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Le Voyage de Chihiro

Le Voyage de Chihiro (ćƒăšćƒć°‹ăźç„žéš ă—, Sen to Chihiro no kamikakushi, littĂ©ralement « Kamikakushi de Sen et Chihiro ») est un film d'animation japonais Ă©crit et rĂ©alisĂ© par Hayao Miyazaki et produit par le studio Ghibli, sorti en 2001.

Le Voyage de Chihiro
Image illustrative de l'article Le Voyage de Chihiro
Logo du film.
ćƒăšćƒć°‹ăźç„žéš ă—
(Sen to Chihiro no kamikakushi)
Genres Drame, fantasy, aventure
Film d'animation japonais
RĂ©alisateur
Scénariste
Studio d’animation Studio Ghibli
Compositeur
Durée 124 min
Sortie

Le film raconte l'histoire de Chihiro, une fillette de dix ans qui, alors qu'elle se rend en famille vers sa nouvelle maison, entre dans le monde des esprits. AprĂšs la transformation de ses parents en porcs par la sorciĂšre Yubaba, Chihiro prend un emploi dans l'Ă©tablissement de bains de la sorciĂšre pour retrouver ses parents et regagner le monde des humains.

Miyazaki Ă©crit le scĂ©nario en s'inspirant librement d'un roman de Sachiko Kashiwaba (La CitĂ© des brumes oubliĂ©es) ainsi que de la fille de son producteur associĂ©, Seiji Okuda, qui vient lui rendre visite chaque Ă©tĂ©. Il y dĂ©veloppe plusieurs thĂšmes qui lui sont chers, dont l'intĂ©gration par le travail collectif, le voyage initiatique, le renouement avec les valeurs ancestrales et le danger de la sociĂ©tĂ© moderne pour la nature et les traditions. La production de Chihiro dĂ©bute en 2000 avec un budget de 19 millions de dollars. La composition de la bande originale du film est confiĂ©e Ă  Joe Hisaishi.

Le Voyage de Chihiro fut jusqu'en 2020 le plus grand succĂšs de l'histoire du cinĂ©ma japonais, avec 23 millions de spectateurs au Japon et 395 millions de dollars de recettes dans le monde. AcclamĂ© par la critique internationale, le film est considĂ©rĂ© comme l'un des meilleurs des annĂ©es 2000. Il remporte plusieurs rĂ©compenses, dont l'Oscar du meilleur film d'animation et l'Ours d'or du meilleur film de 2002.

Synopsis

Chihiro Ogino (荻野 捃氋, Ogino Chihiro), dix ans, boude Ă  l’arriĂšre de la voiture de ses parents[1] ; ces derniers ont dĂ©cidĂ© de dĂ©mĂ©nager Ă  la campagne, et la petite fille regrette son ancienne Ă©cole. En cherchant Ă  rejoindre leur nouvelle maison, ils se perdent au bout d’une route tortueuse et arrivent devant un tunnel. Le traversant, malgrĂ© la rĂ©ticence de Chihiro effrayĂ©e, ils arrivent dans ce qu’ils pensent ĂȘtre un parc Ă  thĂšmes abandonnĂ©. Sentant une odeur de nourriture, ils rejoignent une Ă©choppe vide regorgeant de victuailles, et les parents de la fillette s’installent ; prĂ©voyant de payer en partant, ils commencent Ă  manger goulĂ»ment. AgacĂ©e par leur comportement, Chihiro part explorer le village abandonnĂ© et se retrouve Ă  l’entrĂ©e d’un pont menant Ă  un palais des bains. LĂ , un jeune garçon l’avertit de partir vite avant le coucher du soleil.

Alors que la nuit tombe rapidement, Chihiro se prĂ©cipite pour retrouver ses parents, mais dĂ©couvre avec horreur que ceux-ci se sont transformĂ©s en cochons. De plus en plus affolĂ©e, la fillette s’enfuit dans les rues oĂč des dizaines d’ombres prennent vie, mais une grande Ă©tendue d’eau bloque maintenant le chemin du retour. Un grand bateau lumineux aborde et dĂ©barque des centaines de kami et yƍkai tandis que Chihiro s’aperçoit qu’elle devient transparente. Elle part se blottir dans un coin oĂč le jeune garçon la retrouve ; il la force Ă  avaler un peu de nourriture du monde des esprits pour lui Ă©viter de disparaĂźtre et la cache de la vue du Yu-bird, un rapace Ă  tĂȘte de sorciĂšre, qui patrouille. Il l’emmĂšne ensuite traverser le pont qui mĂšne au palais, tentant de la cacher des esprits et du personnel. Se prĂ©sentant comme Haku, il semble connaĂźtre Chihiro de longue date, et lui conseille de descendre trouver Kamaji, le chauffagiste, pour obtenir du travail. Ainsi, la sorciĂšre tenanciĂšre des lieux, Yubaba, ne pourra plus la transformer en animal.

AprĂšs avoir descendu plusieurs escaliers vertigineux, Chihiro se retrouve dans la salle des chaudiĂšres oĂč travaille Kamaji, un vieil homme Ă  six bras extensibles, accompagnĂ© de noiraudes qui transportent le charbon. Elle demande au chauffagiste s’il peut lui donner du travail, mais ce dernier, qui a la charge de prĂ©parer les sels de bain et d’envoyer l’eau chaude, lui dit ne pas avoir besoin d’aide supplĂ©mentaire. La prĂ©sentant comme sa petite-fille, il la confie Ă  une jeune femme qui lui apporte Ă  manger pour qu’elle la prĂ©sente Ă  Yubaba. AprĂšs avoir pris plusieurs ascenseurs, Chihiro se retrouve seule au dernier Ă©tage du palais, sa compagne ayant dĂ» rester plus bas pour reprendre son travail. Une sĂ©rie de portes et de couloirs la mĂšne au bureau oĂč la sorciĂšre l’attend. Yubaba interroge la fillette pour savoir qui l’a aidĂ©e Ă  parvenir jusqu’ici, mais cette derniĂšre se borne Ă  lui demander du travail. Alors que la sorciĂšre tente de l’intimider pour la faire renoncer, BĂŽ, son bĂ©bĂ© gĂ©ant, se rĂ©veille et fait du raffut, ce qui donne Ă  Chihiro l’occasion de se faire promettre d’ĂȘtre embauchĂ©e. Une fois le contrat signĂ©, Yubaba vole les trois kanjis de son nom et la renomme Sen (捃) ; elle appelle Haku, qui s’avĂšre ĂȘtre son apprenti, et lui demande de la superviser. Ce dernier, qui apparaĂźt maintenant froid et autoritaire — pour ne pas Ă©veiller le moindre soupçon chez Yubaba — confie la petite fille comme assistante Ă  Lin, la jeune femme qui l’a accompagnĂ©e voir la sorciĂšre. Lin accepte de mauvaise grĂące de la prendre sous son aile, mais s’avĂšre rapidement amicale envers la fillette, l’amenant au dortoir et lui fournissant ses nouveaux vĂȘtements de travail.

Au petit matin, Haku rĂ©veille Sen et lui donne rendez-vous pour l’amener voir ses parents ; en traversant le pont, la fillette croise un Sans-Visage qui semble s’intĂ©resser Ă  elle. Redevenu amical, le jeune apprenti l’amĂšne Ă  la porcherie, mais Akio et Yuko Ogino sont maintenant de simples cochons sans aucun souvenir de leur vie humaine. Sen leur promet de revenir les sauver et s’enfuit en larmes. Haku la console et lui rend ses anciens vĂȘtements ainsi que la carte d’adieu Ă©crite par les camarades de son ancienne Ă©cole. Surprise, elle y lit son ancien prĂ©nom qu’elle avait dĂ©jĂ  oubliĂ©. Son compagnon lui explique que Yubaba contrĂŽle les gens en volant leurs prĂ©noms et qu’elle doit conserver celui-ci en secret ; lui-mĂȘme ne peut s’enfuir, ayant perdu la mĂ©moire et oubliĂ© le sien, mais se souvient Ă©trangement de Chihiro. Avant de retourner finir sa nuit dans la chaufferie, Sen voit un dragon s’envoler au loin.

Alors que la premiĂšre journĂ©e de travail commence, Sen et Lin reçoivent l’ordre de s’occuper du grand bain, trĂšs encrassĂ© car rĂ©servĂ© aux invitĂ©s les plus sales. Au cours de son ouvrage, voyant le Sans-Visage dehors sous la pluie, la fillette le laisse entrer. Ce dernier, utilisant sa capacitĂ© Ă  se rendre invisible, l’aide Ă  obtenir une plaquette Ă  envoyer Ă  la chaufferie pour faire couler un bain aux herbes, que le contremaĂźtre ne voulait pas lui donner, afin de faciliter leur travail de nettoyage. Alors que Lin est partie chercher le dĂ©jeuner, il rĂ©apparaĂźt et lui tend plusieurs autres plaquettes qu’il a volĂ©s, avant de disparaĂźtre. Peu aprĂšs, Yubaba et tous les employĂ©s sont en effervescence : un esprit putride se dirige vers le palais, rĂ©pandant une odeur abominable sur son passage. Sen reçoit l’ordre de le mener au grand bain et de s’occuper de lui. La fillette utilise les autres plaquettes pour remplir Ă  nouveau le bain que l’hĂŽte a fait dĂ©border, mais tombe dedans. Elle s’aperçoit alors que quelque chose dĂ©passe du corps de son client, et commence Ă  tirer dessus, bientĂŽt aidĂ©e par Lin et tous les autres employĂ©s Ă  l’aide d’une corde fournie par Yubaba qui a compris la vraie nature de l’esprit, gardien d’une grande riviĂšre polluĂ©e. Celui-ci, libĂ©rĂ© de tous les dĂ©tritus qui l’encombraient, remercie Sen en lui donnant une boulette amĂšre, avant de partir, non sans laisser de nombreuses pĂ©pites d’or sur le sol, ce qui ravit la sorciĂšre et ses employĂ©s.

