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Timothy McVeigh

Timothy James McVeigh est un terroriste américain, né le à Lockport (État de New York) et mort par exécution le à Terre Haute (Indiana).

Timothy McVeigh
Image illustrative de l’article Timothy McVeigh
Timothy McVeigh en 1995.
Information
Nom de naissance Timothy James McVeigh
Naissance
Lockport (New York), États-Unis
Décès
Pénitencier fédéral de Terre Haute, Terre Haute, Indiana, États-Unis
Cause du décès Injection létale
Surnom Tim Tuttle
Darel Bridges
Robert Kling
Patrie Drapeau des États-Unis États-Unis
Condamnation puis
Sentence Peine de mort
Actions criminelles attentats Ă  la bombe
Affaires Attentat d'Oklahoma City
Victimes Au moins 168 morts et 680 blessés
PĂ©riode 1996-1997
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Ville Oklahoma City
Arrestation

VĂ©tĂ©ran de l'armĂ©e amĂ©ricaine, il fabrique, conduit et fait exploser un camion piĂ©gĂ© devant le bâtiment fĂ©dĂ©ral Alfred P. Murrah d'Oklahoma City au matin du . L'attentat d'Oklahoma City tue 168 personnes et en blesse plus de 680 autres ; c'est l'acte de terrorisme le plus meurtrier de l'histoire des États-Unis jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001.

Sympathisant du mouvement des miliciens, McVeigh agit pour se venger du gouvernement fédéral et de sa gestion du siège de Waco qui a abouti à la mort de 86 personnes exactement deux ans plus tôt. Il espère inspirer une révolte contre ce qu'il considère être un gouvernement tyrannique. Reconnu coupable de onze infractions aux lois fédérales, il est condamné à mort. Ses anciens frères d'armes Terry Nichols et Michael Fortier sont condamnés à des peines d’emprisonnement pour leur complicité dans cet attentat. Le , McVeigh est exécuté par injection létale au pénitencier fédéral de Terre Haute.

Biographie

Enfance et famille (1968-1984)

Premier fils de Bill McVeigh et Mickey Hill après une fille, Timothy James McVeigh naît le [a 1]. Après s'être rencontrés en dans un championnat de bowling catholique, ses parents se marient en [a 2] et ont une fille, Patty[a 3]. Le jeune Timothy, surnommé Tim, apprend à faire du vélo avec son père qu'il suit également sur les parcours de golf[a 4]. En , la famille part habiter dans un ranch plus grand à Lockport à proximité du grand-père paternel de Timothy, Edward dit Ed[a 4]. Ce dernier prend sa retraite en pour passer du temps avec ses petits-enfants[a 4]. En , le troisième enfant de la famille, Jennifer, naît[a 4].

Jeune, Timothy se blesse accidentellement Ă  plusieurs reprises et se trouve confrontĂ© Ă  diverses pĂ©ripĂ©ties : sa tĂŞte heurte un portail alors qu'il a Ă  peine un an, nĂ©cessitant quatre points de suture au-dessus de l'Ĺ“il droit ; en , il se fracture le poignet droit en tombant d'un lit superposĂ©[a 5]. Ă€ 4 ans, il contracte une pneumonie[a 5]. Ă€ l'Ă©tĂ© , alors qu'il joue avec son voisin et ami Todd Carter dans le jardin, il perd l'Ă©quilibre et se blesse au crâne, ce qui nĂ©cessite cinq nouveaux points de suture[a 5]. Avec Todd, Tim passe des après-midi Ă  jouer et crĂ©er des souvenirs comme lors du blizzard de 1977 (en)[a 6]. Lors de cette tempĂŞte de neige, sa mère, agent de voyages, reste bloquĂ©e dans un hĂ´tel avec ses collègues[a 6]. Les rumeurs liĂ©es Ă  ce qu'il aurait pu se passer dans l'hĂ´tel pendant le blizzard Ă©branlent le couple McVeigh[a 6]. En , pour l'anniversaire de la mère de famille, le foyer dĂ©mĂ©nage dans une maison plus grande, toujours dans le comtĂ© de Niagara[a 6].

En , ses parents divorcent alors qu'il est âgĂ© de 10 ans[a 7] - [1] - [2]. Sa mère Mickey s'ennuie avec son père et dĂ©cide de partir s'installer Ă  Pensacola en Floride[a 7] - [3]. Ils laissent le choix de leur garde Ă  leurs enfants : les deux filles suivent leur mère et Timothy McVeigh dĂ©cide de rester vivre avec son père Ă  Pendelton[a 7] - [1]. Son grand-père Edward prend plus d'importance dans l'Ă©ducation de Timothy[a 8]. Il lui apprend les tâches domestiques, Ă  conduire un tracteur ou encore Ă  cuisiner sur un barbecue[a 8]. Les deux hommes sont très proches et partagent un intĂ©rĂŞt commun pour les armes, une passion qui ne fera que grandir pour Timothy[a 8].

Bien qu'ils soient séparés, ses parents tentent de refonder leur famille à plusieurs reprises et organisent plusieurs fois des vacances ensemble, à Toronto, au Lac George ou au complexe de loisirs Darien Lake[a 8]. Adolescent, Timothy est solitaire et explore le comté de Niagara sur son vélo[a 8]. En , le couple se sépare définitivement, Bill vend la maison et fait construire une demeure plus modeste[a 9].

Adolescent indépendant (1984-1988)

Timothy McVeigh apprend très vite à se débrouiller par lui-même, sa mère étant partie et son père travaillant de nuit dans un centre de production automobile[a 9] - [1]. L'adolescent enchaîne les heures de travail au Burger King[a 9]. Deux semaines avant son 17e anniversaire, il s'achète une Dodge Monaco de avec ses économies[a 9]. Il développe une passion pour l'informatique qui le captive dans sa chambre[a 9]. Grâce à son père, il a deux Commodore 64 et est connu sur internet sous le pseudonyme « The Wanderer »[note 1]. Avec un groupe d'amis, il se lance dans le hacking et apprend à contrôler à distance d'autres ordinateurs[a 9]. Pendant l'été , il fait la rencontre d'une femme mariée de plus de dix ans son aînée au restaurant dans lequel il travaille puis d'une autre femme, plus jeune, qui est l'une de ses collègues[a 10]. Timothy obtient son diplôme d'études secondaires et une bourse d'études de l'État de New York[a 10].

Après avoir obtenu son diplĂ´me, Timothy McVeigh quitte son emploi au Burger King, vend ses deux ordinateurs et dĂ©pense l'argent dans sa voiture[a 11]. Il passe son temps chez lui Ă  ne rien faire, Ă  mĂ©diter sur lui-mĂŞme et sur sa place dans le monde[a 11]. Il dĂ©cide de devenir survivaliste[a 11]. Pour ne pas perdre sa bourse d'Ă©tudes de 5 000 dollars annuels, son père le convainc d'essayer sa chance Ă  l'universitĂ© Bryant & Stratton oĂą Timothy accepte d'entrer dans un cursus d'analyste des systèmes informatiques[a 12] - [2]. Bien qu'il y rĂ©ussisse, McVeigh abandonne après un semestre, jugeant les cours trop ennuyeux, pour retourner Ă  un emploi dans un autre Burger King[a 12] - [2]. Il multiplie les lectures de magazines sur les armes et commande les livres dont ils font la publicitĂ©[a 12] - [3]. Timothy commence Ă  investir dans les armes Ă  feu comme le conseille une partie du mouvement survivaliste[a 13]. Pour financer sa nouvelle collection, il souhaite avoir un deuxième emploi comme agent de sĂ©curitĂ©[a 13]. Il obtient un permis d'arme et construit un stand de tirs dans son jardin[a 13]. Ă€ l'automne , McVeigh dĂ©croche un emploi comme garde armĂ© de convois pour l'entreprise Burke Armored Car Ă  Buffalo[a 14] - [2]. Il y dĂ©couvre le racisme envers les Afro-AmĂ©ricains et est respectĂ© pour son honnĂŞtetĂ© et sa capacitĂ© aux tirs[a 14]. Alors qu'il lui est donnĂ© la responsabilitĂ© de transferts de fonds importants, il dĂ©cide en , sans prĂ©venir, de s'engager dans l'armĂ©e[a 15] - [3].

