AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Crime d'honneur

Un crime d’honneur est un crime perpĂ©trĂ© en rĂ©action Ă  un comportement perçu comme ayant apportĂ© le dĂ©shonneur Ă  une famille et ayant donc enfreint le code d’honneur. L'immense majoritĂ© des victimes, qui ne sont pas nĂ©cessairement auteurs des faits reprochĂ©s, sont des femmes, ce qui en fait souvent un fĂ©minicide.

Ces crimes sont typiquement le fait de membres de la famille de la victime ou de la proche communauté et, contrairement aux crimes dits passionnels, sont prémédités. Cependant, la distinction entre les crimes d'honneur et les crimes passionnels via la préméditation est questionnable[1].

La violence liĂ©e Ă  l’honneur apparait gĂ©nĂ©ralement dans les circonstances suivantes :

Pour les femmes, les relations extraconjugales, avoir un enfant hors des liens du mariage bien que l’honneur puisse ĂȘtre sauvĂ© par le mariage forcĂ©, ou encore dĂ©sobĂ©ir Ă  l’autoritĂ© parentale, peuvent rĂ©sulter en leur assassinat par un homme de leur famille. Les femmes sur lesquelles pĂšse le soupçon n'ont pas la possibilitĂ© de se dĂ©fendre.

Pour les hommes, l’insulte ou le dĂ©faut de rembourser une dette peut conduire Ă  un duel pour sauver l’honneur[2].

DĂ©finition

Le Conseil de l'Europe prĂ©fĂšre parler de « crime dit d'honneur » ; l'ONU de « crime au nom de l'honneur »[3], parce que « Il n'y a pas d'honneur au crime[4]. » L'ONG Human Rights Watch donne la dĂ©finition suivante des meurtres pour l’honneur[5] :

« Les crimes d’honneur sont des actes de violence, le plus souvent des meurtres, commis par les membres masculins d’une famille Ă  l’encontre de ses membres fĂ©minins, lorsqu’ils sont perçus comme cause de dĂ©shonneur pour la famille tout entiĂšre. Une femme peut ĂȘtre la cible d’individus au sein de sa propre famille pour des motifs divers, comprenant : le refus de participer Ă  un mariage arrangĂ©, le refus des faveurs sexuelles, la tentative de divorce — que ce soit dans le cadre de la violence conjugale exercĂ©e par son mari ou dans un contexte avĂ©rĂ© d’adultĂšre. La simple interprĂ©tation selon laquelle son comportement a “dĂ©shonorĂ©â€ sa famille est suffisante pour enclencher une reprĂ©saille. »

L'OMS, dans la définition qu'elle donne du féminicide, décrit le crime « d'honneur » comme l'un des quatre cas du féminicide[6]. Mais il peut viser aussi des personnes homosexuelles ; en outre, la notion de crime est plus vaste que celle de meurtre et inclut d'autres violences comme les brûlures à l'acide ou le viol collectif[7].

Sociologie

Malek Chebel souligne la dimension tribale du crime dit d'honneur, lié à la perception de la sexualité féminine et à une organisation patriarcale de la société[8].

Les religions monothĂ©istes, mises au service des traditions, ont contribuĂ© Ă  ancrer dans les esprits une reprĂ©sentation patriarcale et inĂ©galitaire. « Cette tendance n’oblitĂšre en rien le fait que les passions tristes soient ressenties par tous les humains quel que soit le sexe »[9].

Ainsi, les « jeunes femmes sont torturées et tuées par des membres de leur famille à cause de leurs fréquentations, de leur façon de s'habiller ou de leur refus de se soumettre à un mariage forcé. En clair, parce que leur attitude laisse planer un doute sur leur virginité »[10].

« La particularitĂ© est que l’adultĂšre fĂ©minin trouble les lignages et les transmissions, alors que l’adultĂšre masculin n’est pas perçu comme gĂȘnant. S’instaure un climat de terreur comportant des victimes pour l’exemple, amenant les femmes Ă  se soumettre plus encore Ă  l’ordre moral implicite de la collectivitĂ© »[9].