La nuit venue, un employĂ© grenouille vient voir prĂšs du grand bain s’il ne reste pas de pĂ©pites oubliĂ©es ; le Sans-Visage, capable de faire apparaĂźtre des pĂ©pites dorĂ©es, le piĂšge et l’avale. Utilisant la voix de la grenouille, l’esprit demande ensuite de la nourriture, faisant apparaĂźtre de plus en plus de pĂ©pites. Pendant ce temps, Sen rĂȘve que la boulette amĂšre permettrait de rendre forme humaine Ă  ses parents, mais qu’elle ne peut plus identifier ceux-ci parmi tous les autres cochons. En se rĂ©veillant, elle s’aperçoit que tous les employĂ©s sont dĂ©jĂ  levĂ©s : tout le monde est occupĂ© Ă  prĂ©parer et Ă  convoyer des mets au Sans-Visage, devenu monstrueusement gros, et qui rĂ©clame de plus en plus de nourriture, jetant des pĂ©pites tout autour de lui depuis son bain. Pas intĂ©ressĂ©e par l’or, la fillette va sur un balcon voir la mer autour du palais qui a encore montĂ©, et remarque le dragon qu’elle avait vu attaquĂ© par des centaines d’oiseaux en papier. Ayant l’intuition que celui-ci est Haku, elle l’appelle pour qu’il vienne se rĂ©fugier, et ferme la fenĂȘtre pour bloquer ses assaillants qui repartent, sauf un qui se colle discrĂštement dans son dos. Alors que le dragon remonte tant bien que mal vers le haut du palais, Sen court chercher de l’aide, et tombe sur le Sans-Visage entourĂ© et acclamĂ© par tous les employĂ©s ; il tente de lui donner de l’or, mais elle le repousse poliment, lui disant qu’elle est pressĂ©e. Furieux, l’esprit commence Ă  avaler des employĂ©s, semant la panique.

Sen parvient Ă  trouver une Ă©chelle qui mĂšne aux Ă©tages supĂ©rieurs, et arrive dans la chambre de BĂŽ, d’oĂč elle entend la sorciĂšre demander Ă  ses minions, trois tĂȘtes bondissantes nommĂ©es Kashira, de se dĂ©barrasser de Haku dont elle n’a plus besoin, avant de repartir. La fillette a juste le temps de se cacher dans un tas de coussins avant que Yubaba ne passe par la chambre pour s’éclipser, mais le bĂ©bĂ© s’intĂ©resse Ă  elle et ne veut pas la laisser partir. Parvenant Ă  lui faire peur avec le sang du dragon sur ses mains, elle se prĂ©cipite pour aider Haku, mais est attaquĂ©e par le Yu-bird. L’oiseau de papier dans son dos fait alors apparaĂźtre un hologramme de Zeniba, sƓur jumelle de Yubaba, qui transforme BĂŽ en grosse souris, le Yu-bird en oisillon et les Kashira en BĂŽ. Elle explique Ă  Sen que Haku lui a volĂ© un artefact magique et s’est condamnĂ© avec la protection magique de celui-ci. Le dragon reprend conscience et dĂ©truit l’oiseau de papier, faisant disparaĂźtre Zeniba, avant de tomber dans une oubliette, la fillette accrochĂ©e Ă  son cou. Avec les derniĂšres forces qui lui reste, il les mĂšne Ă  la chaufferie de Kamaji, et Sen lui fait avaler de force une moitiĂ© de la boulette amĂšre, ce qui lui fait vomir l’artefact et reprendre forme humaine. Alors que Haku demeure inconscient, Sen dĂ©cide de partir chez Zeniba pour lui rendre son bien et lui demander de l’aide. Kamaji lui donne des tickets de train et lui indique l’arrĂȘt, l’avertissant que la ligne est Ă  sens unique.

Lin surgit ; Yubaba a dĂ©couvert que Sen avait laissĂ© entrer le Sans-Visage, qui souhaite la voir. La sorciĂšre ne peut contrĂŽler le monstre, et demande Ă  la fillette, toujours accompagnĂ©e de BĂŽ et du Yu-bird transformĂ©s qu’elle ne reconnaĂźt pas, de s’en occuper. L’esprit est contrariĂ© de ne pouvoir offrir Ă  celle qu’il voudrait gĂąter ce dont elle a besoin ; poussĂ© par sa frustration et sa solitude, il s’apprĂȘte Ă  dĂ©vorer Sen, mais celle-ci lui donne Ă  manger le reste de la boulette amĂšre, ce qui le fait vomir et le rend furieux. Il poursuit la fillette Ă  travers le palais, rĂ©gurgitant au fur et Ă  mesure tout ce qu’il a avalĂ©, employĂ©s compris, et finit par reprendre sa forme d’origine. Sen en profite, avec l’aide de Lin, pour rejoindre la gare en suivant la voie de chemin de fer immergĂ©e, pour prendre le train avec ses deux petits compagnons et le Sans-Visage, rassĂ©rĂ©nĂ©, qui a dĂ©cidĂ© de venir avec eux. Au palais, Yubaba est furieuse du bazar qui a Ă©tĂ© mis et de la fuite de Sen ; pour se venger, elle souhaite sacrifier ses parents, mais Haku, qui s’est rĂ©veillĂ©, lui apprend que son bĂ©bĂ© a Ă©tĂ© substituĂ© et emmenĂ© chez Zeniba. Le jeune garçon lui fait promettre de libĂ©rer la fillette et ses parents s’il lui ramĂšne BĂŽ.

AprĂšs un long voyage, et alors qu’il fait dĂ©jĂ  nuit, Sen arrive Ă  destination avec ses compagnons chez Zeniba qui les accueille. La fillette lui rend l’artefact en s’excusant pour Haku, et la sorciĂšre lui explique que d’aprĂšs les rĂšgles de ce monde, elle ne devra compter que sur elle-mĂȘme pour sauver le jeune homme et ses parents ; elle lui offre cependant un charme de protection sous la forme d’un Ă©lastique Ă  cheveux qu’elle vient de tisser avec l’aide du Sans-Visage, de BĂŽ et du Yu-bird. À l’aube, Haku arrive sous sa forme de dragon, et ils repartent en volant sur son dos, sauf le Sans-Visage qui dĂ©cide de rester chez Zeniba comme assistant. Pendant le trajet, Sen se souvient que plus jeune, elle Ă©tait tombĂ©e dans une riviĂšre dĂ©sormais souterraine nommĂ©e Kohaku. Elle comprend que le jeune garçon, qu’elle avait l’intuition de connaĂźtre depuis longtemps, est en fait l’esprit de cette riviĂšre, qui l’avait alors sauvĂ©e en l’amenant dans des eaux peu profondes. En se souvenant de son vĂ©ritable nom, Haku est dĂ©sormais libre, et reprend sa forme humaine ; ils volent tous deux main dans la main jusqu’au pont du palais oĂč Yubaba les attend. Une derniĂšre Ă©preuve attend Sen : elle doit retrouver ses parents parmi une douzaine de cochons. BĂŽ reprend sa forme de bĂ©bĂ©, et ayant beaucoup gagnĂ© en maturitĂ© durant son aventure, gronde sa mĂšre en lui demandant de ne pas faire pleurer sa compagne de voyage. Cette derniĂšre accepte l’épreuve et devine, sous les acclamations des employĂ©s, que ses parents ne sont pas parmi les cochons prĂ©sentĂ©s. Son contrat de travail se dĂ©truit, la libĂ©rant de son existence en tant que Sen, et Haku l’accompagne jusqu’à la frontiĂšre du domaine de la sorciĂšre oĂč l’eau a maintenant disparu. Les deux enfants se quittent en se promettant de se revoir, et la fillette rejoint ses parents qui l’attendent Ă  l’entrĂ©e du tunnel et ne se sont rendu compte de rien. Une fois de retour Ă  leur voiture, ils s’aperçoivent qu’elle est couverte de vĂ©gĂ©tation et de poussiĂšre ; Chihiro se demande si ce qu’elle a vĂ©cu Ă©tait bien rĂ©el, mais dans ses cheveux, le porte-bonheur de Zeniba jette un Ă©clat.

