Attentat du World Trade Center de 1993
L'attentat du World Trade Center de 1993 est un attentat terroriste commis le dans le parking de la tour Nord du World Trade Center[note 2] à New York. Un cocktail explosif de prÚs de 680 kg est placé dans une voiture piégée avec pour objectif de faire basculer la tour Nord sur la tour Sud et de détruire ainsi le complexe, tuant des milliers de civils. Considérée comme un échec, l'opération terroriste tue 6 personnes et en blesse 1 042 autres.
Attentat du World Trade Center de 1993 | |
DĂ©combres du parking oĂč a eu lieu l'explosion. | |
Localisation | New York (Ătats-Unis) |
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Cible | Tour 1 du World Trade Center |
CoordonnĂ©es | 40° 42âČ 42âł nord, 74° 00âČ 45âł ouest |
Date | 12 h 17 (UTC-5) |
Type | Attentat au véhicule piégé |
Morts | 6[note 1] |
Blessés | 1 042 |
Auteurs | Ramzi Yousef |
Organisations | Al-QaĂŻda |
Mouvance | Terrorisme islamiste |
Quelques jours aprĂšs l'attentat, l'enquĂȘte policiĂšre se concentre sur une cellule islamiste de Jersey City et Brooklyn autour d'Omar Abdel Rahman, surnommĂ© « le cheikh aveugle ». Le chauffeur du groupe, Mohammed Salameh, est le premier arrĂȘtĂ© et les indices mĂšnent Ă ses diffĂ©rentes planques et complices. Le groupe de conspirateurs compte dans ses rangs Ramzi Yousef, Mahmud Abouhalima, Nidal Ayyad, Abdul Rahman Yasin et Ahmed Ajaj. Le financement de l'attentat, peu coĂ»teux, est assurĂ© par l'oncle de Ramzi Yousef, Khalid Cheikh Mohammed.
En , Abouhalima, Ajaj, Ayyad et Salameh sont condamnĂ©s pour la fabrication de la bombe Ă 240 annĂ©es d'emprisonnement chacun. Les charges retenues portent sur lâassociation de malfaiteurs, la destruction de propriĂ©tĂ© privĂ©e au moyen dâexplosifs et le transport de ces mĂȘmes explosifs sur le territoire fĂ©dĂ©ral. En , deux autres membres de la cellule sont condamnĂ©s : Ramzi Yousef, le cerveau de l'attentat, et Eyad Ismoil, le chauffeur du camion piĂ©gĂ©.
InspirĂ© par Al-QaĂŻda, cet attentat peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le premier attentat djihadiste de l'histoire contre un pays occidental[b 1].
Préparation de l'attentat
ArrivĂ©es aux Ătats-Unis et constitution de la cellule terroriste
Omar Abdel Rahman, surnommĂ© « le cheikh aveugle », entre aux Ătats-Unis avec un visa touristique en bien qu'il soit sur la liste des terroristes internationaux[nyt 1]. Rahman est connu pour avoir Ă©tĂ© accusĂ© et acquittĂ© de l'assassinat du prĂ©sident Ă©gyptien Anouar el-Sadate en [nyt 2]. Guide spirituel et chef du mouvement sunnite Ă©gyptien islamiste Gamaa al-Islamiya, Rahman devient un prĂȘcheur charismatique des mosquĂ©es de Brooklyn et du New Jersey[nyt 1]. La mosquĂ©e de Brooklyn est d'ailleurs soutenue par le Maktab al-KhadamÄt[nyt 1]. Le FBI enquĂȘte sur le cheikh lorsque El Sayyid Nosair est arrĂȘtĂ© dans le cadre de l'assassinat de Meir Kahane en [nyt 1]. Rahman poursuit ses prĂȘches religieux dans la mosquĂ©e Al-Salam de Jersey City situĂ© au-dessus d'un restaurant chinois[nyt 3] - [b 2] mĂȘme aprĂšs le retrait de sa carte verte en pour ne pas avoir rĂ©pondu aux services de l'immigration[nyt 1].
Mohammed Salameh entre aux Ătats-Unis par l'aĂ©roport international John-F.-Kennedy de New York le depuis la Jordanie avec un visa touristique de six mois et y reste illĂ©galement[nyt 4] - [nyt 2]. Il s'installe Ă Jersey City et devient un fidĂšle de la mosquĂ©e d'Omar Abdel Rahman lorsque celui-ci y prĂȘche au dĂ©but des annĂ©es 1990. Le , il tente pour la premiĂšre fois d'obtenir un permis de conduire de l'Ătat du New Jersey et Ă©choue[nyt 3]. Il Ă©choue lors de trois autres tentatives dans le New Jersey avant de tenter sa chance Ă New York et d'obtenir un permis de conduire le [nyt 3].
Ramzi Yousef entre sur le territoire amĂ©ricain le en premiĂšre classe dans un vol en provenance du Pakistan[nyt 5]. Il prĂ©sente un passeport irakien aux autoritĂ©s amĂ©ricaines et demande l'asile politique[nyt 3]. Le centre de dĂ©tention des services d'immigration et de naturalisation Ă©tant plein, l'administration autorise Ramzi Yousef Ă entrer aux Ătats-Unis et le convoque ultĂ©rieurement pour des entretiens en vue d'examiner sa demande d'asile[nyt 3]. DĂšs son arrivĂ©e, Ramzi Yousef habite avec Mohammed Salameh[nyt 3].
Ahmed Ajaj, Palestinien de 27 ans, prend le mĂȘme avion que Ramzi Yousef pour entrer aux Ătats-Unis[nyt 5]. Les deux hommes font comme s'ils ne se connaissent pas. Livreur de pizza Ă Houston, Ajaj essaie dâentrer avec un passeport suĂ©dois falsifiĂ© mais son manque de vĂȘtements attire lâattention des services dâimmigration Ă lâaĂ©roport John F. Kennedy[nyt 3]. Quand les fonctionnaires entreprennent des vĂ©rifications complĂ©mentaires, ils dĂ©couvrent de nombreux manuels d'utilisation de couteaux, grenades, poisons, armes et sur la fabrication de cocktails Molotov et autres bombes dans ses bagages[nyt 3]. Abu Barra, le nom dâemprunt de Mohammed Jamal Khalifa, apparaĂźt sur des plans.
