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NausicaÀ (personnage)

NausicaĂ€ (ăƒŠă‚Šă‚·ă‚«, Naushika) est l’hĂ©roĂŻne du manga NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent Ă©crit par Hayao Miyazaki et publiĂ© entre et mars 1994, ainsi que du film d’animation du mĂȘme nom sorti au cinĂ©ma en mars 1984 au Japon et en en France. Elle est la princesse de la VallĂ©e du Vent et est amenĂ©e Ă  succĂ©der Ă  son pĂšre malade au dĂ©but du manga.

NausicaÀ
Personnage de fiction apparaissant dans
NausicaÀ de la Vallée du Vent.

Une adepte du cosplay en costume de NausicaĂ€lors du 70e Comic Market (Tƍkyƍ, Ă©tĂ© 2006).
Une adepte du cosplay en costume de NausicaÀ
lors du 70e Comic Market (Tƍkyƍ, Ă©tĂ© 2006).

Nom original ăƒŠă‚Šă‚·ă‚«
Origine Vallée du Vent
Sexe FĂ©minin
EspĂšce Humain
Cheveux Auburn
Yeux Marron
Activité Princesse
Famille Jill (pĂšre), Mito (oncle)
Ôma (fils adoptif)
Seule survivante d'une fratrie de onze enfants
Entourage Yupa (tuteur), Teto (animal)
Ennemie de Kushana, Miralupa, Namuris

Créée par Hayao Miyazaki
Voix Drapeau du Japon Sumi Shimamoto (VO)
Drapeau de la France Adeline Chetail
Drapeau des États-Unis Alison Lohman
Drapeau de l'Allemagne Anke Kortemeier (de)
Drapeau de l'Espagne Belén Rodríguez
Drapeau de l'Italie Mildred Barrera
Films NausicaÀ de la Vallée du Vent

AnimĂ©e d’un grand amour pour son prochain et pour la vie, elle tente de comprendre, par l’étude de son habitat et de son cycle vital, la raison d’ĂȘtre de la « mer de la dĂ©composition » (ou « forĂȘt toxique » dans l’anime) qui a envahi la Terre en consĂ©quence des « sept jours de feu », guerre technologique qui a dĂ©truit une grande partie de l’humanitĂ©.

NausicaĂ€ possĂšde une volontĂ© impressionnante et une sorte de magnĂ©tisme qui force le respect. Son empathie lui permet d’ĂȘtre en phase avec de nombreux animaux, y compris les ĂŽmus, une race intelligente d’insectes gĂ©ants gardiens de la « forĂȘt toxique » avec lesquels elle parvient Ă  communiquer.

Elle est aussi une fille du vent, et parvient Ă  « voir » les dĂ©placements d’air. Cela lui permet de maitriser son mƓve (sorte de planeur avec un moteur d’appoint) mieux que personne.

Le personnage de NausicaĂ€, trĂšs populaire en son temps, a fait l’objet de nombreuses Ă©tudes universitaires ou par des auteurs spĂ©cialisĂ©s, du fait de ses caractĂ©ristiques particuliĂšres et novatrices.

À travers les pĂ©rĂ©grinations et le parcours initiatique de son personnage, Miyazaki fait une Ă©tude approfondie du comportement humain dans un monde post-apocalyptique.

Création et conception

Miyazaki a dĂ©couvert Nausicaa, personnage de l’OdyssĂ©e, dans le dictionnaire de la mythologie grecque de Bernard Evslin traduit en japonais. Trouvant une « fraĂźcheur vigoureuse » au prĂ©nom[AB 1], il est « irrĂ©mĂ©diablement tombĂ© sous son charme », de par le traitement que faisait l’auteur de cette hĂ©roĂŻne qui soigna Ulysse lors de son pĂ©riple[T 1]. Le personnage lui a fait penser Ă  une hĂ©roĂŻne d’un conte japonais lu dans son enfance, la « princesse qui aimait les insectes » (è™«ă‚ă„ă‚‹ć§«ć›, Mushi mezuru himegimi), jeune fille nubile d’une famille aristocratique japonaise qui Ă©tait plus intĂ©ressĂ©e par les insectes et leurs transformations que par les prĂ©tendants[T 1] - [1]. Ce conte est tirĂ© des Histoires qui sont maintenant du passĂ© (今昔物èȘžé›†, Konjaku monogatari shĆ«), recueil japonais datant de la fin du XIe siĂšcle et dĂ©but du XIIe siĂšcle[2].

C’est Ă  partir de ces deux personnages que Miyazaki a conçu son hĂ©roĂŻne : « Dans mon esprit, Nausicaa et la princesse qui aimait les chenilles, inconsciemment, ont fini par former un seul et mĂȘme personnage. »[T 1]

Helen McCarthy considÚre le prince Shuna, de la bande dessinée en un seul volume de Miyazaki Le Voyage de Shuna publiée en 1983 par Animage, comme un prototype du personnage de NausicaÀ[3].

Yala : les prémices de NausicaÀ (1980-1982)

Les prĂ©mices du personnage de NausicaĂ€ se trouvent dans un projet avortĂ© de Hayao Miyazaki. Souhaitant adapter en anime l’histoire de Rolf[note 1] (une princesse protĂ©gĂ©e par son chien), bande dessinĂ©e amĂ©ricaine de Richard Corben publiĂ©e dans Voice of Comicdom no 16 et 17 en 1970-1971 et rĂ©Ă©ditĂ©e en couleurs dans Heavy Metal no 32 Ă  34 en 1979-1980[4], et Ă  laquelle Miyazaki trouvait des similitudes avec La Belle et la BĂȘte dont il voulait Ă©galement s’inspirer, le mangaka pense alors crĂ©er un personnage en mettant en avant le thĂšme de « la dĂ©votion, le don de soi »[AB 2]. Trouvant cependant le personnage de la princesse « fade » dans la bande dessinĂ©e, il imagine « une jeune fille au caractĂšre affirmĂ©, dĂ©bordante de sensibilitĂ© et assortie d’un pĂšre incapable »[AB 3].

Ce personnage, nommé par Miyazaki « Yala » (ダラ, Yara), marque le point de départ de NausicaÀ ; princesse trÚs jeune « portant le poids écrasant de son destin », à laquelle son pÚre, un roi malade, lÚgue le fardeau de son royaume et de ses sujets, bridant ses aspirations personnelles[AB 4] - [note 2].

Le mangaka avait dotĂ© Yala d’un chien « qui l’accompagnait toujours depuis son plus jeune Ăąge et qui Ă©prouvait des sentiments particuliers envers sa maĂźtresse »[AB 5] ; on retrouve ce compagnon canin dans plusieurs esquisses datant de la phase de conception du personnage[AB 6] - [AB 5] - [AB 7].

De Yala à NausicaÀ

Illustration de Nausicaa, hĂ©roĂŻne de l’OdyssĂ©e qui a inspirĂ© Miyazaki.

La transition de Yala à NausicaÀ est marquée par la volonté de Miyazaki de donner une autre dimension à son héroïne.

Alors que le mangaka avait pour idĂ©e de doter Yala d’un pantalon court et de mocassins bas, exposant ses jambes nues pour « rendre efficacement les mouvements vigoureux d’un personnage dynamique », il doit abandonner cette idĂ©e, car elle n’était pas compatible avec l’écosystĂšme agressif dans lequel NausicaĂ€ Ă©volue[AB 8]. DĂ©jĂ  Ă  cette Ă©poque, le nom « NausicaĂ€ » l’attire, et l’on peut voir sur un croquis Yala (ダラ, Yara) barrĂ© et remplacĂ© par NausicaĂ€ (ăƒŠă‚Šă‚·ă‚«, Naushika)[AB 8].

Miyazaki pensait Ă  l’origine faire de Yala une fille plus pulpeuse que ses personnages fĂ©minins habituels, caractĂ©ristique qui se retrouve dans certaines Ă©bauches dessinĂ©es entre 1980 et 1982[AB 9]. Il s’est cependant rendu compte qu’il ne pourrait pas dessiner NausicaĂ€ nue[note 3] sans que ça ne soit une trahison dont il aurait dĂ» s’excuser. Il considĂšre aprĂšs coup qu’il n’y avait de fait aucune raison de donner une telle dimension Ă  son personnage, et que ce revirement est le reflet de son dĂ©sir d’écrire une histoire plus « spirituelle »[5]. Quand Miyazaki dessine son hĂ©roĂŻne dans des poses un peu « sexy » (comme sur la couverture du numĂ©ro d’Animage de , oĂč NausicaĂ€ pose de face en souriant dans un dĂ©bardeur dĂ©chirĂ©), Miyazaki dĂ©clare d’ailleurs avoir conscience que « NausicaĂ€ ne prendrait jamais une telle pose », ce qui ne l’empĂȘche cependant pas de dessiner de telles illustrations[AB 10]. Il pense malgrĂ© tout que ne pas la dessiner jolie aurait causĂ© certains problĂšmes, car il avait besoin d’ĂȘtre subjuguĂ© par son hĂ©roĂŻne[5].