Engagement militaire (1988-1991)

Le , Timothy McVeigh se rend en voiture jusqu'au bureau de recrutement de Lockport et s'engage dans l'armée américaine[a 14]. Tous les recruteurs des différents corps de l'armée s'intéressent à lui après qu'il a brillamment réussi son examen d'entrée [a 16]. Souhaitant rejoindre l'infanterie, McVeigh s'enrole dans l'United States Army[a 16]. Il commence sa formation de trois mois sur la base de Fort Benning en Georgie le [a 17]. McVeigh est assigné à un programme expérimental intitulé COHORT pour Cohesion, Operational Readiness and Training qui le contraint à rester au moins trois ans dans l'armée[a 17]. À Fort Benning, il rencontre Terry Nichols, la recrue la plus âgée de la classe de militaires[a 18]. Immédiatement, les deux hommes sont « comme des frères »[a 18]. McVeigh a un profond respect pour l'agriculteur du Michigan avec qui il discute du deuxième amendement, des armes et du gouvernement américain[a 18]. Le jeune soldat s'épanouit à l'armée, il se muscle et prend confiance[a 18]. Il conclut sa formation générale en avec d'excellentes notes et part à Fort Riley au Kansas pour une formation spécialisée[a 18] - [2].

Sur la base de Fort Riley, il rejoint la compagnie C du bataillon d'infanterie 2/16 de la 1re division d'infanterie[a 19]. Terry Nichols et Michael Fortier font partie des camarades qui le suivent[a 19]. Fortier est dans l'équipe de huit hommes dont il fait partie[a 19]. Après le départ de Nichols au printemps , les deux hommes se rapprochent[a 19]. McVeigh poursuit ses lectures sur les armes à feu, le port d'armes et la guerre d'indépendance des États-Unis[a 19]. Il partage Les Carnets de Turner avec ses compagnons, certains lui conseillant de détruire le livre pour ne pas être associé à de la littérature raciste[a 19] - [4]. Par ailleurs, son éthique est remarquée, il apprend les procédures de chaque arme et n'hésite pas à corriger ses supérieurs en cas d'erreur[a 20]. McVeigh gagne de l'argent comme usurier de la compagnie, prêtant de l'argent avec intérêts, en proposant des services de taxi (il est le seul à avoir une voiture) et en jouant au poker[a 20] - [5].

En , son régiment est envoyé à Heidelberg en Allemagne de l'Ouest où il apprend à combattre dans un contexte urbain[a 21]. Il y reçoit un insigne d'expert en infanterie allemand[a 21]. Il retourne ensuite au Kansas où il brille dans son apprentissage du poste d'artilleur dans les nouveaux véhicules Bradley[a 21] - [2]. Il réalise des scores exceptionnels de 998/1000 et 1000/1000 lors d'essais et est sélectionné par ses supérieurs comme le meilleur de la centaine d'apprentis artilleurs[a 22]. Fier de la reconnaissance de ses pairs, McVeigh s'engage quatre années supplémentaires dans l'armée en [a 22]. Son objectif et rêve d'enfance est de porter le béret vert des Special Forces[a 22] - [5] - [6]. L'invasion du Koweït par les forces armées de Saddam Hussein met son régiment en alerte et l'empêche de réaliser le test d'entrée aux Special Forces[a 22]. En décembre, il réussit à avoir deux sorties pour donner son véhicule à son père et pour aller voir son équipe préférée, les Bills de Buffalo, battre les Dolphins de Miami en match de phase finale[a 22].

Distinctions militaires de Timothy McVeigh
Insigne DĂ©signation
Big Red One
Bronze Star
Combat Infantryman Badge
Commendation Medal
Achievement Medal
National Defense Service Medal
Ruban de service dans l'Asie du Sud-Ouest

Au début du mois de , McVeigh et ses compagnons de la 2/16 débarquent en Arabie saoudite pour intervenir dans la première guerre du Golfe[a 23]. Il est envoyé en reconnaissance devant huit chars de combat M1 Abrams, une position qu'il accepte bien qu'elle soit dangereuse, son véhicule étant en position de sacrifice[a 23]. Un mois après son arrivée en Arabie saoudite, il est promu sergent sur un camp à la frontière sud de l'Irak[a 24] - [5]. Bien qu'il ait changé de grade, il continue à nettoyer les armes du véhicule lui-même[a 24]. Il prend part à l'opération Tempête du désert, une bataille qui révèle la faiblesse militaire des soldats irakiens, qui désertent[a 24]. Il y tue plusieurs Irakiens d'un tir à longue distance, impressionnant ses camarades[a 24] - [2] - [5]. Il refuse ensuite de tirer sachant que ses ennemis devront se rendre rapidement[a 24]. Dans une lettre écrite depuis le désert, McVeigh regrette d'avoir tué des hommes qui ne voulaient pas se battre mais affirme qu'il a été obligé de le faire[a 24]. L'armée américaine commet plusieurs erreurs pendant la guerre, bombardant et tirant depuis les airs sur ses propres véhicules[a 24]. Lorsque McVeigh apprend la vérité sur les mensonges propagés par l'État au retour de la guerre, son dégoût pour le gouvernement s'en trouve renforcé[a 24]. Une semaine après le début de l'offensive au sol, le président George H. W. Bush ordonne un cessez-le-feu et met fin à la guerre[a 25]. McVeigh sort de cette expérience changé, il y rencontre l'extrême pauvreté des Irakiens à qui il offre des rations de nourriture bien que le règlement l'interdise[a 25]. Sélectionné pour escorter le général Norman Schwarzkopf lorsqu'il dicte les termes de la victoire aux Irakiens en mars, McVeigh y rencontre le journaliste Tom Brokaw[a 25]. À la fin du mois, il est appelé par les Special Forces pour retourner à Fort Bragg en Caroline du Nord et tenter sa chance à l'examen d'entrée[a 25] - [6].

De retour du golfe Persique, McVeigh est traitĂ© en hĂ©ros[a 26]. Les États-Unis cĂ©lèbrent leurs vĂ©tĂ©rans, au contraire de leur retour de la guerre du ViĂŞt Nam[a 26]. Dans l'avion entre le Kansas et la Caroline du Nord, le pilote souligne au micro sa prĂ©sence Ă  bord et il est saluĂ© par tous les passagers du vol[a 26]. ÉpuisĂ© physiquement et mentalement par ses trois mois sur le terrain, McVeigh n'est pas prĂŞt pour les Special Forces[a 27] - [4]. Les commandants proposent aux vĂ©tĂ©rans de la guerre du Golfe de reporter leur test d'entrĂ©e mais ils refusent collectivement pour ne pas montrer de signe de faiblesse[a 27]. Voyant qu'il ne sera pas Ă  la hauteur dès le deuxième jour[3], McVeigh va voir le commandant et lui demande de se retirer du programme[a 27] - [7]. Il retourne plusieurs semaines dans sa famille, notamment auprès de son grand-père avant de retourner au Fort Riley[a 28]. DĂ©sabusĂ©, il n'est plus le mĂŞme et est impliquĂ© dans des tensions raciales[a 28]. Il envoie 20 dollars au Ku Klux Klan pour une pĂ©riode d'essai qu'il ne renouvelle pas mais qui lui donne un T-Shirt « White Power » qu'il porte sur la base[a 28]. Il part habiter en dehors de la base et garde des pistolets dans chaque pièce de sa maison, dans sa voiture et en tout temps. Sa fascination pour les armes surprend jusqu'Ă  ses compagnons[a 29]. Il assiste Ă  un nombre croissant de congrès sur les armes[a 29]. De nouveau en contact avec Terry Nichols, il partage de plus en plus son dĂ©goĂ»t pour le gouvernement[a 29]. Ă€ la fin de l'annĂ©e , le commandant souhaite en faire son artilleur personnel mais McVeigh refuse et dĂ©cide de quitter l'armĂ©e[a 29] - [2]. Il part avec de nombreuses rĂ©compenses et dĂ©corations : l'insigne de la Big Red One, la Bronze Star, le Combat Infantryman Badge, la Commendation Medal, l'Achievement Medal, la National Defense Service Medal, la Expert Rifleman Crest et le ruban d'Asie du sud-ouest[a 29] - [7].

