AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Attentat du train Thalys le 21 août 2015

L’attentat du train Thalys le est une tentative terroriste avortĂ©e par armes Ă  feu qui s'est dĂ©roulĂ©e Ă  bord du train Thalys no 9364 reliant Amsterdam Ă  Paris sur la ligne LGV Nord, alors que celui-ci se trouve aux alentours de la commune d'Oignies, dans le Pas-de-Calais.

Attentat du train Thalys le 21 août 2015
Image illustrative de l’article Attentat du train Thalys le 21 aoĂ»t 2015
Un train Thalys en Gare du Nord (Paris), en 2014.

Localisation Oignies, Pas-de-Calais
(Drapeau de la France France)
Cible Passagers du train Thalys
CoordonnĂ©es 50° 27â€Č 57″ nord, 2° 58â€Č 26″ est
Date
17 h 45 (CEST)
Type Fusillade
Armes Kalachnikov AKM et neuf chargeurs de 30 cartouches chacun[1]
Pistolet automatique Luger P08[1]
Cutter[1]
50 cL d'essence[2]
Morts 0
Blessés 3[1]
Auteurs Ayoub El Khazzani
Organisations Drapeau de l'État islamique État islamique
Mouvance Terrorisme islamiste
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Attentat du train Thalys le 21 août 2015
GĂ©olocalisation sur la carte : Hauts-de-France
(Voir situation sur carte : Hauts-de-France)
Attentat du train Thalys le 21 août 2015
GĂ©olocalisation sur la carte : Pas-de-Calais
(Voir situation sur carte : Pas-de-Calais)
Attentat du train Thalys le 21 août 2015

L'attaque, projetée par Ayoub El Khazzani, un ressortissant marocain proche de l'islamisme radical, est déjouée par des passagers du train dont des militaires américains en vacances, qui immobilisent le terroriste. En 2020, l'agresseur est jugé pour tentatives d'assassinats, association de malfaiteurs et détention d'armes, le tout en relation avec une entreprise terroriste. Le 8 décembre 2022, il est condamné en appel à la réclusion à perpétuité.

La mĂȘme cellule terroriste franco-belge, constituĂ©e autour d'Abdelhamid Abaaoud et dirigĂ©e depuis Raqqa, prĂ©pare, coordonne et commet Ă©galement les attentats dĂ©jouĂ©s Ă  Verviers en , les attentats du 13 novembre 2015 en France et les attentats du 22 mars 2016 Ă  Bruxelles.

Contexte

L’évĂ©nement survient Ă  la suite d'une sĂ©rie d'actes terroristes liĂ©s au salafisme djihadiste, perpĂ©trĂ©s sur le territoire français entre 2010 et 2015, et dans un contexte de mondialisation du terrorisme islamiste. Les assaillants nient systĂ©matiquement leur implication lors des tentatives avortĂ©es[3].

DĂ©roulement des faits

Le train Thalys no 9364 au départ de la gare Bruxelles-Midi en .
Carte des principales lignes empruntées par le Thalys.

Le vendredi vers 17 h 50[1], un individu de 26 ans, armĂ© d’un fusil d'assaut Kalachnikov (type AKM) avec neuf chargeurs pleins[alpha 1], d’un pistolet automatique Luger 9  mm et d’un cutter[4], monte en gare de Bruxelles-Midi[5] Ă  bord du train Ă  grande vitesse Thalys no 9364 reliant Amsterdam Ă  Paris. Peu aprĂšs le passage du convoi en France Ă  Oignies (Pas-de-Calais), il ouvre le feu dans le train[1].

Diagrame de l'attaque du train provenant du rapport interne de Thalys[6].

Alors que l'assaillant sort des toilettes, un premier voyageur, « Damien A. », un Français ùgé de 28 ans tente de le désarmer. Un autre passager, Mark Moogalian, un Franco-Américain de 51 ans[7] - [8] vient au secours du voyageur français ; il empoigne à son tour le fusil d'assaut du tireur et parvient à s'en emparer. Le tireur sort alors son pistolet Luger et fait feu, atteignant Moogalian dans le haut du dos et lui reprenant le fusil d'assaut[1] - [9] - [10] - [11].

Le tireur entre alors dans la voiture 12 du train. Pendant qu'il tente d'ouvrir le feu, son arme semble avoir une dĂ©faillance[12]. Deux passagers amĂ©ricains en vacances, Alek Skarlatos (militaire de rĂ©serve de la Garde nationale amĂ©ricaine) et Spencer Stone (ambulancier de l'US Air Force), se jettent Ă  mains nues sur le tireur et l'immobilisent. Ensuite, aidĂ©s par le Britannique Chris Norman et l'Ă©tudiant amĂ©ricain Anthony Sadler, ami d’enfance de Stone et Skarlatos, ils dĂ©sarment l’agresseur et le maĂźtrisent. Un autre passager français, conducteur de trains en repos, participe Ă©galement Ă  la lutte.