Selon Amnesty International, le crime d'honneur est une « pratique ancienne consacrĂ©e par la culture plutĂŽt que par la religion »[11]. De mĂȘme, Amir H. Jafri relĂšve que ce serait une erreur de lier le crime dit d'honneur Ă  une zone gĂ©ographique ou une religion en particulier[12]. Le crime pour l'honneur existait dĂ©jĂ  dans l'AntiquitĂ©, en Europe mĂ©diĂ©vale et, dans les pays arabes, Ă  l'Ă©poque prĂ©-islamique. Il apparaĂźt dans des rĂ©gions oĂč domine une « culture de l'honneur » plutĂŽt qu'une « culture du droit »[2]. Il est vrai que c'est un flĂ©au en Jordanie et au Pakistan. Mais l'IndonĂ©sie, pays trĂšs majoritairement musulman, ne connaĂźt pas ce phĂ©nomĂšne[2]. Il serait Ă  relier, plutĂŽt qu'aux pays musulmans, Ă  ceux qui se caractĂ©risent par un islam politique[13].

Du fait que ces pratiques se sont rencontrĂ©es dans toute l'histoire, le point de vue sociologique peut ĂȘtre complĂ©tĂ© par une explication plus biologique[14].

Criminologie

« En criminologie, le crime dit d’honneur est reliĂ© Ă  des caractĂ©ristiques de psychologie comportementale invoquant les sentiments que sont la jalousie et la perception d’offense liĂ©e Ă  l’adultĂšre ou mĂȘme la victime du viol »[9]. Le HCR mentionne que « les demandes d’asile sont aussi faites par des personnes d’orientation LGBT qui subissent les meurtres d’honneur autant que des violences physiques ou sexuelles. Sa survenue dĂ©pend de maniĂšre importante du consensus social liĂ© aux libertĂ©s des femmes dans les pays concernĂ©s »[15] - [9].

La fondation de droit suisse SURGIR qui siĂšge Ă  titre consultatif Ă  l'ONU, se penche sur les cas des « femmes assujetties Ă  des traditions criminelles » et dĂ©plore que « entre 15 000 et 20 000 femmes sont tuĂ©es chaque annĂ©e dans le monde, selon les estimations des organisations non gouvernementales, par un cousin, un frĂšre ou un pĂšre craignant l'opprobre de la communautĂ© »[16] - [10]. Selon l’ONU en 2006, il y en aurait 5 000 par an[17].

Dans certaines cultures, les femmes violĂ©es sont considĂ©rĂ©es comme « impures » et rejetĂ©es. Au Pakistan, 80 % des femmes emprisonnĂ©es le seraient parce qu’elles ont Ă©tĂ© violĂ©es[17].

Le crime « d'honneur » est, dans certains pays, moins sĂ©vĂšrement sanctionnĂ© : la responsabilitĂ© du coupable est attĂ©nuĂ©e du fait qu'il s'agit d'une affaire considĂ©rĂ©e comme familiale[3] ou d'un geste accompli par fureur[4] - [14]. Dans certains pays, il est mĂȘme ĂȘtre excusĂ© par la loi, comme c'est le cas en Iran et en Iraq[18]. Dans d'autres, la loi est peu appliquĂ©e. Le meurtre, au Pakistan, de Samia Sarwar (en) en 1999[19], n'a par exemple Ă©tĂ© suivi d'aucune condamnation[20]. C'est pourquoi Malek Chebel appelle Ă  « sanctionner plus sĂ©vĂšrement les auteurs » de ce genre de crimes[21].

En France, la notion de « crime d'honneur », conçu comme circonstance atténuante, a disparu de la législation en 1791. Elle est remplacée par le concept, en théorie moins sexiste, de crime passionnel[22].

Dans le monde

Les crimes d'honneur sont pratiquĂ©s au Proche et Moyen-Orient, en Europe, en Asie et mĂȘme en AmĂ©rique du Sud (Argentine ou Venezuela)[17].

Moyen-Orient

Le meurtre pour l’honneur est une pratique que l’on peut observer (mĂȘme si elle n’est pas lĂ©gitime pour de nombreux habitants de ces pays) dans certains États du Proche et du Moyen-Orient, notamment au Pakistan, en Iran, au Bangladesh, en Égypte, en Jordanie, dans les Territoires palestiniens, ou encore en Turquie. Ces crimes s'appuient principalement mais non exclusivement sur la culture musulmane et la loi islamique, la charia, et ne sont donc pas passibles des tribunaux[17].

