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Attentat du World Trade Center de 1993

L'attentat du World Trade Center de 1993 est un attentat terroriste commis le dans le parking de la tour Nord du World Trade Center[note 2] Ă  New York. Un cocktail explosif de prĂšs de 680 kg est placĂ© dans une voiture piĂ©gĂ©e avec pour objectif de faire basculer la tour Nord sur la tour Sud et de dĂ©truire ainsi le complexe, tuant des milliers de civils. ConsidĂ©rĂ©e comme un Ă©chec, l'opĂ©ration terroriste tue 6 personnes et en blesse 1 042 autres.

Attentat du World Trade Center de 1993
Image illustrative de l’article Attentat du World Trade Center de 1993
DĂ©combres du parking oĂč a eu lieu l'explosion.

Localisation New York (États-Unis)
Cible Tour 1 du World Trade Center
CoordonnĂ©es 40° 42â€Č 42″ nord, 74° 00â€Č 45″ ouest
Date
12 h 17 (UTC-5)
Type Attentat au véhicule piégé
Morts 6[note 1]
BlessĂ©s 1 042
Auteurs Ramzi Yousef
Organisations Al-QaĂŻda
Mouvance Terrorisme islamiste

Quelques jours aprĂšs l'attentat, l'enquĂȘte policiĂšre se concentre sur une cellule islamiste de Jersey City et Brooklyn autour d'Omar Abdel Rahman, surnommĂ© « le cheikh aveugle ». Le chauffeur du groupe, Mohammed Salameh, est le premier arrĂȘtĂ© et les indices mĂšnent Ă  ses diffĂ©rentes planques et complices. Le groupe de conspirateurs compte dans ses rangs Ramzi Yousef, Mahmud Abouhalima, Nidal Ayyad, Abdul Rahman Yasin et Ahmed Ajaj. Le financement de l'attentat, peu coĂ»teux, est assurĂ© par l'oncle de Ramzi Yousef, Khalid Cheikh Mohammed.

En , Abouhalima, Ajaj, Ayyad et Salameh sont condamnĂ©s pour la fabrication de la bombe Ă  240 annĂ©es d'emprisonnement chacun. Les charges retenues portent sur l’association de malfaiteurs, la destruction de propriĂ©tĂ© privĂ©e au moyen d’explosifs et le transport de ces mĂȘmes explosifs sur le territoire fĂ©dĂ©ral. En , deux autres membres de la cellule sont condamnĂ©s : Ramzi Yousef, le cerveau de l'attentat, et Eyad Ismoil, le chauffeur du camion piĂ©gĂ©.

InspirĂ© par Al-QaĂŻda, cet attentat peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le premier attentat djihadiste de l'histoire contre un pays occidental[b 1].

Préparation de l'attentat

ArrivĂ©es aux États-Unis et constitution de la cellule terroriste

Omar Abdel Rahman, surnommĂ© « le cheikh aveugle », entre aux États-Unis avec un visa touristique en bien qu'il soit sur la liste des terroristes internationaux[nyt 1]. Rahman est connu pour avoir Ă©tĂ© accusĂ© et acquittĂ© de l'assassinat du prĂ©sident Ă©gyptien Anouar el-Sadate en [nyt 2]. Guide spirituel et chef du mouvement sunnite Ă©gyptien islamiste Gamaa al-Islamiya, Rahman devient un prĂȘcheur charismatique des mosquĂ©es de Brooklyn et du New Jersey[nyt 1]. La mosquĂ©e de Brooklyn est d'ailleurs soutenue par le Maktab al-Khadamāt[nyt 1]. Le FBI enquĂȘte sur le cheikh lorsque El Sayyid Nosair est arrĂȘtĂ© dans le cadre de l'assassinat de Meir Kahane en [nyt 1]. Rahman poursuit ses prĂȘches religieux dans la mosquĂ©e Al-Salam de Jersey City situĂ© au-dessus d'un restaurant chinois[nyt 3] - [b 2] mĂȘme aprĂšs le retrait de sa carte verte en pour ne pas avoir rĂ©pondu aux services de l'immigration[nyt 1].

Mohammed Salameh entre aux États-Unis par l'aĂ©roport international John-F.-Kennedy de New York le depuis la Jordanie avec un visa touristique de six mois et y reste illĂ©galement[nyt 4] - [nyt 2]. Il s'installe Ă  Jersey City et devient un fidĂšle de la mosquĂ©e d'Omar Abdel Rahman lorsque celui-ci y prĂȘche au dĂ©but des annĂ©es 1990. Le , il tente pour la premiĂšre fois d'obtenir un permis de conduire de l'État du New Jersey et Ă©choue[nyt 3]. Il Ă©choue lors de trois autres tentatives dans le New Jersey avant de tenter sa chance Ă  New York et d'obtenir un permis de conduire le [nyt 3].

Ramzi Yousef entre sur le territoire amĂ©ricain le en premiĂšre classe dans un vol en provenance du Pakistan[nyt 5]. Il prĂ©sente un passeport irakien aux autoritĂ©s amĂ©ricaines et demande l'asile politique[nyt 3]. Le centre de dĂ©tention des services d'immigration et de naturalisation Ă©tant plein, l'administration autorise Ramzi Yousef Ă  entrer aux États-Unis et le convoque ultĂ©rieurement pour des entretiens en vue d'examiner sa demande d'asile[nyt 3]. DĂšs son arrivĂ©e, Ramzi Yousef habite avec Mohammed Salameh[nyt 3].

Ahmed Ajaj, Palestinien de 27 ans, prend le mĂȘme avion que Ramzi Yousef pour entrer aux États-Unis[nyt 5]. Les deux hommes font comme s'ils ne se connaissent pas. Livreur de pizza Ă  Houston, Ajaj essaie d’entrer avec un passeport suĂ©dois falsifiĂ© mais son manque de vĂȘtements attire l’attention des services d’immigration Ă  l’aĂ©roport John F. Kennedy[nyt 3]. Quand les fonctionnaires entreprennent des vĂ©rifications complĂ©mentaires, ils dĂ©couvrent de nombreux manuels d'utilisation de couteaux, grenades, poisons, armes et sur la fabrication de cocktails Molotov et autres bombes dans ses bagages[nyt 3]. Abu Barra, le nom d’emprunt de Mohammed Jamal Khalifa, apparaĂźt sur des plans.

