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Cité-jardin

La cité-jardin est un concept théorisé par l'urbaniste britannique Ebenezer Howard en 1898, dans son livre To-morrow : A peaceful path to real reform. C'est une manière de penser la ville qui s'oppose à la ville industrielle polluée et dont on ne contrôle plus le développement pendant la révolution industrielle et qui s'oppose également à la campagne (considérée comme trop loin des villes). Son concept est mis en application par Raymond Unwin dans la réalisation des villes de Letchworth Garden City et de Welwyn Garden City, au nord de Londres, ainsi que d'une « banlieue-jardin » immédiatement au nord du quartier londonien de Hampstead, baptisée Hampstead Garden Suburb. Puis le modèle se répand un peu partout dans le monde.

Cité-jardin Le Logis, Watermael-Boitsfort (Bruxelles)

Le concept initial

En 1898, Ebenezer Howard fait paraître son ouvrage To-morrow : A Peaceful Path to Real Reform (Demain, une vraie réforme par une voie pacifique) dans lequel il décrit son concept de cité-jardin. Son projet est une critique directe de la concentration du système capitaliste anglais. Il s'inspire pour cela d'expériences urbanistiques patronales anglaises réalisées par des industriels novateurs, tels que William Lever, créateur de Port Sunlight fondée en 1888 à proximité de Liverpool ou George Cadbury, créateur de Bournville (en), dans la banlieue de Birmingham, dans les années 1890[1].

Diagramme des trois aimants d'Ebenezer Howard qui représente comment la cité-jardin associe les avantages de la ville et de la campagne sans les désagréments des deux

La cité-jardin de Howard est définie par les principaux points suivants :

  • une maĂ®trise publique du foncier (ce dernier appartient Ă  la municipalitĂ© afin d'Ă©viter la spĂ©culation financière sur la terre) ;
  • la prĂ©sence d'une ceinture agricole autour de la ville (pour l'alimenter en denrĂ©es) ;
  • une densitĂ© relativement faible du bâti (environ 30 logements Ă  l'hectare, bien que ce point ne soit jamais mentionnĂ©, mais seulement dĂ©duit) ;
  • la prĂ©sence d'Ă©quipements publics situĂ©s au centre de la ville (parcs, galeries de commerces, lieux culturels) ;
  • la maĂ®trise des actions des entrepreneurs Ă©conomiques sur l'espace urbain : Howard est un partisan de la libertĂ© d'entreprendre tant que l'activitĂ© ne nuit pas Ă  l'intĂ©rĂŞt collectif. L'installation d'une entreprise est soumise Ă  la validation des habitants.

Ă€ terme, la citĂ©-jardin ne devait pas rester un Ă©lĂ©ment solitaire, mais devait faire partie d'un rĂ©seau plus large constituĂ© de citĂ©s-jardins identiques de 30 000 habitants sur 2400 hectares, elles-mĂŞmes situĂ©es autour d'une citĂ©-jardin plus grande d'environ 58 000 habitants. L'ensemble Ă©tant reliĂ© par un rĂ©seau ferrĂ© dense.

Dès 1903, Howard cherche à mettre en application ses principes urbanistiques, en réalisant la cité-jardin de Letchworth Garden City, à 60 km au nord de Londres, ville dont les plans seront réalisés par Barry Parker et Raymond Unwin. En 1919, il renouvelle l’expérience et crée Welwyn Garden City, d’après les plans de Louis de Soissons.

L'idée de décentralisation sera reprise au cours des années d'après-guerre comme base théorique du plan de développement du Grand Londres. De même, la réalisation des villes nouvelles autour de Paris ou de Lille sera fondée sur ce principe.

En dehors des réalisations effectuées en Angleterre, aucune autre ne reprendra le concept dans son intégralité. C'est ainsi que l'on qualifiera, par erreur, de cité-jardin, toutes les réalisations urbaines mariant construction et nature.

Les cités-jardins en France

La cité-jardin de Stains.
La cité-jardin de Drancy.
La cité-jardin des Grésillons à Asnières-sur-Seine.
Immeubles de la cité-jardin de Suresnes dans les années 1930.