Selon la Commission des droits de l’homme du Pakistan (HRCP), 636 femmes sont mortes d’un crime d’honneur en 2007[23]. En 2013, selon la Commission nationale des droits de l’Homme, ce sont prĂšs de 1 000 femmes ou adolescentes qui ont Ă©tĂ© tuĂ©es sous prĂ©texte d’avoir dĂ©shonorĂ© leur famille, le plus souvent en toute impunitĂ©. L’une d'entre elles Ă©tait enceinte de trois mois[24]. Le cas de Qandeel Baloch a Ă©tĂ© quelque peu mĂ©diatisĂ© : la blogueuse et chanteuse pakistanaise a Ă©tĂ© assassinĂ©e par son frĂšre le 15 juillet 2016, qui a invoquĂ© le crime d’honneur[25] - [26].

Au moins 288 femmes ont pĂ©ri en Turquie entre 2001 et 2 008 victimes de crimes d’honneur, selon une Ă©tude universitaire menĂ©e par l’universitĂ© InönĂŒ de Malatya. Les « meurtres traditionnels » dĂ©crits par l’étude sont plus rĂ©pandus dans l’est de la Turquie. Le gouvernement et les associations ont accru leurs efforts au cours des derniĂšres annĂ©es pour Ă©radiquer les crimes d’honneur[27].

Women Abuse (en cours de production) est un court métrage de Pierre Rehov sur les crimes d'honneur et la maltraitance des femmes dans les Territoires palestiniens.

Au Kurdistan irakien, les crimes d'honneur sont parfois maquillés en suicide, notamment en immolation. Depuis 2004, le crime d'honneur n'est plus un facteur atténuant dans les procÚs pour meurtre et depuis 2011 les violences domestiques sont criminalisées. Des refuges sont mis en place pour les femmes qui fuient les crimes d'honneur[28].

Amérique latine

Les crimes « d'honneur » sont fréquents en Amérique latine, notamment au Brésil et au Pérou[29] - [2].

Les Incas pouvaient laisser mourir de faim une femme adultĂšre[2].

Au BrĂ©sil, la Cour suprĂȘme a interdit d'invoquer la dĂ©fense de l'honneur comme circonstance attĂ©nuante d'un fĂ©minicide en 2021[30].

Histoire en Europe

Auparavant, les crimes d'honneur (delitto d'onore) étaient tolérés dans certains pays, comme le Royaume de Naples. Mais, en 1979, en Italie, on compte encore une dizaine de ces crimes chaque année[31]. L'article 587 du Code pénal, indulgent à l'égard du crime pour « offense à l'honneur », a été abrogé en 1981[32].

En 1546, Isabella di Morra, jeune poétesse de Valsinni en Basilicate, est assassinée par ses frÚres qui soupçonnent une liaison avec un homme marié[33].

Dans la nuit du 16 au 17 octobre 1590, Carlo Gesualdo, neveu du cardinal Charles BorromĂ©e et compositeur, assassine Ă  Naples sa femme Maria d’Avalos et son amant Fabrizio Carafa, duc d’Andria qu’il a surpris en flagrant dĂ©lit d’adultĂšre au domicile conjugal. AprĂšs une enquĂȘte instruite par les juges de la Grand-Cour du vicariat de Naples, il ne fut pas condamnĂ©.

Localisation

En Europe, les crimes d’honneurs sont un phĂ©nomĂšne qui, par le passĂ©, a touchĂ© principalement quelques rĂ©gions du sud de l’Europe telles que l'Italie mĂ©ridionale ou l’Albanie.

Selon une analyse des meurtres d'honneur dĂ©clarĂ©s, commis entre 1989 et 2009 et ayant fait 230 victimes, la majoritĂ© (96 %) des meurtriers d'honneur en Europe Ă©taient immigrĂ©s et/ou musulmans[34] - [10]. Les autres Ă©taient le fait de communautĂ©s sikhs, hindoues et chrĂ©tiennes[10]

En Albanie, la pratique du Kanun, un code d’honneur qui fixe les rùgles de comportement incite à la pratique de la vendetta et des crimes d’honneur[35] - [36] - [37].