  • La cellule terroriste de l'attentat du World Trade Center de 1993
  • Ramzi Yousef.
    Ramzi Yousef.
  • Mohammed Salameh.
    Mohammed Salameh.
  • Ahmed Ajaj.
    Ahmed Ajaj.
  • Eyad Ismoil.
    Eyad Ismoil.
  • Mahmud Abouhalima.
    Mahmud Abouhalima.
  • Photographie .
    Nidal Ayyad.
  • Photographie d'un homme assis sur un canapĂ© avec une barbe blanche, portant des lunettes de soleil et un bonnet.
  • Abdul Rahman Yasin (en 2002).

Fabrication de la bombe

Le , Mohammed Salameh acquiert un garde-meuble Ă  Jersey City sous le nom de Kamal Ibraham[nyt 3]. Il justifie la location par la crĂ©ation d'une entreprise avec des amis[nyt 3]. Sur le contrat de location, il Ă©crit le nom de six associĂ©s qui ont accĂšs Ă  l'espace de stockage[nyt 3]. Le , Mohammed Salameh et Ramzi Yousef changent d'habitation et s'installent dans un appartement au 40 avenue Pamrapo Ă  Jersey City[nyt 3]. Le , Mohammed Salameh, en tant que conducteur, et Ramzi Yousef en tant que passager, ont un accident de voiture Ă  proximitĂ© du complexe immobilier oĂč vit Mahmud Abouhalima[nyt 3] - [note 3]. Yousef est hospitalisĂ© et y reste jusqu'au , obtenant un report de son audience d'immigration[nyt 3].

Sous le nom de Kemal Ibraham, Ramzi Yousef commande les produits chimiques en plusieurs fois, par téléphone, à une entreprise locale de Jersey City[nyt 6].

Le , Nidal Ayyad loue une voiture Ă  Newark et ajoute Salameh comme conducteur supplĂ©mentaire[nyt 3]. Le , Mohammed Salameh loue une camionnette jaune de type Econoline auprĂšs de la compagnie Ryder[nyt 3] - [nyt 7]. À la veille de l'attentat, le groupe reçoit une livraison d'hydrogĂšne comprimĂ©[nyt 3].

Dans l’appartement de Nosair dans le New Jersey, la police trouve des dizaines de plans de la fabrication de bombes et de documents liĂ©s au complot terroriste, ainsi que des manuels du centre de formation des forces spĂ©ciales de Fort Bragg, des mĂ©mos secrets du ComitĂ© des chefs d’États-majors interarmĂ©es et 1 440 piĂšces de munitions.

Caractéristiques de la bombe

Ramzi Yousef est assistĂ© de l'artificier irakien Abdul Rahman Yasin pour assembler la bombe d'environ 590 kilogrammes. Selon des experts, la bombe est simple d'assemblage et peut ĂȘtre fabriquĂ©e par presque tout le monde Ă  l'aide de manuels obtenus dans les librairies[nyt 8]. L'une des spĂ©cificitĂ©s de la bombe est le faible coĂ»t de ses composants, qui ont Ă©tĂ© achetĂ©s pour un peu plus de 400 dollars[nyt 8].

La bombe est principalement constituĂ©e de nitrate d'ammonium, un ingrĂ©dient commun de nombreux engrais[nyt 8] - [1]. Les deux autres substances chimiques utilisĂ©es sont l'acide nitrique et l'acide sulfurique, deux produits qui ne nĂ©cessitent pas d'autorisation Ă  l'achat, contrairement Ă  des explosifs ou de la dynamite[nyt 9]. Autour du cƓur de la bombe, les terroristes placĂšrent de l’aluminium, du magnĂ©sium et des particules d’oxyde de fer. L’amorçage de la bombe se fait par l’intermĂ©diaire d’une charge explosive composĂ©e de nitroglycĂ©rine[nyt 8], de dynamite, de poudre sans fumĂ©e et d’une mĂšche. La nitroglycĂ©rine est considĂ©rĂ©e comme un explosif instable qui peut exploser Ă  la suite d'une petite vibration[nyt 10]. Trois rĂ©servoirs d’hydrogĂšne Ă©taient Ă©galement placĂ©s autour de la charge explosive, afin d’amĂ©liorer la combustion des particules de fer.

L'usage de bouteilles de gaz comprimĂ© ressemble fortement aux mĂ©thodes employĂ©es lors de l’attentat du Drakkar Ă  Beyrouth en 1983[nyt 11]. Lors de ces deux attentats, des bouteilles d’air comprimĂ© sont utilisĂ©es pour produire une explosion de type thermobarique, qui produit davantage d’énergie que les explosifs conventionnels de haute puissance. Selon un tĂ©moignage recueilli lors du procĂšs, le FBI n’a enregistrĂ© qu’un seul attentat utilisant une bombe Ă  base de nitrate d’urĂ©e.

La camionnette louĂ©e par le groupe terroriste dispose d’un volume utile de 8,4 m3, ce qui correspond Ă  910 kilogrammes d’explosifs[nyt 12]. Cependant, la camionnette n'est pas remplie au maximum de ses capacitĂ©s. Yousef utilise une mĂšche de 6 mĂštres qu’il place dans un tube chirurgical. Yasin a estimĂ© que ce dĂ©tonateur actionnerait la bombe douze minutes aprĂšs avoir Ă©tĂ© allumĂ©e par un briquet.

Yousef veut que la fumĂ©e reste dans la tour, afin que le public puisse voir les gens s’asphyxier Ă  petit feu. Il a prĂ©vu que la tour Nord s’effondre sur la tour Sud aprĂšs l’explosion.

La rumeur persiste quant Ă  la prĂ©sence de cyanure dans la bombe, croyance renforcĂ©e par le juge Kevin Duffy lors de la sentence : « Vous aviez Ă  votre disposition du cyanure de sodium, et je suis certain que vous en avez fait usage pour la fabrication de la bombe. » Cependant, l’examen des lieux ne permit pas d’établir avec certitude la composition de la bombe et Robert Blitzer, un agent expĂ©rimentĂ© du FBI qui a travaillĂ© sur l’affaire affirma qu’il n’y avait aucun Ă©lĂ©ment scientifique prouvant la prĂ©sence de cyanure de sodium sur le site de l’explosion. De plus, le journaliste Peter Lance estime que Yousef a seulement envisagĂ© la possibilitĂ© d’ajouter du cyanure Ă  l’explosif, et qu’il regrettait de ne pas l’avoir fait.