En France, une cité-jardin est selon le Service de l'Inventaire du patrimoine, un « lotissement concerté, où les habitations et la voirie s'intègrent aux espaces verts publics ou privés, et destiné généralement en France à un usage social »[2]. Elle désigne un ensemble de logements sociaux individuels ou collectifs locatifs avec aménagement paysager et jardin autour de l'habitat. Elle comprend, dans la plupart des cas, des équipements collectifs (école, crèche, commerce, maison commune voire église), ce qui la distingue d'un simple lotissement concerté ou d'un ensemble de logements sociaux classique.

Georges Benoit-Lévy (1880-1970), juriste et journaliste de métier, à la suite d'un séjour en Angleterre à la demande du Musée social, publie son ouvrage fondateur La Cité-jardin, en 1904, préfacé par le théoricien du coopératisme Charles Gide[3]. Il fonde la même année l'Association des cités-jardins, à laquelle adhèrent notamment l'architecte Henri Sauvage ou l'homme politique Jules Siegfried. Il contribue par ses écrits à la diffusion de ce modèle d'urbanisme en France et y voit une solution aux problèmes chroniques de logements que connaît le pays.

Dans le bassin minier du Nord, la Cité Bruno à Dourges[4] est peut-être la première cité jardin construite en France en 1904. Les corons en sont la préfiguration dès la seconde moitié du XIXe siècle, et probablement avant [5].

Les cités-jardins de l'Office HBM de la Seine

Les plus célèbres cités-jardins de la région parisienne sont celles réalisées à l’initiative de l’Office public d’habitations à bon marché (HBM) de la Seine, entre les Première et Seconde Guerres mondiales à l’extérieur de Paris. L’objectif était « d’édifier des agglomérations propres à assurer le décongestionnement de Paris et de ses faubourgs » selon le président de cet OPHBM, l’emblématique Henri Sellier. Une quinzaine de cités sont ainsi construites autour de Paris.

Parmi ces cités-jardins toujours existantes, on compte :

