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Violence dans l'autisme

La violence dans l'autisme est davantage subie par les personnes autistes qu'exprimĂ©e par elles. La supposition d'un lien entre l'autisme et les comportements violents est frĂ©quente parmi l'opinion publique, mais les donnĂ©es scientifiques n'Ă©tablissent aucune causalitĂ© du trouble du spectre de l'autisme dans une prĂ©disposition Ă  la dĂ©linquance ou aux crimes. Le taux de criminalitĂ© et de dĂ©linquance global est vraisemblablement plus bas parmi la communautĂ© autiste que dans la population gĂ©nĂ©rale, bien que certains actes ciblĂ©s tels que les agressions sexuelles et les incendies volontaires puissent ĂȘtre plus frĂ©quents. La violence manifestĂ©e par des personnes autistes rĂ©sulte gĂ©nĂ©ralement d'hypersensibilitĂ©s sensorielles et d'ignorance des consĂ©quences de leurs actes, dues Ă  des difficultĂ©s d'empathie et de comprĂ©hension des codes sociaux, plutĂŽt que d'une volontĂ© de commettre un acte violent, dĂ©lictueux ou criminel. Des troubles associĂ©s, tels que le trouble du dĂ©ficit de l'attention avec ou sans hyperactivitĂ©, semblent impliquĂ©s dans les comportements violents plutĂŽt que l'autisme seul. Le psychiatre irlandais Michael Fitzgerald a postulĂ© l'existence d'une sous-population spĂ©cifique portĂ©e sur la violence, associant autisme et psychopathie, hypothĂšse qui n'a pas Ă©tĂ© confirmĂ©e.

Le tueur en série Jeffrey Dahmer, rétrospectivement décrit comme autiste Asperger[1].

Cette idĂ©e d'association entre autisme et violence concerne tout particuliĂšrement des personnes diagnostiquĂ©es avec un syndrome d'Asperger, dont les actes ont Ă©tĂ© popularisĂ©s par des articles de presse Ă©crite concernant des tueries de masse, en particulier Adam Lanza et Anders Behring Breivik. Les mĂ©dias mentionnent aussi des troubles du spectre de l'autisme chez des tueurs en sĂ©rie et des cybercriminels, comme l'illustre le film Mr. Wolff. Les Ă©tudes du profil psychologique des tueurs de masse mettent en avant des intrications entre traits psychologiques classiquement associĂ©s aux prĂ©dispositions Ă  la violence, tels que le trouble de la personnalitĂ© narcissique et le trouble de la personnalitĂ© antisociale, l'autisme pouvant ĂȘtre un facteur « aggravant Â», mais non la cause unique de ces violences.

Il existe une nette intrication entre violence reçue et violence exprimĂ©e. Le phĂ©nomĂšne social de capacitisme crĂ©e un biais dans la perception des personnes autistes, de nombreux comportements Ă©tant interprĂ©tĂ©s comme dangereux par leur entourage, tandis que la violence reçue par ces mĂȘmes personnes est normalisĂ©e, donc invisibilisĂ©e. L'idĂ©e erronĂ©e selon laquelle les personnes autistes seraient violentes et dangereuses par nature est source d'exclusion sociale, et donc de dĂ©nis de droits pour cette population, souvent victime d'internements sans consentement et d'erreurs judiciaires.

Perception sociétale

Une vision populaire associe l'autisme aux comportements inappropriés, à la violence[B 1] - [B 2], à la délinquance et aux crimes, tout particuliÚrement dans les médias[2] anglophones[3] - [4], francophones[5] et germanophones[6].

L'anthropologue et psychanalyste Claude Wacjman relĂšve une mauvaise perception publique de l'autisme en France, un tueur de masse amĂ©ricain ayant, par exemple, Ă©tĂ© immĂ©diatement qualifiĂ© d'autiste dans les mĂ©dias français le [7]. Dans un Ă©ditorial de la revue Autism, la psychologue britannique Katie Maras et son Ă©quipe citent un titre d'article du Daily Mail, consacrĂ© Ă  la mĂȘme affaire, incluant l'autisme dans la « recette du tueur de masse »[3]. Un autre article du mĂȘme journal associe meurtres en sĂ©rie et autisme[P 1]. Sur France inter, en octobre 2013, le neuropsychiatre Serge Bornstein cite le syndrome d'Asperger comme Ă©tant frĂ©quent parmi les tueurs de masse amĂ©ricains[B 3]. Des cas individuels de personnes autistes versĂ©es dans la cybercriminalitĂ©[P 2] et le terrorisme[P 3] ont Ă©galement Ă©tĂ© documentĂ©s dans la presse. Les titres de ces articles entretiennent la perception d'un lien entre autisme, violence et criminalitĂ©[3]. Le film Hors normes contient une rĂ©plique selon laquelle les Ă©ducateurs des personnes autistes « se prennent des droites toute la journĂ©e »[8].

Une analyse sur un corpus de 100 ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse mettant en scÚne un personnage principal en situation de handicap, publiés en français et en italien entre 1995 et 2005, montre que les personnes autistes y sont essentiellement présentées comme étant violentes, malgré le rejet d'une telle image tant par les personnes autistes que par leurs parents ou les professionnels de santé : « Dans la littérature de jeunesse, la violence du héros en situation de handicap, qui se manifeste par des cris, des hurlements, des morsures ou des coups, apparaßt comme la spécificité des personnages porteurs du syndrome autistique »[9].

D'aprĂšs la chercheuse en sociologie Anne McGuire[10], le Pr au King's College de Londres Robert Chapman[4], et le pĂ©dopsychiatre Mohammad Ghaziuddin[11], il existe un biais important dans la maniĂšre dont l'information relative Ă  la violence dans l'autisme est traitĂ©e : la violence reçue par les personnes non-autistes de la part des personnes autistes[4] et les cas individuels de personnes autistes ayant commis des actes violents ou criminels sont trĂšs visibles dans les mĂ©dias[11], alors que la violence subie par les personnes autistes est invisible, ou considĂ©rĂ©e comme « normale Â», conduisant (selon McGuire) Ă  « un Ă©chec culturel collectif Ă  reconnaĂźtre la violence contre les personnes autistes comme un problĂšme socio-culturel significatif et urgent »[4] - [10].

