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Arc de triomphe de l'Étoile

L'arc de triomphe de l'Étoile, souvent appelé simplement l'Arc de Triomphe, est un monument situé à Paris, en un point haut à la jonction des territoires des 8e, 16e et 17e arrondissements, notamment au sommet de l'avenue des Champs-Élysées et de l'avenue de la Grande-Armée, lesquelles constituent un grand axe est-ouest parisien partant de la pyramide du Louvre, passant par l'obélisque de La Concorde, l'Arc de Triomphe lui-même et se terminant au loin par l'arche de la Défense. Sa construction, décidée par l'empereur Napoléon Ier, débute en 1806 et s'achève en 1836 sous le règne de Louis-Philippe.

Arc de triomphe de l'Étoile
Présentation
Type
Destination initiale
Commémoration de la bataille d'Austerlitz
Destination actuelle
Commémoration de la Première Guerre mondiale (tombeau du Soldat inconnu) et musée
Style
Architecte
Matériau
calcaire du Lias, pierre de Conflans et pierre de L'Isle-Adam
Construction
Commanditaire
Hauteur
49,54 m
Longueur
45,1 m
Largeur
22,2 m
Propriétaire
Gestionnaire
Patrimonialité
Visiteurs par an
2 743 823 ()
État de conservation
préservé (d)
Site web
Localisation
Pays
RĂ©gion
Commune
Adresse
Coordonnées
48° 52′ 26″ N, 2° 17′ 42″ E
Carte

Place de l'Étoile

La place de l'Étoile en 1857.
Arc de Triomphe (carte postale, vers 1920).
Arc de Triomphe (1939).

L'Arc de Triomphe s'Ă©lève au centre de la place Charles-de-Gaulle (anciennement place de l’Étoile) dans les 8e, 16e, et 17e arrondissements de Paris[1]. Il est situĂ© dans l'axe et Ă  l’extrĂ©mitĂ© ouest de l’avenue des Champs-ÉlysĂ©es, Ă  2,2 kilomètres de la place de la Concorde. Haut de 49,54 m, large de 44,82 m et profond de 22,21 m, il est gĂ©rĂ© par le Centre des monuments nationaux[2]. La hauteur de la grande voĂ»te est de 29,19 m et sa largeur de 14,62 m. La petite voĂ»te mesure 18,68 m de haut et 8,44 m de large. Le monument pèse 50 000 t — en fait 100 000 t, en prenant en compte les fondations qui s'enfoncent Ă  8,37 m de profondeur. Le coĂ»t total de la construction a Ă©tĂ© de 9 651 116 F[3].

La place de l'Étoile forme un énorme rond-point de douze avenues percées au XIXe siècle sous l’impulsion de Napoléon III et du baron Haussmann, alors préfet du département de la Seine. Ces avenues « rayonnent » en étoile autour de la place, notamment l’avenue Kléber, l'avenue de la Grande-Armée, l’avenue de Wagram et, la plus connue, l’avenue des Champs-Élysées. Des pavés de couleurs différentes dessinent sur le sol de la place deux étoiles dont les pointes arrivent pour l'une au milieu des avenues, pour l'autre entre les avenues.

Ce site est desservi par la station de métro Charles de Gaulle - Étoile.

Histoire

Napoléon Ier, au lendemain de la bataille d'Austerlitz, déclare aux soldats français : « Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe. » L'Empereur s'est référé aux arcs de triomphe érigés sous l’Empire romain afin de commémorer un général vainqueur défilant à la tête de ses troupes[4].

Par un décret impérial daté du , il ordonne la construction de cet arc de triomphe consacré à perpétuer le souvenir des victoires des armées françaises[5]. Son projet initial est d'ériger le monument « à l’entrée des boulevards, près du lieu où était la Bastille, de manière qu’en entrant dans le faubourg Saint-Antoine on passe sous cet arc de triomphe ». Il veut ainsi en faire le point de départ d'une avenue triomphale traversant notamment le Louvre et la place de la Bastille. Le ministre de l'Intérieur Champagny avise l'Empereur que le choix de la Bastille serait dispendieux et le convainc d'ériger l'Arc à l'ouest de Paris sur la place de l'Étoile qui permettait le dégagement de belles perspectives[6].

