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Manifeste pour décarboner l'Europe

Le « Manifeste pour décarboner l'Europe » est un document publié par le think tank The Shift Project le , consistant en une série de propositions réparties dans neuf volets thématiques, pour diminuer significativement les émissions annuelles de gaz à effet de serre dans l'Union européenne avant 2050. Cette année est l'échéance des objectifs de l'accord de Paris sur le climat, signé quinze mois avant la sortie du manifeste.

PubliĂ© dans le contexte de l'Ă©lection prĂ©sidentielle française de 2017, ce manifeste, destinĂ© aux candidats en campagne, a Ă©tĂ© soutenu par plus 2 500 signataires, dont plus de 80 patrons français de grandes entreprises. Des personnalitĂ©s comme Xavier Huillard (Vinci), Jean-Bernard LĂ©vy (EDF), Martin Bouygues, Jean-Dominique Senard (Michelin), François PĂ©rol (BPCE), Nicolas Dufourcq (Bpifrance), Jean Jouzel (CEA), GaĂ«l Giraud (AFD) et l'ancien ministre Arnaud Montebourg font partie des signataires.

Ce manifeste passe en revue les principaux secteurs économiques stratégiques en Europe et étudie pour chacun des leviers d'action pour en diminuer la consommation d'énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre. Les secteurs ainsi abordés sont la production d'électricité, le transport, le bâtiment, l'industrie, l'alimentation, l'agriculture et la forêt.

Contexte

En dĂ©cembre 2015, les reprĂ©sentants de 195 pays se rĂ©unissent Ă  Paris pour la COP21, au cours le laquelle un accord international sur le climat est validĂ© par tous les participants, fixant comme objectif une limitation du rĂ©chauffement mondial entre 1,5 et 2 °C d’ici 2100[1]. Les annĂ©es suivantes nĂ©anmoins, ces accords ne portent pas leurs fruits. Le rĂ©chauffement climatique est, en mars 2017, largement absent des dĂ©bats lors de la campagne prĂ©sidentielle en France, tandis que le prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump annonce une coupe de 30 % dans le budget de l’Agence de protection de l’environnement amĂ©ricaine[2]. Donald Trump annonce, au mois de juin suivant, le retrait des États-Unis de cet accord[3].

Le think tank The Shift Project, présidé par Jean-Marc Jancovici depuis sa fondation en 2010, publie régulièrement des rapports en collaboration avec des experts, avec pour objectif l'atténuation du changement climatique et la réduction de la dépendance de l'économie aux énergies fossiles[4].

Le think tank publie le « Manifeste pour décarboner l'Europe » le 21 mars 2017[5], consistant en une lettre ouverte adressée aux lecteurs[6] :

« Nous appelons tous les acteurs de l’Europe – individus, société civile, compagnies privées, pouvoirs publics – à entreprendre au plus vite les actions cohérentes et concrètes à la mesure du défi du climat et de la préservation des ressources naturelles. L’Union européenne peut et doit impérativement se donner les moyens de converger vers l’ambitieux objectif vital que fixe l’Accord de Paris. Pour réussir, il lui faut se rassembler autour de cet objectif commun, en respectant en son sein les différences génératrices de solidarité et de synergies. La raison, la liberté et l’audace, racines de l’Europe, feront fructifier ce projet sans précédent. »

Pour éviter de faire de ce manifeste « une pétition de principe de plus », le texte s'accompagne d'une liste de propositions concrètes réparties en neuf volets, présentés comme indépendants même si certains traitent de secteurs similaires comme le bâtiment ou la mobilité[7]. L'application de l'ensemble des mesures coûterait entre 250 et 500 milliards d'euros par an, soit un peu moins de 3 % du PIB de l'Union européenne[7]. En plus des bénéfices obtenus sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ces investissements seraient rentabilisés par la diminution de consommation d’énergies fossiles dont l'Europe est un importateur majeur.

Si la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne était déjà votée lors du référendum du , celle-ci n'avait pas encore eu lieu officiellement lors de la publication de ce rapport. C'est donc l'Europe des Vingt-Huit qui est étudiée.

Propositions par secteur

Les neuf propositions d'appui au manifeste ont paru sous forme d'un ouvrage, Décarbonons ! 9 propositions pour décarboner l’Europe[8], dont les chapitres sont disponibles en ligne et détaillés ci-après.

Fermer toutes les centrales Ă  charbon

Le premier volet du livre concerne la décarbonation de la production d'électricité dans l'Union européenne[7]. Partant du constat que près d'un tiers des émissions de CO2 de l'Union européenne sont issues des centrales électriques thermiques, la stratégie préconisée est le remplacement des centrales au charbon existantes en Europe (165 gigawatts de capacité de production) par des moyens de production électrique bas-carbone avant 2050[9]. Cette stratégie ne prévoit pas de fermeture de centrale en fonctionnement, mais leur remplacement lorsqu'elles sont en fin de vie, soit au bout d'environ 40 ans, sachant que les trois quarts des centrales thermiques européennes avaient plus de 30 ans en 2017.