Lorsqu’il doit dessiner pour les couvertures ou les affiches son personnage de face et souriant, Miyazaki prend acte de la difficultĂ© que cela reprĂ©sente, car selon lui, « ça ne correspond pas au caractĂšre de [son] hĂ©roĂŻne »[AB 11]. Il n’aime pas « reprĂ©senter NausicaĂ€ trop rayonnante ou dans des attitudes typiques d’hĂ©roĂŻne », et l’imagine plutĂŽt, quand elle est seule, avec une mine « grave [
] calme et posĂ©e » (mais « pas renfrognĂ©e »)[AB 12]. S’il considĂšre son hĂ©roĂŻne « sombre et rĂ©servĂ©e », cette facette est contrebalancĂ©e selon lui par « le caractĂšre propre Ă  sa fĂ©minitĂ© »[AB 13]. Il pense Ă©galement que ces personnages « loin d’ĂȘtre Ă©panouis [
] sont les plus altruistes »[AB 13].

La transcription japonaise (qui dĂ©termine Ă©galement la prononciation) du nom « NausicaĂ€ » choisie par Miyazaki est celle proposĂ©e par Yataka Kobayashi, le traducteur de l’ouvrage de Bernard Evslin : ăƒŠă‚Šă‚·ă‚« (nauʃika). Le mangaka l’a prĂ©fĂ©rĂ©e Ă  celles alors en usage ăƒŽă‚·ă‚« (noʃika) et ăƒŽă‚žă‚« (noʒika)[AB 1].

Le chien de Yala a quant Ă  lui disparu au profit du renard-Ă©cureuil Teto, adoptĂ© par NausicaĂ€ au tout dĂ©but du manga et du film d’animation, qui accompagne l’hĂ©roĂŻne dans toutes ses tribulations et la protĂšge Ă  plusieurs reprises.

Conception d'une héroïne hors normes

Miyazaki ne cache pas avoir voulu brosser le portrait d’une hĂ©roĂŻne atypique. InterrogĂ© sur les capacitĂ©s hors normes de NausicaĂ€, autant dans le domaine des armes que dans celui de l’intellect, le mangaka dĂ©clare qu’à l’époque oĂč il a crĂ©Ă© son hĂ©roĂŻne, la plupart des hĂ©ros Ă©taient trop proches de personnes lambda afin de permettre aux lecteurs de s’identifier et de trouver l’histoire plausible. N’apprĂ©ciant pas vraiment cette tendance, il a crĂ©Ă© NausicaĂ€ de maniĂšre qu’elle ne ressemble pas Ă  une personne ordinaire[5].

Il prĂ©cise lors d’une interview faite par le Young Magazine que le caractĂšre qu’il comptait lui insuffler ne pouvait l’ĂȘtre que dans un personnage fĂ©minin, car « NausicaĂ€ n’est pas une hĂ©roĂŻne qui dĂ©fait ses adversaires, mais les comprend et les accepte. Elle vit dans une autre dimension. »[cit. 1] ; selon lui, un hĂ©ros masculin conduit Ă  trop de prĂ©jugĂ©s dans une fiction d’aventure, comme devoir introduire des antagonistes mĂ©chants aux yeux de tous, comme « les nazis dans Indiana Jones »[1] - [cit. 2].

Concernant les affinitĂ©s de NausicaĂ€ avec le vent, l’auteur dit s’ĂȘtre inspirĂ© de traductions de vieux ouvrages europĂ©ens de gĂ©ographie datant du Moyen Âge, oĂč la maĂźtrise du vent Ă©tait dĂ©crite comme de la « sorcellerie », crainte et respectĂ©e. Miyazaki a Ă©tĂ© impressionnĂ© par les usages dĂ©crits de l’utilisation des moulins, pour diverses tĂąches comme « repousser l’avancĂ©e des dunes ou moudre le grain ». InspirĂ© par Le Cycle de Terremer d’Ursula K. Le Guin, il a crĂ©Ă© le terme de « maĂźtre du vent » (éąšäœżă„, kaze tsukai) comme alternative au terme « MaĂźtre Ventier »[cit. 3], dont la traduction japonaise kaze no shi (鱹ぼ揾, litt. « celui qui dirige le vent ») lui semblait bien trouvĂ©e, bien qu’ignorant le terme original[AB 1].

Dans le film d’animation (qu’il conçoit durant l’écriture du manga), Miyazaki renforce encore le caractĂšre de NausicaĂ€, afin de donner l’impression au spectateur qu’elle peut faire face Ă  n’importe quel danger ou situation[1]. D’aprĂšs lui, son hĂ©roĂŻne est gouvernĂ©e dans cette Ɠuvre par une sorte d’animisme qu’il lui transmet[6] - [cit. 4].

Dans une sĂ©rie d’interviews accordĂ©es au magazine de critique littĂ©raire YOM Ă©ditĂ© par Iwanami Shoten Ă  l’occasion de la fin de la sĂ©rie en 1994, l’auteur raconte qu’il avait hĂ©sitĂ© Ă  l’origine Ă  faire de NausicaĂ€ une princesse, mais qu’il voulait justifier le fait qu’elle paraissait appartenir Ă  une Ă©lite. Finalement, en terminant son Ɠuvre, il s’est aperçu que ses idĂ©aux avaient radicalement changĂ©[note 4], et ce plus Ă  travers l’écriture de l’épopĂ©e que par sa propre Ă©volution dans la sociĂ©tĂ©. Les diffĂ©rences entre classes sociales ne lui semblent alors plus significatives : peu importe dans quel milieu social NausicaĂ€ est nĂ©e, la seule chose qui importe est sa personnalitĂ© et en quoi celle-ci la rend digne d’estime[7].

Tout du long des quatorze annĂ©es qu’a durĂ© la conception du manga, l’image que l’auteur se faisait de NausicaĂ€ est restĂ©e intacte ; il est parvenu cependant Ă  « mieux la comprendre qu’avant »[5].

Histoire

L’histoire du manga, peaufinĂ©e par Hayao Miyazaki durant 13 ans (de Ă  mars 1994[note 5]), est parue dans le magazine Animage, puis a Ă©tĂ© Ă©ditĂ©e en sept tomes grand format[note 6]. Elle est beaucoup plus complexe et dĂ©veloppĂ©e que l’histoire racontĂ©e par le film d’animation.

Le film d’animation a Ă©tĂ© conçu en 1984 quand Tokuma Shoten, l’éditeur d’Animage qui diffusait le manga Nausicaa de la VallĂ©e du Vent (éąšăźè°·ăźăƒŠă‚Šă‚·ă‚«, Kaze no Tani no Naushika), a dĂ©cidĂ© que le manga avait suffisamment de succĂšs pour parier sur celui d’une version animĂ©e[8]. S’il reprend le contexte et les personnages, le scĂ©nario est profondĂ©ment diffĂ©rent de celui de la version papier. On peut tout de mĂȘme noter que de nombreuses scĂšnes, dĂ©jĂ  parues dans le manga (correspondant alors Ă  peu prĂšs aux deux premiers tomes), ont Ă©tĂ© reprises telles quelles ou avec de lĂ©gers changements.

Note : Dans les rĂ©sumĂ©s ci-dessous, les parties de l’intrigue oĂč NausicaĂ€ est absente ont Ă©tĂ© volontairement omises pour se concentrer sur le personnage.

Manga

Au dĂ©but du manga, NausicaĂ€, princesse de la VallĂ©e du Vent, doit succĂ©der Ă  son pĂšre malade qui ne peut plus partir en guerre pour honorer une ancienne alliance et Ă©tant la seule survivante d'une fratrie de onze enfants. Sous le commandement de la princesse tolmĂšque Kushana, elle doit donc partir en guerre contre l’empire dork dans une mission suicide Ă  travers la mer de la dĂ©composition[note 7]. RetardĂ©e dans la forĂȘt par l’attaque d’Asbel qu’elle sauve des insectes, elle rencontre une tribu dork, et apprend leurs plans de destruction de l’armĂ©e tolmĂšque. Alors qu’elle aide le bĂ©bĂ© ĂŽmu torturĂ© par les Dorks pour attirer les insectes sur l’armĂ©e tolmĂšque, sa robe est teinte de bleu par le sang de l’îmu, et elle est reconnue comme « l’ĂȘtre vĂȘtu de bleu » qui doit provoquer une rĂ©volution dans le monde.

Ayant rĂ©veillĂ© les vieilles lĂ©gendes hĂ©rĂ©tiques, NausicaĂ€ se fait un ennemi mortel du saint-empereur dork, Miralupa, qui, par ses facultĂ©s cognitives, tente rĂ©guliĂšrement d’infiltrer son esprit quand elle est en Ă©tat de faiblesse. Ce dernier, trahi par son frĂšre aĂźnĂ©, trouve aux portes de la mort sa rĂ©demption dans l’esprit de NausicaĂ€. S’enfonçant de plus en plus dans les terres dork oĂč se prĂ©pare un nouveau « grand raz-de-marĂ©e » du fait de l’utilisation par les Dorks des spores toxiques comme arme de guerre, NausicaĂ€ est tĂ©moin de scĂšnes de guerre dramatiques auxquelles se mĂȘlent les insectes de la mer de la dĂ©composition[note 8]. Elle parvient au fur et Ă  mesure Ă  comprendre le rĂŽle de la forĂȘt toxique et de ses habitants dans la purification de la Terre, ainsi que leur mode opĂ©ratoire.

