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Agence internationale de l'Ă©nergie atomique

L'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA) — anglais International Atomic Energy Agency (IAEA) — est une organisation internationale[1], sous l'Ă©gide de l'ONU. Elle rend un rapport annuel Ă  l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies et Ă  chaque fois que demandĂ© par le Conseil de sĂ©curitĂ©. FondĂ©e en 1957 et basĂ©e au Vienna International Centre Ă  Vienne (Autriche), elle cherche Ă  promouvoir les usages pacifiques de l'Ă©nergie nuclĂ©aire et Ă  limiter le dĂ©veloppement de ses applications militaires.

Agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA)
International Atomic Energy Agency (IAEA)
Logo de l'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique.
Logo de l'Agence internationale de l'Ă©nergie atomique.
Organe de l'ONU
Type d'organisation Assemblée générale des Nations unies
Acronymes AIEA, IAEA
Directeur général Rafael Grossi
sous-Chef
Statut Active
Membres
SiĂšge Vienne (Autriche)
Création 1957
Site web iaea.org/fr
Organisation parente ONU

Le budget de l'année 2014 est de 342 millions d'euros.

L'AIEA a obtenu le prix Nobel de la paix en 2005.

Histoire

SiĂšge de l'AIEA, Vienne, Autriche.

Le , l'assemblée générale des Nations unies (ONU), sur proposition des puissances occidentales, met sur pied la Commission à l'énergie atomique, pour aider à réfléchir aux mesures d'urgence visant à contrÎler l'énergie nucléaire et à réduire les armes nucléaires[2].

Bernard Baruch prĂ©senta le le plan Baruch, une version modifiĂ©e du plan Acheson-Lilienthal, Ă  la Commission, qui proposait un contrĂŽle international de la toute nouvelle Ă©nergie atomique. Mais l'Union soviĂ©tique rejeta l'offre qu'elle jugeait inĂ©quitable car les États-Unis possĂ©daient dĂ©jĂ  l'arme atomique.

Le , Dwight D. Eisenhower, prĂ©sident des États-Unis, propose dans le discours Atoms for Peace, prononcĂ© devant l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, la crĂ©ation d'une agence internationale chargĂ©e de contrĂŽler l'utilisation des matiĂšres nuclĂ©aires.

En 1955, une conférence internationale est organisée sur le thÚme des usages pacifiques de l'énergie atomique sous l'égide de l'ONU[3] ; elle donnera lieu à la publication de six volumes sur les utilisations pacifiques de l'énergie atomique, dont le 6e et dernier tome (publié en 1958) est consacré aux usages de l'énergie atomique dans l'agriculture et l'alimentation[4].

Le statut de l'AIEA[5] est approuvé le par 81 pays, il lui donne la responsabilité du contrÎle de la bonne application de la sécurité et de la protection des personnes ainsi que du transfert des technologies nucléaires.

L'agence entre officiellement en fonction le .

De 1957 Ă  1962, alors que l'ONU promeut via l'AIEA les usages pacifiques du nuclĂ©aire, via notamment une seconde confĂ©rence sur ces usages pacifiques en 1958[6], les tensions entre les deux superpuissances, les États-Unis et l'URSS, rendent l'application du statut de l'AIEA impossible. Il faut attendre la crise des missiles de Cuba pour que les deux superpuissances commencent Ă  vouloir contrĂŽler leurs armements nuclĂ©aires.

En 1961, l'AIEA ouvre un laboratoire d'analyse Ă  Seibersdorf, en Autriche. La mĂȘme annĂ©e, l'AIEA signe des accords de coopĂ©ration avec Monaco et l'Institut ocĂ©anographique de Monaco dirigĂ© par Jacques-Yves Cousteau. Ces accords ont pour but d'effectuer des recherches sur les effets de la radioactivitĂ© en milieu marin. Cela aboutit Ă  la crĂ©ation du Laboratoire de l'environnement marin de l'agence internationale de l'Ă©nergie atomique (AIEA-LEM), le .

