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Castors (mouvement coopératif)

Les Castors sont un mouvement d'autoconstruction coopĂ©rative nĂ© après la Seconde Guerre mondiale en France. Il est aujourd’hui implantĂ© au niveau national et compte près de 50 000 adhĂ©rents.

Il ne s’agit pas d'une association, mais de plusieurs associations plus ou moins indépendantes, fédérées par la Confédération nationale d’autoconstruction CASTORS. Chaque association a la même vocation et propose à peu près les mêmes services avec des variantes suivant les régions.

Histoire

Le mouvement est apparentĂ© aux expĂ©riences des « cottages sociaux Â» de l'entre-deux-guerres[1], qui fonctionnaient suivant un principe similaire. Entre 1921 et la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion initiale de l’ingĂ©nieur GĂ«orgia Knap et favorisĂ©s par la loi Loucheur de 1928, 22 groupes de la rĂ©gion lyonnaise ont ainsi construit plus de mille maisons[2].

1945 à 1950 : développement du mouvement

Le terme « Castor Â» semble apparaĂ®tre Ă  la fin de la Seconde Guerre mondiale[3]. Ă€ Bayonne, malgrĂ© l'hostilitĂ© du maire de l'Ă©poque, un groupe de pionniers obtient pour un prix raisonnable, dans les barthes de l'Adour, un terrain marĂ©cageux soumis Ă  l'influence des marĂ©es. Une soixantaine de familles dans un premier temps est rejointe par une vingtaine d'autres dont le premier travail a consistĂ© Ă  creuser des canaux, Ă  assĂ©cher les marĂ©cages et Ă  protĂ©ger le quartier par des buttes, avant de s'attaquer aux constructions proprement dites.

Le premier chantier important débute en 1948 à Pessac, organisé par les membres du Comité ouvrier du logement de Bordeaux. Deux suivront, un à Montreuil, puis un à Rezé.

On voit alors des familles se regrouper dans différentes villes de France (dont Lyon et Villeurbanne) autour d'expériences d’auto-construction coopérative fondées sur le principe de l’apport-travail : le travail collectif, effectué pendant les heures de loisirs, vient pallier l’incapacité des personnes ainsi associées à financer l’achat ou la construction d’un logement.

Ces regroupements ont été une réponse militante de différents mouvements politiques et sociaux à la crise du logement (qui, selon l'analyse de Pierre Mercklé[3], n’aurait pas suffi, à elle seule, à le déclencher). Bien que la part de l'aspect communautaire varie suivant les opérations, il a joué un rôle dans l'essor et l'organisation du mouvement, en favorisant les rencontres des membres et les échanges entre les regroupements.

1950 à 1959 : période des coopératives

Construction de pavillons Castor Ă  Antony en 1954

En 1950 (ou 1951, selon les sources[2] - [3]) est fondée en Bretagne l'Union Nationale des Castors (UNC), « dans le but de coordonner l'action des différents groupements de Castors, de les conseiller administrativement, juridiquement, financièrement et techniquement, et de les représenter auprès des administrations des organismes compétents. ».

Le principe de l'apport-travail, acquis avec l'expérience de Pessac, fut reconnu par une décision interministérielle (du Ministère de la reconstruction et de l'urbanisme et des Finances) du . Après une rencontre en entre le MRU et l'UNC, Claudius-Petit, alors ministre, reconnaît officiellement par une circulaire du le mouvement CASTORS, autorisant l'emploi de la formule Castor dans la législation HLM[4].

L’UNC structure peu à peu la majeure partie du mouvement Castor, jusqu’à la création en de la Confédération Française des Unions de Castors (CFUC), réunissant l'UNC et les associations départementales de la Seine et de Seine-et-Oise. Mais dès le début de l’année 1955, avec le lancement du programme des grands ensembles, le mouvement décline. La préférence des pouvoirs publics va plutôt au collectif et au locatif. La CFUC est dissoute en .

1960 à nos jours : développement du Castor individuel

Le mouvement Castor s'oriente dans les années 1960 autour de la construction à titre individuel. Les structures du mouvement évoluent tandis que les coopératives de consommation disparaissent avec l'essor des grandes surfaces. Fin 1968, les associations des Castors de Loire-Atlantique et de Seine-et-Oise fondent l'UDEC[5], organe comptable des associations des Castors, qui permet à leurs adhérents d'acheter des matériaux à des conditions préférentielles.

L'une des dernières opérations de regroupement de Castors est celle de Saint-Vrain en 1972. Les différentes associations se regroupent au sein de la Confédération d'autoconstruction nationale des Castors[5].

Petit à petit les chantiers coopératifs (construction d'un lot de maisons au travers de l'entraide Castors) ont laissé la place aux chantiers individuels (construction ou rénovation d'une seule maison ou logement).

Les Castors d’Alsace[6] mènent actuellement un chantier coopératif faisant intervenir les adhérents Castors de cette association pour rénover et mettre aux normes le nouveau siège social de l'association (bâtiment datant de 1925 qui n'a pas été occupé durant une douzaine d'années).

Services

Voir détail des services proposés sur le site Internet de chaque association Castors.