- Ramzi Yousef.
- Mohammed Salameh.
- Ahmed Ajaj.
- Eyad Ismoil.
- Mahmud Abouhalima.
- Nidal Ayyad.
- Abdul Rahman Yasin (en 2002).
Fabrication de la bombe
Le , Mohammed Salameh acquiert un garde-meuble Ă Jersey City sous le nom de Kamal Ibraham[nyt 3]. Il justifie la location par la crĂ©ation d'une entreprise avec des amis[nyt 3]. Sur le contrat de location, il Ă©crit le nom de six associĂ©s qui ont accĂšs Ă l'espace de stockage[nyt 3]. Le , Mohammed Salameh et Ramzi Yousef changent d'habitation et s'installent dans un appartement au 40 avenue Pamrapo Ă Jersey City[nyt 3]. Le , Mohammed Salameh, en tant que conducteur, et Ramzi Yousef en tant que passager, ont un accident de voiture Ă proximitĂ© du complexe immobilier oĂč vit Mahmud Abouhalima[nyt 3] - [note 3]. Yousef est hospitalisĂ© et y reste jusqu'au , obtenant un report de son audience d'immigration[nyt 3].
Sous le nom de Kemal Ibraham, Ramzi Yousef commande les produits chimiques en plusieurs fois, par téléphone, à une entreprise locale de Jersey City[nyt 6].
Le , Nidal Ayyad loue une voiture à Newark et ajoute Salameh comme conducteur supplémentaire[nyt 3]. Le , Mohammed Salameh loue une camionnette jaune de type Econoline auprÚs de la compagnie Ryder[nyt 3] - [nyt 7]. à la veille de l'attentat, le groupe reçoit une livraison d'hydrogÚne comprimé[nyt 3].
Dans lâappartement de Nosair dans le New Jersey, la police trouve des dizaines de plans de la fabrication de bombes et de documents liĂ©s au complot terroriste, ainsi que des manuels du centre de formation des forces spĂ©ciales de Fort Bragg, des mĂ©mos secrets du ComitĂ© des chefs dâĂtats-majors interarmĂ©es et 1 440 piĂšces de munitions.
Caractéristiques de la bombe
Ramzi Yousef est assistĂ© de l'artificier irakien Abdul Rahman Yasin pour assembler la bombe d'environ 590 kilogrammes. Selon des experts, la bombe est simple d'assemblage et peut ĂȘtre fabriquĂ©e par presque tout le monde Ă l'aide de manuels obtenus dans les librairies[nyt 8]. L'une des spĂ©cificitĂ©s de la bombe est le faible coĂ»t de ses composants, qui ont Ă©tĂ© achetĂ©s pour un peu plus de 400 dollars[nyt 8].
La bombe est principalement constituĂ©e de nitrate d'ammonium, un ingrĂ©dient commun de nombreux engrais[nyt 8] - [1]. Les deux autres substances chimiques utilisĂ©es sont l'acide nitrique et l'acide sulfurique, deux produits qui ne nĂ©cessitent pas d'autorisation Ă l'achat, contrairement Ă des explosifs ou de la dynamite[nyt 9]. Autour du cĆur de la bombe, les terroristes placĂšrent de lâaluminium, du magnĂ©sium et des particules dâoxyde de fer. Lâamorçage de la bombe se fait par lâintermĂ©diaire dâune charge explosive composĂ©e de nitroglycĂ©rine[nyt 8], de dynamite, de poudre sans fumĂ©e et dâune mĂšche. La nitroglycĂ©rine est considĂ©rĂ©e comme un explosif instable qui peut exploser Ă la suite d'une petite vibration[nyt 10]. Trois rĂ©servoirs dâhydrogĂšne Ă©taient Ă©galement placĂ©s autour de la charge explosive, afin dâamĂ©liorer la combustion des particules de fer.
L'usage de bouteilles de gaz comprimĂ© ressemble fortement aux mĂ©thodes employĂ©es lors de lâattentat du Drakkar Ă Beyrouth en 1983[nyt 11]. Lors de ces deux attentats, des bouteilles dâair comprimĂ© sont utilisĂ©es pour produire une explosion de type thermobarique, qui produit davantage dâĂ©nergie que les explosifs conventionnels de haute puissance. Selon un tĂ©moignage recueilli lors du procĂšs, le FBI nâa enregistrĂ© quâun seul attentat utilisant une bombe Ă base de nitrate dâurĂ©e.
La camionnette louĂ©e par le groupe terroriste dispose dâun volume utile de 8,4 m3, ce qui correspond Ă 910 kilogrammes dâexplosifs[nyt 12]. Cependant, la camionnette n'est pas remplie au maximum de ses capacitĂ©s. Yousef utilise une mĂšche de 6 mĂštres quâil place dans un tube chirurgical. Yasin a estimĂ© que ce dĂ©tonateur actionnerait la bombe douze minutes aprĂšs avoir Ă©tĂ© allumĂ©e par un briquet.
Yousef veut que la fumĂ©e reste dans la tour, afin que le public puisse voir les gens sâasphyxier Ă petit feu. Il a prĂ©vu que la tour Nord sâeffondre sur la tour Sud aprĂšs lâexplosion.
La rumeur persiste quant Ă la prĂ©sence de cyanure dans la bombe, croyance renforcĂ©e par le juge Kevin Duffy lors de la sentence : « Vous aviez Ă votre disposition du cyanure de sodium, et je suis certain que vous en avez fait usage pour la fabrication de la bombe. » Cependant, lâexamen des lieux ne permit pas dâĂ©tablir avec certitude la composition de la bombe et Robert Blitzer, un agent expĂ©rimentĂ© du FBI qui a travaillĂ© sur lâaffaire affirma quâil nây avait aucun Ă©lĂ©ment scientifique prouvant la prĂ©sence de cyanure de sodium sur le site de lâexplosion. De plus, le journaliste Peter Lance estime que Yousef a seulement envisagĂ© la possibilitĂ© dâajouter du cyanure Ă lâexplosif, et quâil regrettait de ne pas lâavoir fait.