Alors que le nouvel Empereur, Namuris, dĂ©cide d’épouser Kushana pour former un empire unique uni sous sa fĂ©rule, il est victime d’un rejet dĂ» Ă  ses nombreux changements de corps, et lĂšgue Ă  NausicaĂ€ en guise de vengeance un dieu-guerrier gĂ©ant[note 9], arme technologique vivante de l’ancien monde, et qui a provoquĂ© sa destruction lors des « sept jours de feu ». Ne sachant que faire de cette crĂ©ature qui la prend pour sa mĂšre, incontrĂŽlable et incommensurablement dangereuse, trouvĂ©e Ă  Pejite, puis volĂ©e par les TolmĂšques, et enfin par les Dorks, NausicaĂ€ nomme le dieu-guerrier Ôma. Elle dĂ©cide d’aller avec lui au cimetiĂšre de Shuwa pour sceller l'accĂšs Ă  toutes les technologies de l’ancien monde qu’il contient.

Alors qu’elle subit une Ă©preuve morale initiatique dans le jardin idyllique de Shuwa qu’elle doit parvenir Ă  quitter (le gardien a pris une apparence proche de celle de sa mĂšre, et tente de la retenir), Ôma, utilisĂ© par l’empereur tolmĂšque Vuh, engage le combat contre le gardien du cimetiĂšre, un bĂątiment inexpugnable. AprĂšs avoir crĂ©Ă© une brĂšche dans le bĂątiment, Ôma tombe, mortellement blessĂ©. NausicaĂ€ le rejoint finalement dans les fondations du bĂątiment qu’ils dĂ©truisent ensemble, scellant la technologie ancienne afin que le monde nouveau puisse repartir sur des bases saines.

Film d'animation

AprĂšs avoir trouvĂ© une carapace d’îmu en recueillant des spores dans la forĂȘt toxique, NausicaĂ€ se porte au secours de maĂźtre Yupa, attaquĂ© par un ĂŽmu qu'elle parvient Ă  calmer. À leur retour dans la VallĂ©e du Vent, NausicaĂ€ se fait raconter par la vieille Oh-Baba la lĂ©gende de l’ĂȘtre vĂȘtu de bleu qui « descendra du ciel sur un champ tapissĂ© d’or, et renouera le lien perdu avec la Terre ». La nuit suivante, ils aperçoivent un vaisseau tolmĂšque en perdition attaquĂ© par des insectes ; le vaisseau s’écrase non loin, et NausicaĂ€ recueille les derniĂšres paroles de Lastel, princesse de la citĂ© de Pejite, otage des TolmĂšques, qui s’inquiĂšte de savoir si la cargaison a bien Ă©tĂ© dĂ©truite. En voulant dĂ©truire les spores dissĂ©minĂ©es par l’avion, les gens de la vallĂ©e remarquent un insecte blessĂ© que NausicaĂ€ parvient Ă  rassĂ©rĂ©ner et Ă  reconduire dans la forĂȘt.

La cargaison du vaisseau Ă©crasĂ© est un dieu-guerrier en Ă©tat de sommeil. Les gens de la vallĂ©e ne tardent pas Ă  recevoir la visite de vaisseaux et chars tolmĂšques qui assassinent le roi Jill, pĂšre de NausicaĂ€. Prise de fureur, celle-ci tue de nombreux soldats avant l’intervention de Yupa. Les troupes tolmĂšques, dirigĂ©es par la princesse Kushana ont pour ordre de rĂ©cupĂ©rer le dieu-guerrier pour le faire revivre et brĂ»ler la forĂȘt toxique. La vieille Oh-Baba s’oppose Ă  cette idĂ©e, rĂ©vĂ©lant que tous ceux qui ont voulu brĂ»ler la forĂȘt auparavant ont Ă©tĂ© dĂ©truits par une armĂ©e d’îmus en colĂšre qui sont venus dĂ©truire les villes, et sont morts de faim, faisant naĂźtre encore plus de forĂȘt de leurs carcasses. Pour Ă©viter un bain de sang, NausicaĂ€ accepte de coopĂ©rer avec Kushana, et de l’accompagner, comme otage, pour rejoindre le gros des troupes tolmĂšques Ă  la citĂ© de Pejite qu’ils ont dĂ©jĂ  vaincue.

Durant le trajet, ils sont attaquĂ©s par Asbel, le frĂšre de Lastel, qui dĂ©truit la quasi-totalitĂ© de la flotte avant de se faire lui-mĂȘme abattre. Mito, NausicaĂ€ et Kushana parviennent Ă  s’échapper avec le gunship de la VallĂ©e du Vent, et descendent pour secourir la barge qui s’est dĂ©tachĂ©e pendant le combat, avec les anciens Ă  son bord. NausicaĂ€ parvient Ă  les guider pour se poser sur un lac ; alors que Kushana tente de prendre le contrĂŽle de la situation avec son arme, des ĂŽmus montent Ă  la surface, et « parlent » Ă  NausicaĂ€, lui apprenant qu'Asbel est encore en vie et pourchassĂ© par les insectes. NausicaĂ€ donne l’ordre Ă  Mito de remonter avec la barge et de l’attendre, puis part au secours d’Asbel avec son mƓve.

Alors que NausicaĂ€ parvient Ă  rattraper Asbel, ils sont projetĂ©s au sol par un insecte et tombent dans le sable ; ils se retrouvent sous la forĂȘt. Inconsciente, NausicaĂ€ rĂȘve de son enfance, du moment oĂč elle avait voulu sauver un bĂ©bĂ© ĂŽmu, crĂ©ant ainsi son lien avec la race d’insectes. À son rĂ©veil, l’air est respirable et NausicaĂ€ comprend le secret de la forĂȘt toxique : les arbres purgent la pollution, la transformant en cristaux, puis meurent en se transformant en sable. Asbel rĂ©pare le mƓve, et ils repartent en direction de la citĂ© de Pejite qu’ils dĂ©couvrent ravagĂ©e par les insectes : des survivants de la ville ont utilisĂ© un bĂ©bĂ© ĂŽmu torturĂ© pour attirer les insectes sur la ville et la dĂ©truire avec les envahisseurs tolmĂšques. Ils apprennent Ă  NausicaĂ€ qu’ils comptent faire de mĂȘme avec la VallĂ©e du Vent oĂč se trouvent le dieu-guerrier et les troupes tolmĂšques. HorrifiĂ©e, elle tente de partir, mais est assommĂ©e avec Asbel qui tentait de la dĂ©fendre.

LibĂ©rĂ©e grĂące Ă  une ruse de la mĂšre d’Asbel, NausicaĂ€ s’enfuit avec son mƓve au moment oĂč le vaisseau de Pejite est attaquĂ© par les tolmĂšques ; poursuivie par ceux-ci Ă©galement, NausicaĂ€ est sauvĂ©e par Mito et Yupa aux commandes du gunship ; tandis que Yupa s’occupe des TolmĂšques sur le vaisseau de Pejite, Mito et NausicaĂ€ partent enrayer la marche des insectes sur la VallĂ©e du Vent. Ils trouvent le vaisseau transportant le bĂ©bĂ© ĂŽmu torturĂ©, et NausicaĂ€ parvient Ă  le renverser grĂące Ă  son mƓve, tandis que Mito part prĂ©venir les habitants de la vallĂ©e. NausicaĂ€ empĂȘche le bĂ©bĂ© blessĂ© d’entrer dans le lac d’acide, teintant sa robe du sang bleu de l’insecte. Elle force les conducteurs du vaisseau Ă  les emmener pour les dĂ©poser devant l’armĂ©e d’îmus qui se dirige sur la vallĂ©e.

NausicaĂ€ fait face Ă  la masse d’îmus en colĂšre qui chargent et se retrouve projetĂ©e par le choc. Son sacrifice stoppe la colĂšre des insectes qui forment un cercle autour de l’hĂ©roĂŻne, la ramĂšnent Ă  la vie et la transportent sur leur multitude de tentacules dorĂ©s. La vieille Oh-Baba y reconnaĂźt l’ĂȘtre vĂȘtu de bleu tel que le dĂ©crit la lĂ©gende.

Personnalité

Dans un chapitre d’analyse sur la « masculinitĂ© fĂ©minine dans les Ɠuvres de fiction »[cit. 5], James E. Roberson et Nobue Suzuki considĂšrent que Miyazaki a brossĂ© le portrait d’une hĂ©roĂŻne « jeune et forte, bien ancrĂ©e dans la tradition shƍjo »[9] - [cit. 6]. Ils relatent la conception de Ogita, un dramaturge Ă©crivant pour la Revue Takarazuka qui compare son travail avec celui de Miyazaki : pour lui, le plus important est le fait que les hĂ©roĂŻnes du mangaka sont pures et asexuĂ©es, donnant plus de volume dans le traitement des thĂšmes de la puretĂ© et de la force[9]. Dans le manga, lors de leur premiĂšre rencontre, le vĂ©nĂ©rable dork du clan Mani dĂ©crit NausicaĂ€ comme « une enfant remarquable », dotĂ©e d’« une alchimie [
] profonde de douceur et d’intrĂ©piditĂ© »[T 2].