HypothÚses et réponses scientifiques

La question mĂ©diatique d'un lien entre autisme, violences, et criminalitĂ©, a entraĂźnĂ© un intĂ©rĂȘt scientifique pour la question[12]. D'aprĂšs Mohammad Ghaziuddin, les personnes autistes « sont sujettes » aux crises de colĂšre[13]. Il note cependant que leur frĂ©quence est plus Ă©levĂ©e chez les trĂšs jeunes enfants et chez les personnes diagnostiquĂ©es avec un dĂ©ficit intellectuel associĂ©[13].

Le principal argument utilisĂ© pour justifier l'existence d'un lien entre autisme, crimes, dĂ©linquance et violence est l'empathie particuliĂšre des personnes autistes[14] - [15]. Il existe un contre-argument, en l’occurrence la tendance qu'ont les autistes Ă  respecter les rĂšgles[14] - [15].

Statistiques de délinquance et de crime

Les experts du droit pénal se sont longtemps questionnés sur l'hypothÚse d'une prédisposition des personnes autistes à commettre des actes criminels, en raison d'un manque de recherches fiables (2012), en particulier sur les adolescents et les adultes[16]. De plus, ces études ont principalement été menées sur des personnes diagnostiquées avec le syndrome d'Asperger (SA), en milieu hospitalier ou carcéral[16], impliquant de petits échantillons peu représentatifs, généralement sans groupe de contrÎle[3].

En 1991, Mohammad Ghaziuddin et son équipe estiment que le taux de violence est bas chez les personnes diagnostiquées Asperger : sur 132 études de cas, seules 3 concernent des personnes Asperger avec un passif de violences[17]. En 2009, une recension de la littérature scientifique, effectuée par le chercheur australien Andrew Cashin, conclut que les personnes autistes sont « potentiellement surreprésentées dans le systÚme de justice pénal »[18]. D'autres chercheurs soulignent au contraire qu'aucune donnée scientifique ne permet d'établir de lien entre comportements criminels et autisme, ni d'affirmer que les personnes présentant un trouble du spectre de l'autisme (TSA) ou « Asperger » seraient prédisposées à la violence et au crime[P 4] - [19], et/ou surreprésentées dans le systÚme judiciaire pénal[3] - [12] - [16] - [20] - [21]. En 2009, Niklas LÄngström et ses collÚgues étudient statistiquement 422 personnes diagnostiquées avec TSA et admises à l'hÎpital, puis en concluent que « la délinquance violente chez les personnes avec TSA est liée à une psychopathologie concomitante similaire à celle trouvée précédemment chez les personnes violentes sans TSA »[22].

Une recension de la littĂ©rature scientifique consacrĂ©e Ă  la dĂ©linquance chez les enfants et les adultes autistes, publiĂ©e en septembre 2017, conclut qu'il n'existe aucune preuve d'association entre trouble du spectre de l'autisme et dĂ©linquance[23]. Deux Ă©tudes portant sur la relation Ă©ventuelle entre autisme et dĂ©linquance juvĂ©nile, celle de Kumagami et al. menĂ©e au Japon entre 2006 et 2007[24], et celle de Cheely et al. menĂ©e en Caroline du Sud (2012)[25], concluent que la criminalitĂ© est moins importante chez les personnes autistes que dans la population gĂ©nĂ©rale. De mĂȘme, la recension de 2017 Ă©tablit que le taux gĂ©nĂ©ral de dĂ©linquance est plus bas chez les personnes autistes que chez les non-autistes[23].

Il est possible qu'une sous-population de personnes autistes Ă  profil spĂ©cifique soit davantage encline que la population gĂ©nĂ©rale Ă  commettre des actes criminels ciblĂ©s tels que les incendies volontaires (selon la NAS)[A 1], les agressions sexuelles[24] - [25] et les vols Ă  main armĂ©e[25]. Mohammad Ghaziuddin note que dans le cas des incendies volontaires, le motif principal semble ĂȘtre un intĂ©rĂȘt et une fascination pour le feu[26].

Facteurs de risque et de protection

Mohammad Ghaziuddin distingue les facteurs de risque de violence gĂ©nĂ©raux (communs Ă  toute la population) des facteurs spĂ©cifiques aux personnes autistes. Les facteurs gĂ©nĂ©raux sont une classe sociale infĂ©rieure, une mauvaise Ă©ducation parentale et un environnement chaotique[27]. Les facteurs de risque spĂ©cifiques aux personnes autistes sont des antĂ©cĂ©dents familiaux de troubles psychiatriques et de criminalitĂ©[27] - [28]. D'aprĂšs l'Ă©tude des chercheurs suĂ©dois Ragini Heeramun et al., un autre facteur de risque de violence identifiĂ© est le fait d'ĂȘtre un homme[28]. A Ă©galement Ă©tĂ© identifiĂ© comme facteur de violence le retard dans la pose du diagnostic d'autisme[28].

Un parcours scolaire brillant entraĂźne une diminution de ce risque. De mĂȘme, les personnes autistes Ă  haut niveau de fonctionnement ont davantage de risques de commettre des actes criminels violents et intentionnels que les personnes non-verbales[28].

Confusion ou lien entre psychopathie et autisme

Une explication Ă  la perception d'une forte proportion de personnes autistes violentes et criminelles rĂ©side dans la description originale que le mĂ©decin autrichien Hans Asperger a faite de ce qu'il a nommĂ© la « psychopathie autistique » en 1944, conduisant Ă  une confusion entre le syndrome d'Asperger et la psychopathie[29]. En effet, dans sa description originale de quatre adolescents autistes, Asperger mentionne un passif d'agressions physiques, et une fascination pour le sang et le poison[30]. Une Ă©tude sur 177 Autrichiens diagnostiquĂ©s avec une « psychopathie autistique Â» selon les critĂšres d'Asperger ne montre cependant aucune diffĂ©rence avec le taux de criminalitĂ© dans la population gĂ©nĂ©rale[29]. Hippler et al. en concluent qu'« il y a une perception du public selon laquelle les personnes ayant reçu un diagnostic en santĂ© mentale en gĂ©nĂ©ral, et de syndrome d'Asperger en particulier, prĂ©sentent une menace pour le public. Nous soutenons que, sur la base des donnĂ©es de suivi de la cohorte initiale d'Asperger, ainsi que sur celle d'autres Ă©tudes, cette perception est erronĂ©e »[29].