Au cours de la lutte, Stone est blessĂ© Ă  coups de cutter Ă  la main et au cou, ce qui ne l’empĂȘchera pas de porter secours Ă  Moogalian, touchĂ© par le tir du pistolet[1] - [13]. Une fois la situation maĂźtrisĂ©e, Sadler court vers la derniĂšre voiture pour annoncer la fin du drame aux passagers choquĂ©s et pour chercher une trousse de secours. Il essaye Ă©galement d'entrer dans la motrice Ă  deux reprises, sans y parvenir, les employĂ©s de Thalys s'Ă©tant enfermĂ©s Ă  l’intĂ©rieur[14].

Entre 18 h et 18 h 30, l'individu est interpellĂ© en gare d'Arras (Pas-de-Calais) vers laquelle le Thalys a Ă©tĂ© dĂ©routĂ©[15]. Pris en charge dans un gymnase proche, les 554 passagers du train voient leurs identitĂ©s vĂ©rifiĂ©es et leurs bagages fouillĂ©s avant d’ĂȘtre acheminĂ©s dans la nuit Ă  Paris. Lors de l'enquĂȘte, la police technique et scientifique française ne retrouve dans le train qu’un seul Ă©tui (« douille » d’arme lĂ©gĂšre)[1].

À 19 h 30, le ministre de l’IntĂ©rieur français, Bernard Cazeneuve, se rend Ă  Arras. Peu avant 21 h, le prĂ©sident de la RĂ©publique, François Hollande, indique que « tout est mis en Ɠuvre pour faire la lumiĂšre » sur cette affaire. L’ÉlysĂ©e prĂ©cise une heure aprĂšs que le prĂ©sident français et le Premier ministre belge, Charles Michel, « sont convenus au tĂ©lĂ©phone de coopĂ©rer Ă©troitement » dans l’enquĂȘte. Quelques minutes aprĂšs, la section antiterroriste du parquet de Paris se saisit de l’enquĂȘte[1].

Le lendemain , le suspect, transfĂ©rĂ© tĂŽt le matin dans les locaux de la sous-direction anti-terroriste (SDAT) Ă  Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), nie ĂȘtre un terroriste, une version qui ne tient pas du fait des investigations en cours[16]. Vers 16 h, le gouvernement belge dĂ©cide de renforcer les mesures de sĂ©curitĂ© dans les trains et les gares du pays. Vers 17 h, le Premier ministre français, Manuel Valls, annonce que la SNCF va mettre en place un « numĂ©ro national de signalement des situations anormales dans les trains et les gares »[1], numĂ©ro qui existait dĂ©jĂ  pour traiter les cas d'urgence ou d'agression dans les trains[17].

Profil du suspect

Ayoub El Khazzani
Terroriste islamiste
Information
Nom de naissance Ayoub El Khazzani
Naissance
Maroc
Nationalité Drapeau du Maroc Marocaine
AllĂ©geance Drapeau de l'État islamique État islamique
Idéologie Salafisme djihadiste
Sexe Masculin
Actions criminelles Attentat
Attentats Attentat du train Thalys du 21 août 2015
Victimes 3 blessés

Le suspect interpellĂ© dans le train n'Ă©tant pas muni de ses documents d'identitĂ© lors de son arrestation, son identitĂ© est d'abord fondĂ©e sur ses dĂ©clarations aux forces de l'ordre. L'identitĂ© fournie correspond Ă  celle d'un Marocain de 26 ans fichĂ© dans trois pays comme islamiste radical, dont la France, oĂč il fait l'objet d'une fiche S (pour « sĂ»retĂ© de l’État »)[18].

Le vers 19 h 30, l'homme est formellement identifié comme étant Ayoub El Khazzani, un ressortissant marocain qui résidait en Espagne en 2014 et en Belgique en 2015[1]. Il a été signalé en aux services français par leurs confrÚres espagnols comme appartenant à la mouvance islamiste radicale. Il est localisé à Berlin le et aurait embarqué pour la Turquie, puis la Syrie, avant de revenir en France[1].

