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Chlorométhane

Le chlorométhane, également appelé chlorure de méthyle, Fréon 40 ou R40, est un composé chimique de formule CH3Cl. Il s'agit d'un fluide frigorigÚne également utilisé comme réactif pour de nombreuses synthÚses.

Chlorométhane

Structure du chlorométhane
Identification
Nom UICPA chlorométhane
Synonymes

chlorure de méthyle
Fréon 40
R40

No CAS 74-87-3
No ECHA 100.000.744
No CE 200-817-4
PubChem 6327
ChEBI 36014
SMILES
InChI
Apparence gaz incolore Ă  odeur douceĂątre
Propriétés chimiques
Formule CH3Cl [IsomĂšres]
Masse molaire[1] 50,488 ± 0,003 g/mol
C 23,79 %, H 5,99 %, Cl 70,22 %,
Propriétés physiques
T° fusion −97,6 °C[2]
T° Ă©bullition −24,2 °C[2]
Solubilité 5 g·l-1 (eau,25 °C) [3]
Masse volumique 2,306 5 g·l-1 (0 °C,1 013 mbar) [3]
T° d'auto-inflammation 632 °C [2]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 7,6–19 %vol [3]
Pression de vapeur saturante 4,896 bar à 20 °C
6,6 bar à 30 °C
10,9 bar à 50 °C [3]
Point critique 143 °C, 66,7 bar, 0,353 kg·l-1 [3]
Point triple −97,71 °C, 0,008 76 bar [3]
Thermochimie
S0gaz, 1 bar 234,36 J·K-1·mol-1 [5]
S0liquide, 1 bar 140,08 J·K-1·mol-1 [5]
ΔfH0gaz −83,68 kJ·mol-1 [5]
ΔfH0liquide −102,4 kJ·mol-1 [5]
ΔfusH° 6,431 kJ·mol-1 Ă  175,44 K [5]
ΔvapH° 20,5 kJ·mol-1 [5]
Cp 81,2 J·K-1·mol-1 à 298 K [5]
PCI −764,0 kJ·mol-1 (gaz) [5]
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 11,22 ± 0,01 eV (gaz)[7]
Précautions
SGH[8]
SGH02 : InflammableSGH04 : Gaz sous pressionSGH08 : Sensibilisant, mutagÚne, cancérogÚne, reprotoxique
Danger
H220, H351 et H373
NFPA 704
Transport[3]
Classification du CIRC
Groupe 3 : Inclassable quant à sa cancérogénicité pour l'Homme[9]
Écotoxicologie
DL50 1,8 g·kg-1 (rat, oral) [10]
LogP 0,91 [3]
Seuil de l’odorat bas : 10 ppm[11]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

BiogenÚse et présence dans la nature

Les halogĂ©noalcanes (espĂšces contenant une liaison carbone-halogĂšne) sont produits - probablement via des diffĂ©rents processus biologiques - par certains champignons, animaux et plantes. La molĂ©cule CH3Cl a ainsi Ă©tĂ© proposĂ©e comme un possible marqueur de vie, au cas oĂč elle serait dĂ©tectĂ©e dans des atmosphĂšres d'exoplanĂštes rocheuses.

Une plante de milieux saumĂątres Batis maritima produit un enzyme methyl chloride transferase qui catalyse la synthĂšse de CH3Cl Ă  partir de S-adenosine-L-methionine et de chlore[12]. Cette protĂ©ine a Ă©tĂ© purifiĂ©e, puis introduite et exprimĂ©e par gĂ©nie gĂ©nĂ©tique dans la bactĂ©rie E. coli. Elle semble aussi ĂȘtre active chez des microchampignons tels que Phellinus pomaceus, des algues rouges (ex : Endocladia muricata) ou une espĂšce vĂ©gĂ©tale devenue localement invasive, Mesembryanthemum crystallinum, toutes connues pour aussi produire du CH3Cl[12] - [13]. tout comme par la plante-modĂšle de laboratoire Arabidopsis thaliana[14].

Présence dans l'univers

En 2017 la molĂ©cule CH3Cl a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©e dans et en dehors du SystĂšme solaire. D'abord par l'interfĂ©romĂštre ALMA autour de la proto-Ă©toile de type solaire IRAS16293-2422, dans une zone oĂč des planĂštes pourraient se former. Ensuite par le spectromĂštre ROSINA (Ă  bord de la sonde Rosetta) dans la comĂšte 67P/Tchourioumov-GuĂ©rassimenko[15] - [16].