Dans un ouvrage paru en 2010 et rĂ©Ă©ditĂ© en 2012, le psychiatre irlandais Michael Fitzgerald propose le retour du diagnostic des « psychopathies autistiques Â» comme sous-catĂ©gorie du syndrome d'Asperger, sur la base d'Ă©tudes de cas d'affaires criminelles. Il caractĂ©rise les personnes concernĂ©es par leur insensibilitĂ© et leur absence d'Ă©motions, ou « dĂ©ficit d'empathie Â»[31]. Son ouvrage a Ă©tĂ© critiquĂ© par le psychiatre amĂ©ricain Leafar F. Espinoza, qui juge l'hypothĂšse d'une possibilitĂ© d'association entre autisme et psychopathie intĂ©ressante, mais regrette que l'ouvrage consiste principalement en un recueil d'anecdotes pour le grand public plutĂŽt qu'une dĂ©monstration scientifique[32].

Troubles associés

D'aprĂšs le chercheur suĂ©dois Sebastian Lundström et son Ă©quipe, le trouble du dĂ©ficit de l'attention avec ou sans hyperactivitĂ© (TDAH) peut ĂȘtre une cause de comportements violents, mais non l'autisme[33]. Cette thĂ©orie a Ă©tĂ© confirmĂ©e par une autre Ă©tude, publiĂ©e en 2017, qui conclut que « les personnes autistes, en particulier Ă  haut niveau de fonctionnement, semblent avoir un risque plus Ă©levĂ© d'infraction violente. Cependant, ces associations sont attĂ©nuĂ©es de maniĂšre marquĂ©e lorsqu'un trouble de dĂ©ficit de l'attention / hyperactivitĂ© (TDAH) ou un trouble des conduites sont pris en compte »[28]. Un examen de comorbiditĂ© Ă©tabli en 2008 a permis de constater qu'un nombre important de criminels violents diagnostiquĂ©s « Asperger Â» avaient des troubles comorbides de nature psychiatrique, tels que le trouble schizo-affectif[34]. Mohammad Ghaziuddin souligne l'importance d'effectuer un diagnostic de comorbiditĂ©s psychiatriques avant d'attribuer une causalitĂ© de l'autisme dans un comportement violent[35], en particulier pour dĂ©terminer la prĂ©sence d'une dĂ©pression ou d'un trouble du spectre psychotique[36].

Interprétations psychanalytiques

D'aprĂšs le psychanalyste freudien Bernard Seynhaeve (2016), la violence des personnes autistes est due Ă  un « rapport Ă  la dimension de l’Autre problĂ©matique, entravĂ©, voire inexistant »[Ps 1], et Ă  une perception du corps comme « une surface sans trou » : « s'il n’a pas de trou, le sujet n’a pas non plus d'objet d'Ă©change avec le monde, avec l’Autre. Pure superficie, le corps-carapace est ce qu’il advient d’un corps dont tous les orifices sont bouchĂ©s »[Ps 2]. Il ajoute que l'autiste se constitue « un vĂȘtement-carapace qu’il refuse d’îter »[Ps 2], et que « la violence s’inscrit dans une logique oĂč l’excĂšs d’excitation ne peut pas ĂȘtre traitĂ© par le sujet. Soit parce que l’excĂšs d’excitation envahit son corps, soit parce que l’Autre tente de faire effraction dans le corps-carapace »[Ps 3]. Il est possible que regarder un visage soit trĂšs envahissant, sinon violent pour une personne autiste, en particulier si un regard insistant lui est imposĂ© : d'aprĂšs Chantal Lheureux-Davidse, il « paraĂźt plus adĂ©quat de privilĂ©gier le respect de l'Ă©vitement du regard en considĂ©rant que la communication serait meilleure hors regard imposĂ© et diminuerait grandement la violence »[Ps 4]. Le psychanalyste et psychomotricien français Fabien Joly estime (2010) qu'« une dialectique de la violence autistique apparaĂźt dans des sortes de cercles vicieux alternant entre un suicide psychique, un effacement, voire une mutilation, de soi-mĂȘme ; et dans le mĂȘme temps des conduites rĂ©pĂ©tĂ©es de recherches corporelles dĂ©sespĂ©rĂ©es d’éprouvĂ© de soi, jusque dans l’automutilation ou les explosions les plus extrĂȘmes et les plus terrifiantes »[Ps 5]. Il ajoute que les violences les plus manifestes tĂ©moignent d'une « ouverture fragile et explosive de la coquille autistique »[Ps 5].

Le psychanalyste autrichien Michael Turnheim (2003) postule l'existence d'un lien entre violence, autisme et Ă©criture, qu'il met en relation avec le refus de parler[Ps 6].

D'aprĂšs ValĂ©rie Rousselon et GaĂ«le Bonnefoy, les enfants autistes crĂ©ent une faille dans le narcissisme parental[Ps 7].

Études de cas criminels

Portrait numérique d'Anders Behring Breivik.

Des cas individuels de personnes autistes criminelles ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s. Simon Baron-Cohen publie en 1988 Ă  propos d'un adulte britannique Asperger violent, ĂągĂ© de 21 ans[37]. D. Mawson et son Ă©quipe Ă©tudient un homme adulte amĂ©ricain de 44 ans en 1985[38]. Mais ces cas ne permettent pas de gĂ©nĂ©raliser la prĂ©disposition aux violences Ă  l'ensemble de la communautĂ© autiste[3]. Les meurtres commis par des personnes autistes, plus prĂ©cisĂ©ment avec syndrome d'Asperger ou autisme Ă  haut niveau de fonctionnement, ont cependant fait l'objet de nombreux commentaires[39]. D'aprĂšs Mohammad Ghaziuddin, il semble que ces meurtres rĂ©sultent d'un intĂ©rĂȘt obsessionnel[39].