Personnages

Personnages principaux

Chihiro Ogino (荻野 捃氋, Ogino Chihiro) / Sen (捃, Sen)
Personnage principal du film. Craintive et apathique au dĂ©but, cette fillette de 10 ans saura grandir et gagner confiance en elle afin d'affronter diffĂ©rentes pĂ©ripĂ©ties dans le monde des esprits oĂč elle est prĂ©cipitĂ©e[2]. Elle parvient ainsi Ă  purifier l'esprit puant, Ă  humaniser le Sans-Visage sans cĂ©der Ă  ses tentatives de corruption, et Ă  porter secours Ă  son ami Haku et Ă  ses parents[3] - [4]. Lorsque Chihiro signe son contrat, Yubaba lui vole son nom[5] et elle devient Sen, employĂ© des bains ce qui traduit alors la perte de son individualitĂ©[6]. Dans la premiĂšre partie du film, le scĂ©nario et le dessin de Masashi Andƍ rĂ©vĂšlent le doute chez Chihiro, sentiment que les personnages de Miyazaki expriment habituellement peu[7]. La seconde moitiĂ© du film, oĂč Chihiro est devenue courageuse, marque un rapprochement avec les hĂ©roĂŻnes des films passĂ©s de Miyazaki comme NausicaĂ€ et San. Contrairement Ă  Miyazaki, Andƍ aurait prĂ©fĂ©rĂ© que le doute continue Ă  se manifester chez Chihiro[8].
Haku (ハク, Haku) / Esprit de la riviĂšre Kohaku (é„’é€Ÿæ°Žç„ç€äž»ăƒ»ăƒ‹ă‚źăƒăƒ€ăƒŸă‚łăƒă‚ŻăƒŒă‚·, Nigihayami Kohaku Nushi)
Yubaba a pris Haku comme apprenti magicien et lui a aussi volĂ© son nom. Son travail est mystĂ©rieux et les autres employĂ©s du bain le respectent, mais craignent aussi son cĂŽtĂ© sombre et froid. Il sera d'une aide prĂ©cieuse pour Chihiro[9]. Il se montre souvent froid mais il a un bon et grand cƓur au fond. Il peut se transformer en un long dragon longiligne blanc et bleu avec de longues moustaches qui vole et nage. Dans sa forme draconnique, il est un RyĆ«. Nigihayami Kohaku Nushi est un personnage trĂšs Ă©nigmatique, mystĂ©rieux, important et beau Ă  la fois. Il souhaite que Chihiro puisse retourner dans son monde, mais elle devra faire preuve de beaucoup de choses, Ă  la fois dures et initiatiques, il sera celui qui la guidera le plus courageusement, il se montrera courageux et parfois mĂȘme sacrificiel pour Chihiro/Sen. Haku est considĂ©rĂ© comme un dieu et parfois appelĂ© le seigneur ou dieu[10]. C'est grĂące Ă  Haku et sa dĂ©termination inĂ©branlable que Chihiro pourra rĂ©ussir Ă  avoir confiance en lui et qu'ils pourront s'entraider[11]. Son nom est peut-ĂȘtre inspirĂ© de Nigihayahi, une figure historique et lĂ©gendaire, selon N. T. Reider[12].
Yubaba (æčŻć©†ć©†, Yubāba, litt. « la vieille des bains »)
Patronne d'Aburaya, l'Ă©tablissement de bains publics. C'est aussi une sorciĂšre avare et acariĂątre[9]. Riche veuve[13], elle ne tolĂšre que l'obĂ©issance aveugle de ses employĂ©s[13]. Seul son enfant unique est capable de la faire plier[13]. « Le projet prĂ©cĂ©dent fut supprimĂ©... À ce point qu'elle fut dĂ©peinte comme un personnage grotesque, le genre de personnage qui pourrait apparaitre dans une illustration d'Alice au pays des merveilles. »[14]. Elle rappelle Ă©galement les Yama-Uba, sorciĂšres des montagnes dotĂ©es de pouvoirs magiques dans le folklore japonais, dĂ©vorant les humains Ă©garĂ©s mais mĂšres protectrices, comme l'Ă©voque son rĂŽle de mĂšre-poule avec son bĂ©bĂ©[12].
Lin (ăƒȘン, Rin)
Jeune fille employĂ©e des bains, elle guide Chihiro Ă  ses dĂ©buts et s'occupe d'elle, elle est gentille, gĂ©nĂ©reuse et attentionnĂ©e. Masashi Andƍ explique que le personnage devait ĂȘtre la transformation d'une belette ou d'une zibeline mais qu'elle a finalement la taille d'une femme moyenne ; Miyazaki allongera son visage par rapport aux dessins prĂ©paratoires[15].
Sans-Visage (éĄ”ăƒŠă‚·, Kaonashi, litt. « sans visage »)
Personnage mystérieux et masqué, il peut disparaßtre à sa convenance. Au départ, il n'est pas doté de parole mais, en subjuguant des employés du bain avec des richesses, il parvient à exprimer son insatiable appétit, car en les « dévorant » il peut absorber leur voix et leur personnalité[16]. Seule Chihiro refuse ses cadeaux, ce qui le frustre et finira par lui faire perdre raison[17]. Il fera aussi partie de l'expédition chez Zeniba et y trouvera la paix[9]. Dans le scénario initial, le Sans-Visage ne jouait aucun rÎle, mais le réalisateur a pour habitude de faire évoluer son scénario en cours de production. C'est son apparition sur un dessin qui a inspiré Miyazaki pour la création de ce personnage sans identité[18] - [19]. Le personnage n'est donc pas inspiré du folklore japonais contrairement aux autres esprits[20]; il porte toutefois un masque de nÎ qui symbolise dans cette forme de théùtre traditionnel la dissimulation de soi et la confusion des identités[12].

Autres personnages

Par ordre alphabétique :

Akio Ogino (荻野 æ˜Žć€«, Ogino Akio)
PĂšre de Chihiro, homme d'affaires de 38 ans optimiste, courageux, sans gĂȘne et glouton, ayant peu d'empathie envers les autres[9]. Masashi Andƍ, responsable de la conception des personnages, dĂ©crit le pĂšre de Chihiro comme un jock[21], une tĂȘte brĂ»lĂ©e Ă  l'appĂ©tit insatiable[22].
Aogaeru (青蛙, Aogaeru, litt. « grenouille verte »)
Employé des bains.
Aniyaku (慄ćœč, Aniyaku, litt. « celui qui joue le rĂŽle du grand frĂšre »)
Manager adjoint des hommes grenouilles[9].
Bƍ (杊, Bƍ)
Fils de Yubaba. Il sait Ă  peine marcher mais possĂšde une force liĂ©e Ă  son gabarit (il fait deux fois la taille de sa mĂšre). Trop gĂątĂ© par sa mĂšre qui le garde enfermĂ© dans ses appartements, pour le « protĂ©ger » du monde extĂ©rieur, il est capricieux et Ă©goĂŻste[9]. Cela change aprĂšs sa transformation par Zeniba et son dĂ©part avec Chihiro. Le voyage les rapproche et Bƍ apprĂ©cie cette expĂ©dition, loin du cocon maternel ; il en sort grandi.
Chichiyaku (父ćœč, Chichiyaku, litt. « celui qui joue le rĂŽle du pĂšre »)
Manager des hommes grenouilles[9].
Kamaji (釜çˆș, Kamaji, litt. « le vieux du four »)
dans le sous-sol de la maison des bains, il s'occupe de la chaufferie. Il utilise ses six bras pour prĂ©parer les dĂ©coctions thermales et dirige les boules de suie (ă‚čă‚čワタăƒȘ, Susuwatari, litt. « rond de suie qui marche ») qui alimentent les fourneaux[23]. Son apparence est celle d'un vieillard chauve et bossu, avec des rides[24], une grosse moustache et des lunettes fumĂ©es. Il reste assis Ă  son poste et seuls ses bras s'activent.
Kashira (é ­, Kashira, litt. « tĂȘte »)
Il s'agit de trois tĂȘtes bondissantes et parlantes qui apparaissent dans les quartiers de Yubaba[25].
Yu-bird (æčŻăƒăƒŒăƒ‰, Yu bādo)
Compagnon de Yubaba, cet oiseau dotĂ© d'une tĂȘte humaine ayant les traits de Yubaba lui sert de sentinelle. Il sera lui aussi transformĂ© par Zeniba en une petite mouche inoffensive[9].
Yuko Ogino (荻野 æ‚ ć­, Ogino YĆ«ko)
MĂšre de Chihiro, 36 ans, directe, rĂ©aliste et distante aussi[9]. Masashi Andƍ la dĂ©crit en opposition avec la figure maternelle attentionnĂ©e habituellement dĂ©veloppĂ©e dans les films de Miyazaki, avec des boucles d'oreilles et du rouge Ă  lĂšvres[26].
Zeniba (銭橆, ZenÄ«ba)
Également sorciĂšre, c'est la sƓur jumelle de Yubaba. En dehors de leur apparence, elles n'ont pas vraiment de points communs[9]. C'est une bonne sorciĂšre qui vit coupĂ©e du monde tant son pouvoir est grand.

Fiche technique

Logo original du film Ă©crit en japonais.
Logo original du film.

Distribution

Voix originales

Voix françaises

Conception

GenĂšse

Un couloir de bois en enfilade, portes coulissantes en bois et papier sur la droite, fenĂȘtres sur la gauche. tapis rouge au sol. À l’extĂ©rieur par les fenĂȘtres, vue sur un  jardin avec un cerisier.
Vue intérieure d'un des bùtiments du musée d'architecture en plein air d'Edo-Tokyo.

À l'Ă©poque oĂč le film est rĂ©alisĂ©, Hayao Miyazaki passe toutes ses vacances d'Ă©tĂ© dans un chalet de montagne avec sa famille et cinq petites filles d'amis de la famille. L'idĂ©e du Voyage de Chihiro lui vient en voulant faire un film pour ces fillettes. Il a dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© des Ɠuvres telles que Mon voisin Totoro et Kiki la petite sorciĂšre, principalement destinĂ©es aux enfants et adolescents, mais n'a jamais crĂ©Ă© un film s'adressant spĂ©cifiquement aux prĂ©adolescentes. Cherchant l'inspiration, il lit des magazines de prĂ©publication de manga shƍjo tels que Nakayoshi et Ribon laissĂ©s par les filles dans le chalet, mais est déçu de ne trouver pour sujets que des amourettes ou des romances. Pensant que ces mangas ne montrent pas ce que les jeunes filles « [ont] de plus cher dans leurs cƓurs », Miyazaki dĂ©cide de rĂ©aliser un film sur une hĂ©roĂŻne qui serait une petite fille ordinaire, Ă  laquelle il serait possible de s'identifier[31] - [32].