D'aprĂšs les mĂ©dias, le terroriste est connu pour avoir frĂ©quentĂ© des mosquĂ©es radicales et s'ĂȘtre rendu en Syrie[1]. L'homme portant cette identitĂ© a participĂ© Ă  un trafic de drogue, pour lequel il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  une peine de dĂ©tention en Espagne. En , des informations Ă  son sujet ont Ă©tĂ© transmises Ă  la France, en raison de sa volontĂ© de quitter son domicile d'AlgĂ©siras pour s'Ă©tablir en France[19]. Son basculement dans l'islam radical semble remonter Ă  la frĂ©quentation, dĂšs 2010, de la mosquĂ©e Taqwa d'AlgĂ©siras, un lieu de culte aux prĂȘches virulents dont le trĂ©sorier est son frĂšre[20].

Il dément toute volonté terroriste, expliquant qu'il voulait « braquer » les voyageurs[21]. Selon les trois Américains qui ont maßtrisé le forcené, il n'y avait aucun doute que l'agresseur voulait commettre un attentat et non rançonner les voyageurs : « On n'a pas besoin de huit chargeurs pour dévaliser un train », indique Anthony Sadler. Selon Alek Skarlatos, « il avait beaucoup de munitions, ses idées étaient vraiment claires »[22].

InterrogĂ© par la justice française, il revient sur ses prĂ©cĂ©dentes dĂ©clarations et reconnaĂźt le son implication dans l'attaque djihadiste. Son avocate Sarah Mauger-Poliak explique qu'il aurait eu « une cible prĂ©cise, dĂ©terminĂ©e » et « qu'il n'Ă©tait pas lĂ  pour faire un massacre de masse et tuer n'importe qui. [...] Pas du tout »[23]. SignalĂ© pour islamisme radical par les services de renseignements espagnols, oĂč il a vĂ©cu plusieurs annĂ©es, il avait sĂ©journĂ© en Belgique Ă  Molenbeek-Saint-Jean, foyer de terrorisme en Belgique[23]. Il tente plusieurs fois de prendre l'avion en Turquie pour pĂ©nĂ©trer dans l’espace Schengen, mais est refoulĂ© faute de passeport adĂ©quat. Il reçoit alors l'instruction d'attendre un nommĂ© « Hamza » et l'ouverture de corridors pour les rĂ©fugiĂ©s. « Hamza » est identifiĂ© ultĂ©rieurement comme Bilal Chatra, un AlgĂ©rien de 20 ans, qui est interpellĂ© en Allemagne en [24]. Les enquĂȘtes sur les actes terroristes de 2015 et 2016 ont mis en Ă©vidence que, de retour de Syrie Ă  l'Ă©tĂ© 2015, il a voyagĂ© avec le djihadiste Abdelhamid Abaaoud. Ils sont arrivĂ©s Ă  Budapest le en se mĂȘlant aux migrants et ont sĂ©journĂ© dans le mĂȘme hĂŽtel. Le , Abaaoud quitte la Hongrie pour l'Autriche en voiture, alors qu'El Khazzani part en train le lendemain[23].

Polémiques

L'acteur français Jean-Hugues Anglade, présent avec ses enfants et sa compagne dans le train lors de la fusillade, se blesse légÚrement à la main en voulant accéder au marteau brise-vitre[25] - [26]. Dans les heures qui suivent, il blùme l'attitude du personnel de la compagnie Thalys[27], estimant que celui-ci a abandonné les passagers pendant la tentative d'attentat[28] - [29]. Le magazine Le Point remet en cause la pertinence de son propos[25] et un contrÎleur la véracité de son témoignage[30].

La sociĂ©tĂ© Thalys, par l'intermĂ©diaire de sa directrice gĂ©nĂ©rale AgnĂšs Ogier, rĂ©agit et dĂ©fend ses employĂ©s : « ils ont rempli leur devoir »[31], et prĂ©cise « Lui et tous les passagers ont vĂ©cu un choc, tout s'est passĂ© trĂšs vite. Nous avons tous besoin d'un peu de temps pour comprendre ce qui s'est passĂ© »[31]. L'acteur est reçu le par AgnĂšs Ogier et le prĂ©sident de la SNCF, Guillaume Pepy[32] et un communiquĂ© de presse conjoint est publiĂ©, dans lequel il est indiquĂ© que le tĂ©moignage incontestable de Jean-Hugues Anglade, comme celui des autres passagers, sera pris en compte dans l'enquĂȘte interne de la sociĂ©tĂ© Thalys[33].

L'avocat d'Ayoub El Khazzani dénonce pour sa part le traitement réservé à son client pendant son transfert au palais de justice[34] - [35] - [36] - [37] - [38]. La chaßne I-Télé est mise en garde par le parquet de Paris pour avoir diffusé une photographie du suspect menotté[39] - [3].

EnquĂȘtes

Deux enquĂȘtes distinctes ont Ă©tĂ© ouvertes par les autoritĂ©s : une en France, une autre en Belgique[40]. Par ailleurs, la sociĂ©tĂ© Thalys mĂšne une enquĂȘte interne[33].