Revendications et motivations

Ramzi Yousef envoie des lettres Ă  plusieurs journaux new-yorkais Ă  une date indĂ©finie autour de l'attentat dans lesquelles il se rĂ©clame du cinquiĂšme bataillon de l’ArmĂ©e de LibĂ©ration[nyt 13]. L'un des mĂ©dias new-yorkais, The New York Times, reçoit ce courrier quatre jours aprĂšs l'attentat et le transmet Ă  la police qui l'authentifie[nyt 13]. Cette lettre d'une page indique que l'attentat est une rĂ©ponse au « soutien politique, Ă©conomique et militaire amĂ©ricain Ă  IsraĂ«l, le pays du terrorisme et aux autres dictatures de la rĂ©gion »[Cit 1] - [nyt 13]. Ces lettres comportent trois demandes : la fin de l’aide amĂ©ricaine Ă  IsraĂ«l, la fin des relations diplomatiques israĂ©lo-amĂ©ricaines et la fin de toute ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures des pays du Moyen-Orient[nyt 13]. La lettre affirme que si ces demandes ne sont pas satisfaites, l'ArmĂ©e de LibĂ©ration « va continuer Ă  exĂ©cuter ses missions comme des cibles militaires et civiles »[Cit 2] et a « plus de 150 soldats kamikazes prĂȘts Ă  passer Ă  l'action »[Cit 3], mentionnant de « potentielles cibles nuclĂ©aires »[Cit 4] - [nyt 13].

Dans ses communiquĂ©s, Yousef concĂšde que les attaques contre le World Trade Center sont un acte de terrorisme, mais que celui-ci est justifiĂ© parce que le « terrorisme dont IsraĂ«l fait usage (et que les États-Unis soutiennent) doit ĂȘtre considĂ©rĂ© sur un mĂȘme pied d’égalitĂ© ». Le plan initial des terroristes est que l’explosion du camion piĂ©gĂ© fasse basculer la tour Nord sur la tour Sud, entraĂźnant l’effondrement des deux tours[b 3].

Les premiĂšres cibles de la cellule terroriste incluent le prĂ©sident Ă©gyptien Hosni Moubarak, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies Boutros Boutros-Ghali, le sĂ©nateur de l'État de New York Alfonse D'Amato, le membre de l'assemblĂ©e de New York Dov Hikind, les tunnels Lincoln et Holland et surtout le SiĂšge des Nations unies[2]. Siddig Ibrahim Siddig Ali indique en 1995 que le groupe a envisagĂ© d'enlever l'ancien prĂ©sident des États-Unis Richard Nixon et l'ancien secrĂ©taire d'État Henry Kissinger comme monnaie d'Ă©change pour obtenir la libĂ©ration d'El Sayyid Nosair[nyt 14]. L’écrivain Simon Reeve Ă©met l’hypothĂšse que quelque chose s’est mal passĂ©, en raison par exemple du niveau de sĂ©curitĂ© et que la destination finale du camion piĂ©gĂ© a Ă©tĂ© modifiĂ©e.

Dans l'Ă©mission 60 Minutes enregistrĂ©e le et diffusĂ©e dĂ©but juin, Abdul Rahman Yasin indique que le plan initial du groupe est de tuer des individus de confession juive dans le quartier de Brooklyn[3] - [nyt 15]. AprĂšs avoir repĂ©rĂ© les quartiers de Williamsburg et Crown Heights, Ramzi Yousef a une autre idĂ©e : faire une grande explosion plutĂŽt que plusieurs petites explosions[nyt 15]. Il cible alors le World Trade Center oĂč selon lui, la majoritĂ© des personnes qui y travaillent sont juives[Cit 5] - [nyt 15]. Yasin indique dans l'interview que cet attentat est « une vengeance pour mes frĂšres palestiniens et mes frĂšres en Arabie saoudite »[Cit 6] - [nyt 15].

Attentat

Explosion de la voiture piégée

Schéma des dommages causés aux différents niveaux des sous-sols du World Trade Center par l'explosion.

À 4 h du matin le , la camionnette piĂ©gĂ©e jaune est stationnĂ©e Ă  une station service ouverte de nuit du boulevard Kennedy Ă  Jersey City[nyt 3]. En ce vendredi d'hiver, il neige dans le sud de Manhattan[b 4].

Ramzi Yousef et son ami jordanien Eyad Ismoil conduisent une camionnette de location dans le quartier de Lower Manhattan. Ils dĂ©posent le vĂ©hicule dans la partie rĂ©servĂ©e aux services secrets au niveau B-2 du parking souterrain du World Trade Center vers midi. Yousef dĂ©clenche le dĂ©tonateur et s’enfuit. À 12 h 17 min 37 s, la bombe explose dans le parking souterrain, produisant une pression estimĂ©e Ă  10 335 bar. L’explosion, qui ressemble Ă  un tremblement de terre[nyt 16], fait un cratĂšre de 30 mĂštres de diamĂštre[nyt 17], et sur 60 mĂštres de profondeur sur six niveaux de sous-sol[4]. La vitesse de dĂ©tonation est d’environ 4,5 km/s. L'explosion endommage le centre de commande d'urgence du bĂątiment et pulvĂ©rise le systĂšme de contrĂŽle de la ventilation des bĂątiments[nyt 18]. Cinq des huit lignes d'alimentation en courant Ă©lectrique sont coupĂ©es et des canalisations domestiques situĂ©es au niveau B-6 sont dĂ©truites, inondant la piĂšce oĂč sont disposĂ©s les gĂ©nĂ©rateurs de secours[nyt 18] - [b 5].

La bombe cause immĂ©diatement une coupure gĂ©nĂ©rale de courant, dĂ©clenchant le systĂšme d’éclairage de secours. La fumĂ©e de l’explosion, en l’absence de pressurisation des cages d’escalier, atteint le 93e Ă©tage de chacune des deux tours. Cette Ă©paisse fumĂ©e ralentit l’évacuation des occupants, dont beaucoup sont intoxiquĂ©s par leur inhalation[nyt 17]. Des centaines de personnes sont piĂ©gĂ©es dans les ascenseurs lors de la coupure d’électricitĂ© qui dure 7 heures[nyt 17] - [5]. Un groupe de 17 enfants de maternelle est bloquĂ© prĂšs de 5 heures aprĂšs leur visite de la terrasse panoramique de la tour Sud[nyt 19].

Une consĂ©quence secondaire de la coupure de courant est l’arrĂȘt des transmissions hertziennes des tĂ©lĂ©visions et des radios locales pendant prĂšs d’une semaine[nyt 17] - [nyt 20]. Les communications tĂ©lĂ©phoniques sont pour la plupart interrompues dans le quartier de Lower Manhattan. Les premiĂšres informations relayĂ©es dans les mĂ©dias font Ă©tat de l’explosion d’un des principaux transformateurs Ă©lectriques, sans envisager l’hypothĂšse de l’explosion d’une bombe dans le sous-sol. Peu de gens se trouvent dans le parking Ă  l'heure de l'explosion.