Les actions préconisées pour atteindre cet objectif sont[9] :

  • faire tendre les crĂ©dits du Système communautaire d'Ă©change de quotas d'Ă©mission (EU ETS) allouĂ©s aux installations de production d’électricitĂ© vers 0 en 2050 ;
  • instaurer, via la rĂ©glementation europĂ©enne, un plafond progressivement dĂ©croissant de facteur d’émission (gCO2/kWh) de la production d’électricitĂ©. Les installations qui ne se sont pas mises en conformitĂ© se verraient retirer leur autorisation d’exploitation ;
  • mettre en place un système de subventions pour le remplacement des centrales les plus Ă©mettrices, fondĂ© sur le plus faible coĂ»t d’investissement Ă  la tonne de CO2 Ă©vitĂ©e ;
  • poursuivre les efforts de recherche et dĂ©veloppement concernant les moyens de production bas carbone, ainsi que l’adaptation du rĂ©seau de transport et de distribution (intermittence et stockage de l’électricitĂ© s'il s'agit d'Ă©nergies renouvelables) ;
  • assurer un financement 100 % public de la construction de prototypes grandeur nature pour la capture et le stockage du carbone, en visant une industrialisation de cette technologie Ă  horizon 2030, dans une perspective d’export vers des pays dont l’électricitĂ© sera encore carbonĂ©e.

L'application de ces mesures permettrait de réduire les émissions directes annuelles de gaz à effet de serre du secteur « production d’électricité » de près de 730 millions de tonnes d'équivalent CO2 (MtCO2eq) en 2050 par rapport à 2014[9]. Les impacts positifs seraient bien plus nombreux, compte tenu des conséquences environnementales de la chaîne de valeur de l'industrie du charbon : rejets de particules, consommation d'espaces naturels par les mines à ciel ouvert, production de cendres chargées en métaux lourds issues de la combustion du charbon[9]...

Selon la nature des moyens de production Ă  bas carbone (Ă©nergie nuclĂ©aire, renouvelable, ou thermique avec un système de capture et le stockage du carbone), l'investissement total sur la pĂ©riode 2015-2050 est compris dans une fourchette allant de 410 milliards d'euros (remplacement de l’ensemble des centrales au charbon de l’UE par des centrales nuclĂ©aires) Ă  1 290 milliards d'euros (remplacement Ă  100 % par des Ă©nergies renouvelables)[9]. Ce coĂ»t n'inclue pas les coĂ»ts d’adaptation des rĂ©seaux de distribution, ni les coĂ»ts liĂ©s Ă  la gestion de l’intermittence (stockage, « smart grid », etc.), qui varie en fonction de la part de remplacement par des Ă©nergies renouvelables[9].

Le surcoût induit par le remplacement des centrales à charbon par des moyens bas carbone serait réparti entre les industriels du secteur (et donc le prix de marché de l'électricité), les contribuables via les pouvoirs publics (subventions) et les consommateurs d’électricité (répercussion de l’augmentation des coûts de production)[9].

Des plans de reconversion et d'accompagnement dans l'emploi sont à prévoir pour les salariés des centrales thermiques ainsi que pour les mineurs, en particulier dans les pays européens où le charbon est dominant dans la production électrique.

Généraliser les véhicules individuels économes

Le deuxième volet du rapport concerne la diffusion Ă  grande Ă©chelle de vĂ©hicules individuels consommant peu de carburant (2 litres / 100 km)[7], alors que transports reprĂ©sentent près d'un quart des Ă©missions de CO2 de l’Union europĂ©enne, dont 94 % viennent du transport routier[10]. Les prĂ©conisations visant Ă  atteindre cet objectif s'adressent aux dĂ©cideurs politiques europĂ©ens par la fixation de « plafonds d’émission » pour les vĂ©hicules en circulation, et aux constructeurs automobiles[10].

Les principaux leviers technologiques identifiés dans le rapport sont l’allègement des véhicules, l'amélioration du rendement du groupe moto-propulseur, des pneumatiques et de l’aérodynamisme, et la diminution de la consommation électrique des équipements embarqués[10]. L'hybridation des motorisations (pétrole/électrique ou pétrole/gaz comprimé) est également considérée comme incontournable pour atteindre une consommation de L/100 km[10].