Revendications et motivations
Ramzi Yousef envoie des lettres Ă plusieurs journaux new-yorkais Ă une date indĂ©finie autour de l'attentat dans lesquelles il se rĂ©clame du cinquiĂšme bataillon de lâArmĂ©e de LibĂ©ration[nyt 13]. L'un des mĂ©dias new-yorkais, The New York Times, reçoit ce courrier quatre jours aprĂšs l'attentat et le transmet Ă la police qui l'authentifie[nyt 13]. Cette lettre d'une page indique que l'attentat est une rĂ©ponse au « soutien politique, Ă©conomique et militaire amĂ©ricain Ă IsraĂ«l, le pays du terrorisme et aux autres dictatures de la rĂ©gion »[Cit 1] - [nyt 13]. Ces lettres comportent trois demandes : la fin de lâaide amĂ©ricaine Ă IsraĂ«l, la fin des relations diplomatiques israĂ©lo-amĂ©ricaines et la fin de toute ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures des pays du Moyen-Orient[nyt 13]. La lettre affirme que si ces demandes ne sont pas satisfaites, l'ArmĂ©e de LibĂ©ration « va continuer Ă exĂ©cuter ses missions comme des cibles militaires et civiles »[Cit 2] et a « plus de 150 soldats kamikazes prĂȘts Ă passer Ă l'action »[Cit 3], mentionnant de « potentielles cibles nuclĂ©aires »[Cit 4] - [nyt 13].
Dans ses communiquĂ©s, Yousef concĂšde que les attaques contre le World Trade Center sont un acte de terrorisme, mais que celui-ci est justifiĂ© parce que le « terrorisme dont IsraĂ«l fait usage (et que les Ătats-Unis soutiennent) doit ĂȘtre considĂ©rĂ© sur un mĂȘme pied dâĂ©galitĂ© ». Le plan initial des terroristes est que lâexplosion du camion piĂ©gĂ© fasse basculer la tour Nord sur la tour Sud, entraĂźnant lâeffondrement des deux tours[b 3].
Les premiĂšres cibles de la cellule terroriste incluent le prĂ©sident Ă©gyptien Hosni Moubarak, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies Boutros Boutros-Ghali, le sĂ©nateur de l'Ătat de New York Alfonse D'Amato, le membre de l'assemblĂ©e de New York Dov Hikind, les tunnels Lincoln et Holland et surtout le SiĂšge des Nations unies[2]. Siddig Ibrahim Siddig Ali indique en 1995 que le groupe a envisagĂ© d'enlever l'ancien prĂ©sident des Ătats-Unis Richard Nixon et l'ancien secrĂ©taire d'Ătat Henry Kissinger comme monnaie d'Ă©change pour obtenir la libĂ©ration d'El Sayyid Nosair[nyt 14]. LâĂ©crivain Simon Reeve Ă©met lâhypothĂšse que quelque chose sâest mal passĂ©, en raison par exemple du niveau de sĂ©curitĂ© et que la destination finale du camion piĂ©gĂ© a Ă©tĂ© modifiĂ©e.
Dans l'Ă©mission 60 Minutes enregistrĂ©e le et diffusĂ©e dĂ©but juin, Abdul Rahman Yasin indique que le plan initial du groupe est de tuer des individus de confession juive dans le quartier de Brooklyn[3] - [nyt 15]. AprĂšs avoir repĂ©rĂ© les quartiers de Williamsburg et Crown Heights, Ramzi Yousef a une autre idĂ©e : faire une grande explosion plutĂŽt que plusieurs petites explosions[nyt 15]. Il cible alors le World Trade Center oĂč selon lui, la majoritĂ© des personnes qui y travaillent sont juives[Cit 5] - [nyt 15]. Yasin indique dans l'interview que cet attentat est « une vengeance pour mes frĂšres palestiniens et mes frĂšres en Arabie saoudite »[Cit 6] - [nyt 15].
Attentat
Explosion de la voiture piégée
à 4 h du matin le , la camionnette piégée jaune est stationnée à une station service ouverte de nuit du boulevard Kennedy à Jersey City[nyt 3]. En ce vendredi d'hiver, il neige dans le sud de Manhattan[b 4].
Ramzi Yousef et son ami jordanien Eyad Ismoil conduisent une camionnette de location dans le quartier de Lower Manhattan. Ils dĂ©posent le vĂ©hicule dans la partie rĂ©servĂ©e aux services secrets au niveau B-2 du parking souterrain du World Trade Center vers midi. Yousef dĂ©clenche le dĂ©tonateur et sâenfuit. Ă 12 h 17 min 37 s, la bombe explose dans le parking souterrain, produisant une pression estimĂ©e Ă 10 335 bar. Lâexplosion, qui ressemble Ă un tremblement de terre[nyt 16], fait un cratĂšre de 30 mĂštres de diamĂštre[nyt 17], et sur 60 mĂštres de profondeur sur six niveaux de sous-sol[4]. La vitesse de dĂ©tonation est dâenviron 4,5 km/s. L'explosion endommage le centre de commande d'urgence du bĂątiment et pulvĂ©rise le systĂšme de contrĂŽle de la ventilation des bĂątiments[nyt 18]. Cinq des huit lignes d'alimentation en courant Ă©lectrique sont coupĂ©es et des canalisations domestiques situĂ©es au niveau B-6 sont dĂ©truites, inondant la piĂšce oĂč sont disposĂ©s les gĂ©nĂ©rateurs de secours[nyt 18] - [b 5].
La bombe cause immĂ©diatement une coupure gĂ©nĂ©rale de courant, dĂ©clenchant le systĂšme dâĂ©clairage de secours. La fumĂ©e de lâexplosion, en lâabsence de pressurisation des cages dâescalier, atteint le 93e Ă©tage de chacune des deux tours. Cette Ă©paisse fumĂ©e ralentit lâĂ©vacuation des occupants, dont beaucoup sont intoxiquĂ©s par leur inhalation[nyt 17]. Des centaines de personnes sont piĂ©gĂ©es dans les ascenseurs lors de la coupure dâĂ©lectricitĂ© qui dure 7 heures[nyt 17] - [5]. Un groupe de 17 enfants de maternelle est bloquĂ© prĂšs de 5 heures aprĂšs leur visite de la terrasse panoramique de la tour Sud[nyt 19].
