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Iodométhane

L’iodomĂ©thane, aussi appelĂ© iodure de mĂ©thyle, est un composĂ© chimique de formule CH3I, parfois notĂ© MeI. Il s'agit d'un halogĂ©noalcane, dĂ©rivĂ© du mĂ©thane, oĂč l'un des atomes d'hydrogĂšne a Ă©tĂ© substituĂ© par un atome d'iode. Il se prĂ©sente sous la forme d'un liquide incolore, dense, volatil, Ă  l'odeur Ă©thĂ©rĂ©e, et qui prend un teint violacĂ© exposĂ© Ă  la lumiĂšre en raison de la prĂ©sence de diiode I2. L'iodomĂ©thane est couramment utilisĂ©e en synthĂšse organique en tant que donneur de groupe mĂ©thyle, dans des rĂ©actions appelĂ©es mĂ©thylations. Il est naturellement Ă©mis en faible quantitĂ© par le riz[10].

Iodométhane

Structure de l'iodométhane
Identification
Nom UICPA iodure de méthyle
Synonymes

Iodure de méthyle monoiodométhane

No CAS 74-88-4
No ECHA 100.000.745
No CE 200-819-5
SMILES
InChI
Apparence liquide incolore, d'odeur caractéristique. devient brun lors d'exposition à la lumiÚre et l'humidité[1].
Propriétés chimiques
Formule CH3I [IsomĂšres]
Masse molaire[2] 141,939 ± 0,001 g/mol
C 8,46 %, H 2,13 %, I 89,41 %,
Moment dipolaire 1,59 D
Propriétés physiques
T° fusion −66,5 °C[1]
T° ébullition 42,5 °C[1]
Solubilité dans l'eau à 20 °C : 14 g·l-1[1]
ParamÚtre de solubilité Ύ 9,9 cal1/2·cm-3/2 (25 °C)[3]
Masse volumique 2,3 g·cm-3[1]
T° d'auto-inflammation 352 °C
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 8,5 - 66 %
Pression de vapeur saturante à 20 °C : 50 kPa[1],
24.09 psi à 55 °C
Point critique 65,9 bar, 254,85 °C [4]
Thermochimie
Cp
Propriétés électroniques
1re Ă©nergie d'ionisation 9,538 eV (gaz)[6]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,5304 (20 °C, D)
1,5293 (21 °C, D)
Précautions
SGH[7]
SGH06 : ToxiqueSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxique
Danger
H301, H312, H315, H331, H335 et H351
SIMDUT[8]

Produit non classé
Transport
-
Classification du CIRC
Groupe 3 : Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'Homme[9]
Écotoxicologie
LogP 1,51-1,69[1]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'iodométhane s'hydrolyse à 270 °C, formant de l'iodure d'hydrogÚne, de monoxyde de carbone et du dioxyde de carbone.

Utilisations

Réactions de méthylation

L'iodomĂ©thane sert essentiellement pour la mĂ©thylation d'autres composĂ©s, par des rĂ©actions de type SN2. Il peut stĂ©riquement facilement ĂȘtre attaquĂ© par des nuclĂ©ophiles, et l'iodure est un bon nuclĂ©ofuge.

Il peut par exemple ĂȘtre utilisĂ© pour la mĂ©thylation d'acides carboxyliques (transformation en mĂ©thanoate de carboxyle) ou de phĂ©nols (formation de mĂ©thoxybenzĂšnes):

Réaction de l'iodométhane avec un acide carboxylique ou un phénol.
Réaction de l'iodométhane avec un acide carboxylique ou un phénol.

Il peut aussi servir à la méthylation de l'ammoniac et des amines dérivées en iodoammonium. Cette réaction peut se poursuivre jusqu'à la formation d'un hydroxyde de tétraméthylammonium.

L'iodométhane est aussi un précurseur de l'iodure de méthylmagnésium ou « MeMgI », un réactif de Grignard souvent utilisé en synthÚse organique. MeMgI se forme assez facilement, il est donc assez souvent utilisé en tant qu'exemple dans l'enseignement de préparation de ces réactifs. L'utilisation de MeMgI a cependant été supplantée par l'utilisation de méthyllithium.

Dans le procédé Monsanto, MeI est formé in situ par la réaction du méthanol et de l'iodure d'hydrogÚne. Il réagit ensuite avec le monoxyde de carbone en présence de rhodium pour former de l'iodure d'éthanoyle, précurseur de l'acide acétique (obtenu par hydrolyse). Une grande partie de l'acide acétique produit dans le monde l'est par cette méthode.

Autres

Outre son utilisation comme agent de mĂ©thylation, certains proposent d'utiliser l'iodomĂ©thane comme fongicide, herbicide, insecticide, nĂ©maticide ou mĂȘme dans les extincteurs. Il peut ĂȘtre utilisĂ© comme dĂ©sinfectant des sols, replaçant le bromomĂ©thane (dont l'utilisation a Ă©tĂ© bannie par la protocole de MontrĂ©al), et en microscopie pour ses propriĂ©tĂ©s liĂ©es Ă  son indice de rĂ©fraction.