Les actions préconisées pour atteindre cet objectif sont[10] :

  • imposer en 2030, via la lĂ©gislation europĂ©enne, des plafonds d’émissions de 50 gCO2/km en moyenne pour les voitures neuves dès 2030, et 70 gCO2/km en moyenne pour les camionnettes neuves ;
  • Ă©laborer un système d’accompagnement de cette transition, incluant des primes Ă  la casse, des taxes Ă  la dĂ©tention indexĂ©e sur la consommation/Ă©missions du vĂ©hicule, et des bonus-malus Ă  l’achat des vĂ©hicules indexĂ©s sur la diffĂ©rence de facteurs d’émissions entre vĂ©hicules remplaçant et remplacĂ© ;
  • augmenter la fiscalitĂ© sur les carburants, afin de maintenir les recettes fiscales permettant de financer les infrastructures du transport et d’éviter un Ă©ventuel effet rebond induit par la baisse de consommation des vĂ©hicules ;
  • mettre en place un dispositif pour soutenir la recherche et dĂ©veloppement permettant d’amĂ©liorer la performance Ă©nergĂ©tique des moteurs et d’allĂ©ger les vĂ©hicules.

D'autres voies que la diminution de la consommation de carburant par véhicule sont préconisées, comme l'augmentation du taux d’occupation des véhicules (covoiturage), l'optimisation de la conduite et du trafic, et l'abaissement des limitations de vitesse[10].

L’ensemble de ces mesures permettrait de rĂ©duire les Ă©missions annuelles de gaz Ă  effet de serre dans les transports de l’UE de 400 MtCO2eq en 2050, par rapport Ă  2013[10]. Les Ă©conomies de carburants permises par la voiture Ă  L/100 km auront Ă©galement un impact favorable sur la balance commerciale de l’UE, et par consĂ©quent sur l'Ă©conomie et l’emploi[10]. Ces effets bĂ©nĂ©fiques sont estimĂ©s comme plus significatifs que la baisse de l'activitĂ© (et par consĂ©quent de l'emploi) dans les secteurs du raffinage et de la distribution de carburant en Europe[10].

Réussir la révolution du transport en ville

Le troisième volet du rapport se focalise sur l'amélioration de l'offre des transports en commun dans les villes[7], où réside plus de trois quarts de la population de l’Union européenne en 2012[11]. Le diagnostic sur lequel se fonde cette réflexion s'appuie sur plusieurs tendances. En plus des impacts environnementaux, la congestion des réseaux routiers urbains a un coût économique évalué à près de 100 milliards d’euros par an (l'essentiel des activités économiques à forte valeur ajoutée étant en ville), alors que près de la moitié des déplacements urbains ne dépassent pas km et se font sans bagage lourd[11].

Dans l'objectif de diviser par deux l’usage des véhicules particuliers dans la mobilité urbaine et périurbaine, le rapport préconise trois types d'actions[11] :

  • augmenter l’offre en transports alternatifs Ă  la voiture particulière, en particulier pour les dĂ©placements domicile-travail[11]. Les propositions concernent le dĂ©veloppement des bus Ă  haut niveau de service reliant les mĂ©tropoles Ă  leurs pĂ©riphĂ©ries, de l'autopartage, du covoiturage pour les trajets domicile-travail, et du vĂ©lo, notamment via davantage de voies rĂ©servĂ©es. La gĂ©nĂ©ralisation des carburants alternatifs (biodiesel et GPL) et de l'Ă©lectricitĂ© pour les transports en commun est aussi prĂ©conisĂ©e ;
  • imposer des mesures dissuasives de l’usage de la voiture sans lesquelles la nouvelle offre de transports alternatifs, seule, ne motive jamais un report significatif. Cela passerait par la restriction des voies et stationnements Ă  disposition des voitures, au profit des vĂ©los et des transports en commun ;
  • arrĂŞter l’étalement urbain, pour empĂŞcher l’augmentation de la mobilitĂ© et de la dĂ©pendance Ă  la voiture, compte tenu de l’allongement des distances parcourues au quotidien.

Les estimations de l'Ă©tude sur la pollution Ă©vitĂ©e grâce Ă  ces mesures Ă©voquent une diminution de 170 MtCO2Ă©q entre 2012 et 2050. Les investissements, estimĂ©s entre 750 et 1 050 milliards d'euros, seraient rĂ©partis entre les pouvoirs publics, les industriels proposant des services de mobilitĂ©, et des acteurs de l'immobilier bĂ©nĂ©ficiant de ces infrastructures[11].

Tripler le réseau des trains à grande vitesse

Les auteurs du rapports estiment que le transport ferroviaire constitue un gisement important de rĂ©duction des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre[7], reprĂ©sentant moins de 1 % des Ă©missions alors qu’il permet le transport de 7 % des passagers et 12 % du volume de marchandises[12]. Le train peut notamment remplacer la majeure partie du trafic aĂ©rien dans l'Union europĂ©enne, quand il permet de faire le mĂŞme trajet que l’avion en moins de trois heures, ce qui correspond Ă  une distance de 500 Ă  700 km[12]. Ă€ partir de 900 km de portĂ©e, l'avion est considĂ©rĂ© comme plus efficient[12]. ModĂ©liser le report modal de la voiture vers le train est plus complexe car d’autres facteurs influencent la dĂ©cision des passagers en plus du temps de trajet : la nĂ©cessitĂ© d’avoir une voiture Ă  destination, l’emport de bagages, la frĂ©quence et la ponctualitĂ©, le coĂ»t, etc.[12].