Le comte Jean Bérenger, conseiller d'État, se charge du financement comme directeur général de la Caisse d'amortissement. Le décret impérial du , qui ordonne l'érection d'un arc de triomphe, prévoit en effet que « sera pris un million pour cet objet sur les contributions provenant de la Grande Armée. La Caisse d'amortissement tiendra chaque mois, à dater du , une somme de cinquante mille francs à la disposition du futur architecte et celle de quinze mille francs pour les travaux d'art et de sculpture »[7].

Inscriptions à l'intérieur de l'Arc de Triomphe relatant la construction du monument.
Projet de Chalgrin pour l'arc de triomphe de l'Étoile.
Projet de Chalgrin pour l'arc de triomphe à la barrière de l'Étoile.

Pour la conception du monument, l'architecte Jean-François Chalgrin est en concurrence avec son confrère Jean-Arnaud Raymond, chargé de collaborer avec lui. Le premier souhaite orner l'arc de colonnes isolées tandis que le second les veut engagées, l'incompatibilité de ces deux conceptions rendant impossible toute collaboration entre les deux architectes. Un arbitrage rendu par Champagny, ministre de l'Intérieur, force Raymond à se retirer honorablement. Chalgrin supprime alors les colonnes de son projet[8] et s'inspire de l'arc tétrapyle de Janus et de l'arc de Titus à Rome, alors en pleine restauration[9].

La première pierre en forme de bouclier portant une inscription est posĂ©e le (pour l'anniversaire de l'Empereur) et recouverte d'une plaque en bronze pour la protĂ©ger. Cette pose a lieu sans cĂ©rĂ©monie officielle, dans l'indiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale[10]. Les fondations (un massif de 54,56 mètres de longueur sur 27,28 mètres de largeur et 7,55 mètres de profondeur)[11] exigent deux annĂ©es de chantier. En 1810, les quatre piles s'Ă©lèvent Ă  environ un mètre au-dessus du sol. Ă€ l'occasion de son mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise et de l'entrĂ©e de celle-ci dans Paris, l'Empereur dĂ©lègue des crĂ©dits qui permettent Ă  Chalgrin de construire une maquette en vraie grandeur en charpente, stuc et toiles peintes qui restent assez longtemps en place et sous laquelle la princesse passe. L'architecte meurt assez subitement en 1811, suivi, huit jours après lui, par son confrère Raymond[12].

Lors des premières défaites napoléoniennes (campagne de Russie en 1812), et des événements de 1814, l'Arc de Triomphe est élevé jusqu'aux voûtes (l'imposte de la grande arcade est posée avec la 45e assise), mais la construction est interrompue puis abandonnée sous la Restauration. En 1823, Louis XVIII reprend la construction avec les architectes Louis-Robert Goust puis Huyot et sous la direction de Héricart de Thury. L'Arc doit désormais commémorer l'expédition victorieuse d'Espagne. En 1830, Louis-Philippe reprend la pensée initiale de Napoléon mais, dans un esprit de réconciliation, associe les armées qui ont combattu entre 1792-1815. C’est Louis-Philippe et Adolphe Thiers qui décident du choix des thèmes et des sculpteurs : Le départ des Volontaires, communément appelé La Marseillaise, de François Rude et Le Triomphe de Napoléon de Jean-Pierre Cortot. Plus spectaculaire est la frise située au sommet de l’Arc et qui se divise en deux parties : Le Départ des Armées et Le Retour des Armées avec une longue scène centrale à la gloire de la Nation. La construction est menée à bien entre 1832 et 1836 par l'architecte Guillaume-Abel Blouet.

L'Arc de Triomphe est inauguré le pour le sixième anniversaire des Trois Glorieuses. Au départ, une grande revue militaire en présence de Louis-Philippe est prévue. Mais, alors qu'il vient d'être visé par un nouvel attentat le , le roi décide de s'en abstenir. La revue militaire est décommandée et remplacée par un grand banquet offert par le roi à trois cents invités, tandis que le monument est découvert en catimini à sept heures du matin, en la seule présence d'Adolphe Thiers et de son ministre des Finances, Antoine d'Argout[13].

