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Jaguarondi

Herpailurus yagouaroundi, Puma yagouaroundi

Herpailurus yagouaroundi
Description de cette image, également commentée ci-après
Un jaguarondi

Genre

Herpailurus
(Geoffroy, 1803[1])

Espèce

Herpailurus yagouaroundi
(Geoffroy, 1803[1])

Synonymes

  • Felis yaguarondi
  • Puma yagouaroundi

Statut de conservation UICN

( LC )
LC : Préoccupation mineure

Statut CITES

Statut CITES

Sur l'annexe  I  de la CITES Annexe I , RĂ©v. du 22/10/1987
hors Amérique du Nord
et Amérique centrale

Répartition géographique

Description de l'image Jaguarundi area.png.

Le Jaguarondi[2] (Herpailurus yagouaroundi) encore appelé jaguarundi, eyra ou chat-loutre est une espèce de félins d'Amérique de petite taille et à la robe uniformément noire, gris-brun ou rousse.

Habitant tant les forêts primaires que les prairies, il se répartit du sud des États-Unis à l'Argentine. Facile à apprivoiser, il fut utilisé comme chat domestique par les populations pré-colombiennes et pourrait être le seul félin à vivre en couple.

Description

Le Jaguarondi ressemble à un chat au corps tout en longueur avec de petites pattes fines et une longue queue mince. La tête, petite et aplatie, porte de petites oreilles arrondies. Les yeux de couleur bleu à ambre foncée sont rapprochés et cerclés de poils clairs.

Le Jaguarondi mesure de 77 Ă  140 cm de long, dont 33 Ă  60 cm pour la queue, soit environ 40 % de la longueur totale. La hauteur au garrot peut atteindre 55 cm, mais varie gĂ©nĂ©ralement entre 30 et 40 cm de hauteur. Le Jaguarondi pèse entre 3 et 9 kg, les femelles sont plus petites que les mâles. Par exemple, au Belize, les femelles pèsent en moyenne 4,4 kg et les mâles 5,9 kg[3] - [4].

La robe est unie, on en distingue trois couleurs distinctes : une coloration brun-gris, une dans les tons roux à rougeâtres et la dernière est noire du fait du mélanisme. Bien que l'on rencontre plus fréquemment les formes grises et noires en milieux humides, et les formes rousses en milieux arides, il arrive que dans une même portée naissent indifféremment des jaguarondis roux et des brun-gris[4]. Le terme eyra s'applique essentiellement à la forme rousse, dont on pensait autrefois qu'il s'agissait d'une espèce différente du Jaguarondi. Le poil n'a pas la même teinte sur toute sa longueur, d'où une impression de changement de couleur lorsqu'il se hérisse[5] : chez les chats domestiques, on dit que ce type de robe présente un ticking ou est agouti.

Une étude génétique sur plusieurs allèles responsables du mélanisme révèlent que la forme rousse est ancestrale et que la robe foncée est le résultat d'une évolution[6].

Le Jaguarondi naît tacheté et prend sa coloration unie rapidement[7].

Les rares animaux avec lesquels il pourrait ĂŞtre confondu sont le puma, qui partage sa robe unie mais qui est beaucoup plus grand, et la tayra dont la queue est plus fournie[8].

Phylogenèse

Nomenclature

La nomenclature du Jaguarondi a notablement évolué. Dans les années 1970, ce félin est placé dans le genre Herpailurus, dans la sous-famille des Felinae. Puis, durant la fin du XXe siècle, le Jaguarondi (ou yagouaroundi) et le Puma (concolor) furent considérés comme monophylétique et placés conjointement dans le même genre Puma[9].

Liste des synonymes selon ITIS[10]:

  • Felis yaguarondi LacĂ©pède, 1809
  • Herpailurus yaguarondi (LacĂ©pède, 1809)