Susan J. Napier, professeur en langue et littĂ©rature asiatique (universitĂ© Tufts), diplĂŽmĂ©e de Harvard et auteur de livres sur le sujet des anime, voit NausicaĂ€ comme une « personnalitĂ© unique, combinant les qualitĂ©s fĂ©minines (Ă©merveillement, compassion, sympathie) et masculines (connaissances techniques et puissance physique) »[10]. Son entrĂ©e en scĂšne dans le film, comme une « figure androgyne masquĂ©e », rĂ©vĂšle bientĂŽt un caractĂšre « charmant et lyrique du shƍjo traditionnel », appuyĂ© par la voix de la seiyĆ«, quand NausicaĂ€ s’émerveille devant la carapace de l’îmu, et part en rĂȘverie sous la neige des spores de la forĂȘt[10]. Les qualitĂ©s de l’hĂ©roĂŻne semblent Ă©videntes dĂšs le dĂ©but du film, l’étrangetĂ© du dĂ©cor vu Ă  travers ses yeux laissant au spectateur une impression puissante ; elle reprĂ©sente un « idĂ©al de la fĂ©minitĂ© [
], polymathe, dotĂ©e de pouvoirs particuliers et potentiellement une figure messianique »[10] - [cit. 7]. Selon elle, la maĂźtrise du vent par NausicaĂ€, ainsi que la scĂšne finale oĂč l’hĂ©roĂŻne marche sur un champ crĂ©Ă© par les tentacules des ĂŽmus sont des Ă©lĂ©ments d’un thĂšme rĂ©current dans l’Ɠuvre de Miyazaki : en dotant ses hĂ©roĂŻnes de la capacitĂ© de voler, l’auteur symbolise leur capacitĂ© Ă  dĂ©passer les limites du rĂ©el[10].

RaphaĂ«l Colson, essayiste français de science-fiction passionnĂ© de l’Ɠuvre de Miyazaki et GaĂ«l RĂ©gner, spĂ©cialiste de la langue et de la culture japonaise, auteurs de l’essai Hayao Miyazaki : Cartographie d’un univers, voient en NausicaĂ€ une jeune fille qui a dĂ» « grandir plus vite que son Ăąge » du fait de ses responsabilitĂ©s, mais agit avec maturitĂ©, diplomatie, attention et rĂ©solution. Ils voient en elle « la princesse d’une fĂ©odalitĂ© idĂ©alisĂ©e [
] aimĂ©e et respectĂ©e par ses sujets, [
] crainte et admirĂ©e par ses ennemis »[C 1].

Empathie et communication

Lucy Wright considĂšre que la vision qu'a NausicaĂ€ de la forĂȘt est similaire Ă  la vision shinto du monde par Motoori Norinaga : « Le ciel, la terre et tout ce qu’ils contiennent sont dignes d’intĂ©rĂȘt si on les observe attentivement. » Pour elle, NausicaĂ€ est une exception dans sa capacitĂ© Ă  voir la « bonne nature » en toute chose. Tandis que les autres personnages ignorent ou attaquent la forĂȘt, elle est capable de voir la sincĂ©ritĂ© (真濃, magokoro), et respecte toutes les formes de vie. L’hĂ©roĂŻne est ainsi une sorte de « dĂ©esse purificatrice »[cit. 8] qui rachĂšte les fautes des autres protagonistes[11]. Dans le manga, Ă  un vieux moine qui prĂ©tend que « la mort de ce monde est inĂ©luctable » du fait de la folie des hommes, NausicaĂ€ rĂ©torque : « Notre Dieu des Vents nous enseigne que la vie est au-dessus de tout ! Et moi j’aime la vie ! La lumiĂšre, le ciel, les hommes, les insectes, je les aime plus que tout !! »[T 3] RaphaĂ«l Colson et GaĂ«l RĂ©gner considĂšrent que cette vision « refuse Ă©videmment tout manichĂ©isme », et que NausicaĂ€ est lucide sur les souffrances de son peuple. Mais savoir que, mĂȘme dans la douleur, on peut trouver de l’espoir et des instants de joie lui permet de « promouvoir une coexistence fraternelle » entre les hommes et la Mer de la dĂ©composition. En dĂ©couvrant le secret de cette derniĂšre, elle comprend qu’ils forment un Ă©cosystĂšme commun avec les insectes, contredisant la vision de son pĂšre (« Les insectes et les hommes ne peuvent pas vivre dans le mĂȘme monde. »[T 4])[C 2].

Plus tard, NausicaĂ€ rĂ©pond au gardien du tombeau de Shuwa qui tente de la faire passer pour Ă©goĂŻste puisqu'elle refuse la purification programmĂ©e de la Terre passant par le sacrifice de toutes les vies du monde ancien : « Nous pouvons connaĂźtre la beautĂ© et la cruautĂ© du monde sans l’aide d’un tombeau gĂ©ant et son escorte de serviteurs. Parce que notre dieu, lui, est vivant dans la moindre feuille et le moindre insecte. »[T 5] ; les deux auteurs reconnaissent Ă©galement dans ces tirades une « conception du monde faisant clairement appel Ă  l’esprit shintĂŽ »[C 3].

Selon Patrick Drazen, NausicaĂ€ possĂšde l’esprit yasashii (ć„Șしい, litt. « gentil »), la compassion qui manque Ă  Kushana, la princesse de l’empire tolmĂšque, et qui lui permet de comprendre la raison d’ĂȘtre des insectes et de les accepter au lieu de les combattre comme son opposante[8]. Il considĂšre que NausicaĂ€, en poussant plus loin le comportement de la « princesse qui aimait les insectes » dont elle a Ă©tĂ© inspirĂ©e, « peut difficilement ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une hĂ©roĂŻne traditionnelle »[cit. 9], mais que le contexte justifie toutes ses actions[8].

Ce trait de caractĂšre est accentuĂ© par les facilitĂ©s de communication de NausicaĂ€ qui parvient Ă  comprendre de nombreuses formes de vie (humains, animaux, vĂ©gĂ©taux), et Ă  ĂȘtre comprise par elles. Toute petite, elle tente de s’interposer entre un bĂ©bĂ© ĂŽmu et les gens de son peuple, crĂ©ant un lien avec la race des insectes gĂ©ants[note 10]. Son ancien mentor, Yupa, remarque Ă  plusieurs reprises cette affinitĂ© avec les animaux[cit. 10] - [cit. 11] - [cit. 12], ainsi que son don pour comprendre la forĂȘt[cit. 13]. D’aprĂšs RaphaĂ«l Colson et GaĂ«l RĂ©gner, cette volontĂ© de comprendre et de trouver des remĂšdes trouve son origine dans un lourd fardeau : NausicaĂ€ est la seule survivante d’une fratrie de onze enfants ; ses aĂźnĂ©s lui ont permis de vivre en absorbant le poison du corps de leur mĂšre[C 4].

Pour venir en aide Ă  des personnes ou des animaux, NausicaĂ€ n’hĂ©site pas Ă  se mettre rĂ©guliĂšrement elle-mĂȘme en danger, comme lorsqu’elle enlĂšve son masque respiratoire parmi les spores toxiques pour donner des instructions Ă  des hommes en perdition[T 6], ou qu’elle descend dans un puits aider des hommes attaquĂ©s par un insecte gĂ©ant[T 7].

L’auteur de Travelling sur le cinĂ©ma d’animation Ă  l’école, Vincent Marie, fait remarquer que le personnage de NausicaĂ€ est le « hĂ©raut parfait » du message de Miyazaki sur « le respect envers toute forme de vie » : elle est la seule Ă  pouvoir, ou plutĂŽt Ă  vouloir entrer en communication avec les ĂŽmus, avec un appeau Ă  insectes tout d’abord, puis par tĂ©lĂ©pathie[12]. Par cette communication et ces Ă©changes, NausicaĂ€ « atteint la plĂ©nitude intĂ©rieure [et] accĂšde Ă  une dimension originaire, particuliĂšrement harmonieuse, presque fƓtale [
] »[12].

Un cÎté messianique

Dans le chapitre intitulĂ© « NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent : la grande saga mythopoĂ©tique de Hayao Miyazaki » publiĂ© dans le cadre d’une Ă©tude sur Mythe et bande dessinĂ©e faite Ă  l’universitĂ© Clermont-Ferrand-II, Nathalie Dufayet dĂ©crit le manga de Hayao Miyazaki comme une « mythologie » homĂ©rique[13]. HĂ©ritiĂšre des prĂ©ceptes du shintoĂŻsme, NausicaĂ€ est dotĂ©e de « dons d’empathie quasi surnaturels – et ce pour communiquer avec toutes sortes d’ĂȘtres vivants »[13]. Dans son vĂȘtement bleu teintĂ© de sang d’îmu, sur son mƓve, NausicaĂ€ incarne la lĂ©gende hĂ©rĂ©tique dork de l’« Être ailĂ© vĂȘtu de bleu » amenĂ© Ă  sauver l’humanitĂ©, reprĂ©sentant l’« Éternel retour du messie » et donnant une « dimension mythique » au personnage, accentuĂ©e par le fait que le nom de l’Ɠuvre est celui de l’hĂ©roĂŻne[13]. Cependant, du point de vue de NausicaĂ€, « cette image n’est qu’un leurre idĂ©ologique supplĂ©mentaire » ; c’est malgrĂ© elle que ses aspirations Ă  « sauver ce qu’il reste de vivant et d’humain dans le monde » fait ressortir un « messianisme patent »[13]. Le premier Ă  la reconnaĂźtre ainsi est finalement le vĂ©nĂ©rable du clan Mani qui se sacrifie pour la sauver, en laissant un message tĂ©lĂ©pathique Ă  son peuple : « Les anciennes prĂ©dictions disaient vrai
 L’élue qui vous guidera vers des terres pures de verdeur est apparue ! Elle est Ă©prise des arbres, parle aux insectes et appelle le vent, tel un oiseau
 »[T 8] - [note 11].

