Gabapentine
La gabapentine, produit chimique dérivé de l'acide γ-aminobutyrique, est un médicament commercialisé sous le nom commercial de Neurontin ou génériques.
Gabapentine | |
Identification | |
---|---|
Synonymes |
acide 2-[1-(aminométhyl)cyclohexyl]acétique |
No CAS | |
No ECHA | 100.056.415 |
No CE | 262-076-3 |
Code ATC | N03 |
SMILES | |
InChI | |
Propriétés chimiques | |
Formule | C9H17NO2 [Isomères] |
Masse molaire[1] | 171,236 8 ± 0,009 2 g/mol C 63,13 %, H 10,01 %, N 8,18 %, O 18,69 %, |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Il est utilisé en médecine humaine comme antiépileptique, antalgique, co-analgésique et étudié comme anxiolytique en prescription hors AMM (off-label).
Mode d'action
La gabapentine, en tant que structurellement un dérivé de l'acide γ-aminobutyrique (ou GABA) inhibe spécifiquement certains canaux calciques contenant une sous-unité α2δ-1[2]. Elle diminue le relargage de certains neurotransmetteurs dans la fente synaptique (noradrénaline et glutamate essentiellement). L'effet anti-dopaminergique est non significatif, voire l'augmente selon le taux basal. À forte dose la molécule se comporte comme antagoniste faible des récepteurs NMDA. Par cette action anti-glutamate la gabapentine préviendrait la mort neuronale induite par l'exito-toxicité[3]. La Gabapentine augmente la conductance potassique, s'opposant à l'inhibition de ces canaux par certaines molécules (les neuroleptiques), s'opposant à leurs effets pro-convulsifs (canal hERG olanzapine et autres psychotropes). Une modulation du canal sodique rapide est plus hypothétique (voir référence 2).
Historique
Le brevet date de 1977 et l'utilisation médicale (aux États-Unis) de 1993[4].
Le chiffre d'affaires généré a atteint 3 milliards de dollars en 2004[4]. La politique de marketing des laboratoires Parke-Davis, producteurs de la molécule et encourageant la prescription de cette dernière en dehors des indications reconnues, fait l'objet de deux procès : l'un, intenté par l'État alerté par un lanceur d'alerte, et un autre de type recours collectif, depuis 1996[4] - [5].
Utilisation
gabapentine | |
Informations générales | |
---|---|
Princeps |
|
Classe | autres antiépileptiques comprimé pélicullé GSI violet ou OLM, ATC code N03AX12 |
Laboratoire | Parke-Davis, appartenant Ă Pfizer |
Identification | |
No CAS | |
No ECHA | 100.056.415 |
Code ATC | N03AX12 |
DrugBank | 00996 |
Sous le nom commercial de Neurontin, la gabapentine est utilisée comme :
- antiépileptique ;
- antalgique, dans le traitement des douleurs neuropathiques telles la neuropathie diabétique et la neuropathie post-herpétique[6], proposé pour le soulagement de la douleur neurotrope associée à la maladie de Lyme (des douleurs chroniques dites neuropathiques surviennent chez 10–15 % des patients victimes d'une neuroborréliose due à Borrelia burgdorferi[7]) ;
- comme co-analgésique à des dérivés morphiniques dans le cadre de douleurs cancéreuses neuropathiques[8] ;
- anxiolytique, off-label dans le cadre du traitement de l'anxiété généralisée (TAG) chez des sujets bipolaires, à l'instar de la prégabaline[9] - [10] - [11] grâce à son potentiel sédatif[12].
- traitement du syndrome des jambes sans repos, off-label[13]
- traitement du syndrome de l'oreille rouge
En médecine vétérinaire, la gabapentine est utilisée chez le chien et le chat comme hyperanalgésique pour les douleurs neuropathiques. Elle est aussi employée comme anxiolytique chez le chat, ainsi que comme équivalent de la mirtazapine grâce à ses effets orexigènes[14].
Contre-indications
Chez le chien et le chat, les troubles rénaux et hépatiques constituent des contre-indications à l'utilisation de la gabapentine.
Autres usages/effets
La gabapentine est parfois utilisée comme drogue récréationnelle[15] - [16].
Elle pourrait être utile, à fortes doses, dans la prise en charge de la dépendance à l'alcool, réduisant le syndrome de sevrage[17].