Compte tenu de ce potentiel important du train dans la réduction de l'empreinte carbone des transports (potentiel augmenté avec une production d'électricité décarbonée), les préconisations portent sur une augmentation et une amélioration de l'offre de lignes à grande vitesse (LGV), et la suppression de certains investissements dans le transport aérien[12].

Les actions proposées sont les suivantes[12] :

  • dĂ©velopper les liaisons par TGV entre les principales villes d’Europe (multiplier par trois la longueur totale du rĂ©seau), et standardiser les rĂ©seaux ferroviaire europĂ©ens pour les rendre interopĂ©rables ;
  • amĂ©liorer le rĂ©seau conventionnel actuel de lignes Ă  grande vitesse, en proposant notamment des trains plus longs et de plus grande capacitĂ©, Ă  deux Ă©tages et Ă  large fuselage ;
  • constituer une flotte de trains rapides et efficaces Ă©nergĂ©tiquement, et augmenter l’électrification du rĂ©seau europĂ©en qui n'Ă©tait que de 60 % au dĂ©but des annĂ©es 2010 (l'essentiel des autres trains fonctionnant avec des locomotives Diesel).

Des actions supplémentaires consistent à[12] :

  • abandonner l’extension et la crĂ©ation de nouveaux aĂ©roports ;
  • supprimer les subventions accordĂ©es aux Compagnie aĂ©rienne Ă  bas prix par les aĂ©roports rĂ©gionaux ;
  • relever le taux d’imposition minimum dans la directive 2003/96/CE portant sur la taxation des produits Ă©nergĂ©tiques ;
  • mettre en place un « audit mobilitĂ© aĂ©rienne interne » au sein des entreprises leur permettant d’évaluer l’intensitĂ© carbone et le coĂ»t des dĂ©placements aĂ©riens de leurs collaborateurs en Europe, pour en amĂ©liorer l'efficacitĂ© et rĂ©duire l'empreinte carbone[12] ;

En prenant en compte l'augmentation du volume du trafic de passagers prĂ©vue d'ici Ă  2050, l’ensemble des actions proposĂ©es permettrait de rĂ©duire les Ă©missions annuelles de GES du secteur transport de l’UE de 250 Ă  280 MtCO2eq/an par rapport Ă  2010 (variable selon la dĂ©carbonation de la production Ă©lectrique)[12].

Le surinvestissement total de la rĂ©alisation de 30 000 km de voies ferrĂ©es Ă  grande vitesse et Ă  l’amĂ©lioration des voies ferrĂ©es existantes seraient donc compris entre 1 000 et 1 700 milliards d'euros, cumulĂ©s sur 2020-2050[12]. Le coĂ»t moyen en Europe pour la construction d'km de nouvelle LGV Ă©tant situĂ© entre 12 et 30 millions d'euros, tandis que le maintien de km de la nouvelle LGV est estimĂ© Ă  70 000 euros par an[12]. Des investissements lourds, mais rentables Ă  long terme au vu de la diminution des importations d'hydrocarbures nĂ©cessaires au transport en Europe.

Inventer l'industrie lourde post-carbone

Ce volet du rapport se concentre sur les trois secteurs les plus Ă©metteurs de l'industrie europĂ©enne[7] : la sidĂ©rurgie (201 MtCO2/an), la chimie lourde (146 MtCO2/an) et le ciment (112 MtCO2/an)[13]. Les Ă©missions de l'industrie reprĂ©sentent près de 20% des Ă©missions totales de CO2 dans l'Union europĂ©enne, mais celles-ci sont en baisse, en raison de l'augmentation de l'efficacitĂ© des processus de production, et des dĂ©localisations d'usines en dehors de l'Europe[13].

Les actions préconisées se répartissent sur trois axes[13] :

  • pour la production de chaleur, le remplacement des combustibles fossiles par des dĂ©chets ou matĂ©riaux issus de la biomasse, ou des procĂ©dĂ©s moins Ă©metteurs ;
  • l’amĂ©lioration de l’intensitĂ© carbone des procĂ©dĂ©s de production ;
  • favoriser une Ă©conomie circulaire comprenant recyclage, efficacitĂ© et durĂ©e de vie.

Ces mesures doivent s'accompagner d'une législation favorisant l’émergence d’une économie « plus circulaire », de facilités d'accès aux financements « verts » et d'un encouragement de la recherche dans les technologies de production bas carbone[13]. La viabilité des technologies de capture et de stockage du carbone sur les plans économique et technique ainsi que son degré d’adaptation à l'échelle industrielle n'étant pas prouvées, ces procédés ne sont pas pris en compte à court terme (2030), mais sont considérés comme incontournables à plus long terme[13].