Décompensation, dépression et dettes (1992-1993)

De retour à Pendleton, Timothy McVeigh cherche un travail dans le secteur informatique[a 30]. Sans diplôme, les employeurs ne lui font pas confiance malgré ses décorations militaires[a 30]. Il doit se tourner vers un poste d'agent de sécurité pour l'entreprise Burns Security et travaille au zoo de Buffalo puis devant une clinique pour femmes d'Amherst[a 30]. McVeigh s'engage également comme réserviste[a 30]. Alors que sa carrière professionnelle fait un bond en arrière, son mécontentement envers les autorités et le gouvernement grandit à nouveau[a 31]. Il écrit une lettre dans le quotidien Union Sun & Journal de Lockport qui est publiée le dans laquelle il critique la surpopulation carcérale, la fiscalité et la disparition du rêve américain[a 31] - [8]. Il est par ailleurs convaincu que la discrimination positive l'empêche de trouver un travail plus gratifiant[a 31]. Il travaille quelques semaines dans un magasin d'armes avant de démissionner[a 32]. Le jeune homme multiplie les heures de travail, fatigue, se sent frustré, s'énerve[a 32]. La plupart du temps, il dort sur le canapé, sa sœur Jennifer étant revenue vivre avec son père pendant son absence[a 32].

À la recherche d'un nouveau départ, il va vivre chez son grand-père Eddie[a 33]. Il a des pensées suicidaires et essaie de se détendre en pariant sur les rencontres des Bills de Buffalo, ce qui dégrade sa situation financière[a 34] - [note 2]. Plus tard, il pensera avoir été sujet au trouble de stress post-traumatique[a 34]. L'ennui se transforme peu à peu en déprime[a 34]. Il chasse et défend le droit de chasser pour se nourrir dans une deuxième lettre au journal de Lockport, publiée le [a 36]. Début juin, il quitte son poste de réserviste, passe son temps libre à lire des livres anti-gouvernementaux et à raconter des histoires à sa sœur Jennifer[a 37]. Entre théories conspirationnistes et critiques de la politique monétaire américaine, Timothy pense que le gouvernement veut désarmer la population et supprimer le droit de port d'armes accordé par le deuxième amendement[a 37]. À l'été , il utilise les événements de Ruby Ridge — une violente confrontation entre un ancien béret vert, Randy Weaver, et des proches face à des agents de l'United States Marshals Service et du FBI — pour prouver son avis[a 37].

McVeigh part habiter seul dans un logement d'une chambre qu'il loue Ă  Lockport[a 37]. Il annule son abonnement annuel Ă  la National Rifle Association of America qu'il juge trop modĂ©rĂ©e dans la dĂ©fense du deuxième amendement[a 38]. Ă€ la fin de l'annĂ©e , il reçoit la visite de Terry Nichols et de son fils Josh[a 35]. De nouveau seul, McVeigh mise des sommes importantes sur les rencontres de phase finale de la National Football League, les Bills se qualifiant pour la troisième fois de suite au Super Bowl[a 35]. Alors que ses dettes s'Ă©lèvent dĂ©jĂ  Ă  500 dollars, il dĂ©cide de miser le double sur la victoire des Bills au Super Bowl, qui perdent contre les Cowboys de Dallas[a 35]. Quelques jours plus tard, il quitte l'État de New York, oĂą il juge les impĂ´ts trop Ă©levĂ©s, sans destination prĂ©cise[a 35]. Deux semaines plus tard, son père reçoit une lettre du service financier du dĂ©partement de la DĂ©fense indiquant que Timothy a reçu 1 058 dollars de trop lors de son service[a 39] - [7]. Alors qu'il tente de dĂ©marrer une nouvelle vie en Floride et qu'il vient de trouver un emploi dans le bâtiment grâce au mari de sa sĹ“ur aĂ®nĂ©e, cette lettre le fait enrager contre le gouvernement[a 39].

Vagabondage et rapport Ă  l'affaire Waco (1993-1994)

En , alors qu'il est endetté et en vadrouille, Timothy McVeigh suit le siège de Waco de très près[a 40] - [6]. Après plusieurs semaines de suivi à distance, il décide de se rendre à Waco[a 40] - [9]. La police l'arrête avant qu'il ne puisse voir le site et le somme de faire demi-tour[a 40]. Sur place, il vend des autocollants et réalise une interview avec une étudiante en journalisme dans laquelle il critique l'action de la police fédérale et la loi Brady[a 40] - [6].

Après avoir quitté Waco, il va à Kingman pour retrouver Michael Fortier et sa compagne Lori Hart[a 41]. Fortier l'initie à la drogue dans son mobile-home de l'Arizona mais McVeigh préfère garder le contrôle et arrête rapidement[a 41]. Il voyage à travers le pays de congrès d'armes en congrès d'armes, vendant des livres et des objets sur le survivalisme et rencontrant des défenseurs du deuxième amendement[a 42] - [4]. Lors d'une foire en Floride, il attire l'intérêt du responsable d'une boutique d'armes Roger Moore et sa femme Karen Anderson[a 42]. En , McVeigh se déplace à Tulsa dans l'Oklahoma pour assister à la plus grande foire mondiale de ventes d'armes et de couteaux[a 42]. Il y retrouve Anderson avec qui il partage une table de vente pendant les derniers jours de la foire[a 42]. Le couple l'invite dans l'Arkansas où ils vivent dans un luxueux ranch[a 42]. Il y reste dix jours à travailler dans les champs ou à la préparation de sacs de munitions[a 42]. À la mi-avril, McVeigh rejoint la ferme de Terry Nichols à Decker (en) dans le Michigan avec l'objectif d'apprendre l'agriculture pour devenir auto-suffisant[a 43]. Son expérience militaire lui permet de s'adapter facilement à la ferme des Nichols[a 43]. Il apprend la fabrication d'explosifs, les ouvriers agricoles créant de petites bombes artisanales pour s'amuser[a 43].

McVeigh et Nichols préparent un voyage à Waco pour tenter d'aider les davidiens lorsqu'il découvre le complexe en feu à la télévision[a 44] - [6]. Les agents fédéraux remplacent le drapeau de la secte par le drapeau américain, un acte cruel pour McVeigh alors que plusieurs membres viennent de mourir[a 44]. Frustré, en rage, Timothy McVeigh en veut au gouvernement fédéral et souhaite se venger de l'arrogance de ses agents[a 44]. L'enquête sur les agissements des agents fédéraux est enterrée[a 44] - [note 3]. Un mois plus tard, il est de retour dans l'Arizona chez Michael Fortier[a 45]. Décidé à passer à l'action, il s'installe cinq mois à Kingman[a 45]. Il continue à rechercher des informations sur les davidiens, écoute les enregistrements du numéro d'appel d'urgence 911 et regarde les vidéos des membres du groupe pendant le siège[a 46]. Avec Fortier, ils pensent à créer une milice, McVeigh rédigeant quelques pages sur ses idées politiques[a 47]. Il visite plusieurs groupes de survivalistes à travers le pays[a 47]. En , il assiste au décès du fils de Fortier, étouffé avec un sac plastique[a 48]. La police, qui enquête sur son décès, s'intéresse particulièrement à McVeigh qu'ils identifient sous un deuxième nom, Tim Tuttle, qu'il utilise sur les foires d'armes[a 48]. Il n'est cependant pas inquiété et l'enquête conclut à un décès accidentel[a 48].