En GrÚce, la majorité des crimes commis entre 1850 et 1936 le sont « pour cause d'honneur ». Ils sont liés à une organisation clanique de la société, fondée sur la rivalité entre familles[38].

Recrudescence actuelle

L'Europe a connu une recrudescence des cas, constatĂ©e en 2003[39] puis confirmĂ©e en 2009[40]. La Commission europĂ©enne sur l’égalitĂ© des chances constate, en 2003, que ces crimes sont souvent perpĂ©trĂ©s dans la communautĂ© musulmane. Mais elle souligne aussi que la loi musulmane ne prĂ©conise pas cette pratique, qui est au contraire condamnĂ©e par les autoritĂ©s religieuses[39] - [41]. En effet, une fatwa de 2002 condamne le soi-disant crime d'honneur comme Ă©tranger Ă  l'islam[42]. Il s'agit donc d'une interprĂ©tation de l'islam qui sert Ă  justifier une pratique culturelle[41].

En 2013 Ă  Rosarno (Calabre, Italie) un jeune homme de 20 ans, Francesco Barone, fils d’un chef mafieux local, tue sa mĂšre pour la punir d’entretenir une relation extraconjugale avec un chef mafieux rival, Domenico Cacciola (qui a depuis disparu), durant la dĂ©tention de son mari[43] - [44].

Les crimes d'honneur sont réapparus en Europe occidentale auprÚs des personnes musulmanes ou originaires du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Asie[10].

En mars 2011, l'Institut Max Planck publie une étude historique sur les crimes d'honneur. L'étude analyse notamment tous ces crimes connus ayant eu lieu en Allemagne entre 1996 et 2005. Elle constate qu'il y a eu deux crimes d'honneur en 1998, douze en 2004, plus de soixante en 2016, soit une augmentation de 400 %. « Entre 15 000 et 20 000 femmes sont tuées chaque année dans le monde, selon les estimations des organisations non gouvernementales, par un cousin, un frÚre ou un pÚre craignant l'opprobre de la communauté »[10].

Selon l'ONG SURGIR, « aux Pays-Bas, la police estime que treize meurtres ont Ă©tĂ© commis en 2009 au nom de l'honneur ; au Royaume-Uni, une douzaine de cas sont recensĂ©s chaque annĂ©e ; en Allemagne, 72 jeunes filles ont Ă©tĂ© tuĂ©es en dix ans ; en France, depuis 1993, une dizaine de cas ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s dans les mĂ©dias, en grande majoritĂ© dans les communautĂ©s indiennes, pakistanaises, sri-lankaises, kurdes et turques » et appelle les États europĂ©ens Ă  prendre des mesures[10].

  • En Italie, en 2006, Hina Saleem (it), une jeune Pakistanaise de 21 ans, est assassinĂ©e Ă  Sarezzo (Lombardie) par ses parents et des membres de sa famille qui n’acceptaient pas sa relation avec un Italien et sa vie jugĂ©e « trop occidentale »[45]. Hina s’était Ă©galement opposĂ©e Ă  un mariage arrangĂ©.
  • Toujours en Italie, en 2009, Sanaa Dafani, une jeune Marocaine de 18 ans rĂ©sidant avec sa famille Ă  Pordenone (N.-E.), est Ă©gorgĂ©e par son pĂšre qui lui reprochait d’ĂȘtre « trop occidentale » et d’avoir une relation avec un Italien[46]. Il sera condamnĂ© dĂ©finitivement Ă  30 ans de prison en 2012[47].
  • En 2010 Ă  ModĂšne (Italie), un Pakistanais, aidĂ© de son fils, « punit » Ă  coups de barre d’acier et de pierre son Ă©pouse et sa fille qui refusaient un mariage arrangĂ©. La mĂšre succombera Ă  ses blessures[48] - [10].
  • En Allemagne, en 2005, Hatun SĂŒrĂŒcĂŒ (de), une jeune Allemande d’origine turque, est tuĂ©e Ă  Berlin par son frĂšre pour « s’ĂȘtre comportĂ©e comme une Allemande »[49].
  • Aux Pays-Bas, la police estime que treize meurtres ont Ă©tĂ© commis en 2009 au nom de l’honneur[51].
  • En Grande-Bretagne, l’association IKWRO (Iranian and Kurdish Women’s Rights Organisation) a recensĂ© 2 823 agressions (sĂ©questrations, coups, brĂ»lures, homicides) commises en 2010 contre des femmes sous prĂ©texte de « venger l’honneur d'une famille »[52].
  • En SuĂšde, plusieurs cas de crimes liĂ©s Ă  l’honneur ont Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ©s au cours des derniĂšres annĂ©es. Le cas le plus connu est celui de Fadime Sahindal, une jeune femme de 25 ans, d’origine kurde (Turquie) rĂ©sidente en SuĂšde depuis ses 7 ans, assassinĂ©e par son pĂšre le 21 janvier 2002 Ă  Uppsala. Fadime refusait le contrĂŽle social que son entourage exerçait sur elle et avait notamment refusĂ© un mariage arrangĂ© avec un cousin. Quelques mois avant d’ĂȘtre assassinĂ©e, en novembre 2001, Fadime avait prononcĂ© un discours au Parlement suĂ©dois afin de sensibiliser les parlementaires Ă  la problĂ©matique des violences et crimes liĂ©s Ă  l’honneur sur le territoire suĂ©dois[53].
  • En Espagne, en mai 2022, un Pakistanais tue deux de ses filles, mariĂ©es de force Ă  des cousins, qui voulaient divorcer[54].

