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Antiépileptique

Les antiépileptiques , anticonvulsifs, anticonvulsivants ou anticomitiaux, appartiennent à un groupe varié de médicaments utilisés dans la prévention ou l'occurrence de l'épilepsie. Leur action est symptomatique et non pas curative (ils sont capables de diminuer la sévérité des crises, la fréquence de celles-ci, voire de les supprimer complètement (pour 60 % des patients approximativement), mais l'arrêt du traitement signe leur reprise). De plus, dans un tiers des cas environ, l'épilepsie est rebelle au traitement médicamenteux. On parle alors d'épilepsies pharmaco-résistantes.

Quelques anticonvulsivants : valproate de sodium, stiripentol, clobazam et midazolam

Ils peuvent parfois être indiqués dans d'autres pathologies, comme antalgiques, anxiolytiques ou thymorégulateurs, selon les cas.

Une crise d’épilepsie résulte d’une décharge neuronale excessive et hyper-synchrone au niveau du cortex cérébral. Si la décharge intéresse l’ensemble des deux hémisphères cérébraux on parle alors de crises d’épilepsie généralisées et si seulement certaines parties du cerveau sont atteintes nous parlerons de crises partielles.

Dans les crises gĂ©nĂ©ralisĂ©es nous retrouverons : les absences, les crises myocloniques, les crises cloniques, les crises toniques, les crises tonico-cloniques (encore appelĂ©es Grand Mal), et enfin les syndromes de West et de Lennox-Gastaut.

Les crises partielles peuvent être simples ou complexes. Ce qui les distingue étant l’état de conscience du sujet lors de la crise d’épilepsie. Si la crise ne s’accompagne pas de perte de conscience on parle alors de crises partielles simples, et si la crise est accompagnée d’une perte de conscience on parle alors de crises partielles complexes.

Cette dĂ©charge excessive serait due Ă  une rarĂ©faction des affĂ©rences GABAergiques au niveau du foyer Ă©pileptogène. En effet, l’acide Îł-aminobutyrique encore appelĂ© GABA est le neurotransmetteur inhibiteur principal du système nerveux central, il a pour rĂ´le d’hyperpolariser les membranes neuronales Ă©vitant ainsi que tous les neurones dĂ©chargent en mĂŞme temps. S’il y a une rarĂ©faction des affĂ©rences GABAergiques au niveau du foyer Ă©pileptogène, les neurones seraient alors soumis Ă  un flux constant de messages nerveux excitateurs dĂ©clenchant alors des potentiels d’action de façon continue (c’est la crise d’épilepsie). Les traitements antiĂ©pileptiques vont tenter de rĂ©tablir l’équilibre entre les diffĂ©rents stimuli excitateurs et inhibiteurs au niveau neuronal et ainsi faire cesser les crises. Pour ce faire, plusieurs mĂ©canismes existent :

  • modulation des canaux ioniques (canaux sodiques et calciques) ;
  • augmentation de l’inhibition mĂ©diĂ©e par le GABA (principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central) ;
  • diminution de l’action du neurotransmetteur excitateur : le glutamate.

Pendant plusieurs décennies, le traitement de la maladie épileptique a reposé sur l’utilisation de quatre principaux médicaments anti-épileptiques (phénobarbital, phénytoïne, carbamazépine, valproate de sodium) mis sur le marché entre les années 1910 et 1960, ainsi que sur quelques anti-épileptiques d’appoint (primidone, éthosuximide, benzodiazépines), eux aussi mis sur le marché depuis plus de 30 ans (tableau 1). Jusqu’au début des années 1990, l’arsenal thérapeutique anti-épileptique n’a guère évolué en dehors d’adaptations galéniques ou pharmacocinétiques des anti-épileptiques existants (formes à libération prolongée, fosphénytoïne…) et de la commercialisation du progabide, un agoniste du récepteur GABA-A retiré du marché en raison de la survenue d'effets indésirables hépatiques sévères. Depuis 1990 et surtout depuis 1995, la pharmacopée anti-épileptique s’est enrichie de la mise sur le marché de huit nouveaux anti-épileptiques (vigabatrin, gabapentine, felbamate, lamotrigine, tiagabine, topiramate, oxcarbazépine, lévétiracétam). Cette nouvelle génération d’anti-épileptiques peut correspondre à une deuxième génération sur la base d’une classification purement chronologique.