EnquĂȘte française

Le , la section antiterroriste du parquet de Paris se saisit de l’enquĂȘte « au vu de l’armement utilisĂ©, du dĂ©roulĂ© des faits et du contexte »[5].

Au vu des faits qui lui sont reprochĂ©s, le suspect est placĂ© en garde Ă  vue pour une durĂ©e qui peut ĂȘtre portĂ©e Ă  96 h. D'aprĂšs la police, par son mode opĂ©ratoire, cette attaque ressemble Ă  une attaque terroriste[41].

Dans la nuit du au , l'auteur de l'attaque, Ayoub El Khazzani, est mis en examen pour tentatives d'assassinats, association de malfaiteurs et détention d'armes, le tout en relation avec une entreprise terroriste. Conformément aux réquisitions du parquet, il est placé en détention provisoire. Selon le procureur de la République de Paris, François Molins, El Khazzani a été neutralisé « avant qu'il ne passe à l'acte et ne provoque un véritable carnage »[20]. Le procureur indique que, avant l'attaque, l'assaillant s'est motivé en consultant à bord du Thalys, depuis un téléphone mobile activé quelques heures auparavant pour éviter tout repérage, un fichier sonore diffusé sur YouTube dans lequel un inconnu exhortait ses fidÚles « au combat et à la prise des armes au nom du ProphÚte ». Il ajoute que l'assaillant avait une « attitude résolue » lors du passage à l'acte et a fait « usage de toutes ses armes » pour tenter d'éliminer ceux qui s'opposaient à lui dans le train. François Molins estime que le « projet » de l'assaillant « apparaßt ciblé et prémédité »[20].

Le , lors d'un interrogatoire devant le juge d'instruction, El Khazzani affirme : « Personnellement, j'ai pas pu tuer. J'avais deux armes avec moi. IntĂ©rieurement, j'Ă©tais dĂ©truit psychiquement, mais Ă  la derniĂšre minute, je n'ai pas pu »[42]. Il affirme Ă©galement avoir refusĂ© la ceinture d'explosifs que lui proposait son donneur d'ordres, Abdelhamid Abaaoud : « J'Ă©tais contre le fait de massacrer des gens », mais ajoute : « En garde Ă  vue, trĂšs honnĂȘtement, j'ai regrettĂ© de ne pas avoir tuĂ©, aprĂšs avoir vu tout ce qui se passe en Syrie »[42]. Lors d'un prĂ©cĂ©dent interrogatoire en , El Khazzani a affirmĂ© qu'Abaaoud lui a « dit que la cible Ă©tait le Thalys oĂč [il] devait attaquer des AmĂ©ricains », et qu'il lui aurait donnĂ© pour consignes d'acheter un billet pour le train de 17 heures, et de monter dans la rame 12[42]. Ensuite, selon lui : « Je me suis dirigĂ© vers les AmĂ©ricains (...) A un moment, un AmĂ©ricain, un grand, m'a fixĂ©, il Ă©tait loin de moi. Je l'ai vu de face et je n'ai pas pu le tuer »[42].

EnquĂȘte belge

Le parquet fĂ©dĂ©ral belge, d'aprĂšs son porte-parole, ouvre une enquĂȘte le . Il estime que la Belgique est concernĂ©e par le fait qu'une personne lourdement armĂ©e a pris le train en gare de Bruxelles-Midi, en Belgique[40]. Le une Ă©quipe commune d’enquĂȘte franco-belge procĂšde Ă  quatre interpellations en rĂ©gion bruxelloise et en Wallonie. Deux des quatre hommes ont Ă©tĂ© inculpĂ©s de « participation aux activitĂ©s d’un groupe terroriste », l'un d'entre eux en qualitĂ© de « dirigeant » puis tous les deux sont Ă©crouĂ©s en Belgique. Ce sont les premiĂšres inculpations dans ce pays. Les deux hommes sont soupçonnĂ©s d’avoir aidĂ© le terroriste Ayoub El Khazzani[43].

EnquĂȘte sur l'activitĂ© antĂ©rieure du terroriste

Selon une Ă©tude du Centre d’analyse du terrorisme dirigĂ© par Jean-Charles Brisard et publiĂ©e en par la revue amĂ©ricaine spĂ©cialisĂ©e Sentinel, Ayoub El Khazzani serait entrĂ© en Europe durant l'Ă©tĂ© 2015 en compagnie d'Abdelhamid Abaaoud (responsable opĂ©rationnel des attentats du 13 novembre 2015 en France), leur prĂ©sence Ă©tant prouvĂ©e le en Hongrie.