Une étude menée par la chercheuse suédoise Clare Allely et son équipe, publiée en 2014, a conclu que la part de tueurs de masse et de tueurs en série autistes est plus importante que celle des TSA dans la population générale : sur un échantillon randomisé de 75 tueurs de masse américains, six ont reçu un diagnostic médical d'autisme[40]. Cette étude a été interprétée comme une preuve d'association entre TSA et comportements meurtriers dans la presse[41] - [P 1]. D'aprÚs Katie Maras et al., le faible échantillon de l'étude d'Allely et la méthode utilisée ne permettent pas de tirer une telle conclusion[42].

Le profil psychologique de deux tueurs de masse parfois considĂ©rĂ©s comme autistes, Adam Lanza et Anders Behring Breivik, a Ă©tĂ© analysĂ© par Clare Allely, qui en conclut que leur acte ne s'explique pas par l'autisme seul, mais plutĂŽt par l'intrication de diffĂ©rents facteurs, notamment l'association entre TSA et trouble de la personnalitĂ© narcissique, qui forme, d'aprĂšs elle, « une combinaison particuliĂšrement « explosive » qui augmente le risque qu'un individu autiste puisse s'engager dans des comportements extrĂȘmement violents »[43]. Le rapport de lâ€ČOffice of the child avocate consacrĂ© Ă  Adam Lanza « ne cherche pas Ă  Ă©tablir un lien entre [...] les personnes autistes et la violence », et souligne que Lanza n'a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'aucun accompagnement ou soutien mĂ©dical malgrĂ© son diagnostic[A 2]. Anders Breivik a Ă©tĂ© diagnostiquĂ© comme ayant Ă  la fois un syndrome d'Asperger, un trouble de la personnalitĂ© narcissique et un trouble de la personnalitĂ© antisociale[44].

Jeffrey Dahmer, un tueur en série cannibale et nécrophile, a été rétrospectivement décrit comme un autiste Asperger en 2002[1]. Michael Fitzgerald a également identifié comme psychopathes-autistes les tueurs Ted Bundy et Timothy McVeigh[32].

Types de violences exprimés par les personnes autistes

La dĂ©finition de la violence peut varier. En particulier, une distinction est nĂ©cessaire entre la violence avec ou sans intentionnalitĂ© et/ou conscience de commettre un acte dĂ©lictuel ou criminel[2]. Trois types de violences peuvent potentiellement ĂȘtre exprimĂ©s par les personnes autistes[Ps 8] - [B 4] :

  • la violence infligĂ©e volontairement Ă  autrui (ou hĂ©tĂ©ro-agressivitĂ©) ;
  • la violence infligĂ©e involontairement Ă  autrui ;
  • la violence dirigĂ©e contre soi-mĂȘme (ou auto-agressivitĂ© / automutilation).

Fabien Joly cite, en plus de ces trois types de violences, les « violences silencieuses »[Ps 5]. Les personnes autistes ont des problĂšmes de jugement social, mais elles ne perdent pas contact avec la rĂ©alitĂ©[45]. La frĂ©quence des colĂšres et des comportements perçus comme violents est extrĂȘmement variable d'une personne Ă  une autre[46]. D'aprĂšs Anne-Sophie Ferry (diplĂŽmĂ©e ABA[B 5] et mĂšre d'un enfant autiste[B 6]), « l'autisme ne se caractĂ©rise ni par la violence, ni par des accĂšs de colĂšre », ces derniers Ă©tant le rĂ©sultat de difficultĂ©s Ă  communiquer[B 7]. De mĂȘme, d'aprĂšs le philosophe français et personne autiste Josef Schovanec, ces comportements dits Ă  problĂšmes « traduisent essentiellement la dĂ©tresse, l'incomprĂ©hension et l'incapacitĂ© de communiquer d'une personne que l'on a, parfois durant toute son existence, mise hors d'Ă©tat de rĂ©aliser les apprentissages les plus Ă©lĂ©mentaires »[B 1]. La pĂ©dopsychiatre Catherine Milcent souligne qu'une politique attentiste a conduit, notamment en France, Ă  abandonner les personnes autistes dans un Ă©tat vĂ©gĂ©tatif, menant Ă  de la violence institutionnelle[47]. Elle souligne Ă©galement l'impossibilitĂ© frĂ©quente qu'a la personne autiste de communiquer son besoin d'ĂȘtre seule ou de dire simplement « non », entraĂźnant, dans les cas extrĂȘmes, des crises violentes[48]. Ces comportements extrĂȘmes sont gĂ©nĂ©ralement associĂ©s Ă  un autisme dit « sĂ©vĂšre »[49]. La violence peut ĂȘtre dirigĂ©e vers un ĂȘtre vivant comme vers un objet[13]. Le pĂ©dopsychiatre Mohammad Ghaziuddin conseille de rechercher en prioritĂ© les causes d'un comportement colĂ©rique ou violent dans l'environnement (scolaire, familial ou mĂ©dical), et de traiter chaque cas individuellement[50], mais prĂ©cise que des mĂ©dicaments sont couramment prescrits en cas de mise en danger, tels que l'inhibiteur sĂ©lectif de la recapture de la sĂ©rotonine et l'anticonvulsivant[51].

Violence infligée volontairement à autrui / Hétéro-agressivité

L'intentionnalitĂ© de la violence exprimĂ©e par les personnes autistes fait l'objet de controverses. D'aprĂšs Mohammad Ghaziuddin, une diffĂ©rence d'intentionnalitĂ© existe probablement en fonction de la prĂ©sence, ou non, d'un « dĂ©ficit intellectuel »[30]. D'aprĂšs la psychiatre-psychanalyste française Chantal Lheureux-Davidse, en institution, les adolescents autistes non-verbaux peuvent exprimer des comportements violents : « il arrive que certains d’entre eux se mettent Ă  cracher, mordre, griffer ou se jeter sur les autres de façon acharnĂ©e et leur fassent mal sans qu’ils mesurent la dangerositĂ© de leurs actes »[Ps 4]. D'aprĂšs Daoud Tatou, travailleur social auprĂšs de personnes autistes en situation de handicap lourd en Ăźle-de-France (2011), les personnes autistes qui expriment une hĂ©tĂ©ro-agressivitĂ© « cherchent Ă  se protĂ©ger contre une destruction ou contre la peur d’ĂȘtre dĂ©truits. Or nous savons que, pour les personnes autistes, beaucoup de situations que l’on n’anticipe pas ou qu’on ne comprend pas peuvent ĂȘtre source de frustration et gĂ©nĂ©rer de la violence »[Ps 8].