  • La citĂ©-jardin de l’Aqueduc Ă  Arcueil-Cachan (aujourd’hui situĂ©e Ă  Arcueil) (1921-1923) : 228 logements sous la forme de pavillons regroupĂ©s de 2 Ă  6 construits par l’architecte Maurice Payret-Dortail. Le projet comporte alors par ailleurs un groupe scolaire, une coopĂ©rative d'alimentation et un stade. Il subsiste encore 43 pavillons d’origine.
  • La citĂ©-jardin, rue de la RĂ©publique Ă  Drancy (1921-1929) : 210 logements individuels et des logements collectifs par les architectes Joseph Bassompierre et de Paul de Rutte.
  • La citĂ©-jardin de Stains (1921-1933) : 1 634 logements (491 individuels et 1 143 collectifs) par les architectes Eugène Gonnot et Georges Albenque[6].
  • La citĂ©-jardin de Suresnes (1921-1939) : construite par les architectes Alexandre Maistrasse, Julien Quoniam, FĂ©lix Dumail et Louis Bazin, Henri Sellier Ă©tant maire de Suresnes. La citĂ© comprend, en plus des logements collectifs et individuels (au nombre de 2 500 avant-guerre, dont 2 327 collectifs), un dispensaire, une crèche, des groupes scolaires, des Ă©quipements sportifs, des lieux de culte catholique et protestant, un théâtre, un magasin coopĂ©ratif, un foyer pour cĂ©libataires et une maison pour personnes âgĂ©es. La citĂ© comprend des commerces, une crèche, une Ă©cole maternelle et une maison pour tous. Dumail puis Bazin reconstruisent des logements et agrandissent la citĂ© (de plus de 500 logements) après la Seconde Guerre mondiale
  • La citĂ©-jardin d’Asnières-sur-Seine, situĂ©e 100 avenue des GrĂ©sillons, est composĂ©e de 719 logements. Ce sont des immeubles en brique rouge, sĂ©parĂ©s d'espaces verts et construits sur les anciens champs d'Ă©pandage. L'Ă©glise Saint-Jean-des-GrĂ©sillons de Gennevilliers y a Ă©tĂ© construite en 1960. Cette citĂ© Ă©tait gĂ©rĂ©e par la ville de Paris, avant son acquisition en 2020 par l'organisme de gestion Hauts-de-Seine Habitat. Ce dernier prĂ©voit de rĂ©nover l'ensemble immobilier Ă  partir de 2021. Les travaux devraient durer entre 5 et 6 ans, pour un budget total de 75 millions d'euros[7].
  • La citĂ©-jardin de Gennevilliers (1923-1934) : 237 pavillons individuels et 186 logements en immeubles construits par les architectes Ernest-Michel Ebrard et FĂ©lix Dumail.
  • La citĂ©-jardin du Plessis-Robinson (1924-1939) : construite par les architectes Maurice Payret-Dortail, Jean Demay, et Jean Festoc, comprenant logements individuels et collectifs (241 Ă  la fin des annĂ©es 1930), ainsi que des commerces. Une partie de la citĂ© a Ă©tĂ© dĂ©truite[8].
  • La citĂ©-jardin du PrĂ©-Saint-Gervais - Pantin - Les Lilas (1927-1933 puis 1947-1952) : construite par l'architecte FĂ©lix Dumail, constituĂ©e de 1 200 logements collectifs et de 56 pavillons individuels (contre 243 prĂ©vus Ă  l'origine), essentiellement situĂ©s sur les communes de Pantin et du PrĂ©-Saint-Gervais, entre l'avenue Jean-Jaurès et l'avenue Édouard-Vaillant. Une partie de la citĂ© est construite Ă  Pantin après la Seconde Guerre mondiale mais dans un style très diffĂ©rent, partie appelĂ©e de nos jours "citĂ© des auteurs" (228 logements). La citĂ© comporte comme Ă©quipements collectifs des boutiques, une Ă©cole (actuelle Ă©cole Jean Jaurès) et un stade. Mais le projet d'Ă©difier en plus une maison des services sociaux, un dispensaire et un théâtre de plein air ne sera pas rĂ©alisĂ©. La citĂ© est partiellement protĂ©gĂ©e au titre des sites.
  • La citĂ©-jardin de Champigny-sur-Marne (1931-1933) par les architectes Pelletier et Tesseire comprenant un théâtre et une Ă©cole.
  • La citĂ©-jardin de la Butte-Rouge Ă  Châtenay-Malabry (1931-1939 puis 1949-1965) : construite par les architectes Joseph Bassompierre-Sewrin, Paul Sirvin, Paul de Rutte et AndrĂ© Arfvidson, sur 74 hectares, en 7 tranches successives. Plus on avance dans le temps, plus les immeubles construits s’agrandissent et leur construction se prĂ©fabrique. 1 573 logements sont construits Ă  la fin des annĂ©es 1930.
  • La citĂ©-jardin de Vitry-sur-Seine (1935-1936), dite « citĂ©-jardins du Petit-Vitry » : construite par les architectes Eugène Gonnot et Georges Albenque, se situe 176-186 avenue Rouget-de-l'Isle et 1-19 et 2-20 avenue Albert-Thomas. Morphologiquement, il s'agit plus d'un ensemble d'immeubles assez dense, desservi par une voie Ă  l'origine fermĂ©e.

D’autres cités ont été construites par l'OPHBM de la Seine mais sont aujourd’hui détruites, car dès cette époque considérées comme provisoires. Elles étaient situées à Bagnolet (détruite dans les années 1930), Dugny (détruite pendant la Seconde Guerre mondiale), Les Lilas (détruite dans les années 1970), …

Progressivement, la tendance à une industrialisation des modes de construction de ces cités et l’évolution vers l’habitat tout collectif, dans un but de réduction des coûts. Les équipements collectifs sont de plus en plus réduits et les espaces verts inexistants. C’est le cas des réalisations de l’OPHBM à Boulogne-Billancourt, Vanves, Maisons-Alfort… L’une des dernières "cités-jardins" lancées par l’OPHBM de la Seine est la cité de la Muette à Drancy (construite par Eugène Beaudouin, Marcel Lods et Jean Prouvé entre 1931 et 1934), qui constitue en réalité une transition vers les grands ensembles, dont c’est le premier exemple en région parisienne.

Toutes les cités-jardins d'Île-de-France sont cartographiées sur la page internet de l’Association régionale des cités-jardins d’Île-de-France.

Les cités-jardins de Reims

La question du logement ouvrier est préoccupante, et le patronat local se lance dans la construction de cités ouvrières comme celle de la verrerie Charbonneaux ou le Val des Bois avec l'entreprise textile de Léon Harmel.