En 1842, Honoré de Balzac en fait un symbole de la fidélité des soldats à l'Empereur : « mais tous les cœurs, même les plus hostiles à l'empereur, adressaient au ciel des vœux ardents pour la gloire de la patrie. Les hommes les plus fatigués de la lutte commencée entre l'Europe et la France avaient tous déposé leurs haines en passant sous l'arc de triomphe[14] ».

Dans l'esprit des concepteurs, le sommet de l'Arc devait être couronné par un groupe sculpté monumental. Plusieurs projets, dont certains très fantaisistes, sont présentés : la France victorieuse, un aigle colossal, Napoléon sur une sphère, un réservoir d'eau, un éléphant, etc. En 1882, un quadrige conçu par le sculpteur Alexandre Falguière est installé sur le socle laissé vide : cette maquette en charpente et en plâtre, grandeur naturelle, représente une allégorie de La France ou de La République, tirée par un char à l'antique s’apprêtant à « écraser l’Anarchie et le Despotisme ». La sculpture monumentale, baptisée le Triomphe de la Révolution, est enlevée dès 1886 car elle commence à se dégrader, son remplacement définitif par un bronze ne s'étant jamais fait par la suite[15]. On peut observer le monument pourvu du groupe de Falguière sur diverses photographies, tout particulièrement celles prises lors des funérailles grandioses de Victor Hugo, en 1885 (voir section « Évènements »). Une réplique en marbre de petite dimension (environ 1,2 m.) du Triomphe de la Révolution est exposée en salle 17 du musée de Grenoble[16].

L'Arc de Triomphe est classé au titre des monuments historiques depuis le [17].

Un symbole historique

Vue de l'arc depuis une terrasse le surplombant, de nuit.
L'Arc de Triomphe vu depuis la terrasse Publicis.
Vue de l'arc depuis la Tour Eiffel.
Un acrotère ovoïde, flanqué de quatre avant-corps rectangulaires, surmonte la plate-forme de l'édifice.
L'attique est couronné d’une balustrade composée de masques à tête de méduse et de palmettes.

L'Arc de Triomphe fait partie des monuments nationaux à forte connotation historique. Cette importance s'est renforcée depuis que la dépouille du Soldat inconnu, tué lors de la Première Guerre mondiale, y a été inhumée le . Deux ans plus tard, André Maginot, alors ministre de la Guerre, a soutenu le projet d’y installer une « flamme du souvenir » qui a été allumée pour la première fois le par le ministre[18]. Cette flamme éternelle est, avec celle de l'autel de la Patrie à Rome, la première du genre depuis l’extinction de la flamme des Vestales en 391. Elle commémore le souvenir des soldats morts au combat et ne s’éteint jamais : elle est ravivée chaque soir à 18 h 30 par des associations d'anciens combattants ou de victimes de guerre[19].

Ce geste de ravivage symbolique a été accompli même le , où l'armée allemande est entrée dans Paris et défilait sur la place de l'Étoile : ce jour-là, le ravivage a eu lieu devant les officiers allemands qui ont autorisé la cérémonie.

En est inaugurée la nouvelle scénographie permanente de l'Arc de Triomphe due à l'artiste Maurice Benayoun et à l'architecte Christophe Girault. Renouvelant l'exposition des années 1930, cette nouvelle muséographie accorde une large place au multimédia. Intitulée « Entre guerres et paix », elle propose une lecture de l'histoire du monument prenant en compte l'évolution de sa symbolique jusqu'à la période actuelle, période où les valeurs du dialogue et de la rencontre prennent le pas sur la confrontation armée. Une présentation multimédia raconte en sept stations et sur trois niveaux l'histoire du monument de façon contemporaine, interactive et ludique. Elle permet de découvrir ce qui aurait pu être (les projets non réalisés), ce qui a disparu et ce qui ne peut être facilement vu (le décor sculpté).

DĂ©tails des sculptures

Caissons de l'intrados.
L'Arc de Triomphe, de nuit.

