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Maurice Trintignant

Maurice Trintignant surnommé « Pétoulet », né le à Sainte-Cécile-les-Vignes (Vaucluse) et mort le à Nîmes, est un pilote automobile français.

Maurice Trintignant
Description de cette image, également commentée ci-après
Maurice Trintignant en 1954.
Biographie
Nom complet Maurice Bienvenu Jean-Paul Trintignant
Surnom PĂ©toulet
Date de naissance
Lieu de naissance Sainte-CĂ©cile-les-Vignes (France)
Date de décès
Lieu de décès Nîmes (France)
Nationalité Drapeau de la France Français
Carrière
Années d'activité 1950 - 1964
Qualité Pilote automobile
Parcours
AnnéesÉcurie0C.0(V.)
Gordini
Ferrari (privée et usine)
Vanwall
Rob Walker Racing Team
Scuderia Centro Sud
Bugatti
Aston Martin
BRM (privée)
Scuderia Serenissima
Reg Parnell Racing
Statistiques
Nombre de courses 81
Pole positions 0
Podiums 10
Victoires 2

Il est le premier Français de l'histoire de la Formule 1 à gagner un Grand Prix comptant pour le championnat du monde (Grand Prix de Monaco le , au volant d'une Ferrari 625).

Il fut, avec Jean Behra, l'un des deux seuls pilotes français Ă  courir en Formule 1 pour Ferrari dans les annĂ©es 1950. Il a pris part Ă  81 Grands Prix de Formule 1 (en excluant le Grand Prix d'Italie[1]) pour 89 engagements, dĂ©crochĂ© deux victoires et dix podiums. Ses meilleurs classements au championnat sont une quatrième place en 1954 et 1955 (accompagnĂ© de son petit ours en peluche fĂ©tiche) et cinquième en 1959. En 27 ans de carrière, Trintignant a pris part Ă  324 dĂ©parts, toutes disciplines confondues. Son bilan est de 44 succès pour 124 abandons.

Il est l'oncle de l'acteur Jean-Louis Trintignant.

Biographie

Famille

Maurice Trintignant est le benjamin des quatre fils d'un propriétaire de vignobles, tous passionnés de course automobile, et qui courent sur Bugatti.

En 1933, son frère Louis meurt en course au Grand Prix de Picardie Ă  PĂ©ronne. Maurice, qui n'a alors que 16 ans, veut malgrĂ© tout devenir lui aussi pilote de course automobile professionnel.

Pilote de courses automobiles

En 1938, âgĂ© de 21 ans, Maurice Trintignant commence sa carrière de pilote le 10 avril en terminant cinquième du Grand Prix de Pau sur une Bugatti Type 51 de 2,3 litres de cylindrĂ©e (le modèle mĂŞme avec lequel son frère Louis s'est tuĂ©)[2].

En 1939, il remporte sa seconde course, toujours sur Bugatti, le Grand Prix des Frontières le 28 mai à Chimay en Belgique, ainsi qu'une course de côte à Saint-Eutrope.

De 1947 à 1948, après avoir arrêté les courses durant la Seconde Guerre mondiale, il court successivement avec Bugatti, Amilcar, Delage puis Simca-Gordini opposé aux pilotes de légende de l'époque Jean-Pierre Wimille, Giuseppe Farina, Luigi Villoresi, Louis Chiron, Alberto Ascari...

En 1948, Maurice Trintignant est victime d'un accident sur sa Simca-Gordini pendant les essais du Grand Prix de Reims. Amédée Gordini fait alors appel à un Argentin débutant qui vient d'arriver en Europe pour le remplacer, Juan Manuel Fangio, qui fait ses débuts sur sa voiture au Grand Prix automobile de France à Reims en 1948 et deviendra cinq fois champion du monde de Formule 1 entre 1951 et 1957.

Le 4 juillet 1948, Maurice Trintignant est victime d'un terrible accident au quatrième tour du Grand Prix de Suisse. Parti en tĂŞte et alors qu'il est quatrième, Trintignant est Ă©jectĂ© de son vĂ©hicule et retrouvĂ© inerte avec des commotions cĂ©rĂ©brales, des cĂ´tes cassĂ©es et quatre dents manquantes. Sa rate Ă©clate lorsqu'il est dans le coma. Comme il est dĂ©clarĂ© un temps cliniquement mort, le chirurgien le recoud de manière peu soignĂ©e ce qui lui vaut une cicatrice très particulière d'une vingtaine de centimètres sur l'abdomen. Trintignant sort du coma deux semaines après l'accident ; sa femme lui offre un ours en peluche qui l’accompagnera dans son cockpit Ă  chacune de ses courses. Selon la tradition suisse, comme tous ceux qui ont perdu la vie ou ont Ă©tĂ© blessĂ©s gravement, Maurice Trintignant y gagne un virage Ă  son nom (sa mort Ă©tant mĂŞme annoncĂ©e par certains journaux)[3]. En 1949, il reprend la compĂ©tition au volant d'une Simca-Gordini et remporte la course du Circuit des Remparts, Ă  AngoulĂŞme, en Poitou-Charentes, ainsi que la catĂ©gorie 2 Litre de la Coupe du Salon sur T15S[4].