Modulation des canaux ioniques  

Canaux sodiques

Les canaux sodiques sont présents dans l’ensemble de notre système nerveux central. Lorsque ces canaux sont activés, l’ouverture des canaux engendre une entrée massive d’ions sodium dans la cellule nerveuse, la cellule dépolarisée peut alors propager l’influx nerveux le long de la membrane cellulaire.

Après l’ouverture des canaux, ces derniers seront dans Ă©tat dit « inactivĂ© Â», qui est l’état situĂ© entre les conformations ouverte et fermĂ©e. Lorsqu’ils sont inactivĂ©s, Les canaux ne peuvent pas se rouvrir immĂ©diatement. Après l’état inactivĂ©, les canaux seront dans l’état fermĂ©, oĂą ils sont impermĂ©ables aux ions mais peuvent ĂŞtre activĂ© immĂ©diatement.

Certains antiépileptiques vont se lier préférentiellement aux canaux sodiques lorsque ces derniers sont dans un état inactivé, en se liant ils vont ralentir le passage à un état où les canaux seraient susceptibles d’être de nouveau activé, évitant ainsi les décharges se répétant dans le temps.

C’est le mĂ©canisme de plusieurs traitements antiĂ©pileptiques : la phĂ©nytoĂŻne, la carbamazĂ©pine, la lamotrigine, l’oxcarbazĂ©pine, le felbamate ou encore la valproate de sodium.

La carbamazépine est indiquée dans le traitement des épilepsies partielles ou généralisées, on peut donner ce traitement en première intention à des patients souffrant de crises tonico-cloniques (Grand Mal). La tolérance est habituellement bonne. Il peut y avoir des effets secondaires cutanés, allergiques, neurologiques (somnolence, vertiges), hématologiques (leucopénie, thrombopénie). Ce traitement est contre-indiqué en cas de bloc auriculo-ventriculaire (BAV), de prise d'IMAO (antidépresseurs).

L’acide valproĂŻque ou valproate de sodium est indiquĂ© pour toutes les formes d'Ă©pilepsie. Ses effets secondaires sont : digestifs (nausĂ©es, vomissements…), alopĂ©cie, cĂ©phalĂ©es, insomnie, pancrĂ©atite, hĂ©patite aiguĂ«. Il est contre-indiquĂ© en cas d'antĂ©cĂ©dents hĂ©patiques et pour les femmes enceintes.

La phĂ©nytoĂŻne est moins sĂ©dative que le phĂ©nobarbital. Les effets secondaires sont cependant nombreux :

  • neurologiques : syndrome cĂ©rĂ©belleux ;
  • hĂ©matologiques : thrombopĂ©nie, leucopĂ©nie (rares) ;
  • cutanĂ©s ;
  • hypertrophie gingivale.

De même que les interactions médicamenteuses. La phénytoïne est contre-indiquée en cas d'antécédents de porphyries.

Canaux calciques

Les canaux calciques potentiel-dĂ©pendants peuvent ĂŞtre divisĂ©s en deux catĂ©gories : les canaux de bas seuil d’activation et ceux de haut seuil d’activation, en fonction du niveau de potentiel membranaire nĂ©cessaire Ă  leur activation.

Les canaux de bas seuil d’activation sont les canaux de type T s’exprimant au niveau des neurones relais cortico-thalamiques, ils génèrent une onde rythmique de Hz qui est caractéristiques des absences.

Les canaux de haut seuil d’activation sont les canaux de type L, N, P, Q et R. Ils ont des propriĂ©tĂ©s pharmacologiques diffĂ©rentes. Ces canaux prĂ©sents dans le système nerveux central se retrouvent au niveau des dendrites, des corps cellulaires et des terminaisons nerveuses. Les types N, P et Q participent au contrĂ´le de la libĂ©ration des neurotransmetteurs dans la fente synaptique.

Ces canaux calciques seraient responsables des absences encore appelées petit mal, durant l’enfance.

Certains Ă©pileptiques auront pour action principale de bloquer ces canaux calciques.

Par exemple, l’éthosuximide et le valproate de sodium inhiberont les canaux de types T et traiteront donc les absences.

Tandis que la prégabaline et la gabapentine, se liant aux canaux calciques, atténueraient l’influx calcique, réduisant ainsi la libération des neurotransmetteurs excitateurs comme le glutamate, la noradrénaline, etc.