L’application des mesures permet de diminuer les Ă©missions de GES de l'industrie europĂ©enne, par rapport Ă  2012, de 200 MtCO2eq (-40 %), et d'amĂ©liorer sa compĂ©titivitĂ© en la rendant moins dĂ©pendante des combustibles importĂ©s de l'Ă©tranger. La Commission europĂ©enne, pour un programme similaire, Ă©value l’investissement annuel nĂ©cessaire Ă  10 milliards d’euros, soit un investissement cumulĂ© de l’ordre de 300 milliards d’euros entre 2020 et 2050[13].

RĂ©nover les logements anciens

Le sujet de l'empreinte carbone des bâtiments est abordé dans deux volets[7], traitant des logements anciens[14] et des bâtiments publics[15]. Si techniquement les solutions d'isolation thermique sont les mêmes, les enjeux et les leviers d'actions sont différents, d'où leurs traitements séparés.

En 2012, la superficie du parc immobilier de l'Union europĂ©enne Ă©tait d'environ 25 milliards de mètres carrĂ©s, dont 75 % de bâtiments rĂ©sidentiels, qui reprĂ©sentaient les deux tiers de la consommation d'Ă©nergie finale des bâtiments, soit près de 290 millions de tonnes d'Ă©quivalent pĂ©trole (Mtep)[14]. Le chauffage de l'espace habitable et l’eau chaude sanitaire reprĂ©sentaient 80 % de cette consommation[14]. Les Ă©missions de gaz Ă  effet de serres liĂ©es Ă  ceux deux postes de consommation, de 665 MtCO2eq en 2012, Ă©taient en baisse par rapport Ă  1990 (840 MtCO2eq) en raison de l'amĂ©lioration de l'efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique sur cette pĂ©riode. Mais la performance Ă©nergĂ©tique du parc devrait encore ĂŞtre considĂ©rablement amĂ©liorĂ©e pour atteindre un niveau « basse consommation » nĂ©cessaire aux objectifs climatiques d'ici Ă  2050[14].

Les actions préconisées pour atteindre ces objectifs consistent à[14] :

  • Ă©tablir, Ă  l'initiative de chaque État membre, une feuille de route 2020-2050 pour la rĂ©novation, affichant des objectifs clairs et pĂ©rennes ainsi que les moyens pour les atteindre, tant sur le plan rĂ©glementaire que financier ;
  • rendre obligatoire un « passeport efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique » pour chaque logement, contenant un diagnostic de performance Ă©nergĂ©tique du bâtiment, une liste de travaux Ă  rĂ©aliser d'ici Ă  2050 afin de parvenir au niveau basse consommation, et la performance Ă©nergĂ©tique actualisĂ©e après chaque opĂ©ration. La modulation des impĂ´ts fonciers en fonction de la performance des bâtiments est envisagĂ©e, ainsi que l'obligation de communiquer ce document en cas de vente, ce qui inciterait le marchĂ© Ă  appliquer une dĂ©cote aux logements qui n’ont pas fait l’objet de travaux significatifs ;
  • mettre en place des mĂ©canismes de financement spĂ©cifiques, notamment des prĂŞts Ă  faible taux d'intĂ©rĂŞt, pour permettre aux propriĂ©taires de financer ces rĂ©novations ;
  • encourager le dĂ©veloppement de la filière rĂ©novation dans le secteur de la construction en France, en Ă©tablissant Ă  destination des artisans des bouquets de travaux prĂ©dĂ©finis comportant certains gestes prĂ©cis et touchant diffĂ©rents Ă©lĂ©ments du bâti ;
  • doter chaque pays d’outils de statistique et d’étude des caractĂ©ristiques du parc europĂ©en des bâtiments privĂ©s (typologie, âge, zone climatique, occupation, etc.) ;
  • accentuer l’effort de pĂ©dagogie et de sensibilisation envers les mĂ©nages, et proposer sur un guichet unique des conseils et accompagnements personnalisĂ©s durant le processus de rĂ©novation, du diagnostic Ă  la rĂ©alisation des travaux.

L'application de ces mesures permettrait de rĂ©duire les Ă©missions (directes) annuelles de GES des bâtiments rĂ©sidentiels privĂ©s de l’Union europĂ©enne de 450 Ă  600 MtCO2eq en 2050. La rĂ©novation thermique permet aussi d'amĂ©liorer le confort et la santĂ© des occupants, ainsi que de lutter contre la prĂ©caritĂ© Ă©nergĂ©tique, qui touche entre 50 et 125 millions de personnes dans l’UE en 2013[14].