Georges Charbonneaux, né à Reims, le , décédé à Paris le , industriel et philanthrope, dont la famille avait fait fortune dans le verre et la production de vinaigre dans les Deux-Sèvres. En 1910, il accompagne Jean-Baptiste Langlet, maire de Reims, en Angleterre à Bournville (en), cité-jardin dans la banlieue de Birmingham[9], il fonde dans la foulée le Foyer Rémois avec plusieurs industriels qui appartenaient à la tradition du catholicisme social et entretenaient néanmoins des relations suivies avec la haute société protestante locale. Ainsi, il associe Joseph Krug à la création du Foyer rémois qui dès 1911, commença à Reims l’édification de logements destinés aux familles ouvrières et nombreuses. En 1912, il mène une délégation de personnalités rémoises visiter Letchworth [10]. Commencé avant la guerre un premier projet, dans le quartier Charles Arnould (Trois Fontaines), fut abandonné. La ville de Reims a été détruite à 80 % durant la Première Guerre mondiale. La municipalité élue en novembre 1919 et son maire Charles Roche firent appel au major de l'armée américaine George Burdett Ford. Celui-ci élabora un plan de reconstruction ambitieux, le plan « Ford » retenu par le conseil municipal, le , et qui prévoyait de créer une douzaine de cités-jardins, reliées entre elles par une ceinture verte de parcs destinés à séparer les quartiers d'habitation des zones industrielles. La cité-jardin du Chemin-vert est organisée avec une Maison Commune, une église, une maison pour la PMI, la formation des jeunes filles...

Cité-jardin des Trois Fontaines (Charles Arnould)

Les terrains étant destinés à l'origine par le plan Ford à une zone industrielle. Avec 324 logements, dans une 1re tranche, elle est moins importante que la cité du Chemin Vert. La maison commune fermée au début des années 1950 est aujourd’hui Maison des Compagnons du Devoir.

Cité-jardin du Chemin Vert

La plus importante et la plus aboutie. Construite par l'architecte Jacques Marcel Auburtin à l'initiative d'un groupe de patrons catholiques constitué en une société HBM : le Foyer rémois. 600 logements sont construits sur 30 hectares, dans un style régionaliste, logements répartis en 14 types de maisons, isolées ou groupées, toutes dotées d'un jardin. La cité est équipée d'écoles et de commerces et d'une maison commune abritant les bains-douches, une bibliothèque, une salle des fêtes, une école ménagère et l'administration de la cité. Elle possède surtout en son centre l’église Saint Nicaise, décorée par les peintres Gustave-Louis Jaulmes et Maurice Denis, le verrier René Lalique. La cité est toujours propriété de la même société de logement social.

Cité-jardin de la Maison-Blanche

Pour accorder les mêmes subventions qu'au Foyer rémois à un organisme public, la municipalité créa l'Office Public d'Habitation à bon marché, devenu OPHLM, qui entreprit, à la fin des années 1920, la construction de 600 logements dans le quartier Maison-Blanche. L'architecture basco-landaise est caractéristique des pavillons les plus anciens de la cité Maison-Blanche, organisée autour de la place du Souvenir. La moitié seulement du plan initial fut réalisé[12].

L'expérience des cités-jardins a marqué profondément l'urbanisme rémois au point d'en inspirer explicitement des réalisations contemporaines, comme le montrent les exemples de la ZAC du Mont Hermé à Saint-Brice-Courcelles ou Les Aquarelles à Betheny[13].

Les cités-jardins du Grand-Lyon

La région lyonnaise du début du XXe siècle a vu plusieurs cités-jardins créés lors de son développement industriel. Un inventaire non exhaustif de ces ensembles comprend :