L'attentat crĂ©e une vague de panique dans la ville[nyt 21]. Plus de 16 000 appels tĂ©lĂ©phoniques sont passĂ©s au 911 dans les huit heures suivant l'attentat contre 5 500 appels pour une journĂ©e ordinaire[nyt 21]. Un autre centre d'appel est mis en place dans l'aprĂšs-midi et reçoit lui aussi 3 000 appels en quelques heures[nyt 21]. Quatre heures aprĂšs l'explosion, une alerte Ă  la bombe provoque l'Ă©vacuation de l'Empire State Building[nyt 17] - [nyt 21]. Entre 14 h et 21 h, la ville de New York reçoit 69 menaces d'attentat Ă  la bombe, en nette hausse face aux 7 Ă  10 menaces quotidiennes[nyt 21].

Secours

Les secours présents sur la West Side Highway, longeant le World Trade Center (à droite), aprÚs l'explosion.

Les premiĂšres Ă©quipes de pompiers intervenant sur l'attentat constatent que le feu est plus important qu'une simple explosion de transformateur Ă©lectrique[b 6]. Descendant dans les niveaux infĂ©rieurs du bĂątiment, elles dĂ©couvrent un niveau B-2 complĂštement dĂ©truit[b 7]. Quatre personnes travaillant Ă  cet Ă©tage sont trouvĂ©es mortes et dĂ©placĂ©es dans une morgue temporaire mise en place dans le Vista Hotel[b 8]. Les secours Ă©vacuent 16 individus bloquĂ©s sous les dĂ©bris dans les restes d'un vestiaire Ă  proximitĂ© de l'Ă©picentre de l'explosion ainsi que plusieurs personnes qui sont tombĂ©es dans le cratĂšre[b 8].

Les Ă©quipes de secours se concentrent alors sur l'Ă©vacuation des deux tours oĂč la fumĂ©e envahissante menace les occupants[b 8]. Le plan d'Ă©vacuation du World Trade Center est « dĂ©truit » par l'explosion selon son directeur Charles Maikish[nyt 22]. Les secours ne disposent plus du bureau de la police et du centre des opĂ©rations du complexe[nyt 22]. Sans Ă©lectricitĂ©, ni tĂ©lĂ©phone, ni tĂ©lĂ©vision, ni haut-parleurs pour communiquer avec les occupants des bĂątiments, les secours doivent improviser[nyt 22]. Sans indication, les travailleurs du bĂątiment doivent trouver par eux-mĂȘmes les sorties[nyt 22]. Le bĂątiment est exemptĂ© de suivre les lois locales et la rĂ©glementation de la ville de New York concernant la sĂ©curitĂ© et la sĂ»retĂ© depuis 1962[nyt 23].

Les véhicules de police, de pompiers et d'ambulances se massent sur dix pùtés de maisons autour des tours[nyt 22]. Six personnes dont une femme enceinte sont évacués par hélicoptÚre depuis le toit de la Tour 1[nyt 22]. La Croix-Rouge américaine est également présente pour prendre en charge les premiers blessés[nyt 22]. Dans l'aprÚs-midi, plusieurs centaines de policiers et de pompiers entrent dans le bùtiment pour évacuer les personnes à travers la fumée[nyt 22]. Des tentes de secours mobiles sont installées le long de la DouziÚme avenue[nyt 24].

En combattant l’incendie et ses consĂ©quences, 88 pompiers sont blessĂ©s dont un nĂ©cessitant une hospitalisation, 35 officiers de police et un employĂ© de la poste sont blessĂ©s[b 4]. Le pompier hospitalisĂ©, Kevin Shea, est tombĂ© dans le cratĂšre en tentant d'aider une victime piĂ©gĂ©e dans les dĂ©combres dans la premiĂšre heure d'intervention des secouristes, nĂ©cessitant une opĂ©ration mĂ©dicale importante[b 9].

Victimes

Le bassin nord du Mémorial du 11 Septembre (panneau N-73) présente les noms des victimes de l'attentat de 1993, aprÚs l'anéantissement du précédent mémorial en 2001.

Le premier bilan humain de l'attentat fait Ă©tat de cinq morts[nyt 17] - [nyt 25]. Wilfredo Mercado, acheteur du Vista Hotel et du restaurant Windows on the World, est portĂ© disparu[nyt 25] - [nyt 26]. AprĂšs 17 jours de recherche son corps est retrouvĂ©, aprĂšs avoir Ă©chappĂ© aux recherches des chiens et par dĂ©tecteur thermique, trois Ă©tages sous son bureau[nyt 27].

En tout, six personnes sont tuĂ©es et 1 042 autres blessĂ©es, la plupart durant l’évacuation qui a suivi l’explosion[6]. Un rapport de l’organisation fĂ©dĂ©rale des pompiers indique que parmi les dizaines de personnes qui fuient par les toits des tours, 28 d’entre elles ont des antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux et doivent ĂȘtre Ă©vacuĂ©es par les hĂ©licoptĂšres de la police de New York. 15 personnes sont gravement blessĂ©es par l’explosion et 20 se sont plaintes de problĂšmes cardiaques. Plus de 1 000 personnes assistent Ă  des sĂ©ances individuelles ou collectives avec les Ă©quipes de psychologie et les professionnels de la santĂ© mentale mis Ă  leur disposition[nyt 28].

Les 6 victimes décédées lors de l'attentat sont :

  • Monica Rodriguez Smith[7], ĂągĂ©e de 34 ans, secrĂ©taire, enceinte de sept mois, alors qu'elle vĂ©rifie des feuilles de temps dans son bureau au niveau B-2 ;
  • Robert « Bob » Kirkpatrick[8], ĂągĂ© de 61 ans, serrurier ;
  • William « Bill » Macko[9], ĂągĂ© de 47 ans, ouvrier de maintenance ;
  • Stephen A. Knapp[10], ĂągĂ© de 48 ans, responsable de la maintenance, qui dĂ©jeunait avec Robert Kirkpatrick et William Macko dans une piĂšce Ă  cĂŽtĂ© de bureau de Monica Smith ;
  • John DiGiovanni[11], ĂągĂ© de 45 ans, reprĂ©sentant de commerce dentaire, qui se garait dans le parking ;
  • Wilfredo Mercado[12], ĂągĂ© de 37 ans, responsable des commandes du restaurant Windows on the World, qui vĂ©rifie des commandes[nyt 29] - [nyt 30].