Depuis plusieurs annĂ©es, Miyazaki souhaite adapter un livre pour enfants intitulĂ© La CitĂ© des brumes oubliĂ©es de Sachiko Kashiwaba[33]. Il propose deux projets dans cette veine qui sont rejetĂ©s : une adaptation directe du livre et un film Ă  propos d'une adolescente contemporaine. Un troisiĂšme projet, qui finit par devenir Le Voyage de Chihiro, obtient plus de succĂšs. Les trois histoires tournent autour d'un onsen, Ă©tablissement thermal traditionnel japonais. Ce lieu, mystĂ©rieux pour le rĂ©alisateur, l’intrigue au point de composer plusieurs histoires Ă  son sujet[31].

Pour une partie des bĂątiments du monde des esprits, Miyazaki se base sur les Ă©difices du musĂ©e d'architecture en plein air d'Edo-Tokyo Ă  Koganei. Il visite souvent ce musĂ©e pour y trouver l'inspiration lorsqu'il travaille sur le film. Miyazaki a toujours Ă©tĂ© intĂ©ressĂ© par les bĂątiments de l'Ăšre Meiji au style inspirĂ© de l'architecture occidentale. Le musĂ©e fait naĂźtre de la nostalgie chez Miyazaki, qui explique : « quand je me tiens ici seul, le soir, prĂšs de l'heure de fermeture, et que le soleil se couche – les larmes me montent aux yeux »[31] - [34]. Parmi les sources d'inspiration majeure de l'Ă©tablissement thermal figurent le Meguro Gajoen, hĂŽtel tokyoĂŻte des annĂ©es 1920 marquĂ© par une fusion des architectures japonaises et europĂ©ennes[35] ; le Notoyaryokan, auberge traditionnelle situĂ©e dans la prĂ©fecture de Yamagata, cĂ©lĂšbre pour son architecture et ses caractĂ©ristiques ornementales[36] - [37] ; et le Dƍgo Onsen[38].

Production

Visage de Hayao Miyazaki en costume noir et cravate bleue avec rayures.
Hayao Miyazaki, le réalisateur.

La production du Voyage de Chihiro commence en 2000 avec un budget de 1,9 milliard de yens (soit environ 19 millions de dollars)[39]. Disney investit 10 % du coĂ»t pour le droit de prĂ©emption de la distribution amĂ©ricaine[40]. L'Ă©quipe comprend de jeunes animateurs et des vĂ©tĂ©rans comme Ai Kagawa et Kitaro Kosaka ; Miyazaki travaille en lien Ă©troit avec l'animateur Masashi Andƍ pour la supervision de l'animation, bien que le trait plus rĂ©aliste de ce dernier demande un certain travail d'harmonisation[18].

FidĂšle aux habitudes de travail de Miyazaki, le scĂ©nario du film n'est pas dĂ©finitif au commencement de la production, le rĂ©alisateur faisant Ă©voluer son rĂ©cit en fonction de ses inspirations et des premiers dessins. Le Sans-Visage notamment ne joue aucun rĂŽle dans le scĂ©nario original, mais son apparition sur un dessin inspire Miyazaki pour la crĂ©ation de ce personnage sans identitĂ©[18] - [19]. Selon Masashi Andƍ, cette mĂ©thode de travail est exigeante pour les animateurs, car certaines scĂšnes doivent ĂȘtre rĂ©guliĂšrement modifiĂ©es ou remplacĂ©es[41]. De plus, Miyazaki a rĂ©alisĂ© en cours de production que le scĂ©nario initial Ă©tait bien trop long et aurait nĂ©cessitĂ© plus de trois heures de film. Il a donc dĂ» rĂ©Ă©crire une partie de l'histoire et rĂ©duire les scĂšnes frappantes, visant plutĂŽt la simplicitĂ©[31] - [18].

Comme pour Princesse Mononoké, la plupart des dessins sont réalisés à la main, puis numérisés et retouchés par ordinateur, à la différence des premiers films du studio entiÚrement réalisés en animation traditionnelle sur celluloïds. Les images sont ensuite combinées avec des objets et effets créés par infographie, éventuellement en tridimension[42] - [43]. L'objectif du studio est d'améliorer l'animation sans perdre l'aspect artisanal cher à Miyazaki. En particulier, chaque personnage est principalement dessiné à la main, Miyazaki travaillant aux cÎtés de ses animateurs pour vérifier que les résultats correspondent à ses vues[39]. Les principaux outils numériques utilisés incluent les calques permettant de superposer les dessins et les effets spéciaux, le morphing, l'animation numérique de l'eau, le lancer de rayon pour l'éclairage réaliste des scÚnes, la création et l'ajout de textures sur les objets 2D ou 3D, et enfin le montage final[44]. En raison des délais trÚs courts, Ghibli sous-traite une partie du travail d'animation, notamment sur les intervalles, au studio coréen D.R. Digital[43].

La palette de couleur apparaßt particuliÚrement vive et brillante par rapport aux précédents films du studio, la couleur dominante étant le rouge, rehaussé par l'or et l'orange. Les contrastes avec les zones sombres visent à souligner l'importance relative des lieux : par exemple, les quartiers de Yubaba étant les plus vastes et luxueux, ils présentent de forts contrastes entre la couleur et le noir[42].

La plupart des acteurs prĂȘtant leur voix sont issus du monde de la tĂ©lĂ©vision et du cinĂ©ma, comme Rumi Hiiragi pour Chihiro (elle a 13 ans en 1999), Bunta Sugawara pour Kamaji et Mari Natsuki pour Yubaba et Zeniba[45]. Seul Miyu Irino pour Haku est un comĂ©dien spĂ©cialiste du doublage d'anime.

Création et identité des personnages principaux

Le personnage principal, Chihiro Ogino, a deux noms dans le film. Dans la langue japonaise, les noms sont souvent constituĂ©s de caractĂšres appelĂ©s kanjis qui peuvent avoir plusieurs sens et lectures. Chihiro (捃氋) est formĂ© des caractĂšres Sen / Chi (捃, « mille ») et Jin / Hiro (氋, « recherche », « interrogation » ou « fantĂŽme ») ; son nom de famille, Ogino (荻野), peut ĂȘtre traduit par « champ de roseaux ». Lorsque Yubaba lui vole son nom, elle ne conserve que le premier caractĂšre du prĂ©nom, Sen (捃), et lui impose de dĂ©sormais rĂ©pondre Ă  ce nouveau nom. Chihiro devient Sen et perd ainsi son identitĂ© et ce qui la rattache au monde des vivants et Ă  ses parents[46]. Miyazaki s'est ici inspirĂ© du Cycle de Terremer d'Ursula Le Guin oĂč les noms ont une importance primordiale pour le contrĂŽle de sa vie et de sa mĂ©moire, faisant Ă©cho au vol des noms par Yubaba pour asservir ses employĂ©s[12] - [47].

Le personnage de Chihiro n'est basĂ© sur aucun modĂšle prĂ©cis[48]. Lors de sa crĂ©ation, Miyazaki souhaite une fille « replĂšte » plutĂŽt que mince, visant avant tout au rĂ©alisme du personnage. Masashi Andƍ, responsable de la crĂ©ation des personnages, imagine ainsi une petite fille au visage rond, bien que son corps reste plus « fin »[48] - [9]. La rĂ©alisation du personnage de Chihiro a Ă©tĂ© une des principales difficultĂ©s du film selon le rĂ©alisateur. Miyazaki souhaitait une fille normale et rĂ©aliste pour son film, mais Ă©tait lui-mĂȘme frustrĂ© de l'aspect trop terne que cela confĂ©rait Ă  son personnage. Le film approchant de la fin cependant, il a Ă©tĂ© rassurĂ© par l'Ă©volution du personnage, dĂ©clarant sentir qu'« elle sera une femme charmante »[31].

L’alter ego de Chihiro dans le monde des esprits est Haku, dont le rĂŽle est ambigu au dĂ©but du film. Afin de rendre ce personnage mystĂ©rieux, Masashi Andƍ travaille sur le contour des yeux pour qu'ils soient Ă©tranges et le dote de pupilles lui donnant un regard lointain afin de renforcer son rĂŽle de personnage « transparent » tel que dĂ©fini par le rĂ©alisateur[49].

Enfin, Yubaba, personnage grotesque avec sa tĂȘte surdimensionnĂ©e qui n'est pas sans rappeler le monde d’Alice au pays des merveilles, est inspirĂ© d'un projet abandonnĂ© du studio[50].

Genre et mise en scĂšne

Le film appartient aux genres du conte de fĂ©es et du fantastique, avec quelques touches de fantaisie et mĂȘme d'horreur[12] - [51]. Dans la mise en scĂšne de ses Ɠuvres, Miyazaki n'oppose pas le merveilleux au rĂ©el ou au quotidien, les deux aspects pouvant cohabiter ou se superposer naturellement[52]. Dans Le Voyage de Chihiro, le monde des esprits, oĂč le temps et l'espace ne sont pas clairement dĂ©finis, reste volontairement flou et non structurĂ©. Les va-et-vient symboliques entre les deux mondes apparaissent multiples et changeants, si bien qu'il n'est pas possible d'en discerner les frontiĂšres, ni d'ailleurs de suivre le temps qui passe, Ă  la diffĂ©rence des dessins animĂ©s typiques de Disney ou d’Alice au pays des merveilles. Pour renforcer cette impression de rĂ©el auprĂšs du spectateur, le monde des esprits est dessinĂ© et animĂ© de façon trĂšs rĂ©aliste, si bien que Chihiro y Ă©volue naturellement[12].

Miyazaki ne pousse pas le spectateur Ă  percer les secrets du monde des esprits, mais au contraire Ă  accepter cet univers merveilleux, qui a sa cohĂ©rence propre, comme allant de soi. Cette approche correspond au shinto japonais, religion millĂ©naire oĂč les divinitĂ©s, nommĂ©es kami, investissent continuellement le monde des vivants[53] - [54]. De plus, le choix du merveilleux permet Ă  Miyazaki de s'adresser plus facilement aux enfants tout en explorant, au-delĂ  des apparences du rĂ©el, le subconscient et la dimension psychologique, selon Reider[12].