L'Ă©lĂ©vation de cet arc monumental tĂ©trapyle est la suivante : devant les façades principales des piĂ©droits, le premier registre est ornĂ© de groupes en ronde-bosse sur des piĂ©destaux. Ce bandeau est surmontĂ© d'un premier entablement constituĂ© d'une frise de grecques et d'une corniche saillante. Le second registre est animĂ© de grands cadres de pierre rectangulaires, ornĂ© d’un bas-relief, et surmontĂ© d'un entablement, comprenant une frise historiĂ©e, sous une corniche saillante. Le troisième registre dans la partition verticale de l'Ă©difice est un important Ă©tage d'attique ornĂ© de 30 boucliers.

Le programme iconographique comprend :

  • Quatre hauts-reliefs posĂ©s sur des socles Ă©levĂ©s, adossĂ©s aux piĂ©droits et hauts de 18 mètres. Ce sont :
    • Le DĂ©part des volontaires de 1792 (La Marseillaise), par François Rude. Ce haut-relief reprĂ©sente le rassemblement de tous les Français, pour dĂ©fendre la nation en partant au combat. L'ensemble et la diversitĂ© du peuple français sont mis en avant par la diversitĂ© des soldats, jeunes et moins jeunes. Au-dessus d'eux, le GĂ©nie de la Guerre les guide [20]. Cette figure fut vite considĂ©rĂ©e comme une allĂ©gorie de la Marseillaise. L'architecture gĂ©nĂ©rale mĂ©lange le style antique (le GĂ©nie de la Guerre casquĂ© et ailĂ© portant l'Ă©gide, les drapĂ©s, les cuirasses, les armes, le nu) avec le style appartenant au romantisme caractĂ©ristique du XIXe siècle en France (gestes vĂ©hĂ©ments, expression marquĂ©e des visages, mouvement gĂ©nĂ©ral).
    • Le Triomphe de 1810, par Jean-Pierre Cortot.
    • La RĂ©sistance de 1814, par Antoine Étex.
    • La Paix de 1815, par Antoine Étex.
Batailles gravées sur les boucliers de l'attique (noter les détails calligraphiques).
  • Sur les faces intĂ©rieures des piliers des grandes arcades, sont gravĂ©s les noms des grandes batailles de la RĂ©volution et de l'Empire.
Batailles gravées sous les grandes arcades (noter les séparateurs).
  • Figure allĂ©gorique reprĂ©sentant l'Infanterie.
    Figure allégorique représentant l'Infanterie.
  • Figure allĂ©gorique reprĂ©sentant la Cavalerie.
    Figure allégorique représentant la Cavalerie.
  • Figure allĂ©gorique reprĂ©sentant l'Artillerie.
    Figure allégorique représentant l'Artillerie.
  • Figure allĂ©gorique reprĂ©sentant la Marine.
    Figure allégorique représentant la Marine.
  • Pilier nord.
    Pilier nord.
  • Pilier est.
    Pilier est.
  • Pilier sud.
    Pilier sud.
  • Pilier ouest.
    Pilier ouest.
  • Sous l'Arc se trouve la dalle de la tombe du Soldat inconnu sur laquelle est inscrite l'Ă©pitaphe : « Ici repose un soldat français mort pour la Patrie, 1914 - 1918 ».
  • La tombe du Soldat inconnu (Paris), de jour.
    La tombe du Soldat inconnu (Paris), de jour.
  • La tombe du Soldat inconnu (Paris), de nuit.
    La tombe du Soldat inconnu (Paris), de nuit.
  • Le monument est encerclĂ© par cent plots symbolisant les Cent-Jours.

Philatélie

Un immense drapeau tricolore est fixé sous l'Arc de Triomphe lors d'événements importants, comme pour le défilé militaire du 14 Juillet.

Dès 1929, l'Arc de Triomphe est représenté sur un timbre de France d'une valeur de F de couleur brun-rouge.

En 1938, il figure sur un timbre de 1,75 F outremer, Ă©mis lors de la visite des souverains britanniques en regard de la tour du palais de Westminster. Le visuel est repris pour un entier postal.