Entrés par le poste-frontiÚre avec la Serbie de Röszke dissimulés dans un groupe de migrants, ils passent quelques nuits au Swing Hotel de Budapest puis El Khazzani se rend en Autriche en train[44] - [45]. Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats parisiens, aurait été le donneur d'ordres d'El Khazzani. Un plan d'attaques aurait donc été prédéfini ; l'attaque du train était la premiÚre programmée avant les attentats parisiens, qui se déroulÚrent quelques mois plus tard, en [45]. Le , Ayoub El Khazzani, interrogé par un juge d'instruction parisien, retrace notamment ses liens avec Abaaoud. Il confirme que l'un et l'autre se connaissaient bien, reconnaissant aussi qu'il s'était rendu en Syrie. Son avocate affirme par ailleurs qu'il « avait dans le train une cible particuliÚre » dans la voiture 1[45].

EnquĂȘte interne de la sociĂ©tĂ© Thalys

À l'initiative du prĂ©sident de la SNCF Guillaume Pepy, une enquĂȘte interne est lancĂ©e afin de faire la lumiĂšre sur le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements lors de l’attaque [33].

Les rĂ©sultats de cette enquĂȘte, publiĂ©s le [46], concluent que les « rĂ©actions du personnel ont permis de rĂ©pondre au mieux Ă  la situation » et prĂ©conisent quelques amĂ©liorations en matiĂšre de formation du personnel ou de communication Ă  l'intĂ©rieur des trains[47].

Suites judiciaires

ProcĂšs en premiĂšre instance

Du au , Ayoub El-Khazzani est jugé par la cour d'assises spéciale de Paris[48]. Il est condamné à la peine maximum, la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de vingt-deux ans de sûreté[49].

Bilal Chatra, l’éclaireur algĂ©rien qui avait permis au terroriste et Ă  son donneur d’ordre, Abdelhamid Abaaoud, de rentrer de Syrie en leur ouvrant la route des Balkans, est condamnĂ© pour complicitĂ© Ă  vingt-sept ans de rĂ©clusion. Également mis en cause dans les attentats du 13 novembre 2015, le belge Mohamed Bakkali, qui aurait convoyĂ© El-Khazzani et Abaaoud jusque Bruxelles est condamnĂ© Ă  vingt-cinq ans de rĂ©clusion pour complicitĂ©. Un autre passeur, dont la complicitĂ© idĂ©ologique n'est pas avĂ©rĂ©e mais qui aurait fait passer Abaaoud en Europe, le clandestin marocain RĂ©douane El Amrani Ezzerifi est condamnĂ© plus lĂ©gĂšrement Ă  sept ans d’emprisonnement pour « association de malfaiteur terroriste criminelle »[50].

Conséquences sur la sécurité dans les gares et les trains

La SNCF annonce lancer un « numĂ©ro national de signalement des situations anormales »[51]. Le numĂ©ro d'appel 3117, existant dĂ©jĂ  pour les « victimes ou tĂ©moins d’un malaise, d’un vol, d’un acte de violence, ou tout autre danger »[52], sera Ă©galement utilisĂ© pour un dispositif de vigilance citoyenne[53] - [54]. Le prĂ©sident de la sociĂ©tĂ©, Guillaume Pepy, annonce Ă©galement un renforcement des patrouilles dans les trains avec 3 000 agents de la SĂ»retĂ© ferroviaire. Selon Guillaume Pepy, la fermeture des quais et le contrĂŽle systĂ©matique des bagages ne sont pas envisageables, en raison d'un trafic vingt fois plus Ă©levĂ© que pour le transport aĂ©rien ; ils peuvent en revanche ĂȘtre faits alĂ©atoirement[55]. Des contrĂŽles alĂ©atoires des bagages sont envisagĂ©s par le secrĂ©taire d’État aux Transports, malgrĂ© les risques Ă©voquĂ©s de discrimination[56].

Le jour de l'attentat, le porte-parole du gouvernement belge, Frédéric Cauderlier, annonce un renforcement des mesures de sécurité dans les trains et les gares en Belgique[57]. Le chef du gouvernement belge, Charles Michel, convoque le Comité stratégique du renseignement et de la sécurité[58] et des mesures sont prises le [59].

Le , une réunion est organisée à l'hÎtel de Beauvau[60] - [61] entre les ministres des affaires intérieures et des transports de neuf pays européens (France, Suisse, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Belgique, Espagne, Luxembourg et Pays-Bas[62]) pour évoquer l'amélioration de la sécurité dans les trains et l'échange de renseignements[63].

La principale mesure annoncée est l'intensification des « échanges d'information [...] notamment en utilisant toutes les possibilités du SystÚme d'information Schengen » (SIS), base de données communes aux polices européennes[64] - [65].