Une consĂ©quence secondaire de la coupure de courant est lâarrĂȘt des transmissions hertziennes des tĂ©lĂ©visions et des radios locales pendant prĂšs dâune semaine[nyt 17] - [nyt 20]. Les communications tĂ©lĂ©phoniques sont pour la plupart interrompues dans le quartier de Lower Manhattan. Les premiĂšres informations relayĂ©es dans les mĂ©dias font Ă©tat de lâexplosion dâun des principaux transformateurs Ă©lectriques, sans envisager lâhypothĂšse de lâexplosion dâune bombe dans le sous-sol. Peu de gens se trouvent dans le parking Ă l'heure de l'explosion.
L'attentat crée une vague de panique dans la ville[nyt 21]. Plus de 16 000 appels téléphoniques sont passés au 911 dans les huit heures suivant l'attentat contre 5 500 appels pour une journée ordinaire[nyt 21]. Un autre centre d'appel est mis en place dans l'aprÚs-midi et reçoit lui aussi 3 000 appels en quelques heures[nyt 21]. Quatre heures aprÚs l'explosion, une alerte à la bombe provoque l'évacuation de l'Empire State Building[nyt 17] - [nyt 21]. Entre 14 h et 21 h, la ville de New York reçoit 69 menaces d'attentat à la bombe, en nette hausse face aux 7 à 10 menaces quotidiennes[nyt 21].
Secours
Les premiÚres équipes de pompiers intervenant sur l'attentat constatent que le feu est plus important qu'une simple explosion de transformateur électrique[b 6]. Descendant dans les niveaux inférieurs du bùtiment, elles découvrent un niveau B-2 complÚtement détruit[b 7]. Quatre personnes travaillant à cet étage sont trouvées mortes et déplacées dans une morgue temporaire mise en place dans le Vista Hotel[b 8]. Les secours évacuent 16 individus bloqués sous les débris dans les restes d'un vestiaire à proximité de l'épicentre de l'explosion ainsi que plusieurs personnes qui sont tombées dans le cratÚre[b 8].
Les Ă©quipes de secours se concentrent alors sur l'Ă©vacuation des deux tours oĂč la fumĂ©e envahissante menace les occupants[b 8]. Le plan d'Ă©vacuation du World Trade Center est « dĂ©truit » par l'explosion selon son directeur Charles Maikish[nyt 22]. Les secours ne disposent plus du bureau de la police et du centre des opĂ©rations du complexe[nyt 22]. Sans Ă©lectricitĂ©, ni tĂ©lĂ©phone, ni tĂ©lĂ©vision, ni haut-parleurs pour communiquer avec les occupants des bĂątiments, les secours doivent improviser[nyt 22]. Sans indication, les travailleurs du bĂątiment doivent trouver par eux-mĂȘmes les sorties[nyt 22]. Le bĂątiment est exemptĂ© de suivre les lois locales et la rĂ©glementation de la ville de New York concernant la sĂ©curitĂ© et la sĂ»retĂ© depuis 1962[nyt 23].
Les véhicules de police, de pompiers et d'ambulances se massent sur dix pùtés de maisons autour des tours[nyt 22]. Six personnes dont une femme enceinte sont évacués par hélicoptÚre depuis le toit de la Tour 1[nyt 22]. La Croix-Rouge américaine est également présente pour prendre en charge les premiers blessés[nyt 22]. Dans l'aprÚs-midi, plusieurs centaines de policiers et de pompiers entrent dans le bùtiment pour évacuer les personnes à travers la fumée[nyt 22]. Des tentes de secours mobiles sont installées le long de la DouziÚme avenue[nyt 24].
En combattant lâincendie et ses consĂ©quences, 88 pompiers sont blessĂ©s dont un nĂ©cessitant une hospitalisation, 35 officiers de police et un employĂ© de la poste sont blessĂ©s[b 4]. Le pompier hospitalisĂ©, Kevin Shea, est tombĂ© dans le cratĂšre en tentant d'aider une victime piĂ©gĂ©e dans les dĂ©combres dans la premiĂšre heure d'intervention des secouristes, nĂ©cessitant une opĂ©ration mĂ©dicale importante[b 9].
Victimes
Le premier bilan humain de l'attentat fait état de cinq morts[nyt 17] - [nyt 25]. Wilfredo Mercado, acheteur du Vista Hotel et du restaurant Windows on the World, est porté disparu[nyt 25] - [nyt 26]. AprÚs 17 jours de recherche son corps est retrouvé, aprÚs avoir échappé aux recherches des chiens et par détecteur thermique, trois étages sous son bureau[nyt 27].
En tout, six personnes sont tuĂ©es et 1 042 autres blessĂ©es, la plupart durant lâĂ©vacuation qui a suivi lâexplosion[6]. Un rapport de lâorganisation fĂ©dĂ©rale des pompiers indique que parmi les dizaines de personnes qui fuient par les toits des tours, 28 dâentre elles ont des antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux et doivent ĂȘtre Ă©vacuĂ©es par les hĂ©licoptĂšres de la police de New York. 15 personnes sont gravement blessĂ©es par lâexplosion et 20 se sont plaintes de problĂšmes cardiaques. Plus de 1 000 personnes assistent Ă des sĂ©ances individuelles ou collectives avec les Ă©quipes de psychologie et les professionnels de la santĂ© mentale mis Ă leur disposition[nyt 28].
Les 6 victimes décédées lors de l'attentat sont :
- Monica Rodriguez Smith[7], ùgée de 34 ans, secrétaire, enceinte de sept mois, alors qu'elle vérifie des feuilles de temps dans son bureau au niveau B-2 ;
- Robert « Bob » Kirkpatrick[8], ùgé de 61 ans, serrurier ;
- William « Bill » Macko[9], ùgé de 47 ans, ouvrier de maintenance ;
- Stephen A. Knapp[10], ùgé de 48 ans, responsable de la maintenance, qui déjeunait avec Robert Kirkpatrick et William Macko dans une piÚce à cÎté de bureau de Monica Smith ;
- John DiGiovanni[11], ùgé de 45 ans, représentant de commerce dentaire, qui se garait dans le parking ;
- Wilfredo Mercado[12], ùgé de 37 ans, responsable des commandes du restaurant Windows on the World, qui vérifie des commandes[nyt 29] - [nyt 30].