Susan J. Napier remarque que NausicaĂ€, en tant que figure messianique, se dĂ©tache de la tradition par sa condition fĂ©minine[14]. Cependant, son association avec la figure messianique masculine de l’ĂȘtre vĂȘtu de bleu sur la tapisserie de la chambre du roi Jill dans le film d’animation en fait, selon l’universitaire japonais Kamata TĂŽji, une figure androgyne, peut-ĂȘtre mĂȘme Ă©quivalente Ă  un Bodhisattva, disciple de Bouddha combinant compassion et actions salvatrices[14] - [15]. Susan J. Napier compare le cĂŽtĂ© messianique de NausicaĂ€ avec celui du personnage Tetsuo dans Akira : bien qu'ils soient tous deux dotĂ©s de capacitĂ©s « surnaturelles », le messianisme de Tetsuo, « clairement nĂ©gatif et solipsiste » est orientĂ© vers la destruction et l’absence de considĂ©ration des survivants du monde post-apocalyptique, tandis que celui de NausicaĂ€ est purement constructif, lui permettant de communiquer avec les ĂŽmus, et de leur inspirer de la compassion pour l’homme[14]. Le « sacrifice » de NausicaĂ€ pour le reste de l’humanitĂ© et sa « rĂ©surrection », Ă  la fin du film d’animation, semble ĂȘtre la seule voie messianique logique selon la critique et auteur amĂ©ricaine[14].

RaphaĂ«l Colson et GaĂ«l RĂ©gner considĂšrent que NausicaĂ€ « appartient indĂ©niablement Ă  la famille des messies », mais que cette image qu’elle renvoie n’est pas calculĂ©e : la spontanĂ©itĂ© dont elle fait montre lorsqu’elle apporte son aide aux Dorks, comme aux TolmĂšques, associĂ©e Ă  sa capacitĂ© Ă  voyager dans les airs tel un oiseau sur son mƓve fait resurgir les anciennes lĂ©gendes en des temps de doutes et de grands changements. De plus, certains « miracles », comme sa dĂ©couverte dans une poche de sĂ©rum vital au sein de la forĂȘt toxique[T 9] renforce son cĂŽtĂ© messianique auprĂšs des diffĂ©rents peuples qu’elle est amenĂ©e Ă  cĂŽtoyer et qu’elle parvient ainsi Ă  « rallier Ă  sa cause pacifiste »[C 3]. En comparaison avec Paul AtrĂ©ides du Cycle de Dune, de Frank Herbert, autre figure messianique et source d’inspiration pour Miyazaki, ce statut d’icĂŽne n’est pas non plus revendiquĂ©[C 5] : tout comme Paul, NausicaĂ€ a « prĂ©sidĂ© Ă  la naissance d’une nouvelle Ăšre », mais contrairement Ă  lui, elle n’a pas « imposĂ© une nouvelle organisation, du style rigide et dogmatique »[C 3]. Les deux essayistes voient ce rĂŽle comme une Ă©volution de celui du prince dans Le Voyage de Shuna : bien que visant le mĂȘme objectif, la libĂ©ration de l’humanitĂ©, leurs destinĂ©s « s’inscrivent dans des trajectoires diamĂ©tralement inversĂ©es » : NausicaĂ€ a un caractĂšre bien plus universel, Ă  dimension messianique, que Shuna qui « s’inscrit dans une perspective intimiste »[C 6].

Miyazaki a, quant Ă  lui, rĂ©alisĂ© au cours de l’écriture du manga que le rĂŽle de NausicaĂ€ n’était pas celui d’une dirigeante, mais plutĂŽt celui d’une reprĂ©sentante appelĂ©e Ă  guider les autres par ses observations. Plus que son hĂ©roĂŻne elle-mĂȘme, ce sont donc ceux qui lui font finalement confiance qui sont appelĂ©s Ă  « faire bouger les choses »[7]. Il est embarrassĂ© de ce cĂŽtĂ© messianique qui transparaĂźt dans le film lors de la scĂšne de la rĂ©surrection, n’ayant pas rĂ©ussi Ă  gĂ©rer le scĂ©nario de maniĂšre que les ĂŽmus s’arrĂȘtent avant de projeter son hĂ©roĂŻne, et explique dans Art of Laputa qu’il « n’avait pas dans l’idĂ©e de faire de NausicaĂ€ une Jeanne d’Arc [et souhaitait] enlever les aspects religieux. MalgrĂ© tout, cette scĂšne est devenue une scĂšne religieuse. »[C 3].

Un cÎté sombre

La vengeance de NausicaĂ€ sur les soldats qui ont assassinĂ© son pĂšre choque Susan J. Napier qui trouve dĂ©placĂ©e une telle scĂšne, digne d’un hĂ©ros classique masculin. Cependant, le passage qui suit voit les regrets de NausicaĂ€, et la montre vulnĂ©rable pour la seule et unique fois dans le film. En la montrant dans une scĂšne de violence aveugle, puis de contrition intense, Miyazaki humanise son personnage, le rendant encore plus complexe[10].

Patrick Drazen considĂšre cependant que lorsque NausicaĂ€ prend l’épĂ©e pour combattre et tuer, c’est pour venger son pĂšre assassinĂ©[note 12] ; pour lui, mĂȘme si elle agit durant cette scĂšne de maniĂšre agressive et violente, elle conserve un esprit yasashii, comme San, l’hĂ©roĂŻne de Princesse MononokĂ©[8].

Selon Miyazaki, « NausicaĂ€ et Kushana sont trĂšs similaires ; elles sont comme les deux faces d’une mĂȘme piĂšce »[5] - [cit. 14]. Mais Kushana, du fait de ses blessures, est « le personnage le plus noir et le plus destructeur » que l’auteur considĂšre avoir dessinĂ©, se rapprochant de hĂ©ros comme Shuna dans Le Voyage de Shuna ou Ashitaka dans Princesse MononokĂ© ; le cĂŽtĂ© sombre et rĂ©servĂ© de NausicaĂ€ est le reflet de ce caractĂšre enfoui[AB 13]. AprĂšs son acte, pleurant dans les bras de son ancien mentor Yupa, NausicaĂ€ se rend elle-mĂȘme compte de cette haine qui dort en elle[cit. 15].

RaphaĂ«l Colson et GaĂ«l RĂ©gner voient dans cette violence latente qui sommeille en NausicaĂ€ « une faille qu’elle n’aura de cesse de vouloir refermer » car elle la terrifie : « l’impulsivitĂ© de ses sentiments peut la pousser Ă  commettre de terribles erreurs ». Ils remarquent cependant que cette faiblesse permet de rendre l’hĂ©roĂŻne « humaine et faillible » au-delĂ  de son statut messianique, et que son pacifisme est finalement forgĂ© par cette lutte intĂ©rieure contre son cĂŽtĂ© sombre[C 1].

Dans son analyse de l’Ɠuvre de Miyazaki, GaĂ«l Berton voit dans cette colĂšre enfouie et parfois incontrĂŽlable qui la fait douter d’elle-mĂȘme une faillibilitĂ© paradoxale qui humanise NausicaĂ€ ; bien qu’elle soit « courageuse, dĂ©terminĂ©e, aimĂ©e et a priori sans peur », elle n’est pas « l’hĂ©roĂŻne parfaite qu’il aurait Ă©tĂ© facile de crĂ©er »[16].

Parcours initiatique et dilemme cornélien

RaphaĂ«l Colson et GaĂ«l RĂ©gner remarquent que le parcours des jeunes hĂ©ros de Miyazaki suit de maniĂšre assez gĂ©nĂ©rale le mĂȘme schĂ©ma directeur. D’un « espace fermĂ© » initial, reprĂ©sentant la bulle oĂč ils ont vĂ©cu leur enfance, par un parcours initiatique, parsemĂ© d’obstacles divers et symbolisant le passage de l’état d’enfant Ă  celui d’adulte en devenir, ils accĂšdent Ă  un autre espace fermĂ©, un « jardin secret »[C 7]. Cette accession se fait par un passage, gĂ©nĂ©ralement secret.