En , McVeigh poursuit ses discussions avec Michael Fortier sur le nouvel ordre mondial[a 49]. Le jeune homme se sent visé et empile les armes dans sa nouvelle maison à Golden Valley[a 49]. Résolu à agir contre le gouvernement, il commence à fabriquer et faire exploser des petites bombes[a 49]. Timothy ne retourne à Buffalo que pour rendre visite à son grand-père, malade et à l'hôpital[a 50]. En juillet, il part habiter dans le centre de l'État du Kansas pour travailler comme ouvrier agricole à Durham[a 51]. Pendant la lune de miel du couple Fortier, McVeigh garde leur maison[a 51]. À leur retour, il part faire un voyage pour chercher la zone 51 au Nevada dans le but de vérifier plusieurs théories conspirationnistes et de confronter des agents de sécurités fédéraux[a 51]. En mission, il tente en pleine nuit, torse nu, de prendre des photographies de la zone[a 51]. Il fait une étape à Sturgis pour un rassemblement de bikers dont il apprécie le style de vie[a 51]. Il part également enquêter à Gulfport car il a lu dans un magazine d'extrême droite que la ville est le relais de troupes des Nations unies[a 51]. De retour à Herington dans le Kansas, McVeigh a le projet de lancer une affaire de ventes de matériels dans les congrès d'armes avec Michael Fortier[a 51]. Il a également comme idée d'ajouter un nouveau produit à son catalogue en vendant de petits sacs de nitrate d'ammonium[a 51].

Complot contre le gouvernement (1994-1995)

Le , le président Bill Clinton signe la loi fédérale Federal Assault Weapons Ban qui interdit la fabrication d'armes à partir de pièces détachées de magazines ou rend illégale une partie des armes comme les lance-grenades[a 52]. Dans le débat pour une législation sur les armes d'assaut plus stricte, les rumeurs se multiplient dans les foires, certains imaginent un permis pour toute personne gardant un arsenal dans son domicile et il est même dit que l'ATF demandera un plan des bâtiments où sont stockées les armes et munitions[a 52]. McVeigh se sent visé pour sa collection d'armes et pense être l'une des premières cibles de ces potentielles lois fédérales[a 52]. Au printemps , une rumeur circule dans la communauté patriotique que des raids policiers pourraient viser plusieurs membres des organisations d'extrême droite et des propriétaires d'armes[a 52]. Timothy McVeigh prend alors la décision de passer à l'action contre le gouvernement[a 52]. Il s'inspire du livre Les Carnets de Turner, dans lequel des suprémacistes blancs font exploser un bâtiment du FBI à Washington avec une bombe construite dans un véhicule de livraison avec des fertilisants[10] - [11].

McVeigh propose Ă  Fortier de participer Ă  son plan mais celui-ci refuse[a 53]. Il Ă©choue Ă©galement Ă  louer un garde-meubles comme son ami lui a demandĂ©[a 53]. Le , Timothy McVeigh doit louer sous son vrai nom un espace de stockage Ă  Kingman pour 30 dollars mensuels[a 53]. Avec Terry Nichols, il vole les explosifs dans une carrière Ă  Marion dans le Kansas : sept boĂ®tes de 50 pounds de Tovex[a 54]. Les deux hommes rentrent Ă  Kingman avec deux vĂ©hicules diffĂ©rents[a 54]. Les et , Terry Nichols achète 1,8 tonne de nitrate d'ammonium sous l'alias Mike Havens[a 54]. McVeigh achète de plus faibles quantitĂ©s de la substance chimique[a 54]. Il rĂ©alise des essais dans le dĂ©sert autour de Kingman[a 54].

McVeigh imagine sa bombe, la dessine, la représente dans la cuisine des Fortier avec des tasses[a 55]. Il étudie les charges explosives dans des livres spécialisés comme Ragnar's Big Book of Homemade Weapons, Improvised Explosives et Homemade C-4[10]. L'homme voyage à travers le pays pour trouver de l'hydrazine, carburant de fusée, pour alimenter l'engin explosif[a 55] - [10]. Lorsqu'il trouve enfin un distributeur qui lui propose la quantité qu'il recherche, le coût se révèle être trop important pour McVeigh qui se rabat sur un carburant moins cher, le nitrométhane[a 55]. Habillé en biker, il en achète à Dallas à un vendeur en justifiant qu'il en a besoin pour une course de bikers[a 55].

Le , Ed McVeigh meurt alors que son petit-fils est en vadrouille[a 56]. Timothy ne l'apprend que cinq jours plus tard, par un appel de Michael Fortier, et retourne Ă  Pendleton quelques jours dĂ©but novembre après avoir ratĂ© les funĂ©railles de son aĂŻeul[a 56]. Ce dĂ©cès soulage la conscience de Timothy, qui craignait la rĂ©action de son ancĂŞtre Ă  son plan[a 56]. Il trie les affaires personnelles de son grand-père avant de partir travailler dans l'Ohio dans une foire d'armes[a 56]. Dans le mĂŞme temps, le , Terry Nichols dĂ©robe au domicile de Roger Moore de l'or, de l'argent, des pierres prĂ©cieuses, plus de 80 armes Ă  feu et un van après avoir braquĂ© le propriĂ©taire avec un pistolet[a 56]. ÉnervĂ© de la manière dont Moore l'a traitĂ© lors de leurs deux dernières rencontres, McVeigh souhaite se venger et utiliser le butin pour financer son projet[a 56]. Moore estime la valeur du vol Ă  60 000 dollars[a 56] - [12].

Il choisit la date du en commémoration du deuxième anniversaire du siège de Waco[a 54]. Il cible le site fédéral d'Oklahoma City, le bâtiment fédéral Alfred P. Murrah, qu'il souhaite faire exploser à 11 h[a 54]. En décembre, il repère le bâtiment de l'extérieur avec Fortier sans sortir de son véhicule[a 57]. McVeigh demande à son complice de vendre les armes volées à Moore sur les foires[a 58]. À la fin du mois de mars, McVeigh quitte définitivement le domicile de la famille Fortier pour une chambre d'hôtel à proximité de l'Imperial Motel, sur la route 66, toujours à Kingman[a 59] - [3]. Pendant douze jours, l'ancien militaire se concentre sur son plan, seul[a 59]. Le couple Fortier prend peur de lui, refuse de prendre part à la dernière partie de la préparation de son complot[a 59]. McVeigh envoie ses derniers courriers à sa sœur avec des affaires personnelles précieuses[a 59]. Il cherche également une planque pour se cacher après l'attentat et téléphone à trois reprises à l'Alliance nationale sous le nom de Tim Turtle sans pour autant réussir à obtenir de réponse[a 60].