AprÚs les attentats de Paris du 13 novembre 2015, des portiques de sécurité pour l'entrée du Thalys à la gare du Nord[66] et à la gare de Lille-Europe sont installés.

Hommages

Chris Norman, Anthony Sadler, le prĂ©sident de la RĂ©publique François Hollande, Spencer Stone et Alek Skarlatos aprĂšs la cĂ©rĂ©monie de remise de la mĂ©daille de la LĂ©gion d'honneur au palais de l'ÉlysĂ©e, le 24 aoĂ»t 2015.

En raison de la grande quantitĂ© d'armes et de munitions portĂ©es par le terroriste, l'opinion quasi unanime est qu'un massacre a Ă©tĂ© Ă©vitĂ© de peu[4] - [67] - [68]. L'attitude des passagers ayant arrĂȘtĂ© le forcenĂ©, en particulier celle des trois AmĂ©ricains, a Ă©tĂ© saluĂ©e unanimement. La ville d'Arras leur dĂ©cerne la mĂ©daille de la ville[69]. Le ministre de l'IntĂ©rieur, Bernard Cazeneuve, ainsi que le Premier ministre français, Manuel Valls[70] expriment leur gratitude. À l'Ă©tranger, le prĂ©sident des États-Unis, Barack Obama, fait part lui aussi de sa fiertĂ© et de ses remerciements Ă  ses compatriotes amĂ©ricains[71] - [72] et les reçoit plus tard Ă  la Maison-Blanche[73]. Le joueur de football Allemand Thomas MĂŒller se dit trĂšs fier que l'un de ces hĂ©ros portait un maillot de football marquĂ© de son nom et l'invite au Bayern Munich.

Le , le prĂ©sident de la RĂ©publique François Hollande dĂ©core les AmĂ©ricains Anthony Sadler, Aleksander Skarlatos et Spencer Stone, ainsi que le Britannique Chris Norman, de la LĂ©gion d'honneur lors d'une cĂ©rĂ©monie au palais de l'ÉlysĂ©e[74]. Un communiquĂ© de presse prĂ©cise que « Damien », le passager français qui souhaite garder l'anonymat, et le passager franco-amĂ©ricain Mark Moogalian, hospitalisĂ© Ă  Lille, recevront eux aussi la distinction honorifique française ultĂ©rieurement[75].

Le , Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone participent à une cérémonie organisée à Sacramento (Californie) par le consul général de France à San Francisco, Emmanuel Lebrun-Damiens, qui leur remet symboliquement leur certificat de naturalisation. Les trois hommes avaient demandé à obtenir la nationalité française en . Leur naturalisation est publiée au Journal officiel du et ils deviennent Français rétroactivement à la date du dépÎt de leur demande, en . Selon Alek Skarlatos, interrogé par l'AFP, « c'était important pour nous de devenir citoyens français parce que nous avons un lien tellement fort avec la France maintenant (...) »[76].

Représentation au cinéma

La tentative d'attentat est le thÚme central du film Le 15 h 17 pour Paris du réalisateur américain Clint Eastwood, sorti en . L'histoire est basée sur le livre écrit par les trois Américains ayant neutralisé l'auteur de l'attaque, intitulé The 15:17 to Paris, The True Story of a Terrorist, a Train, and Three American Heroes[77] - [78]. Spencer Stone, Alek Skarlatos et Anthony Sadler jouent leurs propres rÎles dans le film.