La véritable ampleur du problÚme du crime d'honneur en Europe reste inconnue car beaucoup de ces crimes n'ont pas de statistiques fiables, certains sont travestis en « litiges domestiques », en « suicides » ou restent non déclarés car la loi du silence prévaut[10]. D'autres désignent un meurtrier mineur, sachant que la législation sera moins sévÚre à son égard[10].

Ailleurs dans le monde

Aux États-Unis, en 1989, le meurtre de Palestina Isa fait partie d'une sĂ©rie de crimes perpĂ©trĂ©s en 2008 et 2009. Au Canada Ă©galement, plusieurs meurtres ont Ă©tĂ© mĂ©diatisĂ©s et ont Ă©mu l'opinion. Mais les Ă©tudes manquent pour dĂ©terminer si cette frĂ©quence apparente est le signe d'une vĂ©ritable recrudescence[2]. La Jordanie, particuliĂšrement touchĂ©e par ce flĂ©au, a vu le nombre de cas diminuer grĂące Ă  une campagne de sensibilisation[2]. En Iran en 2020, une adolescente de treize ans, Romina Ashrafi, est tuĂ©e par son pĂšre pour s'ĂȘtre enfuie avec un homme : le crime dit d'honneur y est peu pĂ©nalisĂ©, 8000 cas ont Ă©tĂ© recensĂ©s entre 2010 et 2014, et leur nombre s'est accru pendant la pandĂ©mie de Covid-19[13]. Au Pakistan, le nombre de ces crimes est restĂ© tristement stable de 1998 Ă  2002 puisque entre 250 et 300 femmes ont Ă©tĂ© tuĂ©es par an, dans la seule province du Pendjab[55]. MalgrĂ© l'adoption par ce pays d'une loi qui vise Ă  punir plus sĂ©vĂšrement ces crimes en 2016[56], la pratique du karo-kari (en) reste frĂ©quente[57].