Fermeture des tours jumelles
L'explosion entraßne la fermeture des tours du World Trade Center. Pour limiter l'impact financier de cette fermeture, les autorités travaillent pour trouver de nouveaux bureaux pour les structures ne pouvant accéder à leurs bureaux dans les deux tours[nyt 31]. Les places d'échanges qui fixent les prix de nombreux biens allant de l'or au jus d'orange doivent rester fermées le 28 février[nyt 31].
Le mĂ©tro de New York et les lignes de train PATH sont arrĂȘtĂ©es et ne retrouvent leur plein service que le [nyt 32]. Le New York Vista Hotel n'ouvre que le , plus d'un an aprĂšs l'attentat[nyt 33].
Le travail des enquĂȘteurs sur place ralentit les travaux de reconstruction[nyt 34]. Les autoritĂ©s policiĂšres estiment Ă un mois le temps nĂ©cessaire pour rĂ©parer les dommages structurels des bĂątiments, rĂ©parer les systĂšmes de prĂ©vention incendie et l'alimentation Ă©lectrique de secours[nyt 34]. La directrice administrative et financiĂšre de la ville de New York, Elizabeth Holtzman, estime Ă 692 millions de dollars les pertes pour les entreprises et agences gouvernementales si le bĂątiment ferme une semaine et Ă 1,07 milliard de dollars pour une fermeture d'un mois[nyt 34]. La Tour 1 ouvre au milieu du mois de mars et la Tour 2 Ă la fin du mois de mars[nyt 28]. Le coĂ»t des pertes est finalement estimĂ© Ă 510 millions de dollars par l'American Insurance Services Group aprĂšs la rĂ©ouverture des deux tours[nyt 28].
EnquĂȘte policiĂšre
Bien que la cause de lâexplosion ne soit pas immĂ©diatement connue, notamment en raison de la piste du transformateur dĂ©fectueux, les agents et artificiers de lâarmĂ©e, de la police fĂ©dĂ©rale et de la police new-yorkaise comprennent rapidement la situation : lâampleur de lâexplosion est de loin supĂ©rieure Ă celle rencontrĂ©e lors de lâexplosion dâun transformateur Ă©lectrique. Le lendemain, alors qu'une explosion Ă la bombe est Ă©voquĂ©e, des mesures de sĂ©curitĂ© sont prises par prĂ©caution dans la rĂ©gion de New York[nyt 35].
L'attentat est revendiquĂ© par 50 personnes ou groupes, ce qui complique l'enquĂȘte policiĂšre[nyt 36]. Le maire de la ville David Dinkins promet depuis l'hĂŽtel de ville de New York une rĂ©compense de 100 000 dollars pour toute information menant Ă l'arrestation des responsables de l'attentat[nyt 34]. Les responsables de Port Authority annoncent doubler cette somme dans les heures qui suivent l'annonce du maire[nyt 34].
Dans les jours qui suivent lâattentat, les enquĂȘteurs examinent les dommages et recherchent les indices[nyt 37]. L'accĂšs au lieu de l'explosion et au cratĂšre qu'elle a crĂ©Ă© est rendu difficile par les nombreux dĂ©gĂąts causĂ©s au bĂątiment[nyt 25]. En ratissant les dĂ©combres du parking souterrain, un artificier localise des piĂšces provenant du vĂ©hicule utilisĂ© pour lâattaque piĂ©gĂ©e. Un numĂ©ro dâidentification du vĂ©hicule, trouvĂ© sur un essieu, permet aux enquĂȘteurs de remonter la piste jusqu'Ă lâentreprise de location de la camionnette Ă Jersey City. Les enquĂȘteurs dĂ©couvrent que la personne ayant louĂ© le vĂ©hicule est Mohammed Salameh. Salameh a dĂ©clarĂ© le vol de la camionnette et est arrĂȘtĂ© lorsqu'il revient rĂ©cupĂ©rer sa caution le [nyt 38] - [nyt 39].
Lâarrestation de Salameh conduit la police vers lâappartement d'Abdul Rahman Yasin, qu'il partage avec sa mĂšre dans le mĂȘme immeuble que Ramzi Yousef, ainsi qu'au garde-meuble de Jersey City oĂč les enquĂȘteurs trouvent une importante quantitĂ© des produits chimiques utilisĂ©s dans la fabrication de la bombe[nyt 2]. Yasin est emmenĂ© au poste de police de Newark mais est relĂąchĂ©. Le jour suivant, il sâenfuit en Irak, en passant par Amman en Jordanie. Yasin est ensuite inculpĂ© pour lâattentat. AprĂšs les attentats du , le prĂ©sident George W. Bush le place sur une liste des suspects les plus recherchĂ©s avec une prime de 25 millions de dollars[3]. En 2002, il est rĂ©vĂ©lĂ© que Yasin, la seule personne impliquĂ©e dans les attentats qui n'ait pas Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e par les services amĂ©ricains, est retenu prisonnier dans la banlieue de Bagdad depuis 1994[3]. Lorsque la journaliste Lesley Stahl le questionne le pour l'Ă©mission 60 Minutes, Yasin apparaĂźt en tenue de prisonnier, menottes aux poignets[3]. Il disparaĂźt avant lâinvasion de l'Irak en 2003 et ne donne plus signe de vie.
Fin mars 1993, Mahmud Abouhalima est arrĂȘtĂ© au Caire en Ăgypte et transfĂ©rĂ© aux Ătats-Unis pour ĂȘtre jugĂ©[nyt 40].
Lâarrestation de Salameh et de Yasin conduit les autoritĂ©s jusqu'Ă lâappartement de Ramzi Yousef, oĂč ils trouvent le matĂ©riel nĂ©cessaire Ă la fabrication dâune bombe ainsi que la carte de visite professionnelle de Mohammed Jamal Khalifa[nyt 41]. Khalifa est arrĂȘtĂ© le et expulsĂ© en Jordanie par les services de lâimmigration le . Il est acquittĂ© par un tribunal jordanien et vit libre jusqu'Ă sa mort en Arabie saoudite en 2007.