Autres réalisations

  • CitĂ© CoopĂ©rative Paris-Jardins de Draveil : C'est l'une des toutes premières citĂ©s-jardins, crĂ©Ă©e en 1911 dans le parc du château de Draveil, par la sociĂ©tĂ© CitĂ© CoopĂ©rative Paris-jardins. C'est un cas particulier dans le sens oĂą il ne s'agit pas Ă  proprement parler de logements sociaux mais d'un lotissement concertĂ©. Conçue par l'architecte Jean Walter, elle est la dernière citĂ©-jardin coopĂ©rative toujours en activitĂ© : composĂ©e de 45 hectares, dont 322 propriĂ©tĂ©s et 17 hectares (parc, château et voirie). Les 17 hectares sont gĂ©rĂ©s par les 322 coopĂ©rateurs, rĂ©unis en sociĂ©tĂ© anonyme coopĂ©rative. C'est dĂ©jĂ  l'ancĂŞtre des citĂ©s d'auto-constructeurs castors[15].
  • La CitĂ© des Cheminots du Nord Ă  Tergnier
    Cité-jardin d'Épinay-sur-Seine construite par la Fondation Blumenthal. Elle était dotée de cette salle de spectacle, d'un dispensaire de la Croix-rouge, récemment fermé, d'un bureau de poste...
    Les cités-jardins de la Compagnie des chemins de fer du Nord : en 1919, Raoul Dautry, ingénieur en chef, est chargé par Paul-Émile Javary, directeur de la Compagnie, de la reconstruction des voies et de l'infrastructure ferroviaire anéantie dans la partie occupée par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale. Pour fixer la main-d'œuvre, il met en chantier la construction de cités-jardins pour loger une partie des employés à proximité des gares dont le service requiert un personnel nombreux. Raoul Dautry s'inspire pour cela des exemples développés par Georges Benoît-Levy. En 1923, on compte déjà 32 cités. Parmi celles-ci, Tergnier (Aisne) est la cité la plus importante et la plus célèbre, avec 1 400 logements abritant 4 500 personnes[16].
  • CitĂ©-jardin du Stockfeld Ă  Strasbourg (1910-1912) : CitĂ©-jardin destinĂ©e Ă  reloger les populations du centre-ville et rĂ©alisĂ©e par l'architecte Edouard Schimpf. Elle a Ă©tĂ© totalement rĂ©novĂ©e en 2005[17]. (Inscrite ISMH)
  • CitĂ©-jardin Ungemach, Ă©galement Ă  Strasbourg.
  • La citĂ© jardin Jean-Jaurès, Ă  Besançon (1925-1931):
  • La citĂ©-jardin de Saint-Just Marseille (1930) : citĂ©-jardin construite dans les annĂ©es 1930 dans le quartier Saint-Just (13e arrondissement) de Marseille. Elle est une des dernières H.B.M. (Habitations Bon MarchĂ©) de la ville, gĂ©rĂ©e par "Habitat Marseille Provence". Bon nombre de loyers sont soumis Ă  la loi de 1948. Il faut noter que cette citĂ©-jardin comptait une boulangerie, une boucherie, une alimentation gĂ©nĂ©rale, et son Ă©cole maternelle il y a encore quelques annĂ©es. Un concept architectural simple : un bâtiment divisĂ© en quatre proposant deux appartements en rez-de-chaussĂ©e avec jardins et deux appartements au-dessus [18]. La politique de l'office d'H.L.M. Ă©tant de se sĂ©parer de cette citĂ© vieillissante et non rentable, ce dernier ne propose plus Ă  la location les logements libres. Ces derniers sont donc proposĂ©s Ă  la vente (sans grand succès au vu des dĂ©marches) et depuis une quinzaine d'annĂ©es la « citĂ© Saint-Just » est devenue CopropriĂ©tĂ© « les Jardins de Saint-Just ».
  • La citĂ©-jardin de Vauzelles Varennes-Vauzelles (1920-1931) : Son Ă©dification principale s'effectua de 1921 Ă  1931 sous la direction de l'architecte Georges Hennequin. La C.G.C.E.M. et la compagnie de chemin de fer P.L.M. (Paris Lyon Marseille) sont Ă  l'origine de cet ensemble comprenant notamment plus de 350 maisons, une Ă©glise et deux Ă©coles. La citĂ© prend place sur les 70 hectares acquis par la SociĂ©tĂ© Immobilière Nivernaise (SIN) en . Dans les annĂ©es 1930 la citĂ© comptait environ 2500 habitants. La citĂ© cheminote, en rĂ©fĂ©rence Ă  la population qu'elle abritait, s'inscrit pleinement dans les prĂ©ceptes de citĂ©-jardin tels que thĂ©orisĂ©s par Ebenezer Howard. Le vĂ©ritable nom de cet ensemble est citĂ© de la Bonne Dame de l'Orme en rĂ©fĂ©rence Ă  un ancien lieu de culte. Avant 1945 la plupart des rues de la citĂ© de la Bonne Dame de l'Orme portait le nom d'une essence d'arbre.
  • CitĂ©-jardin de Beaublanc Ă  Limoges (1924) : construit par Roger Gonthier, architecte essentiel Ă  Limoges dans les annĂ©es 1920 et restĂ© connu pour avoir Ă©difiĂ© la gare de Limoges-BĂ©nĂ©dictins, l'ensemble pavillonnaire de Beaublanc se constitue de 202 logements regroupĂ©s en bâtiments uniformes possĂ©dant chacun un terrain et des Ă©quipements collectifs.
  • CitĂ©-jardin du Trait, en Seine-Maritime (1917) : conçue par l'architecte Gustave Majou et pensĂ©e Ă©galement par Henri Nitot, directeur des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime, entreprise du groupe Worms & Cie.
  • La citĂ©-jardin Jules Nadi de Romans-sur-Isère dans la DrĂ´me[19] : crĂ©Ă©e sous l’impulsion de Jules Nadi Maire de Romans-sur-Isère (1919 Ă  1928). La mise en Ĺ“uvre de la citĂ©-jardin – Jules Nadi a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  l’Office Public HLM crĂ©Ă© Ă  cet effet en 1920 et c’est l’urbaniste-architecte parisien Maurice Fournier qui aura la charge de cet amĂ©nagement durant la durĂ©e des travaux de 1925 Ă  1928. Il choisira un terrain excentrĂ© et libre, Ă  l’époque en pleine campagne sur une surface de 6 ha et dès sa construction, 500 familles avec de nombreux enfants s’installent alors dans la CitĂ©, quittant leurs logements insalubres en pleine ville pour le plein air, une maison, le confort. Plusieurs ouvriers de l'industrie de la chaussure ont pu bĂ©nĂ©ficier de ces logements de ville en campagne. La citĂ©-jardin Jules Nadi comme bien d'autres est inscrite au titre du « Patrimoine du XXe siècle ». Pour la « grande histoire » dix-huit familles et des enseignants de la citĂ© Jules-Nadi ont accueilli, protĂ©gĂ© et scolarisĂ© de nombreux enfants juifs jusqu'Ă  la LibĂ©ration[20].