En complément avec des antioxydants (huile de poisson), la gabapentine a été suggérée comme traitement pour les électrosensibles, au motif que chez eux, une ouverture anormale des canaux calciques semble être le principal effet non-thermique de l'exposition à certains champs électromagnétiques, pulsés notamment[18].
Notes et références
- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Sills GJ, The mechanisms of action of gabapentin and pregabalin, Curr Opin Pharmacol, 2006;6:108-113
- (en) Charles P Taylor, Nicolas S Gee, Ti-Zhi Su et Jeffery D Kocsis, « A summary of mechanistic hypotheses of gabapentin pharmacology », Epilepsy Research, vol. 29, no 3,‎ , p. 233–249 (DOI 10.1016/S0920-1211(97)00084-3, lire en ligne, consulté le )
- (en) Landefeld CS, Steinman MA, « The Neurontin legacy — Marketing through misinformation and manipulation » N Eng J Med. 2009;360:103-106
- Gaillard de Semainville et Erpeldinger 2012.
- (en) Segal AZ. et G Rordorf, « Gabapentin as a novel treatment for postherpetic neuralgia » Neurology 1996;46(4):1175-1176.
- (en) Weissenbacher S, Ring J. et H Hofmann, « Gabapentin for the symptomatic treatment of chronic neuropathic pain in patients with late-stage lyme borreliosis: a pilot study » Dermatology (en) 2005;211(2):123-127. (résumé)
- Revue MĂ©dicale de Bruxelles
- (en) de-Paris F, Busnello JV, Vianna MR, Salgueiro JB, Quevedo J, Izquierdo I, Kapczinski F, « The anticonvulsant compound gabapentin possesses anxiolytic but not amnesic effects in rats », Behav Pharmacol, vol. 11, no 2,‎ , p. 169-73. (PMID 10877122)
- (en) Pande AC, Pollack MH, Crockatt J, Greiner M, Chouinard G, Lydiard RB, Taylor CB, Dager SR, Shiovitz T, « Placebo-controlled study of gabapentin treatment of panic disorder », J Clin Psychopharmacol, vol. 20, no 4,‎ , p. 467-71. (PMID 10917408)
- (en) « Neurontin: How it's Used for Depression and Anxiety », sur www.calmclinic.com (consulté le )
- (en) « The effect of pregabalin and gabapentin on preoperative anxiety and sedation: a double blind study », sur www.apicareonline.com (consulté le )
- (en) Silber MH, « Scientific and Medical Advisory Board of the Restless Legs Syndrome Foundation. The Management of Restless Legs Syndrome: An Updated Algorithm », Mayo Clin Proc. 2021 Jul;96(7):1921-1937,‎ , p. 1921-1937 (lire en ligne)
- CAP Douleur, « Gabapentine », sur CAPDouleur, (consulté le )
- (en) Smith BH, Higgins C, Baldacchino A, Kidd B, Bannister J, « Substance misuse of gabapentin » Br J Gen Pract. 2012;62:406-7
- Kirk E. Evoy, Sarvnaz Sadrameli, Jillian Contreras et Jordan R. Covvey, « Abuse and Misuse of Pregabalin and Gabapentin: A Systematic Review Update », Drugs, vol. 81, no 1,‎ , p. 125–156 (ISSN 1179-1950, PMID 33215352, DOI 10.1007/s40265-020-01432-7, lire en ligne, consulté le )
- (en) Mason BJ, Quello S, Goodell V. et al. « Gabapentin treatment for alcohol dependence, a randomized clinical trial » JAMA Intern Med. 2014;174:70-77
- Prof. Martin Pall (2014) How WiFi & other EMFs Cause Biological Harm, Conférence du 1er décembre 2014, mise en ligne sur You tube (positionner le curseur à 1h:00)(en)
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Hélène Gaillard de Semainville et Sylvie Erpeldinger (dir.), Procès américain du Neurontin : les dérives de l'industrie pharmaceutique (thèse soutenue publiquement pour obtenir le diplôme d'État de docteur en médecine), université Claude Bernard - Lyon 1, , 69 p. (lire en ligne [PDF])
Liens externes
- Page spécifique dans la base de données sur les produits pharmaceutiques (Canada)
- Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Gabapentine
- Page spécifique sur le Répertoire Commenté des Médicaments, par le Centre belge d'information pharmacothérapeutique
- Page spécifique sur le Vidal.fr