En 1968, avec la ratification du traitĂ© sur la non-prolifĂ©ration des armes nuclĂ©aires (TNP), l'AIEA devient le responsable de la surveillance de la bonne application du traitĂ©. Ce traitĂ© empĂȘche les États signataires d'augmenter leur nombre d'armes nuclĂ©aires et pour ceux qui n'en ont pas de chercher Ă  en avoir.

À la suite des chocs pĂ©troliers dans les annĂ©es 1970, plusieurs pays envisagent d'utiliser massivement l'Ă©nergie nuclĂ©aire pour leurs besoins Ă©nergĂ©tiques, l'AIEA voit donc accroĂźtre le nombre de ses contrĂŽles.

L'accident nuclĂ©aire de Three Mile Island, en 1979, et principalement celui de Tchernobyl, en 1986, arrĂȘtent de nombreux pays dans leur volontĂ© d'utiliser l'Ă©nergie nuclĂ©aire. À la suite de ces catastrophes, l'AIEA augmente ses efforts dans le domaine de la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire sans remettre en question ses objectifs.

L'AIEA est chargĂ©e de la surveillance du respect du TNP. À la suite de la dĂ©couverte, en 1991, du programme nuclĂ©aire clandestin irakien, diffĂ©rents gouvernements dĂ©cident d'augmenter les moyens et le rĂŽle de l'AIEA dans le contrĂŽle de l'armement nuclĂ©aire.

l'AIEA compte en des programmes :

En 2012, Yukiya Amano et l'Agence ont prĂ©parĂ© la confĂ©rence ministĂ©rielle post-Fukushima de l’AIEA prĂ©vue au Japon du 14 au , inscrivant cette confĂ©rence dans le Plan d’action de l’AIEA sur la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire demandĂ© en par la ConfĂ©rence ministĂ©rielle sur la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire Ă  la suite de l'accident nuclĂ©aire de Fukushima. ce plan a Ă©tĂ© adoptĂ© en par le Conseil des gouverneurs puis approuvĂ© par la 55e confĂ©rence gĂ©nĂ©rale par l'ensemble des États membres[7]. Il inclut les tests de rĂ©sistance rĂ©alisĂ©s en Europe et une analyse des retours d'expĂ©rience de la catastrophe de Fukushima, de la gestion de cette crise, avec l'ambition d'une coopĂ©ration internationale renforcĂ©e[8] qui doit ĂȘtre mise en Ɠuvre[9], avec l'aide de 2 experts français « mis Ă  disposition de l'Agence Ă  titre gracieux » par l'IRSN et Areva[8]. Selon l'AIEA (mi-2012)[9], Les enseignements tirĂ©s de l’accident de Fukushima qui sont applicables Ă  la mise en place d’une nouvelle infrastructure sont « intĂ©grĂ©s dans les orientations de l’Agence, par exemple dans les documents intitulĂ©s Evaluation of the Status of National Nuclear Infrastructure Development (no NG-T-3.2 de la collection Énergie nuclĂ©aire de l’AIEA), Milestones in the Development of a National Infrastructure for Nuclear Power (no NG-G-3.1 de la collection Énergie nuclĂ©aire de l’AIEA) et National Position for a Nuclear Power Programme ». Et dans ce cadre, un nouveau guide de sĂ»retĂ© a Ă©tĂ© publiĂ© en 2012[10]. L'AIEA a aussi mis en place un service d’examen de la formation thĂ©orique et pratique (ETReS) pour « aider les États Membres Ă  Ă©tablir et maintenir un programme durable et adĂ©quat de formation thĂ©orique et pratique Ă  la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire conforme aux normes de sĂ»retĂ© de l’Agence et aux bonnes pratiques internationales »[9] et a publiĂ© un nouveau document ainsi que des matĂ©riels de formation connexes destinĂ©s aux personnes chargĂ©s d’informer le public et les mĂ©dias en cas de crise[11].