Ramzi Yousef sâenfuit au Pakistan quelques heures aprĂšs lâexplosion[nyt 42]. La police lance une recherche internationale et offre une rĂ©compense de 2 millions de dollars pour des renseignements menant Ă l'arrestation de Yousef[13]. En , Ramzi Ahmed Yousef est arrĂȘtĂ© au Pakistan Ă Islamabad et est dĂ©portĂ© aux Ătats-Unis[nyt 42]. Ă l'annonce de la nouvelle, le prĂ©sident des Ătats-Unis Bill Clinton annonce qu'il est dĂ©tenu en prison Ă Manhattan et le dĂ©crit comme un acteur majeur de l'attentat[nyt 42].
Le rĂŽle du FBI
Lors du procĂšs, il est rĂ©vĂ©lĂ© que le FBI a un informateur, un ancien officier de lâarmĂ©e Ă©gyptienne du nom dâEmad Salem[nyt 43]. Salem affirme avoir informĂ© le FBI du complot visant les tours dĂšs le . Cet informateur a profondĂ©ment infiltrĂ© la cellule terroriste au point d'avoir participĂ© Ă l'Ă©laboration de la bombe qui doit au dĂ©part ĂȘtre inoffensive. Le FBI lui demande alors de porter un micro pour confondre les terroristes. Ce dernier, butĂ©, refuse. Un bras de fer sâengage entre l'indicateur et le FBI, les renseignements amĂ©ricains le menaçant de ne plus le payer. Emad Salem dĂ©missionne alors et quitte la cellule. Pensant que l'artificier de la cellule terroriste s'est retirĂ© et qu'elle n'en a pas d'autres, le FBI enterre l'affaire. Le groupe appelle alors Ramzi Yousef en renfort pour rĂ©aliser le projet. AprĂšs l'attentat, les informations transmises par Salem permettent au FBI de trouver rapidement les instigateurs parmi des centaines de suspects[14].
Implication du service de sĂ©curitĂ© du dĂ©partement d'Ătat des Ătats-Unis
Bien que le succĂšs ait Ă©tĂ© mis au crĂ©dit du FBI, câest en rĂ©alitĂ© le service de sĂ©curitĂ© du dĂ©partement d'Ătat des Ătats-Unis, le Diplomatic Security Service, qui trouva et arrĂȘta Ramzi Ahmed Yousef, lâarchitecte des attentats du World Trade Center de 1993. Les agents spĂ©ciaux Bill Miller et Jeff Riner reçurent une information dâun complice de Ramzi Yousef sur sa localisation. La DSS arrĂȘta Yousef en coordination avec la Direction pour le renseignement inter-services du Pakistan. Les mesures de sĂ©curitĂ© mises en place par la DSS allaient de l'affectation de gardes au World Trade Center Ă des barrages restreignant l'accĂšs des vĂ©hicules Ă certaines zones. LâautoritĂ© portuaire de New York avait la responsabilitĂ© de la sĂ©curitĂ© des bĂątiments du World Trade Center. Tous les colis Ă©taient scannĂ©s Ă diffĂ©rents points de contrĂŽle avant dâĂȘtre envoyĂ©s au destinataire. AprĂšs son arrestation, Ramzi Yousef dĂ©clara aux enquĂȘteurs que les attentats contre le World Trade Center « Ă©taient seulement le dĂ©but ».
Piste irakienne
En 1995, Laurie Mylroie Ă©crit un article intitulĂ© The World Trade Center Bomb: Who is Ramzi Yousef? And Why It Matters dans la revue The National Interest dans laquelle elle dĂ©veloppe la thĂ©orie selon laquelle l'Irak de Saddam Hussein est derriĂšre l'attentat du World Trade Center de 1993 pour se venger de la Guerre du Golfe[15]. L'auteur va dĂ©velopper sa thĂ©orie et la partager dans un livre publiĂ© par le laboratoire d'idĂ©es conservateur AEI en 2000 dont le titre est Study of Revenge: Saddam Hussein's Unfinished War Against America[16]. En , lâancien directeur de la CIA James Woolsey reprend le travail de Mylroie et indique que Ramzi Yousef est selon lui un agent du renseignement irakien bien qu'il ne puisse pas le prouver[17].
Si Abdul Rahman Yasin est de nationalitĂ© irakienne, aucun lien n'a Ă©tĂ© Ă©tabli avec le gouvernement irakien[16]. Si Yousef entre aux Ătats-Unis, il indique lui-mĂȘme dans une interview au journal al-Hayat en 1995 n'avoir aucun lien avec le pays[16]. Aucune autoritĂ© officielle n'a confirmĂ© cette thĂ©orie, la procureur des procĂšs de l'attentat du World Trade Center, Mary Jo White infirmant mĂȘme celle-ci[16]. En , le Pentagone publie une enquĂȘte Ă partir de 600 000 documents rĂ©cupĂ©rĂ©s lors de lâinvasion de lâIrak en 2003 dans laquelle il Ă©carte toute connexion directe entre lâIrak de Saddam Hussein et Al-QaĂŻda[18].
Affaire judiciaire
Premier procĂšs (1993-1994)
Le premier procÚs de l'attentat du World Trade Center débute en et dure prÚs de cinq mois[nyt 5]. Le procÚs a duré en longueur, multipliant les témoins avec 207 personnes à la barre et les piÚces à conviction avec 1 003 éléments[nyt 5].
L'accusation met en Ă©vidence les contacts tĂ©lĂ©phoniques entre les diffĂ©rents acteurs et leurs demandes auprĂšs d'entreprises de produits chimiques dans diffĂ©rents Ătats[nyt 44]. Le procĂšs se concentre sur l'utilisation de la nitroglycĂ©rine[nyt 10]. Les enquĂȘteurs ont retrouvĂ© cette substance dans les diffĂ©rentes planques des accusĂ©s et notamment dans un rĂ©frigĂ©rateur au 65 avenue Baldwin Ă Jersey City[nyt 10]. Plusieurs experts tĂ©moignent de la dangerositĂ© de refroidir la nitroglycĂ©rine, notamment lors du passage de l'Ă©tat liquide Ă l'Ă©tat solide[nyt 10]. Des traces de brĂ»lure Ă l'acide sulfurique sont trouvĂ©es sur une chaussure retrouvĂ©e dans l'appartement de Mahmud Abouhalima, sans qu'il soit Ă©tabli qu'elle lui appartienne[nyt 10].