Pilote de Formule 1

Empreintes et signature de Maurice Trintignant au Mans pour sa victoire de 1954.

En 1950, Maurice Trintignant rejoint l'élite des pilotes en prenant part aux premières éditions du championnat du monde de Formule 1. Ses premières saisons sont décevantes en raison du manque de performances des Simca-Gordini qui ne peuvent pas rivaliser avec les puissantes Alfa Romeo et Ferrari. Il remporte toutefois quelques épreuves hors-championnat du monde à Genève en 1950 et à Albi en 1953 ou monte sur le podium comme à Aix-les-Bains. Il court pour Amédée Gordini jusqu'en 1953. Il y a d'ailleurs une polémique sur le nombre de Grands Prix effectués en championnat pour cette équipe. Si on se réfère aux spécialistes de l'époque Gérard Crombac et Christian Huet, Jean Behra aurait effectivement remplacé (sans être inscrit ni crédité) Maurice Trintignant lors du Grand Prix d'Italie 1951[5]. D'après Gérard Crombac : « Trintignant, victime d'une indigestion, était remplacé par Behra. Gordini s'était pourtant bien gardé d'en prévenir les organisateurs, on aurait diminué sa prime de départ[6]. »

En 1954, Maurice Trintignant rejoint Ferrari avec qui il remporte les 24 Heures du Mans (associé à Jose-Froilan Gonzalez) ainsi que le Grand Prix de Buenos Aires 1954 (hors championnat du monde). Très régulier, il termine quatrième du championnat, notamment grâce à une deuxième place en Belgique et une troisième place en Allemagne[7].

En 1955, Maurice Trintignant entre dans la légende de la course automobile française en devenant le premier pilote français à remporter un Grand Prix du championnat du monde de Formule 1 en s'imposant au Grand Prix de Monaco le au volant de sa Ferrari. Il termine une nouvelle fois quatrième du championnat.

Maurice Trintignant en 1956 sur Bugatti T251 (2e Ă  gauche Roland Bugatti).

En 1956 il signe chez Vanwall. Il pilote également la Bugatti T251 au Grand Prix de France, mais ce retour à la compétition de la prestigieuse marque se révèle très décevant. Il revient chez Ferrari dès 1957.

En 1958 Rob Walker l'engage dans son écurie qui fait courir des Cooper-Climax aux côtés de Stirling Moss. Il réédite sa performance de 1955 en remportant le Grand Prix de Monaco quelques semaines après la victoire de son coéquipier Stirling Moss au Grand Prix d'Argentine. Il reste dans cette écurie la saison suivante, terminant cinquième du championnat 1959, manquant de peu la victoire lors de la dernière épreuve aux États-Unis, terminant à six dixièmes de seconde de Bruce McLaren[6].

En 1960, il court principalement pour la Scuderia Centro Sud sur Cooper, disputant Ă©galement le Grand Prix de Grande-Bretagne sur Aston Martin. En 1961, il rejoint la Scuderia Serenissima, engageant Ă©galement une Cooper[6].

Il passe la saison 1962 chez Rob Walker Racing, sur Lotus. Profondément marqué par l'accident de Moss à Goodwood à Pâques, il n'a plus le cœur à courir au sein de cette écurie les saisons suivantes, effectue en 1963 deux Grands Prix pour Reg Parnell Racing (sur Lola puis Lotus), un sur la BRM P57 de la Scuderia Centro Sud, et termine sa carrière en F1 avec une BRM V8 en 1964, signant une cinquième place en Allemagne sur le Nürburgring[6].

Courses de cĂ´te

Après avoir remporté l'une des toutes dernières courses organisées en France avant-guerre, en 1939 à Saint-Eutrope par l'Automobile Club Orangeois sur Bugatti [8] (la Course de côte Nice - La Turbie étant encore organisée le de la même année), Maurice Trintignant devient le second triple vainqueur après-guerre de la course de côte du Mont Ventoux (après Robert Manzon), en 1949 (Simca-Gordini T11), 1960 (Cooper T43-Climax)[9], et 1964 (BRM P57)[10] peu avant sa retraite sportive. En 1963 il remporte également la course de côte du Mont-Dore[11].