Miyazaki ne rĂ©vĂšle volontairement pas la nature du voyage de Chihiro, rĂ©el ou onirique, si bien que la fin reste ouverte Ă  interprĂ©tations. Le mĂ©lange d'Ă©lĂ©ments architecturaux europĂ©ens (victoriens) et japonais dans les bains concourt Ă  cette ambiguĂŻtĂ©. Le spectateur se trouve ainsi placĂ© dans la mĂȘme incertitude que le personnage principal[35] - [12].

Bande originale

Un homme asiatique ùgé se tenant debout, en smocking noir.
Joe Hisaishi, compositeur de la musique du film.

La bande originale du film est composĂ©e par Joe Hisaishi en 2001 et enregistrĂ©e au Nouvel orchestre philharmonique du Japon[55]. La collaboration entre Hisaishi et Miyazaki, qui dure depuis la rĂ©alisation de NausicaĂ€ de la vallĂ©e du vent en 1984, contribue Ă  renforcer l'aspect « maladroit et immĂ©diat » de l'aventure de Chihiro[56]. Les musiques reflĂštent les sentiments de l’hĂ©roĂŻne[57] comme lors de la scĂšne du train oĂč s'expriment la tristesse et la mĂ©lancolie, mais Ă©galement la peur lors de la scĂšne de l'escalier menant Ă  la chaufferie[58] - [55] ; le Sans-Visage est reprĂ©sentĂ© par des percussions Ă  consonances mĂ©talliques qui le rendent mystĂ©rieux[55]. Le thĂšme principal du film, Cet Ă©tĂ©-lĂ , repris plusieurs fois, allie piano et orchestre ; les diffĂ©rents moments qui le composent Ă©voquent tour Ă  tour l'aventure, la solitude ou la nostalgie[59]. Quant Ă  la musique du gĂ©nĂ©rique de fin (RĂȘvons toujours les mĂȘmes rĂȘves aimĂ©s), elle est composĂ©e et interprĂ©tĂ©e par Youmi Kimura[60].

La bande originale est primée à plusieurs reprises, remportant notamment le prix de l'Académie japonaise, comme détaillé plus bas.

Accueil

Box-office

Le Voyage de Chihiro est un grand succĂšs commercial, rapportant 395 580 000 $ au box-office mondial, dont plus de 229 607 878 $ au Japon[61] - [62] - [63] - [64]. Il devient le film le plus vu sur l'archipel avec plus de vingt millions de spectateurs, dĂ©trĂŽnant Titanic[65]. Il est toutefois dĂ©passĂ© par Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba - Le film : Le train de l'Infini en 2020[66].

Il rĂ©alise 1 461 488 entrĂ©es en France, 62 409 en Suisse, 25 112 en Belgique, et 15 280 au QuĂ©bec[67]. Le Voyage de Chihiro reste le plus grand succĂšs mondial pour un film non-amĂ©ricain et non-anglophone jusqu'en 2012, avant d'ĂȘtre dĂ©passĂ© par Intouchables[68].

Le film est présenté en premiÚre internationale en à Nouvelles images du Japon, festival du Forum des images, en présence de Hayao Miyazaki qui reçoit à cette occasion la Médaille de la Ville de Paris (Grand Vermeil) et est décoré de l'Ordre des Arts et des Lettres[28].

Box-office mondial par pays (non exhaustif) du film Le Voyage de Chihiro (en entrées)
Pays Entrées Pays Entrées Pays Entrées
Drapeau du Japon Japon[69] - [70] - [71] 24 796 085 Drapeau de la Suisse Suisse[72] 62 409 Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas[67] 23 367
Drapeau des États-Unis États-Unis[67] 1 694 409 Drapeau de l'Argentine Argentine[71] 57 918 Drapeau du QuĂ©bec QuĂ©bec[67] 15 280
Drapeau de la France France[67] 1 461 488 Drapeau du Danemark Danemark[73] 55 410 Drapeau de la NorvĂšge NorvĂšge[67] 15 107
Drapeau de l'Allemagne Allemagne[67] 427 341 Drapeau de la Pologne Pologne[67] 55 364 Drapeau de la Turquie Turquie[67] 14 654
Drapeau du BrĂ©sil BrĂ©sil[71] 321 544 Drapeau de la SuĂšde SuĂšde[67] 48 455 Drapeau de la TchĂ©quie RĂ©publique tchĂšque[67] 10 693
Drapeau de l'Espagne Espagne[67] 239 486 Drapeau de la Finlande Finlande[67] 38 080 Drapeau de l'Estonie Estonie[67] 2 902
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni[67] 204 328 Drapeau de l'Australie Australie[74] - [75] 29 180 Drapeau de la Slovaquie Slovaquie[67] 164
Drapeau de l'Italie Italie[67] 161 138 Drapeau de la Hongrie Hongrie[67] 28 704 Drapeau de la SlovĂ©nie SlovĂ©nie[67] 96
Drapeau de la CorĂ©e du Sud CorĂ©e du Sud[76] 159 755 Drapeau de la Belgique Belgique[67] 25 112 Monde Total monde 32 751 926

Accueil critique

Le film est plĂ©biscitĂ© par la critique dans le monde entier. En France, il obtient une note moyenne de 4,8/5 sur la revue de presse d'AllocinĂ©[77]. Les Cahiers du cinĂ©ma le classe au 8e rang de leur liste des meilleurs films de 2002[78]. Le Monde Ă©voque une « traversĂ©e du miroir onirique et romantique » oĂč « l'animation devient un art du dĂ©voilement » ; Les Inrockuptibles « un poĂšme en prose, une Ă©popĂ©e foisonnante, un conte philosophique, une Ɠuvre beaucoup plus ambitieuse qu'un simple roman d'apprentissage destinĂ© Ă  la jeunesse » ; pour LibĂ©ration, il « culmine dans une sĂ©quence de trajet en train, d'une simplicitĂ© apparente » mais « Ă  tomber Ă  la renverse » ; Positif estime que « Miyazaki prĂ©sente un conte de fĂ©es pour tous Ăąges, une moralitĂ©, une fantasmagorie pour l'Ɠil, pour l'ouĂŻe, pour l'intelligence » ; pour PremiĂšre, « l'expĂ©rience a de quoi combler toutes les catĂ©gories d'Ăąge, de culture et de sensibilitĂ© » ; TĂ©lĂ©rama Ă©voque « une Alice aux pays des fantĂŽmes oĂč se mĂȘlent avec brio fantaisie, jeu de piste et audaces visuelles » ; et pour Le Nouvel Observateur, « le film a la qualitĂ© surrĂ©aliste d'un songe »[77].

Dans le reste de la francophonie, La Libre Belgique estime que le film a « multiples degrĂ©s de lecture » est une « Ɠuvre formellement Ă©poustouflante et d'une exceptionnelle densitĂ© »[79]. Pour Le Soir, « le mĂ©lange entre poĂ©sies fantaisistes et rĂ©flexions rares est rĂ©jouissant »[80]. Pour L'Impartial[81] et L'Express[82] en Suisse, il s'agit d'un rĂ©el « chef-d'Ɠuvre » s'adressant aux adultes comme aux enfants. Au QuĂ©bec lors de la sortie DVD, La Presse loue la « brillance du rĂ©cit » et la « beautĂ© des images »[83].

Pour le Japan Times, le film est un « chef-d'Ɠuvre » oĂč Miyazaki mĂȘle la « richesse de son imagination et la force de son intelligence morale »[84] ; pour le New York Times, Miyazaki propose un film d'une grande qualitĂ© artistique qui Ă©vite les stĂ©rĂ©otypes des gentils et des mĂ©chants[85] ; dans le Wall Street Journal, Le Voyage de Chihiro est dĂ©crit comme un « chef-d'Ɠuvre [
] brillant, beau et profond » appelĂ© Ă  devenir un classique[86] ; pour The Guardian, le film, qui tranche techniquement avec l'animation occidentale, est « rapide et amusant, [
] bizarre et merveilleux »[87] ; pour Der Spiegel enfin, le film illustre l'espoir que place Miyazaki dans les gĂ©nĂ©rations futures pour briser la « malĂ©diction du matĂ©rialisme »[88].

Parmi les critiques négatives, Hiroki Azuma estime dans le Mainichi Shinbun que la dimension psychologique des personnages est trop peu présente, l'évolution de Chihiro résultant plus d'éléments extérieurs que de sa volonté propre[89]. Osmond estime aussi qu'à l'exception de Mari Natsuki, les voix du Voyage de Chihiro ne sont pas réellement « mémorables »[90].

Distinctions

Le film reçoit plusieurs distinctions prestigieuses, dont l'Ours d'or du meilleur film Ă  Berlin, le prix de l'AcadĂ©mie japonaise du meilleur film et le prix Mainichi du meilleur film en 2002, ainsi que l'Oscar du meilleur film d'animation en 2003[91]. Il est le film ayant reçu le plus de suffrages de la liste du BFI des 50 films Ă  voir avant d'avoir 14 ans[92] - [91] Ă©tablie en 2005 par le British Film Institute. En 2010, le magazine Empire le classe Ă  la 10e place dans sa liste des 100 meilleurs films de tous les temps en langue non-anglaise[93].