En , Salameh, Nidal Ayyad, Mahmud Abouhalima et Ahmad Ajaj sont reconnus coupables lors du procĂšs de lâattentat du World Trade Center. En , ils sont condamnĂ©s Ă 240 annĂ©es d'emprisonnement[nyt 42] - [nyt 45]. Pour expliquer la sentence, le juge fĂ©dĂ©ral Kevin Duffy indique que 180 annĂ©es de prison correspondent aux annĂ©es de vie espĂ©rĂ©es perdues par les victimes auxquelles il ajoute 30 annĂ©es supplĂ©mentaires pour chacune des deux autres charges[nyt 46].
DeuxiĂšme procĂšs (1994-1996)
Le deuxiĂšme procĂšs Ă©largit l'accusation Ă douze accusĂ©s[nyt 47]. Il est alors le plus grand procĂšs pour terrorisme se tenant sur le sol amĂ©ricain[nyt 48]. Au dĂ©but du procĂšs, l'avocat William Kunstler dĂ©fend trois des accusĂ©s, crĂ©ant confusion et conflit d'intĂ©rĂȘts puis est limitĂ© Ă la dĂ©fense unique d'Omar Abdel Rahman par le juge[nyt 48].
AprÚs un premier retournement de situation et un premier accord annulé en [nyt 49] - [nyt 50] - [nyt 51], l'immigrant soudanais Siddig Ibrahim Siddig Ali plaide coupable le et signe un accord avec les procureurs pour témoigner contre ses complices[nyt 47] - [nyt 14]. L'arrestation de Ramzi Yousef quelques jours plus tard ne perturbe pas la poursuite du procÚs[nyt 52].
Ce procÚs est également marqué par le témoignage d'Emad Salem, agent infiltré dans la cellule terroriste travaillant comme informateur pour le FBI[nyt 47]. Témoin clef de l'accusation, Salem est à la barre pendant un mois[nyt 53]. Salem a enregistré à leur insu plusieurs membres de la cellule terroriste discutant de cibles potentielles[nyt 53]. Il a également filmé quatre des accusés en train de mélanger de l'essence et du fertilisant dans un garage du Queens[nyt 53].
Dix des onze accusés sont condamnés aprÚs un procÚs de presque neuf mois[19] - [nyt 53] - [nyt 54] :
- Omar Abdel Rahman, immigrĂ© Ă©gyptien entrĂ© aux Ătats-Unis en 1990, imam aveugle, est condamnĂ© pour conspiration contre les Ătats-Unis et pour le complot visant le prĂ©sident Ă©gyptien Hosni Moubarak[nyt 53].
- El Sayyid Nosair, immigré égyptien naturalisé américain en 1989, opérateur de maintenance des climatiseurs de la cour civile de New York, est acquitté pour la conspiration de l'attentat à la bombe mais condamné pour conspiration envers le gouvernement, tentative de meurtre et possession d'armes entre autres[nyt 54].
- Ibrahim Elgabrowny, cousin d'El Sayyid Nosair, entrepreneur dans la construction à Brooklyn, est acquitté pour la conspiration de l'attentat à la bombe mais condamné pour conspiration envers le gouvernement, possession de faux passeports et faux documents d'identité, agression d'un agent de police[nyt 54].
- Clement Hampton-El, technicien dans un hĂŽpital de Brooklyn, musulman amĂ©ricain ayant combattu en Afghanistan dans les annĂ©es 1980 comme volontaire mĂ©dical, accusĂ© d'avoir fourni les armes au groupe, ĂȘtre allĂ© chercher les dĂ©tonateurs des bombes et d'organiser l'entraĂźnement de style militaire du groupe, condamnĂ© pour conspiration Ă un attentat Ă la bombe, tentative d'attentat Ă la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54]. Il tĂ©moigne avoir menti lorsqu'il a dit essayer d'obtenir des dĂ©tonateurs et dĂ©clare qu'il pensait que la cible Ă©tait un entrepĂŽt oĂč sont stockĂ©es des armes pour ĂȘtre envoyĂ©es aux Serbo-Bosniaques[nyt 55].
- Amir Abdelgani, immigré soudanais travaillant comme chauffeur, accusé d'avoir repéré des cibles et avoir aidé à mélanger l'essence au fertilisant, condamné pour conspiration à un attentat à la bombe, tentative d'attentat à la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
- Fares Khallafalla, immigré soudanais travaillant comme chauffeur, accusé d'avoir participé aux réunions de préparation à la planque, d'avoir acheté les minuteurs et le fertilisant de la bombe et d'avoir essayé d'obtenir des véhicules pour transformer des bombes, condamné pour conspiration à un attentat à la bombe, tentative d'attentat à la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
- Tarig Elhassan, immigré soudanais travaillant dans des groupes d'aides aux sans-abris, accusé d'avoir participé aux réunions de préparation à la planque et d'avoir aidé à mélanger l'essence et le fertilisant, condamné pour conspiration à un attentat à la bombe, tentative d'attentat à la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
- Mohammed Saleh, immigrĂ© jordanien travaillant dans deux stations service, accusĂ© d'avoir fourni 255 gallons d'essence â soit 965 litres â Ă la planque et d'avoir demandĂ© Ă ses employĂ©s de dĂ©truire les preuves de la transaction, plaide coupable[nyt 53] et est condamnĂ© pour conspiration Ă un attentat Ă la bombe, tentative d'attentat Ă la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
- Victor Alvarez, natif de New York, élevé à Porto Rico, mécanicien automobile et charpentier, accusé d'avoir fourni une arme pour protéger la planque, d'avoir accepté d'obtenir des voitures volées pour déplacer les bombes et d'avoir aidé à mélanger l'essence au fertilisant, condamné pour conspiration à un attentat à la bombe, tentative d'attentat à la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
En , un diplomate soudanais, le second secrĂ©taire de la mission soudanaise, Ahmed Yousif Mohamed, est expulsĂ© des Ătats-Unis pour avoir fourni des informations sur la visite du prĂ©sident Hosni Moubarak aux Nations Unies en 1993 Ă la cellule terroriste[nyt 56]. Un autre diplomate soudanais mis en cause, Siraj Yousif, a quittĂ© le pays en [nyt 56].