La tendance des personnes autistes Ă  suivre des routines peut entraĂźner un comportement agressif si celles-ci se trouvent perturbĂ©es[13] - [52]. L'attachement Ă  ces routines inflexibles peut ĂȘtre perçu comme une contrainte tyrannique par l'entourage, dans la mesure oĂč un changement ou une rupture de routine peut se traduire par une crise de colĂšre[Ps 8] - [B 4]. Le Dr Ghaziuddin conseille de respecter ces routines, dans la mesure du possible[51].

Violence infligée involontairement à autrui

Des particularitĂ©s de comportement de personnes autistes sont interprĂ©tĂ©es Ă  tort comme relevant de la violence par leur entourage proche : dĂ©testation des contacts physiques, absence de contact visuel et de rĂ©ponse Ă  la voix des parents[53]... Ce fait peut conduire Ă  un rejet : d'aprĂšs la psychologue et psychothĂ©rapeute italienne Cinzia Raffin, « MĂȘme Ă  sa propre famille, inconsciemment mais de façon incessante, ce que l’autiste inflige, c’est de la violence »[53]. Catherine Milcent souligne que la vie quotidienne aux cĂŽtĂ©s de personnes autistes peut ĂȘtre trĂšs frustrante, car elles demandent et exigent plus qu'elles ne donnent[47]. Par ailleurs, les personnes autistes non-verbales peuvent avoir des gestes inadaptĂ©s dans la mesure de la force et de l'impact sur l'autre, ce qui conduit Ă  les prendre Ă  tort pour des gestes violents[Ps 4]. Il est possible de diminuer la violence de ces gestes en incitant la personne autiste Ă  ralentir ses mouvements[Ps 4].

Les hypersensibilitĂ©s sensorielles des personnes autistes dans leur environnement dĂ©clenchent des rĂ©actions perçues comme violentes : « pour obtenir un apaisement et une diminution de cette intensitĂ© sensorielle, [l]es jeunes autistes tentent parfois de se dĂ©charger de ce trop-plein, de façon impulsive, par des gestes d’évitement ou d’agrippement, sans en mesurer la violence potentielle. Cette violence est Ă  comprendre non pas dans une intentionnalitĂ© de faire mal, mais comme une tentative de rĂ©gulation sensorielle »[Ps 4]. L'entourage peut prĂȘter « une intentionnalitĂ© agressive lĂ  oĂč il y a plutĂŽt une tentative d’apaisement d'angoisses spatiales et corporelles au prix de gestes qui s’avĂšrent douloureux et parfois dangereux »[Ps 4]. Daoud Tatou estime que l'« on n’a pas l’impression que cette violence est lĂ  pour nuire mais au contraire pour se dĂ©fendre d’un monde extĂ©rieur qui est vĂ©cu chez eux comme intrusif, frustrant, inadaptĂ©, Ă©tranger, et donc comme angoissant »[Ps 8].

Les personnes autistes sont souvent d'une grande naĂŻvetĂ© en matiĂšre de compĂ©tences sociales, ce qui peut conduire Ă  des actes violents et criminels (en particulier sous l'influence d'autrui), mais non perçus comme tels par la personne qui les commet[45] - [27]. D'aprĂšs un document de la National Autistic Society d'Irlande du Nord, « les personnes autistes sont souvent si isolĂ©es dans leur intĂ©rĂȘt qu'elles sont inconscientes de l'effet que leurs actions pourraient avoir sur d'autres, ou que ces actions pourraient les conduire Ă  se mettre en danger. Un individu peut Ă©galement ne pas rĂ©aliser qu'en agissant d'une certaine maniĂšre, il a commis un crime »[A 3].

Auto-agressivité

Dermatophagie sur la main d'un homme autiste.

Leo Kanner mentionnait la présence d'automutilations dans ses premiÚres descriptions de l'autisme[Ps 8]. Leur fréquence chez les personnes autistes semble assez élevée, en particulier chez celles avec des difficultés d'apprentissage associées[54].

Plusieurs hypothĂšses explicatives ont Ă©tĂ© proposĂ©es, dont celle d'une mise en scĂšne d'angoisses, celle de gestes visant Ă  faire oublier une « souffrance psychique plus grande », ou encore une consĂ©quence de « l’incoordination motrice »[Ps 8]. Le psychologue amĂ©ricain (PhD) Bernard Rimland note que « rien n'est pire pour un parent que d'ĂȘtre confrontĂ© aux comportements automutilateurs et agressifs de son enfant »[55]. Il cite des cas de personnes autistes qui « se frappent violemment la tĂȘte contre les murs ou le sol », d'enfants qui se sont infligĂ© des fractures du crĂąne, dĂ©collements de rĂ©tine, ont perdu l'ouĂŻe, se sont cassĂ© le nez, dĂ©formĂ© les oreilles ou aveuglĂ©s Ă  coups de poing ou de genoux, ou encore qui se mordent[55]. Il conseille de rechercher d'abord les causes, soulignant que des enfants autistes non-verbaux s'automutilent en raison de douleurs physiques intenses, dues Ă  des maladies somatiques, notamment gastriques[55]. Une autre cause importante d'automutilations est un stimulus externe perçu comme anodin par les personnes non-autistes, mais qui va placer les personnes autistes dans une situation de stress important[B 4] : le tĂ©moignage de la femme autiste Temple Grandin a dĂ©montrĂ© l'importance de ces hypersensibilitĂ©s sensorielles dans le dĂ©clenchement des automutilations[56].

Rimland note que les mĂ©thodes comportementales peuvent rĂ©duire ces automutilations dans 60 % des cas, et que des mĂ©dicaments comme le Naltrexone peuvent ĂȘtre prescrits et sont efficaces pour les rĂ©duire, bien qu'ils prĂ©sentent de nombreux effets secondaires indĂ©sirables[55], en particulier celui de cacher la prĂ©sence d'une douleur due Ă  une maladie somatique.