RĂ©compenses

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Nominations

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ThĂšmes

Le rĂ©alisateur explore les liens entre modernisme et tradition au Japon. Il illustre les dĂ©rives du capitalisme et de la mondialisation entraĂźnant une perte d'identitĂ© culturelle, qui se manifeste par un individualisme, un Ă©goĂŻsme et un consumĂ©risme insatiable radicalement opposĂ©s aux valeurs ancestrales du peuple japonais[3] - [33] - [94]. Chez le rĂ©alisateur, l'identitĂ© doit ĂȘtre comprise tant comme la quĂȘte de soi que la comprĂ©hension de ses liens avec la communautĂ©, la sociĂ©tĂ© et la nature[95]. En puisant dans les traditions millĂ©naires, notamment le shinto, ainsi que ses propres souvenirs, Miyazaki montre la possibilitĂ© d'un lien avec le passĂ© permettant aux jeunes de reconstruire une identitĂ© plus forte et collective, car « sans attaches ni passĂ©, l'homme autant que la sociĂ©tĂ© sont vouĂ©s Ă  disparaĂźtre » selon l'analyse de Colson et RĂ©gner[33] - [95] - [3].

Miyazaki décrit dans le projet initial le but du film ainsi : « Nous devons informer [la jeunesse japonaise] de la richesse de nos traditions[96]. »

Critique du Japon contemporain

Le Dƍgo Onsen de Matsuyama, source d'inspiration pour la crĂ©ation de l'Ă©tablissement thermal dans le film qui incarne un Japon plus traditionnel.

Le récit et le dessin sont principalement construits sur l'opposition entre les dérives de la société contemporaine et les valeurs positives véhiculées par la tradition. La critique du monde moderne est introduite dÚs le début par une analogie qui perdure tout au long du film : l'association du vieux parc à thÚme délabré au Japon contemporain, en opposition au monde des esprits représentant le Japon traditionnel, mais déjà partiellement envahi par les dérives du capitalisme. Ainsi, selon Napier, Miyazaki vise à « réhabiliter certains aspects d'un Japon traditionnel idéalisé », sans adopter un ton didactique dans le film, procédant plutÎt par allégories[3] - [97].

Le parc Ă  thĂšme retrace en quelque sorte la tragĂ©die du Japon contemporain : construit lors de la bulle spĂ©culative de la fin des annĂ©es 1980 comme beaucoup d'autres, il est finalement laissĂ© complĂštement Ă  l'abandon pour cause Ă©conomique. Avant d'arriver au parc, les parents de Chihiro passent Ă  cĂŽtĂ© d'un torii, montrant que le parc a Ă©tĂ© bĂąti sans vergogne sur un ancien lieu religieux[94] - [98]. Mais derriĂšre cet abandon matĂ©riel se cache un abandon plus profond : l'oubli des valeurs et des traditions collectives de la sociĂ©tĂ© japonaise. Pour Miyazaki, les principes mĂȘmes du matĂ©rialisme et du consumĂ©risme mĂšnent Ă  une sociĂ©tĂ© Ă  l'image du vieux parc Ă  thĂšme, c'est-Ă -dire l'abandon, le dĂ©labrement. Ce thĂšme est aussi illustrĂ© par la riviĂšre polluĂ©e jusqu'Ă  l'excĂšs[99] - [100]. La bĂȘtise des parents de Chihiro, qui pensent qu'une carte de crĂ©dit fait tout, et la figure du Sans-Visage s'inscrivent Ă©galement dans cette critique. Le Sans-Visage, justement, apparaĂźt comme une transgression Ă©trangĂšre au monde des esprits. Seul, sans personnalitĂ©, ayant mĂȘme perdu la parole, il illustre jusqu'au grotesque le pathĂ©tique et la dangerositĂ© de ces dĂ©rives consumĂ©ristes dont il est l'allĂ©gorie ; il tĂ©moigne de ce qui doit ĂȘtre Ă©vitĂ© selon Miyazaki : la perte totale de son identitĂ©[3] - [94] - [95].

Le monde des esprits s'oppose au parc, et donc au Japon contemporain. Il incarne de prime abord un espace oĂč perdurent les bonnes traditions du pays et ses lĂ©gendes[99] - [95]. Ainsi dans l'Ă©tablissement thermal, les valeurs positives du travail collectif et de l'esprit de groupe cĂŽtoient divinitĂ©s shintos et phĂ©nomĂšnes lĂ©gendaires divers. Miyazaki tient tout particuliĂšrement au mĂ©rite de l'apprentissage et du travail envisagĂ© collectivement, qui permettent par exemple de purifier le dieu de la riviĂšre de la pollution accumulĂ©e ou de stopper la folie du Sans-Visage[33] - [99]. Cependant, le rĂ©alisateur montre Ă©galement que ces traditions qu'il dĂ©fend sont fragiles, en tĂ©moigne l'oubli de son propre nom par Chihiro. Autre danger qui guette, la pollution qui menace lĂ  encore de corrompre le Japon traditionnel[3].

Toutefois, si l'Ă©tablissement thermal est manifestement imprĂ©gnĂ© du Japon traditionnel, il n'incarne pas prĂ©cisĂ©ment le monde voulu par Miyazaki et encore moins une forme d'utopie selon Yang[101] : ce lieu reste « liminal », signe que le Japon contemporain s'en est Ă©loignĂ©. De plus, le capitalisme et le matĂ©rialisme ont dĂ©jĂ  pĂ©nĂ©trĂ© l'Ă©tablissement, qui rappelle par certains aspects plus l'usine que l’onsen local : Yubaba rĂšgne en maĂźtre sur ses employĂ©s qui doivent travailler dur pour vivre, reprĂ©sentant les classes ouvriĂšres exploitĂ©es Ă  l'image du vieux Kamaji qui se dĂ©finit comme un « esclave »[94] - [102]. Yubaba, obsĂ©dĂ©e par l'argent, incarne Ă  la fois le capitalisme et l'Occident : elle est la seule vĂȘtue Ă  l'europĂ©enne dans le monde des esprits, et l'architecture de son Ă©tage particulier est empreint de style victorien, contrairement aux Ă©tages des employĂ©s qui Ă©voquent le Japon des Ă©poques d'Edo, Meiji et Taishƍ[94].

QuĂȘte d'identitĂ© entre tradition et modernisme

Dans le film, Miyazaki donne sa vision d'une reconstruction vertueuse de l'identitĂ© culturelle du Japon et de ses habitants[95] - [3], Ă  travers la recrĂ©ation d'un lien entre traditions et modernitĂ©[103]. La mondialisation culturelle qui efface tant les particularismes locaux que le lien entre les lieux et l'histoire apparaĂźt comme un grand danger[104]. Il y a, chez Miyazaki, un amour profond de la terre natale, de l'endroit oĂč l'on naĂźt (en japonais, furusato). Il illustre Ă  plusieurs reprises la vacuitĂ© des personnes sans attache (tel le Sans-Visage) et, en opposition, les bienfaits de la connexion au passĂ© et au furusato. AprĂšs que Haku a montrĂ© Ă  Chihiro ses parents transformĂ©s en cochons, il parvient dans une scĂšne trĂšs nostalgique pour le public japonais Ă  la rĂ©conforter avec des onigiri, ces boules de riz si typiques de l'archipel que les mĂšres japonaises confectionnent pour les bentƍ de leurs enfants[105]. Similairement, dans la scĂšne du train, les fantĂŽmes des voyageurs reprĂ©sentent les travailleurs qui rentrent Ă  la campagne, oĂč les valeurs traditionnelles chĂšres Ă  Miyazaki sont mieux prĂ©servĂ©es que dans les mĂ©tropoles[3] - [94].

NĂ©anmoins, le rĂ©alisateur admet avoir eu, Ă©tant jeune, une opinion trĂšs nĂ©gative de l'histoire japonaise, surtout son passĂ© militariste, si bien que ses premiers films se dĂ©roulent dans un contexte europĂ©en[103]. Dans les annĂ©es 1970, il renoue personnellement, en partie grĂące Ă  la plume de Sasuke Nakao, avec l'histoire ancienne du peuple japonais, dont la culture Ă©tait Ă©troitement liĂ©e au culte de la nature qu'il chĂ©rit lui-mĂȘme[106]. Dans le film, il mĂȘle Ă  sa perception de ce passĂ© historique ses souvenirs personnels. Ainsi, les traditions que le rĂ©alisateur dĂ©crit sont essentiellement celles qu'il a connues enfant, hĂ©ritĂ©es en particulier de l'Ăšre Taishƍ (1912-1926). Cette pĂ©riode, marquĂ©e par une influence accrue de l'Europe sur divers aspects de la culture japonaise, notamment l'architecture et les arts, montre que pour Miyazaki, l'identitĂ© culturelle du pays est diverse et dynamique, ainsi que collective plutĂŽt qu'individuelle ; le rĂ©el danger est la « perte du sens de l'histoire et de l'identitĂ© » face au postmodernisme et au consumĂ©risme selon l'analyse de Yoshioka[107].

De plus, les connexions entre les deux Japon, traditionnel et contemporain, ne sont pas nĂ©cessairement nĂ©gatives, comme le train, symbole de l'Ăšre industrielle et promesse d'Ă©chappĂ©es, et surtout la prĂ©sence mĂȘme de Chihiro dans le monde des esprits, humaine qui purifie le dieu de la riviĂšre. Miyazaki utilise d'ailleurs l'animation, et donc la technologie moderne, pour rappeler et faire perdurer les traditions[12]. Il n'y a pas une sĂ©paration radicale entre tradition et modernitĂ©, mais dialogues et conflits ; pour Yang, Miyazaki souhaite simplement le rĂ©tablissement du lien entre les deux mondes, oubliĂ© par les jeunes gĂ©nĂ©rations, afin d'Ă©viter la crise morale, identitaire et Ă©cologique qui menace le Japon. Le film prĂ©sente donc un moyen de « dĂ©truire l'aviditĂ© humaine qui soutient un systĂšme consumĂ©riste capitaliste » en reconsidĂ©rant le prĂ©sent comme intĂ©grant le passĂ© selon Suzuki[94]. Le parcours de Chihiro, dont la perte d'identitĂ© est symbolisĂ©e par le vol de son nom au dĂ©but du rĂ©cit, montre que cette tĂąche est dĂ©volue Ă  la jeunesse contemporaine Ă  laquelle le rĂ©alisateur s'adresse avec nostalgie et espoir[101] - [98] - [108].