Notes et références

Notes

  1. Capacité de trente cartouches par chargeur.

Références

  1. « Attentat dans un Thalys : Le scénario de l'attaque déjouée minute par minute », sur 20 Minutes.fr avec AFP, .
  2. « L’attaque du Thalys Ă©tait « ciblĂ©e et prĂ©mĂ©ditĂ©e », selon le procureur », sur Le Monde.fr, .
  3. « La rocambolesque ligne de défense des terroristes présumés », sur Le Figaro.fr, .
  4. Le Monde avec AFP, « Des militaires américains évitent un carnage dans un Thalys reliant Amsterdam à Paris », sur LeMonde.fr, (consulté le ).
  5. Belga et AFP, « Attaque dans un Thalys: le suspect nie le caractĂšre terroriste de son acte (vidĂ©o) », Le Soir.be,‎ (lire en ligne).
  6. « Rapport d’enquĂȘte interne - Attentat sur le train 9364 du 21 aoĂ»t 2015 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) [PDF], sur Thalys.com, , p. 21.
  7. http://viaf.org/viaf/89852065/
  8. « Qui est Mark Moogalian, le héros blessé du Thalys ? », sur France 24.com, .
  9. « Revealed: The mystery man who tackled AK-47 assault rifle from train gunman », Telegraph,‎ (lire en ligne).
  10. « Qui est Mark Moogalian, le hĂ©ros peu connu du Thalys ? », Journal du dimanche,‎ (lire en ligne).
  11. « Mark Moogalian : le témoignage de la femme du héros franco-américain blessé par balle », sur The Huffington Post.fr, .
  12. « Attaque dĂ©jouĂ©e du Thalys : "On n'a pas pensĂ©, on a juste agi" », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  13. « Chris Norman, consultant britannique de 62 ans qui a aidé à maßtriser l'assaillant du Thalys », sur The Huffington Post.fr, .
  14. Emilie Blachere, « Anglade : Rendre Hommage à leur courage héroïque », sur Paris Match.com, .
  15. « Attaque dans le Thalys : "J’ai levĂ© la tĂȘte et j’ai vu un gars avec un AK-47" », sur Le Monde.fr, .
  16. « Attaque d'un Thalys : le suspect a été formellement identifié », sur Le Figaro.fr, .
  17. « Sécurité dans les trains : comment fonctionne le numéro d'urgence pour prévenir les situations anormales », sur RTL.fr, .
  18. Matthieu Suc, « Thalys : un suspect fichĂ© dans trois pays comme islamiste radical », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  19. (es) « El autor del atentado contra el tren Ámsterdam-París vivió en Algeciras », sur El País.com, .
  20. « Thalys : Ayoub El Khazzani a été mis en examen et écroué », sur Le Figaro.fr, .
  21. « Fusillade dans un Thalys : Ayoub El Khazzani, "médusé", nie les accusations de terrorisme », sur La Libre.be, .
  22. « Attentat déjoué du Thalys : "On n'a pas pensé, on a juste agi" », sur Le Figaro.fr, .
  23. « Attaque du Thalys : Ayoub El Khazzani visait "une cible précise" », sur Le Point.fr avec AFP,
  24. « Attaque du Thalys : ce que révÚlent les aveux d'Ayoub El Khazzani », sur L'Obs.com, .
  25. JérÎme Béglé, « Jean-Hugues Anglade : l'indécence ! », sur Le Point.fr, .
  26. « Coups de feu dans un Thalys », sur Le JDD.fr, .
  27. « Attaque du Thalys : Jean-Hugues Anglade a "cru mourir" et raconte... », sur Pure People.com, .
  28. « Personnel du Thalys : Jean-Hugues Anglade maintient ses accusations », sur L'Obs.com, .
  29. « Jean-Hugues Anglade : "Ça sentait la mort" », sur Le Figaro.fr, .
  30. « Fusillade du Thalys : un contrÎleur dément la version de Jean-Hugues Anglade », sur Le Figaro.fr, .
  31. Constance Jamet, « Jean-Hugues Anglade s'insurge contre le personnel du TGV, Thalys répond », sur Le Figaro.fr, (consulté le ).
  32. « Thalys : Jean-Hugues Anglade reçu par Guillaume Pepy », sur Francetvinfo.fr, .
  33. « Déclaration conjointe J-Hugues Anglade et sa compagne / A. Ogier / G. Pepy » [PDF], sur Thalys.com, .
  34. « Thalys : polĂ©mique autour de la diffusion d’images d’Ayoub El-Khazzani menottĂ© », sur Le Monde.fr, .
  35. « Thalys : yeux bandés, pieds nus... l'arrivée du suspect à Paris est-elle légale ? », sur LCI.fr, .
  36. « Thalys : l'avocat d'El Khazzani dénonce "un traitement inhumain" », sur Le Point.fr, .
  37. « Thalys : l’avocat du suspect dĂ©nonce le traitement subi par son client », sur Le Bien public.com, .
  38. « Tirs dans le Thalys. El Khazzani maltraité au tribunal, selon son avocat », sur Ouest-France.fr, .
  39. « Le parquet de Paris met en garde i-Télé pour avoir montré Ayoub El-Khazzani menotté », sur Le Monde.fr, .
  40. « Attaque dans un Thalys: le parquet fĂ©dĂ©ral ouvre une enquĂȘte », Le Soir.be,‎ (lire en ligne).