  • SoirĂ©es techniques traitant des diffĂ©rents stades de la construction,
  • Assurance : Dommage ouvrage dĂ©cennal. Multigaranties responsabilitĂ© civile de l’adhĂ©rent Castor et des bĂ©nĂ©voles pendant les travaux, assurance des biens... plusieurs formules sont proposĂ©es,
  • MatĂ©riel de location,
  • Conseils d’achat,
  • Groupement d’achat,
  • Assistance pour les plans et permis de construire,
  • Conseils d’un architecte et/ou d'un thermicien,
  • Visites de chantier,
  • Chantiers participatifs[7],
  • Panneau de chantier[8],
  • Carte de rĂ©duction Castors,
  • Forum d'Ă©change et de partage[9],
  • Liste d’artisans locaux et entreprises agrĂ©Ă©es.
  • Liste de financier acceptant les auto-constructeurs et auto-rĂ©novateurs[10],
  • Tarif prĂ©fĂ©rentiel et promotions pour les membres,
  • Organisation de rencontres entre auto-constructeurs, Ă©change d’expĂ©rience et coup de main,
  • Financement : PrĂŞt PASS TRAVAUX labellisĂ© CASTORS (supprimĂ© le )
  • Assistance Technique Chantier,

Selon les rĂ©gions, il ne reste parfois de l'idĂ©e de coopĂ©ration, que l'aspect « groupement d'achat Â». L'entraide entre Castors qui Ă©tait la base du mouvement Ă  ses dĂ©buts perdure dans des formes plus modernes notamment grâce Ă  internet. Les chantiers coopĂ©ratifs ont laissĂ© la place aux chantiers individuels (construction ou rĂ©novation d'une seule maison ou logement).

Annexes

Filmographie

  • L'Utopie de Pessac, documentaire de 52 minutes rĂ©alisĂ© par Jean-Marie Bertineau, produit par Vie des Hauts Production / France TĂ©lĂ©visions en 2011. Retrace l'histoire de la première CitĂ© Castors en France.
  • Pays Castor, documentaire de 55 minutes, rĂ©alisĂ© par Samanta YĂ©pez, 2015 (voir notice [11])

Bibliographie

  • Daniel Bancon, Les Castors de l'Alouette (1948-1951), 141 p., Éd. Princi NĂ©guer, 1998 (ISBN 2-905007559)
  • Maurice Vilandrau, L’étonnante aventure des Castors. L’autoconstruction dans les annĂ©es 50, 174 p., L’Harmattan, 2002 (ISBN 978-2747521635)
  • Jacques Ethioux, Bressuire, la CitĂ© des Castors, citĂ© des forçats de la construction, dans le numĂ©ro 57 de la Revue d’Histoire du Pays bressuirais
  • Paul Culturello, Les nouveaux « Castors Â». Des solidaritĂ©s collectives aux solidaritĂ©s familiales. Les pratiques d'autoconstruction des mĂ©nages accĂ©dant Ă  la propriĂ©tĂ© en maison individuelle, Nice, UniversitĂ© de Nice, 1987, 213p., (Étude rĂ©alisĂ©e dans le cadre du Groupe d'Études et de Recherches sur les transformations des Modes de vie)
  • Henri Leborgne, Les Castors rennais. Une aventure humaine de solidaritĂ© et de fraternitĂ©, Cesson-SĂ©vignĂ©, Imprimerie Patrick Juette, 2003, 125 p.
  • Albert Meister, CoopĂ©ration d'habitation et sociologie du voisinage. Etude de quelques expĂ©riences pilotes en France, Paris, Editions de Minuit, 1957, 178 p.
  • Yohann Guiavarc'h, Construire sa maison en commun. L'aventure des Castors du Finistère, Morlaix, Skol Vreizh no 65, 2012, 84 p.
  • H. Inyzant, Le mouvement Castor en France. Les coopĂ©ratives d'autoconstruction entre 1950 et 1960. Recherche historique, analyse Ă©conomique et politique, Nanterre, 1981, 167p., (Thèse de Doctorat de troisième cycle de sociologie, UniversitĂ© Paris-X, dir. Henri Raymond).
  • Julie Boustingorry, Des pionniers autoconstructeurs aux coopĂ©rateurs : histoire des Castors en Aquitaine (Thèse de Doctorat en histoire contemporaine de l'universitĂ© de Pau et des Pays de l'Adour, 2008, dir. Christian Thibon)
  • Devenir « Castor » : les diffĂ©rentes Associations Castors en France diffusent le MĂ©mento de la Construction.
  • Michel Messu, L'Esprit Castor , Presses Universitaires de Rennes , 2007

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. selon un article de Castor service, bulletin de liaison et d’information de l’Union nationale des Castors intitulé Qu’est-ce qu’un Castor ?
  2. L'histoire des Castors sur le site des Castors RhĂ´ne-Alpes
  3. Pierre Mercklé, 1994. La crise du logement d'après-guerre en France et les mouvements coopératifs : l’exemple des Castors, mémoire de DEA de sciences sociales sous la direction de Marcel Roncayolo, ENS/EHESS.
  4. Thierry Lanfant, Chantal Richard, Claire cité ; Balinière. Histoire d'une aventure autoconstruite, Mémoire de fin d'études, École d'Architecture de Nantes, 2 vol., Nantes, 1986, p. 188.
  5. Présentation du mouvement sur le site des Castors du Nord
  6. Les Castors d’Alsace
  7. « Liste des chantiers participatifs proposés par les adhérents Castors : », sur Les Castors (consulté le )
  8. « Panneaux de chantier Castors », sur Les Castors (consulté le )
  9. « Les Castors », sur Les Castors (consulté le )
  10. « Financer son projet », sur Les Castors (consulté le )
  11. « Pays Castor », sur film-documentaire
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