Des cités-jardins qui n'en sont pas

D'autres quartiers ou villes, désignés sous le terme de « cités-jardins », ne sont absolument pas des logements sociaux, mais au contraire des lotissements concertés de luxe, sans réels équipements collectifs, destinés à une clientèle aisée. Le fait que ces lotissements se trouvent au cœur d'un vaste parc paysager explique peut-être ce rapprochement d'un « modèle anglais ». En fait, ils se rapprochent plus des jardins anglais dans leur aménagement et des lotissements de luxe mis en place à l'époque au Royaume-Uni pour leur philosophie que du modèle d'Ebenezer Howard. Les deux plus célèbres exemples de ces lotissements de luxe en France sont :

Les cités-jardins en Belgique

Comme en France, dans un premier temps, seule une minorité d'hommes politiques et d'urbanistes s'intéressent aux thèses développées par Ebenezer Howard. La situation change après la Première Guerre mondiale.

Contexte

On estime alors à 200 000 le nombre de logements manquants en 1919. Le gouvernement décide donc d'une politique volontariste de construction de logement social.

L'État belge décide notamment de subventionner des coopératives de locataires pour la mise en œuvre de ces logements sociaux par l'intermédiaire des dommages de guerre allemands.

Un certain nombre de concours sont organisés dans l'immédiat après-guerre afin de proposer des modèles d'urbanisme pour ces nouveaux quartiers périphériques des villes et surtout de nouveaux modèles d'habitats avec des contraintes techniques, de coût et de confort moderne.

Les modèles développés

Les cités-jardins belges s'inspirent dans leur forme aux modèles venus d'Angleterre et des Pays-Bas, un certain nombre d'architectes belges ayant connu l'exil dans ces pays pendant la guerre. Cependant, contrairement au modèle d'Howard, ces quartiers ne sont pas des villes autonomes, mais des banlieues résidentielles avec des équipements collectifs.

Les formes des bâtiments sont très différentes d'une cité à l'autre : on retrouve des formes très traditionnelles d'habitat de style néo rural (cité du Logis Floréal à Watermael-Boitsfort par Jean-Jules Eggericx) à des formes très modernes et avant-gardistes (comme la Cité Moderne à Berchem-Sainte-Agathe par l'architecte Victor Bourgeois).