Fonctions et objectifs

Le statut de l'AIEA fixe les objectifs et fonctions de l'Agence[12], son rÎle est d'assurer un usage sûr et pacifique des technologies et des sciences liées au nucléaire.

L'AIEA exerce cette mission avec les fonctions suivantes :

  • inspections des installations existantes pour s'assurer de leur usage pacifique ;
  • informations et publications de standards pour la stabilitĂ© et la sĂ»retĂ© des installations nuclĂ©aires ;
  • liens pour la recherche d'applications et utilisations pacifiques des activitĂ©s nuclĂ©aires.

Organes de direction

Les principaux organes de l'AIEA sont :

Secrétariat

Le SecrĂ©tariat est constituĂ© d'Ă©quipes de professionnels et de services gĂ©nĂ©raux dirigĂ©s par le directeur gĂ©nĂ©ral. Il est composĂ© de 2 212 personnes venant de plus de 90 pays diffĂ©rents. Ces personnes travaillent principalement dans les diffĂ©rents bureaux de l'AIEA (Vienne, GenĂšve, New York, dans le laboratoire de Seibersdorf, etc.). Le secrĂ©tariat est composĂ© de six dĂ©partements :

  • Administration
  • Recherche et application du nuclĂ©aire
  • Énergie nuclĂ©aire
  • SĂ©curitĂ© et protection nuclĂ©aire
  • CoopĂ©ration technique
  • ContrĂŽleurs et vĂ©rification

Directeur général

Le directeur général est responsable de la mise en application des actions décidées par la Conférence générale et le conseil des gouverneurs. Il est choisi par le conseil et approuvé par la conférence pour un mandat de quatre ans renouvelable.

Liste des directeurs généraux
PĂ©riode Nom
1 – W. Sterling Cole
2 – Sigvard Eklund
3 – Hans Blix
4 – Mohamed el-Baradei
5 – Yukiya Amano[13].
– Cornel Feruta (intĂ©rim)[14]
6Depuis le Rafael Grossi[15]

Conseil de direction

Il est composé du directeur général et de six directeurs généraux adjoints pour les six départements du Secrétariat.

Conférence générale

États membres de l'AIEA.

Le rÎle et la composition de la Conférence générale sont définis dans l'article 5 du Statut de l'AIEA[16].

La ConfĂ©rence se compose de tous les États membres, au nombre de 158 en [17]. Tous reçoivent un droit de vote. Les questions budgĂ©taires, d'amendement des statuts ou de suspension des privilĂšges d'un des membres requiert une majoritĂ© des deux-tiers. Les autres questions requiĂšrent une simple majoritĂ©.

La conférence a lieu normalement une fois par an, au mois de septembre. Son rÎle est d'approuver le programme et le budget de l'agence proposés par le Conseil. Celle-ci peut aussi demander des comptes sur les programmes en cours auprÚs du Conseil. Lors de chaque rassemblement, un président est élu pour la durée de la conférence et ce pour assurer la bonne tenue des débats. Elle fut présidé par l'Ambassadeur du Mexique en 2019, par l'Ambassadeur du Maroc Azzeddine Farhane en 2020 et par l'Ambassadeur du Koweït Sadiq Marafi en 2021

La fonction principale de cette conférence est de servir de forum pour débattre des politiques et actions en cours. Les différents organes de l'AIEA peuvent ajouter à l'ordre du jour les sujets qu'ils souhaitent discuter. Le rÎle de la conférence est quasiment similaire à celui de l'Assemblée générale des Nations unies.

DĂ©but 2020, 171 des 193 États membres de l'ONU[18] sont membres de l'AIEA. Cependant, l'adhĂ©sion de certains pays n'est pas encore effective s'ils n'ont pas ratifiĂ© tous les traitĂ©s nĂ©cessaires Ă  une adhĂ©sion pleine et entiĂšre.