La dĂ©couverte de CH3Cl dans des lieux antĂ©rieurs Ă  l'origine de la vie (connue) indique que d'autres biomarqueurs plus dĂ©finitifs devront ĂȘtre utilisĂ©s pour conclure Ă  la prĂ©sence de vie sur d'autres planĂštes. Les organohalogĂšnes pourraient par contre constituer un Ă©lĂ©ment de comprĂ©hension de la chimie impliquĂ©e dans l'origine de la vie.

Propriétés physico-chimiques

Le chlorométhane est hydrolysé par l'eau à haute température pour former du méthanol CH3OH et du chlorure d'hydrogÚne HCl :

CH3Cl + H2O → CH3OH + HCl.

Cette réaction est catalysée par des composés alcalins. La réaction réciproque permet de synthétiser CH3Cl en faisant barboter du chlorure d'hydrogÚne dans du méthanol en présence éventuellement de chlorure de zinc ZnCl2 comme catalyseur, ou en faisant réagir du méthanol et du chlorure d'hydrogÚne à 350 °C sur de l'alumine Al2O3 :

CH3OH + HCl → CH3Cl + H2O.

À plus basse tempĂ©rature, le chloromĂ©thane forme un hydrate avec l'eau, ce qui pose un problĂšme dans les systĂšmes de rĂ©frigĂ©ration[17].

Utilisation

Le chloromĂ©thane est utilisĂ© pour la prĂ©paration du dimĂ©thyldichlorosilane Si(CH3)2Cl2 via la synthĂšse de MĂŒller-Rochow[17] :

2 CH3Cl + Si → Si(CH3)2Cl2.

C'est une voie de synthĂšse importante pour la fabrication des silicones.

Il est aussi utilisé comme réactif pour la réaction de Wurtz-Fittig ou les réactions de Friedel-Crafts utilisée pour la production d'alkylbenzÚnes[17]. C'est un réactif important pour la méthylation notamment des amines pour la formation de méthylamines quaternaires ou des groupes hydroxyles pour former de éthers[17].

Production et synthĂšse

Ce gaz est produit par chloration du mĂ©thane avec du chlore gazeux de 400 Ă  500 °C. Le mĂ©canisme de chloration est une rĂ©action radicalaire en chaĂźne via des radicaux issus de la dissociation du chlore. Cette dissociation peut ĂȘtre obtenue par voie thermique, photochimique ou par des catalyseurs. La voie thermique est prĂ©fĂ©rĂ©e[17] et elle conduit Ă  une sĂ©rie de substitutions successives:

CH4 + Cl2 → CH3Cl + HCl
CH3Cl + Cl2 → CH2Cl2 + HCl
CH2Cl2 + Cl2 → CHCl3 + HCl
CHCl3 + Cl2 → CCl4 + HCl

Le rĂ©sultat de cette sĂ©rie de rĂ©actions est un mĂ©lange de chloromĂ©thane, dichloromĂ©thane, chloroforme et tĂ©trachlorure de carbone. Ces composĂ©s sont ensuite sĂ©parĂ©s par distillation. Un excĂšs de mĂ©thane est utilisĂ© dans le rĂ©acteur et un recyclage est employĂ© en prĂ©sence d'un gaz inerte afin d'Ă©viter de travailler dans un domaine oĂč le mĂ©lange mĂ©thane-chlore est explosif[17].

Une autre voie de synthÚse est l'hydrochloration du méthanol par du chlorure d'hydrogÚne. Cette réaction est actuellement privilégiée, car elle consomme du chlorure d'hydrogÚne, qui est un sous-produit difficile à écouler, au lieu d'en produire comme dans le cas de la chloration. De plus la synthÚse conduit à la seule production du chlorométhane et évite la production des composés multichlorés[17].

Toxicologie

Il existe un faible nombre d'études, souvent anciennes, chez l'homme. De plus, le chlorométhane étant souvent utilisé conjointement à d'autres produits, il est difficile de déduire l'effet spécifique de la molécule à partir de l'observation d'un groupe (voir la fiche toxicologique de l'INRS [18]).

