode de production, le plus souvent agricole et intensif, des sapins naturels destinés à une utilisation festive est critiqué[44]. Bien que ne contribuant pas à la déforestation, car essentiellement issus de cultures, pour obtenir une belle couronne (branches du bas), une croissance accélérée et faciliter la récolte, la plantation est généralement chimiquement désherbée, au détriment de l'environnement. En 2022, Muriel André-Petident, pour un collectif d’habitants du Morvan fait néanmoins remarquer que (avec ou sans label d'Indication géographique protégée), ces « monocultures intensives » se font dans le Morvan au détriment de prairies qui étaient des puits de carbone et protégeaient les sols de l'érosion, et la ressource en eau, bien mieux que les cultures désherbées de jeunes sapins[45].
Selon Frédéric Naudet (président de l'"Association française du sapin de Noël naturel" ou AFSNN), interrogé en 2020 par France 3 à la suite du geste désespéré d'un apiculteur ayant tiré sur la cuve d'un épandeur de pesticides après plusieurs mortalités de son rucher, les producteur de sapins français auraient diminué de 30 à 40% leur consommation de pesticides de 2015 à 2020, mais les désherbants seraient encore nécessaires les « deux premières années de vie de l'arbre car nous n'avons pas encore trouvé les moyens mécaniques idéaux pour faire sans »[46]. Il ajoute que l'AFSNN « possède un ingénieur qui aide les producteurs à mettre en place de nouvelles techniques »[46]. À cette date (2020) seuls 1% des sapins de Noël français étaient vendus sous le label bio[46] et en 2022, ils étaient 11 producteurs sur 800 [47].
Fin 2022, sur des arbres de Noël achetés dans 13 lieux de vente différents, des analyses financées par l’association Agir pour l'environnement et faites par un laboratoire indépendant ont trouvé des résidus de pesticides phytosanitaires sur onze des 13 sapins : 13 molécules différentes au total et jusqu'à cinq pesticides différents par arbre. Selon l'ONG « Derrière l’image d’Epinal du sapin qui pousserait naturellement en forêt, se cache en fait une monoculture intensive pratiquée en plein champ par environ 800 agriculteurs sur 5 000 hectares en France », et un sapin de Noël cultivé non "bio" est annuellement «soumis en moyenne à une dizaine de traitements chimiques»[47]. L'ONG demande un meilleur contrôle de l’étiquetage des sapins car « Plusieurs sapins contaminés portaient des mentions indiquant «cultivé dans le respect de l’environnement »[47].
Arbres artificiels et illuminations
Les premiers sapins artificiels sont apparus en Allemagne au XIXe siècle ; de petite taille, ils utilisaient des plumes d'oie teintées en vert[48] - [49]. Le premier sapin en plume d'oie arrive aux États-Unis en 1913[48]. Dans les années 1930, la société américaine Addis Brush Company commence à produire des arbres avec des poils d'animaux eux aussi teintés en vert, puis, à la fin des années 1950 des entreprises développent des arbres fait d'aluminium non teinté, qui seront très populaires jusqu'au milieu des années 1960[48].
La plupart sont aujourd'hui en PVC, majoritairement importés de Chine. On trouve aussi des sapins de plus petite taille en fibre optique, en carton, en verre, en céramique, etc.
Les arbres artificiels sont très populaires, entre autres, aux États-Unis, où on les considère comme plus pratiques et, s'ils sont réutilisés plusieurs années de suite, moins chers que de vrais arbres. Certains conservent l'arbre entier, encore décoré, dans de grands sacs prêts à l'emploi pour l'année suivante. En 2002, les foyers américains ont acheté 7 millions de sapins artificiels contre 22,3 millions « vrais » sapins de Noël, mais parce que de nombreux foyers disposaient déjà d'arbres artificiels, 70 % des sapins installés étaient artificiels[49]. Les guirlandes électriques ont remplacé les bougies dans la plupart des foyers et il existe des systèmes de diffusion de parfums tentant de recréer l'odeur du sapin naturel.
Les arbres artificiels ont l'avantage de présenter moins de risques d'incendie et peuvent s'avérer indispensables pour ceux qui présentent des allergies aux conifères.
L'arbre peut aussi être remplacé par des illuminations en forme de sapin, comme l'arbre de Noël du mont Ingino en Italie[50].
Galerie
- Sapin de Noël aux Galeries Lafayette à Paris.