En 2004, la Mauritanie adhĂšre Ă  l'organisation. En 2005 le Tchad adhĂšre, suivi en 2006 par Belize, le Malawi, le MontĂ©nĂ©gro et le Mozambique. Le Cap-Vert reçoit une invitation en 2007 mais n'a toujours pas de statut effectif. En 2008, le NĂ©pal et Palau deviennent membres. En 2009, BahreĂŻn, le Burundi, la RĂ©publique du Congo, le Lesotho et l'Oman deviennent membre en mĂȘme temps le Cambodge qui redevient membre de l'organisation au . Le Swaziland reçoit une invitation Ă  adhĂ©rer en 2010, il adhĂšre officiellement en 2013. En 2011, le Laos devient membre de l'organisation alors que les Tonga reçoivent une invitation Ă  adhĂ©rer. La Dominique adhĂšre en 2012 tout comme les Fidji, la Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, le Rwanda, le Togo et TrinitĂ©-et-Tobago. Saint-Marin reçoit une invitation Ă  adhĂ©rer en 2012 et son adhĂ©sion devient effective l'annĂ©e suivante tout comme l'adhĂ©sion du Swaziland. En 2013, les Bahamas et le Brunei sont invitĂ©es Ă  adhĂ©rer, ce qui est fait en 2014. En 2014, les Comores sont invitĂ©s Ă  adhĂ©rer. Djibouti, le Guyana, les Vanuatu, Antigua-et-Barbuda et la Barbade adhĂšrent en 2015. Le TurkmĂ©nistan adhĂšre en 2016 alors que et la Gambie reçoit une invitation. Saint-Vincent-et-les-Grenadines adhĂšre en 2017 et la Grenade en 2018. Sainte-Lucie adhĂšre en 2019.

La CorĂ©e du Nord qui avait rejoint l'AIEA en 1974, l'a quittĂ©e le . Le Cambodge avait quittĂ© l'organisation du au . Parmi les principaux États non membres, on peut citer la Somalie, le Soudan du Sud, la GuinĂ©e ou le Bhoutan.

Conseil des gouverneurs

C'est l'article 6 du Statut de l'AIEA qui fixe la composition et le rĂŽle du Conseil des gouverneurs (en anglais Board of Governors)[19].

Au total, 35 membres dont 13 sont dĂ©signĂ©s par le Conseil sortant et 22 sont Ă©lus par la ConfĂ©rence gĂ©nĂ©rale siĂšgent au Conseil. Une certaine reprĂ©sentativitĂ© doit ĂȘtre respectĂ©e dans l'Ă©lection des membres du Conseil. C'est dans ce but que huit zones ont Ă©tĂ© dĂ©finies :

Sur les 35 membres, dix sont choisis par le Conseil sortant parmi les États les plus Ă©voluĂ©s en matiĂšre de technologies nuclĂ©aires les trois restants sont choisis dans zones gĂ©ographiques non reprĂ©sentĂ©s par les dix premiers. Ces membres ont un mandat d'un an.

Les 22 autres États prĂ©sents au Conseil des gouverneurs sont Ă©lus lors de la ConfĂ©rence gĂ©nĂ©rale des États membres de l'AIEA avec un mandat de deux ans et onze sont Ă©lus chaque annĂ©e. Des clauses imposant une diversitĂ© gĂ©ographique sont Ă©galement stipulĂ©s dans les statuts.

Pour la période 2019-2020, les membres du Conseil sont[20] :