Fermeture des tours jumelles

L'explosion entraßne la fermeture des tours du World Trade Center. Pour limiter l'impact financier de cette fermeture, les autorités travaillent pour trouver de nouveaux bureaux pour les structures ne pouvant accéder à leurs bureaux dans les deux tours[nyt 31]. Les places d'échanges qui fixent les prix de nombreux biens allant de l'or au jus d'orange doivent rester fermées le 28 février[nyt 31].

Le mĂ©tro de New York et les lignes de train PATH sont arrĂȘtĂ©es et ne retrouvent leur plein service que le [nyt 32]. Le New York Vista Hotel n'ouvre que le , plus d'un an aprĂšs l'attentat[nyt 33].

Le travail des enquĂȘteurs sur place ralentit les travaux de reconstruction[nyt 34]. Les autoritĂ©s policiĂšres estiment Ă  un mois le temps nĂ©cessaire pour rĂ©parer les dommages structurels des bĂątiments, rĂ©parer les systĂšmes de prĂ©vention incendie et l'alimentation Ă©lectrique de secours[nyt 34]. La directrice administrative et financiĂšre de la ville de New York, Elizabeth Holtzman, estime Ă  692 millions de dollars les pertes pour les entreprises et agences gouvernementales si le bĂątiment ferme une semaine et Ă  1,07 milliard de dollars pour une fermeture d'un mois[nyt 34]. La Tour 1 ouvre au milieu du mois de mars et la Tour 2 Ă  la fin du mois de mars[nyt 28]. Le coĂ»t des pertes est finalement estimĂ© Ă  510 millions de dollars par l'American Insurance Services Group aprĂšs la rĂ©ouverture des deux tours[nyt 28].

EnquĂȘte policiĂšre

Bien que la cause de l’explosion ne soit pas immĂ©diatement connue, notamment en raison de la piste du transformateur dĂ©fectueux, les agents et artificiers de l’armĂ©e, de la police fĂ©dĂ©rale et de la police new-yorkaise comprennent rapidement la situation : l’ampleur de l’explosion est de loin supĂ©rieure Ă  celle rencontrĂ©e lors de l’explosion d’un transformateur Ă©lectrique. Le lendemain, alors qu'une explosion Ă  la bombe est Ă©voquĂ©e, des mesures de sĂ©curitĂ© sont prises par prĂ©caution dans la rĂ©gion de New York[nyt 35].

L'attentat est revendiquĂ© par 50 personnes ou groupes, ce qui complique l'enquĂȘte policiĂšre[nyt 36]. Le maire de la ville David Dinkins promet depuis l'hĂŽtel de ville de New York une rĂ©compense de 100 000 dollars pour toute information menant Ă  l'arrestation des responsables de l'attentat[nyt 34]. Les responsables de Port Authority annoncent doubler cette somme dans les heures qui suivent l'annonce du maire[nyt 34].

Dans les jours qui suivent l’attentat, les enquĂȘteurs examinent les dommages et recherchent les indices[nyt 37]. L'accĂšs au lieu de l'explosion et au cratĂšre qu'elle a crĂ©Ă© est rendu difficile par les nombreux dĂ©gĂąts causĂ©s au bĂątiment[nyt 25]. En ratissant les dĂ©combres du parking souterrain, un artificier localise des piĂšces provenant du vĂ©hicule utilisĂ© pour l’attaque piĂ©gĂ©e. Un numĂ©ro d’identification du vĂ©hicule, trouvĂ© sur un essieu, permet aux enquĂȘteurs de remonter la piste jusqu'Ă  l’entreprise de location de la camionnette Ă  Jersey City. Les enquĂȘteurs dĂ©couvrent que la personne ayant louĂ© le vĂ©hicule est Mohammed Salameh. Salameh a dĂ©clarĂ© le vol de la camionnette et est arrĂȘtĂ© lorsqu'il revient rĂ©cupĂ©rer sa caution le [nyt 38] - [nyt 39].

L’arrestation de Salameh conduit la police vers l’appartement d'Abdul Rahman Yasin, qu'il partage avec sa mĂšre dans le mĂȘme immeuble que Ramzi Yousef, ainsi qu'au garde-meuble de Jersey City oĂč les enquĂȘteurs trouvent une importante quantitĂ© des produits chimiques utilisĂ©s dans la fabrication de la bombe[nyt 2]. Yasin est emmenĂ© au poste de police de Newark mais est relĂąchĂ©. Le jour suivant, il s’enfuit en Irak, en passant par Amman en Jordanie. Yasin est ensuite inculpĂ© pour l’attentat. AprĂšs les attentats du , le prĂ©sident George W. Bush le place sur une liste des suspects les plus recherchĂ©s avec une prime de 25 millions de dollars[3]. En 2002, il est rĂ©vĂ©lĂ© que Yasin, la seule personne impliquĂ©e dans les attentats qui n'ait pas Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e par les services amĂ©ricains, est retenu prisonnier dans la banlieue de Bagdad depuis 1994[3]. Lorsque la journaliste Lesley Stahl le questionne le pour l'Ă©mission 60 Minutes, Yasin apparaĂźt en tenue de prisonnier, menottes aux poignets[3]. Il disparaĂźt avant l’invasion de l'Irak en 2003 et ne donne plus signe de vie.

Fin mars 1993, Mahmud Abouhalima est arrĂȘtĂ© au Caire en Égypte et transfĂ©rĂ© aux États-Unis pour ĂȘtre jugĂ©[nyt 40].

L’arrestation de Salameh et de Yasin conduit les autoritĂ©s jusqu'Ă  l’appartement de Ramzi Yousef, oĂč ils trouvent le matĂ©riel nĂ©cessaire Ă  la fabrication d’une bombe ainsi que la carte de visite professionnelle de Mohammed Jamal Khalifa[nyt 41]. Khalifa est arrĂȘtĂ© le et expulsĂ© en Jordanie par les services de l’immigration le . Il est acquittĂ© par un tribunal jordanien et vit libre jusqu'Ă  sa mort en Arabie saoudite en 2007.

Ramzi Yousef s’enfuit au Pakistan quelques heures aprĂšs l’explosion[nyt 42]. La police lance une recherche internationale et offre une rĂ©compense de 2 millions de dollars pour des renseignements menant Ă  l'arrestation de Yousef[13]. En , Ramzi Ahmed Yousef est arrĂȘtĂ© au Pakistan Ă  Islamabad et est dĂ©portĂ© aux États-Unis[nyt 42]. À l'annonce de la nouvelle, le prĂ©sident des États-Unis Bill Clinton annonce qu'il est dĂ©tenu en prison Ă  Manhattan et le dĂ©crit comme un acteur majeur de l'attentat[nyt 42].