Notes et références

  1. Schwab, Aurore, "FĂ©minicide : du crime d’honneur au crime passionnel. Une analyse du discours onusien sur les violences familiales", in : Lydie Bodiou, FrĂ©dĂ©ric Chauvaud, Ludovic Gaussot, et al. (dir.), Le fĂ©minicide. Histoire et actualitĂ©s, Hermann, Paris, 2019, p. 327-344
  2. Gouvernement du Canada, « EnquĂȘte prĂ©liminaire sur les crimes dits « d'honneur » au Canada », sur https://www.justice.gc.ca, (consultĂ© le )
  3. Jacqueline Thibault, présidente de la Fondation SURGIR, « Mariages forcés, crimes dits d'honneur (actes du colloque du 8 mars 2010) », sur www.senat.fr, (consulté le )
  4. Lubna Dawani-Nimry, « Mariages forcés, crimes dits d'honneur (actes du colloque du 8 mars 2010) », sur www.senat.fr, (consulté le )
  5. Integration of the human rights of women and the gender perspective: Violence Against Women and « Honor » Crimes, Human Rights Watch, 6 avril 2001
  6. Assemblée Nationale, « Rapport d'information déposé par la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes sur la reconnaissance du terme de "féminicide" (Mme Fiona Lazaar) », sur Assemblée nationale (consulté le )
  7. « La justice pakistanaise libĂšre des auteurs d'un viol collectif », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  8. Malek Chebel, Manifeste pour un islam des LumiĂšres, Pluriel, (ISBN 978-2-8185-0131-3), p. 67-69
  9. Ben Dao, « Point de droit : Qu’est-ce qu’un crime d’honneur », sur abamako.com, (consultĂ© le )
  10. BenoĂźt Vitkine, « Les crimes d'honneur, une rĂ©alitĂ© europĂ©enne », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  11. « 4.6. Les crimes d’honneur », sur Amnesty International Belgique (consultĂ© le )
  12. (en) Amir Hamid Jafri, Honour killing : dilemma, ritual, understanding, Oxford University Press, , préface
  13. (en) Bijan Pirnia, Fariborz Pirnia et Kambiz Pirnia, « Honour killings and violence against women in Iran during the COVID-19 pandemic », The Lancet Psychiatry, vol. 7, no 10,‎ , e60 (ISSN 2215-0366 et 2215-0374, PMID 32949522, DOI 10.1016/S2215-0366(20)30359-X, lire en ligne, consultĂ© le )
  14. Matthew A. Goldstein, « The Biological Roots of Heat-of-Passion Crimes and Honor Killings », Politics and the Life Sciences, vol. 21, no 2,‎ , p. 28–37 (ISSN 0730-9384, lire en ligne, consultĂ© le )
  15. (en) United Nations High Commissioner for Refugees, « Refworld | UNHCR Guidance Note on Refugee Claims Relating to Sexual Orientation and Gender Identity », sur Refworld (consulté le )
  16. « PrĂ©sentation | Surgir », sur surgir.ch (consultĂ© le ) : « La fondation SURGIR a reçu une mention spĂ©ciale par la commission du Prix des Droits de l'Homme de la RĂ©publique Française en 2006 »
  17. Clémence Lemaistre, « "Il y a aussi des crimes d'honneur en Europe" », sur 20minutes.fr, (consulté le )
  18. Gouvernement du Canada. EnquĂȘte prĂ©liminaire sur les crimes dits « d'honneur » au Canada. 2. FrĂ©quence contemporaine apparente des crimes d'honneur Ă  l'extĂ©rieur du Canada.
  19. « « MEURTRES D'HONNEUR » AU PAKISTAN », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  20. « Pakistan: Femmes et jeunes filles tuées pour des questions d'honneur », sur Amnesty International (consulté le )
  21. Malek Chebel. Manifeste pour un islam des LumiĂšres, proposition 8.
  22. Isabelle Alonso, « Le crime passionnel, un concept sexiste », (consulté le )
  23. Frédéric Bobin, « Plus de 600 femmes assassinées en 2007 », dans Le Monde du 26-09-2008 [lire en ligne].
  24. Pakistan: une femme enceinte lapidée à mort, BFMTV, 27/5/2014
  25. Au Pakistan, le fléau tenace des « crimes d'honneur », sur Le Monde.fr, 19 juillet 2016, consulté le 21 juillet 2016.
  26. « Qandeel Baloch, assassinĂ©e pour sauver “l’honneur” de sa famille », sur Courrier International, 18 juillet 2016, consultĂ© le 21 juillet 2016.
  27. Crimes d’honneur en Turquie armenews
  28. Benoit Drevet, « Au Kurdistan irakien, le lourd tribut des « crimes d’honneur » », sur la-croix.com, .