NausicaĂ€ n’échappe pas Ă  cette rĂšgle ; non seulement elle-mĂȘme cultive au sein de son espace fermĂ© d’origine un jardin secret personnel (accessible par une porte dĂ©robĂ©e dans un mur de sa chambre), oĂč elle commence Ă  Ă©tudier la forĂȘt toxique[T 10], mais lors de son parcours initiatique, elle accĂšde Ă  plusieurs espaces fermĂ©s difficiles d’accĂšs, qui sont autant de lieux lui permettant d’accĂ©der Ă  la connaissance sur la forĂȘt et le monde ayant prĂ©cĂ©dĂ© le cataclysme apocalyptique.

Le premier passage, et le seul prĂ©sent dans l’anime, se fait lorsque l’hĂ©roĂŻne, accompagnĂ©e d’Asbel, tombe au sein de la forĂȘt toxique et se fait engloutir par les sables mouvants qui tapissent son sol. Se retrouvant sous les arbres, dans un espace non contaminĂ© par les spores toxiques, elle comprend alors pleinement la raison d’ĂȘtre de la forĂȘt.

Mais selon les deux auteurs, le plus beau voyage pour atteindre un de ces espaces fermĂ©s se trouve dans le manga, quand, accompagnĂ©e de Selm et de Miralupa dans son esprit[T 11], elle atteint les limites de la forĂȘt et y dĂ©couvre « un monde rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© et vierge de toute souillure »[C 8]. Bien que NausicaĂ€ ne puisse faire cette traversĂ©e que par le biais d’une vision, car ses poumons sont adaptĂ©s Ă  la pollution et ne pourraient supporter un air aussi pur, « le seul fait de savoir a suffi pour que son Ăąme tourmentĂ©e s’apaise »[C 9]. La jeune fille dĂ©cide cependant de taire ce secret, « scellant ainsi le destin qu’elle trace pour son « peuple » »[C 2], car mĂȘme si « ce serait si merveilleux de vivre tous ensemble, dans ce monde libĂ©rĂ© de poisons et de miasmes »[T 12], elle estime que cette nature rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e est encore trop faible pour subir la folie des hommes[cit. 16], et qu’il faudra un millĂ©naire pour qu’elle devienne plus forte et que l’homme acquiĂšre peut-ĂȘtre la sagesse nĂ©cessaire pour ne pas la dĂ©truire[cit. 17].

D’aprĂšs Nathalie Dufayet, la scĂšne au jardin paradisiaque de Shuwa (auquel NausicaĂ€ accĂšde, transportĂ©e par le gardien), reprĂ©sente un passage initiatique durant lequel elle sort de l’enfance en apprenant « la vĂ©ritĂ© sur la culpabilitĂ© nichĂ©e au cƓur de l’ĂȘtre » : le gardien du jardin la met en garde, car vouloir sauver le monde peut amener au pouvoir et Ă  la tyrannie[note 13] ; il lui dĂ©montre Ă©galement que cette aspiration est vaine, car la disparition du monde actuel et de ses habitants est inĂ©luctable, afin de « cĂ©der sa place, selon la loi du cycle, Ă  un autre monde, rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© ». MalgrĂ© ce fait, NausicaĂ€ choisit finalement d’aller Ă  l’encontre de cette inĂ©luctabilitĂ©, et de se battre pour ce monde dans lequel elle vit et qu’elle aime[13].

Pour RaphaĂ«l Colson et GaĂ«l RĂ©gner, dans ce jardin, NausicaĂ€ est « prisonniĂšre d’une utopie bienveillante ». Elle parvient Ă  s’en libĂ©rer de force, aidĂ©e par Selm Ă  nouveau[T 13], considĂ©rant qu’il ne « concerne plus son monde » et « n’est qu’un mirage, ou plus exactement une image fantĂŽme »[C 10]. Elle s’aperçoit alors que l’accĂšs au jardin est cachĂ©, se faisant par une porte invisible dans un mur[T 14].

Elle accĂšde ensuite Ă  un autre espace cachĂ©, le cimetiĂšre de Shuwa. La capitale dork reprĂ©sente selon les deux auteurs « l’exemple mĂȘme de l’espace fermĂ© abritant en son cƓur un autre espace fermĂ© »[C 11]. Parvenant grĂące Ă  Ôma Ă  pĂ©nĂ©trer dans le sanctuaire, elle est confrontĂ©e au maĂźtre du tombeau, un superordinateur datant de l’ùre prĂ©cĂ©dant le cataclysme, et apprend les secrets de cette civilisation[T 15]. Ce « dieu de l’ancien monde » lui demande de ne pas se mettre en travers du futur prĂ©programmĂ© par ses ancĂȘtres, qui ont crĂ©Ă© la forĂȘt toxique pour purifier la Terre, et conservĂ© des embryons aptes Ă  rĂ©sister Ă  l’air pur. Mais NausicaĂ€ refuse ce destin[cit. 18], dont elle et son peuple sont les victimes sacrifiĂ©es pour cette nouvelle humanitĂ©[C 12]. MalgrĂ© la tentative de sĂ©duction par la machine, qui lui promet de rĂ©gĂ©nĂ©rer leurs corps modifiĂ©s pour rĂ©sister Ă  la pollution[cit. 19], elle « rejette toute soumission Ă  la programmation arbitraire », considĂ©rant que cette noble cause ne « fait qu’accentuer le chaos » et que l’ordinateur n’est « qu’une puissance disparue s’accrochant Ă  un rĂȘve depuis longtemps Ă©vaporĂ© »[C 13]. Elle demande alors Ă  Ôma de dĂ©truire les lieux, endossant son rĂŽle messianique, mais choisissant une autre voie que celle tracĂ©e[C 12].

Couples

Selon la majoritĂ© des auteurs, le cĂŽtĂ© messianique et le caractĂšre de NausicaĂ€ laissent peu de place au sentimental. Si Susan Napier prĂ©tend que la relation entre NausicaĂ€ et Asbel est « potentiellement Ă©rotique »[17], Kaori Yoshida considĂšre au contraire, dans son travail universitaire sur l’évolution des hĂ©roĂŻnes dans les anime, prĂ©sentĂ© Ă  l’universitĂ© Western Washington en 2002, que la jeune hĂ©roĂŻne n’est pas conçue pour attirer le regard masculin ; elle la considĂšre plutĂŽt comme une « figure de mĂšre post-Ɠdipienne »[18] - [note 14].

Selon RaphaĂ«l Colson et GaĂ«l RĂ©gner, la destinĂ©e messianique de NausicaĂ€ ne lui permet pas de lier de relations intimes. Ils caractĂ©risent son couple avec Asbel comme une « paire d’enfants de la premiĂšre gĂ©nĂ©ration » au mĂȘme titre que Tem et Sasan de l’Ɠuvre Le Peuple du dĂ©sert (ç ‚æŒ ăźæ°‘, Sabaku no Tami), Conan et Lana de Conan, le fils du futur (æœȘæ„ć°‘ćčŽă‚łăƒŠăƒł, Mirai Shƍnen Conan) et Pazu et Sheeta dans Le ChĂąteau dans le ciel (怩ç©șăźćŸŽăƒ©ăƒ”ăƒ„ă‚ż, TenkĆ« no shiro Rapyuta), « union entre force brute et spiritualitĂ© pacificatrice »[C 14]. Ils notent par ailleurs que dans le manga, Asbel deviendra « un soutien sans faille » pour NausicaĂ€[cit. 20], tout en se rapprochant plus intimement d’une jeune femme dork rencontrĂ©e lors de leur pĂ©riple, Kecha. L’hĂ©roĂŻne, quant Ă  elle, rencontre un autre personnage masculin, un jeune homme de « ceux de la forĂȘt » nommĂ© Selm, qui en viendra Ă  se dĂ©clarer Ă  elle en l’invitant Ă  venir vivre auprĂšs de lui au sein de la mer de la dĂ©composition[cit. 21]. Si la rĂ©ponse de NausicaĂ€ est alors sans appel[cit. 22] — elle ne peut pas abandonner son monde pour couler une vie heureuse dans la forĂȘt —, Miyazaki laisse planer le doute Ă  la fin du manga, Ă©voquant la possibilitĂ© d’une union entre eux[cit. 23].

RĂ©ception

En , NausicaĂ€ reçoit au Japon le prix du « meilleur personnage fĂ©minin de l’annĂ©e » lors de l’Anime Grand Prix organisĂ© par le magazine Animage[A 1]. Lors du premier classement des « meilleurs personnages de tous les temps » du magazine Animage, en , elle est classĂ©e 1re, initiant un « rĂšgne » sans Ă©quivalent dans la catĂ©gorie[A 2]. Elle reste en tĂȘte de ce classement jusqu’en , sauf en oĂč elle se classe 2e[A 3] et en oĂč elle se classe 3e[A 4]. Elle continue d’apparaĂźtre systĂ©matiquement dans le top 20 jusqu’en [note 15], puis en disparaĂźt au profit de personnages plus rĂ©cents.