Présidence du Conseil

  • 1990-1991 : Drapeau de la Pologne R. Zelazny
  • 1991-1992 : Drapeau de l'Argentine M. Mondino
  • 1992-1993 : Drapeau de l'AlgĂ©rie R. Lamamra
  • 1993-1994 : Drapeau de l'Australie Ronald Walker
  • 1994-1995 : Drapeau de l'Inde Rajagopala Chidambaram
  • 1995-1996 : Drapeau des Pays-Bas Joost van Ebbenhorst Tengbergen
  • 1996-1997 : Drapeau du Canada Peter F. Walker
  • 1997-1998 : Drapeau du Japon Yuji Ikeda
  • 1998-1999 : Drapeau de la SlovĂ©nie Miroslav Gregoric
  • 1999-2000 : Drapeau du BrĂ©sil Sergio de Queiroz-Duarte
  • 2000-2001 : Drapeau du Nigeria I.H. Umar
  • 2001-2002 : Drapeau de l'Australie Max Hughes
  • 2002-2003 : Drapeau du KoweĂŻt Nabeela Al-Mulla
  • 2003-2004 : Drapeau de l'Espagne Antonio NĂșñez GarcĂ­a-SaĂșco
  • 2004-2005 : Drapeau du Canada Ingrid Hall
  • 2005-2006 : Drapeau du Japon Yukiya Amano
  • 2006-2007 : Drapeau de la SlovĂ©nie Ernest Petrič
  • 2007-2008 : Drapeau du Chili Milenko E. Skoknic
  • 2008-2009 : Drapeau de l'AlgĂ©rie Taous Feroukhi
  • 2009-2010 : Drapeau de la Malaisie M. H. Arshad
  • 2010 : Drapeau de la Malaisie Muhammad Shahrul Ikram Yaakob
  • 2010-2011 : Drapeau du Pakistan Ansar Parvez
  • 2011-2012 : Drapeau de l'Italie Gianni Ghisi
  • 2012 : Drapeau de l'Italie Filippo Formica
  • 2012-2013 : Drapeau du Canada John Barrett
  • 2013-2014 : Drapeau de la RĂ©publique socialiste du ViĂȘt Nam Thiep Nguyen
  • 2014-2015 : Drapeau de la Slovaquie Marta ĆœiakovĂĄ
  • 2015-2016 : Drapeau du BrĂ©sil LaĂ©rcio Antonio Vinhas
  • 2016-2017 : Drapeau d'Afrique du Sud Tebogo Seokolo
  • 2017-2018 : Drapeau de l'IndonĂ©sie Darmansjah Djumala
  • 2018-2019 : Drapeau de la Jordanie Leena Al-Hadid
  • 2019-2020 : Drapeau de la SuĂšde Mikaela Kumlin Granit
  • 2020-2021: Ham Sangwook, RĂ©publique de CorĂ©e.
  • 2022-2023 : M. Ivo Sramek, RĂ©publique tchĂšque. 

Le Conseil des gouverneurs se réunit cinq fois par an, au siÚge de l'AIEA à Vienne. Les réunions ont lieu en mars, juin, deux fois en septembre (avant et aprÚs la Conférence générale) et en décembre. Le conseil est le principal décideur de la politique de l'AIEA. Le Conseil forme ses recommandations pour le budget et les activités soumises à la conférence générale. Il est responsable de la publication des normes et standards de l'AIEA, ainsi que la nomination d'un candidat au poste de directeur général qui est soumis à l'approbation de la Conférence.

L'AIEA et l'Irak

AprĂšs la premiĂšre guerre du Golfe, le 3 avril 1991, le Conseil de sĂ©curitĂ© de l'ONU adopte la rĂ©solution 687 exigeant que l’Irak mette fin Ă  son programme nuclĂ©aire. L'AIEA est chargĂ©e du contrĂŽle du matĂ©riel nuclĂ©aire Ă  l'aide de missions d'inspection[21].

Le 19 juillet 1991, le conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne adopte une résolution qui « condamne l'Irak » pour avoir « violé » le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires[22].

En fĂ©vrier 1994, l’AIEA retire d’Irak tous les stocks dĂ©clarĂ©s de matiĂšre pouvant servir Ă  fabriquer des armes nuclĂ©aires[21].

En janvier 1998, Ă  la suite de blocages d’inspections, les États-Unis et le Royaume-Uni dĂ©clenchent l’opĂ©ration Renard du dĂ©sert en bombardant l’Irak pendant quatre jours. Les inspecteurs quittent l’Irak sans que leur travail soit terminĂ©[21].