La mĂŞme annĂ©e un timbre rouge carminĂ© de 65 centimes surtaxĂ© 35 centimes est Ă©mis pour cĂ©lĂ©brer le 20e anniversaire de la victoire. L'Arc est au centre avec le dĂ©filĂ© du sur les cĂ´tĂ©s du timbre. Le visuel est Ă©galement repris pour un entier postal.

En 1944, le Gouvernement provisoire en fait un symbole de la RĂ©publique et une sĂ©rie de dix timbres d'usage courant est Ă©mise (valeurs entre 5 centimes et 10 F). Ces timbres sont Ă©mis par les États-Unis pour servir en France libĂ©rĂ©e. Une nouvelle sĂ©rie de dix timbres toujours imprimĂ©e aux États-Unis sort en 1945 ; les chiffres de la valeur sont en noir et compris entre 30 centimes et 3 francs.

En 1968, il est prĂ©sent pour le cinquantenaire de l'armistice du 11 novembre sur un timbre Ă  25 centimes carmin et bleu.

En 1971, il est en arrière-plan d'un timbre rouge émis dans la bande émise à l'occasion de la mort du général de Gaulle. Il représente la descente des Champs-Élysées en 1944.

En 1973, la poste cĂ©lèbre le 50e anniversaire de la flamme sous l'Arc de Triomphe par un timbre de 40 centimes lilas, rouge et bleu.

En 1989, la poste prĂ©sente un panorama de Paris sur une bande. L'Arc y figure en arrière-plan de deux timbres multicolores Ă  2,20 F reprĂ©sentant l'arche de la DĂ©fense et la tour Eiffel. Les visuels sont repris sur des entiers postaux.

En 1995, Ă  l'occasion du cinquantenaire de la victoire du , il figure en arrière-plan d'un portrait du gĂ©nĂ©ral de Gaulle pour une valeur de 2,80 F.

En 1999, il figure sur un timbre de distributeur Ă  valeurs variables[22].

En 2001, il figure pour une valeur de F ou 46 centimes d'euros, sur un timbre de très grand format Ă©mis Ă  l'occasion du centenaire de la naissance du dessinateur et graveur Albert Decaris.

En 2003, il est inclus dans un bloc feuillet : « Portraits de rĂ©gions. La France Ă  voir ». Dans cette sĂ©rie de dix timbres, il est le sujet unique d'un timbre Ă  50 centimes d'euro.

Événements

Mariage de Napoléon et Marie-Louise (1810).
Catafalque et castrum doloris de Victor Hugo sous l’Arc de triomphe, lors de ses funérailles, le 31 mai 1885. Cet événement a lieu durant les quelques années où est installé au sommet du monument une maquette d'un projet du groupe monumental d’Alexandre Falguière : le Triomphe de la Révolution.
Catafalque et castrum doloris de Victor Hugo sous l’Arc de Triomphe, lors de ses funérailles, le . Cet événement a lieu durant les quelques années où est installé au sommet du monument le groupe monumental d’Alexandre Falguière : le Triomphe de la Révolution.


En 1810, à l'occasion de son mariage avec l'archiduchesse Marie-Louise et de l'entrée de celle-ci dans Paris, l'Empereur Napoléon Ier fait construire par Chalgrin une maquette grandeur réelle (afin de donner l’illusion du monument achevé) en charpente, stuc et toiles peintes en trompe-l’œil pour simuler les bas-reliefs des piédroits sous laquelle la future impératrice passa solennellement.

Durant le transfert des cendres de Napoléon, le , le cortège passe sous l'Arc de Triomphe.

Le corps de Victor Hugo est veillé sous l'Arc la nuit du , avant d'être enterré au Panthéon. À l'occasion des funérailles, le monument est partiellement voilé de crêpe noir[23].

En 1938, un moulage de la sculpture originale de la Marseillaise de Rude est effectué pour prévenir les éventuelles destructions dans une guerre, avec notamment le développement de l’aviation et des bombardements[24].

Le , une manifestation de lycéens et d'étudiants sur les Champs-Élysées et devant l'Arc de triomphe, l'un des tout premiers actes publics de résistance à l'occupant en France, est durement réprimée par les nazis.