Les automutilations génÚrent souvent un sentiment d'horreur et une répulsion chez les personnes qui en sont spectatrices, aggravant l'exclusion ainsi que le niveau de handicap social des personnes autistes[B 4] - [57].

Violence contre les personnes autistes

Photo noir et blanc d'une fille avec la tĂȘte entre les genoux
Adolescente autiste de 14 ans en retrait sensoriel (ou shutdown).

D'aprĂšs les Pr Anne McGuire[10] et Robert Chapman[4], la violence reçue par les personnes autistes est frĂ©quente et rĂ©guliĂšre, mais peu visible et peu prise en compte. Cette violence concerne tant le milieu mĂ©dical que scolaire, professionnel, judiciaire ou familial[27] - [53], et peut ĂȘtre physique ou verbale, comme l'illustre l'utilisation frĂ©quente du mot « autiste Â» comme insulte, par exemple dans la langue française[P 5] et la langue anglaise[58], en associant le handicap Ă  une tare[P 5]. D'aprĂšs deux chercheuses en sciences sociales de l'universitĂ© de Kent (2015), les autistes sont, comme beaucoup de personnes en situation de handicap, souvent victimes de crimes haineux, et nombre d'entre eux vivent dans un sentiment de peur[59].

D'aprĂšs la recension effectuĂ©e par la Dr Katherine D. Tsatsanis (neuropsychologue canadienne[B 8]) en 2003, les enfants diagnostiquĂ©s « Asperger Â» sont plus souvent victimes de violences que tourmenteurs[60]. La violence contre les personnes autistes non-verbales est, elle aussi, favorisĂ©e du fait qu'elles sont dans l'impossibilitĂ© d'en parler et de la dĂ©noncer[53] : de façon gĂ©nĂ©rale, plus une personne est considĂ©rĂ©e comme Ă©tant « en situation de faiblesse », ou comme un cas « sĂ©vĂšre Â», plus elle est vulnĂ©rable aux violences et Ă  l'exclusion[61] - [62]. La dĂ©pendance est un facteur aggravant, notamment s'il faut un accompagnement quotidien pour les gestes courants (repas, toilette...)[63]. La « lourdeur Â» du handicap peut ainsi ĂȘtre invoquĂ©e pour justifier tous types de violences, y compris le meurtre[64]. D'aprĂšs Cinzia Raffin, « certaines pratiques sexuelles aberrantes conduisant Ă  des abus sexuels peuvent ĂȘtre dĂ©clenchĂ©es par la beautĂ© de certains enfants ou adultes autistes jointe Ă  leur incapacitĂ© de comprendre de quoi il s’agit » ; ainsi, dans un mĂȘme article, les agressions sexuelles contre les autistes sont lĂ©gitimĂ©es par leur beautĂ© ou leur incomprĂ©hension du contexte sexuel, tandis que d'aprĂšs l'auteure, « StĂ©rĂ©otypies et rituels [des autistes] deviennent une vĂ©ritable torture pour les parents lorsqu’ils se trouvent contraints de les accepter »[53].

Les parents d'enfants autistes sont eux aussi confrontés à de la violence dans l'annonce du diagnostic, les soins, la nécessité d'organiser leurs journées en l'absence de soutien du systÚme scolaire et médico-social, et le jugement d'autrui sur leurs enfants[B 9].

À l'annonce du diagnostic

L'une des premiĂšres violences subies par les autistes est le refus du diagnostic : d'aprĂšs la Dr Cinzia Raffin, « le fait d’utiliser des termes ambigus ou de retarder le diagnostic sous prĂ©texte de ne pas « Ă©tiqueter » prĂ©cocement l’enfant avec un diagnostic d’autisme, ce fait, cette conduite sont coupables du point de vue Ă©thique [...], c’est faire comme si l’autisme Ă©tait une chose rĂ©prĂ©hensible, un crime qui resterait inscrit au casier judiciaire »[53]. Des tĂ©moignages de parents français font Ă©tat de violences dans l'annonce du diagnostic, de difficultĂ©s Ă  l'accepter, et de remarques trĂšs nĂ©gatives, par exemple de sages-femmes suggĂ©rant que les bĂ©bĂ©s autistes ne devraient pas vivre[65].

En institution

Des témoignages et articles de presse font état de violences et de maltraitances contre des personnes autistes institutionnalisées. Les associations Vaincre l'autisme et SOS Autisme France se sont illustrées dans les années 2000 et 2010 par des accusations de maltraitance délibérée dans les établissements de soins français[B 10]. Le film documentaire de Sandrine Bonnaire Elle s'appelle Sabine (2007) montre la régression d'une femme autiste devenue plus violente pendant ses cinq années d'institutionnalisation[B 11].

Ces tĂ©moignages dĂ©noncent des nĂ©gations des droits de l'homme, des personnes autistes sanglĂ©es de force sur des lits, forcĂ©es Ă  faire leurs besoins sous elles, ou enfermĂ©es dans des cellules de 10 m2, voire dans des cages mĂ©talliques[B 11]. En 2014, le Collectif autisme estime que 43,8 % des personnes autistes françaises sont ou ont Ă©tĂ© victimes de mauvais traitements dans les Ă©tablissements dĂ©diĂ©s Ă  leur accueil[B 11]. D'aprĂšs Sophie Le Callennec (spĂ©cialiste de l'adoption[B 12]) et Florent Chapel (prĂ©sident du Collectif autisme et administrateur de la Fondation Autisme[B 13]), de fortes doses de mĂ©dicaments leur sont administrĂ©es pour la tranquillitĂ© du personnel. Les raisons de ces mauvais traitements sont multiples, mais plus particuliĂšrement dues au manque de personnel et Ă  l'inexpĂ©rience des aides-soignantes livrĂ©es Ă  elles-mĂȘmes[B 11].