Voitures de Sport

Maurice Trintignant dispute les 12 Heures de Paris en 1938 (en famille) et 1939 (seul) sur Bugatti. Après guerre, il finit troisième Ă  Reims sur voiturette Gordini TMM en 1947, puis second deux ans plus tard du Grand Prix de Madrid toujours sur Gordini, avant de gagner successivement avec la T15S de ce dernier constructeur le Rheinland NĂĽrburgring en 1950 et le Grand Prix de Roubaix ainsi qu'Ă  Agen en 1952, avant une dernière course Ă  NĂ®mes en 1953. Pour Ferrari la saison suivante, il assure d'emblĂ©e avec les modèles 250 Monza, 375 Plus et 750 Monza trois succès significatifs, aux 12 Heures de Hyères (avec Luigi Piotti), aux 24 Heures du Mans comme indiquĂ© plus haut, et au RAC Tourist Trophy en fin de saison (avec Mike Hawthorn), ainsi que des deuxièmes places aux 2 Heures de Dakar et Ă  Supercortemaggiore. En 1955 il gagne les 10 Heures de Messine avec Eugenio Castellotti sur la 750 Monza. Arrivent ensuite deux succès africains en dĂ©but de saison 1956, aux Grand Prix d'Agadir et 2 Heures de Dakar sur la 857 S. AssociĂ© Ă  Phil Hill il gagne encore les 1 000 kilomètres de Suède sur 290 MM après des troisièmes places aux 1 000 kilomètres de Paris et aux 24 Heures du Mans. 1957 le voit finir aussi troisième des 1 000 kilomètres du NĂĽrburgring sur 315 Sport, ainsi que deuxième du Grand Prix de Suède sur 335 Sport. En 1958 il est encore deuxième lors du premier TrophĂ©e d'Auvergne (il rĂ©cidive Ă  cette place en 1961). En 1959 il Ă©choue pour la victoire avec Paul Frère aux 24 Heures mancelles, pour son troisième podium (2e). En 1961 il termine la saison une nouvelle fois troisième des 1 000 kilomètres de Paris ; il a obtenu entretemps trois autres podiums au Tour de France automobile, deux successivement comme deuxième avec François Picard sur Ferrari 250 GT en 1957 et 1958, puis une troisième place avec Pierre Noblet sur le mĂŞme modèle en 1961, Ă©galement en Grand Tourisme. Un tout dernier podium clĂ´ture sa carrière Sport en 1965, avec une troisième place sur Ford GT40 lors du test du Mans associĂ© Ă  « Dikie » Attwood et Whitmore, Ă  bord d'une Ford officielle. Il a assurĂ© quinze dĂ©parts aux 24 Heures du Mans entre 1950 et 1965, ayant ainsi pu conduire encore sur Aston Martin, Porsche ou Maserati (et Ferrari officielles de 1954 Ă  1957).

Retraite dans le Sud

Maurice Trintignant se retire alors Ă  Vergèze Ă  20 km de NĂ®mes dans le Gard, oĂą il est vigneron. (Enzo Ferrari le surnomme affectueusement le « Marchand de pinard » en rĂ©fĂ©rence Ă  ses premiers pas en tant que viticulteur). Trintignant fut d'ailleurs maire de cette commune de 1958 Ă  1964.

Il refait quelques apparitions dans les années 1970 et années 1980 au volant de Simca 1000 rallye avec le Star Racing Team et dans des courses historiques pour le spectacle jusque dans les années 1990 pour faire revivre le lustre des courses des années 1950. Il parraine le jeune pilote de sa région d'Avignon Jean Alesi et son neveu l'acteur Jean-Louis Trintignant qui s'essaie un temps aux courses de voiture en tant que pilote professionnel.

Maurice Trintignant meurt dans la nuit du [12] Ă  l'hĂ´pital de NĂ®mes Ă  l'âge de 87 ans. Le , la ville de Vergèze inaugure une sculpture en bronze du pilote et de sa Bugatti Type 51[13]. Il est inhumĂ© au cimetière de Sainte-CĂ©cile-les-Vignes (Vaucluse).

RĂ©sultats en championnat du monde de Formule 1

  • 15 saisons de Grand Prix de Formule 1
  • 81 dĂ©parts en Grands Prix et 89 engagements
  • 2 victoires
  • 1 meilleur tour
  • 10 podiums
  • 78 tours et 261 km en tĂŞte

Victoires en Formule 1

no Année Manche Date Grand Prix Circuit Écurie Voiture Position départ Résumé
1 1955 2/7 22 mai 1955 Monaco Monaco Ferrari Ferrari 625 9e Résumé
2 1958 2/11 18 mai 1958 Monaco Monaco Cooper T45 5e Résumé