La genèse du véhicule piégé

Le , une semaine avant la date prĂ©vue de l'attentat, McVeigh quitte l'Imperial Motel pour repĂ©rer une nouvelle fois son parcours jusqu'au bâtiment fĂ©dĂ©ral[a 60]. Le lendemain, sa voiture fume alors qu'il se dĂ©place jusqu'Ă  l'espace de stockage louĂ© pour entreposer le matĂ©riel explosif Ă  Herington dans le Kansas[a 60]. Il se rend chez un concessionnaire de Junction City oĂą l'homme qui le reçoit se souvient de lui de son Ă©poque au Fort Riley[a 61]. Il lui achète une Mercury Grand Marquis de 1977 pour 300 dollars qu'il utilise pour retrouver Terry Nichols Ă  Geary Lake[a 61]. Sur le chemin, le vĂ©hicule a un problème de batterie qui est rĂ©solu avant qu'il ne la remplace, lui donnant l'idĂ©e de laisser un mot lorsqu'il gare son vĂ©hicule de fuite dans un parking d'Oklahoma City quelques jours plus tard[a 61].

Le , McVeigh prend une chambre au Dreamland Motel de Junction City sous son propre nom[a 62] - [13]. Le lendemain, il loue un camion à la société Ryder sous le nom de Robert D. Kling, un alias qu'il choisit parce qu'il a connu un soldat de l'armée nommé Kling avec lequel il partage des caractéristiques physiques et parce que cela lui rappelle les guerriers Klingon de la saga Star Trek[a 62] - [a 63] - [6] - [14]. Le lendemain matin, samedi 15, il tente d'appeler Terry Nichols mais ce dernier ne répond pas, occupé par les festivités de Pâques[a 64]. Timothy McVeigh sort alors se promener dans une carrière et un bois pour profiter de la nature et organiser ses pensées[a 64]. À 17 h, il commande à manger à un restaurant chinois[a 64]. Le livreur, qui arrive une heure plus tard, déclare qu'il n'a pas livré la nourriture à McVeigh mais à un grand homme blond, ce que McVeigh réfute[a 64].

Le , McVeigh conduit jusqu'à Oklahoma City et gare à plusieurs blocs du bâtiment Alfred P. Murrah une voiture destinée à servir à sa fuite[a 65]. Après avoir enlevé la plaque d'immatriculation du véhicule, il laisse une note masquant le Vehicle Identification Number (VIN) sur laquelle il écrit : « Pas abandonné. Merci de ne pas remorquer. Bougera le . (besoin de batterie et de câble) »[Cit 1]. L'ancien militaire a dû crier sur son ami Nichols pour l'obliger à l'accompagner au Kansas en ce dimanche de Pâques afin qu'il le suive en voiture et le ramène ensuite au Kansas[a 65].

Après s'ĂŞtre reposĂ© et prĂ©parĂ© le 17, Timothy McVeigh se rĂ©veille un peu avant 4 h du matin le mardi [a 66]. Trente minutes plus tard, il monte Ă  bord du camion louĂ© pour se rendre Ă  son espace de stockage Ă  Herington[a 66]. Il doit y retrouver Nichols qui lui fait une nouvelle fois faux-bond[a 66]. Il charge seul 108 sacs d'engrais au nitrate d'ammonium pesant 23 kg chacun avant que Nichols arrive finalement[a 66]. Ensemble, ils chargent treize barils de 210 litres de nitromĂ©thane liquide, plusieurs caisses d'explosifs Tovex, dix-sept sacs d'ANFO et de dĂ©tonateurs et de mèches dans le camion de location Ryder[a 66].

Les deux hommes conduisent jusqu'aux environs du lac du comté de Geary où ils sont aperçus vers 7 h 30 pour y réaliser le mélange des différents composants[a 67]. À l'aide de seaux en plastique et d'un pèse-personne, ils placent plusieurs sacs de fertilisants dans chaque baril puis les remplissent d'essence[a 67]. Vers 9 h, un homme et son fils commencent à pêcher avec un bateau à une vingtaine de mètres du camion mais les deux hommes ne renoncent pas à leurs préparatifs[a 67]. Prêt à tuer le pêcheur s'il fait preuve de curiosité, McVeigh surveille régulièrement son activité jusqu'à son départ plus d'une heure plus tard[a 67]. Reprenant son entreprise, il place les barils en T pour que le camion garde un certain équilibre et n'attire pas l'attention[a 68]. Il place les derniers barils de sorte que la bombe forme un « J » inversé et entasse des sacs d'engrais de nitrate d'ammonium sur le panneau latéral en aluminium du camion pour diriger le souffle de l'explosion vers sa cible[a 68]. Il construit ensuite le système à double mèche accessible depuis l'habitacle du camion en forant deux trous sous le siège qu'il relie à travers des tubes en plastique à deux séries de détonateurs non-électriques indépendants[a 68]. Peints en jaune, les tubes sont solidement attachés avec du gros scotch[a 68]. McVeigh ajoute plus d'explosifs du côté conducteur pour pouvoir, dans l'éventualité d'une défaillance des détonateurs, tirer dessus avec son pistolet Glock 21, tout en sachant que cette alternative conduirait à son suicide[a 68]. Il réalise alors que le meilleur moyen d'utiliser et de détruire le matériel restant est de le laisser à l'arrière du camion[a 68].

La fabrication de la bombe terminée, McVeigh nettoie la cabine du camion de potentielles empreintes, se lave dans le lac, change de vêtements et enfile des gants[a 68]. Les deux hommes quittent le lac et se séparent après plus de trois heures de travail ; Nichols part à Herington pour déjeuner chez lui avant d'assister à une vente aux enchères à Fort Riley, tandis que McVeigh se rend vers Oklahoma City et s'arrête sur le parking d'un motel de bord de route[a 68]. De peur que son plan soit compromis par une rencontre imprévue, il décide de changer de plan et d'avancer de deux heures l'explosion du bâtiment fédéral Alfred P. Murrah, de 11 h à 9 h[a 68].

Explosion

Plan des bâtiments d'Oklahoma City après des flèches indiquant le chemin du terroriste pour poser la bombe puis fuir la scène de crime. Un rayon dans lequel les bâtiments ont été détruits est indiqué.
DĂ©roulement de l'attentat.

Le , peu après 7 h, Timothy McVeigh quitte le parking du motel à bord du véhicule piégé[a 69]. Il conduit précautionneusement, évitant tout accident de la route et ne souhaitant pas arriver sur place trop tôt pour que l'immeuble soit le plus occupé possible[a 69]. Sur le trajet, il est suivi plusieurs kilomètres par une voiture de police avant qu'elle ne prenne une autre route[a 70]. McVeigh porte un T-shirt sur lequel est imprimée la devise de l'État de Virginie, Sic semper tyrannis[note 4], notable pour avoir été scandée par John Wilkes Booth immédiatement après l'assassinat d'Abraham Lincoln et sa citation préférée de Thomas Jefferson : « L'arbre de la liberté doit être de temps en temps nourri avec le sang des patriotes et des tyrans »[a 70] - [3]. Il porte également un coupe-vent bleu sur son T-shirt, une casquette noire de baseball, un jean noir usé et des chaussures militaires[a 71].

McVeigh a également préparé une enveloppe contenant des pages des Carnets de Turner[note 5], des éléments anti-gouvernementaux comme un autocollant avec la citation de Samuel Adams : « Quand le gouvernement craint le peuple, c'est la liberté. Quand le peuple craint le gouvernement, c'est la tyrannie »[a 70]. Au recto de celui-ci, McVeigh griffonne : « Peut-être que maintenant, il y aura la liberté ! » et une citation de John Locke affirmant qu'un homme a le droit de tuer quelqu'un qui lui ôte sa liberté[a 70] - [15].

Des voitures brûlées devant les ruines d'un bâtiment dont la façade a été détruite.
Le bâtiment fédéral Alfred P. Murrah deux jours après l'explosion.