Augmentation de l'inhibition médiée par le GABA

Le GABA, principal neurotransmetteur inhibiteur chez les mammifères, est libĂ©rĂ© dans plus de 40 % des synapses. Son inhibition est connue pour entrainer des convulsions, tandis que sa facilitation provoque un effet anti-convulsivant. Le GABA est synthĂ©tisĂ© dans les neurones GABAergiques Ă  partir du glutamate, grâce Ă  l’action de l’acide glutamique dĂ©carboxylase(AGD). Une fois dans la fente synaptique, le GABA agit sur trois rĂ©cepteurs spĂ©cifiques : GABAA, GABAB et GABAC. Ces rĂ©cepteurs ont des fonctions distinctes.

Le rĂ©cepteur GABAA est couplĂ© aux canaux chlorure, lorsque le GABA vient se fixer sur ce rĂ©cepteur, les canaux chlorure s’ouvrent entrainant une hyperpolarisation rapide de la membrane. L’hyperpolarisation de la membrane rend plus difficile le passage d’une vague de potentiel d’action, c’est l’effet inhibiteur.

Le récepteur GABAB est associé à une protéine G. L’activation de ce récepteur entraine une augmentation de la conductance aux ions K+, induisant ainsi une hyperpolarisation des neurones post-synaptiques.

Comme le récepteur GABAA, GABAC est lié à des canaux chlorure, mais les réponses physiologiques liées à ces récepteurs sont distinctes. En effet, tandis que les réponses obtenues par GABAA sont rapides et passagères, celles obtenues par GABAc sont lentes et soutenues.

Après l’activation des diffĂ©rents rĂ©cepteurs, le GABA est capturĂ© par des systèmes de transport actif et il sera, soit recyclĂ© en tant neurotransmetteur, soit mĂ©tabolisĂ© grâce Ă  l’action de la GABAtransaminase. 

  • AntiĂ©pileptiques exerçant leurs effets par action sur le système GABAergique :
  1. La vigabatrine agit comme un inhibiteur de la GABA transaminase, empĂŞchant ainsi le catabolisme du GABA.
  2. La tiagabine quant Ă  elle bloque la recapture du GABA en agissant sur le transporteur GAT-1.
  3. Les benzodiazépines (diazépam, clonazépam, clobazam) se fixent sur un site des récepteurs GABAA entrainant une plus grande affinité de ces récepteurs pour le GABA. La fréquence d’ouverture du canal se trouve alors augmentée
  4. Le phénobarbitale (faisant partie de la famille des barbituriques) se fixe également sur un site des récepteurs GABAA. Cette fixation prolonge le temps d’ouverture du canal chlorure.
  5. Le lévétiracétam, quant à lui, aurait pour effet d’inverser l’action inhibitrice du zinc sur l’ouverture du canal chlorure. Zinc libéré par l’intermédiaire des synapses des fibres moussues.

En savoir plus sur le phĂ©nobarbital : le phĂ©nobarbital s'administre en une prise par jour, souvent le soir car il a un effet sĂ©datif. Effets indĂ©sirables : il peut aussi ĂŞtre Ă  l'origine de syndromes cutanĂ©s graves tels que le syndrome de Lyell ou le syndrome de Stevens-Johnson, d'un phĂ©nomène de sevrage (Ă©viter l'arrĂŞt brutal du traitement), de somnolence, de troubles de l'apprentissage. Il est contre-indiquĂ© en cas d'insuffisance respiratoire, de porphyries. Les interactions mĂ©dicamenteuses sont nombreuses.

Diminution de l'action du neurotransmetteur excitateur : le glutamate

Le glutamate est le neurotransmetteur excitateur principal du système nerveux central. Il est synthétisé dans les neurones glutamatergiques à partir de la glutamine. L’enzyme catabolisant cette réaction est la glutaminase.

Après avoir Ă©tĂ© libĂ©rĂ© dans la synapse, le glutamate va agir sur deux types de rĂ©cepteurs diffĂ©rents : les rĂ©cepteurs ionotropiques et les rĂ©cepteurs mĂ©tabotropiques. Les premiers sont des rĂ©cepteurs associĂ©s Ă  un canal ionique membranaire tandis que les seconds mettent en jeu directement une voie de signalisation.