L’ordre de grandeur du coĂ»t de la rĂ©novation des logements de l'Union europĂ©enne construits avant 1990 (15 milliards de mètres carrĂ©s) varie entre 5 000 et 8 500 milliards d'euros, mais ces investissements seraient rentabilisĂ©s par la diminution de consommation d'Ă©nergie finale, de l’ordre de 200 Ă  250 Mtep/an selon l’ampleur des rĂ©novations[14].

Rénover les bâtiments publics

En 2012, la superficie du parc immobilier dans l'Union europĂ©enne Ă©tait d'environ 25 milliards de mètres carrĂ©s, dont 6 milliards bâtiments tertiaires. Il s’agit des bureaux, magasins, hĂ´pitaux, hĂ´tels et restaurants, Ă©coles et infrastructures sportives[15]. Contrairement au parc immobilier des logements, leur consommation d'Ă©nergie finale a augmentĂ© depuis 1990, en raison notamment du dĂ©ploiement d'Ă©quipements informatiques et de systèmes de conditionnement d’air[15]. Celle-ci s'est stabilisĂ©e après la crise de 2008 Ă  160 Mtep/an.

Techniquement, les solutions pour amĂ©liorer la performance Ă©nergĂ©tique de ces bâtiments publics sont les mĂŞmes que pour les logements, mais elles sont directement applicables par les États, propriĂ©taires de ces bâtiments. La principale difficultĂ© est l’accès aux financements, alors que le coĂ»t total pour rĂ©aliser des rĂ©novations thermiques approfondies de l’ensemble du parc de bâtiments publics europĂ©ens est estimĂ© Ă  environ 1 200 et 2 200 milliards d'euros. L'Ă©tude prĂ©conise alors la crĂ©ation d'une institution financière offrant sa garantie pour cette rĂ©novation[15].

Les mesures proposĂ©es permettraient de rĂ©duire les Ă©missions (directes) annuelles de gaz Ă  effet de serre (GES) des bâtiments publics de l’Union europĂ©enne de 80 Ă  100 MtCO2eq d'ici Ă  2050[15].

Développer la séquestration de carbone par les forêts européennes

Les deux derniers volets de l'étude sont liés comme les deux précédents[7], en ce qu'ils se considèrent une meilleure occupation de l'espace cultivable comme faisant partie de la solution pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050[16] - [17].

Le secteur de l'Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie (UTCATF), qui regroupe les Ă©missions liĂ©es Ă  l’usage des terres, reprĂ©sente dans l'Union europĂ©enne un puits de CO2 de 312 MtCO2eq et compense 7 % des Ă©missions de GES en 2012[16]. Mais ces forĂŞts sont vieillissantes et leur absorption du CO2 diminue, tandis que plusieurs zones sont menacĂ©es de dĂ©frichement.

Les préconisations de ce volet de l'étude portent sur les actions à mener pour une préservation et une reforestation de l'Europe, notamment grâce à une valorisation du bois en tant que matériaux de construction[16]. Le bois étant également un isolant thermique efficace, dont une plus grande utilisation participerait aux objectifs énoncés dans les deux volets de l'étude consacrés au bâtiment.

Selon l'Ă©tude, mobiliser 100 millions de mètres cubes de produits bois supplĂ©mentaires dans la construction permettrait une rĂ©duction des Ă©missions annuelles de l'UE de l'ordre de 100 MtCO2eq/an, et participerait Ă  valoriser des terres abandonnĂ©es ou dĂ©gradĂ©es en amĂ©liorant par ailleurs localement la qualitĂ© de l’eau et des sols[16].

L'organisation d'une telle filière nécessiterait un investissement cumulé d'environ 70 milliards d’euros, majoritairement pourvus par les États à travers des commandes publiques et des subventions[16].

RĂ©ussir le passage Ă  l'agriculture durable

Le dernier volet de l'Ă©tude fait l'inventaire des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre de l'agriculture, de l’élevage et plus largement de l'industrie agroalimentaire, dont le CO2 n'est pas le rejet le plus nocif pour le climat, contrairement aux autres secteurs abordĂ©s. L'agriculture engendrait 12 % des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre de l’Union europĂ©enne en 2012, soit 560 MtCO2eq. Or seuls 70 Mt de ce total proviennent des combustibles fossiles utilisĂ©s dans les exploitations, le reste Ă©tant essentiellement du mĂ©thane (CH4) et du protoxyde d'azote (N2O)[note 1] (convertis en « Ă©quivalent CO2 ») dont les potentiels de rĂ©chauffement Ă  100 ans sont respectivement 28 et 265 fois supĂ©rieurs Ă  celui du CO2[17].

Les Ă©missions du secteur ont diminuĂ© de 170 MtCO2eq depuis 1990 (23 %), en raison d'un usage plus modĂ©rĂ© d’engrais azotĂ©s et de la rĂ©duction du cheptel de bovins du fait de l'instauration des quotas laitiers dans les annĂ©es 1980 et de l’augmentation de la productivitĂ© des animaux[17]. NĂ©anmoins, la filière agro-alimentaire, considĂ©rĂ©e dans son ensemble, reprĂ©sente près de 30 % des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre de l'Union europĂ©enne en 2012 (1 380 MtCO2eq/an), ce qui en fait un important gisement de rĂ©duction des Ă©missions Ă  exploiter[17].