Principales victoires en monoplaces

RĂ©sultats aux 24 heures du Mans

Année Châssis Écurie Coéquipier Résultat
1950Simca Gordini T15SA. GordiniRobert ManzonAbandon
1951Simca Goridni T15SA. GordiniJean BehraAbandon
1952Ferrari 340 AmericaL. RosierLouis RosierAbandon
1953Gordini T24SAutomobiles GordiniHarry Schell6e
1954Ferrari 375 PlusScuderia FerrariJosé Froilan GonzalezVainqueur
1955Ferrari 121 LMScuderia FerrariHarry SchellAbandon
1956Ferrari 625 LM TouringScuderia FerrariOlivier Gendebien3e
1957Ferrari 250 Testa RossaScuderia FerrariOlivier GendebienAbandon
1958Aston Martin DBR1David Brown Racing Dept.Tony BrooksAbandon
1959Aston Martin DBR1David Brown Racing Dept.Paul Frère2e
1960Porsche 718 RS 60Porsche KGHans HermannAbandon
1961Ferrari 250 GTScuderia SerenissimaCarlo AbateAbandon
1962Maserati Tipo 151Maserati FranceLucien BianchiAbandon
1963 Maserati Tipo 151/3 Maserati France André Simon Abandon
1965Ford GT40 RoadsterFord France SAGuy LigierAbandon

Publications

  • Maurice Trintignant et Jean Reschofsky (illustrateur) , Pilote de courses, Bibliothèque verte, Hachette, 1957 ; rĂ©Ă©dition augmentĂ©e en 1958. Ce livre raconte ses dĂ©buts en course automobile, son accident Ă  Berne, sa rencontre avec Jean-Pierre Wimille, ses premières courses après-guerre, et en dĂ©tail l'Ă©preuve de Monaco en 1955. Sont Ă©galement Ă©voquĂ©s son accident Ă  Monza, la mort d'Alberto Ascari, la catastrophe des 24 Heures du Mans 1955. Le livre s'achève sur l'espoir suscitĂ© par la nouvelle Bugatti, de nombreuses anecdotes sur la Scuderia Ferrari. RĂ©Ă©ditĂ© avec des ajouts, le livre est un succès de la collection et est maintenu au catalogue jusque vers 1980. C'est un des rares livres français (hors documentaire) pour la jeunesse consacrĂ© au sport automobile. Illustrations de Jean Reschofsky.
  • Maurice Trintignant, Comment conduire sa voiture, Hachette, 1967. Un manuel de conseils aux automobilistes. Ce livre est un tĂ©moignage frappant de l'Ă©volution des mentalitĂ©s, Maurice Trintignant n'hĂ©sitant pas Ă  sous-titrer son premier chapitre : « Pour rouler prudemment, roulez rapidement ».
  • Dino, les autres Ferrari, coll. La LĂ©gende de l'automobile, Jean-Pierre Gabriel, 1989, Ă©d. EPA (Nancy), prĂ©face de Maurice Trintignant.
  • Les heures glorieuses du circuit de Reims, Dominique Dameron, Jacques Pernet, Michel Hubert, 1991, Ă©d. de l'Arelier Graphique (Reims), prĂ©face de Maurice Trintignant.

Discographie

  • Les 24 Heures du Mans, cinquantenaire de l'Automobile-Club de L'Ouest (1958), deux tours de cadran en deux faces de disque - reportage de Georges Fraichard, interview de Claude Joubert, avec les voix des pilotes, et notamment celle de Maurice Trintignant. Face A : 1- Historique, 2- PrĂ©sentation des vieilles voitures, 3- Le dĂ©part, 4- Le tour du circuit; Ă©d. VĂ©ga, rĂ©f. V 30 S 813.

Notes et références

  1. sur statsF1.com, consulté le 9 janvier 2009
  2. Le Journal, 11 avril 1938, p.4.
  3. « Trintignant le survivant », article publié dans le quotidien L'Équipe du jeudi 4 juillet 2013.
  4. Coupe du Salon 1949 sur RacingSportsCars
  5. GORDINI - Un sorcier une équipe, par Christian Huet - Éditions Christian Huet (1984)
  6. sur statsF1.com, consulté le 8 janvier 2009
  7. sur statsF1.com, consulté le 7 janvier 2009
  8. Hill Climb winners 1897-1949
  9. Motor Sport, janvier 1961, Page 19.
  10. Motor Sport, août 1964, Page 812.
  11. Article Montagne: dans les coulisses de la course de côte du Mont-Dore, Gilles Gaignault sur autonewsinfo.com (août 2012).
  12. https://www.dhnet.be/sports/omnisports/ils-nous-ont-quittes-en-cette-annee-2005-51b7c4bde4b0de6db98cee77
  13. L'hommage d'une ville Ă  Maurice Trintignant - News Classic Racing,

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