Le docteur en psychologie Serge Dalla Piazza[B 14] cite (2007) des cas d'enfants autistes non-verbaux recousus de plaies Ă  vif, au motif qu'ils n'auraient pas de perception de la douleur[62]. L'acte de dĂ©fense de la personne autiste contre la douleur peut, de plus, ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme relevant d'un acte de violence[62]. La sociologue française Brigitte Chamak fait Ă©tat d'une plainte pour maltraitance contre un centre faisant appel aux techniques de thĂ©rapie cognitivo-comportementale. Ce fait a suscitĂ© peu d’écho mĂ©diatique[66].

Dans le milieu familial

Gravure montrant une personne gardant un changeling enchaßné.
Le mythe du changeling aurait permis jadis de justifier l'abandon et le meurtre des bébés et enfants autistes par leur famille biologique[67] - [68].

Dans le milieu familial, le manque voire l'absence de communication de la part des personnes autistes sont gĂ©nĂ©rateurs de violences de la part de l'entourage, en particulier des parents, qui peuvent ĂȘtre en attente d'un geste de tendresse, ou frustrĂ©s par le fait que la personne autiste porte davantage d'attention Ă  un objet qu'Ă  eux-mĂȘmes[B 4]. La rĂ©pĂ©tition de ces comportements sur une longue pĂ©riode est un Ă©lĂ©ment important dans la survenue de violences par l'entourage[B 4]. Cependant, la maltraitance des enfants autistes par leur famille ne semble pas plus frĂ©quente que la moyenne[69]. Les parents d'enfants autistes reçoivent souvent des remarques (violence verbale) en raison du comportement de leurs enfants, de la part d'inconnus qui ignorent l'autisme de ces derniers[B 4].

Des cas d'infanticides, gĂ©nĂ©ralement commis par la mĂšre de l'enfant autiste[70], ont Ă©tĂ© documentĂ©s[71]. Des « douzaines » de meurtres sont mentionnĂ©s dans la presse occidentale en une dizaine d'annĂ©es, en particulier la presse canadienne[72]. L'Autistic Self Advocacy Network en relĂšve 36 (concernant tous des personnes handicapĂ©es, principalement autistes) en 2012. Anne McGuire souligne que chaque cas de meurtre est traitĂ© individuellement, mais que le motif gĂ©nĂ©ral invoquĂ© pour chacun d'entre eux est « l'autisme Â» ou « la vie avec l'autisme Â»[73]. Les tĂ©moignages Ă  ce sujet insistent sur la sĂ©vĂ©ritĂ© supposĂ©e de l'autisme, et le dĂ©sespoir ainsi gĂ©nĂ©rĂ©[74]. Forme de violence extrĂȘme, le meurtre des personnes autistes par leurs proches se trouve justifiĂ© par la mauvaise perception publique de l'autisme, assimilĂ© Ă  une « pathologie Ă  vie Â» qu'il convient de combattre[75]. D'aprĂšs Anne McGuire, une partie de cette violence rĂ©sulte du modĂšle mĂ©dical de l'autisme, qui promeut une vision de l'autisme comme maladie Ă  Ă©radiquer ou anomalie Ă  normaliser. La violence extrĂȘme est illustrĂ©e par les tĂ©moignages de meurtriers dĂ©sireux de « tuer l'autisme », dans l'espoir de rendre leurs proches « normaux »[76].

L'appartenance des parents Ă  une classe sociale infĂ©rieure semble ĂȘtre un facteur prĂ©disposant au meurtre, dans la mesure oĂč ces mĂšres infanticides n'avaient pas les ressources financiĂšres pour bĂ©nĂ©ficier d'accompagnements efficaces de leurs enfants handicapĂ©s[77].

Dans le milieu scolaire

Lorsque les enfants autistes ont accĂšs aux Ă©tablissements scolaires, ils y sont souvent victimes de harcĂšlement[78]. Stephen M. Shore note que les situations de violence exprimĂ©es par des personnes diagnostiquĂ©es Asperger et scolarisĂ©es sont prĂ©cĂ©dĂ©es « d'une longue histoire de harcĂšlement et de mise Ă  l'Ă©cart de la sociĂ©tĂ© par les camarades de classe »[B 2]. Environ 63 % des enfants scolarisĂ©s dans les Ă©coles amĂ©ricaines et qui sont harcelĂ©s par d'autres enfants ont des troubles du spectre de l'autisme[79]. Les enfants et adolescents autistes sont Ă©galement plus facilement pris pour cibles d'agressions sexuelles[80], en raison de leurs difficultĂ©s Ă  comprendre les rapports socio-sexuels[27]. Il existe aussi des cas d'agressions physiques et de vols[27].

D'aprĂšs une enquĂȘte de la fondation italienne Bambini e autismi, la violence scolaire reçue par les Ă©lĂšves autistes est assez rare, sinon absente, durant les annĂ©es d'Ă©cole maternelle et primaire. En revanche, elle est frĂ©quente durant les annĂ©es de collĂšge[B 4]. D'aprĂšs Mohammad Ghaziuddin, cette violence scolaire est exacerbĂ©e Ă  l'Ăąge correspondant Ă  la middle school (entre 9 et 13 ans)[27].

La violence scolaire peut ĂȘtre facilement Ă©vitĂ©e grĂące Ă  une sensibilisation des Ă©lĂšves Ă  ce qu'est l'autisme[B 4], permettant de diminuer significativement les situations de harcĂšlement[B 2].