Marc Hairston, Ă  l’origine de l’introduction pour la premiĂšre fois de NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent au programme d’« arts et lettres » d’une universitĂ© amĂ©ricaine (l’UniversitĂ© du Texas Ă  Dallas), analyse un thĂšme rĂ©current dans l’Ɠuvre concernant le personnage de NausicaĂ€ : on lui met rĂ©guliĂšrement entre les mains un pouvoir qu’elle ne souhaitait pas, puis on lui laisse prendre les dĂ©cisions difficiles. À la fin du manga, il reconnaĂźt la mĂȘme trame que dans Princesse MononokĂ© : NausicaĂ€ doit faire un choix pour le futur du monde, alors qu’il ne semble y avoir aucune issue favorable quelle que soit la voie choisie[19].

Dans son Ă©tude Travelling sur le cinĂ©ma d’animation Ă  l’école, Vincent Marie estime que NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent « sollicite une rĂ©flexion sur les « personnages-types » des lĂ©gendes. », NausicaĂ€ Ă©tant « tout Ă  la fois princesse, combattante, ambassadrice, joueuse, enfant, martyr [
] permet au spectateur de s’identifier Ă  elle et le conduit dans une lĂ©gende aux rĂ©sonances initiatiques »[12].

Sumi Shimamoto, la seiyƫ qui a doublé la voix de NausicaÀ dans la version originale en japonais, au Sakura-Con en 2007.

Dans la version originale du film d’animation, Patrick Drazen salue la prestation de la seiyĆ« de NausicaĂ€, Sumi Shimamoto, au moment oĂč NausicaĂ€, mettant un pied dans un lac d’acide en tentant d’empĂȘcher un bĂ©bĂ© ĂŽmu d’y entrer, pousse un cri qu’il dĂ©crit comme « arrachant des larmes Ă  l’auditeur et plaçant haut la barre pour les voix de dessins animĂ©s »[8] - [cit. 24]. Il critique par contre vivement la version amĂ©ricaine du film d’animation supervisĂ©e par Roger Corman (Warriors of the Wind, 1984) qui se concentre sur l’action et coupe des scĂšnes et des dialogues qui aident pourtant Ă  clarifier la dualitĂ© fĂ©minine entre NausicaĂ€ et Kushana[8].

Dans son article d’analyse pour T.H.E.M. Anime Reviews, Stig HĂžgset est lĂ©gĂšrement agacĂ© par le caractĂšre de NausicaĂ€ prĂ©sentĂ© dans le film, considĂ©rant que mĂȘme si les personnages fĂ©minins au caractĂšre fort ne sont pas une nouveautĂ© dans les Ɠuvres du Studio Ghibli, celui de NausicaĂ€ est un peu trop poussĂ©. Elle est la seule dans la vallĂ©e Ă  tenter de comprendre la forĂȘt, dompte les insectes facilement et rĂ©sout les problĂšmes de tout le monde, mĂȘme en dehors de ses frontiĂšres. Elle demande pardon pour l’humanitĂ© au jeune ĂŽmu avec profusion de larmes, et n’hĂ©site pas Ă  sacrifier Ă©ventuellement sa vie pour les siens. Bien que ces faits n’empĂȘchent pas Stig HĂžgset d’attribuer au film la note maximale, il se demande ironiquement si NausicaĂ€ ne pourrait pas Ă©galement marcher sur l’eau[20].

Au contraire, sur le site SciFi-Universe, si la critique trouve au film un certain aspect « vieillot », elle prĂ©sente NausicaĂ€ comme « un personnage fĂ©minin authentique et puissant, [
] intrĂ©pide [
]. Un personnage d’une bontĂ© et d’une volontĂ© hors norme pour apprĂ©hender toute forme de vie autour d’elle [
] »[21].

La dĂ©pĂȘche de l’AFP annonçant la sortie du film d’animation dĂ©crit NausicaĂ€ « rĂ©sistante, pacifiste, Ă©cologiste, utopiste et messianique », considĂ©rant que l’hĂ©roĂŻne « reflĂšte les influences culturelles mĂ©tissĂ©es et les prĂ©occupations de Miyazaki »[22].

Le dessinateur français Jean Giraud (connu Ă©galement sous le pseudonyme de « MƓbius ») a dĂ©couvert NausicaĂ€ dans les annĂ©es 1980 sur une cassette piratĂ©e venant du Japon rĂ©cupĂ©rĂ©e par son fils. Ébloui par le travail de Miyazaki, qu’il considĂšre comme « un gĂ©nie du dessin et de la narration », il a prĂ©nommĂ© sa fille Nausicaa, comme l’hĂ©roĂŻne du film du mangaka qu’il prĂ©fĂšre, et qu’il estime ĂȘtre un chef-d’Ɠuvre[23] - [1].

Apparition dans les autres médias et produits dérivés

En plus du film d’animation, NausicaĂ€ apparaĂźt dans deux jeux vidĂ©o Ă©ditĂ©s au Japon par la sociĂ©tĂ© Technopolis Soft, Tokuma Shoten : un jeu d’arcade nommĂ© Kaze no Tani no Naushika (éąšăźè°·ăźăƒŠă‚Šă‚·ă‚«, litt. « NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent »), sorti sur NEC PC-8801 et un jeu d’aventure nommĂ© Naushika Kiki Ippatsu (ăƒŠă‚Šă‚·ă‚«ć±æ©Ÿäž€ç™ș, litt. « NausicaĂ€, l’échappĂ©e belle »), sorti sur NEC PC-6001 et NEC PC-6601[G 1].

Une version amĂ©ricaine du film par New World Pictures, The Warriors of the Wind, supervisĂ©e par Roger Corman, est sortie en 1984. Constatant les nombreuses coupures et modifications exĂ©cutĂ©es pour ne laisser au film que l’action, y ĂŽtant tout le message Ă©cologiste, Miyazaki s’est dit grandement choquĂ©, et s’est jurĂ© Ă  l’avenir de faire trĂšs attention aux conditions avant de cĂ©der les droits de ses Ɠuvres Ă  une production Ă©trangĂšre[1]. Cette Ă©dition, oĂč NausicaĂ€ a Ă©tĂ© renommĂ©e « princesse Zandra » et les ĂŽmu « gorgones gĂ©antes » a Ă©tĂ© ensuite traduite dans diffĂ©rentes langues, dont le français en VHS en , par Vip, sous le titre La Princesse des Étoiles[24], rĂ©Ă©ditĂ© en DVD en 2000 par Lazer Films[25].

Deux livres d’art ont Ă©tĂ© Ă©ditĂ©s par le Studio Ghibli, et traduits en langue française par les Ă©ditions GlĂ©nat :

  • un recueil d’aquarelles liĂ© au manga, Ă©ditĂ© en 1996 (version française en 2006), prĂ©sentant en plus des aquarelles faites par Miyazaki (pour, entre autres, les couvertures du magazine Animage), des illustrations sur les prĂ©mices du personnage de NausicaĂ€, alors nommĂ© « Yala »[AB 14] ;
  • un artbook liĂ© au film d’animation, prĂ©sentant les techniques inhĂ©rentes et les illustrations des dĂ©cors du film, ainsi que des croquis prĂ©paratoires[AB 15].

Un jeu de rÎle adapté de NausicaÀ de la Vallée du Vent, NausicaÀ - Il gioco di ruolo (litt. « NausicaÀ - Jeu de rÎle ») a été créé en 1995 par les Italiens Francesco Nepitello et Marco Maggi, concepteurs de « Micro-Mutants » ; il a été édité par Nexus, et diffusé avec un numéro du magazine Kaos sous forme de supplément au jeu SimulacreS[G 2].

Des figurines de NausicaĂ€ avec son mƓve[G 3], chevauchant Kai[G 4], ou avec le bĂ©bĂ© ĂŽmu[G 5], fabriquĂ©es par Bandai, ont Ă©tĂ© Ă©ditĂ©es en 2004.

AprÚs la réutilisation de Teto, le renard-écureuil de NausicaÀ, dans Le Chùteau dans le ciel, le fabricant de peluches Sun Arrow a fabriqué un porte-clefs[G 6], une trousse[G 7] et plusieurs peluches[G 8] - [G 9] - [G 10] à son effigie.

HĂ©ritage de NausicaĂ€ dans l’Ɠuvre de Miyazaki

Beaucoup d’élĂ©ments du film d’animation Princesse MononokĂ© sont Ă  rapprocher du personnage de NausicaĂ€.

RaphaĂ«l Colson et GaĂ«l RĂ©gner voient le couple formĂ© par Ashitaka et San comme une variante du couple formĂ© par NausicaĂ€ et Asbel. Ashitaka est « portĂ© par les mĂȘmes valeurs que NausicaĂ€ » et dĂ©fend la cohabitation entre l’humanitĂ© et la nature[C 15] ; de plus, comme la princesse, il joue un rĂŽle de pacification auprĂšs de l’autre membre du couple aveuglĂ© par la rage et la soif de vengeance[C 16]. Le personnage de San, « s’impose [
] comme le reflet en nĂ©gatif de NausicaĂ€ », en tant qu’« incarnation vivante de cette faille qui terrifiant tant la princesse de la VallĂ©e du Vent ». En effet, dans son dĂ©sir de vengeance, la jeune femme-louve n’hĂ©site pas Ă  pĂ©nĂ©trer dans le campement de la femme qu’elle tient pour responsable de la destruction de la forĂȘt pour tenter de l’assassiner[C 16].