Il existe trois sous types de rĂ©cepteurs ionotropiques :

  • AMPA : acide α-amino-(3-hydroxy-5-mĂ©thylisoxal-4-yl)propionique ;
  • kaĂŻnate ;
  • NMDA : N-mĂ©thyl-D-aspartate.

Ces récepteurs-canaux sont perméables à différents ions, ion sodium, ion potassium ou encore ion calcium selon le sous type de récepteurs.

Les rĂ©cepteurs AMPA et KaĂŻnate, activĂ©s par le glutamate, sont impliquĂ©s dans la neurotransmission excitatrice rapide.  Contrairement aux rĂ©cepteurs NMDA qui sont impliquĂ©s dans les dĂ©polarisations de pĂ©riodes plus longues.

Les rĂ©cepteurs mĂ©tabotropiques quant Ă  eux sont spĂ©cialisĂ©s dans la libĂ©ration des neurotransmetteurs au niveau prĂ©-synaptique.

À ce jour, Il n’existe pas d’antiépileptiques ayant une action exclusivement sur le système glutamate. Par exemple, le felbamate, en plus de son action principale sur les canaux sodiques, agira également sur les récepteurs ionotropiques NMDA, afin de stabiliser l’état inactivé de ce récepteur. Ceci participera à renforcer l’activité antiépileptique de la molécule.

Le topiramate, en plus de son action sur la modulation des canaux (sodiques et calciques) et  son effet activateur sur les rĂ©cepteurs GABAA , aura aussi pour rĂ´le d’attĂ©nuer le flux d’ions calcium induit par l’activation des rĂ©cepteurs AMPA et KaĂŻnate. Pour ce faire, le topiramate altĂ©rera l’état de phosphorylation de ses cibles.

Molécules à modes d'action multiples

Il existe plusieurs formes d’épilepsies, les crises peuvent ĂŞtre partielles ou gĂ©nĂ©ralisĂ©es. Les crises partielles peuvent ĂŞtre simples ou bien complexes. Le choix du traitement dĂ©pendra donc du type d’épilepsie rencontrĂ© par le patient. Certains antiĂ©pileptiques sont contre-indiquĂ©s dans certaines formes d’épilepsie, ils peuvent mĂŞme les aggraver. Par exemple, si le patient souffre d’absences qui sont de brefs Ă©pisodes d’altĂ©ration de la conscience, on choisira pour traiter ces absences de l’acide valproĂŻque en premier intention et non pas de la carbamazĂ©pine. En effet, la carbamazĂ©pine est efficace pour traiter les crises gĂ©nĂ©ralisĂ©es de type Grand Mal ou encore les crises partielles, mais est inefficace pour traiter les crises gĂ©nĂ©ralisĂ©es de type « absences Â».

Comme vu précédemment, certains antiépileptiques peuvent avoir des mécanismes d’action sur plusieurs sites pharmacologiques, ce sont donc des molécules à modes d’action multiples. Nous pouvons reprendre l’exemple du topiramate, modulant l’activité des canaux sodiques, calciques, antagonistes sur les récepteurs AMPA/Kaïnate et enfin ayant des effets activateurs sur les récepteurs GABAA.

Il existe d’autres antiépileptiques présentant ces modes d’action multiples ; parmi eux : l’acide valproïque, le zonisamide ou encore le felbamate, etc.

Ces modes d’action multiples pourraient expliquer le large profil anticonvulsivant de ces antiépileptiques pouvant être prescrits pour plusieurs sous-types d’épilepsies.

Effets tératogènes

Plusieurs antiépileptiques sont mis en cause pour leur effet tératogène — à savoir le risque de malformation du fœtus — quand ils sont administrés à des femmes enceintes. Des troubles neurodéveloppementaux sont aussi rapportés.

Les molécules incriminées sont[1] :

En cas de grossesse, « la patiente ne doit pas arrêter ni modifier son traitement sans l'avis d'un médecin » ; elle doit consulter un spécialiste dans les plus brefs délais[1].

Références bibliographiques

  • Association française des enseignants de chimie thĂ©rapeutique, MĂ©dicaments actifs sur le système nerveux central, Cachan, MĂ©dicales internationales, .
  • Costentin, Jean, Les mĂ©dicaments du cerveau : de la chimie de l’esprit aux mĂ©dicaments psychotropes, Paris, Jacob, .

Références

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