Ceci a amenĂ© le CIRC Ă  classer le chloromĂ©thane dans le groupe 3 quant Ă  son aspect cancĂ©rigĂšne du fait du peu de donnĂ©es. Les Ă©tudes disponibles ont nĂ©anmoins amenĂ© le chloromĂ©thane Ă  ĂȘtre classifiĂ© (selon la classification SGH) comme Ă©tant :

H351 - Susceptible de provoquer le cancer

H373 - Risque présumé d'effets graves pour les organes à la suite d'expositions répétées ou d'une exposition prolongée

Effets métaboliques

Plusieurs études pointent différents risques rapportés par l'INRS :

Il est ainsi rapporté une rapide absorption chez l'animal et chez l'homme par voie respiratoire [19].

Chez la souris une exposition chronique entraine des dĂ©gĂ©nĂ©rescences dans la couche granuleuse du cortex Ă  partir d'une exposition de 100 ppm [20]

Un second protocole, testé chez le rat et la souris, rapporte des dégénérescences au niveau des reins, du foie, des glandes surrénales et du cervelet ainsi que des pertes de coordination des membres antérieurs, une paralysie des membres postérieurs, des convulsions et des diarrhées en fonctions des concentrations testées. Les souris y étant plus sensibles que les rats. Une divergence des effets a été observée en fonction du sexe (dégénérescences du cervelet chez les femelles et nécrose hépatique chez les mùles)[21].

Chez l'homme, les Ă©tudes sont souvent anciennes et apportent parfois des rĂ©sultats contradictoires. Les effets d'une exposition importante au chloromĂ©thane semblent principalement ĂȘtre des affections du systĂšme nerveux central (signes neurologiques (syndrome cĂ©rĂ©belleux, somnolence, apathie, troubles de la vision, perte de mĂ©moire Ă  court terme, confusion, perte de conscience). On observe Ă©galement des troubles digestifs (nausĂ©es, vomissements, douleurs abdominales, diarrhĂ©es), une asthĂ©nie et des cĂ©phalĂ©es. Les symptĂŽmes peuvent persister plusieurs mois et des sĂ©quelles neurologiques et/ou psychiatriques sont possibles. Plusieurs cas de dĂ©cĂšs sont rapportĂ©s, mais sans indication sur les concentrations. En cas de forte exposition, des effets cardiaques et rĂ©naux sont observĂ©s [18] - [22] - [23] - [24] - [25] - [26] - [27] - [28] - [29].

L'exposition chronique aux doses usuelles n'a fait l'objet que de trÚs peu d'études ou d'études uniquement anciennes. Dans les études publiées les effets sont rarement observables et lorsqu'ils le sont (troubles de l'équilibre, de la vision et de la mémoire, une fatigue, des étourdissements et des signes de confusion) ils ont été observés comme étant réversibles [18].

Effets génotoxiques

Le chlorométhane est génotoxique pour les bactéries et cellules de mammifÚres in-vitro. Toutefois in-vivo, les effets de réparations de l'ADN viennent compenser et ces effets ne sont pas observés dans les rares études existantes[27] - [30].

Effets cancérigÚnes

Chez le rat les protocoles testés ne montrent aucun effet cancérigÚne observable mais chez la souris des tumeurs rénales sont observées[31] - [22].

Les données chez l'homme sont insuffisantes et la co-exposition avec d'autres produits complique l'interprétation des données existantes [18].

Effets sur la fertilité et tératogÚnes

Chez le rat et chez la souris des effets sur la fertilitĂ© et sur la santĂ© des fƓtus ont Ă©tĂ© observĂ©s. Une baisse de la fertilitĂ© des mĂąles a ainsi Ă©tĂ© observĂ© chez les rats soumis Ă  une exposition chronique de chloromĂ©thane [32] - [33] - [30] - [34]. Les effets sur les fƓtus chez la rate ne sont observable qu'a forte dose avec le protocole testĂ© [35] toutefois chez la souris des effets de malformation du fƓtus dont observĂ©es dĂšs les plus faibles doses testĂ©es [36].

Aucune donnée n'existe chez l'homme [18].

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. CHLORURE DE METHYLE, Fiches internationales de sécurité chimique
  3. EntrĂ©e « Methyl chloride Â» dans la base de donnĂ©es de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sĂ©curitĂ© et de la santĂ© au travail) (allemand, anglais), accĂšs le 2 fĂ©vrier 2010 (JavaScript nĂ©cessaire)
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  5. (en) « Methyl chloride », sur NIST/WebBook, consulté le
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  8. Numéro index 602-001-00-7 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE N° 1272/2008 (16 décembre 2008)
  9. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 3 : Inclassables quant à leur cancérogénicité pour l'Homme », sur http://monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le )
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