En 1997, un Australien essaye de se faire cuire des œufs au plat sur la flamme du Soldat inconnu, ce qu'a fait quelques années plus tôt un chanteur de rock du nom d'Hector, à la suite d'un pari avec Jean Yanne.

Le , un as de l'aviation, Charles Godefroy, rĂ©ussit Ă  passer en avion (avec un appareil biplan Nieuport 17 de 15 mètres carrĂ©s de surface portante et 9 mètres d’envergure Ă  moteur de 120 chevaux[25]) sous l'Arc de Triomphe, photographiĂ© par Jacques Mortane[26]. Cet exploit est mis en scène en 1968 dans le film de Robert Enrico Les aventuriers.

Un autre as, Jean Navarre, se tue à proximité de Villacoublay le de la même année au cours d'un vol d'entraînement pour réaliser cet exploit[27].

En , Alain Marchand rĂ©Ă©dite le passage sous l'Arc de Triomphe ; il est condamnĂ© Ă  5 000 francs d'amende[28].

Le , un pilote non identifié passe de nouveau sous l'Arc et la tour Eiffel aux commandes d'un Mudry Cap-10B, déclaré volé à l'aéro-club de Lognes.

À noter que dans le film Les Aventuriers (1967), le personnage joué par Alain Delon envisage de passer en avion sous l'Arc de Triomphe, mais échoue à cause du drapeau qui y est déployé[29].

Des pics de sĂ©curitĂ© sont installĂ©s après que l'on eut constatĂ© 33 suicides depuis le toit du monument[30].

Coucher de soleil dans l'axe des Champs-Élysées, ici en août 2013.

Six fois par an (les 7, 8 et et les 3, 4, ), le Soleil se couche dans l'axe des Champs-ÉlysĂ©es. Pour une personne situĂ©e sur les Champs-ÉlysĂ©es, le disque solaire est ainsi visible quelques minutes sous l'arche de l'Arc de Triomphe[31]. Le , le phĂ©nomène s'accompagne d'une Ă©clipse partielle de Soleil, observĂ©e par près de 200 000 personnes[32]. En sens opposĂ© vu de la porte Maillot, le Soleil se lève quatre fois par an dans l'Arc de Triomphe, les 4, 5, , et le , informations confirmĂ©es par l'Institut de mĂ©canique cĂ©leste et de calcul des Ă©phĂ©mĂ©rides[31]. « Des NapolĂ©oniens convaincus Ă  travers des brochures ou des sites internet, colportent encore Ă  ce sujet plusieurs informations fantaisistes… Ils ont tentĂ© de rĂ©pandre l'idĂ©e que le soleil se couchait sous l'Arc de Triomphe le jour de l'anniversaire de l'Empereur, le , et qu'il se levait parfaitement dans l'axe le , jour anniversaire de la bataille d'Austerlitz[31] ».

Dégradation du moulage en plâtre du Départ des volontaires de 1792.

La dégradation de l'Arc de triomphe le s'est effectuée lors de l'acte III du mouvement des Gilets jaunes à Paris. L'Arc de triomphe de l'Étoile investi par des manifestants a subi des dégradations importantes. Le ministre de la Culture, Franck Riester, avance un coût global de remise en état à hauteur de 1,2 million d'euros. Lors du procès de , huit manifestants sont reconnus coupables d’avoir pénétré par effraction dans l'Arc de Triomphe et dégradé celui-ci. Ils sont condamnés à des peines modestes, les principaux auteurs des faits, n’ayant pas pu être identifiés[33] - [34] - [35].

L'Arc de triomphe est empaquetĂ© du au par Christo et Jeanne-Claude. Il s'agit d'une Ĺ“uvre posthume du couple d'artistes, intitulĂ©e L'Arc de Triomphe, Wrapped (littĂ©ralement L'Arc de Triomphe, emballĂ©). Christo avait commencĂ© Ă  travailler sur ce projet en 1961. L'Ĺ“uvre temporaire a nĂ©cessitĂ© 25 000 m2 de toiles argent bleutĂ© et trois kilomètres de cordes rouges[36].