Production et synthĂšse

L'iodomĂ©thane peut ĂȘtre synthĂ©tisĂ© par une rĂ©action exothermique, par rĂ©action de diiode avec le mĂ©thanol en prĂ©sence de phosphore. Le diidode est alors transformĂ© in situ en triiodure de phosphore. Il s'ensuit une substitution nuclĂ©ophile avec le mĂ©thanol[11] :

Une autre méthode est de faire réagir le sulfate de diméthyle avec l'iodure de potassium en présence de carbonate de calcium[11] :

L'iodomĂ©thane peut ensuite ĂȘtre obtenu par distillation aprĂšs lavage au thiosulfate de sodium afin d'Ă©liminer l'excĂšs d'iode.

L'iodomĂ©thane peut aussi ĂȘtre produit lors d'accidents nuclĂ©aires, par rĂ©action de composĂ©s organiques avec de « l'iode de fusion ».

Choix de l'iodométhane comme agent de méthylation

L'iodométhane est un excellent agent de méthylation, mais il y comporte certains inconvénients. Outre sa toxicité ; comparé à d'autres halogénométhanes (chlorométhane en particulier) son poids équivalent est plus élevé : une mole de MeI pÚse prÚs de trois fois plus qu'une mole de MeCl. Toutefois, le chlorométhane est un gaz (comme le bromométhane), ce qui rend leur utilisation plus délicate que l'iodométhane qui est un liquide. Le chlorométhane est un agent de méthylation bien moins fort que MeI, mais il suffit dans la plupart des réactions.

Les iodures sont gĂ©nĂ©ralement bien plus coĂ»teux que leurs Ă©quivalents chlorures ou bromures, mais ce n'est pas le cas de l'iodomĂ©thane dont le prix est abordable. À l'Ă©chelle commerciale, le sulfate de dimĂ©thyle, bien que toxique, est prĂ©fĂ©rĂ©, car il est Ă  la fois bon marchĂ© et liquide.

Lors des rĂ©actions de substitutions nuclĂ©ophiles le dĂ©part du groupe partant, I− peut entraĂźner des rĂ©actions parasites, car c'est un puissant nuclĂ©ophile. Enfin, de par sa forte rĂ©activitĂ© MeI est plus dangereux pour le personnel le manipulant que ses Ă©quivalents bromĂ©s et chlorĂ©s.

Toxicité et effets biologiques

L'iodomĂ©thane a une DL50 par voie orale de 76 mg·kg-1 pour les rats, et dans le foie, il est rapidement converti en S-mĂ©thylglutathion[12]. Aux États-Unis, l'iodomĂ©thane est considĂ©rĂ© comme potentiellement cancĂ©rogĂšne selon les classification de l'ACGIH (en), du NTP et de l'APE. Le CIRC le classe dans le groupe 3 (« inclassables quant Ă  leur cancĂ©rogĂ©nicitĂ© pour l'Homme »).

L'inhalation de vapeurs d'iodomĂ©thane peut provoquer des dommages aux poumons, au foie, aux reins et au systĂšme nerveux. Il provoque nausĂ©es, Ă©tourdissements, toux et vomissements. Un contact prolongĂ© avec la peau provoque des brĂ»lures. Une inhalation massive peut provoquer un ƓdĂšme pulmonaire.

Notes et références

  1. IODURE DE METHYLE, Fiches internationales de sécurité chimique .
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) Nicholas P. Chopey, Handbook of Chemical Engineering Calculations, McGraw-Hill, , 3e Ă©d., 800 p. (ISBN 978-0-07-136262-7), p. 1.43.
  4. (en) « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le ).
  5. (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams : Inorganic Compounds and Elements, vol. 1, 2 et 3, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., , 384 p. (ISBN 0-88415-857-8, 0-88415-858-6 et 0-88415-859-4).
  6. (en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, Boca Raton, CRC, , 89e Ă©d., 2736 p. (ISBN 978-1-4200-6679-1), p. 10-205.
  7. Numéro index 602-005-00-9 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE no 1272/2008 (16 décembre 2008).
  8. « Iodométhane » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  9. IARC_Working_Group_on_the_Evaluation_of_Carcinogenic_Risks_to_Humans2009">IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 3 : Inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'Homme », sur http://monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le ).
  10. (en) K. R. Redeker, N.-Y. Wang, J. C. Low, A. McMillan, S. C. Tyler et R. J. Cicerone, « Emissions of Methyl Halides and Methane from Rice Paddies », Science, vol. 290,‎ , p. 966–969 (PMID 11062125, DOI 10.1126/science.290.5493.966).
  11. (en)C. S. King, W. W. Hartman: Methyl Iodide. In: Organic Synthesis, 1943, 2, S. 399 (Article).
  12. (en) Johnson, M. K., « Metabolism of iodomethane in the rat », Biochem J., vol. 98,‎ , p. 38–43.

Bibliographie

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