Selon le rapport, l'application d'un ensemble d'actions permettait de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre liées à l’agriculture dans l'Union européenne. Deux approches complémentaires sont envisagées : une réduction des intensités d'émissions des produits (approche qualitative) et une réduction des volumes produits (approche quantitative).

Les objectifs fixés sont[17] :

  • rĂ©duire de moitiĂ© les pertes et gaspillages alimentaires, qui Ă©quivalaient en 2012 Ă  un tiers de la production de l'Union europĂ©enne (soit, par habitant, 285 kg sur 900 kg). Les propositions pour atteindre cet objectif sont l'harmonisation europĂ©enne des mĂ©thodes d'Ă©valuation des pertes et gaspillages, la standardisation et la clarification des dates limites de consommation indiquĂ©es sur les produits, et davantage de campagnes de sensibilisation auprès du grand public ;
  • rĂ©orienter massivement l'Ă©levage vers des productions labellisĂ©es de haute qualitĂ©, afin de diminuer les volumes et d’augmenter les prix unitaires payĂ©s aux Ă©leveurs ;
  • amĂ©liorer l'Ă©quilibre nutritionnel, avec une consommation de produits d'origine animale moindre et de meilleure qualitĂ©.

Ces deux derniers objectifs passeraient par la création d'un label haute qualité environnementale prenant en compte la surface à disposition de chaque animal et les conditions de production des cultures pour leur alimentation : locale (au sein de la même ferme à 80 %), sans fertilisation minérale, etc.[17].

Les deux tiers des surfaces agricoles de l'Union Ă©tant utilisĂ©es pour l'alimentation du bĂ©tail, la rĂ©duction de l’élevage permettait, en plus de fortes rĂ©ductions des Ă©missions de GES, de libĂ©rer des terres fertiles pour la reforestation en Europe, sujet du volet prĂ©cĂ©dent[17]. En tenant compte de la reforestation de 2 millions d'hectares de cultures en Europe, l'application de ces mesures permettrait une rĂ©duction des Ă©missions de GES en Europe comprise entre 115 et 190 MtCO2eq par an, soit entre 21 et 34 % des Ă©missions liĂ©es Ă  l’agriculture[17].

Soutiens et notoriété

Signataires du manifeste

Au moment de sa publication, ce manifeste a Ă©tĂ© soutenu par plus 1 900 signataires, dont plus de 80 patrons français de grandes entreprises[2] - [18] - [19].

Parmi eux, se trouvent Patricia Barbizet (Artémis-Kering), Pierre Blayau (Caisse centrale de réassurance), Élisabeth Borne (RATP), Martin Bouygues (Bouygues), Christophe Cuvillier (Unibail-Rodamco), Nicolas Dufourcq (BPI France), Xavier Huillard (Vinci), Denis Kessler (SCOR), Jean-Bernard Lévy (EDF), Alain Montarant (MACIF), Agnès Ogier (Thalys), Guillaume Pepy (SNCF), Stéphane Richard (Orange), Jean-Dominique Senard (Michelin) et Nicolas Théry (Crédit mutuel).

Une quarantaine de scientifiques signent également ce manifeste, notamment les climatologues Jean Jouzel (CEA), Hervé Le Treut et Jean-Pascal van Ypersele ; la biologiste et haute-fonctionnaire Dominique Dron ; le mathématicien Ivar Ekeland ; les physiciens Roger Balian, Sébastien Balibar et Yves Bréchet, de nombreux économistes dont Philippe Aghion, Jean-Marie Chevalier, Gaël Giraud, Roger Guesnerie, Christian de Perthuis et Jean-Charles Hourcade ; et des directeurs de grandes écoles comme Meriem Fournier (AgroParisTech Nancy), Vincent Laflèche (Mines ParisTech) et Olivier Oger (EDHEC).

D'anciens ministres sont également signataires, dont Serge Lepeltier, Philippe Maystadt, Arnaud Montebourg, ainsi que le président du syndicat CFE-CGC François Hommeril.

La dépêche AFP « Des patrons lancent un signal d’alarme pour « décarboner l’Europe » », annonçant la publication de ce manifeste, a été reprise par de nombreux médias généralistes et spécialisés, français et étrangers, nationaux et locaux[20].

Un mois après sa publication, le nombre de signataires Ă©tait passĂ© de 1 900 Ă  2 500[21].

Réactions des candidats à l'élection présidentielle de 2017

À la suite de sa publication, l'écho du manifeste est très important dans la classe politique française, et la majorité des candidats à l'élection présidentielle de 2017 publient, dans les semaines qui suivent, une réponse écrite adressée à ses auteurs[22] - [21]. Plusieurs types de réactions sont observables.