Les esquisses rĂ©alisĂ©es par Hayao Miyazaki entre 1980 et 1982[AB 14] sont Ă  l’origine de beaucoup d’idĂ©es dans plusieurs de ses films comme NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent, Le ChĂąteau dans le ciel ou Princesse MononokĂ©[AB 16]. De fait, de nombreux dĂ©tails peuvent laisser Ă  penser Ă  une influence, alors qu’ils proviennent plutĂŽt du mĂȘme vivier.

Bibliographie

Tomes de NausicaÀ

Artbooks

Notes et références

Citations

  1. Citation originale : « NausicaÀ is not a protagonist who defeats an opponant, but a protagonist who understands, or accepts. She is someone who lives in a different dimension. That kind of character should be female rather than male. ».
  2. Citation originale : « If we try to make an adventure story with a male lead, we have no other choice but to do Indiana Jones, with a Nazi or someone else who is a villain in everyone’s eyes. ».
  3. Du terme original Master Windkey.
  4. Citation originale : « [
] there is something inside myself that can be called animism [
] Nausicaa herself in this movie is governed by a sort of animism. ».
  5. Titre original : « Female masculinity and fantasy spaces ».
  6. Citation originale : « [
] with a strong young female lead drawn strongly from the shƍjo tradition. ».
  7. Citation originale : « [
] a flamboyant paean to an ideal of feminity [
]. Omnicompetent, blessed with special powers, and potentially even a messiah figure »
  8. Citation originale : « healing deity ».
  9. Citation originale : « Her unorthodox actions would hardly make her traditional heroine material [
]. ».
  10. « Elle a rĂ©ussi Ă  le calmer avec un simple sifflet Ă  insectes et quelques grenades » (NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent - 1984, Film d’animation - ScĂšne oĂč NausicaĂ€ calme l’îmu qui poursuivait Yupa - 0:11:20).
  11. « D’oĂč lui vient cet Ă©trange pouvoir ? (NausicaĂ€ de la VallĂ©e du Vent - 1984, Film d’animation - ScĂšne oĂč NausicaĂ€ apprivoise Teto, puis est accueillie joyeusement par Kai et Kui - 0:13:25) »
  12. « Quel Ă©trange pouvoir
 MĂȘme avec ce renard-Ă©cureuil, une espĂšce pourtant rebelle Ă  l’homme. » (Tome 1, p. 21).
  13. « J’ai passĂ© la moitiĂ© de ma vie Ă  essayer de rĂ©soudre le mystĂšre de la mer de la dĂ©composition, sans me rendre compte que la clĂ© de l’énigme se trouvait en cette enfant, juste sous mes yeux
 » (Tome 1, p. 79).
  14. Citation originale : « Nausicaa and Kushana are very similar-they are two sides of the same coin. ».
  15. « Une haine terrifiante dort en moi, qui Ă©chappe Ă  mon propre contrĂŽle
 » (Tome 1, p. 79).
  16. « Ils dĂ©voreraient cette terre naissante et fragile et rĂ©pĂšteraient sans cesse les mĂȘmes folies. » (Tome 6, p. 88).
  17. « Dans un millĂ©naire, ou peut-ĂȘtre plus, tu grandiras et deviendras plus forte. Et si l’humanitĂ© survit jusque-lĂ  et qu’elle apprend la sagesse
 alors nous partirons te retrouver. » (Tome 6, p. 89).
  18. « Nos corps ont peut-ĂȘtre Ă©tĂ© transformĂ©s artificiellement, mais nos vies nous appartiennent Ă  jamais !! La vie survit par le pouvoir de la vie ! Si une telle aube doit venir, alors nous y ferons face et nous survivrons ! » (Tome 7, p. 198).
  19. « Nous avons aussi la technologie de régénérer vos corps adaptés à ce monde pollué, pour que tous puissent vivre dans le nouveau monde purifié. » (Tome 7, p. 199).
  20. « Que je sois damné si je la laisse mourir. » (Tome 7, p. 57).
  21. « [
] j’ai rĂ©alisĂ© que le but de mon voyage Ă©tait de te rencontrer. Viens vivre Ă  mes cĂŽtĂ©s. » (Tome 6, p. 91).
  22. « Merci, je suis si heureuse, mais tu te trouves en plein cƓur du flot de la vie, alors que moi, je suis concernĂ©e par chaque ĂȘtre vivant. J’aime beaucoup trop les gens de ce monde pour les laisser. » (Tome 6, p. 91-92).
  23. « Une autre lĂ©gende raconte qu’elle serait partie pour rejoindre l’homme de la forĂȘt. » (Tome 7, p. 223).
  24. Citation originale : « It’s a scream that tears at the listener and raises the bar for the cartoon voices. ».

Notes

  1. tire original Rowlf
  2. DĂšs le premier tome, NausicaĂ€ doit partir en guerre pour le compte d’un royaume alliĂ©, laissant mourir son « jardin secret », lieu de ses recherches sur les plantes de la forĂȘt toxique.
  3. Comme dans la scĂšne du bain dans le jardin de Shuwa (Tome 7, p. 103).
  4. Notamment ses idées à propos du marxisme et du matérialisme historique.
  5. Avec cependant de nombreuses coupures dues aux autres projets du mangaka, dont la version animĂ©e sortie en 1984 et les autres films d’animation qu’il a rĂ©alisĂ©s durant cette pĂ©riode : Le ChĂąteau dans le ciel sorti en 1986, Mon voisin Totoro sorti en 1988 et Porco Rosso sorti en 1992.
  6. 180 × 256 mm
  7. La mission, donnĂ©e par les frĂšres de Kushana, est un piĂšge pour perdre leur sƓur qu’ils craignent (Tome 2, p. 54).
  8. Elle se retrouve souvent sur le champ de bataille, parfois du cÎté du front dork, parfois du cÎté du front tolmÚque.
  9. Namuris est agacĂ© par le cĂŽtĂ© messianique de NausicaĂ€ et sa propension Ă  soulever les peuples qui lui rappelle son jeune frĂšre quand il Ă©tait encore philanthrope : « Je briserai ta rĂ©putation et je t’humilierai. Le dieu-guerrier te reviendra de droit [
] Porte tout cela sur tes Ă©paules, et voyons si tu peux sauver ce monde !! » (Tome 6, p. 148).
  10. Quand NausicaĂ€ part sauver Asbel, un ĂŽmu lui dĂ©clare : « petit ĂȘtre
 notre espĂšce te connaĂźt depuis trĂšs longtemps
 car dans notre espĂšce, l’individu est le tout, et le tout l’individu
 et nous transmettons nos pensĂ©es par-delĂ  le temps et l’espace
 » (Tome 1, p. 123)
  11. Dans la version française du manga, la lĂ©gende exacte est « Et l’élu, vĂȘtu de bleu, viendra Ă  vous, descendant d’un champ d’or pour renouer le lien Ă  la Terre que nous avons perdu. » (Tome 2, p. 123).
  12. Dans le manga, cette scĂšne n’existe pas ; il y a cependant une scĂšne similaire oĂč NausicaĂ€ combat et tue un garde impĂ©rial tolmĂšque pour dĂ©fendre la VallĂ©e du Vent de la contamination de spores apportĂ©es par les MaĂźtres-Vers, mercenaires des TolmĂšques.
  13. Le premier Saint Empereur dork avait le mĂȘme caractĂšre et les mĂȘmes aspirations que NausicaĂ€ quand il est sorti du jardin pour « sauver les hommes », avant que sa philanthropie ne tourne en tyrannie avec ses hĂ©ritiers (Tome 6, p. 120-121).
  14. La pĂ©riode « post-Ɠdipienne » est un stade qui suit la rĂ©solution du complexe d’ƒdipe, et oĂč il n’y a donc plus d’attirance pour la figure maternelle.
  15. Elle est alors détrÎnée par des personnages tels que Kira Yamato de Gundam Seed et Lelouch Lamperouge de Code Geass.

Références

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  5. (en) Ryo Saitani, Hayao Miyazaki, « I Understand Nausicaa a Bit More than I Did a Little While Ago. (Interview) », Comic Box, .
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Hayao Miyazaki : Cartographie d’un univers

Animage

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Artbooks

Tomes

  1. Tome 1, 3e de couverture.
  2. Tome 2, p. 33
  3. Tome 4, p. 85
  4. Tome 1, p. 124
  5. Tome 7, p. 208
  6. Tome 1, p. 96
  7. Tome 3, p. 33 Ă  41
  8. Tome 2, p. 123
  9. Tome 6, p. 21
  10. Tome 1, p. 75-77.
  11. Tome 6, p. 65-89.
  12. Tome 6, p. 88.
  13. Tome 7, p. 126-136.
  14. Tome 7, p. 136-137.
  15. Tome 7, p. 191-202.

Voir aussi

Bibliographie

  • Christophe Quillien, « AventuriĂšres et crĂ©atures dangereuses : NausicaĂ€ », dans Elles, grandes aventuriĂšres et femmes fatales de la bande dessinĂ©e, Huginn & Muninn, (ISBN 9782364801851), p. 114.

Articles connexes

ƒuvres connexes

Liens externes

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