En septembre 2002, l’Irak accepte inconditionnellement le retour des inspecteurs qui arrivent sur place en novembre 2002[21].

L'AIEA intervient en 2003 lors des contrĂŽles qui prĂ©cĂ©dent la guerre d'Irak. Les inspections n’avaient rien trouvĂ©. Mohamed el-Baradei rapporte que les missions de l’AIEA n’ont relevĂ© «aucune indication de reprise d’activitĂ©s nuclĂ©aires» dans les sites identifiĂ©s[21]. L'intervention militaire d'une coalition menĂ©e par les États-Unis sera lancĂ©e le 20 mars 2003: deuxiĂšme guerre d'Irak.

L'AIEA et l'Iran

En 2003, Mohamed el-Baradei a effectué une visite en Iran avec une équipe d'inspecteurs afin d'évaluer le programme nucléaire iranien. En , Mohamed el-Baradei a rapporté au conseil que l'Iran avait failli pendant une large période à ses obligations en matiÚre de sûreté, et n'avait pas déclaré son programme d'enrichissement[23]. Cependant, il a précisé qu'il n'y avait pas de preuves formelles que l'Iran cherche à acquérir l'arme atomique[24]. Il a ajouté qu'il n'était pas en position de conclure qu'il n'y avait aucun matériau ou activité non déclaré sur le sol iranien. Le , l'Iran a signé un protocole provisoire avec l'AIEA dans les locaux de Vienne. Il est convenu que l'Iran suspende ses activités d'enrichissement de l'uranium et de retraitement du plutonium, en attendant la ratification d'un accord complet[25]. Cela en réponse aux initiatives diplomatique de la France, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne[26] - [27]. L'Iran a mis fin à ce protocole et à ces suspensions le .

AprĂšs huit ans d'enquĂȘte sur l'Iran, l'AIEA a publiĂ© un rapport indiquant que le pays avait travaillĂ© Ă  la mise au point d'une arme nuclĂ©aire, des allĂ©gations rejetĂ©es par TĂ©hĂ©ran[28].

L'AIEA et la guerre en Ukraine

En 2022, Ă  l'occasion de la guerre en Ukraine Ă  la suite de l'invasion par la Russie, l'agence internationale de l'Ă©nergie atomique a exprimĂ© ses inquiĂ©tudes sur la situation dans un communiquĂ© et a appelĂ© Ă  « un maximum de retenue pour Ă©viter toute action qui mettrait les sites nuclĂ©aires du pays en danger ». AprĂšs la prise de contrĂŽle de la centrale nuclĂ©aire de Tchernobyl, les forces armĂ©es russes se trouvent Ă  proximitĂ© de la plus grande centrale nuclĂ©aire d’Ukraine et de ses six rĂ©acteurs (centrale nuclĂ©aire de Zaporizhzhia). Une rĂ©union du Conseil des gouverneurs de l'AIEA Ă  Vienne, siĂšge de l’agence, est organisĂ© pour discuter des « risques rĂ©els » posĂ©s par le conflit entre la Russie et l'Ukraine. La rĂ©solution adoptĂ©e appelle la Russie Ă  « cesser immĂ©diatement les actions contre les sites nuclĂ©aires ukrainiens », mis en danger par la guerre qui fait rage Ă  la suite de l'invasion russe. Le texte estime que cette guerre « pose des menaces graves et directes Ă  la sĂ©curitĂ© de ces lieux et de leur personnel », prĂ©sentant « le risque d'un accident ou incident nuclĂ©aire qui mettrait en danger la population de l'Ukraine, des Etats voisins et de la communautĂ© internationale »[29] - [30] - [31].