Les quatre candidats favoris pour remporter l'élection (Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon), ainsi que le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, publient chacun une réponse faisant état de leur adhésion à l'engagement porté par le manifeste. Certains néanmoins proposent des stratégies légèrement différentes pour atteindre les objectifs fixés de réductions d'émissions de gaz à effet de serres, comme les montants et la répartition sectorielle des investissements[22] - [21].

Cinq autres candidats (Benoît Hamon, François Asselineau, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou et Jean Lassalle) déclinent l'engagement porté par ce manifeste, invoquant des raisons différentes, comme le rejet de la mondialisation (l'échelle géographique étant l'Europe) ou la présence parmi les signataires de patrons de grandes entreprises, pour les candidats anti-capitalistes. Néanmoins, à l'exception de Benoît Hamon qui ne joint à sa réponse aucune justification, tous annoncent partager les préoccupations des auteurs sur la lutte contre le changement climatique. Philippe Poutou et Jean Lassalle déclarent intégrer dans leurs programmes des actions similaires à certaines préconisations du manifeste, tandis que François Asselineau justifie sa non-adhésion au seul motif qu'un tel engagement devrait être pris par des candidats à une élection législative et non présidentielle, dès lors que le rapport préconise de voter plusieurs lois[22] - [21].

Seul Jacques Cheminade n'adresse aucune réponse aux auteurs du manifeste[22].

Notes et références

Notes

  1. Ces gaz sont rejetés par les sols, les ruminants et les effluents en décomposition, notamment par méthanisation.

Références

  1. « COP 21: un accord "historique" qui reste à approuver par les 195 pays », L'Express, (consulté le ).
  2. « Les patrons français offensifs sur le climat », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Cop 21 : Trump annonce le retrait des Etats-Unis », sur ladepeche.fr (consulté le )
  4. « Ambition », sur The Shift Project (consulté le ).
  5. « Climat: Pourquoi les patrons s’unissent (enfin) pour décarboner l’Europe », sur Challenges (consulté le ).
  6. « The Shift Project – Manifeste pour Décarboner L’Europe », sur decarbonizeurope.org (consulté le ).
  7. « Un plan pour une Europe « zéro carbone » », Les Échos, (consulté le ).
  8. Décarbonons ! : 9 propositions pour décarboner l’Europe (préf. Jean-Marc Jancovici), Odile Jacob, , 192 p. (EAN 9782738138804, présentation en ligne).
  9. « Électricité décarbonée », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 25 p. (lire en ligne [PDF]).
  10. « Véhicules économes », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 11 p. (lire en ligne [PDF]).
  11. « Mobilité urbaine intelligente », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 19 p. (lire en ligne [PDF]).
  12. « Redonner l'avantage au train », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 16 p. (lire en ligne [PDF]).
  13. « La nouvelle révolution industrielle », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 20 p. (lire en ligne [PDF]).
  14. « Un habitat sobre en énergie », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 14 p. (lire en ligne [PDF]).
  15. « Un parc immobilier public exemplaire », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 10 p. (lire en ligne [PDF]).
  16. « Encourager la construction « bio » », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 14 p. (lire en ligne [PDF]).
  17. « Réussir le passage à l’agriculture durable », dans 9 Propositions pour que l’Europe change d’ère, , 25 p. (lire en ligne [PDF]).
  18. « 80 industriels s’engagent à décarboner l’Europe », L'Usine nouvelle, (consulté le ).
  19. « Ces patrons qui veulent décarboner l’Europe », sur L'Opinion, (consulté le ).
  20. « Des patrons lancent un signal d'alarme pour "décarbonner l'Europe" », France-Soir, (consulté le ).« Des patrons lancent un signal d'alarme pour "décarboner l'Europe" », Sciences et Avenir (consulté le ).« Des patrons lancent un signal d'alarme pour "décarboner l'Europe" », sur Romandie.com (consulté le ).« Des patrons lancent un signal d'alarme pour "décarboner l'Europe" », Ouest-France, (consulté le ).« Des patrons lancent un signal d'alarme pour "décarboner l'Europe" », L'Expansion, (consulté le ).AFP, « Des patrons lancent un signal d'alarme pour "décarboner l'Europe" », Geo, (consulté le ) « Des patrons lancent un signal d'alarme pour "décarboner l'Europe" », La Voix du Nord, (consulté le ).« Des patrons lancent un signal d'alarme pour "décarboner l'Europe" », Le Point, (consulté le ).
  21. « Présidentielle 2017 : inventons ensemble l’Europe post-carbone ! », La Tribune (consulté le ).
  22. « Les réponses des candidats à la présidentielle et aux législatives à l’appel lancé par The Shift Project », sur decarbonizeurope.org (consulté le ).

Articles connexes

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