Le rĂŽle du FBI

Lors du procĂšs, il est rĂ©vĂ©lĂ© que le FBI a un informateur, un ancien officier de l’armĂ©e Ă©gyptienne du nom d’Emad Salem[nyt 43]. Salem affirme avoir informĂ© le FBI du complot visant les tours dĂšs le . Cet informateur a profondĂ©ment infiltrĂ© la cellule terroriste au point d'avoir participĂ© Ă  l'Ă©laboration de la bombe qui doit au dĂ©part ĂȘtre inoffensive. Le FBI lui demande alors de porter un micro pour confondre les terroristes. Ce dernier, butĂ©, refuse. Un bras de fer s’engage entre l'indicateur et le FBI, les renseignements amĂ©ricains le menaçant de ne plus le payer. Emad Salem dĂ©missionne alors et quitte la cellule. Pensant que l'artificier de la cellule terroriste s'est retirĂ© et qu'elle n'en a pas d'autres, le FBI enterre l'affaire. Le groupe appelle alors Ramzi Yousef en renfort pour rĂ©aliser le projet. AprĂšs l'attentat, les informations transmises par Salem permettent au FBI de trouver rapidement les instigateurs parmi des centaines de suspects[14].

Implication du service de sĂ©curitĂ© du dĂ©partement d'État des États-Unis

Les dégùts causés par l'explosion, photographiés par les agents de la DSS.

Bien que le succĂšs ait Ă©tĂ© mis au crĂ©dit du FBI, c’est en rĂ©alitĂ© le service de sĂ©curitĂ© du dĂ©partement d'État des États-Unis, le Diplomatic Security Service, qui trouva et arrĂȘta Ramzi Ahmed Yousef, l’architecte des attentats du World Trade Center de 1993. Les agents spĂ©ciaux Bill Miller et Jeff Riner reçurent une information d’un complice de Ramzi Yousef sur sa localisation. La DSS arrĂȘta Yousef en coordination avec la Direction pour le renseignement inter-services du Pakistan. Les mesures de sĂ©curitĂ© mises en place par la DSS allaient de l'affectation de gardes au World Trade Center Ă  des barrages restreignant l'accĂšs des vĂ©hicules Ă  certaines zones. L’autoritĂ© portuaire de New York avait la responsabilitĂ© de la sĂ©curitĂ© des bĂątiments du World Trade Center. Tous les colis Ă©taient scannĂ©s Ă  diffĂ©rents points de contrĂŽle avant d’ĂȘtre envoyĂ©s au destinataire. AprĂšs son arrestation, Ramzi Yousef dĂ©clara aux enquĂȘteurs que les attentats contre le World Trade Center « Ă©taient seulement le dĂ©but ».

Piste irakienne

En 1995, Laurie Mylroie Ă©crit un article intitulĂ© The World Trade Center Bomb: Who is Ramzi Yousef? And Why It Matters dans la revue The National Interest dans laquelle elle dĂ©veloppe la thĂ©orie selon laquelle l'Irak de Saddam Hussein est derriĂšre l'attentat du World Trade Center de 1993 pour se venger de la Guerre du Golfe[15]. L'auteur va dĂ©velopper sa thĂ©orie et la partager dans un livre publiĂ© par le laboratoire d'idĂ©es conservateur AEI en 2000 dont le titre est Study of Revenge: Saddam Hussein's Unfinished War Against America[16]. En , l’ancien directeur de la CIA James Woolsey reprend le travail de Mylroie et indique que Ramzi Yousef est selon lui un agent du renseignement irakien bien qu'il ne puisse pas le prouver[17].

Si Abdul Rahman Yasin est de nationalitĂ© irakienne, aucun lien n'a Ă©tĂ© Ă©tabli avec le gouvernement irakien[16]. Si Yousef entre aux États-Unis, il indique lui-mĂȘme dans une interview au journal al-Hayat en 1995 n'avoir aucun lien avec le pays[16]. Aucune autoritĂ© officielle n'a confirmĂ© cette thĂ©orie, la procureur des procĂšs de l'attentat du World Trade Center, Mary Jo White infirmant mĂȘme celle-ci[16]. En , le Pentagone publie une enquĂȘte Ă  partir de 600 000 documents rĂ©cupĂ©rĂ©s lors de l’invasion de l’Irak en 2003 dans laquelle il Ă©carte toute connexion directe entre l’Irak de Saddam Hussein et Al-QaĂŻda[18].

Affaire judiciaire

Premier procĂšs (1993-1994)

Le premier procĂšs de l'attentat du World Trade Center dĂ©bute en et dure prĂšs de cinq mois[nyt 5]. Le procĂšs a durĂ© en longueur, multipliant les tĂ©moins avec 207 personnes Ă  la barre et les piĂšces Ă  conviction avec 1 003 Ă©lĂ©ments[nyt 5].

L'accusation met en Ă©vidence les contacts tĂ©lĂ©phoniques entre les diffĂ©rents acteurs et leurs demandes auprĂšs d'entreprises de produits chimiques dans diffĂ©rents États[nyt 44]. Le procĂšs se concentre sur l'utilisation de la nitroglycĂ©rine[nyt 10]. Les enquĂȘteurs ont retrouvĂ© cette substance dans les diffĂ©rentes planques des accusĂ©s et notamment dans un rĂ©frigĂ©rateur au 65 avenue Baldwin Ă  Jersey City[nyt 10]. Plusieurs experts tĂ©moignent de la dangerositĂ© de refroidir la nitroglycĂ©rine, notamment lors du passage de l'Ă©tat liquide Ă  l'Ă©tat solide[nyt 10]. Des traces de brĂ»lure Ă  l'acide sulfurique sont trouvĂ©es sur une chaussure retrouvĂ©e dans l'appartement de Mahmud Abouhalima, sans qu'il soit Ă©tabli qu'elle lui appartienne[nyt 10].

En , Salameh, Nidal Ayyad, Mahmud Abouhalima et Ahmad Ajaj sont reconnus coupables lors du procĂšs de l’attentat du World Trade Center. En , ils sont condamnĂ©s Ă  240 annĂ©es d'emprisonnement[nyt 42] - [nyt 45]. Pour expliquer la sentence, le juge fĂ©dĂ©ral Kevin Duffy indique que 180 annĂ©es de prison correspondent aux annĂ©es de vie espĂ©rĂ©es perdues par les victimes auxquelles il ajoute 30 annĂ©es supplĂ©mentaires pour chacune des deux autres charges[nyt 46].