Il entre dans Oklahoma City vers 8 h 50 et est surpris de l'absence de trafic routier sur la NW 5th street[a 72]. Quelques minutes avant 9 h, il s'arrête sur le bord de la route pour allumer la première mèche, celle de cinq minutes[a 72]. À un pâté de maisons du bâtiment fédéral Alfred P. Murrah, il doit s'arrêter à un feu de circulation pendant trente secondes, moment qu'il choisit pour allumer la deuxième mèche, celle de deux minutes[a 72]. Il se gare sur l'espace de livraison qu'il a repéré, libre de tout véhicule[a 72]. Il quitte le véhicule et s'en éloigne en marchant, à la vue d'une dizaine de passants[a 72]. Il continue à marcher une cinquantaine de mètres vers le nord, puis commence à courir lorsqu'il est hors de vue d'une voiture de police qu'il a croisée sur son chemin[a 71]. Il entend alors l'explosion de la charge explosive qui le soulève du sol[a 71]. Entre la fumée et les feux qui se multiplient, Timothy McVeigh ne regarde pas en arrière et rejoint en marchant son véhicule de fuite[a 71]. Quelques minutes plus tard, il est à bord de la Mercury qui n'a pas été dérangée[a 73]. Après plusieurs tentatives, il réussit à démarrer le vieux véhicule avec lequel il quitte à douce allure la zone de l'attentat[a 73].

L'explosion tue 167 personnes, 163 d'entre elles à l'intérieur du bâtiment fédéral, et une 168e personne décède en tentant d'aider les victimes de l'attentat[a 74]. Plusieurs centaines de personnes sont blessées par l'acte de McVeigh[a 74]. Son acte fait plus de victimes mortelles que le nombre de soldats américains morts au combat lors de la Guerre du Golfe[a 74]. Sa bombe tue dix-neuf enfants, quatre visiteurs et quinze dans la garderie du bâtiment[a 74]. Alors que les secours accourent sur le lieu de l'attentat, McVeigh roule vers le nord, libre, tranquille, sans radio pendant une heure[a 75].

Arrestation

À gauche, le portrait du suspect dessiné par la police et à droite la photo de Timothy McVeigh.
Croquis réalisé par la police et une photographie de Timothy McVeigh.

Moins de 90 minutes après l'explosion, Timothy McVeigh est arrĂŞtĂ© Ă  proximitĂ© de Perry alors qu'il roule vers le nord depuis Oklahoma City[a 76] - [16]. McVeigh est interpellĂ© par un agent de la police routière de l'État, Charles D. Hanger, pour absence de plaque d'immatriculation sur sa Mercury Marquis jaune[a 76] - [14] - [16] - [17]. Il lui demande de sortir du vĂ©hicule et trouve une arme mal dissimulĂ©e[14] - [16] - [17]. Après avoir dressĂ© un procès-verbal Ă  McVeigh, Hanger fouille sa voiture de police et trouve une carte commerciale que McVeigh a cachĂ©e alors qu'il Ă©tait menottĂ©. Sur le revers de la carte d'un magasin de surplus militaire du Wisconsin est Ă©crit en manuscrit « TNT Ă  $ le bâton. Besoin de plus »[Cit 2] - [a 77].

McVeigh est emmenĂ© au commissariat de police pour des faits de trafic et possessions illĂ©gales d'armes Ă  Perry[14]. Le juge a une audience de divorce et reporte l'audience de McVeigh au lendemain[14]. Sa caution est fixĂ©e Ă  5 000 dollars et l'homme passe la nuit en cellule[14]. Dans le mĂŞme temps, l'enquĂŞte avance. Le Vehicle Identification Number d'un essieu du camion piĂ©gĂ© et des restes de la plaque d'immatriculation permet aux agents fĂ©dĂ©raux de relier le vĂ©hicule Ă  une agence de location Ryder de Junction City[a 78] - [16]. Le propriĂ©taire de l'agence les aide Ă  dessiner un croquis du suspect appelĂ© « John Doe No. 1 »[14] - [15] - [18] - [19].

Dans la soirée du , la propriétaire du Dreamland Motel, Lea McGown, reconnaît Timothy McVeigh en observant le croquis du suspect et se souvient du véhicule garé devant l'hôtel[a 78] - [14] - [20]. McVeigh a signé sous son vrai nom au motel, ce qui permet aux enquêteurs de l'identifier rapidement et de faire des recherches dans leurs bases[14]. Il utilise de nouveau l'adresse de la ferme de James Nichols[15] - [21]. Avant de signer de son vrai nom au motel, McVeigh utilise plusieurs faux noms pour ses opérations. Toutefois, l'employée précise : « Les gens sont tellement habitués à signer de leur vrai nom que lorsqu'ils veulent utiliser une fausse signature, ils se concentrent pour l'écrire puis détournent le regard un instant vers le haut comme pour se souvenir du nouveau nom qu'ils veulent utiliser. C'est ce qu'a fait [McVeigh], je lui ai parlé à ce moment-là et c'est ce qui l'a trahi »[Cit 3].

À droite, quatre policiers alignés en position d'attente alors qu'au fond un homme habillé d'une combinaison orange sort de l'ombre en marchant.
Timothy McVeigh sortant de la prison de Perry le .

L'audience pour le port illégal d'arme est prévue le à 9 h 30 mais les agents fédéraux contactent les autorités pour le garder en détention le temps qu'ils arrivent sur place pour l'arrêter[a 79] - [14] - [15]. Plutôt que de parler aux enquêteurs de l'attentat, Timothy McVeigh demande un avocat[a 79]. Après avoir été alertée par l'arrivée de la police et des hélicoptères de la présence d'un suspect de l'attentat, une foule agitée commence à se rassembler devant la prison. McVeigh demande à être protégé par un gilet pare-balles ou un transport par hélicoptère, mais ses requêtes sont rejetées[a 79]. Après une courte audience, McVeigh est escorté de Perry à Oklahoma City par une équipe de huit agents du FBI et de l'ATF[a 80]. À la sortie de la prison de Perry vers 17 h, les principaux médias ont l'occasion de prendre des images du terroriste[a 80]. Il est ensuite mis dans un hélicoptère qui le conduit à Oklahoma City[a 80]. La cour de justice fédérale de la ville se situant à quelques pas du bâtiment fédéral Murrah, McVeigh a une audience à la base militaire aérienne de Tinker[a 80]. Avant le début de celle-ci, il a une entrevue avec ses avocats, John W. Coyle III et Susan Otto, auxquels il avoue être le terroriste[a 81]. Par la suite, une équipe du SWAT l'emmène dans la prison correctionnelle fédérale d'El Reno où une aile de l'enceinte lui est réservée[a 81]. Le Bureau fédéral des prisons lui attribue le numéro de prisonnier 12076-064[22].

Condamnation

Si Timothy McVeigh est arrêté, l'enquête policière se poursuit. Les agents fédéraux interrogent le père de Timothy McVeigh, Bill, qui confirme le changement de comportement de son fils après le siège de Waco[a 82]. Ils obtiennent un mandat pour perquisitionner la maison du patriarche après quoi ils placent le téléphone de la maison sur écoute[a 83]. Les enquêteurs du FBI utilisent les informations acquises, ainsi que la fausse adresse donnée par McVeigh, pour entamer les recherches des frères Nichols, Terry et James[14]. Si McVeigh se terre dans le silence, ses proches sont beaucoup plus coopératifs[a 83]. Nichols se rend à la police et confesse avoir emmené McVeigh sur les lieux de l'attentat tout en limitant son implication[a 84]. Mike Fortier passe un accord avec l'accusation après que les agents lui aient annoncé qu'il pourrait être condamné à la peine capitale[a 85]. Lori Fortier ainsi que la sœur de McVeigh, Jennifer, obtiennent l'immunité en échange d'un témoignage contre lui[a 85] - [23] - [24] - [25] - [26]. L'acte d'accusation de 15 pages, précis et enrichi de multiples éléments indiqués par les proches de McVeigh, reprend les différentes étapes de la fabrication de la bombe et demande la peine de mort[a 85] - [27].