Voyage de Chihiro

Le personnage de Chihiro, jeune fille moderne qui va faire des rencontres extraordinaires, illustre la recréation d'un lien salutaire entre les jeunes Japonais et les traditions. Au début geignarde, elle va grandir et s'ancrer dans le Japon traditionnel grùce au travail, à la solidarité et à la responsabilisation de son existence. Pour elle, le voyage dans le monde des esprits fonctionne ainsi comme un voyage initiatique, mais également comme un rite de passage lui permettant de renouer avec l'identité culturelle japonaise[3].

Au dĂ©but, Chihiro est une petite fille craintive et passive, perturbĂ©e par le dĂ©mĂ©nagement de ses parents[2]. Exceptionnellement dans le cinĂ©ma miyazakien, ces derniers, archĂ©types des parents modernes, sont prĂ©sentĂ©s de façon singuliĂšrement nĂ©gative : gloutons et irrespectueux, il leur est rĂ©servĂ© un sort particuliĂšrement pathĂ©tique via la transformation en cochon[109]. Si effacĂ©e que soit Chihiro, son refus de consommer la nourriture des esprits comme ses parents est un premier signe de vertu chez la petite fille, ce qui lui permet Ă©galement de faire face Ă  la terrible Yubaba pour obtenir un travail. Car c'est bien par le labeur collectif que Chihiro grandit et gagne en indĂ©pendance[3]. Deux Ă©pisodes illustrent sa « rĂ©gĂ©nĂ©ration culturelle » qui lui permet de s'approprier de bonnes valeurs et de gagner confiance en soi : la purification du dieu de la riviĂšre polluĂ©e et l'affrontement grotesque du Sans-Visage menaçant de dĂ©vorer tous les employĂ©s des bains. En rĂ©alitĂ©, Chihiro elle-mĂȘme subit une forme de « purification » qui rĂ©sulte en son renouement avec les racines fondamentales et positives de la sociĂ©tĂ© japonaise, en particulier le shinto[110] - [98] - [108]. De plus, elle affronte ces deux Ă©preuves collectivement, valeur primordiale pour Miyazaki. Dans la seconde moitiĂ© du film, Chihiro a dĂ©finitivement gagnĂ© en maturitĂ©, car elle parvient Ă  voyager de son propre chef jusque chez Zeniba, dĂ©livrer Haku en lui rendant sa vĂ©ritable identitĂ© et, ultime Ă©preuve, ressentir que ses parents ne se trouvent pas parmi le troupeau de cochons de Yubaba. La fin, bien qu'ambiguĂ« puisque le spectateur ne sait pas si Chihiro se souviendra de ce voyage, suggĂšre tout de mĂȘme que la jeune fille s'est considĂ©rablement rapprochĂ©e de l'idĂ©al miyazakien[95] - [3].

Osmond note que le film se dĂ©coupe en deux parties sĂ©parĂ©es par l'affrontement du Sans-Visage. Dans la premiĂšre partie, dominĂ©e par les couleurs rouge et or des bains, la craintive Chihiro ressemble peu aux hĂ©roĂŻnes miyazakiennes Ă  la fois fortes et pures, ainsi que parfois dĂ©sespĂ©rĂ©es, comme NausicaĂ€ et San. L'animateur Masashi Andƍ tenait particuliĂšrement Ă  ce que l'histoire et le dessin rĂ©vĂšlent le doute chez Chihiro, sentiment que les personnages de Miyazaki expriment habituellement peu[7]. La seconde partie du film, oĂč Chihiro est devenue courageuse, marque un rapprochement avec le cinĂ©ma miyazakien, de nombreuses scĂšnes se dĂ©roulant dĂ©sormais dans les airs ou l'eau, donnant une nouvelle couleur dominante bleue aux dessins. Andƍ et Miyazaki ont beaucoup discutĂ© sur l'Ă©volution du personnage ; l'animateur aurait lui prĂ©fĂ©rĂ© que le doute continue Ă  se manifester chez Chihiro[8].

Les films de Miyazaki sont souvent centrĂ©s sur de jeunes filles (shƍjo). Le choix de Chihiro comme hĂ©roĂŻne permet de jouer sur sa vulnĂ©rabilitĂ© face au monde, faisant Ă©cho Ă  celle de la sociĂ©tĂ© traditionnelle[3] - [111]. Il se crĂ©e une identification Ă  la quĂȘte de soi du personnage, le spectateur Ă©tant amenĂ© selon son Ăąge Ă  penser Ă  son propre futur[95] - [112] ou, pour les Japonais, Ă  se remĂ©morer son enfance[96]. À la diffĂ©rence de Chihiro, le dĂ©sir d'identitĂ© du Sans-Visage, par la corruption et le vol de la personnalitĂ© des autres, est un vĂ©ritable Ă©chec[113]. Plus gĂ©nĂ©ralement, par sa mise en scĂšne complexe et problĂ©matisĂ©e de la figure de la jeune fille, le rĂ©alisateur s'inscrit dans la lignĂ©e des shƍjo manga comme Utena, la fillette rĂ©volutionnaire qui ne prĂ©sentent plus ce genre de personnage comme fondamentalement positif et simpliste[3].

ScĂšne du train

La scÚne du train est perçue par Osmond comme l'une des plus fortes du film par la nostalgie et la poésie qu'elle dégage[114]. Dans le vieux wagon, les fantÎmes de voyageurs rentrent « à la maison » à la campagne tandis que seule Chihiro et ses compagnons sont pleinement colorés[94]. Cette scÚne du train circulant au beau milieu de la mer est totalement imaginaire, mais traitée de façon naturelle et donc réaliste, à la maniÚre du cinéma en prise de vue réelle[115]. Elle « exemplifie la clarté et la précision de l'imagerie fantastique de Miyazaki, accessible et compréhensible par les adultes et les enfants »[114]. Pour Miyazaki, ce voyage en train constitue la fin réelle du film, Chihiro ayant achevé son évolution en « héroïne miyazakienne ». Les quelques scÚnes qui viennent aprÚs sont de fait moins détaillées ou justifiées[116].

La mise en scĂšne de ce voyage s'inspire directement d'un passage du Tombeau des lucioles d'Isao Takahata, cofondateur du studio Ghibli avec Miyazaki[115].

Shinto, tradition et folklore

Dessin de trois monstres sur papier nu : une sorte de gros cafard rouge Ă  un Ɠil, un petit dĂ©mon beige avec un marteau sautant sur le cafard, et un dĂ©mon vert avec une lance.
Miyazaki s'est inspirĂ© des divinitĂ©s (kami) et esprits (yƍkai) du folklore japonais.
Estampe : un dragon blanc filiforme au long cou au premier plan, qui Ă©merge de la brume et semble voler vers le haut. Au fond, une haute montagne conique avec de la neige au sommet.
Dans le folklore japonais, le ryƫ est associé aux étendues d'eau, aux nuages ou au ciel.

Le Voyage de Chihiro est le film le plus traditionnel de Miyazaki[117]. L'Ɠuvre plonge le spectateur dans un voyage au cƓur du folklore et des croyances du Japon traditionnel, incarnĂ©s par le monde liminal des esprits, dont l'Ă©tablissement thermal rappelle Ă©videmment les onsen emblĂ©matiques du pays. Les rites shinto, notamment ruraux, ont fortement inspirĂ© le rĂ©alisateur : dans cette religion animiste et polythĂ©iste, chaque Ă©lĂ©ment du monde est habitĂ© par un kami, une force ni bonne ni mauvaise qui existe, normalement imperceptible, dans le monde des vivants[98]. Dans le film, Miyazaki met en scĂšne de nombreux kami de riviĂšres, d'animaux ou de vĂ©gĂ©taux[98] ; toutefois, pour conserver un certain caractĂšre universel tout en n'Ă©tant pas tributaire de la mythologie, le rĂ©alisateur a inventĂ© ses propres kami afin que l'Ɠuvre reste accessible aux enfants et aux Ă©trangers[118] - [119]. Les nombreuses mĂ©tamorphoses intĂ©rieures et physiques des personnages, classiques dans les contes et dans le folklore, facilitent Ă©galement la mise en place d'un langage universel et transculturel, tout en permettant de relier des situations apparemment sans lien entre elles, rompant avec les formes narratives classiques[120] - [112].

Le titre mĂȘme du film rĂ©vĂšle cet ancrage dans le shinto : kamikakushi, littĂ©ralement « cachĂ© par les esprits », signifie la disparition temporaire d'un humain, le plus souvent d'un enfant, qui aurait Ă©tĂ© enlevĂ© pour une quelconque raison par les divinitĂ©s[98] ; de nombreux contes et lĂ©gendes populaires sont basĂ©s sur ce concept[12] - [121]. Cela fait Ă©cho Ă  l'Ă©volution de Chihiro qui devient Sen pendant qu'elle disparaĂźt dans le monde des dieux, le titre pouvant aussi bien ĂȘtre traduit en « La disparition de Sen et Chihiro » qu'en « Sen et la disparition de Chihiro »[46]. De plus, le rituel de l'ancrage dans un monde par la nourriture – dans le film, Haku empĂȘche la disparition de Chihiro en lui faisant absorber une baie du monde des kami – rappelle le mythe shinto d'Izanagi et Izanami[12]. Ponts et tunnels, rĂ©currents dans le film, sont Ă©galement perçus comme des points de passage entre mondes dans le folklore[12].