DeuxiĂšme procĂšs (1994-1996)

Le deuxiĂšme procĂšs Ă©largit l'accusation Ă  douze accusĂ©s[nyt 47]. Il est alors le plus grand procĂšs pour terrorisme se tenant sur le sol amĂ©ricain[nyt 48]. Au dĂ©but du procĂšs, l'avocat William Kunstler dĂ©fend trois des accusĂ©s, crĂ©ant confusion et conflit d'intĂ©rĂȘts puis est limitĂ© Ă  la dĂ©fense unique d'Omar Abdel Rahman par le juge[nyt 48].

AprÚs un premier retournement de situation et un premier accord annulé en [nyt 49] - [nyt 50] - [nyt 51], l'immigrant soudanais Siddig Ibrahim Siddig Ali plaide coupable le et signe un accord avec les procureurs pour témoigner contre ses complices[nyt 47] - [nyt 14]. L'arrestation de Ramzi Yousef quelques jours plus tard ne perturbe pas la poursuite du procÚs[nyt 52].

Ce procÚs est également marqué par le témoignage d'Emad Salem, agent infiltré dans la cellule terroriste travaillant comme informateur pour le FBI[nyt 47]. Témoin clef de l'accusation, Salem est à la barre pendant un mois[nyt 53]. Salem a enregistré à leur insu plusieurs membres de la cellule terroriste discutant de cibles potentielles[nyt 53]. Il a également filmé quatre des accusés en train de mélanger de l'essence et du fertilisant dans un garage du Queens[nyt 53].

Dix des onze accusés sont condamnés aprÚs un procÚs de presque neuf mois[19] - [nyt 53] - [nyt 54] :

  • Omar Abdel Rahman, immigrĂ© Ă©gyptien entrĂ© aux États-Unis en 1990, imam aveugle, est condamnĂ© pour conspiration contre les États-Unis et pour le complot visant le prĂ©sident Ă©gyptien Hosni Moubarak[nyt 53].
  • El Sayyid Nosair, immigrĂ© Ă©gyptien naturalisĂ© amĂ©ricain en 1989, opĂ©rateur de maintenance des climatiseurs de la cour civile de New York, est acquittĂ© pour la conspiration de l'attentat Ă  la bombe mais condamnĂ© pour conspiration envers le gouvernement, tentative de meurtre et possession d'armes entre autres[nyt 54].
  • Ibrahim Elgabrowny, cousin d'El Sayyid Nosair, entrepreneur dans la construction Ă  Brooklyn, est acquittĂ© pour la conspiration de l'attentat Ă  la bombe mais condamnĂ© pour conspiration envers le gouvernement, possession de faux passeports et faux documents d'identitĂ©, agression d'un agent de police[nyt 54].
  • Clement Hampton-El, technicien dans un hĂŽpital de Brooklyn, musulman amĂ©ricain ayant combattu en Afghanistan dans les annĂ©es 1980 comme volontaire mĂ©dical, accusĂ© d'avoir fourni les armes au groupe, ĂȘtre allĂ© chercher les dĂ©tonateurs des bombes et d'organiser l'entraĂźnement de style militaire du groupe, condamnĂ© pour conspiration Ă  un attentat Ă  la bombe, tentative d'attentat Ă  la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54]. Il tĂ©moigne avoir menti lorsqu'il a dit essayer d'obtenir des dĂ©tonateurs et dĂ©clare qu'il pensait que la cible Ă©tait un entrepĂŽt oĂč sont stockĂ©es des armes pour ĂȘtre envoyĂ©es aux Serbo-Bosniaques[nyt 55].
  • Amir Abdelgani, immigrĂ© soudanais travaillant comme chauffeur, accusĂ© d'avoir repĂ©rĂ© des cibles et avoir aidĂ© Ă  mĂ©langer l'essence au fertilisant, condamnĂ© pour conspiration Ă  un attentat Ă  la bombe, tentative d'attentat Ă  la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
  • Fares Khallafalla, immigrĂ© soudanais travaillant comme chauffeur, accusĂ© d'avoir participĂ© aux rĂ©unions de prĂ©paration Ă  la planque, d'avoir achetĂ© les minuteurs et le fertilisant de la bombe et d'avoir essayĂ© d'obtenir des vĂ©hicules pour transformer des bombes, condamnĂ© pour conspiration Ă  un attentat Ă  la bombe, tentative d'attentat Ă  la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
  • Tarig Elhassan, immigrĂ© soudanais travaillant dans des groupes d'aides aux sans-abris, accusĂ© d'avoir participĂ© aux rĂ©unions de prĂ©paration Ă  la planque et d'avoir aidĂ© Ă  mĂ©langer l'essence et le fertilisant, condamnĂ© pour conspiration Ă  un attentat Ă  la bombe, tentative d'attentat Ă  la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
  • Mohammed Saleh, immigrĂ© jordanien travaillant dans deux stations service, accusĂ© d'avoir fourni 255 gallons d'essence — soit 965 litres — Ă  la planque et d'avoir demandĂ© Ă  ses employĂ©s de dĂ©truire les preuves de la transaction, plaide coupable[nyt 53] et est condamnĂ© pour conspiration Ă  un attentat Ă  la bombe, tentative d'attentat Ă  la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].
  • Victor Alvarez, natif de New York, Ă©levĂ© Ă  Porto Rico, mĂ©canicien automobile et charpentier, accusĂ© d'avoir fourni une arme pour protĂ©ger la planque, d'avoir acceptĂ© d'obtenir des voitures volĂ©es pour dĂ©placer les bombes et d'avoir aidĂ© Ă  mĂ©langer l'essence au fertilisant, condamnĂ© pour conspiration Ă  un attentat Ă  la bombe, tentative d'attentat Ă  la bombe et conspiration contre le gouvernement[nyt 54].

En , un diplomate soudanais, le second secrĂ©taire de la mission soudanaise, Ahmed Yousif Mohamed, est expulsĂ© des États-Unis pour avoir fourni des informations sur la visite du prĂ©sident Hosni Moubarak aux Nations Unies en 1993 Ă  la cellule terroriste[nyt 56]. Un autre diplomate soudanais mis en cause, Siraj Yousif, a quittĂ© le pays en [nyt 56].