Les travaux de conservation et restauration de l’Arc de Triomphe

L'Arc de Triomphe et son Ă©chafaudage pendant la campagne de restauration de 1988.

La confortation des fondations par injection de coulis

La confortation des fondations de l’Arc de Triomphe par injection de coulis a été réalisée à la fin des années 1980 en cinq étapes[37].

1re étape : Apparitions des désordres de l'édifice

Depuis un certain nombre d’années, l’Arc souffrait de désordres apparents, telles des fissures et chutes de pierres. Un examen visuel a permis d'identifier les fentes et d'en tracer le relevé. La conclusion des reconnaissances et investigations fut que la cause principale des perturbations était un tassement dû au délavage du mortier à la chaux aérienne des fondations par l’eau de ruissellement. Divers travaux de réhabilitation furent décidés, visant à redonner un aspect neuf au monument, à le prémunir contre de telles altérations et à le conforter. La restauration a été conduite par Michel Marot, architecte des bâtiments civils et palais nationaux. Le Bureau Michel Bancon, spécialisé dans les études de structure et de réhabilitation des édifices anciens, a été chargé de l’expertise du bâtiment afin de définir un programme de consolidation. Solétanche, entreprise spécialisée, a réalisé l’ensemble des travaux sous la direction de Jean-Pierre Gadret[38].

Les travaux de confortement comportaient essentiellement la régénération des maçonneries de fondation et la consolidation de la superstructure.

À partir de , d’autres travaux de restauration ont débuté. Trois parties étaient concernées : la terrasse et la balustrade de l’attique, la voûte d’ogive intérieure et les salles de la partie basse, la voûte en berceau de la grande arche centrale et son décor sculpté de rosaces. Ces travaux, qui se poursuivront jusqu’en , ont été engagés pour des raisons de sécurité, d’entretien de l’édifice et s’inscrivent dans la perspective d’aménagements intérieurs.

2e Ă©tape : campagne de mesures et d'essais

Afin d'établir un diagnostic précis et déduire les origines du phénomène et la nature des travaux les plus rationnels, une série de mesures a été opérée :

  • mesures des vibrations au sol et dans la partie supĂ©rieure ;
  • Ă©quipement des fissures et mesures de leur Ă©volution ;
  • pose sur l'Ă©difice de niveaux de prĂ©cision et suivi de leur Ă©volution ;
  • mesures de la rotation des piles et de leur verticalitĂ© ;
  • mesures de l'horizontalitĂ© des corniches sur les quatre faces ;
  • forages dans les fondations au droit des piles et examens.

3e étape : analyse des désordres

Cette analyse, facilitĂ©e par l'existence des plans de l'Ă©difice, a permis de constater que le bâtiment souffrait d'un tassement diffĂ©rentiel des joints de maçonnerie des dix-sept assises de fondations (8,5 m), avec un mouvement hĂ©licoĂŻdal de l'Arc.

Les fondations constituées de gros blocs en pierre ont subi des mouvements consécutifs à la dégradation de leurs joints. L'eau de pluie de l'esplanade, l'eau de ruissellement des façades et l'eau de terrasse canalisée vers des collecteurs, sans doute fuyards, sont la cause des circulations d'eau qui délavent les joints entraînant une forte altération du mortier à la chaux aérienne.

Le tassement diffĂ©rentiel des fondations ainsi gĂ©nĂ©rĂ© entraĂ®ne une dĂ©formation dite en selle de cheval en partie supĂ©rieure de l'Ă©difice avec une tendance Ă  l'Ă©loignement des sommets de piles dans le sens des petits cĂ´tĂ©s et d'une convergence dans l'autre sens. Michel Bancon explique ce comportement diffĂ©rentiel par la configuration des nombreuses cavitĂ©s mĂ©nagĂ©es dans l'Arc qui, par leur emplacement et leur gĂ©omĂ©trie, sollicitent plus le bâtiment dans l'axe des petits cĂ´tĂ©s. Une analyse par libĂ©ration des contraintes montre que celles-ci varient Ă  l'intĂ©rieur des maçonneries de 0 Ă  50 bars.