Évolution de l'espèce

La phylogenèse est l'Ă©tude des fossiles d'un animal afin de prĂ©ciser l'apparition et l'Ă©volution d'une espèce. Cependant, il existe assez peu de fossiles de fĂ©lins, et la phylogĂ©nie moderne s'appuie essentiellement sur les analyses gĂ©nĂ©tiques. Des travaux menĂ©s en 2007 ont montrĂ© que les fĂ©lins ont divergĂ© en huit lignĂ©es. L’ancĂŞtre commun des lignĂ©es Leopardus, Lynx, Puma, Prionailurus et Felis aurait traversĂ© la BĂ©ringie et colonisĂ© l’AmĂ©rique du Nord il y a environ 8 Ă  8,5 millions d’annĂ©es. La lignĂ©e Puma qui contient Ă©galement le genre Acinonyx constitue la sixième lignĂ©e et a commencĂ© Ă  diverger il y a 6,7 millions d'annĂ©es de l'ancĂŞtre commun aux sixième et septième lignĂ©es. Le Jaguarondi et le Puma ont divergĂ© il y a un peu plus de 4 millions d'annĂ©es. Les fĂ©lins nord-amĂ©ricains ont ensuite envahi l’AmĂ©rique du Sud par l’isthme de Panama il y a 3 millions d’annĂ©es durant le Grand Ă©change inter-amĂ©ricain. Ă€ la fin de l'ère glaciaire, les Puma rĂ©fugiĂ©s en AmĂ©rique du Sud remontèrent vers l'AmĂ©rique du Nord il y a 8 000 Ă  10 000 ans[11]. Cependant, une Ă©tude faite en 2017 a replacĂ© l'espèce dans le genre mono-spĂ©cifique Herpailurus[1].

Sous-espèces

Puma yagouaroundi cacomitli

Huit sous-espèces se distinguent par leur aire de répartition[12]:

Comportement

Structure sociale

MĂŞme s'il n'est pas arboricole, le Jaguarondi est bon grimpeur.

Le Jaguarondi est essentiellement diurne bien qu'il lui arrive de chasser après le coucher du soleil. Son corps longiligne lui permet de se faufiler dans les sous-bois, mais aussi d'être un bon nageur. À l'inverse des autres félins d'Amérique du Sud et centrale, le Jaguarondi n'est pas arboricole[7].

Parmi les félidés, seuls les lions ont une vie réellement de clan. Cependant, plusieurs observations ont fait état de jaguarondis se déplaçant et chassant en couple mais on ignore encore s'il s'agissait d'un couple reproducteur ou non[7].

Le Jaguarondi vit en moyenne huit ans et jusqu'à quinze ans en captivité.

Alimentation et territoire

Il chasse principalement les oiseaux au sol comme les dindons sauvages et les cailles, les rongeurs et les reptiles, mais se nourrit aussi d'invertébrés, de poissons échoués et de grenouilles. Au Belize, une analyse des fèces a révélé que les arthropodes et les rats forment à plus de 70 % l'essentiel de son régime alimentaire, le reste étant composé d'oiseaux[4]. Il peut parfois s'attaquer aux poulaillers et ainsi se faire tuer par les éleveurs[7].

Le territoire du Jaguarondi couvre 15 Ă  100 km2. Celui des femelles est plus petit.

Reproduction

Il n'y a pas de saison de reproduction, bien que les accouplements forment un pic en automne dans la partie nord de son aire de répartition[7]. L'œstrus dure de deux à quatre jours. La tanière est un arbre creux, ou un fourré dense de broussailles ou d'herbes où prendront généralement naissance deux ou trois chatons, parfois quatre, au bout de deux mois et demi (soit 70 à 75 jours) de gestation. Ils commencent à manger de la viande à six semaines, mais deviennent véritablement indépendants à l'âge de deux ans. La maturité sexuelle est acquise à deux ou trois ans[7].

Communication

Le Jaguarondi peut émettre 13 cris différents.

Chorologie

Habitat

Le jaguarondi se rencontre dans les forĂŞts primaires, les savanes et les prairies. Il se dĂ©place volontiers dans les marĂ©cages, mais est plus rare dans les forĂŞts humides. On peut le trouver du niveau de la mer Ă  3 200 mètres d'altitude, mais il n'est que rarement prĂ©sent au-dessus de 2 000 mètres[7] - [4].

Son aire de répartition s'étend du sud des États-Unis au nord de l'Argentine ; il est présent uniquement sur la partie est de l'Équateur, du Pérou et de la Bolivie. Il aurait disparu de l'Uruguay et se fait rare dans le sud-ouest des États-Unis, dans le bassin de l'Amazone et au Mexique.

Une petite population de jaguarondis est présente en Floride : il s'agit de la descendance d'animaux domestiqués et revenus à la nature dans les années 1940 (on peut parler ici de « jaguarondis harets »)[14].

Menaces et statut légal

La robe terne du Jaguarondi l'a protégé des braconniers, sa fourrure n'ayant que très peu de valeur. Les conflits avec les agriculteurs sont fréquents puisque ce félin peut s'attaquer à la volaille. La menace majeure reste la perte de son habitat, mais l'excellente adaptabilité de ce félin (il peut vivre autant en milieu humide qu'en milieu sec, boisé ou herbeux) lui permet de survivre malgré la baisse des effectifs. Le Jaguarondi est classé en préoccupation mineure (LC) par l'UICN, excepté pour la sous-espèce cacomitli classée en danger (EN).