Le 29 mars 2022, Rafael Mariano Grossi, directeur gĂ©nĂ©ral l'AIEA prĂ©sent en Ukraine, dĂ©clare « Nous devons prendre des mesures urgentes pour faire en sorte que [les centrales nuclĂ©aires ukrainiennes] puissent continuer Ă  fonctionner en toute sĂ©curitĂ© et rĂ©duire le risque d’un accident nuclĂ©aire »[32].

L'AIEA et l'évaluation des impacts environnementaux de la radioactivité

Depuis la catastrophe de Tchernobyl, l'AIEA aide Ă  Ă©valuer l’impact environnemental via une sĂ©rie de programmes, dont les plus rĂ©cents sont :

  • MODARIA (pour ModĂ©lisation et donnĂ©es pour l’évaluation de l’impact radiologique ; 2012-2019) portant sur les simulations de rejet de radionuclĂ©ides dans l’environnement et l'Ă©valuation de l’exposition du public et des espĂšces sauvages (environ 140 spĂ©cialistes de plus de 40 pays y ont contribuĂ©)[33] ;
  • MEREIA (pour MĂ©thodes d’évaluation de l’impact radiologique et environnemental ; 2021-2025) pour aider les pays Ă  mieux Ă©valuer l’impact radiologique sur l’environnement grĂące aux dĂ©marches, modĂšles conceptuels, modĂšles mathĂ©matiques et les donnĂ©es relatifs Ă  l’évaluation de l’impact environnemental de la radioactivitĂ©[33] ; il s'agit aussi de produire un consensus international sur les bonnes pratiques dans ce domaine, dans le cadre des normes de sĂ»retĂ© de l’AIEA[34].

Critiques de l'organisation

L'AIEA s'oppose à l'utilisation militaire de l'énergie nucléaire et soutient l'utilisation civile des centrales nucléaires. Son objectif est le développement de l'énergie nucléaire pour la production d'électricité dans tous les pays membres (actuellement 139 pays).

La production de matiĂšres utilisĂ©es dans des armes peut ĂȘtre effectuĂ©e ou facilitĂ©e par certains types de centrales nuclĂ©aires civiles. De plus, les inspections menĂ©es par l'agence rencontrent souvent de nombreux obstacles, ce qui lui interdit de vĂ©rifier parfaitement les activitĂ©s de certains États. Ainsi, en Irak, il lui a fallu plusieurs mois pour conclure que le rĂ©gime n'avait pas rĂ©ussi Ă  fabriquer d'armes atomiques. Dans nombre de ses campagnes d'investigations, l'AIEA est revenue sans rĂ©elles certitudes sur les programmes en cours et le fait qu'elle condamne un projet, comme elle le fit fin 2009 des travaux de l'Iran, ne l'interrompt pas nĂ©cessairement. Par ailleurs l'agence ne peut vĂ©rifier de programme clandestin ou de pays non signataire du TNP. Certains pays tels que l'Inde, IsraĂ«l et le Pakistan se sont ainsi invitĂ©s parmi les puissances nuclĂ©aires.

La remise du prix Nobel de la paix 2005 à l'AIEA a soulevé des critiques[35]. Accusant l'AIEA de favoriser la prolifération d'armes nucléaires à travers le développement du nucléaire civil (bien que ce type de lien ne soit pas aisément démontrable car nucléaire civil et militaire exigent des matériaux et des installations différentes) plutÎt que de réguler les utilisations de l'atome, les antinucléaires ont vu en ce prix Nobel une façon de légitimer une organisation qui ne fait pas l'unanimité. Ce prix Nobel permettait aussi d'appuyer l'agence et de renforcer sa crédibilité dans ses investigations dans la crise du nucléaire iranien.

Les antinuclĂ©aires accusent l'AIEA de minimiser les risques liĂ©s Ă  l'utilisation de l'Ă©nergie nuclĂ©aire. Ainsi, dans l'un de ses rapports sur la catastrophe nuclĂ©aire de Tchernobyl, 50 victimes ont Ă©tĂ© dĂ©nombrĂ©es puis des communiquĂ©s firent Ă©tat d'au plus 4 000 puis 9 000 victimes Ă  long terme, tous controversĂ©s[36].