Analyse sociologique du phénomÚne de capacitisme

D'aprÚs Anne McGuire, la société occidentale a derriÚre elle une longue histoire de violences et de discriminations contre les personnes autistes en particulier, et contre les personnes en situation de handicap en général[10] :

« La voie dominante dans laquelle nous sommes engagĂ©s, sur le plan culturel, par rapport Ă  l'autisme, en le combattant, en le haĂŻssant, en menant une guerre contre lui, et en travaillant Ă  son Ă©limination, [cette voie] nous conduit Ă  penser que l'autisme n'est pas en lui-mĂȘme une maniĂšre de vivre, mais qu'il nous est imposĂ© de vivre avec[Trad 1] »

— Anne McGuire, Life without autism : a cultural logic of violence [La vie sans l'autisme : une logique culturelle de violence][81]

Ce capacitisme, profondĂ©ment enracinĂ©, gĂ©nĂšre un phĂ©nomĂšne d'exclusion[10]. Le sentiment de haine Ă  l'Ă©gard du handicap est frĂ©quent : d'aprĂšs le pĂ©dopsychiatre Roger Salbreux, « la haine du handicap paraĂźt un sentiment normal, une Ă©vidence mĂȘme [...] cette haine semble Ă©galement tout Ă  fait comprĂ©hensible lorsqu’elle est Ă©prouvĂ©e par les autres, les valides, ceux qui rencontrent et surtout qui entourent la personne handicapĂ©e, comme ceux qui sont chargĂ©s de la soigner ou de l’accompagner »[82]. Un phĂ©nomĂšne de « psychophobie Â» assez proche gĂ©nĂšre une image nĂ©gative des personnes schizophrĂšnes[83], dont les comportements dĂ©crits comme « dangereux Â» ressemblent Ă  ceux dĂ©crits chez les personnes autistes[46].

D'aprĂšs Anne McGuire, l'assimilation de l'autisme Ă  une « pathologie Â» indĂ©sirable et Ă  combattre[84], dĂ©finie par une sĂ©rie de symptĂŽmes[85], conduit de nombreuses personnes Ă  penser qu'il puisse ĂȘtre guĂ©ri, rendant la personne autiste « normale », mais cette idĂ©e s’oppose au ressenti et au souhait de la plupart des personnes autistes elles-mĂȘmes[81]. En ce sens, combattre l'autisme revient Ă  combattre les personnes autistes[86]. Cela augmente fortement leur exposition aux actes de violence[10].

Conséquences

L'exposition mĂ©diatique d'un lien entre autisme et violence est particuliĂšrement dommageable sur l'opinion publique en matiĂšre d'autisme[3] : d'aprĂšs le psychologue australien Neil Brewer et son Ă©quipe, « l'exposition mĂ©diatique qui lie le crime et le trouble du spectre de l'autisme a favorisĂ© des attitudes plus nĂ©gatives Ă  l'Ă©gard des personnes TSA, alors que le message Ă©ducatif positif sur le trouble du spectre de l'autisme a eu l'effet inverse »[87]. D'aprĂšs le Dr en philosophie et sociologie (EHESS) Josef Schovanec, lui-mĂȘme personne autiste, ce fantasme d'une association entre autisme et violences justifie Ă  son tour les mauvais traitements infligĂ©s aux personnes autistes[B 1] :

« En somme, bien des descriptifs de la violence que l'on aime à associer à l'autisme ne sont qu'autant de tableaux sinistres de nos propres défaillances et déficiences ou bien, pire encore, de la perverse volonté d'assigner ces derniÚres aux personnes qui en sont pourtant victimes. »

— Josef Schovanec, Autisme, la grande enquĂȘte[B 1]

Deux Ă©tudes publiĂ©es dans les annĂ©es 1990 ont dĂ©terminĂ© qu'un taux important de personnes autistes sont dĂ©tenues dans des hĂŽpitaux de haute sĂ©curitĂ©. D'aprĂšs Katie Maras et al., cela rĂ©sulte plus probablement de l'opinion publique qui les associe Ă  un danger pour la sociĂ©tĂ©, que d'un comportement rĂ©ellement dangereux ou violent[3]. Les autistes sont souvent arrĂȘtĂ©s Ă  tort par la police, en raison de comportements perçus comme Ă©tranges (stĂ©rĂ©otypies), et sont plus vulnĂ©rables que les autres aux actes policiers[A 4] - [15]. Un article paru dans le quotidien quĂ©bĂ©cois Le Soleil en septembre 2017 souligne que de nombreux adultes autistes arrivent en prison dans l'ignorance de la gravitĂ© de leurs actes, faute d'accompagnement prĂ©alable adaptĂ© pour leur apprendre des compĂ©tences sociales, ce qui conduit Ă  une sur-judiciarisation de cette population, et ce dans tous les pays occidentaux[P 6]. Par ailleurs, une recension de la littĂ©rature scientifique relative Ă  l'incarcĂ©ration des personnes autistes, publiĂ©e en 2009, montre qu'il n'existe gĂ©nĂ©ralement aucun systĂšme d'accompagnement spĂ©cifique Ă  l'autisme en prison[18]. Les personnes autistes qui ont Ă©tĂ© confrontĂ©es Ă  un systĂšme de justice en gardent le plus souvent un mauvais souvenir[12]. L'empathie des personnes autistes ayant un fonctionnement particulier, leur attitude peut ĂȘtre perçue Ă  tort comme de la froideur et une absence de remords, menant Ă  un alourdissement des peines judiciaires prononcĂ©es[45].

« [...] pour les autistes adultes, il n'y a souvent que ce que j'appelle les quatre "P" : les parents, la psychiatrie, la prison ou le paradis »

— Brigitte Harrison[P 6]

Militantisme

Les militants pour les droits des personnes autistes s'opposent à l'exposition médiatique d'un lien entre autisme et violence[P 7] - [P 8] - [P 9], entre autres Michelle Dawson[B 15] et les membres de l'Autistic Self Advocacy Network[A 5], en arguant que l'exclusion sociale est déjà une source de souffrances pour cette population[P 7]. Ces militants ont commencé à recenser les actes de violence commis contre les personnes autistes à partir des années 2000, pour demander une réponse politique[10]. Le film américain Mr. Wolff (2016), qui met en scÚne un comptable autiste obsessionnel et sans empathie, exerçant comme tueur à gages[P 10], a été qualifié d'offensant pour les personnes autistes, entre autres en raison de la violence qu'il expose[P 11]. Laurie Stephen, directrice de services cliniques à Altadena, en Californie, a déclaré « préoccupant qu'un film présente un personnage autiste qui a des armes à feu et qui s'engage dans ce genre d'agression / violence »[P 12].

Plusieurs chercheurs, dont le psychiatre britannique David Allen[B 16] (2008), recommandent la diffusion d'informations relatives à l'autisme auprÚs des professionnels du systÚme judiciaire, de maniÚre à réduire la vulnérabilité de ces personnes[88].

Notes et références

Citations originales

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Annexes

Bibliographie

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