TroisiĂšme procĂšs (1996-1998)
En , un jury fĂ©dĂ©ral de Manhattan condamne Ramzi Yousef et Eyad Ismoil aprĂšs trois jours de dĂ©libĂ©ration[nyt 57]. La procureure Mary Jo White indique que Yousef est Ă son avis un cerveau de l'opĂ©ration mais pas le cerveau de l'opĂ©ration[nyt 57]. En , Ramzi Yousef est condamnĂ© Ă la prison Ă vie ainsi qu'Ă 240 annĂ©es de prison pour l'attentat du World Trade Center et l'opĂ©ration Bojinka[nyt 58]. Il dĂ©clare devant la cour « je suis un terroriste et je suis fier de l'ĂȘtre »[Cit 7] - [nyt 58].
HĂ©ritage
Réparations et rénovation
Port Authority crée le « Towers Fund » de 15 millions de dollars pour offrir un soutien psychologique, des aides à la Croix-rouge, et des cadeaux pour les travailleurs qui reviennent travailler dans les deux tours[20].
Le chantier de nettoyage et de réparation des dommages subis au complexe du World Trade Center est de grande ampleur[20]. Port Authority engage 45 entreprises et 4 000 travailleurs dans ce chantier de reconstruction, dont 2 700 employés en permanence uniquement pour le nettoyage pour un coût de 20 millions de dollars[20]. Il est d'abord nécessaire d'évacuer les 544 véhicules détruits dans le parking vers Brooklyn avant de débuter les travaux[20].
L'attentat a entraßné l'évacuation de plusieurs dizaines de milliers de personnes[20]. Dans la précipitation, de nombreuses clés sont perdues, entraßnant le changement de milliers de serrures et clés individuelles pour un coût de 5 millions de dollars[20].
Amélioration de la sécurité
Dans les heures qui suivent l'attentat, les responsables de Port Authority reconnaissent les failles du systĂšme d'urgence et d'Ă©vacuation du World Trade Center[nyt 18]. Ils prĂ©voient alors d'installer des lumiĂšres pour faciliter l'Ă©vacuation et de dĂ©placer les gĂ©nĂ©rateurs d'Ă©lectricitĂ© de secours Ă un Ă©tage Ă©levĂ©[nyt 18]. De nombreuses entreprises y travaillant revoient leurs procĂ©dures dâurgence, notamment les Ă©lĂ©ments concernant lâĂ©vacuation des bĂątiments. Ces procĂ©dures jouent un rĂŽle dans lâĂ©vacuation des tours lors des attentats du , qui ont dĂ©truit les Tours jumelles ainsi que l'ensemble du complexe. Un nouveau systĂšme dâalarme incendie est installĂ© pour un coĂ»t de 50 millions de dollars pour rĂ©pondre aux prĂ©occupations des locataires[20]. Le parking souterrain est dĂ©sormais fermĂ© au public et limitĂ© aux travailleurs du World Trade Center[20]. De nouvelles barriĂšres de protection Ă l'entrĂ©e sont mises en place ainsi qu'un nouveau systĂšme de vidĂ©osurveillance pour un coĂ»t annuel de 20 millions de dollars[20].
MĂ©morial
Une fontaine en granite, conçue par Elyn Zimmerman, est Ă©rigĂ©e en 1995 en mĂ©moire des victimes sur la place Austin J. Tobin, directement au-dessus de lâendroit de lâexplosion[21]. Sur la fontaine, on peut lire les noms des six personnes mortes dans l'attentat[22] ainsi que cette inscription :
La fontaine est dĂ©truite avec lâensemble du World Trade Center lors des attentats du . Un fragment de celle-ci est retrouvĂ© dans les dĂ©combres[23]. Il porte les inscriptions « mem », morceau de « memoria » et « John D. », en rĂ©fĂ©rence Ă la victime John DiGiovianni et est intĂ©grĂ© le au mĂ©morial temporaire conçu par lâarchitecte de lâadministration portuaire Jacqueline Hanley et Ă©rigĂ© sur la Liberty Street, face aux dĂ©combres du World Trade Center[23] - [nyt 59] - [nyt 60]. Le mĂ©morial n'est pas ouvert au public, mais il Ă©tait possible de lâapercevoir par-delĂ les barriĂšres.
Au MĂ©morial du 11 Septembre, ouvert en 2011 Ă l'occasion du dixiĂšme anniversaire de ces derniers attentats, les six victimes de lâacte terroriste de 1993 sont commĂ©morĂ©es sur le bassin nord, au niveau du panneau N-73[24].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « World Trade Center bombing » (voir la liste des auteurs).
Citations originales
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Notes
- Le bilan humain prend parfois en compte une septiĂšme victime, le fĆtus portĂ© par Monica Rodriguez Smith.
- La tour 1 du World Trade Center est désignée comme la tour Nord ; la tour 2 est désignée comme la tour Sud.
- Un des trois accidents causés par Mohammed Salameh, un de ses complices, à la fin de 1992 et au début de 1993
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Annexes
Articles connexes
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- (en) Charles J. Shields, The 1993 World Trade Center Bombing, Chelsea House Publishers, , 120 p. (ISBN 978-0-7910-5789-6).
- (en) Robert E. Precht, Defending Mohammad : The Unfinished Story of the 1993 World Trade Center Bombing Trial and Why It Matters Today, Justice Labs Inc., , 188 p. (ISBN 978-0-9984221-0-7).
Vidéographie
- (en) Without Warning: Terror in the Towers, film réalisé par Alan J. Levi, produit par Melnicker Entertainment, premiÚre diffusion le , 96 minutes.
- (en) Path to Paradise: The Untold Story of the World Trade Center Bombing, téléfilm réalisé par Leslie Libman et Larry Williams, produit par HBO, premiÚre diffusion le , 91 minutes.
- (en) The World Trade Center Bombing, documentaire réalisé par Joe Wiecha, produit par Discovery Channel, série The FBI Files (en), premiÚre diffusion le , 52 minutes.
- Les Routes de la terreur, deux Ă©pisodes, produit par Maha Productions, premiĂšre diffusion sur Arte le et le , 150 minutes.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (en) The World Trade Center Bombing: Report and Analysis, United States Fire Administration (en) (no USFA-TR-076), , 132 p. (lire en ligne [PDF]).
- (en) L'attentat du sur le site 911tributemuseum.org.