Les spécimens d'Amérique du Sud sont classés en annexe II de la CITES (autorisation du commerce international sous licence) tandis que les populations plus sensibles d'Amérique centrale et du Nord sont classées en annexe I (tout commerce interdit). Le Paraguay bénéficie d'un quota d'exportation de trente individus vivants par an depuis 2002. Toutefois, même dans les zones à réglementation moins restrictives, le Jaguarondi n'est pas exploité commercialement.

Il est protégé sur la majeure partie de son aire de répartition. Seuls le Brésil, le Nicaragua, le Salvador, la Guyane et l'Équateur ne l'ont pas protégé[7]. La chasse est réglementée au Pérou[7].

L'espèce et l'homme

Le Jaguarondi est facile à apprivoiser et a été domestiqué dès l'ère pré-colombienne pour chasser les rats et les souris, à la manière d'un chat domestique.

Noms vernaculaires

Le terme jaguarondi vient du guaraní yagua-rhundi[5]. En raison de son apparence de mustélidé, on le surnomme parfois « chat-loutre ». Les cruciverbistes le connaissent sous le nom d’eyra.

Les nombreuses langues d'Amérique du Sud lui attribuent plusieurs autres noms : il est aussi appelé mbaracayácira en guaraní, ou encore gato mourisco (« chat mauresque ») et maracaja-preto (« maracaja sombre ») en portugais du Brésil[5].

Notes et références

  1. Kitchener, A. C., Breitenmoser-Würsten, C., Eizirik, E., Gentry, A., Werdelin, L., Wilting A., Yamaguchi, N., Abramov, A. V., Christiansen, P., Driscoll, C., Duckworth, J. W., Johnson, W., Luo, S.-J., Meijaard, E., O'Donoghue, P., Sanderson, J., Seymour, K., Bruford, M., Groves, C., Hoffmann, M., Nowell, K., Timmons, Z. et Tobe, S., « A revised taxonomy of the Felidae: The final report of the Cat Classification Task Force of the IUCN Cat Specialist Group », Cat News, no Special Issue 11,‎ (lire en ligne)
  2. Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000. Lire en ligne.
  3. Peter et Adrienne Jackson, op. cit., p.232
  4. « Jaguarundi », sur http://www.catsg.org, Cat Specialist Group (consulté le )
  5. Peter Jackson et Adrienne Farrell Jackson (trad. Danièle Devitre, préf. Dr Claude Martin, ill. Robert Dallet et Johan de Crem), Les Félins : Toutes les espèces du monde, Turin, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , 272 p., relié (ISBN 978-2603010198 et 2-603-01019-0), p. 229
  6. (en) Eduardo Eizirik, Naoya Yuhki1, Warren E. Johnson, Marilyn Menotti-Raymond, Steven S. Hannah et Stephen J. O'Brien, « Molecular Genetics and Evolution of Melanism in the Cat Family », Current Biology, no 17,‎ (lire en ligne [PDF]) :
    « An interesting example is the jaguarundi, whose “wild-type” dark coloration is here shown to be a derived condition, having replaced the ancestral reddish form throughout its continental range. »
  7. Rémy Marion (dir.), Cécile Callou, Julie Delfour, Andy Jennings, Catherine Marion et Géraldine Véron, Larousse des félins, Paris, Larousse, , 224 p. (ISBN 2-03-560453-2 et 978-2035604538, OCLC 179897108)., p. 112-113
  8. Office national de la chasse et de la faune sauvage, « Jaguarondi », sur http://oncfs-outremer.disweb.fr (consulté le )
  9. (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Puma (consulté le )
  10. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 4 mars 2019
  11. (fr) Stephen O’Brien et Warren Johnson, « L’évolution des chats », Pour la science, no 366,‎ (ISSN 0153-4092)
  12. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 21 décembre 2020
  13. (en) Miguel Bustillo, « Wildlife at border may lose sanctuary », Los Angeles Times,‎ (lire en ligne).
  14. Peter et Adrienne Jackson, op. cit., p. 230

Voir aussi

Articles connexes

  • Le Puma, proche « cousin » du Jaguarondi.

Liens externes

Bibliographie

  • RĂ©my Marion (dir.), Larousse des fĂ©lins, Larousse, , 224 p. (ISBN 2-03-560453-2)
  • Peter et Adrienne Farrel Jackson, Les fĂ©lins : toutes les espèces du monde, Paris, Delachaux et NiestlĂ©, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , 272 p. (ISBN 2-603-01019-0)
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