Une dizaine de jours après l'explosion du bâtiment fédéral, les deux premiers avocats de McVeigh, Coyle et Otto, menacés de mort et connaissant sa culpabilité, se retirent[a 86]. L'accusé tente de recruter Gerry Spence mais celui-ci ne répond pas à sa requête[a 87]. Le juge David L. Russell cherche nationalement un avocat pour lui et trouve Stephen Jones (en) qui accepte cette tâche ardue[a 87] - [6]. Jones demande une évaluation psychologique de McVeigh[a 88]. Celle-ci est conduite par le docteur John R. Smith sur cinq semaines avec vingt-cinq heures d'interrogatoires[a 88]. Le docteur Smith conclut que McVeigh est intelligent, avec un quotient intellectuel de 126, que le divorce de ses parents l'a fait se construire un monde imaginaire dans lequel il s'est créé un rôle de super-héros et qu'il n'est pas délirant[a 88]. Dans le même temps, Jones effectue une enquête pour trouver un potentiel chef d'une conspiration afin d'atténuer les charges retenues contre son client[a 89]. Il fait passer McVeigh au détecteur de mensonge avec pour objectif de prouver qu'il ne pouvait pas commettre le crime seul[a 89]. Des propos confidentiels de McVeigh et les résultats du détecteur de mensonge fuitent dans la presse en , renforçant les tensions entre l'accusé et son équipe d'avocats[a 89] - [28].

McVeigh reçoit de multiples sollicitations médiatiques, rencontre plusieurs journalistes officieusement, avant de recevoir un courrier de David Hackworth en [a 90]. Devenu journaliste pour Newsweek, le Colonel Hackworth est surtout un militaire hautement décoré, ce qui lui permet d'obtenir une entrevue en face-à-face demandée par toute la profession[a 90] - [29]. Le , celle-ci donne l'opportunité à McVeigh d'avouer son acte mais celui-ci refuse, déclarant qu'il va plaider non coupable[a 90] - [30] - [31]. Le magazine Time en fait l'une des personnalités de l'année 1995[a 91].

En , Timothy McVeigh et Nichols sont déplacés de la prison d'El Reno à la prison fédérale d'Englewood dans le Colorado[a 91] - [32]. Une aile entière de la prison est réservée à McVeigh[32]. En novembre, il vote pour le candidat du Parti libertarien Harry Browne (en) à l'élection présidentielle américaine pour s'opposer à la politique de Bill Clinton[a 91].

Le procès de Timothy McVeigh dĂ©bute en et dure six semaines[33]. Il se dĂ©roule dans le Colorado Ă  Denver, Ă  proximitĂ© de l'ADX Florence, prison fĂ©dĂ©rale la plus sĂ©curisĂ©e des États-Unis, oĂą Timothy McVeigh est incarcĂ©rĂ©. L'affaire ne passionne pas le peuple amĂ©ricain. De l'avis de Steven Brill, le fondateur de Court TV, l'une des principales raisons est qu'elle n'est pas tĂ©lĂ©visĂ©e[33] - [34]. Les États-Unis sont reprĂ©sentĂ©s par une Ă©quipe de procureurs dirigĂ©e par Joseph Hartzler[6]. Dans son allocution d'ouverture, Hartzler dĂ©crit les motivations de McVeigh, son parcours et les preuves contre lui. L'accusation appelle 137 tĂ©moins. Parmi eux, Michael Fortier et sa femme Lori, ou encore Jennifer McVeigh, confirment sa haine contre le gouvernement et son dĂ©sir de rĂ©aliser une action militante contre ce dernier[35] - [36].

McVeigh est représenté par une équipe de six avocats de la défense, avocats principaux dirigés par Stephen Jones[37] - [38]. Selon le professeur de droit Douglas O. Linder (en), McVeigh souhaite que ses avocats présentent une « défense de nécessité », et il invoque le « danger imminent » dans lequel il se trouve à cause du gouvernement et que son attentat est destiné à prévenir les crimes gouvernementaux futurs sur le fondement des incidents de Waco et de Ruby Ridge[a 87] - [39]. Jones ne suit pas les volontés de son client et tente de discréditer l'accusation dans une tentative d'instiller un « doute raisonnable ». Jones souhaite défendre la thèse que McVeigh fait partie d'un vaste complot et cherche à le présenter comme « le bouc émissaire désigné » mais le juge Richard Paul Matsch statue en audience que la preuve concernant ce vaste complot est trop vague pour être recevable et entendue au tribunal[34] - [39]. En plus de soutenir le fait que l'attentat ne peut pas avoir été effectué par deux hommes seuls, Jones présente McVeigh comme un soldat décoré[40], déclare qu'aucun témoin ne l'a vu près de la scène du crime[36] et que l'enquête sur l'attentat, qui n'a duré que deux semaines, a été bâclée[39].

Le jury dĂ©libère pendant 23 heures. Le , McVeigh est reconnu coupable de onze chefs d'accusation d'assassinat et de complot[34] - [41] - [42]. Bien que la dĂ©fense a plaidĂ© pour une peine d'emprisonnement Ă  vie, McVeigh est condamnĂ© Ă  mort le [43]. Il devient le treizième prisonnier fĂ©dĂ©ral en attente de sa condamnation Ă  mort alors que la dernière exĂ©cution par le gouvernement fĂ©dĂ©ral remonte Ă  Victor Feguer en [44].

Exécution

Après son procès, il retourne à la Supermax ADX Florence, en attendant que la construction de la chambre d'exécution soit achevée dans le pénitencier fédéral de Terre Haute[32]. La prison l'accueille dans le même temps que Unabomber et Ramzi Yousef, le terroriste de l'attentat du World Trade Center de 1993[32] - [45]. Yousef a d'ailleurs souvent tenté, sans succès, de convertir McVeigh à l'islam[46].

En , McVeigh est déplacé dans une nouvelle section de confinement pour les condamnés à l'exécution par le gouvernement fédéral[32]. Il y reçoit de nombreux courriers, de lettres romantiques et des bibles Gideons[32]. Dans sa cellule, il regarde des vieux films, d'anciens épisodes des séries Les Simpson et Star Trek[32]. Il discute avec plusieurs journalistes, pour l'écriture d'articles de presse et du livre American Terrorist[9] - [47].

Papier administratif complété de manières dactylographiée et manuscrite, et signé à de multiples reprises.
Copie du certificat de décès de Timothy McVeigh.
Son exĂ©cution est un Ă©vĂ©nement mĂ©diatique majeur. Plus de 1 500 journalistes nationaux et internationaux sont attendus pour suivre l'Ă©vĂ©nement[48]. Lorsque la date d'exĂ©cution est fixĂ©e au , toutes les chambres d'hĂ´tel de Terre Haute sont rĂ©servĂ©es en quelques heures[48]. Aucune exĂ©cution depuis celle de Gary Gilmore en ne suscite un tel intĂ©rĂŞt[49]. Une large majoritĂ© de la population amĂ©ricaine est pour sa condamnation Ă  mort[50].

En , le FBI annonce avoir conservĂ© plus de 3 000 documents sur l'affaire McVeigh qu'il n'a pas communiquĂ©s Ă  la dĂ©fense de McVeigh[51] - [52]. Cette annonce du FBI intervient six jours avant la première date d'exĂ©cution prĂ©vue[53]. L'exĂ©cution est reportĂ©e d'un mois pour que la dĂ©fense examine les documents[53] - [54]. Selon un sondage Gallup, 81 % des AmĂ©ricains sont d'avis que McVeigh doit ĂŞtre exĂ©cutĂ©[55]. Le , le juge fĂ©dĂ©ral Matsch dĂ©clare que les documents ne prouvent pas l'innocence de McVeigh et ordonne l'exĂ©cution[56]. Le prĂ©sident George W. Bush approuve l'exĂ©cution[note 6].