Parmi les différentes cités-jardins construites, on peut citer :

  • la citĂ© Batavia Ă  Roulers : construite Ă  partir de 1919 par les architectes Bodson et Pompe ainsi que Doom et Vermeersch (100 logements) ;
  • la citĂ© de Hautrage-Nord, dans la province de Hainaut, construite Ă  partir de 1921 par l'architecte Antoine Pompe ;
  • la citĂ© Kleine Rusland Ă  Zelzate construite de 1921 Ă  1928 par l'urbaniste Louis Van der Swaelmen et les architectes Huib Hoste, Charles Hoge et Gerald Hoge
  • la citĂ© Zuid-AustraliĂ« Ă  Lierre, en Flandre-Occidentale : construite avec une aide financière du ComitĂ© d'aide australien Ă  partir de 1923 par l'architecte Flor Van Reeth (70 logements) ;
  • la CitĂ© Mallar, situĂ©e dans le quartier des Hougnes Ă  Verviers, en province de Liège : rĂ©alisĂ©e en 1921 par l’architecte Carlos Thirion.

Mais les cités-jardins les plus célèbres ont été implantées dans ce qui était alors la banlieue de Bruxelles.

La fin des cités-jardins belges

Plusieurs facteurs concourent Ă  abandonner ce type d'urbanisme :

  • La fin des paiements des dommages de guerre par les Allemands qui supprime un apport financier non nĂ©gligeable dans les projets, et qui engendre des difficultĂ©s financières aux projets dĂ©jĂ  entamĂ©s ;
  • La peur de voir se dĂ©velopper des "banlieues rouges", notamment autour de Bruxelles ;
  • En 1930, le 3e Congrès International d'Architecture Moderne (CIAM) qui se tient Ă  Bruxelles prĂ©conise les constructions en hauteur et rejette le modèle des citĂ©s-jardins. L'avant-garde architecturale se dĂ©tourne de ces constructions.

Notes et références

  1. Ginette Baty-Tornikian, op. cit., 2001, p. 35-37
  2. Thésaurus de la base Mérimée du Service de l'Inventaire général du patrimoine.
  3. Voir aussi Georges Benoît-Lévy, "La Cité-jardin", dans La Gazette des Beaux-Arts, janvier-juin 1910, pp. 157-168, à lire sur Gallica
  4. Cité Bruno à Dourges
  5. PDF - L’habitat minier en région Nord - Pas-de-Calais - HISTOIRE ET ÉVOLUTION 1825-1970. --JluK ch'ti photographe 2 mars 2013 à 11:00 (CET)
  6. Voir L’exposition virtuelle de la ville de Stains sur l’histoire de cette cité
  7. « Asnières-sur-Seine. Acquisition de la cité-jardins des Grésillons (719 logements) | Hauts-de-Seine Habitat », sur www.hautsdeseinehabitat.fr (consulté le )
  8. Un nouveau quartier de style néo-régionaliste appelé "nouvelle cité-jardins" (sic), inauguré la 15 mai 2008, se veut une prolongation de l’ancienne cité-jardin avec promenades, rivières et espaces verts. Cependant, on est loin de la cité des années 1920 puisque moins de 20 % des logements sont des logements sociaux. Cf. Journal de la cité-jardin
  9. Gaëlle Collet, « Chemin-Vert: La campagne au cœur de la ville », Le journal des paroisses de Reims et son agglomération, no 197,‎ , p. 16
  10. TASSEL François-Xavier, La Reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d'État, Paris, , 896 p.
  11. « À Reims, il se bat pour préserver la cité cheminote », sur Journal L'Union abonné, (consulté le )
  12. Notice no EA51000011, base Mérimée, ministère français de la Culture
  13. Coscia-Moranne Alain, Reims, un laboratoire pour l'habitat- des cités-jardins aux quartiers-jardins, Reims, CRDP Champagne-Ardenne/ CERTU, , 116 p. (ISBN 2-86633-419-1)
  14. Label patrimoine du XXe siècle en Rhône-Alpes
  15. Voir un site Internet sur l'histoire du lotissement du parc du château de Draveil
  16. Patrick Kamoun, La brique et le rail, des cités de cheminots aux logements pour tous, éd. Public histoire, 2007, p. 59-67
  17. Voir un site Internet sur la cité jardin de Stockfeld (très complet)
  18. Notice no IA13000636, base Mérimée, ministère français de la Culture
  19. Sauvegarde du patrimoine romanais péageois
  20. source : Robert Serre, De la DrĂ´me aux camps de la mort