Affiche « Tchernobyl Day », 2011.

L'Organisation mondiale de la santĂ© possĂšde une expertise sur la catastrophe de Tchernobyl, mais est liĂ©e par un accord signĂ© en 1959 avec l'AIEA en ce qui concerne les communications publiques[37]. Les dommages gĂ©nĂ©tiques causĂ©s par Tchernobyl ne peuvent par exemple pas ĂȘtre citĂ©s par l'OMS sans consultation de l'AIEA. En 1995, par exemple, les actes d'un colloque organisĂ© par l'OMS rĂ©unissant plus de 700 mĂ©decins Ă©tudiant les effets de la catastrophe de Tchernobyl n'ont ainsi pas Ă©tĂ© publiĂ©s[38]. Le collectif Independent WHO demande la rĂ©vision de cet accord (par des manifestations quotidiennes Ă  GenĂšve depuis le ). Les explications de l'attitude de l'OMS sont les suivantes :

  • depuis l'accord de 1959, l'AIEA contrĂŽle toutes les recherches sur les risques mĂ©dicaux entraĂźnĂ©s par l'utilisation commerciale de l'Ă©nergie nuclĂ©aire, en lieu et place des organisations de mĂ©decins indĂ©pendants ;
  • l'accord implique que tous les projets de recherche dont les rĂ©sultats pourraient limiter la croissance de l'industrie nuclĂ©aire ne peuvent ĂȘtre menĂ©s par l'OMS que si elle collabore avec l'AIEA[39] ;
  • l'accord implique dans son article 3 que « L'OMS et l'AIEA reconnaissent qu'elles peuvent ĂȘtre appelĂ©es Ă  prendre certaines mesures restrictives pour sauvegarder le caractĂšre confidentiel de certains documents »[40].

Pour André LariviÚre, membre du Réseau Sortir du nucléaire France, l'AIEA est la seule institution qui dépend directement du Conseil de sécurité. Elle a donc préséance sur l'OMS[40].

Notes et références

  1. TEXTE DES ACCORDS CONCLUS ENTRE L'AGENCE ET L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES ref INFCIRC/11 du 30 octobre 1959 : « L'Organisation des Nations unies reconnaĂźt que l'Agence, vu son caractĂšre intergouvernemental et ses attributions internationales, doit ĂȘtre une organisation internationale autonome, conformĂ©ment Ă  son Statut, en ce qui concerne les rapports de collaboration avec l'Organisation des Nations unies prĂ©vus par le prĂ©sent Accord ».
  2. Alexandre Aron, « Le contrĂŽle international de l'Ă©nergie atomique », Politique Ă©trangĂšre, nos 11-5,‎ , p. 465-488 (lire en ligne).
  3. A. Bohr, Proceedings of the International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy, Geneva, 1955.
  4. W. R. Singleton, Nuclear radiation in food and agriculture, 1958.
  5. Statut de l'AIEA [PDF].
  6. Halpern, I., & Strutinsky, V. M. (1958) Proceedings of the Second United Nations International Conference on the Peaceful Uses of Atomic Energy, Geneva, 1958.
  7. [lire en ligne].
  8. Plan demandĂ© en juin 2011 par la ConfĂ©rence ministĂ©rielle sur la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire Ă  la suite de la catastrophe de Fukushima, et adoptĂ© en septembre 2011 par le Conseil des gouverneurs avant approbation par la 55e confĂ©rence gĂ©nĂ©rale par l'ensemble des États membres [lire en ligne].
  9. ProgrĂšs rĂ©alisĂ©s dans la mise en Ɠuvre du Plan d’action de l’AIEA sur la sĂ»retĂ© nuclĂ©aire ; Rapport du Directeur gĂ©nĂ©ral, ref : GOV/INF/2012/11-GC(56)/INF/5 ; 28 aoĂ»t 2012.
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