4e Ă©tape : travaux de confortement

Ces analyses ont permis d'Ă©tablir un plan de confortement comprenant cinq phases :

  1. Traitement des vides existant dans les joints de maçonnerie et régénération des mortiers délavés par injection partielle de coulis spéciaux dans les fondations ;
  2. Traitement des fissures en superstructures par injection de coulis de ciment ;
  3. Confortement des superstructures par mise en place de tirants précontraints à l'intérieur de l'édifice ;
  4. Injections complémentaires de coulis dans les massifs de fondations ;
  5. Étanchéification des abords de l'Arc (plate-forme centrale, réseaux d’égouts…).

5e étape : travaux d’injection

Pour remédier à la dégradation des joints de fondation, il a été décidé, à la suite d'une campagne dite de convenance, de procéder à des injections d'abord partielles, sur un huitième de la surface de trois massifs et sur un quart de la surface de celui qui supporte la pile nord-ouest. L'entreprise Solétanche a été choisie pour mener la première campagne d'injection nécessaire. Il a été décidé d’utiliser deux types de coulis, le « Microsol » et le « Silacsol », mis au point, l'un et l'autre, par cette entreprise.

L'usage d'un ciment classique Ă©tait Ă  rejeter, puisqu'il fallait, d'une part combler au maximum des vides dans les joints des moellons, d'autre part conforter les parties de ces joints qui Ă©taient dĂ©sagrĂ©gĂ©es. La granulomĂ©trie des produits traditionnels (0 Ă  100 Âµm) et la formation qu'ils entraĂ®nent de paquets de grains (d'environ 500 Âµm) auraient empĂŞchĂ© une exĂ©cution correcte de l'opĂ©ration.

La confortation par précontrainte additionnelle

Dans le cas de l'Arc de Triomphe, il s'agit d'une prĂ©contrainte additionnelle rĂ©alisĂ©e Ă  l'intĂ©rieur de la structure permettant de comprimer les zones fracturĂ©es et de recentrer les efforts obliques engendrĂ©s par la poussĂ©e des voĂ»tes. Cette prĂ©contrainte additionnelle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par 112 demi-tirants ancrĂ©s dans les parements et raccordĂ©s par paires en leur milieu par des coupleurs actifs.

La répartition des tirants tient compte :

  • du rĂ©Ă©quilibrage des contraintes qui nĂ©cessite quatre Ă©tages de tirants dans le sens du petit cĂ´tĂ© et deux Ă©tages suivant le grand cĂ´tĂ© ;
  • de la prĂ©sence d'Ă©quipements existants Ă  l'intĂ©rieur de l'ouvrage ;
  • du phasage des travaux, la mise en tension devant pouvoir se faire de manière progressive, afin d'Ă©quilibrer les efforts Ă  rĂ©partir ;
  • de la possibilitĂ© de rĂ©glages ultĂ©rieurs des efforts dans les tirants ;
  • de l'esthĂ©tique finale du renforcement compatible avec le cadre de l'Ă©difice.

Bibliographie

  • Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : dictionnaire biographique et critique, Paris, Ă©ditions Mengès, , 494 p. (ISBN 978-2-85620-370-5, BNF 35799589), p. 110-116.
  • Marcel Cynamon, Catherine Feff, Arc de Triomphe. Photos des travaux de restauration, Syros, 1988.
  • Isabelle Rouge-Ducos, L'Arc de triomphe de l'Étoile : panthĂ©on de la France guerrière, art et histoire, Dijon, Ă©ditions Faton, 2008, 397 p.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

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    Chapitre III L’apport des techniques, La confortation des maçonneries et des fondations. A. Par injection de coulis : La confortation des fondations de l’Arc de Triomphe par injection de coulis, B. La confortation par précontrainte additionnelle, pp. 62 à 73.
  38. La Société Vinci a acheté, en 2007, 81 % du capital de Solétanche, maison mère de Solétanche Bachy, un des derniers groupes de BTP indépendant et l'un des leaders mondiaux dans les fondations spéciales, le traitement des sols, et la maintenance des barrages.
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