- Sapin de Noël dans un centre commercial de Stockholm.
- Sapin de Noël floqué.
- Support métallique pour sapin de Vienne.
- Une boule de Noël en verre transparent.
Notes et références
- Calculé pour un sapin de Noël artificiel d'une durée de vie de six ans, émettant 48 kg de dioxyde de carbone à la production et au transport.
- La-Croix.com, « D’où vient la tradition du sapin de Noël ? », sur Croire (consulté le ).
- (en) All About Christmas : History, Traditions, Carols, Stories, Recipies & more, MobileReference, , 1014 p. (lire en ligne).
- (de) Ingeborg Weber-Kellermann, Das Weihnachtsfest. Eine Kultur- und Sozialgeschichte der Weihnachtszeit, Bucher, , 232 p. (ISBN 3-7658-0273-5), p. 22.
- Cet élève du peintre baroque Johann Seekatz (1719-1768) a longtemps été erronément appelé Nikolaus « Hartmann » ; cf. S.Heraeus, op. cit., 2003
- (de) Stefanie Heraeus, « Weihnachtsbescherung », sur Museumslandschaft Hessen Kassel (MHK), (consulté le )
- Claude Lévi-Strauss, « Le Père Noël supplicié », Les Temps Modernes, no 77, .
- « Le Noël des Alsaciens-Lorrains », Le Rappel, Paris, (lire en ligne).
- (en)« Christmas tree », Encyclopædia Britannica 2012.
- Histoire et origine de L'Arbre de Noël.
- Alain Cabantous, François Walter, Noël, une si longue histoire…, Payot, , p. 103.
- (en) « L'origine du sapin de Noël », sur ikonet.com (consulté le ).
- « Histoire et origines du Sapin de Noël », sur cyber-noel.com (consulté le ).
- (en) Caitlin Matthews et John Matthews, The Winter Solstice : The Sacred Traditions of Christmas, Godsfield Press, , p. 78.
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- Alain Cabantous, François Walter, Noël, une si longue histoire…, Payot, , p. 83.
- Les traditions de Noël.
- Béatrice de Villaines, Hugues de Champs, Les saisons de la vie. Traditions familiales et moments privilégiés du Moyen Âge à nos jours, Renaissance du livre, , p. 154.
- (en) Greg Dues, Advent and Christmas, Bayard, , 32 p. (ISBN 978-1-58595-722-4, lire en ligne), p. 13-15.
- L'histoire de l'arbre de Noël.
- Archives de Strasbourg, fonds de l’œuvre Notre-Dame, 1 OND 85 f°92v, « Item Koüfft 9 Tannen in die 9 Kichspill, das gut jor darjnn zu empfohen, vnnd darvmb gebenn 2 Gulden », publié par François-Joseph Fuchs in Bulletin de la Cathédrale de Strasbourg, XXVII, 2006, p. 95.
- Sélestat et son sapin.
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Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Recherche
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Essais
- Jürgen Matschke: Weihnachtsbäume. Wissenswertes über den qualitätsgerechten Anbau; Braunschweig: Thalacker Medien, 2005 (ISBN 3-8781-5218-3)
- Hans-Peter Widmann: den selan trostlich, den dúrftigen nuzzelich; in: Sebastian Bock, Hans-Peter Widmann: Die Geschichte des Heiliggeistspitals und der Heiliggeistspitalstiftung in Freiburg im Breisgau; Freiburg i.Br.: Promo-Verlag, 2005 (ISBN 3-9232-8842-5)
- Hilde Spiel: Fanny von Arnstein oder die Emanzipation. Ein Frauenleben an der Zeitenwende 1758–1818; Frankfurt am Main: S. Fischer, 1962 (ISBN 3-5962-2131-5)
Tradition
- La tradition du sapin de Noël se répand dans les pays d'Europe Protestante, en Allemagne et en Scandinavie
Annexes
Articles connexes
- Noël
- Nicolas de Myre (Saint Nicolas) | Père Noël : l'historique et tout le folklore qui lui est associé.
- Bûche de Noël
- Timbres et vignettes de Noël
- Arbre à prières
- Sapin
- Arbre de Pâques
- Verrerie de Meisenthal
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- « Site de l’Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN) »
- Nadine Descheneaux, « Sapin de Noël : histoire origine », sur Noovo moi,
- « Les décorations de sapin de Noël », sur Radio-Canada,