FidĂšle au cinĂ©ma miyazakien et Ă  la tradition shinto, le film ne repose pas sur l'opposition entre le bien et le mal, tous les personnages Ă©tant « moralement ambivalents », y compris le Sans-Visage, qui devient un compagnon de route de Chihiro, ou Yubaba, qui couve son enfant[98] - [113]. À l'image de la nature et du shinto, tout est affaire de « pollution » et de « purification » personnelle, souvent associĂ©e Ă  l'eau chez le rĂ©alisateur[98] - [122]. Enfin, la dĂ©livrance de Haku, divinitĂ© associĂ©e Ă  une riviĂšre, par Chihiro au bout de son voyage personnel peut ĂȘtre vu comme l'union entre un humain et un kami (shinjin-gouitsu) qui requiert un cƓur sincĂšre et pur[98].

Les personnages principaux du monde des esprits sont eux inspirĂ©s du folklore. Yubaba, bien qu'Ă©voquant la reine d’Alice au pays des merveilles, rappelle Ă©galement les Yama-Uba, sorciĂšres des montagnes dotĂ©es de pouvoirs magiques dĂ©vorant les humains Ă©garĂ©s. Tout comme Yubaba, les Yama-Uba sont aussi associĂ©es Ă  la maternitĂ©, et l'une d'entre elles est la mĂšre de Kintarƍ, un hĂ©ros herculĂ©en qui rappelle le gigantesque bĂ©bĂ© dans le film de Miyazaki. Ainsi, dans le folklore, les Yama-Uba, malĂ©fiques mais mĂšres protectrices, prĂ©sentent la mĂȘme dualitĂ© que Yubaba[12]. Le vieux Kamaji, qui ressemble Ă  une araignĂ©e symbolisant le travail collectif et l'habiletĂ©, rappelle les lĂ©gendes de tsuchigumo, des yƍkai (monstres) arachnĂ©ens. Ce terme dĂ©signe Ă©galement dans le Japon ancien les renĂ©gats qui s'opposent au pouvoir central, incarnĂ© dans le film par Yubaba. Enfin, Haku rappelle sous son apparence de divinitĂ© le dragon RyĆ«jin, dieu de la mer[98] ; de plus, son nom complet (Nigihayami Kohaku Nushi) semble ĂȘtre inspirĂ© de Nigihayahi, une figure historique et lĂ©gendaire[12]. Le Sans-Visage demeure le seul personnage du monde des esprits non inspirĂ© de la tradition[20]; il porte toutefois un masque de nĂŽ qui symbolise dans cette forme de thĂ©Ăątre traditionnel la dissimulation de soi et la confusion des identitĂ©s[12].

La présence du folklore et du shinto participe donc au message de Miyazaki qui est de renouer avec les traditions du Japon ainsi que de continuer à les faire vivre et évoluer[12]. La juxtaposition visuelle d'éléments modernes et traditionnels, japonais et européens, qui évoque là encore le lien entre des mondes différents, en appelle à la nostalgie, au souvenir et à la sensation de comprendre intuitivement le shinto humble et rural que valorise Miyazaki[123]. Comme dans ses précédents films, le réalisateur est moins intéressé par la théologie que par la place de la religion dans la vie quotidienne, notamment le lien spirituel entre l'humain et la nature[124].

Place dans le cinéma de Miyazaki et le conte pour enfants

Le récit du Voyage de Chihiro est souvent comparé à Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, écrit en 1865.

Le Voyage de Chihiro illustre certains thÚmes récurrents du cinéma de Miyazaki, notamment le travail collectif, le respect de l'environnement, le voyage et l'intégration[125]. Le film qui en est le plus proche est Kiki la petite sorciÚre : à l'instar de Chihiro, Kiki doit s'intégrer sans l'aide de ses parents dans un nouvel endroit et dans le monde du travail. Les deux jeunes filles connaissent une crise de confiance et l'intégration par l'apprentissage et la solidarité[126] - [127]. Cependant, Kiki est volontaire et enjouée à l'idée de partir, alors que Chihiro reste passive et craintive, déménageant puis étant transportée dans le monde des esprits contre son gré[128]. Les deux films reposent également sur un schéma opposé : Chihiro est une humaine voyageant dans un monde surnaturel tandis que Kiki est une sorciÚre s'établissant dans une ville humaine[33].

Mon voisin Totoro et Princesse MononokĂ© s'inspirent du shinto et mettent en scĂšne le lien entre communautĂ©s humaines et nature. Chaque film montre un passĂ© prĂ©cis : dans Mon voisin Totoro, Miyazaki met en scĂšne ses souvenirs d'enfance, tandis que Princesse MononokĂ© s'inscrit dans l'histoire ancienne. Le Voyage de Chihiro est le premier film du rĂ©alisateur Ă  mĂȘler passĂ© personnel et histoire. Il s'agit Ă©galement de la premiĂšre mise en scĂšne directe du Japon contemporain et surtout de sa critique sociale : ni le monde de Kiki la petite sorciĂšre, ni celui de Mon voisin Totoro ne sont « contaminĂ©s par les scories de la civilisation »[129] - [130]. Cependant, la conclusion du Voyage de Chihiro rĂ©pond Ă  celle de Mon voisin Totoro : le rĂȘve d'un « voisinage avec un imaginaire ancrĂ© dans les croyances animistes du shinto »[33].

La structure narrative du film appelle Ă  la comparaison avec Alice au pays des merveilles et Le Magicien d'Oz : dans ces deux romans adaptĂ©s au grand Ă©cran, une jeune fille voyage en rĂȘve dans un monde carnavalesque et merveilleux[131]. Tout comme Chihiro, Alice incarne une fille qui grandit et connaĂźt un Ă©tat de crise d'identitĂ© personnelle, en l'occurrence la prĂ©-adolescence. Tant l'Ă©tablissement thermal que le pays des merveilles d'Alice symbolisent l'instabilitĂ© et le rite de passage qui ne sont rĂ©solus que par la rĂ©appropriation de soi, de son identitĂ© et de son passĂ©. Il s'agit lĂ  d'une diffĂ©rence avec Kiki, NausicaĂ€ ou San (trois hĂ©roĂŻnes de Miyazaki) qui sont elles dĂ©jĂ  adolescentes et connaissent une pĂ©riode de transition diffĂ©rente[132]. Cependant, contrairement Ă  Alice au pays des merveilles et au Magicien d'Oz, Miyazaki ne rĂ©vĂšle pas si le monde des esprits est un rĂȘve ou la rĂ©alitĂ©, laissant la fin ouverte Ă  interprĂ©tation[12].

Les Aventures de Pinocchio a inspiré Miyazaki pour la transformation des parents en cochons[133] : chez Pinocchio, les adolescents au comportement irresponsable sont changés en ùnes et envoyés aux travaux forcés dans des mines de sel, les parents de Chihiro sont eux transformés en cochons, les enfants japonais étant peu familiers des ùnes. Dans les deux cas, ce sont les choix de plaisirs rapides sans en considérer les conséquences qui déclenchent la punition (transformation).

Postérité

En Occident, le travail de Hayao Miyazaki est rĂ©guliĂšrement citĂ© comme source d’inspiration de John Lasseter du studio Pixar, qui encense l’animation artisanale en 2D du Voyage de Chihiro[134]. En particulier, le film d’animation Vice-versa (2015) de Disney et Pixar, qui explore le rĂ©cit initiatique chaotique d’une petite fille dont la famille vient de dĂ©mĂ©nager, dĂ©veloppe des thĂ©matiques trĂšs similaires au Voyage de Chihiro[135] - [136]. Nick Park du studio Aardman Animations confie que le film lui rappelle l’importance de puiser dans l’imaginaire enfantin[137].

Au Japon, parmi les jeunes rĂ©alisateurs du studio Ghibli, Hiromasa Yonebayashi, qui a dĂ©jĂ  travaillĂ© avec Miyazaki, explore dans Souvenirs de Marnie (2014) certains thĂšmes communs au Voyage de Chihiro, notamment la dĂ©couverte d’un monde merveilleux[138] et le rĂ©cit initiatique de jeunes filles[139].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Spirited Away » (voir la liste des auteurs).
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  16. « No Face is basically expressionless, but I ended up adding just a tiny bit of expression. It might have been better to make his mask more Noh-like without unique expressions at all, conveying his expressions by lighting. No face swallows the bath house workers, and I thought it might have been interesting if he acquired their personalities and ability to reason. This way he might become more human and appealing. » The Art of Spirited Away, p. 109.
  17. « Le Sans-Visage (traduction littĂ©rale de son nom japonais « Kaonashi ») semble agir sur une rĂ©flexion analogue : le moyen de paiement, en l'occurrence l'or, peut tout acheter. C'est Chihiro qui lui fait prendre conscience de l'inverse : elle n'aura jamais rien acceptĂ© de lui directement, car ce qu'elle recherche ne peut pas ĂȘtre payĂ© ou consommĂ©. De lĂ  se crĂ©e une perte de repĂšre pour le sans-visage (son schĂ©ma relationnel s'Ă©croule), d'oĂč sa phase de folie et de destruction. Sa gloutonnerie n'est pourtant que le moyen de combler une insatisfaction, tant il semble dĂ©muni et plaintif lorsqu'il ne rĂ©git pas le rapport social par sa distribution de pĂ©pites. » GaĂ«l, « Le Voyage de Chihiro (analyse) », sur Kanpai !, (consultĂ© le ).
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  22. « [
] he was to have an insatiable appetite, so in the end I drew him as a jock who's both odacious as well as irresponsible. » The Art of Spirited Away, p. 56.
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Annexes

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