  41. (en) Zack Newmark, « Three hurt in Amsterdam-to-Paris train “terrorist attack” », NL Times.nl,‎ (lire en ligne).
  42. « "J'ai pas pu tuer" : l'auteur de l'attentat du Thalys s'explique sur les faits », Charlotte Piret, France Inter.fr, 9 mai 2018.
  43. « Attaque du Thalys : deux complices prĂ©sumĂ©s du tireur Ă©crouĂ©s en Belgique », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne)
  44. Soren Seelow, « Comment les terroristes des attentats de Paris et de Bruxelles se sont infiltrés en Europe », sur Le Monde.fr,
  45. Angélique Négroni, « Le tireur du Thalys affirme qu'il avait une "cible" précise », Le Figaro.fr, 15 décembre 2016.
  46. « Rapport d’enquĂȘte interne - Attentat sur le train 9364 du 21 aoĂ»t 2015 »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) [PDF], sur Thalys.com, (consultable avec l'archive wikiwix).
  47. « Thalys : la SNCF estime que les réactions du personnel ont permis de répondre au mieux a la situation », sur AFP.com,
  48. Chloé Pilorget-Rezzouk, « Attentat déjoué du Thalys : aprÚs l'adaptation au ciné, le temps du procÚs », sur Libération.fr, .
  49. « Attentat déjoué du Thalys : le tireur Ayoub El Khazzani condamné à la perpétuité », sur nouvelobs.fr, .
  50. Soren Seelow, « L’auteur de l’attentat du Thalys condamnĂ© Ă  la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© », sur lemonde.fr, .
  51. « Tireur du Thalys : François Hollande a remerciĂ© Barack Obama au tĂ©lĂ©phone », sur Les Échos.fr, .
  52. « Le 3117, le numéro d'urgence pour les usagers des TER de Picardie », sur Francetvinfo.fr, .
  53. « Attaque dans un Thalys : Les mesures pour renforcer la sécurité dans les trains », sur 20 minutes.fr, .
  54. « Guillaume Pepy : "Des cheminots spécialisés dans la sûreté" seront déployés », sur Le JDD.fr, .
  55. « AprÚs l'attaque du Thalys : des mesures de sécurité renforcée dans les trains », sur Paris Match.com, .
  56. « Thalys et contrÎle aléatoire dans les trains : Alain Vidalies "préfÚre qu'on discrimine plutÎt que de rester spectateur" », sur Europe 1.fr, .
  57. « Fusillade du Thalys : la Belgique renforce ses mesures de sécurité », sur Le JDD.fr, .
  58. « Tirs dans un Thalys : la Belgique renforce ses mesures de sécurité », sur Le Parisien.fr, .
  59. « La Belgique renforce ses mesures de sécurité dans les trains et les gares », sur Romandie.com avec AFP, .
  60. « Fusillade dans un Thalys : l'Europe planche sur la sécurité dans les trains », sur Le Point.fr, .
  61. « Attaque du Thalys : début de la réunion ministérielle à Paris », sur Le Soir.be, .
  62. « Terrorisme : 9 ministres europĂ©ens en quĂȘte de sĂ©curitĂ© dans les transports », sur L'Express.fr avec AFP, .
  63. « L’Europe cherche la parade aprĂšs l’attaque du Thalys », sur Le Monde, (consultĂ© le ).
  64. « Billets nominatifs, patrouilles renforcées...: les propositions européennes pour répondre à l'attaque du Thalys », sur Le Figaro, (consulté le ).
  65. « Attaque du Thalys : des nouvelles mesures de sécurité mises en place au niveau européen », sur Huffington Post.
  66. « Des portiques de sécurité et des scanners à rayon x installés à la gare du Nord et à Lille- Europe »,
  67. « Fusillade dans un Thalys : un "drame terrible" évité (Bernard Cazeneuve) », sur Franceinfo.fr, .
  68. « Un carnage évité grùce à trois Américains et un Britannique », sur Franceinfo.fr, .
  69. « Attaque du Thalys : le courage d'hommes devenus des héros », sur Francetvinfo.fr, .
  70. « Militaires américains du Thalys : hommage aux "héros" qui ont neutralisé le tireur », sur The Huffington Post.fr avec AFP, .
  71. « Attaque du Thalys : Barack Obama félicite les héros américains », sur Francetvinfo.fr, .
  72. « Thalys : hommage aux « héros » américains qui ont neutralisé le tireur », sur Le Monde.fr, .
  73. « Barack Obama reçoit les héros du Thalys », sur Paris Match.com,
  74. « Hollande décore les "héros" du Thalys, trois Américains et un Britannique », sur Le Figaro.fr, .
  75. « Les hommes qui ont maßtrisé le tireur du Thalys seront décorés de la Légion d'honneur », sur Le Figaro.fr, .
  76. « Attaque du Thalys : les trois héros américains ont obtenu la citoyenneté française », Le Figaro.fr, 1er février 2019.
  77. « Le prochain film de Clint Eastwood parlera de l'attaque du train Thalys de 2015 », sur ecranlarge.com,
  78. « Le réalisateur Clint Eastwood va adapter l'attaque du Thalys au cinéma », 20 minutes.fr, 21 avril 2017.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.