TroisiĂšme procĂšs (1996-1998)

En , un jury fĂ©dĂ©ral de Manhattan condamne Ramzi Yousef et Eyad Ismoil aprĂšs trois jours de dĂ©libĂ©ration[nyt 57]. La procureure Mary Jo White indique que Yousef est Ă  son avis un cerveau de l'opĂ©ration mais pas le cerveau de l'opĂ©ration[nyt 57]. En , Ramzi Yousef est condamnĂ© Ă  la prison Ă  vie ainsi qu'Ă  240 annĂ©es de prison pour l'attentat du World Trade Center et l'opĂ©ration Bojinka[nyt 58]. Il dĂ©clare devant la cour « je suis un terroriste et je suis fier de l'ĂȘtre »[Cit 7] - [nyt 58].

HĂ©ritage

Réparations et rénovation

Port Authority crĂ©e le « Towers Fund » de 15 millions de dollars pour offrir un soutien psychologique, des aides Ă  la Croix-rouge, et des cadeaux pour les travailleurs qui reviennent travailler dans les deux tours[20].

Le chantier de nettoyage et de rĂ©paration des dommages subis au complexe du World Trade Center est de grande ampleur[20]. Port Authority engage 45 entreprises et 4 000 travailleurs dans ce chantier de reconstruction, dont 2 700 employĂ©s en permanence uniquement pour le nettoyage pour un coĂ»t de 20 millions de dollars[20]. Il est d'abord nĂ©cessaire d'Ă©vacuer les 544 vĂ©hicules dĂ©truits dans le parking vers Brooklyn avant de dĂ©buter les travaux[20].

L'attentat a entraĂźnĂ© l'Ă©vacuation de plusieurs dizaines de milliers de personnes[20]. Dans la prĂ©cipitation, de nombreuses clĂ©s sont perdues, entraĂźnant le changement de milliers de serrures et clĂ©s individuelles pour un coĂ»t de 5 millions de dollars[20].

Amélioration de la sécurité

Dans les heures qui suivent l'attentat, les responsables de Port Authority reconnaissent les failles du systĂšme d'urgence et d'Ă©vacuation du World Trade Center[nyt 18]. Ils prĂ©voient alors d'installer des lumiĂšres pour faciliter l'Ă©vacuation et de dĂ©placer les gĂ©nĂ©rateurs d'Ă©lectricitĂ© de secours Ă  un Ă©tage Ă©levĂ©[nyt 18]. De nombreuses entreprises y travaillant revoient leurs procĂ©dures d’urgence, notamment les Ă©lĂ©ments concernant l’évacuation des bĂątiments. Ces procĂ©dures jouent un rĂŽle dans l’évacuation des tours lors des attentats du , qui ont dĂ©truit les Tours jumelles ainsi que l'ensemble du complexe. Un nouveau systĂšme d’alarme incendie est installĂ© pour un coĂ»t de 50 millions de dollars pour rĂ©pondre aux prĂ©occupations des locataires[20]. Le parking souterrain est dĂ©sormais fermĂ© au public et limitĂ© aux travailleurs du World Trade Center[20]. De nouvelles barriĂšres de protection Ă  l'entrĂ©e sont mises en place ainsi qu'un nouveau systĂšme de vidĂ©osurveillance pour un coĂ»t annuel de 20 millions de dollars[20].

MĂ©morial

Une fontaine en granite, conçue par Elyn Zimmerman, est Ă©rigĂ©e en 1995 en mĂ©moire des victimes sur la place Austin J. Tobin, directement au-dessus de l’endroit de l’explosion[21]. Sur la fontaine, on peut lire les noms des six personnes mortes dans l'attentat[22] ainsi que cette inscription :

« Le , une bombe posĂ©e par des terroristes a explosĂ© sous cet endroit. Cet horrible acte de violence a tuĂ© des personnes innocentes, en a blessĂ© des milliers d’autres et a fait de nous tous des victimes.[Cit 8] - [21] »

La fontaine est dĂ©truite avec l’ensemble du World Trade Center lors des attentats du . Un fragment de celle-ci est retrouvĂ© dans les dĂ©combres[23]. Il porte les inscriptions « mem », morceau de « memoria » et « John D. », en rĂ©fĂ©rence Ă  la victime John DiGiovianni et est intĂ©grĂ© le au mĂ©morial temporaire conçu par l’architecte de l’administration portuaire Jacqueline Hanley et Ă©rigĂ© sur la Liberty Street, face aux dĂ©combres du World Trade Center[23] - [nyt 59] - [nyt 60]. Le mĂ©morial n'est pas ouvert au public, mais il Ă©tait possible de l’apercevoir par-delĂ  les barriĂšres.

Au MĂ©morial du 11 Septembre, ouvert en 2011 Ă  l'occasion du dixiĂšme anniversaire de ces derniers attentats, les six victimes de l’acte terroriste de 1993 sont commĂ©morĂ©es sur le bassin nord, au niveau du panneau N-73[24].

Notes et références

Citations originales

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  5. (en) « The majority of the people who work in the World Trade Center are Jews ».
  6. (en) « revenge for my Palestinian brothers and my brothers in Saudi Arabia ».
  7. (en) « I am a terrorist and I am proud of it ».
  8. (en) « On February 26, 1993, a bomb set by terrorists exploded below this site. This horrible act of violence killed innocent people, injured thousands, and made victims of us all ».

Notes

  1. Le bilan humain prend parfois en compte une septiĂšme victime, le fƓtus portĂ© par Monica Rodriguez Smith.
  2. La tour 1 du World Trade Center est désignée comme la tour Nord ; la tour 2 est désignée comme la tour Sud.
  3. Un des trois accidents causés par Mohammed Salameh, un de ses complices, à la fin de 1992 et au début de 1993

Références bibliographiques

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Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Jim Dwyer, Two Seconds Under the World : Terror Comes to America : the Conspiracy Behind the World Trade Center Bombing, Crown Publishers, , 322 p. (ISBN 978-0-517-59767-5).
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Vidéographie

  • (en) Without Warning: Terror in the Towers, film rĂ©alisĂ© par Alan J. Levi, produit par Melnicker Entertainment, premiĂšre diffusion le , 96 minutes.
  • (en) Path to Paradise: The Untold Story of the World Trade Center Bombing, tĂ©lĂ©film rĂ©alisĂ© par Leslie Libman et Larry Williams, produit par HBO, premiĂšre diffusion le , 91 minutes.
  • (en) The World Trade Center Bombing, documentaire rĂ©alisĂ© par Joe Wiecha, produit par Discovery Channel, sĂ©rie The FBI Files (en), premiĂšre diffusion le , 52 minutes.
  • Les Routes de la terreur, deux Ă©pisodes, produit par Maha Productions, premiĂšre diffusion sur Arte le et le , 150 minutes.

Liens externes

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