  29. Jennifer Prashad, « Les crimes d’honneur : y a-t-il une fin en vue ? », sur Humanium, (consultĂ© le )
  30. « BrĂ©sil | La justice interdit d’invoquer le « crime d’honneur » pour les fĂ©minicides », sur La Presse, (consultĂ© le )
  31. « L'honneur des hommes et le malheur des femmes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  32. Clément Luy, « Justice patriarcale en Italie », sur Mediapart, (consulté le )
  33. Isabella Morra : « mythologie d’une solitude », sur Pandesmuses.fr, 24/08/2016
  34. (en) Phyllis Chesler, « Worldwide Trends in Honor Killings », Middle East Quarterly,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  35. « Albanie, la pratique du Kanun toujours d’actualitĂ© », sur Asile Savoie, (consultĂ© le ).
  36. « « Crime d'honneur », le refus des Albanais », La Croix,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  37. AngĂ©lique Kourounis, Thomas Iacobi, Jean Christophe Georgoustsos et Nikos Arapoglou, « Reportage : Albanie, la Bible contre la vendetta », Faut pas croire, Radio tĂ©lĂ©vision suisse,‎ (lire en ligne [vidĂ©o])
    « Des jeunes catholiques, soutenus par une religieuse, ont brisé la loi du silence pour combattre le « kanun », un code d'honneur ancestral qui justifie la vengeance et le meurtre. »
  38. Efi Avdela, « « Pour cause d’honneur Â» : violence interpersonnelle et rapports de genre en GrĂšce dans les annĂ©es 1950-1960 », dans Femmes et justice pĂ©nale : XIXe-XXe siĂšcles, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN 978-2-7535-2488-0, lire en ligne), p. 163–171
  39. Commission sur l’égalitĂ© des chances pour les femmes et les hommes, « Les crimes dits d’honneur », sur assembly.coe.int, (consultĂ© le )
  40. AssemblĂ©e parlementaire du Conseil de l'Europe. RĂ©solution 1681: L’urgence Ă  combattre les crimes dits «d’honneur». AdoptĂ©e le 26 juin 2009.
  41. Gouvernement du Canada. EnquĂȘte prĂ©liminaire sur les crimes dits « d'honneur » au Canada. 6, Crimes d'honneur – Les pays soumis Ă  la loi islamique.
  42. (en) Daniel Kroslak, « Honor Killings and Cultural Defense », MĂ­ÄŸniky PrĂĄva v StredoeurĂłpskom Priestore,‎ (lire en ligne)
  43. (it) « ‘Ndrangheta, “uccise la madre per punire relazione con boss”. Arrestato 22enne », Il Fatto Quotidiano, 15 avril 2015.
  44. (it) « La mamma implora “perdunami”. Il figlio la uccide. La ‘ndrangheta non perdona », Strill.it, 15/4/2015.
  45. « Le meurtre d’une Pakistanaise secoue les Italiens », Le Figaro, 17/08/2006.
  46. « Ama un italiano, Sanaa uccisa dal padre », Corriere della Sera, 16/09/2009.
  47. « Delitto Sanaa, definitivi i 30 anni al padre », Il Messaggero, 24/04/2012.
  48. « Italie : crimes d’honneur Ă  coups de barre d’acier et de pierre », bivouac-id.com, 4/10/2010 (traduction française d’un article du journal italien Il Giornale, paru le 4/10/2010.)
  49. « Crimes d’honneur, crimes d’horreur », La Gazette de Berlin, fĂ©vrier 2007.
  50. « Belgique: un crime d’honneur jugĂ© », Le Figaro, 9/12/2011.
  51. « Les crimes d’honneur, une rĂ©alitĂ© europĂ©enne », article de BenoĂźt Vitkine publiĂ© dans Le Monde du 15 novembre 2011.
  52. « Grande-Bretagne : prĂšs de 3000 crimes d’honneur recensĂ©s l’an dernier », Le Point du 3 dĂ©cembre 2011.
  53. (sv) « Fadimes hela tal i riksdagen // discours complet de Fadime au Parlement suĂ©dois », Aftonbladet,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  54. « Matan en Pakistån a dos hermanas afincadas en Cataluña por pedir el divorcio a sus primos », sur ElHuffPost, (consulté le )
  55. Commission des rĂ©fugiĂ©s. Mariage forcĂ©, violences contre les femmes et crimes d’honneur au Pakistan. 09/09/2004.
  56. « Le Pakistan durcit enfin sa loi contre les "crimes d'honneur" », sur RTBF (consulté le )
  57. (en) « ‘Honor’ Killings Continue in Pakistan Despite New Law », sur Human Rights Watch, (consultĂ© le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.