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages anciens

  • (en) Ebenezer Howard, To-Morrow, A peaceful Path to real Reform (Demain, une voie pacifique vers la rĂ©forme sociale), Routeledge, Londres, New York, 2003, 220 p. (1re Ă©dition 1898).
  • (en) Ebenezer Howard, CitĂ©s-jardins de demain (en), Londres, S. Sonnenschein & Co, , 2e Ă©d., 168 p. (lire en ligne Accès libre)
    édition française : éd. Sens & Tonka, 1998
  • Georges Benoit-LĂ©vy, « La CitĂ©-jardin », Gazette des Beaux-Arts,‎ , p. 157-168 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Henri Nitot, Les citĂ©s-jardins. Etude sur le mouvement des citĂ©s jardins suivie d'une monographie de la citĂ©-jardin du Trait (Seine-InfĂ©rieure), Paris, PUF, 1924, 180 p.

Ouvrages et articles contemporains

  • Thierry Paquot, « Ebenezer Howard et la citĂ©-jardin », Urbanisme, no 343, juillet-
  • Annie Fourcaut, « La citĂ©-jardin contre le lotissement. 1900-1930 », Urbanisme n° 309, Le XXe siècle : de la ville Ă  l'urbain, novembre-, p. 22-24.
  • Collectif, La citĂ©-jardin, Une histoire ancienne, une idĂ©e d'avenir, Les Cahiers de l'APIC n°3, Collection Patrimoine Ressources, Ă©d. du CRDP de Champagne-Ardenne, 2003, 156 p. + CD-Rom [Sommaire et extraits']
  • BenoĂ®t Pouvreau, Marc CouronnĂ©, Marie-Françoise Laborde, Guillaume Gaudry, Les CitĂ©s-jardins de la banlieue du nord-est parisien, Éditions du moniteur, Paris, 2007, 143 p. (ISBN 978-2-281-19331-2)
  • Ginette Baty-Tornikian (dir.) avec la collaboration d'Amina Sellali, CitĂ©s-jardins. Genèse et actualitĂ© d'une utopie, Paris, Éditions Recherches/IPRAUS, 2001, 157 p. [prĂ©sentation en ligne extraite de CAES Magazine]
  • Ginette Baty-Tornikian, La ville satellite - des citĂ©s-jardins aux Ă©coquartiers, CanopĂ© - CRDP, 2013.
  • Thierry Roze, « Les citĂ©s-jardins de la rĂ©gion d'ĂŽle-de-France », Cahiers de l'IAURIF, vol.51, , 2 vol.
  • Eric Hennaut et Liliane Liesens (Dir.), CitĂ©s-jardins en Belgique, 1920-1940, Ă©d. Archives d'architectures modernes, Bruxelles, 1994, 110 p.
  • Stephen Musgrave, « Le Rheu : Letchworth in Brittany? », Town and Country Planning, vol. 71, no 11, pp. 289–292, Town and Country Planning Association, London,
  • Lewis Mumford, La CitĂ© Ă  travers l'Histoire (1961, rĂ©Ă©d. 1989), Marseille, Agone, 2011. (page consacrĂ©e au livre sur le site de l'Ă©diteur). A reçu le National Book Award
  • François-Xavier Tassel, La Reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d'État, thèse de doctorat, universitĂ© Paris-VIII, 1987
  • Jean-Pierre Gaudin, L'avenir en plan - technique et politique sans la prĂ©vision urbaine 1900-1930, Champ Vallon- PUF, Seyssel,1985, (ISBN 2-903528-48-9)
  • Christian Lebailly et Mathieu Bidaux, 50 ans de construction navale en bord de Seine : les ACSM et leur citĂ©-jardin (1917-1966), www.wormsetcie.com, 2017, 374 p.
  • Les citĂ©s-jardins d'ĂŽle-de-France, une certaine idĂ©e du bonheur, Lieux Dits, 2018.

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