McVeigh a invité le chef d'orchestre américain David Woodard à jouer une messe de « requiem » à la veille de son exécution ; tout en critiquant les actes répréhensibles de McVeigh, Woodard a consenti[57]:240–241. McVeigh choisit comme dernier repas un litre de glace à la menthe et aux pépites de chocolat[49] - [58]. Deux heures avant son exécution, il demande un prêtre catholique pour qu'il lui donne les derniers sacrements[59]. Ces derniers comprennent généralement une confession de ses pêchés et l'expression de remords[59]. Le prêtre entre dans sa cellule à 6 h 15, entouré par des agents de sécurité qui leur tournent le dos pendant la confession[59].

Le Ă  7 h 14, McVeigh est exĂ©cutĂ© par injection lĂ©tale au pĂ©nitencier fĂ©dĂ©ral de Terre Haute dans l'Indiana[60] - [61] - [62]. Il meurt les yeux ouverts sans faire de dĂ©claration[49] - [63] - [64]. L'exĂ©cution est retransmise Ă  Oklahoma City sur un circuit fermĂ© de tĂ©lĂ©vision de sorte que les proches des victimes puissent ĂŞtre tĂ©moins de sa mort ; 232 victimes survivantes de l'attentat assistent Ă  l'exĂ©cution[62] - [65]. Ă€ la demande du condamnĂ© Ă  mort, aucun membre de sa famille n'est prĂ©sent[60] - [62]. Il a Ă©galement demandĂ© que la distribution du poème Invictus soit faite Ă  la trentaine de personnes prĂ©sentes dans la chambre d'exĂ©cution derrière une vitre[9] - [58] - [63] - [64]. Parmi eux, dix victimes, des proches de victimes, des journalistes, Lou Michel — auteur du livre American Terrorist : Timothy McVeigh and the Oklahoma City Bombing en 2001 — et trois avocats de McVeigh[64] - [66].

C'est la première exĂ©cution fĂ©dĂ©rale depuis 38 ans et celle de Victor Feguer, le , dans l'Iowa[60] - [62] - [67]. Elle soulève le dĂ©bat sur la peine de mort aux États-Unis[45]. Près de deux cents militants souhaitant l'abolition de la peine de mort se rĂ©unissent devant la prison pour manifester contre la peine capitale[63]. Une cinquantaine de dĂ©fenseurs de la peine de mort sont Ă©galement prĂ©sents et applaudissent lorsqu'ils apprennent le dĂ©cès du terroriste[64].

Quelques heures après l'exécution, George W. Bush déclare : « Ce matin, les États-Unis d'Amérique ont mis à exécution la sanction la plus sévère pour le plus grave des crimes. Les victimes de l'attentat d'Oklahoma City n'ont pas obtenu vengeance, mais justice »[Cit 4]. La ministre des Affaires étrangères suédoise Anna Lindh réagit au nom des quinze pays de l'Union européenne pour condamner l'exécution de McVeigh[68]. Le président de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe Russell Johnston dénonce et critique la peine de mort : « Timothy McVeigh était un tueur de sang-froid. Il ne sera pas regretté. Mais la façon dont il est mort est triste, pathétique et mal fondée »[Cit 5].

Postérité

L'attentat d'envergure de McVeigh ne suscite pas la deuxième révolution américaine souhaitée par le terroriste[69]. Timothy McVeigh souhaite mourir en martyr pour la cause anti-gouvernementale[70] - [71] - [72]. Le parcours de celui qui se définit comme un « patriote » étonne par le fait qu'il soit un Américain moyen influencé par les milices d'extrême droite pour passer à l'acte « au nom du bien commun »[73] - [74]. Si pour la majorité des Américains, Timothy McVeigh est un monstrueux, pathétique et lâche tueur de masse[6], certains mouvements d'extrême droite américains le considèrent comme un « héros »[75] - [76]. En , deux mois après sa mort, l'ancien soldat est comparé au héros de la révolution américaine Paul Revere par l'écrivain Gore Vidal[77]. Multipliant les provocations, Vidal a correspondu pendant trois ans avec le détenu et défend la thèse complotiste selon laquelle il n'a pas posé lui-même la bombe devant le bâtiment[77]. Dans un rapport de 2017, plus de deux décennies après l'attentat, le Southern Poverty Law Center voit un regain d'intérêt pour McVeigh de la part de groupes anti-gouvernementaux[78].

Après son exécution en 2001, l'idéologie de Timothy McVeigh progresse politiquement, surtout après l'élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis en 2008[79]. En s'appuyant sur le dixième amendement de la Constitution des États-Unis, douze États votent des lois qui annuleraient toute restriction du port d'armes par le gouvernement fédéral afin de protéger le deuxième amendement[79]. De nombreux hommes politiques républicains entendent les milices d'extrême droite[79]. Plusieurs États, dont l'Oklahoma, signent des lois pour refaire de l'or une monnaie, l'une des principales revendications de la milice[79].

Notes et références

Citations originales

  1. « Not Abandoned. Please Do Not Tow. Will Move By April 23. (Needs Battery & Cable) »[a 61] - [15].
  2. « TNT at $5 a stick. Need more. »[a 77].
  3. « People are so used to signing their own name that when they go to sign a phony name, they almost always go to write, and then look up for a moment as if to remember the new name they want to use. That's what [McVeigh] did, and when he looked up I started talking to him, and it threw him »[15].
  4. « This morning, the United States of America carried out the severest sentence for the gravest of crimes. The victims of the Oklahoma City bombing have been given not vengeance, but justice »[58] - [60] - [64].
  5. « Timothy McVeigh was a cold-blooded murderer. He will not be missed. But the way he died was sad, pathetic and wrong »[68].

Notes

  1. En français, « Le Vagabond », une référence à la chanson de Dion du même nom.
  2. Les paris sportifs sont interdits dans l'État de New York en 1992 mais les bookmakers ne sont pas difficiles à trouver[a 35].
  3. L'enquête est rouverte par le département de la Justice américain six ans plus tard, sous la pression du Congrès des États-Unis.
  4. En français, « ainsi en est-il toujours des tyrans ».
  5. Carnets de Turner est un roman sur la suprématie blanche qui lance une révolution en faisant exploser le quartier général du FBI à 9 h 15, un matin, en utilisant un véhicule piégé[15].
  6. McVeigh est un détenu sous responsabilité fédérale et la loi fédérale américaine exige que le président approuve l'exécution des prisonniers fédéraux.

Références bibliographiques

American Terrorist
  1. Michel et Herbeck 2001, « Part I : Growing Up - One : The Boy Next Door », p. 12.
  2. Michel et Herbeck 2001, « Part I : Growing Up - One : The Boy Next Door », p. 10-11.
  3. Michel et Herbeck 2001, « Part I : Growing Up - One : The Boy Next Door », p. 10-14.
  4. Michel et Herbeck 2001, « Part I : Growing Up - One : The Boy Next Door », p. 13-14.
  5. Michel et Herbeck 2001, « Part I : Growing Up - One : The Boy Next Door », p. 14-17.
  6. Michel et Herbeck 2001, « Part I : Growing Up - One : The Boy Next Door », p. 18-19.
  7. Michel et Herbeck 2001, « Part I : Growing Up - One : The Boy Next Door », p. 20-22.
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Autres références

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Voir aussi

Bibliographie

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Articles connexes

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